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Adjarie

L'Adjarie (en gĂ©orgien : აჭარა, adjara phonĂ©tiquement), en forme longue la rĂ©publique autonome d'Adjarie, fait partie de la rĂ©publique de GĂ©orgie. D’une superficie de quelque 2 900 km2, elle compte 337 000 habitants[2]. SituĂ©e dans le sud-ouest du pays, elle a une frontiĂšre commune avec la Turquie et possĂšde une façade maritime sur la mer Noire. Sa capitale est Batoumi.

RĂ©publique autonome d'Adjarie

აჭარის ავჱონომიური რესპუბლიკა
Acharis Avtonomiuri Respublika (ka)

Blason de RĂ©publique autonome d'Adjarie
Armoiries.
Drapeau de RĂ©publique autonome d'Adjarie
Drapeau
Image illustrative de l’article Adjarie
Administration
Statut politique RĂ©publique autonome de GĂ©orgie
Capitale Batoumi
Gouvernement
- Chef du gouvernement

Tornike Rijvadze
DĂ©mographie
Population 337 000 hab. (2016[1] - [2])
DensitĂ© 116 hab./km2
Langue(s) GĂ©orgien
GĂ©ographie
CoordonnĂ©es 41° 39â€Č nord, 42° 00â€Č est
Superficie 2 900 km2
Divers
Monnaie Lari
Fuseau horaire UTC + 4
Domaine internet ge
    Carte de la république autonome d'Adjarie

    Histoire

    Elle est à la fois une subdivision administrative de la Géorgie moderne et une partie du territoire géorgien historique dont les dimensions ne se recouvrent pas toujours.

    De l'AntiquitĂ© au Moyen Âge

    MĂȘme si le nom d'Adjarie n'apparaĂźt qu'au VIIe siĂšcle, les premiĂšres traces d'occupation humaine sur le territoire de l'actuelle Adjarie remontent Ă  la pĂ©riode nĂ©olithique. Les vestiges sont plus nombreux Ă  partir de l'Ăąge du bronze, notamment des restes de forges.

    Dans l’AntiquitĂ©, l’Adjarie faisait partie de la rĂ©gion que les Grecs nommaient Colchide. C'Ă©tait une contrĂ©e active, point de dĂ©part de routes commerciales importantes, Ă©quipĂ©es de ponts et protĂ©gĂ©es par des forteresses. Elle Ă©tait active dans la fabrication d'armes et de bijoux, et Ă©tait connue pour sa richesse et sa culture. PompĂ©e conquit le royaume de Colchide en 65 av. J.-C. et elle devint la province romaine de Lazique. Le christianisme y aurait Ă©tĂ© introduit trĂšs tĂŽt, dĂšs le Ier siĂšcle, grĂące aux apĂŽtres saint AndrĂ© et saint Matthieu[3].

    Par la suite, l'Adjarie fit partie tantÎt de l'Empire byzantin, tantÎt de différents royaumes géorgiens : Lazique aux IVe et Ve siÚcles (Kartlie, Royaume des KakhtvÚles sous la dynastie des Bagratides, etc.) . Elle connut successivement les invasions des Perses, des Arabes, des Turcs Seldjoukides. Intégrée au grand royaume unifié de Géorgie aux XIe et XIIe siÚcles, elle subit au XIIIe siÚcle l'invasion mongole. AprÚs le morcellement de la Géorgie en royaumes et principautés indépendantes qui s'ensuivit, l'Adjarie fut un temps intégrée à la Gourie.

    Du XVIe au XIXe siÚcles : dominations ottomane, russe, soviétique

    AprĂšs plusieurs tentatives infructueuses, l'Empire ottoman finit par Ă©tablir son contrĂŽle sur l'Adjarie Ă  la fin du XVIe siĂšcle. Cette domination allait durer trois siĂšcles. Le processus d'islamisation, d'abord assez lent, atteignit son apogĂ©e au XVIIe siĂšcle. Le particularisme des Adjars Ă©tait nĂ©, celui d'ĂȘtre des GĂ©orgiens musulmans.

    AprÚs la guerre russo-turque de 1877-1878, la Russie victorieuse fit acter le rattachement de l'Adjarie à l'Empire russe dans le traité de San Stefano, signé le 3 mars 1878, et ce rattachement fut entériné au congrÚs de Berlin. L'Adjarie forma le district de Batoumi, incorporé au gouvernement de Koutaïssi. Elle devint un carrefour commercial et connut un essor industriel, appuyé sur le développement du port de Batoumi désormais relié à Bakou par chemin de fer et par un oléoduc.

    La situation changea de nouveau Ă  la fin de la PremiĂšre Guerre mondiale. Le traitĂ© de Brest-Litovsk conclu le 3 mars 1918 entre la Russie et la Turquie prĂ©voyait le retour de l'Adjarie dans le giron de la Turquie, mais les termes de ce traitĂ© furent immĂ©diatement contestĂ©s par l’éphĂ©mĂšre fĂ©dĂ©ration de Transcaucasie puis par la GĂ©orgie redevenue indĂ©pendante le 26 mai 1918. La Turquie s'empara alors de Batoumi, mais dut cĂ©der la ville Ă  ses alliĂ©s allemands, vite remplacĂ©s par 15 000 soldats britanniques aprĂšs la dĂ©faite des empires centraux dans le conflit mondial. Les Britanniques ne devaient quitter la ville qu'en juillet 1920.

    En 1921, le traitĂ© de Kars conclu entre la Turquie et les rĂ©publiques soviĂ©tiques formant la Transcaucasie admit l'intĂ©gration de l'Adjarie Ă  la GĂ©orgie, Ă  la condition expresse que sa population jouisse « d’une vaste autonomie administrative locale garantissant Ă  chaque communautĂ© ses droits culturels et religieux » (article 6). C'est ainsi que l'Adjarie devint le 16 juillet 1921, cinq mois aprĂšs l'invasion de la GĂ©orgie par l'ArmĂ©e rouge, la seule entitĂ© territoriale de l'Union soviĂ©tique fondĂ©e sur une base religieuse et non ethnique, sous le nom de rĂ©publique socialiste soviĂ©tique autonome d'Adjarie, rattachĂ©e Ă  la rĂ©publique socialiste soviĂ©tique de GĂ©orgie.

    De 1991 à 2004 : la tentation de l'indépendance

    Au moment de la dislocation de l'Union soviĂ©tique, l'Adjarie eut des vellĂ©itĂ©s d'indĂ©pendance. Avant mĂȘme la proclamation de l'indĂ©pendance de la GĂ©orgie le 9 avril 1991, Batoumi avait connu des manifestations en faveur de l'indĂ©pendance (notamment le 22 avril 1990)[Note 1]. Les tensions avec le gouvernement central ont atteint leur paroxysme au printemps 2004, lorsque le prĂ©sident adjar Aslan AbachidzĂ© a dĂ©cidĂ© littĂ©ralement de couper les ponts avec Tbilissi, ordonnant la destruction des ponts reliant l’Adjarie Ă  la GĂ©orgie[4]. Quelques jours plus tard, il Ă©tait contraint Ă  la dĂ©mission et Ă  l'exil.

    L'Adjarie sous la férule d'Aslan Abachidzé

    L'histoire de l'Adjarie durant cette période est fortement marquée par la personnalité de son dirigeant.

    Aslan Abachidzé

    En 1991, Aslan AbachidzĂ© est nommĂ© Ă  la tĂȘte de la rĂ©publique autonome d'Adjarie Ă  l'instigation du prĂ©sident gĂ©orgien Zviad Gamsakhourdia, qui compte sur lui pour contrĂŽler l'autonomie adjare. Il va en rĂ©alitĂ© l’étendre Ă  son profit. C'est le descendant d'une vieille famille princiĂšre, qui a participĂ© au pouvoir local depuis le XVIIe siĂšcle quels que soient les maĂźtres du moment. Autocratique, il gĂšre l'Adjarie comme un fief personnel (il fait par exemple nommer son fils maire de Batoumi) et ne cesse de prendre ses distances avec le pouvoir central. Il parvient Ă  maintenir sa rĂ©publique Ă  l'Ă©cart de la guerre civile gĂ©orgienne de dĂ©cembre 1991 - janvier 1992 qui se termine par la chute du prĂ©sident Zviad Gamsakhourdia et du conflit abkhaze, dans lequel il se voit mĂȘme un temps confier un rĂŽle de mĂ©diateur par Édouard ChĂ©vardnadzĂ©. Il s'appuie sur la Russie, profitant de la prĂ©sence des gardes-frontiĂšres russes Ă  la frontiĂšre avec la Turquie jusqu'en 1999 et d'une base militaire russe Ă  Batoumi, important fournisseur d'emplois et garante d'une certaine stabilitĂ©. Il crĂ©e des forces armĂ©es adjares et une zone Ă©conomique franche. Un contentieux l'oppose au gouvernement central Ă  propos des contributions, prĂ©levĂ©es sur les impĂŽts et taxes, que l'Adjarie devrait reverser Ă  l'État gĂ©orgien[5].

    Toutes les tentatives du prĂ©sident gĂ©orgien Édouard ChĂ©vardnadzĂ© pour Ă©tablir un modus vivendi restent vaines. DĂ©putĂ© au parlement gĂ©orgien, dont il fut mĂȘme vice-prĂ©sident entre 1990 et 1995, Aslan AbachidzĂ© n'y a jamais siĂ©gĂ©, invoquant des motifs de sĂ©curitĂ©, et c'est toujours Édouard ChĂ©vardnadzĂ© qui a dĂ» se rendre Ă  Batoumi. Lors de l'Ă©lection prĂ©sidentielle gĂ©orgienne d'avril 2000, Aslan AbachidzĂ©, d'abord candidat, nĂ©gocie avec Édouard ChĂ©vardnadzĂ© le retrait de sa candidature et obtient en Ă©change un amendement Ă  la constitution gĂ©orgienne confortant le statut d'autonomie adjar. Ce qui ne l'empĂȘche pas de faire adopter en juin 2000 une nouvelle constitution adjare sans consultation du gouvernement central. Qui plus est, il ne limite pas ses ambitions Ă  l'Adjarie. En 1998, il Ă©met l'idĂ©e d'une unification de l'Adjarie avec la rĂ©gion voisine de SamtskhĂ©-DjavakhĂ©tie et en 2003, celle d'une GĂ©orgie fĂ©dĂ©rale dont l'ensemble Adjarie plus SamtskhĂ©-DjavakhĂ©tie serait l'une des composantes[Note 2]

    À la fin des annĂ©es 1990, son emprise sur sa rĂ©publique est incontestĂ©e. À la tĂȘte du parlement adjar depuis 1991, il est Ă©lu prĂ©sident de l'Adjarie au suffrage universel avec 93 % des voix en 1998. L'annĂ©e suivante, son parti, l'Union pour la renaissance dĂ©mocratique, remporte trente siĂšges au parlement gĂ©orgien (sur deux-cent-trente-cinq).

    Mais Ă  partir de 2003, une opposition interne Ă  l'Adjarie se structure. Le 27 dĂ©cembre 2003, l'alliance de l'opposition prend le nom de Notre Adjarie. Le 27 janvier 2004, le parti d'opposition Adjarie dĂ©mocratique est fondĂ© et Édouard SournamidzĂ© en devient prĂ©sident. Le 3 fĂ©vrier naĂźt le mouvement Ă©tudiant Kmara (en gĂ©orgien, Ⴤმარა! : Assez !). Aslan AbachidzĂ© rĂ©agit en crĂ©ant sa propre milice, dont les membres sont surnommĂ©s « les Hommes en noir », en rĂ©fĂ©rence Ă  la couleur de leurs uniformes.

    La crise du printemps 2004

    AprĂšs la rĂ©volution des roses, le nouveau prĂ©sident gĂ©orgien Mikheil Saakachvili dĂ©cide de reprendre en mains l'Adjarie. Le 14 mars 2004, il est refoulĂ© Ă  la frontiĂšre et ne peut pĂ©nĂ©trer en Adjarie. Il rĂ©pond en dĂ©crĂ©tant un blocus partiel de la rĂ©publique autonome et met les troupes gĂ©orgiennes en Ă©tat d'alerte. Le 18 mars, Aslan AbachidzĂ© fait mine de cĂ©der et passe un accord avec le prĂ©sident Saakachvili. Il s'engage Ă  organiser des Ă©lections libres, Ă  garantir le libre accĂšs de l'Adjarie aux autoritĂ©s gĂ©orgiennes, Ă  verser au gouvernement central les impĂŽts et taxes qui lui sont dus et Ă  dissoudre les milices. Mais le 28 mars, lors des Ă©lections lĂ©gislatives gĂ©orgiennes, les fraudes se multiplient en Adjarie, oĂč des bureaux de vote sont attaquĂ©s. Le 24 avril 2004, le gouvernement central proclame l'Ă©tat d'urgence en Adjarie. Le 2 mai, Aslan AbachidzĂ© fait dynamiter des ponts sur la riviĂšre Tchokoli par la milice adjare, le prĂ©sident gĂ©orgien lui rĂ©pond par un ultimatum, lui donnant dix jours pour se soumettre Ă  la loi gĂ©orgienne. Les manifestations hostiles au rĂ©gime d'Aslan AbachidzĂ© prennent de l'ampleur Ă  Batoumi — 15 000 personnes le 5 mai —, tandis que les dĂ©fections se multiplient dans les rangs de la police. Finalement lĂąchĂ© par la Russie elle-mĂȘme[6], Aslan AbachidzĂ© abandonne le pouvoir le 6 mai 2004 et s'envole pour Moscou[7].

    La normalisation des relations avec le gouvernement central

    Le 20 juin 2004, les élections législatives en Adjarie sont largement remportées par le parti Adjarie victorieuse, qui soutient le Mouvement national du président Saakachvili, avec 72,1 % des voix[8]. Le 1er juillet, le parlement géorgien adopte des textes limitant l'autonomie de l'Adjarie. Ces textes précisent que c'est le président géorgien qui propose le nom du premier ministre adjar, et que le parlement géorgien peut suspendre les décisions du parlement adjar. Le 20 juillet, Levan Varchalomidzé, ancien directeur des chemins de fer géorgiens, devient premier ministre de l'Adjarie.

    La base russe de Batoumi, sur laquelle Aslan Abachidzé s'était appuyé pendant des années, demeurait une source de tensions entre la Géorgie et la Russie. L'accord conclu le 31 mai 2005 entre la Géorgie et la fédération de Russie sur l'évacuation des bases militaires russes implantées en Géorgie prévoit un début de retrait de la base de Batoumi dÚs l'année suivante. Celui-ci s'achÚve le 15 novembre 2007[9], avec un an d'avance sur la date limite prévue dans les accords de Sotchi.

    En janvier 2007, Aslan Abachidzé est condamné par contumace à quinze ans de prison pour détournements de fonds par le tribunal de Batoumi. En juillet 2007, dans une démarche de décentralisation, le siÚge de la Cour constitutionnelle géorgienne est transféré de Tbilissi à Batoumi.

    En octobre 2012, aprĂšs la victoire de la coalition d'opposition le RĂȘve gĂ©orgien aux Ă©lections lĂ©gislatives nationales et rĂ©gionales, Artchil KhabadzĂ© succĂšde Ă  Levan VarchalomidzĂ© Ă  la tĂȘte de la rĂ©publique autonome d'Adjarie[10].

    Plusieurs raisons expliquent pourquoi l'Adjarie a finalement repris sa place au sein de l'État gĂ©orgien, contrairement aux deux autres rĂ©gions sĂ©paratistes, l'Abkhazie et l'OssĂ©tie du Sud. Selon Thomas Balivet[Note 3], le statut d'autonomie Ă©tait un hĂ©ritage de la pĂ©riode soviĂ©tique, il ne reposait pas sur une identitĂ© adjare marquĂ©e. En effet, il ne se trouve pas en Adjarie de composante ethnique non gĂ©orgienne d'importance significative. Quant Ă  l'identitĂ© religieuse musulmane, fondement officiel de l’autonomie, elle n'Ă©tait pas non plus trĂšs marquĂ©e aprĂšs soixante-dix ans d'athĂ©isme imposĂ© sous le rĂ©gime soviĂ©tique. Silvia Serrano[Note 4] invoque quant Ă  elle « l'absence de frontiĂšres communes avec la Russie, et surtout, l'identification des Adjares avec le reste des GĂ©orgiens. »

    Statut et organisation administrative

    L'Adjarie dispose d'un statut de république autonome au sein de la Géorgie. Depuis la sécession de facto de l'Abkhazie, elle est la seule région géorgienne sous l'autorité effective du gouvernement central à disposer d'un tel statut. Hérité de la période soviétique, il a été modifié à plusieurs reprises, notamment aprÚs la reprise de contrÎle de l'Adjarie par le gouvernement central issu de la révolution des roses. Les conditions de cette autonomie sont précisées dans la constitution géorgienne.

    L'Adjarie dispose de sa propre constitution[11], placĂ©e dĂšs son prĂ©ambule sous l'autoritĂ© de la constitution gĂ©orgienne et des principes fondamentaux de la dĂ©mocratie. L'article premier prĂ©cise que l'Adjarie est une unitĂ© territoriale qui fait partie intĂ©grante de la GĂ©orgie. L'organe lĂ©gislatif est le Conseil suprĂȘme de la rĂ©publique autonome d'Adjarie, qui a des compĂ©tences lĂ©gislatives et de contrĂŽle du gouvernement. Il se compose de vingt-et-un membres, Ă©lus par les citoyens gĂ©orgiens rĂ©sidant sur le territoire adjar ; quinze sont Ă©lus Ă  la proportionnelle et six au scrutin majoritaire. L'organe exĂ©cutif est le gouvernement, dirigĂ© par un prĂ©sident du gouvernement assistĂ© de quatre ministres : un chargĂ© des finances et de l'Ă©conomie, un du travail, de la santĂ© et de la sĂ©curitĂ© sociale, un de l'agriculture et un dernier de l'Ă©ducation, de la culture et des sports.

    Le territoire de l'Adjarie est divisé en six unités administratives :

    GĂ©ographie et climat

    GĂ©ographie

    Paysage de l'aire protégée de Kintrishi dans l'Adjarie. Juin 2017.

    Avec ses 2 900 kmÂČ, l'Adjarie reprĂ©sente 4,2 % du territoire gĂ©orgien. SituĂ©e au sud-ouest de la GĂ©orgie, elle est bordĂ©e Ă  l'Ouest par la mer Noire, au sud par la frontiĂšre avec la Turquie, Ă  l'est et au nord par les rĂ©gions gĂ©orgiennes de SamtskhĂ©-DjavakhĂ©tie et de Gourie.

    Hormis une Ă©troite plaine cĂŽtiĂšre de 54 km de long, prolongement de la dĂ©pression de Colchide, l'essentiel du territoire adjar est occupĂ© par la chaĂźne montagneuse du petit Caucase, dont le point culminant atteint 3 007 m, et par son piĂ©mont. La forĂȘt recouvre 186 965 ha, soit 65 % de la superficie de l'Adjarie[12].

    Tous les cours d'eau adjars appartiennent au bassin de la mer Noire. Au sud, le fleuve Tchorokhi (en gĂ©orgien, ჭოროჼი), qui pĂ©nĂštre en GĂ©orgie aprĂšs avoir dĂ©jĂ  parcouru 400 km en Turquie, y achĂšve son cours au bout de 26 km seulement, mais son affluent l'Atcharistsqali (en gĂ©orgien, აჭარისწყალი) est le plus long cours d'eau d'Adjarie. Au nord, le fleuve Tcholoki (en gĂ©orgien, ჩოლოჄი) marque la limite entre la Gourie et l'Adjarie.

    Climat

    Le climat de l'Adjarie est subtropical humide (type Cfa de la classification de Köppen). Il se caractĂ©rise par une forte hygromĂ©trie tout au long de l'annĂ©e (autour de 80 %), et des prĂ©cipitations abondantes, les plus Ă©levĂ©es de toute la GĂ©orgie. La moyenne annuelle de prĂ©cipitations est partout supĂ©rieure Ă  2 200 mm, mais en montagne, elle peut atteindre 4 500 mm sur certains versants. Il pleut habituellement entre cent et cent-cinquante jours par an, mais entre-temps, le soleil est gĂ©nĂ©reux.

    La tempĂ©rature annuelle moyenne est de 14,5 °C sur le littoral, oĂč les moyennes mensuelles varient entre 4 et 6 °C en janvier et entre 20 et 23 °C en juillet. Dans la zone montagneuse, la tempĂ©rature moyenne est un peu plus basse (19 °C en Ă©tĂ©) et les hivers sont relativement froids.

    Ce climat favorise l’épanouissement d'une flore trĂšs riche, avec environ 1 700 espĂšces recensĂ©es.

    Population et religion

    Évolution dĂ©mographique de 2011 Ă  2016

    Population [13]
    Année Urbaine Rurale Totale
    2002 376 016 [14]ou 254 210 [15]
    2011 171 300 219 300 390 600
    2012 173 100 220 600 393 700
    2013 197 400 196 800 394 200
    2014 198 700 197 900 396 600
    2015 185 000 149 300 334 300 [Note 5]
    2016 186 700 150 300 337 000
    2019 349 000

    RĂ©partition des principaux groupes ethniques (2014)

    Groupe ethnique Population[2]2014
    GĂ©orgiens 320 742 96,04 %
    ArmĂ©niens 5 461 1,64 %
    Russes 3 679 1,10 %
    Ukrainiens 793 0,24 %
    Grecs 575 0,17 %
    Autres 2 703 0,81 %
    Total 333 953 100 %
    Groupe ethnique Population 2002[16] - [14]
    GĂ©orgiens 351 132 93,3%
    Russes 9 073 2,4%
    Arméniens 8 848 2,3%
    Grecs 2 168 0,5%
    Abkhazes 1 558 0,4%
    Azéris 542 0,1%
    OssĂštes 208 0,055%
    Autres 2487 0,66 %
    Total 376 016 [14] 100%

    Les deux villes principales sont Batoumi (152 839 habitants)[2] capitale de la république autonome, et Kobouleti.

    Le dialecte parlĂ© en Adjarie appartient au groupe des dialectes gĂ©orgiens du sud-ouest (Laze). Il s'appelle l'adjarouli (en gĂ©orgien აჭარული) ; on trouve parfois le terme adjarien, ou tout simplement adjar.

    Religion

    Les Adjars sont aujourd'hui majoritairement chrĂ©tiens orthodoxes. Le recul de l'islam au profit de l'orthodoxie a commencĂ© dans les annĂ©es 1950 avec l'arrivĂ©e en Adjarie de migrants urbains d'origine gourienne et imĂ©rĂ©thienne[Note 6]. Le mouvement s'est accĂ©lĂ©rĂ© dĂšs la dislocation de l'Union soviĂ©tique avec des conversions en nombre, encouragĂ©es par le gouvernement gĂ©orgien qui entreprit de mĂ©diatiser des baptĂȘmes collectifs dans les riviĂšres. Lors du recensement de 2014, on dĂ©nombrait 182 041 orthodoxes, soit 54,5 % de la population, pour 132 852 musulmans (39,8 %). On ne compte plus de nos jours que 25 % de musulmans en Adjarie. L'islam reste plus vivant dans la montagne qu'Ă  Batoumi. Dans la capitale adjare, il y a une mosquĂ©e dans le centre-ville et une autre en projet[17].

    Les Adjares sont des Géorgiens dont la particularité est d'avoir embrassé la religion musulmane sous la domination ottomane, surtout au XVIIIe siÚcle, tout en conservant leur langue. Au début de la période soviétique, ils étaient d'ailleurs recensés comme « Géorgiens musulmans », cette référence religieuse ayant disparu par la suite. Ils sont maintenant majoritairement chrétiens, comme avant les Ottomans.

    Économie

    Le port de Batoumi

    Le port de Batoumi est l'un des deux principaux ports géorgiens avec celui de Poti. Il est utilisé pour les importations et exportations géorgiennes, mais également pour des marchandises en transit à destination ou en provenance de l'Arménie, qui n'a pas de façade maritime, et de l'Azerbaïdjan. Batoumi possÚde une importante raffinerie, alimentée par le pétrole azerbaïdjanais amené par oléoduc jusqu'au port de Soupsa puis par voie ferrée jusqu'à Batoumi.

    Le tourisme joue un rÎle important dans l'économie adjare. Il s'agit principalement de tourisme balnéaire, favorisé par le climat et une température moyenne de l'eau comprise entre 21 et 29 °C selon les saisons. Les stations balnéaires se succÚdent sur les 54 km de cÎte, de Sarpi à la frontiÚre turque jusqu'à Kobouleti au nord et offrent une vingtaine de kilomÚtres de plages. Mais le tourisme rural et l'écotourisme sont aussi en développement dans les villages de l'intérieur. Des stations de ski sont en projet. Enfin, Batoumi offre aux amateurs de jeux d'argent de nombreux casinos[18].

    L'Adjarie est une rĂ©gion agricole. Le climat subtropical conditionne les cultures, parmi lesquelles dominent le tabac, le thĂ© et les agrumes, notamment les citrons. À l'intĂ©rieur, on cultive aussi le maĂŻs et la vigne. On trouve soixante-deux sources d'eau minĂ©rale en Adjarie.

    Les ressources miniÚres sont principalement l'or, l'argent et le cuivre. La région possÚde aussi des industries mécaniques.

    Centres d'intĂ©rĂȘt touristiques

    Les ruines de la forteresse de Gonio.
    Chute d'eau au parc national de Mtirala

    Les principaux centres d'intĂ©rĂȘt touristiques d'Adjarie sont :

    • la ville de Batoumi ;
    • le jardin botanique du Cap vert (en gĂ©orgien მწვანე კონáƒȘჟი), tout prĂšs de Batoumi, qui regroupe sur 108 ha plus de deux mille espĂšces vĂ©gĂ©tales du monde entier, dont cent-quatre d'origine caucasienne ;
    • la forteresse romaine de Gonio, datant du Ier siĂšcle (antique Asparon) ;
    • la forteresse de Petra ;
    • la rĂ©serve naturelle de Kobouleti ;
    • le parc national de Mtirala et celui de Matchakhela.

    Gastronomie

    La cuisine adjare comporte de nombreux plats typiques. Sur la cÎte, elle fait largement usage de poissons, tandis que la cuisine de l'intérieur montagneux recourt abondamment aux produits laitiers. Quelques plats typiques :

    • le khatchapouri (ჼაჭაპური) : ce pain au fromage est l'un des plats nationaux gĂ©orgiens ; la variante adjare se caractĂ©rise par une forme allongĂ©e, en forme de bateau, et la prĂ©sence d'un Ɠuf sur le dessus ;
    • le borano (ბორანო) : du fromage fondu dans du beurre ;
    • le tchirbouli (áƒ©áƒ˜áƒ áƒ‘áƒŁáƒšáƒ˜) : un petit dĂ©jeuner Ă  base d'Ɠufs et de noix ;
    • le sinori (სინორი) : Ă  base de pĂątes et de fromage blanc.

    Voir aussi

    Sources

    L'Office national des statistiques de GĂ©orgie publie rĂ©guliĂšrement des documents concernant la population et la dĂ©mographie ; ils contiennent parfois des chiffres lĂ©gĂšrement diffĂ©rents pour les mĂȘmes rubriques :

    Articles connexes

    Liens externes

    Ouvrages

    • Kalistrat Salia, Histoire de la nation gĂ©orgienne, coll. « Edition Nino Salia Paris »,
    • Thomas Balivet, GĂ©opolitique de la GĂ©orgie : SouverainetĂ© et contrĂŽle des territoires, coll. « L'Harmattan », (ISBN 2-7475-8384-8)
    • (en) Roger Rosen, Georgia : A Sovereign Country of the Caucasus (La GĂ©orgie, un État souverain du Caucase), coll. « Odyssey Guides », (ISBN 962-217-748-4, OCLC 56522268)
    • (de) Marlies Kriegenherdt, Georgien : Handbuch fĂŒr individuelles Entdecken, Reise Know-How Verlag, (ISBN 978-3-8317-1681-4), p. 269
    • (ka) გზაbკვლელი áƒĄáƒáƒ„áƒáƒ áƒ—áƒ•áƒ”áƒšáƒ Guide GĂ©orgie, fascicule Ă©ditĂ© (en gĂ©orgien) par l'Office de Tourisme gĂ©orgien Ă  Tbilissi,‎

    Notes

    1. (de) Marlies Kriegenherdt, Georgien : Handbuch fĂŒr individuelles Entdecken, Reise Know-How Verlag, 2008 (ISBN 978-3-8317-1681-4), p. 269.
    2. Thomas Balivet, Géopolitique de la Géorgie : Souveraineté et contrÎle des territoires, coll. « L'Harmattan », 2005 (ISBN 2-7475-8384-8), p. 38 sq.
    3. Thomas Balivet, op. cit., p. 51
    4. Silvia Serrano, GĂ©orgie : Sortie d'empire, coll. « CNRS Éditions », 2007 (ISBN 978-2-271-06540-7), p. 106
    5. Le recensement de fin 2014 donne une population de 333 953 habitants pour l'Adjarie
    6. Guide Le petit futé Géorgie, 3e édition, p. 306

    Références

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    4. « L'Adjarie dynamite ses ponts pour dissuader la Géorgie de franchir le Rubicon », colisee.org.
    5. Jean Radvanyi, « La liberté adjare irrite la Géorgie », Le Monde diplomatique, février 1997.
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