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Offensive Minsk

L’offensive de Minsk (russe : Минская наступательная операция) est une partie de l'offensive stratégique en Biélorussie de l'Armée rouge menée en été 1944 contre les troupes de la Wehrmacht, l'opération Bagration. Son objectif était de percer la ligne défense allemande au nord d'Orcha, entre la 3e Panzer Armee et la 4e armée allemande, en direction des villes de Vitebsk et d'Orcha.

Offensive Minsk
Description de cette image, également commentée ci-après
Opérations autour de Minsk du 29 juin au 3 juillet. Constitution de la « poche » allemande à l'est de la ville.
Informations générales
Date 3 juillet 1944
Lieu Biélorussie
Casus belli Opération Bagration
Issue Victoire de l'Armée rouge
Pertes
100 000 PG, 40 000 tuésinconnues

Seconde guerre mondiale

Batailles

Front de l’Est
Prémices :

Guerre germano-soviétique :

  • 1941 : L'invasion de l'URSS

Front nord :

Front central :

Front sud :

  • 1941-1942 : La contre-offensive soviétique

Front nord :

Front central :

Front sud :

  • 1942-1943 : De Fall Blau à 3e Kharkov

Front nord :

Front central :

Front sud :

  • 1943-1944 : Libération de l'Ukraine et de la Biélorussie

Front central :

Front sud :

  • 1944-1945 : Campagnes d'Europe centrale et d'Allemagne

Allemagne :

Front nord et Finlande :

Europe orientale :


Front d’Europe de l’Ouest


Campagnes d'Afrique, du Moyen-Orient et de Méditerranée


Bataille de l’Atlantique


Guerre du Pacifique


Guerre sino-japonaise


Théâtre américain

Dans le cadre de cette vaste opération, la conquête de la ville se décompose en plusieurs opérations, l'approche aux abords de la ville, l'encerclement de la ville et la réduction des poches allemandes laissées derrière elles par les unités soviétiques en marche vers l'Ouest.

Contexte

Cette offensive constitue la première opération de la 2e phase de l'opération Bagration. Les unités soviétiques vont développer une tenaille autour le capitale sur la Bérézina. Après la libération de la capitale de la Biélorussie, l'offensive se poursuit vers l'ouest. Il faut prendre au piège le maximum de forces allemandes tout en perçant vers l'ouest.

Le , date de l'arrivée de Walther Model au quartier-général du groupe d'armées Centre à Lida, les opérations pour la libération de Minsk débutent, le front allemand a alors volé en éclats[1].

Dès lors, la bataille autour de Minsk n'est pas un combat pour le maintien de la présence allemande dans la ville, mais un affrontement pour couper les possibilités de retraite des unités encore engagées à l'Est de la capitale biélorusse, priver les unités positionnées à Minsk de leurs voies de retraite vers l'Ouest et détruire ce qui reste de la 4e armée, engagé dans des opérations décousues à l'Est de Minsk[2].

Projets soviétique

Planification soviétique

Minsk constitue la première ville importante sur la route des forces soviétiques déployées face au groupe d'armées Centre au printemps 1944[3].

À ce titre, la libération de la ville constitue le principal objectif de l'opération Bagration, telle qu'elle est planifiée au printemps 1944[4]. Dans ce cadre, la reconquête de Minsk est menée par le premier front de Biélorussie, en lien avec les deuxième et troisième fronts de Biélorussie[4]

Objectifs opérationnels

Le rôle du 3e Front de Biélorussie dans la première phase de l'opération Bagration était essentiellement défini le , quand ses unités du corps de cavalerie mécanisée firent halte sur la Bérézina.

Le même jour, avec les objectifs initiaux atteints, la Stavka envoya un nouvel ordre de forcer le passage de la Bérésina et de développer une offensive autour de Minsk et Molodechno, capturant la première en coopération avec le 2e front biélorusse et en atteignant la seconde au plus tard le [5].

Les manœuvres de l'Armée rouge n'ont pas pour objectif premier de prendre la ville, mais de l'isoler en coupant les voies de communication, ainsi que de réduire les poches allemandes formées à l'Est de la ville[6].

La 5e armée blindée de la Garde soviétique, commandée par le général Pavel Rotmistrov est néanmoins critiquée pour sa mollesse à atteindre ses objectifs et se voit ordonner de se déployer avec plus de décision.

Compréhension allemande

Les plans allemands incluaient largement la limitation des pertes. L'effet immédiat des offensive Vitebsk-Orcha et offensive de Bobrouïsk établit clairement que les forces soviétiques avaient l'objectif fort de la ville de Minsk. L'autorisation fut cependant donnée le à la 5e Armee Panzer du groupe d'armées Ukraine du Sud d'aider à la défense de la ville; cependant, l'arrivée de Model sur place le bouleverse les projets allemands, celui-ci, parfaitement conscient de l'impossibilité de défendre la ville .

Au moment du déclenchement de l'opération, la totalité de la 4e armée allemande avait été contournée sur chacun de ses flancs nord et sud. Malgré cela, elle se vit ordonner de tenir bon. Son corps central, le 39e corps de blindés fut amplement désintégré sous les attaques aériennes soviétiques en tentant d'atteindre les passages de la Bérézina, ayant perdu deux chefs de corps en quelques jours.

Forces en présence

Wehrmacht

Armée rouge

L'offensive

L'offensive fut développée en trois phases principales :

  1. La rupture des lignes de défense initiales allemandes le long de la Bérézina ;
  2. L'avance des forces d'exploitation soviétiques ;
  3. L'encerclement final de la 4e armée allemande après l'enfoncement de ses positions défensives.

L'effort défensif allemand

Face à la poussée soviétique en direction de Minsk, Model et ses subordonnés se replient méthodiquement, en détruisant les ponts, en minant les carrefours routiers et en tendant des embuscades meurtrières aux unités blindées soviétiques. Ils parviennent ainsi à les freiner, sans cependant empêcher des encerclements d'unités à l'Est de la ville, dans ces poches à la survie précaire[7].

La destruction de la 4e armée

Pendant les quelques jours suivants, la 4e armée fit plusieurs tentatives pour percer l'encerclement, menées par celles des divisions ayant encore une organisation cohérente. Le plus grand groupe de forces encerclées comprenait les divisions du 12e corps allemand qui était relativement intact, avec les éléments du 17e corps allemand qui avaient fait retraite avec succès d'Orsha et qui étaient maintenant piégés près de Pékalin (?).

Les commandants de corps, Müller and Völckers, décidèrent le que leurs forces doivent percer vers le nord-est et l'ouest respectivement, accompagnées par les restes du XXXIX Corps de Panzers. Ils sont maintenant placées à plus de 100 km derrière les lignes soviétiques. Cependant, dès le , lendemain de la prise de Minsk, les unités allemandes, jusqu'alors encore cohérentes, connaissent le début d'un processus de désagrégation : le , plusieurs poches se forment, quasi statiques, qui s'atomisent au fil des jours, pour perdre toute cohésion et toute capacité opérationnelle au fil des heures[6].

La 25e Panzergrenadier Division fut le fer de lance de la percée le à minuit mais fut éparpillée avec quelques éléments passant au nord de Minsk pour atteindre les positions allemandes. La 57e division d'infanterie et la Panzergrenadier-Division Feldherrnhalle s'unirent pour contourner Minsk par le sud mais furent dispersés, tandis que le même sort fut réservé aux restes de la 78e Sturm division (après un début de percée victorieux) et la plupart des autres regroupements divisionnaires[8]. Quelques éléments de la 14e division d'Infanterie sous le commandement du lieutenant-général Flörke, tentèrent de rejoindre les restes de la 31e division et de la 12e division. Le Kampfgruppe Flörke, après avoir trouvé Minsk abandonnée et en flammes, fut alors capable de s'évader de la poche et de rejoindre les positions de la 12e Panzerdivision[9].

La reconquête de Minsk

Sur la place centrale de Minsk libéré.

Pour Model, il apparaît clairement dès sa prise de commandement, le , que la ville de Minsk ne peut être défendue avec succès ; en effet, dès le , trois groupes d'armées soviétiques convergent vers la ville[7]. La veille, l'ordre d'évacuation de la ville a été donné et les autorités civiles d'occupation l'évacuent : soixante six trains quittent la ville en direction de l'Ouest le , jour de la chute de la ville[2].

Bilan

Selon l'historien militaire Paul Carell, "Staline venait de remporter cette « bataille de Cannes dont il avait si longtemps rêvé »".

Bilan militaire

Dans le cadre stratégique plus large de l'opération Bagration, l'offensive de Minsk fut un succès complet; la capitale de la RSS de Biélorussie est libérée après plusieurs années d'occupation allemande. les forces allemandes du groupe d'armées Centres sont presque entièrement désagrégées en quelques jours. En particulier, la presque totalité de la 4e armée, plus plusieurs éléments de le IXe armée qui se sont échappés de l'offensive de Bobrouïsk sont détruits dans les jours qui suivent.

De plus, la réduction de la poche formée à l'Ouest de la ville fait tomber dans les mains de l'Armée rouge plus de 100 000 prisonniers, dans les opérations autour de Minsk[10]

Dans les jours qui suivent la chute de la ville, les opérations aboutissent à la réduction des poches allemandes encerclées autour de la ville. Dans l'un de ces opérations, le lieutenant-général Müller, qui a reçu le commandement de toutes le forces encerclées de la 4e armée, est capturé le après une tentative de percée malheureuse de la 18e Panzergrenadier Division. Il envoie immédiatement un ordre à toutes les troupes encerclées de se rendre, diffusé par haut-parleurs par les forces soviétiques et largué sous forme de tracts par des avions soviétiques. Une grande partie des commandants d'unités allemandes et des soldats choisissent de refuser cet ordre, cependant, et continuent leurs tentatives d'évasion par centaines jusqu'à mi-juillet[N 1] - [11].

« Dès que la nuit tombe, alors que les soldats de l'Armée rouge se retirent dans les villages ou s'endorment [...] une autre armée s'ébranle : par petits groupes silencieux de vingt à trente hommes, parfois moins, souvent par deux, ou complètement seuls, des milliers de soldats allemands marchent aussi vers l'ouest à travers un pays ennemi. Ce sont les « durs », les hommes que rien ne peut décourager et qui refusent d'être prisonniers. »

Paul Carell (op. cit. 1968, pp. 303-304)

Au total, près de 100 000 soldats de la IVe et de la IXe armées furent capturés, et près de 40 000 tués. Les partisans jouèrent un rôle important dans la localisation et la traque des forces encerclées.

Le 3e et le 2e Fronts biélorusses furent ensuite engagés dans la 3e phase de poursuite des offensives stratégiques de Vilnius et de Bialystock respectivement.

Bilan politique

La conquête de Minsk constitue pour l'Armée rouge une victoire comparable à celle remportée par le Reich lors de la conquête de la ville trois années auparavant[12].

Cette victoire est ainsi exploitée par les Soviétiques[N 2]; ainsi le 17 juillet 1944, 57 000 soldats allemands faits prisonniers à Minsk et dans sa région sont tenus de défiler à Moscou, derrière leur officiers, afin de matérialiser l'ampleur de la défaite du Reich aux yeux de la population soviétique[10].

Ce défilé constitue une rupture dans la pratique soviétique de l'organisation de parade de prisonniers; jusqu'alors, les défilés organisés se faisaient à proximité du front, sur le lieu de passage entre le camp de prisonniers et la gare la plus proche. L'organisation du défilé de fournit aux autorités soviétiques l'occasion de signifier aux Soviétiques l'étendue de la défaite du Reich en Biélorussie. Les prisonniers sont donc acheminés par trains spéciaux vers la capitale, puis parqués dans des stades et des camps de manœuvre; ils défilent ensuite dans les rues de Moscou dans les tenues qu'ils portaient lors de leur capture, non rasés, ordonnés en deux colonnes inégales, dont le trajet est soigneusement étudié[13]

De plus, la réduction des poches allemandes autour de Minsk permet aux Soviétiques de renforcer les effectifs du comité pour une Allemagne libre; en effet, le , alors que ses troupes sont encerclées, sans espoir d'être secourus, Vincenz Müller, commandant du 12e corps, se rend aux unités soviétiques qui l'encerclent[14].

Notes et références

Notes

  1. Par exemple, la 222e division de fusiliers soviétiques, qui après avoir détruit un groupe sur les passages de Svislotch (Smilovitschi) le 7 juillet, rend compte d'une action contre une unité de 5 000 Allemands qui avaient contre-attaqué un village au sud de Minsk le 11 juillet
  2. Tout comme la victoire de Stalingrad l'avait été un an et demi auparavant.

Références

  1. Lopez, 2014, p. 204
  2. Lopez, 2014, p. 233
  3. Lopez, 2014, p. 47
  4. Lopez, 2014, p. 51
  5. Glantz, p. 117
  6. Lopez, 2014, p. 232
  7. Lopez, 2014, p. 230
  8. Voir Adair, p. 151–2
  9. Niepold, p. 195
  10. Roberts, 2015, p. 262
  11. Glantz, p. 183
  12. Roberts, 2015, p. 263
  13. Lopez, 2014, p. 226
  14. Lopez, 2014, p. 375

Voir aussi

Bibliographie

  • Paul Carell (trad. Raymond C. Albeck, ill. cartes Jean Ther), Les Russes déferlent : septembre 1943 - août 1944 [« Verbrannte Erde »], vol. 3 : Opération Terre brûlée, Paris, Editions j’ai lu, coll. « J'ai lu leur aventure » (no A230), , 320 p., poche
  • (en)Dunn, W. Soviet Blitzkrieg: The Battle for White Russia, 1944, Lynne Riener, 2000, (ISBN 978-1-55587-880-1)
  • (en)Glantz, D.M. Byelorussia 1944—The Soviet General Staff Study
  • Jean Lopez, Opération Bagration : La revanche de Staline (1944), Paris, Economica, , 409 p. (ISBN 978-2-7178-6675-9)Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • (en) Mitcham, S. German Defeat in the East, 1944-5, Stackpole, 2007.
  • (en) Niepold, G., translated by Simpkin, R., Battle for White Russia: The destruction of Army Group Centre June 1944, Brassey's, Londres, 1987, (ISBN 0-08-033606-X)
  • Geoffrey Roberts, Les guerres de Staline : De la Guerre mondiale à la guerre froide, 1939-1953, Paris, Delga, , 545 p. (ISBN 978-2-915854-66-4) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • (en) Zaloga, S. Bagration 1944: The Destruction of Army Group Centre, Osprey Publishing, 1996, (ISBN 978-1-85532-478-7)

Composantes de l'opération Bagration

Autres articles

Sources

Cet article a été traduit depuis un certain nombre d'articles de la wikipédia anglaise ; c'est pourquoi la plupart des références sont en anglais. Il serait évidemment souhaitable de les compléter ou de les remplacer par des références en français, quand elles existent. C'est ce qui a été fait à partir du livre de Paul Carell (voir op. cit. 1968).

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