Accueil🇫🇷Chercher

Palais de la Porte-Dorée

Le palais de la Porte-DorĂ©e, construit Ă  l'occasion de l'Exposition coloniale internationale de 1931, est un Ă©difice situĂ© Ă  la porte DorĂ©e dans le 12e arrondissement de Paris (France). Il abrite aujourd’hui le musĂ©e de l'Histoire de l'immigration et l’aquarium du palais de la Porte-DorĂ©e. Ce bâtiment de 17 000 m2 est considĂ©rĂ© comme un joyau de l'Art dĂ©co, inaugurant ce mouvement de l'architecture monumentale Ă  Paris (avant le palais de Chaillot et le palais de Tokyo en 1937).

Palais de la Porte-Dorée
Palais de la Porte-Dorée.
Présentation
Destination initiale
Destination actuelle
Style
Architecte
Construction
Ouverture
Occupants
Propriétaire
État français
Gestionnaire
Établissement public du Palais de la Porte Dorée (d)
Patrimonialité
Site web
Localisation
Pays
RĂ©gion
Commune
Adresse
293, avenue Daumesnil
75012 Paris
Coordonnées
48° 50′ 07″ N, 2° 24′ 34″ E
Localisation sur la carte de France
voir sur la carte de France
Localisation sur la carte de Paris
voir sur la carte de Paris
Localisation sur la carte du bois de Vincennes
voir sur la carte du bois de Vincennes
Localisation sur la carte du 12e arrondissement de Paris
voir sur la carte du 12e arrondissement de Paris

Contexte et histoire du bâtiment

Des affectations successives

Tout d'abord « musée des Colonies » de 1931 à 1935 — avec sa dédicace d'inauguration « À la France colonisatrice et civilisatrice » —, il change plusieurs fois de nom : « musée des colonies et de la France extérieure » en 1932, « musée de la France d’outre-mer » en 1935, « musée des Arts africains et océaniens » en 1960 et « musée national des Arts d'Afrique et d'Océanie » de 1990 à 2003, année au cours de laquelle le musée ferme ses portes. Une partie de ses collections part rejoindre celles du musée du quai Branly, qui sera inauguré par le président Jacques Chirac en , tandis qu'en , le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin décide d’installer au palais de la Porte-Dorée une « Cité nationale de l’histoire de l’immigration » (CNHI), ouverte en .

Logo de l'établissement public du palais de la Porte-Dorée (EPPPD).

En , l’Établissement public du Palais de la Porte Dorée (EPPPD) est officiellement créé par décret. Il regroupe en son sein un monument historique, le palais de la Porte Dorée[1], un musée, le musée national de l'histoire de l'immigration[2] et un aquarium tropical. Sa mission est de mettre en valeur l’ensemble patrimonial du palais de la Porte-Dorée et de développer les projets scientifiques et culturels du musée et de l’aquarium.

Conception et construction

Le palais de la Porte-Dorée a été construit en l'espace de 18 mois pour l'Exposition coloniale internationale de 1931 par l'architecte français Albert Laprade, dans le style du mouvement Art déco qui prit son essor durant les années 1920. Il réalise pour l’événement une synthèse architecturale[3]. La façade monumentale et l’imposant péristyle évoquent l’architecture des temples grecs mais aussi le classicisme français, à l’instar de la colonnade du Louvre. Les lignes géométriques et épurées du bâtiment sont typiques du mouvement Art déco, tout comme une grande partie du décor et du mobilier du monument[4]. Le palais n’est donc pas dominé par un unique style architectural et se présente plutôt comme une synthèse de différents styles. À cet égard, il se distinguait d’ailleurs des autres pavillons de l’Exposition coloniale[3].

Le caractère pérenne de ce bâtiment est affirmé dès sa construction. Celui-ci doit continuer à véhiculer le discours de l'Exposition coloniale. Conçu comme un condensé de l’Empire colonial français présenté sous son meilleur jour, le bâtiment est destiné à être un outil de promotion des relations idéalisées de la métropole avec ses colonies. En montrant la diversité des ressources de la France d’outre-mer et les productions artistiques qui fascinent les Européens, il doit ainsi faire aimer les colonies aux visiteurs et les inciter à investir dans ces produits[3]. Le bâtiment et son décor sont également conçus pour donner envie de s'installer dans les colonies, à un moment où le processus de peuplement ralentit fortement. Ils s'inscrivent dans un contexte artistique marqué par l'exotisme et l'égyptomanie. Les oeuvres peintes et sculptées s'attachent à montrer la diversité humaine dans ses composantes culturelles et physiques. Il s'agit également de montrer les bienfaits de la colonisation française, tout en cachant les aspects négatifs de celle-ci.

Description

Le bâtiment de 17 000 m2 tĂ©moigne de la double inspiration de son auteur : sa silhouette parfaitement symĂ©trique, sa façade austère sont d'inspiration très classique alors que sa technique d'Ă©clairage zĂ©nithal s'inspire de l’architecture du Maroc, oĂą Albert Laprade a exercĂ©. La façade est ornĂ©e d'un bas-relief dĂ» Ă  Alfred Janniot, qui veut illustrer la richesse des colonies. Ă€ l'intĂ©rieur, dans la salle des fĂŞtes (aujourd’hui le forum), qui constitue le cĹ“ur du bâtiment, on dĂ©couvre une grande fresque de Pierre-Henri Ducos de La Haille illustrant le rayonnement de la France Ă  travers le monde et ses apports aux colonies[5]. L'Ă©difice comporte de multiples Ă©lĂ©ments dĂ©coratifs d'inspiration exotique.

En 1987, certaines parties[6] et en particulier la façade, sont classées au titre des monuments historiques et le reste du bâtiment est inscrit cette même année[7].


  • Salon du ministre Reynaud.
    Salon du ministre Reynaud.
  • Vue depuis l'avenue Daumesnil.
    Vue depuis l'avenue Daumesnil.
  • Plaque d'inauguration du bâtiment en 1931.
    Plaque d'inauguration du bâtiment en 1931.
  • Salon du marĂ©chal Lyautey.
    Salon du maréchal Lyautey.

Architecture et décorations

Le Palais de la Porte-Dorée s'inspire de l'architecture arabe : l'architecte Albert Laprade y applique des principes qu'il a pu observé lors de son séjour au Maroc dans les années 1910-1920[8]. Ainsi, il utilise un éclairage indirect zénithal : la lumière naturelle passe à travers de grandes pyramides à degrés, au-dessus des espaces aveugles situés au milieu de l'édifice, et à travers les lanterneaux qui éclairent les galeries d’exposition du dernier étage qui ne possède pas de fenêtres[8]. De même, il reprend l'usage de la ventilation naturelle de l’architecture des pays arabo-musulmans, en aménageant deux petites cours qui s'ouvrent sur l’escalier central, et dans lesquelles circule l’air, provenant du sous-sol[8].

Bas-relief

Le bas-relief de la façade du palais a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© par Alfred Janniot, dĂ©jĂ  connu pour la rĂ©alisation du dĂ©cor du paquebot ĂŽle-de-France en 1927. ConstituĂ© de pierres du Poitou, il s'Ă©tend sur 1 128 m2. Il mesure 13 mètres de hauteur sur 90 mètres de largeur et ces dimensions donnent Ă  l'oeuvre un aspect monumental. Le bas-relief exprimait les richesses Ă©conomiques et humaines des colonies françaises. La façade est classĂ©e monument historique en 1987[7].

Au dessus de la porte d'entrée sont figurées deux déesses de l'Antiquité : Cérès, déesse des moissons, et Pomone, déesse des fruits. Elle symbolisent l'abondance. De part et d'autre de la porte d'entrée, on trouve des représentations des grands ports maritimes et des aéroports français (Le Havre, Marseille, Bordeaux, Paris) par où arrivent les marchandises importées de l'Afrique, de Madagascar, des Antilles, de l'Asie et de l'Océanie[9]. On aperçoit également des caravelles qui rappellent l'histoire des conquêtes coloniales françaises à l'époque moderne.

Le reste du bas-relief figure des scènes coloniales par continent : pour l'Afrique, une chasse à l'hippopotame, la culture de la canne à sucre, des tisserands ; pour l'Asie, une rizière et une scènes de pêche. En haut, on peut identifier les temples d'Angkor et une ville musulmane avec ses fortifications et ses minarets.

Les sculptures en bas-relief montre un monde colonial apaisé, harmonieux, sans colon : il s'agit d'une oeuvre de propagande. Le sculpteur Alfred Janniot s'est cependant beaucoup documenté pour représenter des scènes et des personnages réalistes, des individus avec des costumes différenciés, des détails, dans une approche ethnographique. Les sculptures appartiennent par ailleurs au style classique : les drapés, les corps dénudés et idéalisés rappellent les canons artistiques de l'Antiquité gréco-romaine. Enfin, l'artiste a choisi de ne pas appliquer les règles de la perspective dans un souci d'harmonie. C'est pour cette raison qu'on ne voit pas les pieds des personnages situés en haut de la composition.

Salle centrale

La salle centrale, actuellement appelĂ© « Forum », Ă©tait au moment de l'Exposition coloniale, la salle des fĂŞte du palais. Elle a Ă©tĂ© conçue par Albert Laprade ; elle possède une fresque de 600 m2 peinte par Pierre-Henri Ducos de La Haille et les Ă©lèves de l'École des beaux-arts. Elle entendait illustrer les apports de la France aux colonies, rĂ©pondant ainsi au bas-relief extĂ©rieur du palais. Elle reprĂ©sente les valeurs apportĂ©es par la France sous la forme d'allĂ©gories : la paix, la justice, la libertĂ©, la prospĂ©ritĂ©, le travail, etc. Elle montre Ă©galement les bienfaits venus de la mĂ©tropole comme l'art, le commerce, l'industrie, la science, etc. Les peintures mettent en scène les colons au milieu des indigènes. Il s'agit d'une oeuvre de propagande qui passe sous silence l'exploitation des colonies.

Salons ovales

Deux salons ovales sont présents de part et d'autre de l'entrée du bâtiment. Ils constituaient les anciens bureaux du ministre des Colonies Hubert Lyautey. Ils symbolisent la contribution intellectuelle et artistique des colonies d'Afrique et d'Asie à la civilisation européenne.

Le premier, appelé salon Afrique, est en réalité le salon Reynaud : en effet le ministre des Colonies Paul Reynaud s'en servit pour organiser des réceptions[10]. D'inspiration africaine, il possède un mobilier de l'ensemblier Jacques-Émile Ruhlmann. Les objets sont fabriqués avec grand soin, en matériaux rares ; ils sont uniques. Les fauteuils éléphants sont en bois d'ébène et maroquin brun. Raymond Subes a créé les vases monumentaux à la manière égyptienne : les années 1920-1930 sont en effet marquées par l'égyptomanie à la suite de la découverte du tombeau de Toutankhamon par Howard Carter. Le parquet est sombre, en bois d'ébène de Macassar, réhaussé de lignes jaunes en bois de citronnier. Les portes sont monumentales et mesurent plus de cinq mètres de hauteur ; leurs poignées sont faites à partir de défenses de phacochère.

Le salon Afrique est décoré de fresques de Louis Bouquet sur le thème des apports artistiques et intellectuels des colonies d'Afrique à la France. Un côté est consacré à l'Afrique subsaharienne avec des scènes stéréotypées (Africains nus dansant). L'autre côté illustre les apports du Maghreb et à la rencontre des cultures islamique et occidentale avec la représentation du dieu Apollon accompagné d'une muse noire. Le combat contre le dragon est un thème commun aux civilisations chrétienne et musulmane.

Le second salon est appelé salon Asie. Le maréchal Lyautey, commissaire de l'Exposition coloniale, y organisa des réceptions. Il est décoré d'une fresque murale d'André et Ivanna Lemaître : elle représente trois figures spirituelles (Krishna, Bouddha, Confucius), une caravane d'éléphants transportant des produits exotiques, des figures évoquant la danse, la musique et la sculpture. Le parquet représente des figures géométriques en bois précieux d'ébène, de palissandre et de palmier Patawa. D'inspiration asiatique, le salon est meublé par l'ensemblier Eugène Printz. Les grandes lampes, en forme de lotus, évoquent l'Égypte. Un fauteuil conçu par René Prou célèbre la France (avec les lettres R et F pour « République française » et avec le coq) et ses colonies (avec ses pieds en forme de défense et la faune sur la tapisserie).

Musée de l’Histoire de l’immigration

Depuis le , la Cité nationale de l’histoire de l’immigration a pris le nom de musée de l’Histoire de l’immigration. Il est le seul musée national consacré à l’histoire et aux cultures de l’immigration en France. Ouvert au public depuis 2007, il a été officiellement inauguré le , par le président François Hollande.

À son ouverture, le musée ne disposait pas de collections préalablement constituées. Les collections ont donc dû être créées ex nihilo afin de pouvoir montrer deux siècles d’histoire de l’immigration en France[11]. Aujourd’hui, le musée national de l’Histoire de l’immigration est à la fois un musée d’histoire, un musée de société et un musée d’art contemporain, mettant en valeur les apports de l’immigration à l’histoire et à la culture françaises.

Par ailleurs, le musée porte de nombreuses réflexions sur des sujets d’actualité : migrations, mondialisations, questions identitaires, escalade des nationalismes, climats de tensions. Il est traversé par des enjeux du monde contemporain et son ambition est « d’ouvrir les regards au-delà des représentations »[12].

Un certain nombre d’expositions temporaires, accompagnées d’une programmation culturelle et artistique spécifique, sont également organisées au musée (Ciao Italia !, Persona grata, Lieux saints partagés, Paris-Londres. Music Migrations (1962-1989), etc.). Elles prolongent les réflexions du parcours permanent, de même que la revue de sciences sociales Hommes & Migrations, éditée par le musée, qui s’est aujourd’hui imposée sur les problématiques liées aux phénomènes migratoires.

Aquarium tropical

L'aquarium tropical du palais de la Porte-Dorée est installé dans le palais dès sa construction. Il était destiné à montrer aux visiteurs la faune présente dans les colonies. Situé au rez-de-chaussée inférieur du monument, il est longtemps resté le seul aquarium parisien. Sous la direction d’Antoine Gruvel, qui était alors professeur au Muséum d’histoire naturelle, l’aquarium a rapidement été enrichi d’un terrarium qui accueillait au départ des crocodiles du Nil.

Aujourd’hui, l’aquarium tropical du palais de la Porte-Dorée présente un certain nombre d’espèces qu’il est difficile de voir dans la nature. Il met en valeur la diversité, la complexité et la fragilité du monde vivant et souligne l’importance de la préservation des milieux aquatiques. Il présente une importante collection de poissons d'eau douce et d'eau de mer d’un peu partout dans le monde et de tous les Océans mais aussi des cnidaires, des crustacés, des mollusques, des coraux, des raies, des tortues et des alligators.[1] L'aquarium présente fréquemment des expositions temporaires (Baleinopolis, AQUA. L'eau de haut en bas, etc.).

Fréquentation

Chiffres de fréquentation 2007-2017[13]
Année Entrées gratuites Entrées payantes Total
2007 28 130 21 904 50 034
2008 59 499 34 126 93 625
2009 83 760 20 293 104 053
2010 97 775 11 174 108 949
2011 51 557 13 214 64 771
2012 59 155 11 484 70 639
2013 53 594 38 486 92 080
2014 57 958 52 785 110 743
2015 55 714 55 916 111 630
2016 55 302 51 678 106 980
2017 105 295 80 532 185 827
2018 269 424 190 452 459 876
2019 301 276 224 318 525 594
2020 111 070 108 642 219 712

Notes et références

  1. Histoire du palais de la Porte Dorée, www.palais-portedoree.fr (consulté le 29 juillet 2022).
  2. Musée national de l'histoire de l'immigration, www.palais-portedoree.fr (consulté le 29 juillet 2022).
  3. « La commande architecturale du Palais de la Porte Dorée », sur www.palais-portedoree.fr (consulté le )
  4. « Un Palais Art déco », sur www.palais-portedoree.fr (consulté le )
  5. « Les fresques du forum | Palais de la Porte Dorée », sur www.palais-portedoree.fr (consulté le )
  6. La fiche Mérimée précise : « Les façades et toitures ; les grilles d'entrée ; le hall et la galerie entresolée ; les deux salons ovales dits de Lyautey et du Ministre ; la grande salle des fêtes ; les deux salles adjacentes à la précédente dites des Ecorces peintes et des Nouvelles-Hébrides ; les trois escaliers avec leurs ferronneries. »
  7. « Ancien musée national des Arts africains et océaniens, devenu Cité nationale de l'histoire de l'immigration », notice no PA00086583, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  8. « Albert Laprade », sur Palais de la Porte Dorée (consulté le )
  9. Hélène Bocard, Le Palais de la Porte Dorée, Éditions du Patrimoine, , p. 32
  10. Le salon d'Afrique, dit salon ovale de Paul Reynaud, vidéo du musée postée sur facebook.com.
  11. « Les collections du Musée | Musée national de l'histoire de l'immigration », sur www.histoire-immigration.fr (consulté le )
  12. Projet scientifique et culturel, Palais de la Porte-Dorée, avril 2020, p.50, https://www.palais-portedoree.fr/fr/le-projet-scientifique-et-culturel
  13. « Fréquentation des Musées de France », sur data.culture.gouv.fr (consulté le )

Bibliographie

  • HĂ©lène Bocard, Le Palais de la Porte-DorĂ©e, Éditions du Patrimoine, 2018, 63 p. (ISBN 978-2-7577-0599-5).
  • Maureen Murphy, Un palais pour une citĂ©. Du musĂ©e des colonies Ă  la CitĂ© nationale de l’histoire et de l’immigration, Paris, RĂ©union des musĂ©es nationaux, 2007, 63 p. (ISBN 978-2-7118-5452-3).
  • Germain Viatte, Le Palais des Colonies. Histoire du musĂ©e des arts d'Afrique et d'OcĂ©anie, RĂ©union des musĂ©es nationaux, Paris, 2002, 240 p. (ISBN 2-7118-4470-6).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.