Mot invariable en roumain
Cet article traite des mots invariables du roumain, du point de vue morphologique et partiellement syntaxique, dans la perspective de la grammaire traditionnelle.
Lâadverbe
Classification
On peut classer les adverbes de plusieurs points de vue[1].
Selon leur origine, il y des adverbes :
- primaires, câest-Ă -dire hĂ©ritĂ©s du latin ou empruntĂ©s en tant quâadverbes : cam « environ », ieri « hier », mereu « tout le temps », tocmai « justement » ;
- formĂ©s par dĂ©rivation lexicale (moins frĂ©quents quâen français) :
- de noms : romĂąn « roumain » > romĂąneÈte « en roumain », cruce « croix » > cruciÈ Â« en croix, en louchant » ;
- de verbes : a se tĂąrĂź « ramper » > tĂąrĂąÈ Â« en rampant » ;
- dâadverbes interrogatifs (cĂąnd « quand », cum « comment », unde « oĂč »), qui donnent des adverbes indĂ©finis, avec le prĂ©fixe ori- (oricĂąnd « nâimporte quand », oricum « nâimporte comment », oriunde « nâimporte oĂč ») et avec le suffixe -va (cĂąndva « Ă un moment », cumva « de quelque maniĂšre », undeva « quelque part »), ou des adverbes nĂ©gatifs, avec le prĂ©fixe nici- : nicicĂąnd « jamais », nicicum « dâaucune maniĂšre », niciunde « nulle part » ;
- formés par conversion lexicale :
- dâadjectifs, par utilisation de la forme de masculin singulier de ceux-ci, ce qui fournit la plupart des adverbes de maniĂšre : un cĂąntec frumos « une belle chanson » vs. a cĂąnta frumos « chanter bien » (littĂ©ralement « bellement ») ;
- de noms, qui peuvent ĂȘtre sans article dĂ©fini [beat turtÄ Â« ivre mort » (litt. « ivre galette »), PleacÄ miercuri « Il/Elle sâen va lundi ») ou avec article dĂ©fini : Vara ne ducem la mare « LâĂ©tĂ©, nous allons Ă la mer ».
Selon leur sens, les adverbes roumains peuvent ĂȘtre classĂ©s en :
- non pronominaux (la plupart), qui expriment directement le lieu, le temps, la maniĂšre, etc. ;
- pronominaux (relativement peu nombreux), provenant de radicaux pronominaux et se comportant de maniĂšre semblable aux pronoms, câest-Ă -dire remplaçant des mots qui expriment des circonstances de façon directe. Leur classification aussi est semblable Ă celle des pronoms :
- dĂ©monstratifs : acolo « lĂ -bas », aici « ici », acum « maintenant », atunci « alors », aÈa « ainsi » Ăźncoace « vers ici », Ăźncolo « vers lĂ -bas » ;
- interrogatifs : cĂąnd « quand », cum « comment », Ăźncotro « vers oĂč », unde « oĂč » ;
- indĂ©finis : altundeva « ailleurs », cĂąndva « Ă un moment », odatÄ Â« une fois », oricĂąnd, « nâimporte quand », uneori « parfois » ;
- nĂ©gatifs : nicÄieri, niciunde « nulle part », nicicĂąnd, niciodatÄ Â« jamais », nicicum « dâaucune façon ».
Les degrés de comparaison des adverbes
En général, ce sont les adverbes de maniÚre et certains adverbes de temps qui ont des degrés de comparaison[2]. Exemple :
Comparatif :
- de supériorité : El scrie mai bine decùt / ca mine « Il écrit mieux que moi »
- dâĂ©galitĂ© : El scrie tot aÈa de / tot atĂąt de / la fel de bine ca mine « Il Ă©crit aussi bien que moi »
- dâinfĂ©rioritĂ© : El scrie mai puÈin bine decĂąt / ca mine « Il Ă©crit moins bien que moi »
Superlatif :
- relatif :
- de supĂ©rioritĂ© : El scrie cel mai bine dintre toÈi « Il Ă©crit le mieux de tous »
- dâinfĂ©rioritĂ© : El scrie cel mai puÈin bine dintre toÈi « Il Ă©crit le moins bien de tous »
- absolu : El scrie foarte / tare / extraordinar de bine « Il écrit trÚs / extraordinairement bien »
Remarques :
- Le superlatif relatif se forme non pas avec lâarticle dĂ©fini, comme en français, mais avec lâarticle dĂ©monstratif propre au roumain.
- Les correspondants roumains des adverbes français Ă degrĂ©s de comparaison irrĂ©guliers forment rĂ©guliĂšrement leurs degrĂ©s de comparaison : mai bine « mieux », mai mult « plus », mai puÈin « moins ».
- Mult « beaucoup » accepte foarte « trÚs » au superlatif absolu.
Adverbes Ă fonction syntaxique
Lâadverbe remplit le plus souvent la fonction de complĂ©ment circonstanciel dâun verbe :
- de lieu : LocuieÈte aici « Il/Elle habite ici »[3] ;
- de temps : Vino mùine! « Viens demain ! »[4] ;
- de maniÚre : Hai repede! « Viens vite ! »[5] ;
- de quantitĂ© : MÄnĂąncÄ mult « Il/Elle mange beaucoup »[6].
Lâadverbe peut ĂȘtre subordonnĂ© non seulement Ă un verbe (les exemples ci-dessus), mais aussi Ă un adjectif (Suntem puÈin obosiÈi « Nous sommes un peu fatiguĂ©s ») ou Ă un autre adverbe : Putem face asta numai acum « Nous pouvons faire ça seulement maintenant »[7].
La plupart des adverbes peuvent subordonner Ă leur tour un autre adverbe, un nom ou un pronom : prea departe « trop loin », departe de ÈcoalÄ Â« loin de lâĂ©cole », departe de mine « loin de moi »[8].
Lâadverbe peut aussi ĂȘtre complĂ©ment du nom avec la prĂ©position de : ziarul de ieri « le journal dâhier »[9].
Les grammaires roumaines traditionnelles considĂšrent quâil y a aussi quelques adverbes pouvant remplir la fonction de prĂ©dicat[10] : BineĂźnÈeles cÄ va veni « Bien sĂ»r quâil/elle viendra »[11].
Particularités de construction des adverbes
Lâadverbe peut ĂȘtre liĂ© Ă un autre terme de la proposition directement ou Ă lâaide dâune prĂ©position[12].
Verbe + adverbe
Lâadverbe peut suivre directement le verbe qui le subordonne ou il y est liĂ© par une prĂ©position. En gĂ©nĂ©ral, le mĂȘme adverbe a des sens diffĂ©rents avec et sans prĂ©position : Stau jos « Je me tiens en bas » vs. Stau pe jos « Je reste assis(e) par terre » ; Scriu acasÄ Â« JâĂ©cris chez moi » vs. Scriu de acasÄ Â« JâĂ©cris de chez moi » ; Vine curĂąnd « Il/Elle viendra bientĂŽt » vs. A venit de curĂąnd « Il/Elle est venu(e) rĂ©cemment ». Mais parfois, le sens de lâadverbe est le mĂȘme sans et avec prĂ©position. Dans ce cas il y a synonymie entre un adverbe et une locution adverbiale : abia/de-abia « Ă peine », curĂąnd/Ăźn curĂąnd « bientĂŽt ».
Adverbe + adjectif ou adverbe
La plupart de ces constructions se rĂ©alisent avec la prĂ©position de (atĂąt de frumos « tellement beau », suspect de bine « si bien que câen est suspect »), mais dâautres sans prĂ©position : cam bolnav « un peu malade », prea cuminte « trop sage ».
Adverbe + nom ou pronom
Certains adverbes se construisent avec un nom au cas datif (contrar aÈteptÄrilor « contrairement aux attentes »), dâautres avec une prĂ©position : paralel cu aceasta « parallĂšlement Ă cela », departe de ÈcoalÄ Â« loin de lâĂ©cole », referitor la noi « nous concernant ». Il y a aussi quelques adverbes qui entrent dans des constructions synonymes syntaxiques, le nom pouvant ĂȘtre au datif ou avec la prĂ©position cu : conform Ètirilor = conform cu Ètirile « conformĂ©ment aux informations ».
Adverbes sans fonction syntaxique
Les grammaires traditionnelles du roumain rangent parmi les adverbes des mots qui nâont jamais de fonction syntaxique et aussi dâautres qui peuvent en avoir une mais nâen ont pas dans certains cas. Dans certaines grammaires dâautres langues, ces mots constituent des classes grammaticales Ă part : des mots-phrases, des particules et des modalisateurs[13]. Les mots-phrases sont appelĂ©s par Avram 1997 « adverbes qui constituent Ă eux seuls des propositions non analysables ». De tels mots sont da « oui », ba da « si », nu « non », ba nu « mais non »[6]. Les mots qui peuvent ĂȘtre des adverbes proprement-dit, câest-Ă -dire avoir une fonction syntaxique, mais occasionnellement sont prĂ©sents dans une proposition sans avoir une fonction de ce genre, sont appelĂ©s par certains grammairiens du roumain « adverbes modaux » (exemple : Poate Dan a greÈit ieri « Dan a peut-ĂȘtre eu tort hier »)[14] et « expressions modales adverbiales » : Vine cu siguranÈÄ azi « Il/Elle vient sĂ»rement aujourdâhui »[15].
La préposition
Les prĂ©positions roumaines ont la mĂȘme fonction que les prĂ©positions françaises[16].
Du point de vue de leur forme, les prĂ©positions peuvent ĂȘtre :
- simples, câest-Ă -dire constituĂ©es dâun seul mot : de « de », la « à », lĂąngÄ Â« Ă cĂŽtĂ© de », pentru « pour », prin « par », spre « vers » ;
- composĂ©es de deux prĂ©positions simples : de la « de » exprimant lâorigine, de lĂąngÄ Â« dâĂ cĂŽtĂ© de » ;
- des locutions prĂ©positionnelles, formĂ©es dâau moins une prĂ©position et un mot dâune autre nature : Ăźn loc de « au lieu de », ĂźmpreunÄ cu « avec ».
Les prĂ©positions peuvent mettre en relation des mots de mĂȘme nature quâen français :
- un nom avec un autre nom ou avec un pronom : satul dintre munÈi « le village entre les montagnes », monstrul din el « le monstre en lui » ;
- un adjectif avec un nom ou avec un pronom : bÄiatul nebun dupÄ muzicÄ Â« le garçon fou de musique », bÄrbatul ĂźndrÄgostit de ea « lâhomme amoureux dâelle » ;
- un verbe avec un nom ou avec un pronom : Vorbesc cu Victor « Je parle à Victor », Vorbesc cu el « Je lui parle » ;
- un verbe avec un adverbe : Scriu de acasÄ Â« JâĂ©cris de chez moi » ;
- un verbe Ă un mode personnel avec un verbe Ă lâinfinitif : Insista pentru a mÄ convinge « Il/Elle insistait pour me convaincre » ;
Parmi les particularitĂ©s du roumain par rapport au français, concernant lâemploi des prĂ©positions, on peut citer :
- Le verbe au participe prĂ©cĂ©dĂ© de la prĂ©position de exprime une action Ă accomplir : Am ceva de fÄcut « Jâai quelque chose Ă faire ».
- Ă la diffĂ©rence du français, en roumain il y a des cas oĂč le complĂ©ment dâobjet direct est prĂ©cĂ©dĂ© dâune prĂ©position, pe. On emploie avec pe les noms propres de personnes et dâanimaux : Ăl vÄd pe Ion « Je vois Ion », Ăl chem pe Grivei « Jâappelle Grivei (nom de chien) ». Il en est de mĂȘme pour les noms communs de personnes sâils sont dĂ©terminĂ©s : Ăl aÈtept pe director « Jâattends le directeur »[17]. On utilise Ă©galement pe pour les pronoms (sauf certains pronoms indĂ©finis), mĂȘme sâils se rĂ©fĂšrent Ă un inanimĂ© : M-ai vÄzut pe mine? « Tu mâas vu(e), moi ? » ; Pe care o iei? « Laquelle prends-tu ? ».
Chaque préposition régit un certain cas grammatical :
La plupart des prĂ©positions sâemploient avec lâaccusatif :
- Mergea cÄtre oraÈ Â« Il/Elle allait vers la ville »
- PoÈi veni cu oricine « Tu peux venir avec nâimporte qui »
- bijuterie de argint « bijou en argent »
- fatÄ de la oraÈ Â« une fille de la ville »
- VorbeÈte despre tine « Il/Elle parle de toi »
- bÄiatul din casa vecinÄ Â« le garçon de la maison voisine »
- uÈa dinspre stradÄ Â« la porte donnant sur la rue »
- A venit dupÄ mine « Il/Elle est venu(e) aprĂšs moi »
- RÄmĂąi Ăźn camerÄ! « Reste dans ta chambre ! »
- Vino la mine! « Viens chez moi ! »
- Du-te lĂąngÄ copac! « Va prĂšs de lâarbre ! »
- A fost fidel pĂąnÄ la moarte « Il a Ă©tĂ© fidĂšle jusquâĂ sa mort »
- Florile sunt pe masÄ Â« Les fleurs sont sur la table »
- Ne ßntùlnim pe la ora cinci « On se rencontre vers cinq heures »
- FÄ-o pentru mine! « Fais-le pour moi ! »
- DÄ-mi telefon peste o orÄ! « TĂ©lĂ©phone-moi dans une heure ! »
- Venea spre noi « Il/Elle venait vers nous »
- Pisica e sub masÄ Â« Le chat est sous la table »
Quelques prĂ©positions sâutilisent avec le gĂ©nitif :
- N-am nicio influenÈÄ asupra colegilor « Je nâai aucune influence sur mes collĂšgues »
- Ei luptÄ contra poluÄrii « Ils combattent la pollution »
- OraÈul se Ăźntinde de-a lungul rĂąului « La ville sâĂ©tend le long de la riviĂšre »
- Ce este deasupra ultimului etaj? « Quâest-ce quâil y a au-dessus du dernier Ă©tage ? »
- Ursul a ieÈit dinapoia copacului « Lâours est sorti de derriĂšre lâarbre »
- N-am obiecÈii Ăźmpotriva proiectului « Je nâai pas dâobjections contre ce projet »
- MaÈina e Ăźn faÈa casei « La voiture est devant la maison »
- Am venit ßnaintea lui Paul « Je suis venu(e) avant Paul »
Trois prĂ©positions synonymes rĂ©gissent le datif : A reuÈit datoritÄ / graÈie / mulÈumitÄ pÄrinÈilor sÄi « Il/Elle a rĂ©ussi grĂące Ă ses parents ».
La conjonction
Les conjonctions roumaines ont les mĂȘmes fonctions que leurs correspondantes françaises[18].
Du point de vue de leur forme, elles peuvent ĂȘtre :
- simples, câest-Ă -dire constituĂ©es dâun seul mot : cÄ Â« que », ci « mais », dar « mais », deoarece « parce que », sau « ou », Èi « et » ;
- composĂ©es de deux conjonctions simples : ca sÄ Â« (pour) que » ;
- des locutions conjonctives, formĂ©es de groupes de mots de natures diffĂ©rentes : fÄrÄ sÄ Â« sans que », Ăźn loc sÄ Â« au lieu de ».
Quant Ă leurs fonctions, il y a des conjonctions :
- de coordination :
- Ai primit ordin, aÈadar trebuie sÄ pleci « On te lâa ordonnĂ©, donc tu dois partir »
- N-am cĂąine, ci pisicÄ Â« Je nâai pas de chien mais un chat »
- Nu ninge, dar e frig « Il ne neige pas mais il fait froid »
- N-ai fÄcut nimic rÄu, deci nu sunt supÄrat pe tine « Tu nâas rien fait de mal, je ne tâen veux donc pas »
- Plec fie azi, fie mĂąine « Je pars soit aujourdâhui, soit demain »
- Eu sunt inginer, iar soÈia mea e actriÈÄ Â« Moi, je suis ingĂ©nieur, et ma femme actrice »
- Ètiu englezeÈte, ĂźnsÄ nu vorbesc nemÈeÈte « Je connais lâanglais, par contre je ne parle pas allemand »
- Nu vin nici azi, nici mĂąine « Je ne viens ni aujourdâhui ni demain »
- Vii cu mine, ori / sau rÄmĂąi aici? « Tu viens avec moi ou tu restes lĂ ? »
- de subordination :
- Am venit (ca) sÄ te ajut « Je suis venu(e) pour tâaider »
- A spus cÄ mÄ aÈteaptÄ Â« Il/Elle a dit quâil/elle mâattendrait »
- DacÄ vrei, merg cu tine « Si tu veux, jây vais avec toi »
- Mai lucreazÄ, deÈi este pensionar « Il travaille encore, bien quâil soit Ă la retraite »
- Te cred, fiindcÄ te cunosc « Je te crois, parce que je te connais »
- E aÈa de obosit, ĂźncĂąt nu poate adormi « Il est tellement fatiguĂ©, quâil ne peut pas sâendormir »
- AÈteaptÄ pĂąnÄ (ce) mÄ Ăźntorc! « Attends jusquâĂ ce que je revienne ! »
- Ud cu multÄ apÄ, pentru ca florile sÄ se dezvolte bine « Jâarrose avec beaucoup dâeau, pour que les fleurs se dĂ©veloppent bien »
- E imposibil sÄ nu vinÄ Â« Il est impossible quâil/elle ne vienne pas »
Remarques :
- Il y a deux conjonctions qui correspondent Ă la conjonction française « mais », ayant des nuances de sens diffĂ©rentes : le sens de dar exprime une opposition moyenne, son sens Ă©tant proche de « malgrĂ© cela, quand mĂȘme », alors que ci exprime le plus haut degrĂ© de lâopposition, Ă©tant utilisĂ©e aprĂšs une proposition nĂ©gative.
- Il y a Ă©galement deux conjonctions qui correspondent à « et » : Èi exprime un simple rapport copulatif, alors que iar a un sens proche de « dâautre part » et ne peut coordonner que des propositions.
- La conjonction sÄ est exclusivement utilisĂ©e pour introduire une proposition subordonnĂ©e dont le verbe est au subjonctif, devenant un morphĂšme de ce mode.
- La conjonction composĂ©e ca sÄ est rĂ©ductible Ă sÄ lorsque le sujet de la subordonnĂ©e quâelle introduit nâest pas exprimĂ© par un nom ou un pronom [Am venit (ca) sÄ te ajut], mais ne lâest pas dans le cas contraire (Ud cu multÄ apÄ, pentru ca florile sÄ se dezvolte bine) ni quand, dans une phrase nĂ©gative, la nĂ©gation est renforcĂ©e par lâadverbe cumva : Ăi dau telefon, ca nu cumva sÄ plece fÄrÄ mine « Je lui donne un coup de tĂ©lĂ©phone, pour quâil/elle ne parte pas sans moi ».
- Le mode verbal rĂ©gi par les conjonctions qui introduisent des subordonnĂ©es circonstancielles nâest pas toujours le mĂȘme en roumain et en français. Ainsi, par exemple, le verbe de la subordonnĂ©e de condition introduite par dacÄ Â« si » peut ĂȘtre au futur de lâindicatif et aussi au conditionnel : DacÄ ar putea (conditionnel prĂ©sent), ar veni « Si elle pouvait (imparfait de lâindicatif), elle viendrait ». LĂ oĂč en roumain la conjonction demande lâindicatif, sa correspondante française peut exiger le subjonctif : Mai lucreazÄ, deÈi este pensionar « Il travaille encore, bien quâil soit Ă la retraite » ; AÈteaptÄ pĂąnÄ (ce) mÄ Ăźntorc! « Attends jusquâĂ ce que je revienne ! »
Lâinterjection
Dans les grammaires traditionnelles du roumain, la notion dâinterjection inclut aussi les onomatopĂ©es, des mots invariables servant Ă appeler ou Ă chasser des animaux, des mots dâautres classes grammaticales utilisĂ©s exclamativement, et mĂȘme des syntagmes, voire de courtes phrases exclamatives[19].
Classification
Selon leur origine, on peut distinguer dâun certain point de vue des interjections primaires et des interjections secondaires.
Les interjections primaires peuvent ĂȘtre, selon leur forme, des mots constituĂ©s dâune seule voyelle (a!, o!), dâune diphtongue (ei! « eh ! », au! « aĂŻe ! »), dâune voyelle et dâune consonne (ah!, oh!)[20], de deux syllabes (aha! « ah bon ! »), de deux ou plusieurs Ă©lĂ©ments identiques ou partiellement diffĂ©rents : cuÈu-cuÈu! (pour appeler un chien), tic-tac!, pif-paf-puf! (imitation de sons produits par des tapes).
Les interjections secondaires sont des mots dâune autre classe grammaticale raccourcis : aÈ! « mais non ! » (< aÈa « ainsi »), pÄi « ben » (< apoi « puis »)[21] fa! / fÄ! (< fatÄ Â« fille ») (interjection du registre de langue populaire pour sâadresser Ă une femme ou lâaborder)[22]. Selon BÄrbuÈÄ 2000, des noms (ajutor! « au secours ! »), des verbes (Stai! « Stop ! »), des syntagmes (Doamne sfinte! « Mon Dieu ! »), des phrases (Acu-i acu! « Maintenant ou jamais ! ») utilisĂ©s exclamativement ont une valeur dâinterjection.
Dâun autre point de vue, il y a des interjections crĂ©Ă©es sur le terrain du roumain et des interjections empruntĂ©es, telles na! « tiens ! » (dâune langue slave), hai! « allez ! », « viens ! » (du turc), alo! « allĂŽ ! » (du français), bravo! (de lâitalien).
Selon leur sens, dâun certain point de vue il peut sâagir dâinterjections spĂ©cifiques et dâinterjections polysĂ©mantiques, non spĂ©cifiques. Les spĂ©cifiques ont un seul sens : sĂąc! « nananĂšre ! » (exprimant la satisfaction malicieuse). Une interjection Ă plusieurs sens, dĂ©pendant de la situation de communication, est, par exemple, ah! (exprimant la douleur, le regret, le dĂ©sespoir, la peur, la nostalgie, la compassion, le dĂ©pit, la satisfaction, lâadmiration, le dĂ©sir, etc.).
Dâun autre point de vue, on peut distinguer selon leur sens pragmatique, des interjections[23] :
- exprimant un état physique ou psychique : au! « aïe ! », brr! (expression de la sensation de froid), of! « oh ! » (expression de la souffrance psychique), vai! « hélas ! » ;
- volitifs :
- sâadressant Ă des personnes : alo!, nani! « dodo ! » ;
- sâadressant Ă des animaux : cea! (pour faire aller des animaux de traction Ă droite), hÄis! (pour faire aller des animaux de traction Ă gauche), zĂąt! (pour chasser un chat).
Dâun troisiĂšme point de vue sĂ©mantique, il y a les interjections proprement-dites et les onomatopĂ©es.
Les interjections du point de vue de la syntaxe
En gĂ©nĂ©ral, les interjections nâont pas de fonction syntaxique. La plupart du temps, elles constituent des mots-phrases.
Toujours sans fonction syntaxique, il y a des interjections employĂ©es dans des phrases. Par exemple lâinterjection mot-phrase du registre familier mÄi! « eh, toi ! » peut ĂȘtre utilisĂ©e devant un nom masculin de personne quand on sâadresse Ă elle : MÄi Zaharie⊠Il y a aussi une interjection qui peut ĂȘtre utilisĂ©e seulement en phrase : Ia sÄ vedem! « Voyons donc ! »[24].
Selon certains auteurs, il y a des interjections, principalement volitives, qui peuvent avoir une fonction prĂ©dicative, surtout en tant que mots-phrases, mais aussi en phrase simple Ă plusieurs termes : Na-Èi cartea! « Tiens le livre ! »[25]. Lâinterjection hai! se voit mĂȘme ajouter trois dĂ©sinences personnelles : haide!, haidem!, haideÈi!, la premiĂšre forme avec pour sujet la 2e personne du singulier, la seconde pour la 1re du pluriel et la troisiĂšme pour la 2e du pluriel.
Ă la suite dâune conversion lexicale, des interjections peuvent avoir dâautres fonctions syntaxiques aussi :
- attribut : E vai de tine! « Tu es fichu(e) ! » (litt. « Est hélas de toi ! »)[26] ;
- sujet : S-auzea cĂąte un [âŠ] aoleu « On entendait un oh lĂ lĂ par-ci, par-là » ;
- complĂ©ment dâobjet direct : Nu zice hop pĂąnÄ n-ai sÄrit (litt. « Ne dis pas hop avant dâavoir sautĂ© ») (proverbe) ;
- complĂ©ment du nom : Era o iarnÄ... hehe! « Quel hiver câĂ©tait ! »[26].
Notes et références
- Avram 1997, pp. 252-256.
- Cojocaru 2003, pp. 177-179. o.
- Avram 1997, p. 380.
- Avram 1997, p. 381.
- Avram 1997, p. 385.
- Avram 1997, p. 255.
- Cojocaru 2003, p. 175.
- Avram 1997, p. 256.
- BÄrbuÈÄ 2000, p. 251.
- Au sens que donne à ce terme, en grammaire française, par exemple Grevisse et Goosse 2007, p. 245.
- BÄrbuÈÄ 2000, p. 244.
- Section dâaprĂšs Avram 1997, pp. 259-260.
- Pour le mot-phrase en français, voir, par exemple, Grevisse et Gooosse 2007 (p. 1183), pour dâautres langues â les grammaires citĂ©es dans les articles Mot-phrase en hongrois et Serbe (section La particule).
- Zafiu 2006, p. 479.
- MihuÈ 2010, p. 71.
- Section dâaprĂšs Avram 1997, pp. 265-269 et p. 368.
- Ici le COD est dĂ©terminĂ© de façon dĂ©finie, mĂȘme si lâarticle dĂ©fini est absent.
- Section dâaprĂšs Avram 1997, pp. 278-282.
- Section dâaprĂšs BÄrbuÈÄ 2000, pp. 211-215, sauf les informations des sources indiquĂ©es Ă part.
- Le h est prononcé en roumain.
- Avram 1997, p. 292.
- Constantinescu-Dobridor 1980, 245. o.
- Constantinescu-Dobridor 1980, pp. 245-246.
- Avram 1997, p. 295.
- Avram 1997, p. 294.
- Constantinescu-Dobridor 1980, p. 246.
Sources bibliographiques
- (ro) Avram, Mioara, Gramatica pentru toÈi [« Grammaire pour tous »], Humanitas, Bucarest, 1997 (ISBN 973-28-0769-5)
- (ro) BÄrbuÈÄ, Ion et al., Gramatica uzualÄ a limbii romĂąne [« Grammaire usuelle du roumain »], ChiÈinÄu, Litera, 2000 (ISBN 9975-74-295-5) (consultĂ© le )
- (en) Cojocaru, Dana, Romanian Grammar [« Grammaire roumaine »], SEELRC, 2003 (consulté le )
- (ro) Constantinescu-Dobridor, Gheorghe, Mic dicÈionar de terminologie lingvisticÄ [« Petit dictionnaire de terminologie linguistique »], Bucarest, Albatros, 1980
- Grevisse, Maurice et Goosse, André, Le bon usage. Grammaire française, 14e édition, Bruxelles, De Boeck Université, 2007 (ISBN 978-2-8011-1404-9) (consulté le )
- (ro) MihuÈ, Lizica et MiuÈa, Bianca, « Actul comunicativ din perspectivÄ discursiv-pragmaticÄ. Modalizarea Ăźn limba romĂąnÄ contemporanÄ Â» [« Lâacte communicatif en perspective discursive-pragmatique. La modalisation en roumain contemporain »], Journal of Humanistic and Social Studies (JHSS), 1re annĂ©e, no 1, 2010, Arad, FacultĂ© des sciences humaines et sociales, UniversitĂ© Avram-Iancu dâArad, pp. 69-75 (consultĂ© le )
- (ro) Zafiu, Rodica, « ObservaÈii asupra originii Èi a evoluÈiei adverbului modal poate » [« Remarques concernant lâorigine et lâĂ©volution de lâadverbe modal poate »], Marius Sala (dir.), Studii de gramaticÄ Èi de formare a cuvintelor [« Ătudes de grammarie et de formation des mots »], Bucarest, Editura Academiei RomĂąne, 2006, pp. 478-490 (consultĂ© le )