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Pomone

Pomone ou Pomona, nymphe d'une remarquable beauté, est la divinité des fruits. Elle déteste la nature sauvage et lui préfère les jardins soigneusement entretenus.

Pomone
Pomone portant un diadème et tenant une guirlande de fruits et de fleurs sur sa poitrine, d'Étienne Le Hongre (jardins de Versailles).
Pomone, peinture de Nicolas Fouché, 1700.

Aucune nymphe ne connaissait comme elle l'art de cultiver les jardins et surtout les arbres fruitiers. Pomone n'avait aucune attirance pour les hommes mais fut recherchée en mariage par tous les dieux champêtres.

Mythe

Vertumne et Pomone, sculpture de Jean-Baptiste Lemoyne (1704-1778).

Elle n’était pas isolée du monde mais seules quelques personnes pouvaient l'approcher. Au départ, elle refusa donc de recevoir Vertumne, divinité des saisons et des arbres fruitiers, éperdument amoureux d'elle mais elle finit par lui donner sa préférence. En effet, celui-ci trouva la ruse adéquate pour l'approcher et lui parler : déguisé en vieille femme, il vint complimenter Pomone sur les fruits de ses arbres et l'embrassa de bon cœur. Ensuite, il lui montra un orme enlacé par une vigne et plaida la cause de l'amour. Puis il lui raconta alors l'histoire d'amour d’Anaxarète :

« Anaxarète était une fille née de famille noble de Chypre, aimée considérablement par le berger Iphis et qui réagit si froidement à son amour passionné qu'il se pendit. Elle ne fut même pas émue en voyant le corps sans vie de son soupirant. Comme châtiment, Aphrodite la transforma en pierre alors qu'elle regardait par curiosité le cortège de l'enterrement de son amoureux passer sous sa fenêtre. »

Enfin, voyant que Pomone était séduite par l'histoire, il se révéla sous son vrai visage, resplendissant de jeunesse et de santé. Pomone n'y résista pas, s'éprit de lui et accepta son amour.

Culte

Son culte passa des Étrusques à Rome où elle avait un temple et des autels. Son sanctuaire se trouvait sur la via Ostiensis à une douzaine de milles de Rome. L'un des douze flamines mineurs, le flamen Pomonalis, dernier dans l'ordre protocolaire des flamines, lui était consacré.

Représentations

On la représentait ordinairement assise sur un grand panier plein de fleurs et de fruits, tenant de la main gauche quelques pommes, et de la droite un rameau. Les poètes l'ont dépeinte couronnée de feuilles de vigne et de grappes de raisin, tenant dans ses mains une corne d'abondance ou une corbeille remplie de fruits.

Vertumnus and Pomona de Jacopo Pontormo, 1519-1521, Poggio-a-Caiano.

Opéra, musique

  • Le mythe est Ă  l'origine de Pomone (1671), pastorale de Robert Cambert, paroles de Pierre Perrin. Pomone est le premier opĂ©ra en langue française, c'est-Ă -dire une pièce de théâtre entièrement en musique : il n'y a pas un mot parlĂ© mais entièrement du chantĂ©.
  • Pomone, cantate (ajoutĂ©e Ă  « Les amours de ProtĂ©e », opĂ©ra-ballet) de Charles-Hubert Gervais 1720

Littérature

XVIe siècle

  • Agrippa d'AubignĂ© dans Le Printemps (sonnet XXIX) : « Vertomne estant bruslĂ© d’un tel feu que le mien,/PipĂ© qu’il fust des yeux de la nymphe Pomone » (v. 1-2).
  • Antoine de La Molère, poète agenais, dans ses Euvres (Toulouse, Guyon Boudeville, 1562), poème II: « Vertomne connut l’ouvrage & la force du Dieu / Amour, bruslant de l’œil de la belle Pomone. » (v. 1-2). Voir Joseph-Alexandre Michelet, Poètes gascons du Gers depuis le XVIe siècle jusqu’à nos jours, Auch, Bouquet, 1904.
  • Jean-Antoine de BaĂŻf, Les Amours, Troisième livre des diverses Amours: « Qui pour auoir des vins / Voudroit bien souhaitter / Centgrappes de raisins? / Qui nombre de l'Automne / Les innombrables fruits / Que la riche Pomone / Aux fruitiers a produits? ».
  • Dans son Eglogue III, Ronsard y fait allusion: « Loing de nos champs Flore s'en est allĂ©e / D'un habit noir Pomone s'est voilĂ©e ».
  • Ă€ l'acte II de la ClĂ©opâtre (1595) de Nicolas de Montreux, on peut entendre de la bouche de CĂ©sar, v. 585-586 :«[...] ces jaunes fruicts que la mere Poumonne / D’une prodigue main prodiguement nous donne ».

XVIIe siècle

  • La Fontaine fait rĂ©fĂ©rence Ă©galement Ă  ce personnage mythologique dans L’Ours et l’Amateur des jardins, fable 10 du Livre Huit des Fables: « Non loin de lĂ  certain vieillard / S’ennuyoit aussi de sa part. / Il aimoit les jardins, estoit Prestre de Flore, /Il l'estoit de Pomone encore ».
  • Nicolas Boileau dans L'art poĂ©tique, chant II : « Chanter Flore, les champs, Pomone, les vergers; / Au combat de la flĂ»te animer deux bergers, / Des plaisirs de l’amour vanter la douce amorce; / Changer Narcisse en fleur, couvrir DaphnĂ© d’écorce ».

XVIIIe siècle

  • Voltaire, Dictionnaire philosophique, article « Superstition »: « Il y a des superstitions innocentes : vous dansez les jours de fĂŞte en l’honneur de Diane ou de Pomone ; ou de quelqu’un de ces dieux secondaires dont votre calendrier est rempli : Ă  la bonne heure. La danse est très-agrĂ©able, elle est utile au corps, elle rĂ©jouit l’ame ; elle ne fait de mal Ă  personne ; mais n’allez pas croire que Pomone & Vertumne vous sachent beaucoup de grĂ© d’avoir sautĂ© en leur honneur, & qu’ils vous punissent d’y avoir manquĂ©. Il n’y a d’autre Pomone ni d’autre Vertumne, que la bĂŞche & le hoyau du jardinier ».

XIXe siècle

  • JosĂ© Marti, dans ses Vers libres, Ă©crit un poème Ă  Pomone (p63 Hermattan/ Éditions Unesco)

XXe siècle

  • Colette, Flore et Pomone, Paris, La Galerie Charpentier, 1943.In -4°, 161 pages. C'est un poème en prose oĂą Colette exprime son amour des jardins et de leurs fruits. Les illustrations sont constituĂ©es de 40 aquarelles de Pierre Laprade, dont une pour le frontispice.
  • Pomona Chourave, dans la cĂ©lèbre saga Harry Potter, Ă©crite par J.K. Rowling, est professeure de botanique Ă  l'Ă©cole Poudlard.

Voir aussi

Bibliographie

Sources primaires

Articles connexes

Liens externes

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