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Ligne de Lisieux Ă  Trouville - Deauville

La ligne de Lisieux à Trouville - Deauville est une ligne de chemin de fer française d'une longueur de 29 kilomètres, qui relie Lisieux, sous-préfecture du département du Calvados, à Trouville - Deauville. Elle constitue une antenne de la ligne de Mantes-la-Jolie à Cherbourg.

Ligne de
Lisieux Ă  Trouville - Deauville
Image illustrative de l’article Ligne de Lisieux à Trouville - Deauville
BB 16000 en tĂŞte d'une rame de voitures Corail en gare de Trouville - Deauville
Pays Drapeau de la France France
Villes desservies Lisieux, Pont-l'Évêque,
Trouville-sur-Mer, Deauville
Historique
Mise en service 1858 – 1863
Électrification 1996
Concessionnaires Ouest (1855 – 1908)
État (Non concédée) (1909 – 1937)
SNCF (1938 – 1997)
RFF (1997 – 2014)
SNCF (depuis 2015)
Caractéristiques techniques
NumĂ©ro officiel 390 000
Longueur 29 km
Écartement standard (1,435 m)
Électrification 25 kV – 50 Hz
Pente maximale ‰
Nombre de voies Voie unique
(Anciennement Ă  double voie)
Signalisation BAPR-VB
Trafic
Propriétaire SNCF
Exploitant(s) SNCF
Trafic Intercités, TER

Ouverte de 1858 à 1863 par la Compagnie des chemins de fer de l'Ouest à double voie, puis électrifiée en 1996 et alors mise à voie unique, elle assure aujourd'hui un trafic exclusivement de voyageurs à destination des stations balnéaires de la Côte Fleurie.

Elle constitue la ligne n°390 000[1] du rĂ©seau ferrĂ© national.

Histoire

Chronologie

La desserte de la CĂ´te Fleurie

Les et est signé une convention entre le ministre des Travaux publics et les Compagnies des chemins de fer de Paris à Saint-Germain, de Paris à Rouen, de Rouen au Havre, de l'Ouest, de Paris à Caen et à Cherbourg. Cette convention organise la fusion de ces compagnies au sein de la Compagnie des chemins de fer de l'Ouest. En outre elle concède à titre définitif à la compagnie, parmi d'autres lignes, un embranchement de Lisieux à Honfleur. L'article 2 de la convention prévoit que la ligne devra être construite en totalité sous 5 ans, et que le tronçon de Lisieux à Pont-l'Évêque devra être achevé au [2]. Cette convention est approuvée par décret impérial le [3]. Cette liaison est réclamée par les autorités du Calvados et la chambre de commerce du Havre[4].

Les travaux Ă  rĂ©aliser sont assez importants, avec le percement d'un tunnel de près d'un kilomètre sous la ville de Lisieux, rĂ©alisĂ© dans un sous-sol difficile oĂą alternent les bancs de calcaire, couches de sables humides et de glaise. CommencĂ© en , il est achevĂ© un an plus tard. Au-delĂ , la ligne suit le cours de la Touques. La rĂ©ception des travaux a lieu le 22 juin 1858. Le , un premier tronçon de l'embranchement long de 18 km est ouvert entre la gare de Lisieux et la gare de Pont-l'ÉvĂŞque, un an après la date imposĂ©e par le cahier des charges. La liaison de Pont-l'ÉvĂŞque Ă  Honfleur est, quant Ă  elle, mise en service le 7 juillet 1862[4].

À partir de Pont-l'Évêque, un nouveau tronçon est destiné à desservir les stations de la Côte Fleurie sur les rivages de la Manche. Ce nouvel embranchement est concédé par une convention signée les et entre le ministre des Travaux publics et la Compagnie des chemins de fer de l'Ouest. Cette convention est approuvée par un décret impérial le 11 juin 1859[5].

Les travaux sont approuvĂ©s en juillet 1861 et dĂ©marrent aussitĂ´t avec d'importants terrassements. Mais ils sont rapidement interrompus par les difficultĂ©s d'acquisition des terrains, les propriĂ©taires demandant des prix trop Ă©levĂ©s ce qui impose le recours quasi systĂ©matique au jury d'expropriation. Le jury ayant statuĂ© en mai puis aoĂ»t 1862, les travaux reprennent et sont achevĂ©s, y compris les stations et maisons de garde, pour la saison estivale suivante. Le , le prolongement de la ligne, long de 11 km, est ouvert jusqu'Ă  la gare de Trouville - Deauville pour desservir les deux stations balnĂ©aires de la CĂ´te Fleurie[6].

En 1894, le rebroussement des trains à Lisieux est supprimé. En 1899, la ligne est mise à double voie de Pont-l'Évêque à Trouville - Deauville, puis en 1906 de Lisieux à Pont-l'Évêque. Le 26 juillet 1931, la nouvelle gare de Trouville - Deauville est inaugurée par Raoul Dautry[7].

La Seconde Guerre mondiale provoque une forte réduction de l'offre, puis les installations ferroviaires de Lisieux sont bombardées avec la ville par les Alliés et rendues inutilisables. Il faut attendre janvier 1945 pour retrouver un minimum de circulations[8]. Le 11 décembre 1956, un nouveau bâtiment des voyageurs est inauguré en gare de Lisieux ; il remplace le baraquement de planches mis en place à titre provisoire après les destructions de 1944[9].

Ă€ partir des annĂ©es 1970, avec l'achèvement de l'autoroute de Normandie, le trafic dĂ©cline progressivement ; toutefois, il se maintient Ă  un bon niveau lors des week-ends estivaux. Puis, durant les annĂ©es 1980, la « fercamisation Â», fermeture du trafic de marchandises en wagons isolĂ©s avec report sur route, entraine la fermeture des voies de dĂ©bord des gares de Pont-l'ÉvĂŞque et de Trouville[10].

De 1993 Ă  1996, les travaux d'Ă©lectrification de la ligne en 25 kV - 50 Hz, soutenus financièrement par la rĂ©gion Basse-Normandie, sont mis en Ĺ“uvre, dans le cadre du programme global d'Ă©lectrification de la ligne de Mantes-la-Jolie Ă  Cherbourg avec son antenne de Trouville. Les ouvrages d'art sont mis au gabarit Ă©lectrification, et les câbles de tĂ©lĂ©communication sont alors enterrĂ©s. Ces travaux sont l'occasion d'adapter les voies au trafic : la voie, autrefois double, est alors remise Ă  voie unique avec la dĂ©pose de la voie principale en limite d'usure sur l'ensemble du parcours, hormis Ă  Pont-l'ÉvĂŞque oĂą elle fait office d'Ă©vitement intermĂ©diaire de 400 mètres de long accessible Ă  60 km/h. La vitesse de fond de la ligne passe alors de 120 Ă  140 km/h, avec ralentissement Ă  130 km/h Ă  Pont-l'ÉvĂŞque[10].

La ligne se voit dotée du block automatique à permissivité restreinte (BAPR), suffisant vu le trafic attendu, et du contrôle de vitesse par balises (KVB)[10]. Un poste d'aiguillage à relais à commande informatique (PRCI) est installé en gare de Lisieux, opérationnel dès le 30 mai 1994. À compter du 3 juin 1994, il télécommande un poste de même type installé à Pont-l'Évêque, puis à partir du 14 avril 1995, celui de Trouville - Deauville[11].

Caractéristiques

Tracé

La ligne trouve son origine Ă  Lisieux, ville qu'elle franchit par un tunnel long de 992 mètres avant de s'orienter au nord puis au nord-ouest vers la Manche, Ă  travers le paysage verdoyant du pays d'Auge en pente quasi continue de 1 Ă  ‰. Elle suit alors le cours de la Touques sur sa rive droite, fleuve qu'elle franchit peu avant son arrivĂ©e Ă  Trouville[8]. Ă€ noter que la partie de ligne de Pont-l'ÉvĂŞque Ă  Trouville - Deauville avait reçu le numĂ©ro officiel 378 000 avant d'ĂŞtre intĂ©grĂ©e dans l'actuelle 390 000 et dans le mĂŞme temps, la ligne de Lisieux Ă  Honfleur, de numĂ©ro 377 000 a Ă©tĂ© rebaptisĂ©e Ligne de Pont-l'ÉvĂŞque Ă  Honfleur.

Équipement

La ligne est dotĂ©e d'une voie banalisĂ©e avec commande centralisĂ©e de la circulation. Elle est Ă©lectrifiĂ©e, comme tout le rĂ©seau desservi par la gare de Paris-Saint-Lazare, en 25 kV-50 Hz monophasĂ©[12] et Ă©quipĂ©e du block automatique Ă  permissivitĂ© restreinte (BAPR)[13] et du contrĂ´le de vitesse par balises (KVB)[14], mais reste dĂ©pourvue de liaison radio sol-train[15]. L'Ă©vitement intermĂ©diaire de Pont-l'ÉvĂŞque ainsi que les appareils de voie de Trouville - Deauville sont tĂ©lĂ©commandĂ©s de Lisieux[16].

Vitesses limites

Doublette d'éléments X 73500 en gare de Lisieux et à destination de Trouville - Deauville.
Doublette d'éléments X 73500 en gare de Lisieux et à destination de Trouville - Deauville.

Les vitesses limites de la ligne en 2014 pour les trains V 160 ou V 200 sont indiquées dans le tableau ci-dessous mais les trains de certaines catégories, comme les trains de marchandises, sont soumis à des limites plus faibles[16].

De À Limite
Lisieux Le Grand-Jardin 100[17]
Le Grand-Jardin Trouville - Deauville 140

Exploitation

Lors de l'ouverture complète de la ligne en 1863, durant la saison estivale, trois trains aller-retour quotidiens relient Lisieux à Trouville - Deauville en une heure dix minutes, en correspondance avec les trains de Paris[6].

Micheline type 5.
Micheline type 5.

La Compagnie de l'Ouest met en route de nombreux trains de plaisir, et pour sa clientèle plus fortunĂ©e, un train de la Compagnie des wagons-lits (CIWL) rĂ©alisant l'aller-retour chaque week-end en saison de 1884 Ă  1890. Ce train, surnommĂ© « le train bleu Â» en raison de la couleur de ses voitures-lits, est remis en route en 1909 par l'Administration des chemins de fer de l'État jusqu'en 1927. Les nombreuses rĂ©clamations effectuĂ©es après sa disparition entrainent la mise en route de voitures Pullman Ă  partir de 1929. Ă€ cette Ă©poque, la ligne est parcourue en saison par des trains express reliant Paris-Saint-Lazare Ă  Trouville, tractĂ©s par des locomotives Pacific 231.011-060, des 231.501-783 ou des 241.001-049. Des michelines apparaissent sur la ligne Ă  partir des annĂ©es 1930 : le , la micheline, prototype no 5, relie Paris Ă  Trouville en 2 h 03 Ă  la vitesse commerciale de 107 km/h et avec des pointes Ă  130 km/h, soit 32 min de moins que le rapide de première classe de l'Ă©tĂ© prĂ©cĂ©dent. Le , un autorail Bugatti WR « PrĂ©sidentiel Â» relie Paris Ă  Trouville en h09, cette fois en service rĂ©gulier. Une seconde unitĂ© le rejoint l'annĂ©e suivante, puis des michelines triples Ă  partir de 1936[7].

La desserte omnibus est assurée par des locomotives 230.600, remplacées à partir de 1933 par des autorails Renault VH rattachés au dépôt de Lisieux qui relient Lisieux à Trouville en vingt minutes, avec un seul arrêt intermédiaire à Pont-l'Évêque. La traction des trains de marchandises est, quant à elle, confiée à des locomotives 140.500 ou 131 et 141 tender[7].

Durant la Seconde Guerre mondiale, le trafic est fortement réduit, les autorails étant garés en raison des pénuries de carburant. Le faible trafic omnibus maintenu est assuré par des locomotives à vapeur rappelées pour l'occasion. Au début des années 1950, il n'existe toujours pas de liaisons directes au départ de Paris durant l'hiver, hormis lors des fêtes de Pâques et de la Pentecôte ; le service est alors assuré par des autorails ADP et X 2400 de Caen à raison de cinq liaisons aller-retour quotidiennes, et des U 150 d'Évreux en direction de Honfleur. Un aller-retour de première classe au départ de Paris est mis en place le week-end, assuré par un autorail Bugatti, puis à partir de 1955 par des rames à grand parcours (RGP) de type X 2700[9].

La mise en service des Ă©lĂ©ments Ă  turbine Ă  gaz (ETG) le 27 septembre 1970 sur la ligne de Paris Ă  Cherbourg a un impact direct sur la ligne : la desserte est renforcĂ©e avec une liaison Paris - Trouville assurĂ©e toute l'annĂ©e, et ce matĂ©riel permet un gain de temps atteignant de 15 Ă  30 minutes entre Paris et Lisieux, oĂą les omnibus assurent la correspondance. Le , le service voyageurs est supprimĂ© entre Pont-l'ÉvĂŞque et Honfleur, avec transfert sur route au dĂ©part de Lisieux. En 1975, les ETG laissent la place Ă  des rames Ă  turbine Ă  gaz (RTG), avec comme consĂ©quence un gain de confort mais une lĂ©gère dĂ©tente horaire qui augmente les temps de parcours. Le trafic omnibus est quant Ă  lui assurĂ© des annĂ©es 1970 aux annĂ©es 1990 Ă  l'aide d'Ă©lĂ©ments automoteurs doubles (EAD) dits « caravelles Â»[10].

Avec l'électrification de la ligne en 1996, les turbotrains disparaissent et laissent la place aux locomotives BB 16000 et BB 26000 en tête de trois express quotidiens, cinq en été, formés de voitures Corail. La desserte omnibus est alors assurée par des BB 25500 puis des BB 16500 du dépôt d'Achères, attelées à des coupons de rames inox omnibus (RIO) rénovées par la région Basse-Normandie avec une fréquence d'une dizaine de trains chaque jour[11].

La ligne est aujourd'hui exploitée par la SNCF sous les labels TER Normandie (jusqu'à 2016 TER Basse-Normandie) et Intercités. Hors saison estivale, elle voit circuler trois ou quatre trains Corail quotidiens aller-retour en provenance ou à destination de Paris-Saint-Lazare. Les BB 16000 ont laissé place depuis 2007 à des BB 15000 en provenance du réseau Est, libérées par l'ouverture de la LGV Est européenne[11]. Le trafic TER, dorénavant assuré par des X 73500 et des Z 27500, est en constante progression avec désormais neuf allers-retours au minimum les jours de semaine. Les horaires sont cadencés sur cette ligne depuis avec la plupart des départs à ×× h 04 de la gare de Trouville - Deauville et à ×× h 35 de la gare de Lisieux.

Notes et références

  1. Avant la réhabilitation de la ligne et son électrification, il existait deux lignes : la ligne de Lisieux à Honfleur (no 377000) via Pont-l'Évêque et la ligne de Pont-l'Évêque à Trouville - Deauville (no 378000).
  2. « Convention relative à la fusion des chemins de fer normands et bretons », Bulletin des lois de l'Empire Français, Paris, Imprimerie Impériale, xI, vol. 5, no 292,‎ , p. 818 - 828 (lire en ligne).
  3. « no 2877 - Décret impérial qui approuve la convention passée, les 2 février et 6 avril 1855, entre le ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics, et les Compagnies du chemin de fer de Paris à Saint-Germain, de Paris à Rouen, etc. : 7 avril 1855 », Bulletin des lois de l'Empire Français, Paris, Imprimerie Impériale, xI, vol. 6, no 313,‎ , p. 57 - 58 (lire en ligne).
  4. François et Maguy Palau, Le rail en France, tome 2, p. 29
  5. « no 6709 - Décret impérial qui approuve la convention passée, les 29 juillet 1858 et 11 juin 1859 entre le ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics, et la Compagnie des chemins de fer de l'Ouest : 11 juin 1859 », Bulletin des lois de l'Empire Français, Paris, Imprimerie Impériale, xI, vol. 14, no 709,‎ , p. 94 - 126.
  6. François et Maguy Palau, Le rail en France, tome 2, p. 194
  7. « Lisieux - Trouville - Deauville, une antenne active de Basse-Normandie Â», dans Rail Passion no 111, janvier 2007, p. 66
  8. « Lisieux - Trouville - Deauville, une antenne active de Basse-Normandie », dans Rail Passion no 111, janvier 2007, p. 65
  9. « Lisieux - Trouville - Deauville, une antenne active de Basse-Normandie », dans Rail Passion no 111, janvier 2007, p. 67
  10. « Lisieux - Trouville - Deauville, une antenne active de Basse-Normandie », dans Rail Passion no 111, janvier 2007, p. 68
  11. « Lisieux - Trouville - Deauville, une antenne active de Basse-Normandie », dans Rail Passion no 111, janvier 2007, p. 69
  12. [PDF] RFF - Carte des lignes électrifiées (consulté le 2 mars 2014)
  13. [PDF] RFF - Carte des modes d’espacement des trains (consulté le 2 mars 2014)
  14. [PDF] RFF - Carte des lignes équipées de contrôle de vitesses (consulté le 2 mars 2014)
  15. [PDF] RFF - Cartes des lignes équipées de liaisons avec les trains (consulté le 8 mars 2014)
  16. Renseignements techniques SNCF/RFF, version de septembre 2011
  17. 120 km/h pour les TGV et autorails

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • François et Maguy Palau, Le rail en France - Tome II, 1858 - 1863, 2001, 223 p. (ISBN 2-950-94212-1)

Liens externes

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