Ăglise grecque-catholique roumaine
L'Ăglise grecque-catholique roumaine (plutĂŽt appelĂ©e Ăglise grĂ©co-catholique roumaine), ou Ăglise Roumaine Unie Ă Rome, GrĂ©co-Catholique (en roumain : Biserica RomĂąnÄ UnitÄ cu Roma, Greco-CatolicÄ) est une des Ăglises catholiques orientales. Le chef de l'Ăglise porte le titre d'archevĂȘque majeur d'Alba Iulia et FÄgÄraÈ, avec rĂ©sidence Ă Blaj. Depuis 1994, son titulaire actuel est le Cardinal Lucian MureÈan.
Ăglise grecque-catholique roumaine | |
Nom local | Biserica Greco-CatolicÄ RomĂąnÄ UnitÄ cu Roma |
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Fondateur(s) | MĂ©tropolite Athanasiu Anghel |
Union Ă Rome | 1698 |
Primat actuel | ArchevĂȘque majeur Lucian MureÈan |
SiĂšge | Blaj |
Territoire primaire | Roumanie (Transylvanie) |
Extension territoriale | Ătats-Unis |
Rite | byzantin |
Langue(s) liturgique(s) | roumain |
Calendrier | grégorien, avec exception de Paques (julien) |
Population estimée | 742 000 (2005) |
Elle ne doit pas ĂȘtre confondue avec l'Ăglise romano-catholique de Roumanie, Ă©galement catholique mais appartenant Ă l'Ăglise latine.
Selon le recensement de 2011, l'Ăglise grecque-catholique roumaine compte 150 593 membres, soit 0,7 % de la population[1].
Histoire
Synode d'Alba Iulia (1697)
AprĂšs la victoire autrichienne sur lâarmĂ©e ottomane en 1686, la Transylvanie fut intĂ©grĂ©e Ă la monarchie des Habsbourg. Celle-ci appliquait la politique de la Contre-RĂ©forme mais persĂ©cutait aussi les orthodoxes, considĂ©rĂ©s comme des sujets de seconde zone et ne jouissant pas de la citoyennetĂ©. Dans ce contexte surgit, parmi ces derniers, lâidĂ©e dâune union avec Rome, pour jouir de la pleine citoyennetĂ©, mais aussi en raison du souvenir de leurs origines, manifestĂ©es Ă travers leur langue latine. En 1697, une premiĂšre nĂ©gociation entre lâĂ©vĂȘque orthodoxe transylvain, ThĂ©ophile dâAlba Iulia, et un JĂ©suite, Ladislas Baranyi, aboutit Ă proposer la reconnaissance par les orthodoxes du concile catholique de Florence en Ă©change de lâĂ©galitĂ© avec le clergĂ© catholique. Un des arguments avancĂ©s par ThĂ©ophile et Baranyi pour convaincre le clergĂ© orthodoxe dâaccepter lâunion Ă©tait celui de la sauvegarde de la foi orthodoxe contre le prosĂ©lytisme calviniste.
Afin de convaincre le clergĂ© orthodoxe dâaccepter lâUnion avec Rome, le mĂ©tropolite Athanase Anghel d'Alba Iulia convoqua un synode gĂ©nĂ©ral Ă Alba Iulia en 1697, auquel prirent part presque tous les membres de son diocĂšse. RĂ©itĂ©rant les mises en garde contre le risque de disparition de lâĂglise orthodoxe transylvaine sous la pression calviniste, Athanase prĂ©senta lâUnion avec Rome comme la seule solution pour le salut de la foi orthodoxe, ainsi que comme une perspective dâamĂ©lioration des conditions de vie du clergĂ© et des droits des fidĂšles. Il prĂ©senta ensuite les conditions de lâUnion, câest-Ă -dire la reconnaissance des « quatre points florentins », que les membres du synode acceptĂšrent.
En revanche, le rite oriental, les canons orthodoxes de lâĂglise (dont l'ordination Ă la prĂȘtrise d'hommes mariĂ©s), le calendrier, la langue liturgique resteraient inchangĂ©s. De plus, les chrĂ©tiens unis devant avoir des Ă©glises partout, mĂȘme dans les rĂ©gions oĂč ils seraient peu nombreux, la liturgie ne se ferait jamais selon le rite latin. La contrepartie Ă la signature de lâUnion Ă©tait la reconnaissance pour le clergĂ© roumain des mĂȘmes droits et privilĂšges que le clergĂ© des autres religions, et pour les Roumains, des mĂȘmes droits que les trois autres peuples du pays (Hongrois, Saxons et Sicules), notamment celui dâĂ©tudier dans les Ă©coles dâĂtat.
Lâune des consĂ©quences majeures de lâUnion fut lâapparition dâune Ă©lite intellectuelle grĂ©co-catholique, formĂ©e Ă Rome ou Ă Vienne. Elle allait jouer un rĂŽle important dans lâhistoire de la Transylvanie au cours de la deuxiĂšme moitiĂ© du XVIIIe siĂšcle : plusieurs membres de cette nouvelle Ă©lite (dont le cĂ©lĂšbre Ă©vĂȘque InocenÈiu Micu-Klein (1692-1768), puis un mouvement connu sous le nom dâĂcole Transylvaine) allaient associer des recherches historiques et linguistiques sur les origines du peuple roumain Ă une intense activitĂ© politique sâinspirant des rĂ©sultats de leurs recherches, en vue de la reconnaissance de droits Ă©largis pour les Roumains de Transylvanie.
PĂ©riode communiste
Le , le Parti communiste roumain met les Ă©glises catholiques, dont lâĂglise grĂ©co-catholique, hors-la-loi : lâĂglise orthodoxe roumaine, dont les hiĂ©rarques sont alors destituĂ©s ou emprisonnĂ©s et remplacĂ©s par des popes ayant fait allĂ©geance au rĂ©gime communiste de Roumanie, devint affectataire de la plupart des biens grĂ©co-catholiques saisis[3]. Les Ă©vĂȘques : Alexandru Rusu, Iuliu Hossu, Ioan BÄlan, Vasile Aftenie, Ioan Suciu, Valeriu Traian FrenÈiu, Tit Liviu Chinezu, un grand nombre de prĂȘtres, de moines et de fidĂšles sont exĂ©cutĂ©s ou emprisonnĂ©s.
En , le communisme sâeffondre en Roumanie et aprĂšs 41 ans de clandestinitĂ©, lâĂglise grĂ©co-catholique sort des catacombes. Cinq Ă©vĂȘques ont survĂ©cu aux 16 annĂ©es de prison : le cardinal Alexandru Todea, Ioan Ploscaru, Iuliu HirÈea, Ioan Dragomir (en) et Ioan CherteÈ (ro).
Post-communisme
LâĂglise grecque-catholique roumaine, redevenue lĂ©gale, a bien du mal Ă recouvrer ses biens confisquĂ©s par lâĂtat communiste ou attribuĂ©s Ă lâĂglise orthodoxe roumaine : en 2007, sur les 2000 Ă©glises confisquĂ©es en 1948, elle en a rĂ©cupĂ©rĂ© seulement 152. En effet, la nomenklatura ex-communiste et sa descendance, sont toujours influentes dans les Ă©chelons supĂ©rieurs de la lĂ©gislature, de la magistrature et de la hiĂ©rarchie orthodoxe, de sorte que le plupart des procĂ©dures nâaboutissent pas et que les assurances donnĂ©es en 1999 par le patriarche orthodoxe Toader ArÄpaÈu au pape catholique Karol WojtyĆa lors de la visite de ce dernier en Roumanie, sont restĂ©es lettre morte[4].
LâĂglise grecque-catholique roumaine est Ă©levĂ©e au rang dâĂglise archiĂ©piscopale majeure dâAlba Iulia et FÄgÄraÈ des Roumains, le .
Statut
Ăglise catholique orientale, lâĂglise grecque-catholique roumaine est une Ăglise sui juris en pleine communion avec lâĂglise catholique romaine.
Elle est rĂ©gie par le code des canons des Ăglises orientales.
Par la constitution apostolique Ad totius Dominici du [5], le pape BenoĂźt XVI a confĂ©rĂ© Ă l'archevĂȘque de FÄgÄraĆ et Alba Iulia, le titre d'archevĂȘque majeur. Ainsi, depuis l'entrĂ©e en vigueur de la constitution apostolique, le [6], l'Ăglise grecque-catholique roumaine est une Ăglise archiĂ©piscopale majeure. En effet, le primat n'a pas le titre de patriarche mais celui d'archevĂȘque majeur[7] ; son Ă©lection par le synode doit ĂȘtre confirmĂ©e par le pape[8] qui peut la refuser[9].
Organisation
Le , l'Ăglise grecque-catholique roumaine comprenait sept Ă©glises particuliĂšres : six ayant leur siĂšge en Roumanie ; et une, aux Ătats-Unis.
Nom | SiÚge | Type | Province ecclésiastique | Réf. |
---|---|---|---|---|
FÄgÄraĆ Ći Alba Iulia | Blaj | archĂ©parchie majeure | FÄgÄraĆ Ći Alba Iulia | [10] - [11] |
Cluj-Gherla | Cluj-Napoca | Ă©parchie suffragante | FÄgÄraĆ Ći Alba Iulia | [12] - [13] |
Lugoj | Lugoj | Ă©parchie suffragante | FÄgÄraĆ Ći Alba Iulia | [14] - [15] |
MaramureĆ | Baia Mare | Ă©parchie suffragante | FÄgÄraĆ Ći Alba Iulia | [16] - [17] |
Oradea Mare | Oradea | Ă©parchie suffragante | FÄgÄraĆ Ći Alba Iulia | [18] - [19] |
Saint Basile Le Grand | Bucarest | Ă©parchie suffragante | FÄgÄraĆ Ći Alba Iulia | [20] |
Saint George | Canton (Ătats-Unis) | Ă©parchie exempte | â | [21] - [22] |
Notes et références
- (ro) « Tab13. PopulaĆŁia stabilÄ dupÄ religie â judeĆŁe, municipii, oraĆe, comune », sur Institutul NaÈional de StatisticÄ din RomĂąnia (consultĂ© le ).
- Source: http://recensamant.referinte.transindex.ro/
- Le 1er décembre 1948, le Praesidium de la Grande Assemblée nationale de la République populaire roumaine promulgue le décret n° 358/1948 par lequel le culte gréco-catholique de Roumanie était interdit et tous ses biens expropriés.
- International Religious Freedom Report : et
- (la) Constitution apostolique Ad totius Dominici du 14 décembre 2005, dans Acta Apostolicae Sedis, XCVIII (2005), p. 107 (consulté le 29 avril 2013).
- (it) Notice de la CongrĂ©gation pour les Ăglises orientales, Elevazione della Chiesa romena ad arcivscovado maggiore (consultĂ© le 29 avril 2013).
- Code des canons des Ăglises orientales (CCEO), can. 151 : « L'ArchevĂȘque majeur est le MĂ©tropolite d'un SiĂšge dĂ©terminĂ© ou reconnu par l'autoritĂ© suprĂȘme de l'Ăglise, qui est Ă la tĂȘte de toute une Ăglise orientale de droit propre non revĂȘtue du titre patriarcal ».
- CCEO, can. 153, § 2 : « AprĂšs l'acceptation de l'Ă©lu, le Synode des ĂvĂȘques de l'Ăglise archiĂ©piscopale majeure doit informer, par lettre synodique, le Pontife Romain de l'Ă©lection canoniquement faite : l'Ă©lu lui-mĂȘme doit solliciter, par lettre signĂ©e de sa propre main, du Pontife Romain la confirmation de son Ă©lection ».
- CCEO, can. 153, § 4 : « Si la confirmation est refusée, une nouvelle élection aura lieu dans le délai déterminé par le Pontife Romain ».
- (en) Archdiocese of FÄgÄraĆ Ći Alba Iulia (Romanian) (consultĂ© le 29 avril 2013)
- (en) Romanian Major Archdiocese of FÄgÄraĆ Ći Alba Iulia (consultĂ© le 29 avril 2013)
- (en) Diocese of Cluj-Gherla (Romanian) (consulté le 29 avril 2013)
- (en) Romanian Diocese of Cluj-Gherla (consulté le 29 avril 2013)
- (en) Diocese of Lugoj (Romanian) (consulté le 29 avril 2013)
- (en) Romanian Diocese of Lugoj (consulté le 29 avril 2013)
- (en) Diocese of MaramureĆ (Romanian) (consultĂ© le 29 avril 2013)
- (en) Romanian Diocese of MaramureĆ (consultĂ© le 29 avril 2013)
- (en) Diocese of Oradea Mare {Gran Varadino} (Romanian) (consulté le 29 avril 2013)
- (en) Romanian Diocese of Oradea Mare (consulté le 29 avril 2013)
- (en) Eparchy of SfĂąntul Vasile cel Mare de BucureĆti (Romanian) (consultĂ© le 4 june 2014)
- (en) Eparchy of Saint Georgeâs in Canton (Romanian) (consultĂ© le 29 avril 2013)
- (en) Romanian Diocese of Saint Georgeâs in Canton (consultĂ© le 29 avril 2013)
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Site officiel
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :
- Ăglise catholique roumaine sur le site ChrĂ©tiens Orientaux. Foi, EspĂ©rance et Traditions.
- (es) (ro) Communauté grecque-catholique roumaine à Madrid, Espagne (Web)
- (es) (ro) Communauté grecque-catholique roumaine à Madrid, Espagne (Blog)
- (en) Ăparchie de Canton (Ătats-Unis) et (Canada)
- (en) Doyenné roumain au Canada
- (en) Catholic-Hierarchy
- Zenit - L'Ăglise grĂ©co-catholique Roumaine devient « Ăglise archiĂ©piscopale majeure »
- Zenit - Au XVIIIe siĂšcle les Roumains de Transylvanie sâunissent Ă Rome et gardent leur rite
- Zenit - LâĂglise grĂ©co-catholique de Roumanie persĂ©cutĂ©e sous le communisme
Bibliographie
- StĂ©phanie Mahieu, 2006: â([Non-)retours Ă lâĂglise grĂ©co-catholique roumaine, entre adhĂ©sion et transmission religieuse]â in Social Compass, 53(4) : 513-531.
- StĂ©phanie Mahieu, 2004. âUne Ăglise dissidente ? LâĂglise grĂ©co-catholique roumaine pendant la pĂ©riode communiste (1948-1989) â, in Revue dâĂ©tudes comparatives Est / Ouest, no 4, , p. 93-126.
- Lavinia Stan and Lucian Turcescu, Religion and Politics in Post-Communist Romania, New York, NY: Oxford University Press, 2007.
- Lavinia Stan and Lucian Turcescu, âReligion and Politics in Post-Communist Romaniaâ, in Quo Vadis Eastern Europe? Religion, State, Society and Inter-religious Dialogue after Communism, ed. by Ines A. Murzaku (Bologne, Italie : University of Bologna Press, 2009), p. 221-235.
- Lucian Turcescu and Lavinia Stan, âThe Romanian Greek Catholic Church after 1989,â in Churches In-Between: Greek Catholic Churches in Post-Socialist Europe, ed. by Stephanie Mahieu and Vlad Naumescu (Berlin : LIT Verlag, 2008), p. 99-109, (ISBN 978-3-8258-9910-3).