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Michel DĂ©troyat

Michel DĂ©troyat, nĂ© le dans le 7e arrondissement de Paris[1] et mort le Ă  Neuilly-sur-Seine, est un pilote d'essai, virtuose de voltige aĂ©rienne, champion de courses de vitesse. Il occupa un rĂŽle important dans l’aviation française de l'entre-deux-guerres.

Michel DĂ©troyat
Les aviateurs français Marcel Doret (1896-1955) et Michel Détroyat (1905-1956).
Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs
SĂ©pulture
Nom de naissance
Maurice Marie Michel DĂ©troyat
Nationalité
Activités
ParentĂšle
Robert DĂ©troyat (cousin germain)

Historique familial

Michel DĂ©troyat est nĂ© dans une famille d'ancienne bourgeoisie originaire du BĂ©arn[2], issue de Pierre DĂ©troyat (1739-1822), marchand drapier, bourgeois de Bayonne, concierge de la maison du roi, inspecteur du relais du comte d'Artois. Son fils Armand DĂ©troyat (1774-1833) Ă©tait vermicellier, bourgeois de Bayonne. Jean Émile DĂ©troyat (1798-1881) Ă©tait nĂ©gociant, prĂ©sident de la Chambre de commerce de Bayonne, chevalier de la LĂ©gion d'honneur. Arnaud DĂ©troyat (1836-1911) Ă©tait banquier et conseiller municipal Ă  Paris. Pierre DĂ©troyat[3] (1867-1952), saint-cyrien de la promotion de l'Annam 1885-1887, Ă©tait gĂ©nĂ©ral de division. Enfin, le capitaine de corvette Robert DĂ©troyat (1911-1941), mort pour la France, Ă©tait son cousin.

Biographie

Michel Détroyat est le fils du général Pierre Détroyat. Il fait ses études à Paris et, à peine sorti de l'adolescence, rejoint l'armée à 18 ans à l'école de pilotage d'Istres.

DĂ©buts dans l’aviation militaire

EntrĂ© dans l’aviation Ă  Istres en 1923 oĂč il contribue en 1924 Ă  la fondation de l’école d’acrobatie, il devient rapidement Ă©lĂšve-moniteur au 34e rĂ©giment d’aviation du Bourget et participe Ă  la crĂ©ation de la premiĂšre « patrouille d’acrobatie » menĂ©e par le commandant Pinsard. Il met alors au point le « tonneau lent », et dĂ©montre sa maĂźtrise de l’art du pilotage. La prĂ©cision de ses atterrissages, moteur calĂ© ou non, lui vaut l’estime de ses pairs.

Il réalise les 12 et le premier aller-retour Paris-Istres sur un Breguet 19 Lorraine à la vitesse de 200 km/h (aller) et 155 km/h (retour) sans erreur de navigation.

Michel DĂ©troyat accueille, le au Bourget, Charles Lindbergh, Ă  l'arrivĂ©e de la premiĂšre traversĂ©e de l’Atlantique sans escale en solitaire[4]. Ils effectuent ensemble, le , un survol de Paris se livrant mĂȘme, Ă  leur retour au Bourget, Ă  un simulacre de combat aĂ©rien[5].

Virtuose de la Haute Ă©cole aĂ©rienne et pilote d’essai

Michel DĂ©troyat quitte l’armĂ©e en juin 1927 et entre chez Morane-Saulnier comme second pilote et instructeur. Il devient pilote d'essai aprĂšs l’accident tragique de son prĂ©dĂ©cesseur, Alfred Fronval, le .

DĂšs lors, Michel DĂ©troyat participe Ă  de trĂšs nombreux concours et exhibitions de « haute Ă©cole aĂ©rienne » ainsi qu’à de nombreux raids. Il se classe Ă©galement souvent Ă  la premiĂšre place des concours de prĂ©cision d'atterrissage.

Il remporte la Coupe Michelin en 1929 et 1930.

De passage Ă  Marseille en mai 1930, il confie sa carriĂšre Ă  la protection de Notre-Dame de La Garde (Ex-voto no 698 visible Ă  la basilique).

MalgrĂ© deux graves accidents (Ă  Baneasa en Roumanie en 1930, puis le de retour d’un meeting Ă  Tours), il poursuit sa carriĂšre et est nommĂ© Chevalier de la LĂ©gion d’honneur le sur son lit d’hĂŽpital.

Il affronte à plusieurs reprises Marcel Doret et JérÎme Cavalli, les autres as français de la voltige aérienne, Gerhard Fieseler et Ernst Udet, les as allemands, ainsi que les pilotes italiens (Colombo), tchÚques (Novak et Ambruz), américains (Milo Burcham), hollandais, portugais, anglais, belges[6].

En 1933, Michel DĂ©troyat est moniteur d’acrobaties d’HĂ©lĂšne Boucher[7].

Le , Michel DĂ©troyat Ă©pouse Fanny Barrois (1913-2006) Ă  Wavrin dans le Nord. De ce mariage naĂźtront quatre enfants.

Cette mĂȘme annĂ©e, il devient chef pilote de l’association Morane-Breguet-Wibault et occupe Ă©galement les fonctions de conseiller technique de la Roumanie.

Le , Michel Détroyat est promu officier de la Légion d'honneur, non sans que le ministre de l'Air se soit inquiété de savoir si la condamnation dont il avait écopé en 1932 pour homicide par imprudence en automobile[8] pouvait y faire obstacle[1].

En septembre 1936, il est invitĂ© Ă  participer aux National Air Races[9] (Los Angeles). Il gagne sur Caudron C.460 Ă  moteur Renault. Le , il remporte le Greve Trophy Ă  397,432 km/h de moyenne. Le , il remporte le trĂšs prisĂ© trophĂ©e Thompson Ă  la vitesse de 425,194 km/h, 52 km/h plus vite que le prĂ©cĂ©dent record[10]. Depuis ce jour, il demeure le seul pilote non-amĂ©ricain Ă  avoir remportĂ© les US National Air Races, vĂ©ritable institution aux États-Unis.

Sa carriĂšre institutionnelle

Le , Michel DĂ©troyat est nommĂ© « Pilote expert national » par le ministĂšre français de l’Air. Il devient alors Inspecteur des matĂ©riels volants des SNCA (SociĂ©tĂ©s nationales de construction aĂ©ronautique) et suit les prototypes avant leur prĂ©sentation devant la CEMA (Commission des essais du matĂ©riel aĂ©rien).

Il se rend alors en Allemagne, invitĂ© par le gĂ©nĂ©ral Ernst Udet qu’il connait depuis les matches d’acrobatie aĂ©rienne de 1928.

En avril 1938, il devient « Conseiller du ministre de l’Air » et effectue plusieurs missions d’études aux États-Unis. Il participe avec Charles Lindbergh (envoyĂ© Ă  la demande de l’ambassade amĂ©ricaine qui lui avait commandĂ© un rapport sur la Luftwaffe) au congrĂšs de Lilienthal. Les deux pilotes parviennent grĂące au gĂ©nĂ©ral Udet Ă  visiter l’usine Messerschmitt et sont complĂštement abasourdis par les cadences de production bien supĂ©rieures Ă  celles qu’ils connaissent dans leurs pays[11]. De retour en France, Michel DĂ©troyat tente d’alerter le ministre et le prĂ©sident du Conseil, Édouard Daladier, et se heurte Ă  un mur : « Vous vous ĂȘtes laissĂ© bluffer, mon petit DĂ©troyat[4]. »

En 1939, il se rend aux États-Unis pour essayer le P-36 dont il favorise la commande d’une centaine d'unitĂ©s. Cet avion fut plus connu en France sous le nom de Curtiss Hawk H.75. Il Ă©quipa l’armĂ©e française durant toute la premiĂšre partie de la Seconde Guerre mondiale.

Le , Michel DĂ©troyat est nommĂ© prĂ©sident de l’Association des professionnels navigants de l’aĂ©ronautique (APNA). Le , Ă  Villacoublay, il donne sa premiĂšre leçon de pilotage Ă  l’empereur Bao DaĂŻ, dernier empereur du ViĂȘt Nam. En septembre, il est mobilisĂ© comme moniteur et initie les pilotes au maniement des derniers avions de chasse. Il garde ses fonctions de premier pilote inspecteur des nouveaux prototypes de l’aviation. Le , il devient capitaine de rĂ©serve.

Il est dĂ©mobilisĂ© en juillet 1940 aprĂšs une mission d’un mois aux États-Unis. Revenu Ă  Paris, il fait quelques vols chez Morane et chez Amiot puis entre dans l’industrie et participe Ă  de multiples galas pour les prisonniers. Il crĂ©e le groupe d’aviation « Hansa » et participe chez Amiot Ă  la mise au point du Junker 52[12].

Il est dĂ©corĂ© le de la Francisque, avec comme parrains le lieutenant-colonel de Gorostarzu et le Dr MĂ©nĂ©trel[13] (Ă©minence grise et confident du marĂ©chal PĂ©tain). Selon Je suis partout, le rĂ©gime de Vichy le nomma Ă  ce moment-lĂ  pilote de l’avion personnel de Philippe PĂ©tain[14].

ArrĂȘtĂ© en octobre 1944 sous l'accusation d'avoir organisĂ© un groupe de transport aĂ©rien au profit des Allemands[15], remis en libertĂ© en [16], il est condamnĂ© le Ă  la dĂ©gradation nationale et Ă  vingt ans d'interdiction de sĂ©jour. Il est rayĂ© des matricules de la LĂ©gion d'honneur le [1].

L’aprùs-guerre

En 1945, il s’installe en Espagne, oĂč il fait la cour Ă  Maud Guilbaud[17], puis en 1946 en Argentine oĂč il devient conseiller technique de diffĂ©rentes firmes. Il travaille pendant un temps pour le milliardaire Jorge de Atucha et s’occupe de sa flotte aĂ©rienne.

En 1951, il revient en France, reprend ses entraĂźnements et participe Ă  des meetings jusqu'en 1954, Ă©poque oĂč il pilote des avions de ligne en Indochine. Il participe notamment au pont aĂ©rien HanoĂŻ-SaĂŻgon. Il est ensuite nommĂ© pilote instructeur Ă  la Direction gĂ©nĂ©rale de l’aviation du ViĂȘt Nam (1955).

Il revient en France en juillet 1955 et pilote des avions à réaction (SIPA S.200, Morane-Saulnier MS.760 Paris et Fouga CM.170 R Magister).

Le , il rĂ©ussit l’exploit de poser son Piper sur une plate-forme cimentĂ©e de seulement 50 m de longueur.

Le , Michel DĂ©troyat est transportĂ© en urgence Ă  l’hĂŽpital pour une intervention importante. Il est opĂ©rĂ© le . Dans la matinĂ©e du , il est terrassĂ© par une embolie cĂ©rĂ©brale. Michel DĂ©troyat comptait 8 200 heures de vol sur plus de 300 types d'avions. Il est inhumĂ© le [18] au cimetiĂšre de Saint-Pierre-d'Irube (PyrĂ©nĂ©es-Atlantiques).

Notes et références

  1. « Cote 19800035/137/17375 », base Léonore, ministÚre français de la Culture
  2. Pierre-Marie Dioudonnat, Le Simili-Nobiliaire-Français, ed. Sedopols, 2012, p.302
  3. « Cote 19800035/0013/1552 », base Léonore, ministÚre français de la Culture.
  4. Michel DĂ©troyat, Pilote d'Acrobatie, Éditions Hachette, Paris, 1957
  5. « Lindbergh sur un avion de chasse a survolĂ© Paris », L'Intransigeant, no 17097,‎ , p. 1 (lire en ligne)
  6. « Michel Détroyat »
  7. Michel DĂ©troyat, Tu seras aviateur, Les Éditions de France, Paris, 1938
  8. « Nouvelles diverses », Le Journal de Flers,‎ , p. 1 (lire en ligne [PDF])
  9. Bill Meixner, « 1936 National Air Races », Society of Air Racing Historians (consulté le )
  10. Paul Magneron, Michel DĂ©troyat, Ă©cuyer du ciel, Éditions AndrĂ© Martel - 1957
  11. Stéphane Koechlin, Dernier vol pour l'enfer : les cinq vies d'Ernst Udet, Fayard, , 384 p. (présentation en ligne), chap. 47 (« Le chef de rayon »)
  12. Bernard Marck, HélÚne Boucher : la fiancée de l'air (lire en ligne)
  13. Claude d’Abzac Epezy, L’ArmĂ©e de l’air de Vichy, SHAA, 1997)
  14. « Par-dessus les nuages », Je suis partout,‎ , P. 2 (lire en ligne)
  15. « DĂ©troyat raflait nos avions pour le Boche ! : le ministre de l'Air l'a fait arrĂȘter », L'HumanitĂ©, no 5 9,‎ , p. 1 (lire en ligne)
  16. « ... Et pourtant il est libĂ©rĂ© ! », Ce Soir, no 1295,‎ , p. 1 (lire en ligne)
  17. Maud de Belleroche, Le Ballet des crabes, Filipacchi, 1975.
  18. Gilbert Desport, Saint-Pierre-d'Irube, Ekaina, coll. « Karrikez Herriak », , 221 p. (OCLC 865961613)

Annexes

Bibliographie

  • Michel DĂ©troyat, Tu seras aviateur, Les Éditions de France, Paris, 1938
  • Michel DĂ©troyat, Pilote d'Acrobatie, Éditions Hachette, Paris, 1957
  • Paul Magneron, Michel Detroyat, Ă©cuyer du ciel, Éditions AndrĂ© Martel - 1957

Articles connexes

Liens externes

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