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Nicolas Tcheidze

Nicolas Tcheidze[Note 1] - [Note 2](en gĂ©orgien : ნიკოლოზ (კარლო) áƒ©áƒźáƒ”áƒ˜áƒ«áƒ”, Nikoloz (Carlo), TchkhĂ©idzĂ©, en russe : НоĐșĐŸĐ»Đ°ÌĐč (ĐšĐ°Ń€Đ»ĐŸ) ĐĄĐ”ĐŒŃ‘ĐœĐŸĐČоч Đ§Ń…Đ”ĐžÌĐŽĐ·Đ”), nĂ© le dans le village de Pouti, district de Chorapni, rĂ©gion de KoutaĂŻssi, en GĂ©orgie, Ă  l'Ă©poque dans l'Empire russe, Ă©tait un homme politique russe, transcaucasien, et gĂ©orgien, membre du Parti ouvrier social-dĂ©mocrate de tendance menchevique, exilĂ© en France Ă  la suite de l'invasion de son pays par l'ArmĂ©e rouge, et suicidĂ© le dans le domaine gĂ©orgien de Leuville-sur-Orge, en Seine-et-Oise[1] - [2].

Nicolas Tcheidze
ნიკოლოზ (კარლო) áƒ©áƒźáƒ”áƒ˜áƒ«áƒ”
Illustration.
Nicolas Tcheidze en 1917.
Fonctions
Président du Comité exécutif du Soviet de Petrograd (ex-Empire russe)
fĂ©vrier –
(8 mois)
Successeur LĂ©on Trotski
Président de l' Assemblée parlementaire transcaucasienne (Arménie, Azerbaïdjan et Géorgie)
–
(3 mois et 16 jours)
Président des assemblées parlementaires de la République démocratique de Géorgie
–
(2 ans, 9 mois et 19 jours)
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Pouti (GĂ©orgie, Empire russe)
Date de dĂ©cĂšs (Ă  62 ans)
Lieu de décÚs Paris (France)
Nature du décÚs Suicide
SĂ©pulture CimetiĂšre du PĂšre-Lachaise (Paris)
Nationalité russe, puis géorgienne
Parti politique Parti ouvrier social-démocrate, menchevik
Profession Directeur d’hîpital

Nicolas Tcheidze

Issu d'une famille aristocratique (noblesse Aznaouri), il fut le chef de l'opposition au tsar Nicolas II au sein des 3e et 4e Doumas russes (1907-1917), président du Comité exécutif du Soviet de Petrograd (février à ), président de l'Assemblée parlementaire transcaucasienne (de février à mai 1918), président des différentes assemblées parlementaires géorgiennes (Conseil National, Assemblée constituante et Parlement de mai 1918 à mars 1921), interlocuteur de Georges Clemenceau, Lloyd George, Thomas Woodrow Wilson et Emanuele Orlando à la Conférence de paix de Paris (1919) au titre de la Géorgie.

Biographie

La jeunesse

Appelé familiÚrement par ses parents dÚs son plus jeune ùge Carlo, Nicolas Tcheidze gardera toute sa vie ce surnom[3] - [Note 3]. AprÚs des études au lycée de Koutaïssi, il entre à l'université d'Odessa, puis à l'Institut vétérinaire de Kharkov qu'il quitte lors de mouvements étudiants en 1889.

Il devient directeur de l'hĂŽpital de Batoumi, en Adjarie. Il entreprend des cours d'alphabĂ©tisation et de formation politique pour les ouvriers de cette rĂ©gion industrialisĂ©e du Sud-Ouest de la GĂ©orgie. En 1901, il se heurte Ă  Joseph Djougachvili (le futur Staline), dont il rĂ©prouve les mĂ©thodes, et qu'il soupçonne d'ĂȘtre un agent de la police politique tsariste, l'Okhrana.

Député de l'Empire russe (1907 à 1917)

Avec son frÚre Kaléniké, il est sensibilisé trÚs jeune aux idées marxistes. En en Imérétie, sous l'initiative d'Egnaté Ninochvili, il prend part avec Silibistro Djibladzé et Noé Jordania à un club de réflexion appelé « TroisiÚme Groupe », Messamé Dassi. En 1893 à Tiflis, il participe à la naissance du Parti ouvrier social-démocrate géorgien, parti qui s'intégrera jusqu'en 1917 au Parti ouvrier social-démocrate de Russie. En 1903, lors des débats idéologiques entre la tendance menchévique et la tendance bolchévique, il se range dans la tendance menchévique s'opposant à Lénine.

De 1907 Ă  1917, il est Ă©lu dĂ©putĂ© aux 3e et 4e Doumas russes, reprĂ©sentant la GĂ©orgie, et devient chef de l'opposition parlementaire aux gouvernements soutenant le tsar Nicolas II : ses talents d'orateur en langue russe en font un dangereux dĂ©batteur pour le pouvoir en place. En 1913, aprĂšs une prise de position rĂ©solument rĂ©publicaine, son arrestation et sa dĂ©portation sont dĂ©cidĂ©es. La visite de Raymond PoincarĂ© en Russie empĂȘche l'exĂ©cution de ces mesures. Il lui est attribuĂ© une appartenance maçonnique au Grand Orient de l’Empire russe[4], par un historien polonais[Note 4].

Président du Comité exécutif du Soviet de Petrograd (février à octobre 1917)

En , Nicolas Tcheidze est Ă©lu prĂ©sident du ComitĂ© exĂ©cutif du Soviet de Petrograd, qui devient le Soviet des soviets de toutes les Russies[5]. Le gouvernement provisoire russe prĂ©sidĂ© par Aleksandr Kerenski lui propose Ă  plusieurs reprises de devenir ministre — notamment ministre du Travail —, mais il refuse s'estimant plus utile Ă  la tĂȘte du Soviet. Viktor Tchernov, chef de file du Parti social-rĂ©volutionnaire russe Ă©crit dans ses mĂ©moires : Tcheidze Ă©tait modeste de sa personne, empreint de la plus grande dignitĂ©. Il prononçait de nombreux discours devant les foules rassemblĂ©es[6] - [Note 5]. Alors que le Soviet, composĂ© de reprĂ©sentants mencheviks, sociaux-rĂ©volutionnaires et bolcheviks, est divisĂ© sur la question, Nikoloz Tcheidze, avec l'aide d'Irakli Tsereteli, fait voter la poursuite de la guerre contre l'Empire allemand ; sur le plan international la dĂ©cision s'inscrit dans la continuitĂ© de la parole de l'État russe et assoit quelque peu l'autoritĂ© du Gouvernement provisoire ; sur le fond il estime que la prioritĂ© doit ĂȘtre donnĂ©e Ă  l'Ă©limination de la menace de l'Empire allemand aux cĂŽtĂ©s des dĂ©mocrates europĂ©ens (alors qu'il avait votĂ© personnellement contre l'augmentation des budgets militaires lors de la IVe Douma). Albert Thomas, ministre français, Ă©crit le : L'admirable sens politique de Nicolas Tcheidze retarda l'avĂšnement du dĂ©sordre. Que se serait-il passĂ©, si la paix de Brest-Litovsk eĂ»t Ă©tĂ© conclue plus tĂŽt ? Que s'en serait-il suivi pour la France ?[Note 6].

  • Nicolas Tcheidze et Gueorgui Plekhanov au premier rang du Soviet de Petrograd, Ă  droite (1917).
    Nicolas Tcheidze et Gueorgui Plekhanov au premier rang du Soviet de Petrograd, Ă  droite (1917).
  • PrĂ©sidence du Soviet : Skobolev, Tcheidze, Plekhanov, Tsereteli (Petrograd, juin 1917).
    Présidence du Soviet : Skobolev, Tcheidze, Plekhanov, Tsereteli (Petrograd, juin 1917).
  • Nicolas Tcheidze, haranguant une foule de marins devant le Palais de Tauride (Petrograd, 1917).
    Nicolas Tcheidze, haranguant une foule de marins devant le Palais de Tauride (Petrograd, 1917).
  • Nicolas Tcheidze (Petrograd, juin 1917).
    Nicolas Tcheidze (Petrograd, juin 1917).


Président de l'Assemblée parlementaire transcaucasienne (février à mai 1918)

Le , à Tiflis, il est élu président de l'Assemblée parlementaire transcaucasienne provisoire, dite Sejm, et composée des députés élus sur les territoires arménien, azerbaïdjanais et géorgien lors des élections constituantes de l'ex-Empire russe du [7].

  • Nicolas Tcheidze accueilli Ă  la SeĂŻm transcaucasienne (Tiflis, ThĂ©Ăątre national, 10 fĂ©vrier 1918).
    Nicolas Tcheidze accueilli à la Seïm transcaucasienne (Tiflis, Théùtre national, 10 février 1918).

Les intĂ©rĂȘts divergents des nationalitĂ©s reprĂ©sentĂ©es ne peuvent ĂȘtre surmontĂ©s : ils conduisent Ă  des recherches d'alliance internationale incompatibles entre elles (Empire allemand pour les GĂ©orgiens, Empire ottoman pour les AzerbaĂŻdjanais et Russie pour les ArmĂ©niens). Les trois nationalitĂ©s proclament trois rĂ©publiques diffĂ©renciĂ©es Ă  trois jours d'intervalle, du 26 au 28 mai, Ă  Tiflis.

Président des Assemblées parlementaires géorgiennes successives (mai 1918 à mars 1921)

Nicolas Tcheidze est élu président du Conseil national géorgien le (assemblée parlementaire provisoire composée des députés élus sur le territoire géorgien lors des élections constituantes de l'ex-Empire russe du ), puis président de l'Assemblée constituante de Géorgie le (élue lors des élections constituantes géorgiennes du 14 au ), puis président du Parlement de Géorgie du au (nouveau nom de l'Assemblée constituante de Géorgie devant l'invasion de l'Armée rouge et avant l'exil)[8].

  • Certificat de Nicolas Tcheidze, membre puis prĂ©sident du Conseil national de GĂ©orgie (Tiflis, 26 mai 1918).
    Certificat de Nicolas Tcheidze, membre puis président du Conseil national de Géorgie (Tiflis, 26 mai 1918).
  • Signature de Nicolas Tcheidze (en caractĂšres gĂ©orgiens, alphabet Mkhedruli).
    Signature de Nicolas Tcheidze (en caractÚres géorgiens, alphabet Mkhedruli).

ParallĂšlement il prĂ©side en 1919 et en 1920, la dĂ©lĂ©gation gĂ©orgienne Ă  la confĂ©rence de la paix de Paris oĂč il propose en particulier au Français Georges Clemenceau et au Britannique Lloyd George la mise sous protectorat britannique (ou français) de la GĂ©orgie afin de se garder de la menace soviĂ©tique Ă  la condition expresse que l'administration des affaires intĂ©rieures restent de la responsabilitĂ© du gouvernement gĂ©orgien. Le , il pose la premiĂšre demande d'admission de la RĂ©publique dĂ©mocratique de GĂ©orgie Ă  la SociĂ©tĂ© des Nations[Note 7]. Le , la demande est renouvelĂ©e auprĂšs du SecrĂ©tariat gĂ©nĂ©ral[Note 8]. Les reprĂ©sentants de la France (ainsi d'ailleurs que ceux de la Grande-Bretagne) expriment leurs rĂ©serves, craignant de ne pouvoir porter secours en cas d'agression : la demande est rejetĂ©e le , 19 pays ne prennent pas part au vote, 13 États votent contre et 10 États vote pour[9].

En fĂ©vrier et mars 1921, devant l'invasion du territoire gĂ©orgien par les armĂ©es de la Russie soviĂ©tique et l'attaque conjuguĂ©e des armĂ©es turques dĂ©sireuses de s'emparer de Batoumi, Nicolas TcheidzĂ© se rĂ©sout Ă  l'exil comme la plupart des membres du parlement et du gouvernement : il Ă©migre dans un premier temps Ă  Constantinople, puis en France,  dans l'idĂ©e de mener de l'extĂ©rieur le combat de libĂ©ration.

Exilé en France (1922 à 1926)

Il continue Ă  dĂ©fendre la cause gĂ©orgienne auprĂšs des classes politiques europĂ©ennes — comme l'atteste son passeport diplomatique —, n'Ă©pargnant pas sa peine Ă  renouer (ou nouer) des contacts anciens tissĂ©s lors de la confĂ©rence de la paix de Paris (ou nouveaux dans la mouvance de l'Internationale socialiste). Ainsi la Tribune de GenĂšve publie le un article relatant une de ses interventions en marge de la SociĂ©tĂ© des Nations[Note 9]. Au sein du Parti ouvrier social-dĂ©mocrate gĂ©orgien en exil, il conduit la tendance minoritaire, Oppozitsia, en dĂ©saccord avec les promesses faites Ă  distance Ă  une insurrection nationale latente sur le territoire gĂ©orgien, sachant que la France, la Grande-Bretagne et l'Italie ne fourniraient ni armement, ni munitions et estimant que l'ArmĂ©e rouge et la police politique bolchĂ©vique sont trop bien implantĂ©es : le prix Ă  payer pour attirer l'attention de la communautĂ© internationale sur le sort de la GĂ©orgie lui parait trop fort. L'insurrection est dĂ©clenchĂ©e en , entre 7 000 et 10 000 insurgĂ©s sont fusillĂ©s, plusieurs dizaines de milliers de personnes sont dĂ©portĂ©es, l'organisation clandestine du Parti ouvrier social-dĂ©mocrate gĂ©orgien est complĂštement dĂ©mantelĂ©e.

Nicolas Tcheidze se suicide dans le domaine géorgien de Leuville-sur-Orge le ; transporté à Paris, il meurt le . Quelques heures avant son suicide, il avait écrit une lettre demandant que personne ne soit incriminé pour sa mort[10]. Il est inhumé au cimetiÚre du PÚre-Lachaise (95e division) à Paris, en présence de toute la classe politique géorgienne en exil[11] et des ténors du Parti socialiste français dont Léon Blum, qui prononce son éloge funÚbre, et Bracke[12].

  • Passeport diplomatique de Nicolas Tcheidze Ă©tabli en France pour ses missions auprĂšs des gouvernements europĂ©ens (Paris, 1921).
    Passeport diplomatique de Nicolas Tcheidze établi en France pour ses missions auprÚs des gouvernements européens (Paris, 1921).
  • Cercueil de Nicolas TcheidzĂ© entourĂ© de la classe politique gĂ©orgienne (Paris, CimetiĂšre du PĂšre Lachaise, 15 juin 1926.
    Cercueil de Nicolas Tcheidzé entouré de la classe politique géorgienne (Paris, CimetiÚre du PÚre Lachaise, 15 juin 1926.
  • Tombe de Nicolas Tcheidze et d'Alexandra Taganova  (Paris, CimetiĂšre du PĂšre-Lachaise, 2019).
    Tombe de Nicolas Tcheidze et d'Alexandra Taganova (Paris, CimetiĂšre du PĂšre-Lachaise, 2019).

L'homme

Brillant orateur en langue russe et en langue gĂ©orgienne, il fut l'un des plus redoutables opposants au pouvoir tsariste et au pouvoir bolchĂ©vique du dĂ©but du XXe siĂšcle. Marxiste comme pouvait l'ĂȘtre un aristocrate de la seconde moitiĂ© du XIXe siĂšcle, membre influent de la IIe internationale socialiste, fondamentalement attachĂ© au rĂ©gime parlementaire — la Constitution gĂ©orgienne ne comportait pas de prĂ©sidence de la rĂ©publique : le prĂ©sident du gouvernement ne pouvait solliciter que deux mandats successifs d'un an devant le parlement —, Nicolas Tcheidze Ă©tait convaincu que les nations composant l'Empire russe n'accĂ©deraient Ă  la dĂ©mocratie d'une maniĂšre dĂ©finitive que si la Russie y accĂ©dait aussi[Note 10]. Il est un visionnaire en matiĂšre de politique internationale ; en 1917, il soutient le maintien des armĂ©es russes sur le front Est de la PremiĂšre Guerre mondiale estimant que l'Ă©limination de la menace de l'Empire allemand est la prioritĂ© pour les dĂ©mocrates europĂ©ens ; en 1919, il tente d'obtenir un protectorat de la GĂ©orgie par la Grande-Bretagne, ou par la France, anticipant les menaces ottomanes et soviĂ©tiques ; en 1921, il tente d'Ă©branler diplomatiquement la prudente neutralitĂ© de l'Italie, la Grande-Bretagne et la France, plus soucieuses de prĂ©server leurs propres intĂ©rĂȘts que d'honorer leurs discours de droits internationaux ; Ă  partir de 1925, il vit trĂšs mal le sort rĂ©servĂ© au peuple gĂ©orgien, enfermĂ© dans une nouvelle domination, au moins aussi dramatique que la domination tsariste et accentuĂ©e par l'exil de sa classe politique. Il se reproche de ne pas avoir convaincu ses pairs et les chancelleries europĂ©ennes[13].

D'une probité intellectuelle scrupuleuse, il ne veut pas dépenser indûment l'argent d'une jeune république ; de 1918 à 1921, il partage l'appartement de fonction de son ami Konstantine Gvadjaladze lors de ses séjours à Tbilissi[14]. En exil, afin d'épargner les ressources financiÚres du gouvernement, il choisit d'habiter avec sa famille le domaine géorgien de Leuville-sur-Orge, pourtant à 25 kilomÚtres de Paris, malgré les conditions matérielles difficiles[15].

De son mariage avec Alexandra Taganova, il a plusieurs enfants, trois filles, Nata, Lydusy, Veronique, et un garçon, Stanislas, qui se tue accidentellement en 1917 Ă  Petrograd[16]. Alexandra et VĂ©ronique, dite Lala, le suivent dans les diffĂ©rents pĂ©riples : elles apparaissent sur ses documents de voyage, ses passeports et ses visas, d'abord entre Tiflis et Petrograd, puis entre Tiflis, Paris, Londres, Rome et GenĂšve, et enfin entre les capitales europĂ©ennes du Nord[17]. Alexandra (dĂ©cĂ©dĂ©e en 1943), et VĂ©ronique (1909-1986), quitteront le domaine gĂ©orgien de Leuville-sur-Orge aprĂšs son suicide, n'y reviendront jamais et couperont toutes relations avec l'Ă©migration politique gĂ©orgienne en France, mĂȘme si quelques annĂ©es plus tard, VĂ©ronique et son Ă©poux, Anatole de Grassmann (1901-1962), viendront rĂ©guliĂšrement en vacances dans la rĂ©gion[18].

  • LĂ©on Blum prononçant l’éloge funĂšbre de Nicolas Tcheidze.
    LĂ©on Blum prononçant l’éloge funĂšbre de Nicolas Tcheidze.

Hommages

Le , à Paris, à l'initiative de Noé Tsintsadzé[19], dernier chef de file de l'opposition interne au Parti ouvrier social-démocrate géorgien en exil, au nom de toutes les formations politiques géorgiennes en France, et sous la présidence honorifique de Marius Moutet, ancien ministre de la République française, un hommage à Nicolas Tcheidze est organisé pour les 100 ans de sa naissance [20].

Le , le parlement géorgien rétablit l'indépendance de la Géorgie, sous l'impulsion de Zviad Gamsakhurdia : en matiÚre de droit la décision est basée sur la constitution votée en 1921 par l'Assemblée constituante géorgienne présidée par Nicolas Tcheidze.

Le , à Paris, le passeport diplomatique de Nicolas Tcheidze est remis au président du Parlement de Géorgie, Irakli Kobakhidze, par les filleuls de sa fille Véronique lors d'une cérémonie protocolaire : une délégation parlementaire géorgienne composée de députés de la majorité et de l'opposition dépose ensuite une gerbe de fleurs sur sa tombe, premier hommage officiel depuis presque un siÚcle[21] - [22].

Le , la BibliothĂšque nationale du Parlement de GĂ©orgie et l'Institut pour le dĂ©veloppement de la libertĂ© d'expression (IDFI) inaugurent une plaque commĂ©morative au 4 rue Zourab TchavtchavadzĂ©, Ă  Tbilissi, oĂč Nicolas TcheidzĂ© avait ponctuellement habitĂ© avec sa famille de 1917 Ă  1921[23] ; le mĂȘme jour un album historique est publiĂ© sous la direction d'Anton Vatcharadze, avec la participation de Natia Kunbaneishvili, Irakli Iremadze, Esma Mania et Giorgi Bezhashvili, et avec l'intĂ©gration de documents provenant des archives du Parlement de GĂ©orgie et de la collection privĂ©e de VĂ©ronique Tcheidze gardĂ©e en France jusqu'Ă  cette date[24].

Notes et références

Notes

  1. La transcription en langue française des patronymes gĂ©orgiens a Ă©tĂ© stable jusqu’à la fin du XXe siĂšcle : les rĂšgles constituĂ©es par l’intermĂ©diation de la langue russe, confirmĂ©es par la LĂ©gation de la RĂ©publique dĂ©mocratique de GĂ©orgie en France (1921-1933) et proches de la prononciation en langue gĂ©orgienne, Ă©taient utilisĂ©es sans exception ; elles le sont encore aujourd’hui par le ministĂšre français des Affaires Ă©trangĂšres et par la plupart des universitaires français s’intĂ©ressant Ă  la GĂ©orgie. L’usage a progressivement changĂ© avec l’intermĂ©diation de la langue anglaise et la dĂ©finition d’une translittĂ©ration latine proche de la transcription anglaise (2002). Ainsi ნიკოლოზ áƒ©áƒźáƒ”áƒ˜áƒ«áƒ” donne Nikoloz TchkhĂ©ĂŻdzĂ© en transcription française, simplifiĂ© en Nicolas TchĂ©idzĂ©, et Nikolay Cheidze en transcription anglaise (et en translittĂ©ration latine).
  2. L'orthographe Nicolas Tcheidze figure sur le passeport diplomatique établi par les autorités françaises en 1921 et dans les fichiers de la Légation géorgienne en France numérisés par l'OFPRA.
  3. Le Petit Parisien, 31 mars 1917 : ... Nicolas Tcheidze que, depuis son enfance, ses parents et ses intimes appellent familiĂšrement Carlo ....
  4. Ludwik Hass (1918-2008), historien, spĂ©cialiste de la franc-maçonnerie, estime qu’en 1913, il existe environ 400 francs-maçons dans l’Empire russe, regroupĂ©s en 40 loges dont une Ă  Tiflis et une autre Ă  KoutaĂŻssi, dans lesquelles cohabitent certains K.D., certains sociaux-rĂ©volutionnaires et certains sociaux-dĂ©mocrates : Nicolas TchkhĂ©idzĂ© est l’un de ces derniers
  5. « Viktor Tchernov (Nicolas Chkheidze Mémorial Album, page 7) : Upon wish, Chkheidze could've been at the center of the interim Governance of the Revolution : the real power was in the hands of the Councils. He did not want this : Chkheidze was a very modest person. This is a feature that has ben forgotten by many from the political arena, as there are frequent speeches in front of the crowds. The fear of power can be considered as one of this weakness. i identify two types of personalities among oilitical figures : one whose human dignity covers the shortcomings of the same person and the other whose déficits discredit all human dignity. Chkheidze was indeed amon the forst categoy among the two ».
  6. « Albert Thomas : J'ai Ă©tĂ© douloureusement frappĂ© par la nouvelle de la mort de TcheidzĂ©. Je l'ai rencontrĂ© pour la premiĂšre fois en 1917, au Soviet de Petrograd, Ă  un moment bien angoissant oĂč il importait au premier chef que le cabinet Kerenski fĂ»t maintenu. L'admirable sens politique de notre ami retarda l'avĂšnement du dĂ©sordre. Que se serait-il passĂ©, si la paix de Brest-Litovsk eĂ»t Ă©tĂ© conclue plus tĂŽt ? Que s'en serait-il suivi pour la France ? TcheidzĂ©, avec une sĂ©rĂ©nitĂ© un peu bourrue qu'il conservait au milieu de l'agitation rĂ©volutionnaire, voyait clairement l'avenir ».
  7. Lettre du Président de la Délégation géorgienne à la Conférence de la Paix, au Comité exécutif et à l'Assemblée de la Société des Nations: 37 rue de la Pérouse, Paris, le 21 mai 1919. La Délégation de la République géorgienne au nom du peuple et du gouvernement géorgien a l'honneur de solliciter l'admission de la Géorgie dans la Société des Nations, conformément aux stipulations du Pacte du 28 avril 1919. Signée Nicolas Tcheidze.
  8. Lettre du Président de l'Assemblée constituante de Géorgie et de la Délégation géorgienne à la Conférence de la Paix : Londres 1er septembre 1920, demandant inscription à la prochaine Assemblée générale à GenÚve et annonçant un mémorandum explicatif (envoyé le 18 septembre 1920). Signée Nicolas Tcheidze.
  9. La Tribune de GenĂšve, signature E.C., : Un assez grand nombre d'invitĂ©s se sont rendus chez M. et Mme Jean Martin, Ă  Martigny, pour y rencontrer M. Nicolas TcheĂŻdzĂ©, prĂ©sident de l'AssemblĂ©e constituante de GĂ©orgie, et considĂ©rĂ©, bien qu'en exil, comme le vĂ©ritable chef de l'État par tous les GĂ©orgiens opprimĂ©s. ... L'essentiel est de ne pas dĂ©sespĂ©rer, de croire en la vitalitĂ© du peuple gĂ©orgien. Sa volontĂ© de vivre finira par triompher. La sympathie des peuples libres, Ă  dĂ©faut de l'aide de gouvernements trop lointains et impuissants, raffermira son courage et l'aidera Ă  surmonter ses Ă©preuves ....
  10. « Irakli Iremadze, historien (Nikoloz Chkheidze Memorial Album, page 6) :Chkheidze was the most expériences lawmaker among Georgian politicians with ten-year experience in legislative work in the Russian Empire, the transition period in Russia, the Republic of Transcaucasia and since May 26, in the independant Georgian state. Nikoloz Chkheidze had not only the experience of an usual MP, but also the expertise in management of the legislative body and its parts ».

Références

  1. (ka) « ნიკოლოზ áƒ©áƒźáƒ”áƒ˜áƒ«áƒ” », sur First Republic.
  2. « Nicolas ChĂ©idzĂ© (1864-1926), homme d'État russe et gĂ©orgien », sur ColisĂ©e, .
  3. Le Petit Parisien, « Nicolas Tcheidze », sur Gallica BNF, .
  4. (en) Ludwik Hass, « The Russian masonic movement in the years 1906-1918 », sur Acta Poloniae Historica, , p. 113.
  5. (ka) Collection de VĂ©ronique Tcheidze, « სჼედან პირველ რიგჹი, მარჯვნიდან მარáƒȘჼნივ: ირაკლი წერეთელი, ნიკოლოზ áƒ©áƒźáƒ”áƒ˜áƒ«áƒ”, გიორგი პლეჼანოვი და მათე სკობელევი (Irakli Tsereteli, Nikoloz Chkheidze, Gueorgui Plekhanov, Mate Skobolev au congrĂšs du Conseil des ouvriers et soldats de Petrograd, au Palais de Tauride) », sur Sovlab Georgia,‎ .
  6. Anton Vatcharadze, Nikoloz (Karlo) Chkheidze. Memorial Album, Tbilissi, National Parliamentary Library of Georgia, , p. 7;
  7. Anton Vatcharadze, Nikoloz (Karlo) Chkheidze. Memorial Album, Tbilissi, National Parliamentary Library of Georgia, , p. 38
    « Ouverture de la premiÚre session de l'Assemblée parlementaire transcaucasienne : Nicolas Tcheidze parmi les députés et les gardes à l'entrée du Théùtre de Tflis, siÚge de l'assemblée » .
  8. (en) Mirian Melua, « Why president of Georgia's first lawmaking body Karlo Chkheidze was absent from his historic 1919 election », sur Agenda Georgia, .
  9. Alexandre Manvelichvili 1951, p. 434.
  10. Anton Vatcharadze, Nikoloz (Karlo) Chkheidze. Memorial Album, Tbilissi, National Parliamentary Library of Georgia, , p. 124 « Lettre personnelle de Nicolas Tcheidze, écrite à Leuville-sur-Orge, le 6 juin 1926 : N'accusez personne de ma mort ».
  11. « Photographie des dirigeants politiques géorgiens en exil en France, aux obsÚques de Nicolas Tchkhéidzé en 1926, au cimetiÚre du PÚre-Lachaise, à Paris », sur Samchoblo,
  12. Anton Vatcharadze, Nikoloz (Karlo) Chkheidze. Memorial Album, Tbilissi, National Parliamentary Library of Georgia, , p. 130
    « Léon Blum aux obsÚques de Nicolas Tchéidze au PÚre Lachaise, prononçant l'éloge funÚbre, aux cÎtés de Bracke » .
  13. (en) « Hidden Story of the Georgian Hero », sur Georgia Today, .
  14. (en) Giorgi Klediashvili, « Memorial Boards of Nikoloz (Karlo) Chkheidze and Konstantine Gvarjaladze », sur Institut pour le développement de la liberté d'information (IDFI), (consulté le ).
  15. Anton Vatcharadze, Nikoloz (Karlo) Chkheidze. Memorial Album, Tbilissi, National Parliamentary Library of Georgia, , p. 123 « Lettre personnelle de Nicolas Tcheidze de Leuville-sur-Orge à Noé Jordania et Akaki Tchenkeli qui habitent à Paris ».
  16. (ka) ლილე ჯაჀარიძიქ კოლეჄáƒȘია (Collection de Lali Japaridze), « áƒ©áƒźáƒ”áƒ˜áƒ«áƒ”áƒ”áƒ‘áƒ˜áƒĄ ოჯაჼი, áƒĄáƒáƒ€áƒ”áƒš áƒ€áƒŁáƒ—áƒšáƒ˜, საგვარეულო საჼლის წინ (Famille TchkhĂ©idzĂ©, village de Pouti, ImĂ©rĂ©thie, 1916) », sur Archive Georgia,‎ .
  17. (en) « The meeting of Irakli Kobakhidze with the descendants of the Chairman of the Parliament and the Constituent Assembly of the First Democratic Republic of Georgia, Nikoloz (Karlo) Chkheidze », sur Parliament of Georgia, .
  18. « Véronique Chéidzé (1909-1986), fille du 1er président de Parlement géorgien », sur Colisée,
  19. (ka) « áƒȘინáƒȘაძე ნოე (NoĂ© Tsintsadze) », sur BibliothĂšque nationale du Parlement gĂ©orgien (consultĂ© le ).
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Voir aussi

Bibliographie

  • Alexandre Manvelichvili, Histoire de GĂ©orgie, Nouvelles Éditions de la Toison d’Or,
  • Nodar Assatiani, Histoire de la GĂ©orgie, Éditions L'Harmattan,
  • L’Internationale socialiste et la GĂ©orgie. Édition du ComitĂ© central du Parti social-dĂ©mocrate ouvrier de GĂ©orgie, Paris, 1921.
  • Documents du Parti ouvrier social-dĂ©mocrate gĂ©orgien. Éditions du bureau du P.S.D.O.G., Imprimerie de la Gazette de Seine et Oise, Arpajon, 1925.
  • La RĂ©volution de . La social-dĂ©mocratie contre le bolchĂ©visme. TsĂ©rĂ©tĂ©li face Ă  LĂ©nine, de Michel KhoundadzĂ©. Anthropos, Paris, 1988. (ISBN 2-7178-1604-6).

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