Musée du Quai Branly - Jacques-Chirac
Le musée du Quai Branly - Jacques Chirac, appelé musée des Arts et Civilisations d'Afrique, d'Asie, d'Océanie et des Amériques (civilisations non européennes) avant 2016, est situé dans le 7e arrondissement de Paris, le long du quai de la Seine qui lui donne son nom et au pied de la tour Eiffel, sur le quai Jacques-Chirac. Le projet, porté par Jacques Chirac et réalisé par Jean Nouvel, est inauguré le . La fréquentation se situe à prÚs de 1 500 000 visiteurs en 2014 et franchit en 2016 le cap des 10 millions depuis son ouverture, ce qui le place parmi les plus fréquentés au monde dans sa catégorie.
Jacques Chirac
Nom local |
Musée du quai Branly - Jacques Chirac |
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Type |
Musée national |
Ouverture | |
Gestionnaire | |
Dirigeant |
Emmanuel Kasarhérou (président)[1] - [2] JérÎme Bastianelli (Directeur général) Anne-SolÚne Rolland (directrice du département du patrimoine et des collections)[3] |
Surface |
40 600 m2 12 000 m2 d'exposition |
Visiteurs par an | |
Site web |
Collections | |
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Genre | |
Ăpoque | |
Nombre d'objets |
1 170 495 (2014) dont 450 000 objets d'art 3 500 exposées |
Construction |
- |
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Architecte | |
Protection |
Pays | |
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Commune | |
Adresse |
37, quai Branly |
Coordonnées |
48° 51âČ 39âł N, 2° 17âČ 51âł E |
Le , dix ans aprÚs son inauguration, le musée prend le nom de l'ancien président Jacques Chirac, à l'initiative du projet[5]. Son emblÚme est une statuette Chupicuaro.
Origine
Le site accueille en 1852 le Garde meuble national, puis le Centre des mĂ©tiers durant l'Exposition universelle de 1937. Alors qu'un parc devait ensuite y ĂȘtre crĂ©Ă©, le ministĂšre de l'Ăquipement installe aprĂšs la Seconde Guerre mondiale des bĂątiments provisoires sur son vaste terrain, qui demeure cependant grevĂ© d'une servitude d'espace vert, reprise pour 7 500 m2 au POS de Paris[6]. Les riverains et la mairie de Paris s'opposent ainsi au Centre de confĂ©rences internationales destinĂ© Ă remplacer celui de l'avenue KlĂ©ber, le dernier des grands projets de François Mitterrand, dont le concours est remportĂ© en 1990 par Francis Soler, au point que le gouvernement envisagera d'utiliser la procĂ©dure exceptionnelle du projet d'intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral pour en imposer la rĂ©alisation Ă la municipalitĂ©. La crise immobiliĂšre de 1993 et la cohabitation ont cependant raison du projet, qui est abandonnĂ© par le gouvernement d'Ădouard Balladur en [7].
Jacques Kerchache, marchand d'art et spĂ©cialiste en art africain, essaie dĂšs le dĂ©but des annĂ©es 1990 de faire entrer les « arts premiers » au musĂ©e du Louvre. En 1990, il signe dans le journal LibĂ©ration un article sur ce sujet et rencontre ensuite Jacques Chirac, alors maire de Paris. Ce dernier, rĂ©putĂ© pour ĂȘtre passionnĂ© par les « arts premiers », visitait frĂ©quemment le musĂ©e Guimet[8], est Ă©lu prĂ©sident de la RĂ©publique en 1995. DĂšs son arrivĂ©e Ă la tĂȘte de l'Ătat, il demande l'ouverture d'un dĂ©partement des arts premiers au musĂ©e du Louvre. Un an plus tard, il annonce le projet de crĂ©ation d'un nouveau musĂ©e, qui rencontre rapidement une opposition interne, suivie en 1999 d'une grĂšve des agents du musĂ©e de l'Homme, qui contestent le dĂ©mantĂšlement de ses collections et critiquent la primautĂ© du choix esthĂ©tique au dĂ©triment des considĂ©rations scientifiques. En effet, les collections du musĂ©e national des Arts d'Afrique et d'OcĂ©anie (MAAO), fermĂ© en 2003, sont Ă©galement destinĂ©es Ă y ĂȘtre transfĂ©rĂ©es depuis le palais de la Porte-DorĂ©e.
Un nouveau concours international d'architecture est lancĂ© en 1999, dĂ©signant Jean Nouvel comme laurĂ©at, lequel choisit notamment de plus que doubler la surface d'espace vert initialement prĂ©vue, en la portant Ă 17 500 m2, par le biais d'un bĂątiment-pont Ă©difiĂ© sur pilotis. Le permis de construire initial est dĂ©livrĂ© le , sur la base du POS de Paris rĂ©visĂ© en et son second modificatif en , alors que la construction est confiĂ©e Ă la sociĂ©tĂ© Joseph Paris. L'Ă©tablissement est ensuite dotĂ© de ses statuts par le dĂ©cret no 2004-1350 du 9 dĂ©cembre 2004, relatif au statut de l'Ătablissement public du musĂ©e du Quai Branly[9].
Le musĂ©e est inaugurĂ© le par Jacques Chirac, en prĂ©sence notamment de Kofi Annan, Rigoberta MenchĂș, Paul Okalik, Lionel Jospin, Jean-Pierre Raffarin, Dominique de Villepin et Claude LĂ©vi-Strauss. Il a le statut d'Ă©tablissement public administratif, placĂ© sous la double tutelle du ministĂšre de la Culture et de la Communication et du ministĂšre de l'Enseignement supĂ©rieur et de la Recherche.
Il ouvre au public le avec une premiĂšre exposition consacrĂ©e aux Mnong Gar, une ethnie des montagnes du ViĂȘt Nam mĂ©ridional Ă©tudiĂ©e par Georges Condominas, intitulĂ©e « Nous avons mangĂ© la forĂȘt : Georges Condominas au ViĂȘt Nam », qui est prĂ©sentĂ©e du au [10], puis reprise en 2007 Ă HanoĂŻ avec un catalogue spĂ©cifique bilingue.
En , le musée s'est associé avec trois autres musées proches pour former la Colline des musées.
En 2016, le musée est labellisé Architecture contemporaine remarquable[11].
Fréquentation
Un point sur la fréquentation du musée est établi réguliÚrement et permet de mesurer l'évolution du nombre de visiteurs[12]. AprÚs le premier mois d'ouverture, qui a compté 151 000 visiteurs, la moyenne de fréquentation depuis son ouverture s'est établie autour de 125 000 visiteurs par mois et 1 380 000 par an. En 2013, la fréquentation annuelle s'est située autour de 1 350 000 visiteurs[13] et jusqu'à 1 500 000 en 2009 et 2014[14].
L'exposition Tatoueurs, tatoués, qui a eu lieu entre 2014 et 2015, a attiré 702 138 visiteurs en 18 mois d'ouverture[15].
Pour les festivités marquant son dixiÚme anniversaire, le musée enregistre une fréquentation record de 34 586 visiteurs à l'été 2016[16].
Fréquentation cumulée du musée depuis son ouverture :
Date | Fréquentation cumulée |
---|---|
Inauguration | |
8 757 | |
151 000 | |
350 000 | |
800 000 | |
952 000 | |
1 000 000 franchi | |
2 000 000 franchi | |
2 175 000 | |
2 404 000 | |
3 801 873 | |
4 000 000 franchi | |
4 654 642 | |
5 301 873 | |
5 693 002 | |
6 671 723 | |
8 128 751 | |
[17] | 9 438 899 |
[17] | 10 746 225 |
12 242 042 | |
13 543 319 | |
14 695 241 | |
15 868 953 | |
17 130 770 | |
Année | Entrées gratuites | Entrées payantes | Total |
---|---|---|---|
2006 | 366 759 | 585 311 | 952 070 |
2007 | 571 554 | 920 886 | 1 492 440 |
2008 | 622 360 | 767 130 | 1 389 490 |
2009 | 698 946 | 797 493 | 1 496 439 |
2010 | 690 504 | 635 650 | 1 326 154 |
2011 | 676 142 | 780 886 | 1 457 028 |
2012 | 673 309 | 607 313 | 1 280 622 |
2013 | 735 042 | 334 417 | 1 069 459 |
2014 | 765 194 | 422 920 | 1 188 114 |
2015 | 716 938 | 317 688 | 1 034 626 |
2016 | 626 119 | 284 726 | 910 845 |
2017 | 627 296 | 546 416 | 1 173 712 |
2018 | Pas de données | 1 261 817 |
BĂątiments
Le musée du Quai Branly, conçu par Jean Nouvel pour prÚs de 233 millions d'euros, comporte quatre bùtiments d'une surface totale de 40 600 m2.
Le pont-musée
Le plus grand bùtiment du musée, recouvert de façades vitrées sérigraphiées et partiellement habillé de bois, abrite principalement les expositions permanente et temporaires. L'architecte ayant voulu faire en partie référence à la tour Eiffel toute proche, sa structure est un pont métallique de 3 200 tonnes fixé par 500 000 boulons, qui est soutenu à 10 m de hauteur par les deux piliers Est et Ouest et 26 pilotis intermédiaires en acier, afin de respecter la servitude d'espace vert du POS de Paris. Sur ce pont sont arrimées trente et une cellules multimédias ou techniques exprimées en façade nord par une succession de « boßtes » colorées en porte-à -faux.
Ă l'intĂ©rieur, une longue rampe sinueuse de faible pente parcourue par une installation d'art vidĂ©o de Charles Sandison (fi), The River composĂ©e de mots en mouvements, conduit les visiteurs du hall d'entrĂ©e du rez-de-chaussĂ©e jusqu'au plateau des collections permanentes, situĂ© au premier Ă©tage du bĂątiment-pont, en offrant des points de vue sur les salles en contrebas. La galerie d'exposition permanente longue de 200 mĂštres, est plongĂ©e dans la pĂ©nombre par des façades vitrĂ©es sĂ©rigraphiĂ©es, afin que la lumiĂšre du soleil n'attaque pas les pigments des objets exposĂ©s les plus fragiles, constituĂ©s de matiĂšres organiques vĂ©gĂ©tales ou animales (fibres, peaux, plumes, etc.). Ceux-ci sont alors Ă©clairĂ©s par des spots dans une scĂ©nographie Ă l'esthĂ©tique affirmĂ©e voulue par l'architecte, tirant sur les tons d'ocre, de rouge et de noir, qui vise Ă Ă©voquer pour certains d'entre eux leur charge spirituelle originelle. La galerie est un immense espace non cloisonnĂ© de 5 300 m2, traversĂ© par un couloir longitudinal gainĂ© de cuir oĂč de petites cellules multimĂ©dias permettent de consulter certains des 150 programmes vidĂ©os du parcours musĂ©ographique, et s'ouvre au nord sur prĂšs de trente salles thĂ©matiques correspondant aux « boĂźtes » colorĂ©es visibles Ă l'extĂ©rieur.
La galerie est surplombée de trois mezzanines. La mezzanine centrale de l'atelier Martine Aublet accueille sur 200 m2 des installations pour comprendre la recherche en anthropologie. Les deux autres mezzanines sont dédiées aux expositions temporaires du plateau des collections. Celle de l'Ouest, de 750 m2, accueille une grande exposition thématique pour 18 mois, celle de l'Est, de 700 m2, plusieurs expositions par an.
Au rez-de-chaussĂ©e, une galerie modulable de 2 000 m2 est destinĂ©e aux grandes expositions temporaires et contraste par ses murs et plafonds blancs avec la galerie supĂ©rieure. Dans l'entrĂ©e, qui prĂ©sente quelques Ćuvres monumentales, la collection de prĂšs de 10 000 instruments de musique, classĂ©s par familles, est visible Ă travers les parois vitrĂ©es d'une tour de rĂ©serves circulaire de 700 m2 et 16 mĂštres de diamĂštre traversant tous les niveaux. Un escalier hĂ©licoĂŻdal qui s'enroule autour de celle-ci mĂšne au niveau infĂ©rieur du rez-de-jardin, qui comporte un auditorium de 490 places ouvrant sur un amphithĂ©Ăątre extĂ©rieur vĂ©gĂ©talisĂ©, une salle de cinĂ©ma de 100 places, 6 salles de cours et de recherche et un snack-bar.
Un restaurant, « Les Ombres », accessible par le pilier Est du bùtiment-pont, est également aménagé sur le toit-terrasse, le plus grand de Paris ouvert au public, qui offre une vue dégagée sur la Seine, le Trocadero et la tour Eiffel. Le rez-de-chaussée de ce pilier est occupé par le « Café Branly ». Fin 2021, les chefs Alain Ducasse et Albert Adria créent aux Ombres le projet gastronomique éphémÚre ADMO : durant 100 jours y est proposé un menu en cinq ou sept temps créés à partir de légumes de saison, de céréales, de poissons et de fruits de mer[19].
Les bĂątiments secondaires
Le bùtiment-pont est encadré de trois autres immeubles :
Bùtiment Université
Il doit son nom à la rue de l'Université qui longe le musée sur le cÎté sud. Ce bùtiment y a son entrée principale et abrite une librairie décorée de peintures aborigÚnes réalisées dans le cadre du 1 % artistique, des bureaux et des ateliers.
BĂątiment Branly
Le bĂątiment de cinq Ă©tages, qui abrite l'administration du musĂ©e, donne sur le quai Branly et la Seine. Sa façade principale est recouverte d'un mur vĂ©gĂ©talisĂ© de 800 m2, le plus grand du monde Ă l'Ă©poque de sa rĂ©alisation. Ce dernier, conçu par Patrick Blanc, et qui le fera connaĂźtre du grand public, supporte 15 000 plantes cultivĂ©es de 150 espĂšces diffĂ©rentes et assure une continuitĂ© verticale au jardin de Gilles ClĂ©ment en se rĂ©pandant sur les façades de la ville. Le projet permit ainsi de rĂ©unir en un seul lieu l'Ćuvre complĂ©mentaire de deux importants paysagistes français, tout en offrant un Ă©crin vĂ©gĂ©talisĂ© au bĂątiment de Jean Nouvel.
L'auvent
Adossé, comme les trois autres, aux héberges des immeubles haussmanniens contigus, ce bùtiment, qui est situé entre les bùtiments du pont-musée et Branly, comprend la médiathÚque et les réserves de 6 000 m2 sur 11 km de linéaires.
Le jardin
Le jardin[20] qui occupe 17 500 m2 sur les 27 700 m2 du terrain, a Ă©tĂ© conçu par l'architecte-paysagiste Gilles ClĂ©ment, rendu cĂ©lĂšbre en 1992 par sa rĂ©alisation du parc AndrĂ©-CitroĂ«n et son usage innovant et original des graminĂ©es et des fougĂšres. ProtĂ©gĂ© de la rumeur des quais par une palissade de verre et plantĂ© de 169 arbres, 900 arbustes et 70 200 fougĂšres et graminĂ©es, il est composĂ© de sentiers, terrasses, petites collines, chemins dallĂ©s de pierres de torrent, de bassins propices Ă la mĂ©ditation et Ă la rĂȘverie et de hautes graminĂ©es ou poacĂ©es, refuges d'une petite faune urbaine et de passage. Une Ćuvre du plasticien lumiĂšre Yann KersalĂ©, « L'à », parsĂšme le jardin de tubes LED, de couleur variable selon la mĂ©tĂ©o, qui projettent des aurĂ©oles lumineuses sur la sous-face du musĂ©e.
Sommet du mur végétalisé. |
Façade sud du bùtiment-pont. |
Bassin et graminées du jardin. |
Collections
La collection comportait 1 375 385 piÚces fin 2020[21], dont 1 147 281 numérisées dans son catalogue en ligne en juin 2022[22] :
- 303 800 objets, dont environ 3 500 sont exposĂ©es sur 12 000 m2, incluant 27 180 textiles, 7 094 sculptures, 1 942 peintures ou 852 moulages, certaines de ces piĂšces appartenant aux 11 273 Ćuvres de la « collection histoire », mais aussi 9 129 instruments de musique regroupĂ©s dans une tour rĂ©serves visible du public ;
- une iconothĂšque d'environ 700 000 piĂšces, dont 493 608 photographies sont numĂ©risĂ©es, de mĂȘme que 19 372 Ćuvres graphiques, dont 10 563 piĂšces sont numĂ©risĂ©es, comprenant au moins 2 136 gravures et 1 074 dessins, des albums, affiches ou cartes postales.
En outre, le musée possÚde 70 000 piÚces d'archives, dont 38 556 sont numérisées, dans une médiathÚque réunissant 320 000 documents, dont 20 000 en accÚs libre et incluant :
- 281 154 livres et revues, dont :
- 7 078 titres de périodiques (148 848 exemplaires) avec 548 abonnements en cours ;
- un fonds prĂ©cieux dâenviron 3 500 ouvrages des XVIIe et XIXe siĂšcles : rĂ©cits de voyages, historia, gĂ©ographie, mission scientifique ;
- 500 microfiches de thĂšses en ethnologie et anthropologie ;
- 17 603 titres audiovisuels, dont 6 753 films et vidéos et 10 850 documents sonores ;
- plus de 30 bases de données, banques d'images, encyclopédies ;
- plus de 7 000 revues scientifiques Ă©lectroniques.
Un renouvellement rĂ©gulier et progressif des objets prĂ©sentĂ©s sur le plateau des collections permet de valoriser les derniĂšres acquisitions, les dons rĂ©cents, tout en donnant Ă voir la richesse des collections. Ce renouvellement vise Ă©galement Ă prĂ©server les Ćuvres, pour certaines trĂšs fragiles, de l'usure causĂ©e notamment par la lumiĂšre[23].
Le , Marc Ladreit de LacharriĂšre annonce avoir fait don de 36 Ćuvres africaines et ocĂ©aniennes[24] - [25]. ĂvaluĂ©e Ă 52 millions d'euros, cette collection est la plus importante donation dâĆuvres dâart africaines et ocĂ©aniennes depuis 1945 en France[26]. La collection est exposĂ©e Ă partir de 2021 dans un nouvel espace du musĂ©e imaginĂ© par Jean Nouvel[27] - [28].
Pavillon des Sessions
Depuis le , un choix de 120 Ćuvres des collections du musĂ©e du Quai Branly est exposĂ© au Pavillon des Sessions, au sein du musĂ©e du Louvre. SĂ©lectionnĂ©es par Jacques Kerchache, ces Ćuvres avaient vocation Ă ĂȘtre une ambassade. D'abord temporaire, elle s'est vue devenir permanente aprĂšs l'ouverture du musĂ©e du Quai Branly. Lâarchitecture intĂ©rieure de 1 200 mĂštres carrĂ©s, conçue par Jean-Michel Wilmotte, offre un espace consĂ©quent. L'ambition de Jacques Kerchache Ă©tait de montrer au visiteur, qu'au mĂȘme titre que le grand art classique europĂ©en, le spectateur pouvait s'Ă©mouvoir de la beautĂ© formelle des arts extra-europĂ©ens, hors de toute explication ethnologique. Pour Jacques Kerchache, « lâessentiel est la qualitĂ© plastique dâune Ćuvre quelle que soit son origine ou sa provenance. Ce qui me touche le plus câest de percevoir par-delĂ une forme, le geste crĂ©atif dâun artiste »[29].
Musée du Quai Branly
Ă partir de 2006, le musĂ©e rĂ©unit les anciennes collections d'ethnologie du musĂ©e de l'Homme (abritĂ© par le palais de Chaillot) et celles du musĂ©e national des Arts dâAfrique et d'OcĂ©anie (installĂ© Ă la Porte-DorĂ©e). Environ 300 000 objets ont ainsi Ă©tĂ© transfĂ©rĂ©s du musĂ©e de l'Homme ; 3 500 sont exposĂ©s sur le plateau des collections permanentes, vaste espace sans cloisons. Les Ćuvres sont rĂ©parties en grandes « zones » continentales : lâAfrique, lâAsie, lâOcĂ©anie et les AmĂ©riques.
En complément du plateau des collections permanentes, environ dix expositions temporaires sont organisées par an, réparties entre les mezzanines du plateau des collections et la Grande galerie du rez-de-chaussée, qui accueille les grandes expositions de niveau international, ce qui permet de présenter des thématiques de fond, comme des expositions-dossiers, tout en donnant à voir la richesse des collections.
MĂ©diathĂšque
La bibliothĂšque du musĂ©e de l'Homme s'est transformĂ©e en mĂ©diathĂšque, regroupant dans une mĂȘme structure trois pĂŽles documentaires offrant 250 places au total sur 1 350 m2 et dĂ©clinant l'ensemble de la documentation scientifique mise Ă disposition des Ă©tudiants, des chercheurs et des conservateurs du musĂ©e :
- le premier pÎle documentaire est celui de la bibliothÚque. Ses ressources (monographies et périodiques) sont disponibles en accÚs libre soit dans le salon Jacques Kerchache du rez-de-chaussée ouvert au grand public, soit à la bibliothÚque du cinquiÚme étage ouverte aux chercheurs. Elles sont aussi disponibles sur Internet ou communiquées sur place depuis les réserves. La bibliothÚque possÚde des fonds ethnographiques importants comme ceux de Claude Lévi-Strauss, Georges Condominas, Françoise Girard, Jacques Kerchache (don fragmentaire des deux tiers d'une de ses bibliothÚques) et Nesterenko ;
- le second pÎle documentaire est celui de l'iconothÚque qui recouvre les documents photographiques, sérigraphiques et graphiques ;
- le troisiÚme pÎle documentaire est celui de la documentation muséale et des archives.
Ces trois pÎles sont non seulement réunis administrativement dans le département de la médiathÚque du musée, mais intellectuellement par la possibilité d'effectuer une recherche fédérée sur les différents catalogues. L'accompagnement des collections d'objets par les archives les documentant et les collections de la bibliothÚque est indispensable à la cohérence du musée.
« L'inscription de la fonction documentaire [âŠ] affirme le lien indĂ©fectible entre l'Ćuvre et son histoire, faisant du futur Ă©tablissement une « ruche culturelle » »[30].
Théùtre Claude Lévi-Strauss et cinéma
Le thĂ©Ăątre Claude LĂ©vi-Strauss, situĂ© au niveau infĂ©rieur sous le hall d'accueil et accessible Ă©galement depuis le jardin a Ă©tĂ© conçu par Jean Nouvel avec la collaboration de dUCKS scĂ©no pour la scĂ©nographie et Jean-Paul Lamoureux pour l'acoustique[31]. L'espace permet plusieurs configurations grĂące Ă des rideaux acoustiques conçus par Issey Miyake. Le thĂ©Ăątre se compose d'une partie avec des gradins droits d'une capacitĂ© de 390 places, d'une scĂšne de 15 m de large par 10 m de profondeur et d'un gradin courbe situĂ© Ă l'arriĂšre de la scĂšne reproduisant des courbes de niveaux. Le thĂ©Ăątre peut accueillir 483 spectateurs dans sa configuration bi-frontale. Le jardin vient prolonger l'auditorium apportant de la lumiĂšre naturelle au sein de l'Ă©quipement scĂ©nique. Le bar et le foyer public du thĂ©Ăątre peuvent ĂȘtre ouverts ou fermĂ©s grĂące aux rideaux acoustiques.
Le niveau bas comporte également une salle de cinéma de 100 places en accÚs libre qui propose une programmation saisonniÚre de films et peut aussi servir aux colloques.
Afrique du Nord
- Paire de fibules berbĂšres en argent (Maroc).
- Pince à échardes touarÚgue (Algérie).
- Tunique fĂ©minine de mariage berbĂšre, dĂ©tail (Ăgypte).
- Bracelet berbĂšre en argent ornĂ© d'un cabochon de corail (Ăgypte).
- Paire de fibules berbĂšres en argent (Maroc).
Afrique de l'Ouest
- Statue androgyne (« roi-femme »), prĂ©-dogon : SoninkĂ©/DjenenkĂ©, IXeâââXe siĂšcles (Mali).
- Masques dogons (Mali).
- Cimier senoufous de société d'initiation (CÎte d'Ivoire).
- Masque d'initiation kebul (Sénégal).
- Pierre peinte dogon (Mali).
Afrique centrale
- MĂ©taux anciens (Gabon, Congo).
- Reine porteuse de coupe, détail, Bamileke (Cameroun).
- Masque royal kuk (Cameroun).
- Présentoir à calebasse anthropomorphe, Foto (Cameroun).
- Masque anthropomorphe Okuyi, détail, Punu (Gabon).
Afrique de l'Est
- Croix de procession (Ăthiopie).
- Saint Georges cavalier. Ăglise d'Abba Antonios (Ăthiopie).
- Appuie-tĂȘte, Jimma (Ăthiopie)
- Talisman. DĂ©tail de rouleau protecteur (Ăthiopie).
- Bouclier, Ganda (Ouganda).
Afrique australe
- Pot Ă biĂšre ukhamba, Zoulou (Afrique du Sud).
- Appuie-tĂȘte, Nguni du Nord (Afrique du Sud).
- Statuette, Tsonga (Afrique du Sud ou Mozambique).
- Appuie-tĂȘte, Zoulou (Afrique du Sud).
- RĂ©cipient, Swazi (Afrique du Sud ou Swaziland).
Amérique du Nord
- Mùt totem « Kaiget », wet'suwet'en (Canada).
- Casse-tĂȘte, rĂ©gion des Grands Lacs (Canada).
- Mùt héraldique du chef Kwarhsu dit Mùt de l'Ours (Canada).
- Robe dite « aux trois villages », Quapaw (Ătats-Unis, Arkansas).
- Masque kiiappaat, Ammassalimint (Groenland).
Mesoamérique
- Divinité féminine, HuastÚque (Mexique).
- Statuette fĂ©minine dit La Chupicuaro, issue de la culture ChupĂcuaro, Chupicuaro (Mexique).
- Jarre à décor en panneaux, Tonosi (Panama).
- Sifflet anthropomorphe, Maya (Guatemala).
- Chalchiuhtlicue, déesse de l'eau terrestre, AztÚque (Mexique).
Amérique du Sud
- Vase-portrait mochica (PĂ©rou).
- Masque, Tapirapé (Brésil).
- Figurine masculine (PĂ©rou).
- Collier, Urubu Ka'apor (Brésil).
- Masque de « chuncho » (Bolivie).
Inde
- Coupe-noix d'arec représentant un paon (Inde).
- Vantail de porte de monastĂšre bouddhique (Birmanie).
- Tenture de temple : Krishna et les vachÚres, détail (Inde).
Indonésie asiatique
- SiÚge cérémoniel osa osa, Nias (Indonésie).
- Dossier sesako d'un siÚge d'honneur papadon, Abung (Indonésie).
- Armure baru oroba, Nias (Indonésie).
Indonésie océanienne
- Porte, Tetum (Indonésie).
- Cavalier ja yeda, Nage (Indonésie).
- Porte, Tetum (Indonésie).
Papouasie
- Masque de danse, Papouasie (Indonésie).
- Crùne d'ancestre, Asmat, Papouasie (Indonésie).
- Masque de façade, Chambri (Papouasie-Nouvelle-Guinée).
- Pectoral (Papouasie-Nouvelle-Guinée).
- Brassard « tamboo », Iatmul (Papouasie-Nouvelle-Guinée).
Australie
- Masque de deuil (Australie).
- Poteaux funéraires, Tiwi (Australie).
Expositions temporaires
Le musée a été conçu pour accorder une large place aux expositions temporaires[32], qui bénéficient de 40 % de sa surface accessible et dont le nombre s'est élevé à 97 en dix ans[33]. Soumise à de moindres contraintes de conservation, la vaste galerie modulable du rez-de-chaussée contraste par sa clarté et sa luminosité avec le plateau des collections permanentes et autorise un renouvellement innovant et de qualité de sa muséographie.
2021-2022
- Ultime Combat : Arts Martiaux d'Asie
- Désir d'humanité : Les univers de Barthélémy Toguo
- Maro'ura : un trésor polynésien
- Ex Africa : Présences africaines dans l'art d'au'jourd'hui
2018-2019
- Peintures des Lointains. La collection du musée Quai Branly - Jacques-Chirac
- Anting-Anting. LâĂąme secrĂšte des Philippins
- Océanie
- Fendre l'air. L'art du Bambou au Japon
2017-2018
- Paul Robeson (1896-1976)
- Madagascar. Arts de la Grande Ăle'
- Bettina Rheims
- Le magasin des petits explorateurs
- Enfers et FantĂŽmes d'Asie
- Les ForĂȘts natales
- Le PĂ©rou avant les Incas
- Génération Rivet
2016-2017
- L'Afrique des routes
- The Color Line, les artistes africains-américains et la ségrégation
- Plumes, visions de l'Amérique précolombienne
- Eclectique
- Du Jourdain au Congo. Art Christianisme en Afrique centrale
- Une FenĂȘtre sur les Confluences
- Picasso Primitif
- La Pierre sacrée des Maori
- Aztec Hotel. Le style néomaya en Amérique
2015-2016
- Sepik, arts de Papouasie-Nouvelle-Guinée
- EsthĂ©tiques de l'Amour, SibĂ©rie ExtrĂȘme-Orientale
- Le Comte des nuages. Masanao Abe face au mon Fuji
- Persona, Ă©trangement humain
- Chamanes et divinitĂ©s de lâĂquateur prĂ©colombien
- Dakar 66, Chroniques dâun festival panafricain
- Par les images, patrimoine photographique Ă©quatorien (1900-1930)
- Matahoata, arts et société aux ßles Marquises
- Homme blanc, homme noir. Les reprĂ©sentations de lâOccidental dans lâart africain du 20e siĂšcle
- Jacques Chirac ou le dialogue des cultures
2014-2015
- Mayas, révélation d'un temps sans fin
- LâĂclat des ombres, l'art en noir et blanc des Ăles Salomon
- Les MaĂźtres de la sculpture de CĂŽte d'Ivoire
- L'Inca et le Conquistador
2013-2014
- Nocturnes de Colombie
- Photoquai 2013
- Kanak, l'Art est une parole
- Secrets d'ivoire, l'art des Lega d'Afrique centrale
- Bois sacrĂ©, initiation dans les forĂȘts guinĂ©ennes
- Indiens des Plaines
- Tatoueurs, tatoués
- Tiki Pop
2012-2013
- Cheveux chéris
- Aux sources de la peinture aborigĂšne
- Nigeria, arts de la vallée de la Bénoué
- Un artiste voyageur en Micronésie, l'univers flottant de Paul Jacoulet
- Philippines, archipel des Ă©changes
- Charles Ratton, lâinvention des Arts "Primitifs"
2011-2012
- Photoquai 2011
- SamouraĂŻ, l'armure du guerrier
- MÄori, leurs trĂ©sors ont une Ăąme
- Les SĂ©ductions du palais, cuisiner et manger en Chine
- Les Maßtres du désordre
- Exhibitions, l'invention du sauvage
- La Pluie
- Patagonie
2010-2011
- Baba Bling : signes intérieurs de richesse à Singapour (2010), commissaire : Kenson Kwok, commissaire associée : Huism Tan
- Dans le blanc des yeux : masques primitifs du Népal (2010), commissaires : Stéphane Breton et Marc Petit
- Lapita : ancĂȘtres ocĂ©aniens (2010), commissaires : Christophe Sand et Stuart Bedford
- L'Orient des femmes vu par Christian Lacroix
- Maya, de l'aube au crépuscule, collections nationales du Guatemala
- Dogon
2009-2010
- Photoquai 2009
- Teotihuacan
- Artistes dâAbomey
- Présence Africaine
- La Fabrique des Images
- Sexe, mort et sacrifice dans la religion Mochica
- Autres MaĂźtres de l'Inde
- Fleuve Congo (2010), commissaire : François Neyt
- Les 10 ans du pavillon des Sessions : chefs-d'Ćuvre du musĂ©e du Quai Branly au Louvre (2010), retrospective par Jean-Pierre Elkabbach
2008-2009
- Upside Down - Les Arctiques
- Lâesprit Mingei au Japon : de lâartisanat populaire au design
- Rouge Kwoma
- Chemins de couleurs
- Mangareva
- Recettes des dieux
- Le SiĂšcle du Jazz
- Tarzan !
2007-2008
- Polynésie Arts et divinités 1760-1860
- Paracas â trĂ©sors inĂ©dits du PĂ©rou ancien
- Elena Izcue, Lima-Paris années 30
- PlanÚte métisse : to mix or not to mix
- Ivoires d'Afrique
- Au nord de Sumatra : les batak
- Walker Evans
- Camera obscura
- Anne Noble
- L'aristocrate et ses cannibales
- BĂ©nin
- Diaspora
- Photoquai 2007
2006-2007
- Romuald HazoumĂš et La bouche du roi
- Dâun regard lâAutre
- PremiĂšres nations, collections royales
- Le Yucatan est ailleurs, expéditions photographiques de Désiré Charnay
- Nouvelle-Irlande, Arts du Pacifique Sud
- Jardin dâamour, installation de Yinka Shonibare, MBE
- RĂ©sidence dâartiste : Greg Semu
- Ideqqi, arts de femmes berbĂšres
- Objets blessés. la réparation en Afrique
2005-2006
- « Nous avons mangĂ© la forĂȘt » : Georges Condominas au Vietnam
- Ciwara, chimĂšres africaines
- Qu'est ce qu'un corps?
Revue
Le musée publie depuis 2005 la revue d'anthropologie et de muséologie Gradhiva. Cette revue, fondée par Michel Leiris et Jean Jamin en 1986, est consacrée à la recherche contemporaine en ethnologie, à l'histoire de l'anthropologie, aux archives de grands ethnologues et aux esthétiques non-occidentales. De par sa destination, Gradhiva s'intéresse réguliÚrement aux collections du musée du Quai Branly.
Controverses
Avant l'ouverture
La création du musée, le plus grand projet de ce genre dans le monde, fut sujette à quelques interrogations avant son ouverture :
- art ou culture ? Avec le transfert d'une bonne partie des piĂšces exposĂ©es prĂ©cĂ©demment au musĂ©e de l'Homme, la question s'est posĂ©e Ă nouveau du rapport entre ce qui relĂšve des arts â et qui a vocation Ă ĂȘtre exposĂ© dans le musĂ©e du Quai Branly â et ce qui relĂšve de la culture, dans la mesure oĂč le choix de la valorisation esthĂ©tique des collections, en vigueur Ă l'ancien musĂ©e national des Arts d'Afrique et d'OcĂ©anie ou au musĂ©e Guimet, a Ă©tĂ© ici privilĂ©giĂ© sur le discours ethnographique voire anthropologique, qui a Ă©tĂ© plus spĂ©cialement dĂ©volu au musĂ©e de l'Homme ;
- qu'est-ce qu'un « art premier » ? Au dĂ©but de la mise en forme du projet la qualification de « musĂ©e des arts premiers » Ă©tait parfois avancĂ©e. L'expression « art primitif » prĂ©cĂ©demment employĂ©e en histoire de l'art, puis par certains musĂ©es de mĂȘme nature (Museum of Primitive Art de New-York) Ă©tant devenue politiquement incorrecte et pĂ©jorative, Ă la diffĂ©rence de son usage pour la peinture italienne ou flamande, son emploi pour l'art extra-occidental Ă©tait depuis quelques annĂ©es tombĂ© en dĂ©suĂ©tude. L'expression d'« art premier » au sens d'art initial issu d'une civilisation au sein d'une aire donnĂ©e, bien que moins dĂ©valorisante, reste nĂ©anmoins controversĂ©e dans la mesure oĂč elle traduirait aussi une conception Ă©volutionniste et ethnocentriste des sociĂ©tĂ©s humaines, qui pourrait tendre Ă faire passer les sociĂ©tĂ©s occidentales ou orientales les plus Ă©voluĂ©es comme produisant un « art abouti » Ă la diffĂ©rence de celui des sociĂ©tĂ©s « extra-occidentales » restĂ©es plus longtemps au sein d'un environnement rural voire naturel et considĂ©rĂ©es de ce fait comme productrice d'un art plus archaĂŻque. Mais aussi bien chez les anciennes civilisations urbaines prĂ©colombiennes, que dans les inventions formelles de l'art africain, trouve-t-on des valeurs esthĂ©tiques et culturelles Ă©levĂ©es, ou mĂȘme Ă©loignĂ©es de plusieurs siĂšcles des « premiĂšres » manifestations artistiques d'une population. Du point de vue chronologique, l'expression est donc aussi contestable et celle-ci a Ă©tĂ© remise en cause, y compris par les anthropologues, de sorte que l'appellation « musĂ©e des Arts premiers », un temps envisagĂ©e, a Ă©tĂ© abandonnĂ©e pour dĂ©signer le musĂ©e du Quai Branly, avant mĂȘme son inauguration ;
- Ă©galitĂ© de reprĂ©sentation pour tous les peuples du monde ? : si le musĂ©e a vocation d'exposer les productions artistiques des civilisations du monde entier, on constate nĂ©anmoins des disparitĂ©s dans leur reprĂ©sentation, dues notamment Ă la taille rĂ©duite du plateau des collections au regard de la multitude des peuples et civilisations prĂ©sents dans la collection. L'ouverture de ce musĂ©e a ainsi suscitĂ© des protestations au QuĂ©bec en raison de la quasi-absence initiale d'Ćuvres du Nord-Est du Canada. Ainsi, contrairement aux Yupiks et aux tribus de la Colombie-Britannique alors exposĂ©s, les Inuits du Grand Nord n'Ă©taient reprĂ©sentĂ©s que par un peigne et les premiĂšres nations du QuĂ©bec par deux ceintures tissĂ©es. NĂ©anmoins, de par leur fragilitĂ© (textiles, matiĂšres organiques) et leur sensibilitĂ© Ă la lumiĂšre et aux infestations, le plateau des collections est sujet Ă un renouvellement rĂ©gulier de plusieurs centaines d'Ćuvres chaque annĂ©e (98 vitrines, soit 30 %, et 685 Ćuvres, soit 20 %, en 2013[34]), ce qui peut entraĂźner une succession des peuples prĂ©sentĂ©s dans chacune des grandes zones gĂ©ographiques[23].
AprĂšs l'ouverture
Tandis que depuis 1992, le musĂ©e national de Nouvelle-ZĂ©lande Te Papa Tongarewa demande le retour de tous les restes de dĂ©pouilles mÄories dispersĂ©es de par le monde, StĂ©phane Martin, directeur du musĂ©e du Quai Branly Ă Paris, s'est opposĂ©, pour des raisons scientifiques, Ă la destruction alors envisagĂ©e des tĂȘtes de guerriers Maoris conservĂ©es en France, dont 7 dans son musĂ©e[35]. Selon le directeur, « les crĂąnes sont conservĂ©s Ă lâabri dans une piĂšce trĂšs spĂ©ciale et ne seront pas exposĂ©s au public[36] ». En effet, pour les partisans de la restitution, ces tĂȘtes Ă©taient considĂ©rĂ©es comme des morceaux de corps humains devant ĂȘtre rendues au nom de la loi sur la bioĂ©thique de 1994[37], position qui ne sera pas retenue par la jurisprudence, tandis que pour la ministre de la Culture de l'Ă©poque, Christine Albanel, en vertu de l'article 11 de la loi du sur les musĂ©es de France, il s'agissait, Ă raison, de piĂšces de collections publiques (en l'occurrence anthropologiques), qui Ă ce titre Ă©taient inaliĂ©nables Ă dĂ©faut d'une procĂ©dure prĂ©alable de dĂ©classement (ou d'une loi spĂ©ciale)[38]. En rĂ©ponse Ă cette polĂ©mique initiĂ©e par la presse anglo-saxonne, la ministre chargea StĂ©phane Martin de l'organisation d'un « colloque international »(Archive.org âą Wikiwix âą Archive.is âą Google âą Que faire ?) sur la question, qui s'est tenu du 22 au et qui a abouti Ă la restitution des tĂȘtes le , par la loi spĂ©ciale no 2010-501 du 18 mai 2010, aprĂšs vĂ©rification gĂ©nĂ©tique, la ministre ne s'Ă©tant en rĂ©alitĂ© jamais opposĂ©e au principe mĂȘme de cette restitution, mais uniquement Ă la procĂ©dure illĂ©gale suivie par les autoritĂ©s rouennaises, avec la complicitĂ© du gouvernement nĂ©o-zĂ©landais, pour restituer l'une des 21 tĂȘtes conservĂ©es en France[39].
Un autre sujet de controverse est le coût du musée, parfois jugé élevé[40], tant en ce qui concerne le budget de construction qu'en ce qui concerne les coûts d'exploitation.
Enfin, en juin 2020, a lieu une tentative de vol d'un poteau funéraire d'origine tchadienne, qui est dégradé. Les cinq coupables sont condamnés en octobre à des amendes de 250 à 1 000 euros chacun[41].
Le 14 avril 2021, le Conseil de Paris vote le renommage de la majeure partie du quai Branly (de la portion situĂ©e devant le musĂ©e jusqu'Ă la place des Martyrs-Juifs-du-VĂ©lodrome-dâHiver) « quai Jacques-Chirac », en hommage Ă l'ancien prĂ©sident de la RĂ©publique française, notamment pour son rĂŽle dans la crĂ©ation du musĂ©e[42].
Notes et références
- Cécile Baquey, « Qui est Emmanuel Kasarhérou, le nouveau président du musée du quai Branly ? », sur France TV Info, (consulté le ).
- « Emmanuel KasarhĂ©rou, un conservateur kanak Ă la tĂȘte du MusĂ©e du quai Branly », sur Le Monde, (consultĂ© le ).
- Paul Bérat, « Anne-SolÚne Rolland quitte la Rue de Valois pour le Quai Branly », sur Le Journal des Arts, (consulté le ).
- Musée du Quai Branly : fréquentation en hausse de 7 % en 2018, sur le site tourmag.com
- DĂ©cret no 2016-818 du 20 juin 2016 paru au Journal Officiel.
- RĂšglement du Plan d'Occupation des Sols de Paris applicable du 14/12/1989 au 01/12/1994, octobre 1989, p. 148.
- Anne Bauer, « Le gouvernement renonce au projet de Centre de confĂ©rences internationales », Les Ăchos, 25/02/1994, site www.lesechos.fr.
- « Claude Chirac : "Jacques Chirac séchait l'école pour aller au musée Guimet" », sur Europe 1,
- Rapport annuel 2004 du musée du Quai Branly, p. 1-25 et p. 179, site www.quaibranly.fr.
- Christine Hemmet et al., « Nous avons mangĂ© la forĂȘt⊠» Georges Condominas au Vietnam, Paris : musĂ©e du Quai Branly : Actes Sud, 2006 (ISBN 2-915133-16-6), (musĂ©e du Quai Branly) (ISBN 2-7427-6145-4) (Actes Sud).
- Labellisation Architecture contemporaine remarquable du musĂ©e du Quai Branly â Jacques Chirac sur la base POP, site www.pop.culture.gouv.fr.
- Site officiel du musée.
- « Le Quai Branly « se porte trÚs bien » malgré une baisse de fréquentation », Le Point, 14 janvier 2013.
- Magali Rangin. PalmarÚs des musées : la percée du Quai Branly et du MuCEM. 6 mai 2015
- « Le Quai Branly fĂȘte ses 10 ans, le musĂ©e en 10 chiffres », sur europe1.fr (consultĂ© le ).
- « Pour ses dix ans, le musée du Quai Branly a établi un record de fréquentation », 20 Minutes, le 27 juin 2016.
- « Musée du Quai Branly : 1,3 million de visiteurs en 2013 », sur Le Parisien, (consulté le ).
- « Fréquentation des Musées de France », sur data.culture.gouv.fr (consulté le )
- Alice Bosio, « Bienvenue Ă ADMO, l'expĂ©rience Ă©phĂ©mĂšre d'Alain Ducasse », Le Figaro, cahier « Le Figaro et vous »,â 6-7 novembre 2021, p. 30 (lire en ligne).
- Guide d'exploration du jardin, site quaibranly.fr0
- Chiffres clé, la collection, site quaibranly.fr.
- Collection en ligne du musée, site quaibranly.fr.
- La vie des collections, le plateau des collections, site http://www.quaibranly.fr, septembre 2014.
- Dons exceptionnels au Quai Branly, Le Figaro, Ăric BiĂ©try-Rivierre, 14 fĂ©vrier 2018.
- Donation Ladreit de LacharriĂšre, site quaibranly.fr.
- Service de presse du musée du quai Branly - Jacques Chirac, « Communiqué de presse », sur http://www.quaibranly.fr/fr/medias/medias-tab/press/medias-type/Press/medias-action/list/, (consulté en )
- « La collection Marc Ladreit de LacharriÚre arrive au Musée du Quai Branly », sur sortiraparis.com (consulté le )
- « Marc Ladreit de LacharriÚre enrichit le Quai Branly », sur parismatch.com (consulté le )
- Extrait d'entretien cité sur le site du musée du Quai Branly .
- Grandet 2007.
- Michel Gladyrewsky, « ThĂ©Ăątre Claude Levi-Strauss, un lieu multi-fonctionnel variable dĂ©fini par le textile », ActualitĂ© de la scĂ©nographie, no 152,â , p. 42.
- , site http://www.quaibranly.fr.
- Francine Guillou et David Robert, « Les 10 ans du Quai Branly, En 2006, le Quai Branly se veut pionnier », Le Journal des Arts, 29 avril 2016, p. 11.
- Rapport d'activités 2013 du musée du Quai Branly, p. 32, site quaibranly.fr.
- (en) « France stops Maori mummy's return », BBC News Europe.
- (en) « French Debate: Is Maori Head Body Part or Art? » New York Times.
- Natalie Castetz, « Rouen nâen fait quâĂ sa tĂȘte », sur LibĂ©ration, .
- (en) Elaine Sciolino, « French Debate: Is Maori Head Body Part or Art? », New York Times, 26 octobre 2007.
- « Christine Albanel conteste les conditions de restitution de « la tĂȘte maorie » Ă la Nouvelle-ZĂ©lande », communiquĂ© du ministĂšre de la Culture et de la communication, 22 octobre 2007.
- Cour des Comptes, Rapport public thématique, (les grands chantiers culturels).
- Le militant congolais Emery Mwazulu Diyabanza condamnĂ© Ă 1 000 euros dâamende aprĂšs sa tentative de vol au Quai Branly, journal Le Monde, 14 octobre 2020.
- « La majeure partie du quai Branly rebaptisée quai Jacques-Chirac », sur Le HuffPost, (consulté le ).
Voir aussi
Articles
- Sally Price, « Dialogue des cultures au musĂ©e du Quai Branly », Le DĂ©bat, no 148,â , p. 179-192 (ISSN 1150-4048).
- Rita Di Lorenzo, « Notre musĂ©e dâautrui - RĂ©flexions sur la beautĂ© du musĂ©e du Quai Branly », MEI â MĂ©diation et Information, Paris, Harmattan, vol. 24-25 (2006),â .
- Giulia Bogliolo Bruna (dir.), « Thule, Rivista italiana di Studi Americanistici », Regards croisĂ©s sur lâobjet ethnographique : autour des arts premiers, nos 16-17,â .
- Odile Grandet, « BibliothĂšque de musĂ©e, bibliothĂšque dans un musĂ©e ? », Bulletin des bibliothĂšques de France, vol. 52, no 4,â , p. 5-12 (ISSN 0006-2006).
- (en) Odile Grandet, « The MĂ©diathĂšque at the musĂ©e du Quai Branly in Paris: virtual, but more than that », Art Libraries Journal, vol. 32, no 4,â , p. 35-39 (ISSN 0307-4722).
- Jean Guiart, « L'art premier » (317-329) dans Agir à contre-emploi (Chronique d'une vie en zigzags), Le Rocher à la Voile, Nouméa et Pape'ete 2013.
Monographies
- StĂ©phane Martin, Chefs-d'Ćuvre : Dans les collections du musĂ©e du Quai Branly, MusĂ©e du Quai Branly, Paris, 2006 (ISBN 978-2-915133-21-9), 113 p.
- Yves Le Fur (dir.), MusĂ©e du Quai Branly. La Collection, Skira Flammarion / MusĂ©e du Quai Branly, Paris, 2009 (ISBN 978-2081208766), 480 p. â prix International 2009 du Livre d'Art Tribal de Tribal Art Magazine.
- BenoĂźt De LâEstoile, Le GoĂ»t des autres. De lâexposition coloniale aux arts premiers, Paris, Flammarion, 2007 (ISBN 978-2-08-210498-2).
- Régis F. Stauder (sous la direction d'Odile Grandet), De la bibliothÚque du chercheur à la bibliothÚque de recherche : Le Fonds Condominas à la médiathÚque du musée du Quai Branly, enssib, 2008 (mémoire d'étude de conservateur des bibliothÚques).
- Leonardo López Lujån et Marie-France Fauvet-Berthelot, AztÚques. La Collection de sculptures du musée du Quai Branly,, Musée du Quai Branly, Paris, 2005, (ISBN 9782915133097), 192 p.
- Germain Viatte, Yves Le Fur, Christine Hemmet et HélÚne Joubert, Le Guide du musée du Quai Branly, Musée du Quai Branly, Paris, 2006 (ISBN 2-915133-18-2), 307 p.
- Bernard Dupaigne, Le Scandale des arts premiers. La Véritable Histoire du musée du Quai Branly, Mille et une nuits, Paris, 2006, (ISBN 978-2-84205-962-0), 261 p.
- Sally Price, Au musĂ©e des illusions : le rendez-vous manquĂ© du Quai Branly, Paris, Ăditions DenoĂ«l, 2011 (Paris Primitive: Jacques Chirac's Museum on the Quai Branly, Chicago, University of Chicago Press, 2007).
- Jacques Kerchache (dir.) et al., Sculptures : Afrique, Asie, Océanie, Amériques, Paris, RMN, , 477 p. (ISBN 2-7118-4234-7)
Colloques
- Cannibalismes disciplinaires. Quand l'histoire de l'art et l'anthropologie se rencontrent [Colloque du 21 au ], sous la dir. de Thierry DufrĂȘne et Anne-Christine Taylor, Paris, 2009 (ISBN 978-2-35744-022-7) (BNF 42185459) (en ligne).
Articles connexes
- Affaire des tĂȘtes maories
- Collections africaines dans les musées français, Art africain traditionnel, Mission Dakar-Djibouti (Marcel Griaule, Michel Leiris)
- Art premier
- Anthropologie de l'art
- Muséographie
- Monuments et sites de Paris
- Liste des musées de Paris
- Liste des plus grandes collections ethnographiques et anthropologiques
- Revue d'anthropologie Gradhiva
- Yves Le Fur
- Droit des peuples autochtones
Liens externes
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