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Mosaïque de forêt-savane du Congo du Nord

La mosaïque de forêt-savane du Congo du Nord est une écorégion terrestre définie par le WWF, appartenant au biome des prairies, savanes et terres arbustives tropicales et subtropicales de l'écozone afrotropicale. Elle couvre une partie du Cameroun, de la République centrafricaine, de la République démocratique du Congo, du Soudan du Sud et de l'Ouganda.

Mosaïque de forêt-savane du Congo du Nord
Écorégion terrestre - Code AT0712[1]
Description de cette image, également commentée ci-après
Éléphants au parc national de la Garamba en 2020.
Géographie et climat
Superficie[2] :
703 010 km2
Conservation
Statut[3] :
Critique / En danger
Aires protégées[4] :
14,7 %
Ressources web :

Localisation

Description de l'image AT0712 map.png.

Localisation et climat

Diagramme climatique de Wau, Soudan du Sud.

Les variations climatiques de l'Holocène en Afrique centrale ont entraîné une alternance de phases de forêt et de savane. Dans son état actuel, cette écorégion forme un espace de transition entre la savane soudanienne orientale au nord, les forêts denses des hauts plateaux camerounais à l'ouest, celles du bassin du Congo au sud, les marécages du Sudd et les forêts d'altitude du rift Albertin à l'est. Au plan géologique, la plus grande partie occupe un plateau découpé d'environ 500 m d'altitude, atteignant 700 m à la limite des monts du Cameroun, avec des inselbergs de roche précambriennes. Elle connaît un climat contrasté avec une saison des pluies plus chaude, atteignant 34°C, et une saison sèche plus froide descendant à 13 °C. Les précipitations annuelles varient de 1 200 à 1 600 mm du nord vers le sud[5].

Flore

Le paysage actuel est un mélange irrégulier de forêt, de savane boisée et de végétation secondaire (en) herbeuse après les feux de brousse[5] parfois caractérisé comme forêt claire[6]. La saison sèche, les feux de forêt et les activités humaines peuvent altérer plus ou moins gravement le couvert végétal. Les forêts-galeries le long des cours d'eau et les périphéries mieux arrosées du sud bénéficient d'une alimentation en eau à peu près permanente[5].

Parmi les espèces les plus communes, on compte Berlinia grandiflora, Cola laurifolia, Cynometra vogelii, Diospyros elliotii, Parinari congensis et Pterocarpus santalinoides. Dans la savane humide boisée, on rencontre plusieurs variétés des genres Andropogon, Hyparrhenia et Loudetia. À la périphérie de la forêt dense apparaissent Afzelia africana, Aningeria altissima, Chrysophyllum perpulchrum, Cola gigantea, Morus mesozygia (mûrier du Sénégal) et Khaya grandifoliola[5].

Les forêts sont exploitées pour le bois de charpente, le bois à brûler et le charbon de bois[5].

Faune

Mammifères

La faune comprend aussi bien des espèces de savane que de forêt, tels que le céphalophe à flancs roux, l'éland géant, l'antilope bongo, la girafe du Kordofan, l'éléphant de savane et l'éléphant de forêt[5]. À la suite des guerres civiles en Afrique centrale, des bandes de braconniers bien armés ont dévasté les espaces naturels de la région pour récolter de l'ivoire et autres produits ; dans le parc national de la Garamba en république démocratique du Congo, 3 000 éléphants ont été abattus entre 2007 et 2014 ; leur population vers 2021 est estimée à 1 700[5].

L'hippopotame est présent notamment au parc national de la Bénoué au Cameroun mais sa population tend à décroître et sa cohabitation avec les humains pose de nombreux problèmes[7].

Le rhinocéros noir, déjà considéré comme rare en 1977[8], a complètement disparu en Afrique centrale depuis 2006[9].

Dans la région de Ndok (nord du Cameroun), en 1977, on rencontrait plusieurs espèces de grands herbivores, chacune ayant son milieu de prédilection : bubale, buffle noir, damalisque et phacochère en savane herbeuse, buffle nain en forêt claire plus accidentée, céphalophe de Grimm en forêt claire des hautes collines, céphalophe à flancs roux sur les collines claires à Anogeissus et les bords de rivière érodés, le cobe défassa (Kobus ellipsiprymnus defassa), le cobe de Buffon et le guib d'eau en forêt-galerie, le cobe des roseaux se déplaçant sur les jachères, le cobe de montagne dans les régions montagneuses. La girafe, à la limite méridionale de son aire d'extension, ne fait que de rares incursions en saison humide tandis que l'éland géant reste relativement abondant[8].

Le lion est toujours présent vers 2021[5], aussi bien en savane qu'en forêt ; le léopard est plutôt caractéristique des forêts claires au relief accidenté ; le lycaon , déjà rare en 1977[8], a presque disparu d'Afrique centrale en 2012[10].

Les mammifères sont aussi représentés par la mangouste de Dybowski et le rat-taupe (Cryptomys ochraceocinereus) qui sont presque endémiques à la région, le porc-épic et l'oryctérope ; parmi les primates, on rencontre le babouin jaune (cynocéphale) et le colobe guéréza dans les forêts-galeries et le patas (singe rouge) dans les friches et jachères[8].

Autres animaux

La grive d'Oberlaender est un oiseau presque endémique. On compte davantage d'espèces endémiques parmi les amphibiens, Phrynobatrachus albomarginatus et Phrynobatrachus gastoni, et les reptiles comme les serpents Ichnotropis chapini et Helophis et le lézard Letheobia sudanensis[5].

Les termites arboricoles construisent leurs nids le long des troncs d'arbre ; la terre rougeâtre est prélevée entre 50 et 75 cm sous la surface du sol. Les termites terrestres, selon les cas, construisent soit de hautes termitières coniques, de 100 à 170 cm de hauteur, en terre rouge ou jaune-rouge, prélevée entre 50 et 150 cm de profondeur avec une densité de 10 termitières à l'hectare ; soit de petites termitières cylindriques de 20 à 30 cm de hauteur, en terre grise prélevée à faible profondeur, avec une densité atteignant plusieurs centaines à l'hectare. Les termites remuent cependant beaucoup moins de terre que les vers de terre qui jouent un rôle important dans la conservation du sol : leurs rejets rendent la terre plus meuble et réduisent le ruissellement, donc l'érosion, pendant la saison humide. La destruction des vers par certaines pratiques agricoles a donc un effet négatif sur l'environnement[11].

Dans la culture locale

La langue des Gbaya 'bodoe, population de chasseurs-cueilleurs et cultivateurs qui vivent au sud-ouest de Bouar en République centrafricaine, distingue 288 espèces de vertébrés et 240 d'invertébrés[12]. Certains noms ont une valeur descriptive comme « grand singe » (babouin), « briseur d'arbres » (éland géant), « arc-en-ciel » (lézard), « collé au rocher » (daman des rochers)[13] ou facétieuse comme « envahisseur imperceptible » (pou de corps)[13] ou « le gendre n'en vient pas à bout » (le rat kpalang, particulièrement rapide)[14].

Les Moundangs du nord du Cameroun ont un système de totémisme complexe. Les clans portent le nom d'un animal avec lequel ils entretiennent une relation privilégiée et dont ils n'ont généralement pas le droit de manger la chair. Les plus spécifiques sont le clan du Serpent, associé au python et qui est celui des forgerons, et le clan du Singe où on raconte que les cynocéphales ont enseigné aux humains l'art de la sage-femme et de la circoncision[15].

Aires protégées

Plusieurs aires protégées couvrent au total 104 288 km² soit 14,7% de la superficie de l'écorégion :

Voir aussi

Références

  1. (en) D. M. Olson, E. Dinerstein, E. D. Wikramanayake, N. D. Burgess, G. V. N. Powell, E. C. Underwood, J. A. D'Amico, I. Itoua, H. E. Strand, J. C. Morrison, C. J. Loucks, T. F. Allnutt, T. H. Ricketts, Y. Kura, J. F. Lamoreux, W. W. Wettengel, P. Hedao et K. R. Kassem, « Terrestrial Ecoregions of the World: A New Map of Life on Earth », BioScience, vol. 51, no 11, , p. 935-938.
  2. (en) World Wildlife Fund, « The Terrestrial Ecoregions of the World Base Global Dataset », sur http://worldwildlife.org (consulté le ). Disponible alternativement sur : Loyola RD, Oliveira-Santos LGR, Almeida-Neto M, Nogueira DM, Kubota U, et al., « Integrating Economic Costs and Biological Traits into Global Conservation Priorities for Carnivores », PLoS ONE, (consulté le ), Table S1. Les données de température et de précipitations sont les moyennes mensuelles minimales et maximales.
  3. (en)World Wildlife Fund, « WildFinder: Online database of species distributions », , données et carte consultables dans the Atlas of Global Conservation.
  4. (en) J. M. Hoekstra, J. L. Molnar, M. Jennings, C. Revenga, M. D. Spalding, T. M. Boucher, J. C. Robertson, T. J. Heibel et K. Ellison, The Atlas of Global Conservation : Changes, Challenges, and Opportunities to Make a Difference, Berkeley, University of California Press, (lire en ligne), données et carte consultables dans the Atlas of Global Conservation.
  5. Martin et Burgess, One Earth.
  6. Brabant, 1991.
  7. Maha Ngalié, Étude des populations d'Hippopotames : Structure, croissance et régime alimentaire de l'Hippopotame au Parc National de la Bénoué et sa périphérie, Éditions universitaires européennes, 2015 (ISBN 978-3841744241)
  8. Brabant 1991, p. 513-514.
  9. (en) « Western black rhino declared extinct », sur bbc.co.uk
  10. « Le lycaon, un « loup-hyène » menacé », sur Natura Science,
  11. Brabant 1991, p. 374.
  12. Roulon-Doko 1998.
  13. Roulon-Doko 1998, p. 27.
  14. Roulon-Doko 1998, p. 21.
  15. Alfred Adler, « Le totémisme en Afrique noire », in Systèmes de pensée en Afrique noire, 15 | 1998, consulté le 25 mai 2022
  16. DOPA Explorer 2021

Bibliographie

  • Emma Martin et Neil Burgess, Northern Congolian Forest-Savanna, One Earth
  • Paulette Roulon-Doko, Chasse, cueillette et culture chez les Gbaya de Centrafrique, L'Harmattan, (présentation en ligne)
  • Pierre Brabant, Le sol des forêts claires du Cameroun: exemple d'étude d'un site représentatif en vue de la cartographie des sols et de l'évaluation des terres, ORSTOM, (présentation en ligne, lire en ligne)
  • DOPA Explorer, Northern Congolian forest-savanna mosaic, Digital Observatory for Protected Areas (DOPA), 21 avril 2022

Articles connexes

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