AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Mot invariable en roumain

Cet article traite des mots invariables du roumain, du point de vue morphologique et partiellement syntaxique, dans la perspective de la grammaire traditionnelle.

L’adverbe

Classification

On peut classer les adverbes de plusieurs points de vue[1].

Selon leur origine, il y des adverbes :

  • primaires, c’est-Ă -dire hĂ©ritĂ©s du latin ou empruntĂ©s en tant qu’adverbes : cam « environ », ieri « hier », mereu « tout le temps », tocmai « justement » ;
  • formĂ©s par dĂ©rivation lexicale (moins frĂ©quents qu’en français) :
    • de noms : romĂąn « roumain » > romĂąnește « en roumain », cruce « croix » > cruciș « en croix, en louchant » ;
    • de verbes : a se tĂąrĂź « ramper » > tĂąrĂąÈ™ « en rampant » ;
    • d’adverbes interrogatifs (cĂąnd « quand », cum « comment », unde « oĂč »), qui donnent des adverbes indĂ©finis, avec le prĂ©fixe ori- (oricĂąnd « n’importe quand », oricum « n’importe comment », oriunde « n’importe oĂč ») et avec le suffixe -va (cĂąndva « Ă  un moment », cumva « de quelque maniĂšre », undeva « quelque part »), ou des adverbes nĂ©gatifs, avec le prĂ©fixe nici- : nicicĂąnd « jamais », nicicum « d’aucune maniĂšre », niciunde « nulle part » ;
  • formĂ©s par conversion lexicale :
    • d’adjectifs, par utilisation de la forme de masculin singulier de ceux-ci, ce qui fournit la plupart des adverbes de maniĂšre : un cĂąntec frumos « une belle chanson » vs. a cĂąnta frumos « chanter bien » (littĂ©ralement « bellement ») ;
    • de noms, qui peuvent ĂȘtre sans article dĂ©fini [beat turtă « ivre mort » (litt. « ivre galette »), Pleacă miercuri « Il/Elle s’en va lundi ») ou avec article dĂ©fini : Vara ne ducem la mare « L’étĂ©, nous allons Ă  la mer ».

Selon leur sens, les adverbes roumains peuvent ĂȘtre classĂ©s en :

  • non pronominaux (la plupart), qui expriment directement le lieu, le temps, la maniĂšre, etc. ;
  • pronominaux (relativement peu nombreux), provenant de radicaux pronominaux et se comportant de maniĂšre semblable aux pronoms, c’est-Ă -dire remplaçant des mots qui expriment des circonstances de façon directe. Leur classification aussi est semblable Ă  celle des pronoms :
    • dĂ©monstratifs : acolo « lĂ -bas », aici « ici », acum « maintenant », atunci « alors », așa « ainsi » Ăźncoace « vers ici », Ăźncolo « vers lĂ -bas » ;
    • interrogatifs : cĂąnd « quand », cum « comment », Ăźncotro « vers oĂč », unde « oĂč » ;
    • indĂ©finis : altundeva « ailleurs », cĂąndva « Ă  un moment », odată « une fois », oricĂąnd, « n’importe quand », uneori « parfois » ;
    • nĂ©gatifs : nicăieri, niciunde « nulle part », nicicĂąnd, niciodată « jamais », nicicum « d’aucune façon ».

Les degrés de comparaison des adverbes

En général, ce sont les adverbes de maniÚre et certains adverbes de temps qui ont des degrés de comparaison[2]. Exemple :

Comparatif :

  • de supĂ©rioritĂ© : El scrie mai bine decĂąt / ca mine « Il Ă©crit mieux que moi »
  • d’égalitĂ© : El scrie tot așa de / tot atĂąt de / la fel de bine ca mine « Il Ă©crit aussi bien que moi »
  • d’infĂ©rioritĂ© : El scrie mai puțin bine decĂąt / ca mine « Il Ă©crit moins bien que moi »

Superlatif :

  • relatif :
    • de supĂ©rioritĂ© : El scrie cel mai bine dintre toți « Il Ă©crit le mieux de tous »
    • d’infĂ©rioritĂ© : El scrie cel mai puțin bine dintre toți « Il Ă©crit le moins bien de tous »
  • absolu : El scrie foarte / tare / extraordinar de bine « Il Ă©crit trĂšs / extraordinairement bien »

Remarques :

  1. Le superlatif relatif se forme non pas avec l’article dĂ©fini, comme en français, mais avec l’article dĂ©monstratif propre au roumain.
  2. Les correspondants roumains des adverbes français Ă  degrĂ©s de comparaison irrĂ©guliers forment rĂ©guliĂšrement leurs degrĂ©s de comparaison : mai bine « mieux », mai mult « plus », mai puțin « moins ».
  3. Mult « beaucoup » accepte foarte « trÚs » au superlatif absolu.

Adverbes Ă  fonction syntaxique

L’adverbe remplit le plus souvent la fonction de complĂ©ment circonstanciel d’un verbe :

  • de lieu : Locuiește aici « Il/Elle habite ici »[3] ;
  • de temps : Vino mĂąine! « Viens demain ! »[4] ;
  • de maniĂšre : Hai repede! « Viens vite ! »[5] ;
  • de quantitĂ© : MănĂąncă mult « Il/Elle mange beaucoup »[6].

L’adverbe peut ĂȘtre subordonnĂ© non seulement Ă  un verbe (les exemples ci-dessus), mais aussi Ă  un adjectif (Suntem puțin obosiți « Nous sommes un peu fatiguĂ©s ») ou Ă  un autre adverbe : Putem face asta numai acum « Nous pouvons faire ça seulement maintenant »[7].

La plupart des adverbes peuvent subordonner Ă  leur tour un autre adverbe, un nom ou un pronom : prea departe « trop loin », departe de școală « loin de l’école », departe de mine « loin de moi »[8].

L’adverbe peut aussi ĂȘtre complĂ©ment du nom avec la prĂ©position de : ziarul de ieri « le journal d’hier »[9].

Les grammaires roumaines traditionnelles considĂšrent qu’il y a aussi quelques adverbes pouvant remplir la fonction de prĂ©dicat[10] : BineĂźnțeles că va veni « Bien sĂ»r qu’il/elle viendra »[11].

Particularités de construction des adverbes

L’adverbe peut ĂȘtre liĂ© Ă  un autre terme de la proposition directement ou Ă  l’aide d’une prĂ©position[12].

Verbe + adverbe

L’adverbe peut suivre directement le verbe qui le subordonne ou il y est liĂ© par une prĂ©position. En gĂ©nĂ©ral, le mĂȘme adverbe a des sens diffĂ©rents avec et sans prĂ©position : Stau jos « Je me tiens en bas » vs. Stau pe jos « Je reste assis(e) par terre » ; Scriu acasă « J’écris chez moi » vs. Scriu de acasă « J’écris de chez moi » ; Vine curĂąnd « Il/Elle viendra bientĂŽt » vs. A venit de curĂąnd « Il/Elle est venu(e) rĂ©cemment ». Mais parfois, le sens de l’adverbe est le mĂȘme sans et avec prĂ©position. Dans ce cas il y a synonymie entre un adverbe et une locution adverbiale : abia/de-abia « Ă  peine », curĂąnd/Ăźn curĂąnd « bientĂŽt ».

Adverbe + adjectif ou adverbe

La plupart de ces constructions se rĂ©alisent avec la prĂ©position de (atĂąt de frumos « tellement beau », suspect de bine « si bien que c’en est suspect »), mais d’autres sans prĂ©position : cam bolnav « un peu malade », prea cuminte « trop sage ».

Adverbe + nom ou pronom

Certains adverbes se construisent avec un nom au cas datif (contrar așteptărilor « contrairement aux attentes »), d’autres avec une prĂ©position : paralel cu aceasta « parallĂšlement Ă  cela », departe de școală « loin de l’école », referitor la noi « nous concernant ». Il y a aussi quelques adverbes qui entrent dans des constructions synonymes syntaxiques, le nom pouvant ĂȘtre au datif ou avec la prĂ©position cu : conform știrilor = conform cu știrile « conformĂ©ment aux informations ».

Adverbes sans fonction syntaxique

Les grammaires traditionnelles du roumain rangent parmi les adverbes des mots qui n’ont jamais de fonction syntaxique et aussi d’autres qui peuvent en avoir une mais n’en ont pas dans certains cas. Dans certaines grammaires d’autres langues, ces mots constituent des classes grammaticales Ă  part : des mots-phrases, des particules et des modalisateurs[13]. Les mots-phrases sont appelĂ©s par Avram 1997 « adverbes qui constituent Ă  eux seuls des propositions non analysables ». De tels mots sont da « oui », ba da « si », nu « non », ba nu « mais non »[6]. Les mots qui peuvent ĂȘtre des adverbes proprement-dit, c’est-Ă -dire avoir une fonction syntaxique, mais occasionnellement sont prĂ©sents dans une proposition sans avoir une fonction de ce genre, sont appelĂ©s par certains grammairiens du roumain « adverbes modaux » (exemple : Poate Dan a greșit ieri « Dan a peut-ĂȘtre eu tort hier »)[14] et « expressions modales adverbiales » : Vine cu siguranță azi « Il/Elle vient sĂ»rement aujourd’hui »[15].

La préposition

Les prĂ©positions roumaines ont la mĂȘme fonction que les prĂ©positions françaises[16].

Du point de vue de leur forme, les prĂ©positions peuvent ĂȘtre :

  • simples, c’est-Ă -dire constituĂ©es d’un seul mot : de « de », la « Ă  », lĂąngă « Ă  cĂŽtĂ© de », pentru « pour », prin « par », spre « vers » ;
  • composĂ©es de deux prĂ©positions simples : de la « de » exprimant l’origine, de lĂąngă « d’à cĂŽtĂ© de » ;
  • des locutions prĂ©positionnelles, formĂ©es d’au moins une prĂ©position et un mot d’une autre nature : Ăźn loc de « au lieu de », Ăźmpreună cu « avec ».

Les prĂ©positions peuvent mettre en relation des mots de mĂȘme nature qu’en français :

  • un nom avec un autre nom ou avec un pronom : satul dintre munți « le village entre les montagnes », monstrul din el « le monstre en lui » ;
  • un adjectif avec un nom ou avec un pronom : băiatul nebun după muzică « le garçon fou de musique », bărbatul Ăźndrăgostit de ea « l’homme amoureux d’elle » ;
  • un verbe avec un nom ou avec un pronom : Vorbesc cu Victor « Je parle Ă  Victor », Vorbesc cu el « Je lui parle » ;
  • un verbe avec un adverbe : Scriu de acasă « J’écris de chez moi » ;
  • un verbe Ă  un mode personnel avec un verbe Ă  l’infinitif : Insista pentru a mă convinge « Il/Elle insistait pour me convaincre » ;

Parmi les particularitĂ©s du roumain par rapport au français, concernant l’emploi des prĂ©positions, on peut citer :

  • Le verbe au participe prĂ©cĂ©dĂ© de la prĂ©position de exprime une action Ă  accomplir : Am ceva de făcut « J’ai quelque chose Ă  faire ».
  • À la diffĂ©rence du français, en roumain il y a des cas oĂč le complĂ©ment d’objet direct est prĂ©cĂ©dĂ© d’une prĂ©position, pe. On emploie avec pe les noms propres de personnes et d’animaux : Îl văd pe Ion « Je vois Ion », Îl chem pe Grivei « J’appelle Grivei (nom de chien) ». Il en est de mĂȘme pour les noms communs de personnes s’ils sont dĂ©terminĂ©s : Îl aștept pe director « J’attends le directeur »[17]. On utilise Ă©galement pe pour les pronoms (sauf certains pronoms indĂ©finis), mĂȘme s’ils se rĂ©fĂšrent Ă  un inanimĂ© : M-ai văzut pe mine? « Tu m’as vu(e), moi ? » ; Pe care o iei? « Laquelle prends-tu ? ».

Chaque préposition régit un certain cas grammatical :

La plupart des prĂ©positions s’emploient avec l’accusatif :

Mergea către oraș « Il/Elle allait vers la ville »
Poți veni cu oricine « Tu peux venir avec n’importe qui »
bijuterie de argint « bijou en argent »
fată de la oraș « une fille de la ville »
Vorbește despre tine « Il/Elle parle de toi »
băiatul din casa vecină « le garçon de la maison voisine »
ușa dinspre stradă « la porte donnant sur la rue »
A venit după mine « Il/Elle est venu(e) aprÚs moi »
Rămùi ßn cameră! « Reste dans ta chambre ! »
Vino la mine! « Viens chez moi ! »
Du-te lĂąngă copac! « Va prĂšs de l’arbre ! »
A fost fidel pĂąnă la moarte « Il a Ă©tĂ© fidĂšle jusqu’à sa mort »
Florile sunt pe masă « Les fleurs sont sur la table »
Ne ßntùlnim pe la ora cinci « On se rencontre vers cinq heures »
Fă-o pentru mine! « Fais-le pour moi ! »
Dă-mi telefon peste o oră! « Téléphone-moi dans une heure ! »
Venea spre noi « Il/Elle venait vers nous »
Pisica e sub masă « Le chat est sous la table »

Quelques prĂ©positions s’utilisent avec le gĂ©nitif :

N-am nicio influență asupra colegilor « Je n’ai aucune influence sur mes collĂšgues »
Ei luptă contra poluării « Ils combattent la pollution »
Orașul se Ăźntinde de-a lungul rĂąului « La ville s’étend le long de la riviĂšre »
Ce este deasupra ultimului etaj? « Qu’est-ce qu’il y a au-dessus du dernier Ă©tage ? »
Ursul a ieșit dinapoia copacului « L’ours est sorti de derriĂšre l’arbre »
N-am obiecții Ăźmpotriva proiectului « Je n’ai pas d’objections contre ce projet »
Mașina e Ăźn fața casei « La voiture est devant la maison »
Am venit ßnaintea lui Paul « Je suis venu(e) avant Paul »

Trois prĂ©positions synonymes rĂ©gissent le datif : A reușit datorită / grație / mulțumită părinților săi « Il/Elle a rĂ©ussi grĂące Ă  ses parents ».

La conjonction

Les conjonctions roumaines ont les mĂȘmes fonctions que leurs correspondantes françaises[18].

Du point de vue de leur forme, elles peuvent ĂȘtre :

  • simples, c’est-Ă -dire constituĂ©es d’un seul mot : că « que », ci « mais », dar « mais », deoarece « parce que », sau « ou », și « et » ;
  • composĂ©es de deux conjonctions simples : ca să « (pour) que » ;
  • des locutions conjonctives, formĂ©es de groupes de mots de natures diffĂ©rentes : fără să « sans que », Ăźn loc să « au lieu de ».

Quant Ă  leurs fonctions, il y a des conjonctions :

Ai primit ordin, așadar trebuie să pleci « On te l’a ordonnĂ©, donc tu dois partir »
N-am cĂąine, ci pisică « Je n’ai pas de chien mais un chat »
Nu ninge, dar e frig « Il ne neige pas mais il fait froid »
N-ai făcut nimic rău, deci nu sunt supărat pe tine « Tu n’as rien fait de mal, je ne t’en veux donc pas »
Plec fie azi, fie mĂąine « Je pars soit aujourd’hui, soit demain »
Eu sunt inginer, iar soția mea e actriță « Moi, je suis ingĂ©nieur, et ma femme actrice »
Știu englezește, Ăźnsă nu vorbesc nemțește « Je connais l’anglais, par contre je ne parle pas allemand »
Nu vin nici azi, nici mĂąine « Je ne viens ni aujourd’hui ni demain »
Vii cu mine, ori / sau rămùi aici? « Tu viens avec moi ou tu restes là ? »
Am venit (ca) să te ajut « Je suis venu(e) pour t’aider »
A spus că mă așteaptă « Il/Elle a dit qu’il/elle m’attendrait »
Dacă vrei, merg cu tine « Si tu veux, j’y vais avec toi »
Mai lucrează, deși este pensionar « Il travaille encore, bien qu’il soit Ă  la retraite »
Te cred, fiindcă te cunosc « Je te crois, parce que je te connais »
E așa de obosit, ĂźncĂąt nu poate adormi « Il est tellement fatiguĂ©, qu’il ne peut pas s’endormir »
Așteaptă pĂąnă (ce) mă Ăźntorc! « Attends jusqu’à ce que je revienne ! »
Ud cu multă apă, pentru ca florile să se dezvolte bine « J’arrose avec beaucoup d’eau, pour que les fleurs se dĂ©veloppent bien »
E imposibil să nu vină « Il est impossible qu’il/elle ne vienne pas »

Remarques :

  1. Il y a deux conjonctions qui correspondent Ă  la conjonction française « mais », ayant des nuances de sens diffĂ©rentes : le sens de dar exprime une opposition moyenne, son sens Ă©tant proche de « malgrĂ© cela, quand mĂȘme », alors que ci exprime le plus haut degrĂ© de l’opposition, Ă©tant utilisĂ©e aprĂšs une proposition nĂ©gative.
  2. Il y a Ă©galement deux conjonctions qui correspondent Ă  « et » : și exprime un simple rapport copulatif, alors que iar a un sens proche de « d’autre part » et ne peut coordonner que des propositions.
  3. La conjonction să est exclusivement utilisée pour introduire une proposition subordonnée dont le verbe est au subjonctif, devenant un morphÚme de ce mode.
  4. La conjonction composĂ©e ca să est rĂ©ductible Ă  să lorsque le sujet de la subordonnĂ©e qu’elle introduit n’est pas exprimĂ© par un nom ou un pronom [Am venit (ca) să te ajut], mais ne l’est pas dans le cas contraire (Ud cu multă apă, pentru ca florile să se dezvolte bine) ni quand, dans une phrase nĂ©gative, la nĂ©gation est renforcĂ©e par l’adverbe cumva : Îi dau telefon, ca nu cumva să plece fără mine « Je lui donne un coup de tĂ©lĂ©phone, pour qu’il/elle ne parte pas sans moi ».
  5. Le mode verbal rĂ©gi par les conjonctions qui introduisent des subordonnĂ©es circonstancielles n’est pas toujours le mĂȘme en roumain et en français. Ainsi, par exemple, le verbe de la subordonnĂ©e de condition introduite par dacă « si » peut ĂȘtre au futur de l’indicatif et aussi au conditionnel : Dacă ar putea (conditionnel prĂ©sent), ar veni « Si elle pouvait (imparfait de l’indicatif), elle viendrait ». LĂ  oĂč en roumain la conjonction demande l’indicatif, sa correspondante française peut exiger le subjonctif : Mai lucrează, deși este pensionar « Il travaille encore, bien qu’il soit Ă  la retraite » ; Așteaptă pĂąnă (ce) mă Ăźntorc! « Attends jusqu’à ce que je revienne ! »

L’interjection

Dans les grammaires traditionnelles du roumain, la notion d’interjection inclut aussi les onomatopĂ©es, des mots invariables servant Ă  appeler ou Ă  chasser des animaux, des mots d’autres classes grammaticales utilisĂ©s exclamativement, et mĂȘme des syntagmes, voire de courtes phrases exclamatives[19].

Classification

Selon leur origine, on peut distinguer d’un certain point de vue des interjections primaires et des interjections secondaires.

Les interjections primaires peuvent ĂȘtre, selon leur forme, des mots constituĂ©s d’une seule voyelle (a!, o!), d’une diphtongue (ei! « eh ! », au! « aĂŻe ! »), d’une voyelle et d’une consonne (ah!, oh!)[20], de deux syllabes (aha! « ah bon ! »), de deux ou plusieurs Ă©lĂ©ments identiques ou partiellement diffĂ©rents : cuțu-cuțu! (pour appeler un chien), tic-tac!, pif-paf-puf! (imitation de sons produits par des tapes).

Les interjections secondaires sont des mots d’une autre classe grammaticale raccourcis : aș! « mais non ! » (< așa « ainsi »), păi « ben » (< apoi « puis »)[21] fa! / fă! (< fată « fille ») (interjection du registre de langue populaire pour s’adresser Ă  une femme ou l’aborder)[22]. Selon Bărbuță 2000, des noms (ajutor! « au secours ! »), des verbes (Stai! « Stop ! »), des syntagmes (Doamne sfinte! « Mon Dieu ! »), des phrases (Acu-i acu! « Maintenant ou jamais ! ») utilisĂ©s exclamativement ont une valeur d’interjection.

D’un autre point de vue, il y a des interjections crĂ©Ă©es sur le terrain du roumain et des interjections empruntĂ©es, telles na! « tiens ! » (d’une langue slave), hai! « allez ! », « viens ! » (du turc), alo! « allĂŽ ! » (du français), bravo! (de l’italien).

Selon leur sens, d’un certain point de vue il peut s’agir d’interjections spĂ©cifiques et d’interjections polysĂ©mantiques, non spĂ©cifiques. Les spĂ©cifiques ont un seul sens : sĂąc! « nananĂšre ! » (exprimant la satisfaction malicieuse). Une interjection Ă  plusieurs sens, dĂ©pendant de la situation de communication, est, par exemple, ah! (exprimant la douleur, le regret, le dĂ©sespoir, la peur, la nostalgie, la compassion, le dĂ©pit, la satisfaction, l’admiration, le dĂ©sir, etc.).

D’un autre point de vue, on peut distinguer selon leur sens pragmatique, des interjections[23] :

  • exprimant un Ă©tat physique ou psychique : au! « aĂŻe ! », brr! (expression de la sensation de froid), of! « oh ! » (expression de la souffrance psychique), vai! « hĂ©las ! » ;
  • volitifs :
    • s’adressant Ă  des personnes : alo!, nani! « dodo ! » ;
    • s’adressant Ă  des animaux : cea! (pour faire aller des animaux de traction Ă  droite), hăis! (pour faire aller des animaux de traction Ă  gauche), zĂąt! (pour chasser un chat).

D’un troisiĂšme point de vue sĂ©mantique, il y a les interjections proprement-dites et les onomatopĂ©es.

Les interjections du point de vue de la syntaxe

En gĂ©nĂ©ral, les interjections n’ont pas de fonction syntaxique. La plupart du temps, elles constituent des mots-phrases.

Toujours sans fonction syntaxique, il y a des interjections employĂ©es dans des phrases. Par exemple l’interjection mot-phrase du registre familier măi! « eh, toi ! » peut ĂȘtre utilisĂ©e devant un nom masculin de personne quand on s’adresse Ă  elle : Măi Zaharie
 Il y a aussi une interjection qui peut ĂȘtre utilisĂ©e seulement en phrase : Ia să vedem! « Voyons donc ! »[24].

Selon certains auteurs, il y a des interjections, principalement volitives, qui peuvent avoir une fonction prĂ©dicative, surtout en tant que mots-phrases, mais aussi en phrase simple Ă  plusieurs termes : Na-ți cartea! « Tiens le livre ! »[25]. L’interjection hai! se voit mĂȘme ajouter trois dĂ©sinences personnelles : haide!, haidem!, haideți!, la premiĂšre forme avec pour sujet la 2e personne du singulier, la seconde pour la 1re du pluriel et la troisiĂšme pour la 2e du pluriel.

À la suite d’une conversion lexicale, des interjections peuvent avoir d’autres fonctions syntaxiques aussi :

  • attribut : E vai de tine! « Tu es fichu(e) ! » (litt. « Est hĂ©las de toi ! »)[26] ;
  • sujet : S-auzea cĂąte un [
] aoleu « On entendait un oh lĂ  lĂ  par-ci, par-lĂ  » ;
  • complĂ©ment d’objet direct : Nu zice hop pĂąnă n-ai sărit (litt. « Ne dis pas hop avant d’avoir sautĂ© ») (proverbe) ;
  • complĂ©ment du nom : Era o iarnă... hehe! « Quel hiver c’était ! »[26].

Notes et références

  1. Avram 1997, pp. 252-256.
  2. Cojocaru 2003, pp. 177-179. o.
  3. Avram 1997, p. 380.
  4. Avram 1997, p. 381.
  5. Avram 1997, p. 385.
  6. Avram 1997, p. 255.
  7. Cojocaru 2003, p. 175.
  8. Avram 1997, p. 256.
  9. Bărbuță 2000, p. 251.
  10. Au sens que donne à ce terme, en grammaire française, par exemple Grevisse et Goosse 2007, p. 245.
  11. Bărbuță 2000, p. 244.
  12. Section d’aprùs Avram 1997, pp. 259-260.
  13. Pour le mot-phrase en français, voir, par exemple, Grevisse et Gooosse 2007 (p. 1183), pour d’autres langues – les grammaires citĂ©es dans les articles Mot-phrase en hongrois et Serbe (section La particule).
  14. Zafiu 2006, p. 479.
  15. Mihuț 2010, p. 71.
  16. Section d’aprùs Avram 1997, pp. 265-269 et p. 368.
  17. Ici le COD est dĂ©terminĂ© de façon dĂ©finie, mĂȘme si l’article dĂ©fini est absent.
  18. Section d’aprùs Avram 1997, pp. 278-282.
  19. Section d’aprĂšs Bărbuță 2000, pp. 211-215, sauf les informations des sources indiquĂ©es Ă  part.
  20. Le h est prononcé en roumain.
  21. Avram 1997, p. 292.
  22. Constantinescu-Dobridor 1980, 245. o.
  23. Constantinescu-Dobridor 1980, pp. 245-246.
  24. Avram 1997, p. 295.
  25. Avram 1997, p. 294.
  26. Constantinescu-Dobridor 1980, p. 246.

Sources bibliographiques

  • (ro) Avram, Mioara, Gramatica pentru toți [« Grammaire pour tous »], Humanitas, Bucarest, 1997 (ISBN 973-28-0769-5)
  • (ro) Bărbuță, Ion et al., Gramatica uzuală a limbii romĂąne [« Grammaire usuelle du roumain »], Chișinău, Litera, 2000 (ISBN 9975-74-295-5) (consultĂ© le )
  • (en) Cojocaru, Dana, Romanian Grammar [« Grammaire roumaine »], SEELRC, 2003 (consultĂ© le )
  • (ro) Constantinescu-Dobridor, Gheorghe, Mic dicționar de terminologie lingvistică [« Petit dictionnaire de terminologie linguistique »], Bucarest, Albatros, 1980
  • Grevisse, Maurice et Goosse, AndrĂ©, Le bon usage. Grammaire française, 14e Ă©dition, Bruxelles, De Boeck UniversitĂ©, 2007 (ISBN 978-2-8011-1404-9) (consultĂ© le )
  • (ro) Mihuț, Lizica et Miuța, Bianca, « Actul comunicativ din perspectivă discursiv-pragmatică. Modalizarea Ăźn limba romĂąnă contemporană » [« L’acte communicatif en perspective discursive-pragmatique. La modalisation en roumain contemporain »], Journal of Humanistic and Social Studies (JHSS), 1re annĂ©e, no 1, 2010, Arad, FacultĂ© des sciences humaines et sociales, UniversitĂ© Avram-Iancu d’Arad, pp. 69-75 (consultĂ© le )
  • (ro) Zafiu, Rodica, « Observații asupra originii și a evoluției adverbului modal poate » [« Remarques concernant l’origine et l’évolution de l’adverbe modal poate »], Marius Sala (dir.), Studii de gramatică și de formare a cuvintelor [« Études de grammarie et de formation des mots »], Bucarest, Editura Academiei RomĂąne, 2006, pp. 478-490 (consultĂ© le )
Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.