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One-Two-Two

Le One-Two-Two (« Un Deux Deux » en anglais) Ă©tait l'une des plus luxueuses et illustres maisons closes de Paris dans les annĂ©es 1930 et 1940. Le nom Ă©tait tirĂ© de l'adresse, 122 (traduite en anglais, Un, deux, deux = One, two, two) rue de Provence dans le 8e arrondissement, tout proche du Printemps et du boulevard Haussmann. L'immeuble abrite aujourd'hui le siège de la FĂ©dĂ©ration française de la tannerie-mĂ©gisserie[1].

Le One-Two-Two
L'immeuble oĂą se trouvait le One Two Two,
au n°122 rue de Provence.
Présentation
Type
Habitation
Destination initiale
HĂ´tel particulier
Destination actuelle
Habitation
Fondation
Style
Occupant
Coordonnées
48° 52′ 27″ N, 2° 19′ 35″ E
Localisation sur la carte de Paris
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Localisation sur la carte du 8e arrondissement de Paris
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Origines

À l'origine, il s'agit d'un immeuble de trois étages, ancien hôtel particulier du prince Joachim Murat. Il est surélevé de quatre étages par Marcel Jamet en 1933 : au total, sept étages imposants aux volets blancs toujours clos.

Le One-Two-Two est ouvert en 1924 par Marcel Jamet et sa première femme, Fernande, qui se fait appeler Doriane, une ancienne prestataire de services du Chabanais. Par l'intermĂ©diaire de son Ă©poux, Doriane se porte acquĂ©reur du 122, rue de Provence. Celle-ci n'emploie au dĂ©but que trois « essoreuses Â».

Mme Doriane abandonne le One-Two-Two, pour suivre un riche diplomate, en 1939. Elle est remplacĂ©e par Georgette PĂ©lagie, dite Fabienne, une jeune femme devenue sous-maĂ®tresse Ă  l'âge de 21 ans. Marcel Jamet l'Ă©pouse en 1942 et, dans un Paris occupĂ© oĂą la population souffre de la faim, offre un festin hors norme pour 56 invitĂ©s triĂ©s sur le volet pour lesquels 34 magnums et 176 bouteilles de champagne sont consommĂ©es[2].

Le fonctionnement

L'Ă©tablissement comporte 22 chambres dĂ©corĂ©es. Y travaillent de 40 Ă  65 femmes pour 300 clients par jour. Il est ouvert de 16 heures Ă  4 heures du matin. Les sous-maĂ®tresses filtrent les hommes Ă  l'entrĂ©e. Les filles de l'Ă©tablissement doivent faire quatre passes par jour Ă  20 francs, hors pourboires, et deux le dimanche. Le lieu comprend Ă©galement un bar, un rĂ©fectoire pour les filles et un cabinet mĂ©dical[3].

Il travaille aussi avec un restaurant, le « bĹ“uf Ă  la ficelle Â», du nom d'une recette de rĂ´ti de filet de bĹ“uf trempĂ© dans un bouillon de lĂ©gumes et d'Ă©pices au bout d'une ficelle. Les serveuses ne portent que des escarpins Ă  talons hauts et un camĂ©lia dans les cheveux. Les clients peuvent donc venir seulement pour dĂ®ner et se montrer. Puis prendre un cafĂ© et fumer un cigare dans le salon Miami en discutant avec des filles sans l'obligation d'aller plus loin[3].

Pendant l'Occupation

Durant l'Occupation allemande (1940-1944), pendant la Seconde Guerre mondiale, le One-Two-Two, Ă  l'image du Chabanais, est le lieu de dĂ©tente de « l'après-travail Â» de nombreux officiers de l'ArmĂ©e allemande qui viennent profiter des services des jeunes pensionnaires.

L'Ă©tablissement ne connaĂ®t pas les tickets de rationnement. En effet, Otto Brandl, installĂ© en France depuis et un des responsables de l’Abwehr, règne sur le marchĂ© noir parisien et a sa table attitrĂ©e au One Two Two, de mĂŞme que le capitaine Wilhelm Radecke[4].

Les maĂ®tres des lieux s’appellent « monsieur Michel » (Mandel Szkolnikoff), le plus gros fournisseur des Allemands, ou « monsieur Joseph » (Joseph Joanovici, un ancien chiffonnier d’origine roumaine qui a statut de « Juif Ă©conomiquement prĂ©cieux »). Le très trouble « Joino », entre deux trafics avec les Allemands, arrose tout le beau monde qu’il peut arroser…, contre des faveurs. On y trouve aussi les membres de la Gestapo française, la « Carlingue Â» avec les hommes de Pierre Bonny et Henri Lafont[4].

Ă€ la LibĂ©ration, Fabienne fait du commerce avec les AmĂ©ricains, des gens très bien eux aussi mais racistes : elle n’a pas bien aimĂ© voir un des gars vouloir frapper une de ses filles parce que c’est une « nĂ©gresse »[4].

Dans son livre « La B.R.I du commandant Amiot - Histoire de la Brigade Rouge Internationale de Savoie, 1944 », l'historien Robert Amoudruz rapporte que Leopold Martin, chef du groupe de résistants communistes savoyards, se rend avec des cadres du PCF au One-Two-Two. Leopold Martin refusa d'entrer dans ce lieu qu'il jugeait « décadent »[5].

Le One-Two-Two ferme ses portes en 1946, lors de l'interdiction par la loi Marthe Richard des maisons closes en France[4].

Des hĂ´tes de marque

C'est un lieu fréquenté par la haute société, où l'on se rend tant pour y être vu (certains hommes y allant uniquement pour dîner avec leur compagne) que pour goûter du charme de ses « pensionnaires ».

« Le voyage autour du monde Â»

Chaque chambre a ses femmes, mises en valeur sur des socles, avec des costumes et des Ă©clairages adaptĂ©s. Les chambres sont dĂ©corĂ©es comme des dĂ©cors de cinĂ©ma de toutes les Ă©poques et de nombreux pays du monde. Les initiĂ©s pratiquent « le voyage autour du monde Â», qui consiste Ă  rĂ©aliser des figures inspirĂ©es par le Kamasutra, dans les chambres de diffĂ©rents pays, pour faire un tour du monde des plaisirs Ă©rotiques. Les principales chambres sont [6] :

  • la cabine de paquebot transatlantique, avec dĂ©cor mer, hublot, chaise transat ;
  • la chambre corsaire, avec un lit Ă  baldaquin qui tangue avec le roulis, le mât pour s'accrocher et des jets de paquets de mer Ă  grands coups de seaux d'eau par des assistantes ;
  • la cabine de l'Orient Express, avec le dĂ©cor d'un compartiment du cĂ©lèbre train avec la diffusion d'un enregistrement de train et en option l'irruption d'un contrĂ´leur qui pouvait se joindre Ă  l'action ;
  • le grenier Ă  foin, avec de la vraie paille ;
  • la chambre igloo ;
  • le tipi des indiens d'AmĂ©rique ;
  • la chambre provençale ;
  • la chambre champĂŞtre ;
  • la chambre Ă©gyptienne avec ClĂ©opâtre ;
  • la chambre romaine, ambiance d'orgie de triclinium ;
  • la chambre grecque, Ă  l'antique au milieu des colonnes ;
  • la chambre Renaissance avec les courtisanes de François Ier ;
  • les galeries des glaces, comme un petit Versailles avec d'immenses miroirs pivotants.

Les chambres des étages supérieurs sont consacrées aux plaisirs sado-masochistes. Comme le disait Fabienne Jamet : « Plus on allait vers le ciel, plus on se rapprochait de l'enfer[7] » :

  • la chambre de torture du Moyen Ă‚ge, avec carcans, chaĂ®nes et fouets ;
  • la chambre des supplices avec mise en scène de crucifixion, oĂą des menottes remplacent les clous pour attacher la victime Ă  la croix.

Voir aussi

Bibliographie

Filmographie

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. « Contactez-nous », sur Fédération Française de la Tannerie-Mégisserie (consulté le )
  2. Marc Lemonier et Alexandre Dupouy, Histoire(s) du Paris libertin, la Musardine, 2003, p. 164-167.
  3. https://www.clippcity.com/article/insolite/le-one-two-two-la-maison-close-preferee-des-celebrites#
  4. Emmanuèle Peyret, « One Two Two, le lupanar des SS », sur liberation.fr, Libération, (consulté le ).
  5. « Sur l'identité de la B.R.I (2) », sur Arve à gauche, (consulté le )
  6. (en) « The One-Two-Two », sur atlasobscura.com, (consulté le ).
  7. « One-Two-Two Rue de Provence », sur blogspot.fr (consulté le ).
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