Culture ChupĂcuaro
La culture ChupĂcuaro, qui tire son nom du village du mĂŞme nom Ă la confluence de la rivière Lerma avec son affluent le Tigre ou Coroneo près d'Acámbaro dans l'État de Guanajuato au Mexique, est une culture mĂ©soamĂ©ricaine de la pĂ©riode prĂ©classique qui se perpĂ©tue jusqu'au dĂ©but du classique. Elle est approximativement datĂ©e entre 400 av. J.-C. et 200 apr. J.-C. ou 500 av. J.-C. et 300 apr. J.-C.[1], bien que certains scientifiques suggèrent une origine plus ancienne, remontant Ă 800 av. J.-C.[2]
Bien qu'on l'inclue souvent dans les cultures de l'Ouest mexicain, ChupĂcuaro est Ă la fois proche du bassin de Mexico et de la limite nord de la MĂ©soamĂ©rique. Nous ne possĂ©dons que des informations fragmentaires sur le site Ă©ponyme, qui se composait de plusieurs cimetières. La plus grande partie a Ă©tĂ© engloutie par les eaux, lors de la construction d'un barrage, la Presa Solis, dans les annĂ©es 1940. Des fouilles de sauvetage effectuĂ©es par l'INAH ont eu lieu avant la mise sous eau[2]. Les fouilles menĂ©es Ă partir de 1998 dans le cadre du projet Chupicuaro[3], qui associe le CEMCA, le CNRS et l'INAH, ont contribuĂ© Ă mieux cerner la culture Chupicuaro.
Étymologie
Le nom ChupĂcuaro dĂ©rive du mot "chupicua" en langue purĂ©pecha, nom de la plante "Ipomoea", utilisĂ©e pour sa teinte bleue, et le terme "ro" lieu, ce qui peut ĂŞtre traduit par "lieu bleu"[4].
Culture ChupĂcuaro
ChupĂcuaro | ||
Localisation | ||
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Pays | Mexique | |
Acámbaro, Guanajuato | ||
Coordonnées | 20° 01′ 20″ nord, 100° 35′ 29″ ouest | |
GĂ©olocalisation sur la carte : Mexique
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Histoire | ||
Époque | Période préclassique mésoaméricaine | |
Le site éponyme est situé sur les rives du Rio Lerma, entre les villes actuelles d’Acambaro et de Tarandacuao dans l'État de Guanajuato, au Mexique. On sait peu de chose sur son l'histoire, et ce n'est qu'en 1946, en raison de la construction d’un barrage, que les premières explorations ont été effectuées, aboutissant à la découverte d’objets en poterie et de tombeaux. Ce lieu est actuellement sous les eaux du barrage, bien qu'il existe dans les environs des zones encore en cours de fouille[3].
Des groupes se sont installés dans un grand village comprenant des huttes construites sur des plateformes recouvertes de boue et de pierre. Ils cultivaient le maïs, les haricots et les courges, sur les rives du Rio Lerma et de ses affluents. La présence de metates et de mortiers indique l'on cultivait le maïs. On cultivait sans doute aussi le piment et les tomates sauvages. Cette agriculture de subsistance était complétée par la chasse et la pêche[5].
Apparemment, la culture ChupĂcuaro s’est dĂ©veloppĂ©e sur un vaste territoire, ou bien a Ă©tĂ© dĂ©fini comme style ou tradition ChupĂcuaro [6]dans les territoires suivant, Guanajuato, Michoacán, Guerrero, l'État de Mexico, Hidalgo, Colima, Nayarit, QuerĂ©taro et Zacatecas. On estime que la culture ChupĂcuaro a facilitĂ© l'expansion vers le nord d’élĂ©ments mĂ©so-amĂ©ricains (racines culturelles de l'ouest et peut-ĂŞtre du Nord-Ouest du Mexique, comparables Ă la culture olmèque Ă travers toute la MĂ©so-AmĂ©rique [7].
ChupĂcuaro a connu un dĂ©veloppement culturel important et son style s’est rĂ©pandu dans des zones Ă©loignĂ©es du centre de diffusion et a influencĂ© les traditions de la cĂ©ramique, jusqu'Ă la fin de la pĂ©riode classique, et mĂŞme dans la pĂ©riode Postclassique, comme on le voit pour la cĂ©ramique tarasque de Michoacán[2].
Ă€ la fin de 1985, Ă la première rĂ©union des sociĂ©tĂ©s prĂ©hispaniques, concernant la culture ChupĂcuaro il a Ă©tĂ© notĂ©, que les groupes traditionnels de fabrication de cĂ©ramique de ChupĂcuaro, devraient ĂŞtre considĂ©rĂ©s comme faisant partie des sociĂ©tĂ©s stratifiĂ©es de MĂ©soamĂ©rique, avec une structure politique et territoriale dĂ©finie et non comme des sociĂ©tĂ©s villageoises isolĂ©es, dĂ©pourvues de centres cĂ©rĂ©moniels et d'architecture. Ă€ partir de ce premier mouvement, se sont dĂ©veloppĂ©s des groupes sociaux prĂ©sentant leurs propres expressions culturelles, au niveau rĂ©gional dans le contexte mĂ©so-amĂ©ricain[8].
SĂ©pultures
Les habitants de ChupĂcuaro pratiquaient un culte des morts caractĂ©risĂ© par des tombes oĂą ils plaçaient des crânes comme trophĂ©es, des pointes de flèches d'obsidienne, des metates, des figurines, des boucles d’oreilles, des ornements de coquillages, des colliers et des perles, des objets d'os et des instruments de musique, trouvĂ©s lors des fouilles de sauvetage.
On a retrouvé les restes de quelque 390 individus, ainsi que ceux d'une cinquantaine de chiens[9]. Cette pratique a été mise en parallèle avec la croyance, commune chez les Mayas et les Aztèques, que le chien guidait son maître après sa mort lors de son passage dans l'au-delà [10]. Parmi les offrandes diverses accompagnant les inhumations figurent des figurines et des vases en céramique.
Les nombreuses sĂ©pultures et offrandes fournissent des connaissances sur mode de vie des habitants de l’ancienne ChupĂcuaro, on en dĂ©duit qu'il s’agissait de fermiers qui vivaient dans des huttes construites avec des matĂ©riaux pĂ©rissables formant un gros village rural Ă©tendu, bâti sur des plates-formes basses avec des sols argileux, parfois regroupĂ©s, sur lequel leurs maisons Ă©taient construites. Ils rĂ©coltaient le maĂŻs, les haricots et le potiron[11].
CĂ©ramiques
La culture Chupicuaro est réputée pour la qualité de ses céramiques. Parmi les vases finement polis on distingue plusieurs types : céramique noire, brune, bichrome ou polychrome à trois couleurs (rouge, beige et noir ou brun), dont les décors sont formés de motifs géométriques en pyramide ou en zigzag.. Ils présentent souvent une effigie humaine ou animale. Les figurines, très caractéristiques, sont elles aussi divisées en plusieurs types. Les figurines de type « choker » (« étrangleur » en anglais) ont une tête rectangulaire et portent une espèce de collier auquel elles doivent leur nom. Un deuxième type, appelé H4 par les archéologues[12], est constitué de figurines aux yeux obliques et à la coiffure très élaborée[2].Les traits et les ornements sont obtenus par l'application de pastilles. Les figurines représentent généralement des femmes nues ou des maternités. Il existe un dernier type de figurines creuses, qui s'apparentent à la céramique polychrome, tant par leur poli que par leur décoration géométrique et la gamme de leurs couleurs. Leur hauteur varie entre 30 et 40 cm environ.
Il s'agit de représentations féminines sur pied. On connaît toutefois quelques exemplaires masculins. Les cuisses sont parfois stéatopyges, le ventre est proéminent et les seins sont traités discrètement quand ils ne disparaissent pas. Le sexe est toujours représenté. Les mains reposent sur le ventre. Elles ne portent pas d'ornements corporels mais quelques-unes des figurines ont les lobes des oreilles percés. Dans certains cas une sorte de bonnet semble allonger la tête. À partir de l'étude des styles de céramique, on reconstitue les vêtements utilisés, ils peignaient leurs visages et leur corps, portaient des sandales, des colliers et des boucles d'oreilles. Les femmes portaient des coiffures élaborées[2].
D'après des découvertes archéologiques récentes, ces statuettes pourraient avoir été associées à des sépultures d'enfants.
Chronologie
Dans le cadre du projet Chupicuaro, la séquence stratigraphique des sites fouillés a permis de préciser la chronologie de la culture Chupicuaro. On distingue une phase Chupicuaro ancien (- 600 à -400), caractérisée par une céramique polychrome à peinture brune et des figurines de type Choker, d'une phase Chupicuaro récent (-400 à -100), caractérisée par une céramique polychrome à peinture noire et des figurines de type H4. Après un hiatus de -100 à 0, il existe une dernière phase appelée Mixtlán de 0 à 250 ap. J.-C.
Références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de l’article de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « ChupĂcuaro (archaeological site) » (voir la liste des auteurs).
- Beatriz de la Fuente, L'art précolombien en Mésoamérique, Hazan, 2003, p. 124
- (es) « BoletĂn de Cultura ChupĂcuaro »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), Guanajuato, Local Acámbaro Museum (consultĂ© en )
- (es)« MĂ©xico - ChupĂcuaro », sur http://www.diplomatie.gouv.fr, Ministère français des Affaires Ă©trangères (consultĂ© le )
- (es) « Diccionario Breve de Mexicanismos » [« Brief Mexican slang dictionary »], Academia Mexicana de la Lengua (consulté le )
- Archéologies : 20 ans de recherche française dans le monde (collectif), Maisonneuve et Larose, 2004, p. 662
- Beatriz Braniff de Torres., Estudios ArqueolĂłgicos en el RĂo de la Laja, Guanajuato., INAH., 1975.
- Wigberto JimĂ©nez Moreno., SĂntesis de la Historia Pre-tolteca de Meso AmĂ©rica., CIAM., 1959., 1043 p.
- Crespo, Ana MarĂa., La arqueologĂa en Guanajuato., INAH., 1988., 259 p.
- Michael D. Coe, Mexico from the Olmecs to the Aztecs (5e Ă©d.), Thames & Hudson, 2002, p. 52
- Mary Miller & Karl Taube, The Gods and Symbols of Ancient Mexico and the Maya, Thames & Hudson, p. 80
- Román Piña Chán., Una visión del México Prehispánico., UNAM., 1967., 263 p.
- George Vaillant a élaboré une typologie des figurines préclassiques de la Vallée de Mexico au moyen de lettres de A à L, certaines subdivisions supplémentaires étant indiquées par des chiffres
Bibliographie
- (es) Ofrendas Funerarias de ChupĂcuaro Guanajuato. Dolores Flores. INAH. 1992.
- (es) Estudios ArqueolĂłgicos en el RĂo de la Laja, Guanajuato. Beatriz Braniff de Torres. INAH. 1975.
- (es) SĂntesis de la Historia Pre-tolteca de Meso AmĂ©rica. Wigberto JimĂ©nez Moreno. CIAM. 1959.
- (es) Una visión del México Prehispánico. Román Piña Chán. UNAM. 1967.
- (es) La arqueologĂa en Guanajuato. Crespo, Ana MarĂa. INAH. 1988.