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Lavaux-Sainte-Anne

Lavaux-Sainte-Anne (en wallon Li VÄ-Sinte-Ane) est une section de la ville belge de Rochefort, en province de Namur. Le village est traversé par la Wimbe et est notamment connu pour son chùteau.

Lavaux-Sainte-Anne
Lavaux-Sainte-Anne
Le chùteau médiéval
Administration
Pays Drapeau de la Belgique Belgique
RĂ©gion Drapeau de la RĂ©gion wallonne RĂ©gion wallonne
Communauté Drapeau de la Communauté française de Belgique Communauté française
Province Drapeau de la province de Namur Province de Namur
Arrondissement Dinant
Commune Rochefort
Code postal 5580
Zone téléphonique 084
DĂ©mographie
Gentilé Valésien(ne)
GĂ©ographie
CoordonnĂ©es 50° 06â€Č 54″ nord, 5° 05â€Č 36″ est
Superficie 1 146 ha = 11,46 km2
Localisation
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Lavaux-Sainte-Anne

    C'Ă©tait une commune Ă  part entiĂšre avant la fusion des communes de 1977.

    À proximitĂ© du village, au lieu-dit "Bois du Charnet", fut Ă©galement fondĂ©e la FraternitĂ© de TibĂ©riade[1], en 1979, par le FrĂšre Marc Piret-GĂ©rard. Cette communautĂ© religieuse catholique compte une trentaine de membres et une communautĂ© de religieuses situĂ©e Ă  PondrĂŽme.

    Histoire

    Nouveau seigneur, nouveau village

    Le , en cour de LiĂšge, un chevalier originaire de Herstal, Jacques Renard de Rouveroit « lieutenant-colonel de l’illustrissime comte de Nassau au service de Sa MajestĂ© impĂ©riale et gentilhomme de la chambre de Son Altesse l’archiduc LĂ©opold d’Autriche », disposant de solides moyens financiers, achĂšte la terre de Lavaux, village de la PrincipautĂ© de LiĂšge, au chevalier Denis de Pottiers, gouverneur de Bouillon.

    Par achats successifs, les Rouveroit deviendront seigneurs d’Ave, Resteigne, Fenffe, Framont, Mesnil l’église, du moulin de Belvaux et possĂ©deront des rentes et fermes dans d’autres lieux. C’est ainsi qu’en 1680, les Chambres de RĂ©union de Metz, aux ordres de Louis XIV, dĂ©crĂ©tant l’annexion du duchĂ© de Luxembourg, le royaume de France dĂ©sire savoir ce que les Ă©trangers possĂšdent sur son territoire. La Haute-cour de Focant dĂ©clarera que le baron de Rouveroit y possĂ©dait une rente d’une « charrĂ©e de foing ».

    La seigneurie de Herstal dont est issu Jacques Renard appartenait aux comtes de Nassau qui rĂ©sidaient Ă  Siegen dans l’actuelle Allemagne rhĂ©nane. En 1616, Jean de Nassau crĂ©e une AcadĂ©mie militaire qui forme en six mois les jeunes nobles aux nouveautĂ©s dans l’art de la guerre.

    À cette Ă©poque, le chevalier Jacques Renard de Rouveroit signe un acte en cour de Herstal en qualitĂ© de vice-colonel du seigneur comte Jan (sic) de Nassau. Les 12 et , il participe, en compagnie de Jean de Nassau, Ă  la bataille de la Slaak qui fut une tentative de dĂ©barquement de troupes en Hollande par la flotte espagnole. En 1634, il est colonel au service de Sa MajestĂ© Catholique (Espagne), en 1641, colonel d’un rĂ©giment Haut-allemand stationnĂ© Ă  Saint-Vith.

    Entre 1618 et 1632, « L'empereur (...) rĂ©clame Ă  l'Infante les rĂ©giments de Rouveroy, etc. » En 1640, il est dans la place forte de Thionville au service de Sa MajestĂ© ImpĂ©riale, surveillant les mouvements de l’armĂ©e du roi de France. Il terminera sa carriĂšre militaire comme « gĂ©nĂ©ral de l’artillerie de Sa MajestĂ© Catholique en ces Pays-Bas ».

    À Prague, le , l’empereur Ferdinand III lui concĂšdera, ainsi qu’à ses descendants, le titre de baron du Saint-Empire. Il se marie Ă  une date inconnue avec sa cousine, Marie ValĂ©rie de Locquenghien hĂ©ritiĂšre de la seigneurie de Pamele Ă  Audenaerde. Sa femme lui survivra jusqu’au . Par ce mariage, le baron et ses descendants deviendront Beer de Flandre.

    Sur l’emplacement du hameau et de la chapelle Sainte-Anne, Jacques Renard de Rouveroit fait construire la ferme du chĂąteau qui existe toujours. Il la munit d’un pont-levis, de douves et de tours d’angle afin d’en assurer la dĂ©fense. Il va aussi transformer la forteresse fĂ©odale en chĂąteau de plaisance, en lui donnant une belle vue sur les campagnes par la suppression de la courtine nord. De mĂȘme, il fait percer de belles et nombreuses fenĂȘtres qui font entrer la lumiĂšre dans les diffĂ©rentes piĂšces. En s’inspirant probablement de ce qu’il a vu en RhĂ©nanie, il fait couvrir les tours de ces magnifiques toits en cloche. La date de ces transformations, 1634, est gravĂ©e au-dessus de l’entrĂ©e de la nouvelle demeure des de Rouveroit. Pendant une centaine d’annĂ©e, Lavaux s’amĂ©liorera sans cesse pour devenir une demeure de luxe et de raffinement.

    Passé le pont-levis, sous le beau porche à colonnes, le visiteur entrera dans les appartements par la porte qui mÚne aux escaliers qui desservent les deux étages du chùteau. La porte actuelle au-dessus des escaliers de la cour d'honneur ne sera construite que dans la premiÚre moitié du XVIIIe siÚcle.

    Du chĂąteau dĂ©pendaient le moulin banal, la « brassinne », la taverne, la ferme du chĂąteau (appelĂ©e aussi basse cour) et la ferme de Soirbois. Toutes ces exploitations Ă©taient louĂ©es Ă  bail par le seigneur qui en tirait des revenus. La ferme de Soirbois n’existe plus depuis bien longtemps mais son souvenir se retrouve dans la toponymie locale : le plantis de la cense.

    Le fermier Ă©tait tenu de rĂ©pandre le fumier de sa ferme sur les terres de Lavaux, et ne pouvait le vendre. Il avait obligation de transporter dix charrĂ©es de charbon au profit du seigneur pour le fonctionnement de sa cuisine. Le mĂ©tayer devait semer moitiĂ© avoine et moitiĂ© seigle. À son entrĂ©e, il devra offrir au baron un pain de sucre de six livres ! Produit trĂšs rare Ă  l’époque car c’était une denrĂ©e coloniale. Quant au moulin banal, un bail de 1700 impose Ă  son propriĂ©taire de nourrir un jeune chien de chasse au profit du seigneur. Cette obligation se rĂ©pĂ©tera dans plusieurs autres actes en faveur de divers chiens.

    Une nouvelle Ă©glise

    Lorsqu'en 1630, le chevalier Jacques Renard de Rouveroit achĂšte la seigneurie de Lavaux-Sainte-Anne, le village est blotti au pied du chĂąteau. Une chapelle dĂ©diĂ©e Ă  sainte Anne aurait Ă©tĂ© construite vers 1476. C'est Ă  la fin du XVe siĂšcle, Ă  la suite des guerres qui ont ravagĂ© les rĂ©gions, que le village de Jusserenne, situĂ© Ă  1,5 km au sud du chĂąteau, a Ă©tĂ© dĂ©sertĂ© par ses habitants qui se rĂ©fugient Ă  Lavaux.

    Le cimetiÚre de l'antique église de ce village, dédiée à Saint-Remy, continuera à recevoir les corps des défunts jusqu'au début du XVIIe siÚcle. Juridiquement, bien que déplacée, la paroisse de Jusserenne subsistera sous l'appellation Ecclesia de Jusrenne qua nunc vallis stù anna.

    L'église de Jusserenne est toujours présente dans la toponymie locale : elle est située au « tienne de la vieille église » et pour y aller on empruntait « le chemin des morts » que le remembrement de 1965 a fait disparaßtre en partie. Le nouveau seigneur exproprie le village et construit à sa place l'actuelle ferme du chùteau.

    Les habitants reconstruisent Lavaux sur la rive sud de la Wimbe qui est sous la juridiction de l'abbĂ© de Saint-Hubert qui en est le seigneur trĂ©foncier. La tradition locale rapporte que c'est dans une grange aux dĂźmes que la nouvelle Ă©glise s'est Ă©tablie. Mais, dans un document de 1719[2], un particulier, nĂ© en 1642, tĂ©moigne avoir assistĂ© Ă  l'Ă©change d'aisances (terrains essartĂ©s) « oĂč est prĂ©sentement bĂątie l'Ă©glise de Lavaux ».

    En , la veuve de Jacques Renard de Rouveroit, Marie Valérie de Locquenghien signe les contrats suivants :

    « Aujourduy huitieme jour du Mois de Maÿ en 1656 Marche et contract a ete faict entre Madame La Baronne de Rouvroit et Baltasar Grisiau scavoir que ledit Baltasar entreprend faire tout le Masonage d une Chapelle que Laditte dame faict eriger et construire a leglise ste Anne Laditte Chapelle contenant vingt cinq pieds de Longueur et quattorze pied de Largeur dans .... avec une cave aussÿ grande que Laditte Chapelle avec La montee pour y descendre et rompire La vieille Muraille pour y mettre deux vosure une petite et une grande avec le pavement de Laditte Chapelle et ce a moyen de deux cent et quarante flz et deux patacons sur la main oultre Laditte .... et .... pour la main que Laditte dame luy debvrat compter oultre en ung pot de pettitte biere qu'elle ferat donner a chaque ouvrier par jour et que Laditte dame debvrat faire charier leau necessaire pour le mortier comme aussÿ elle debvrat livrer sur le lieux les Cordages et planche necessaire tant pour faire Les murailles que vosure de La Cave comme aussy les affranchire contre ceulx de Linchamps pnt Mre Guillaume gisquet et son beau fils Moy pnt Dumont bailly de Lavaux. »

    « Aujourdhuy huitieme jour de Maÿ en 1656 Marche et contract a esté faict entre Madame La Baronne de Rouvroit et Mre Guillaume Gisquet scavoir que ledit Mre Guillaume accomoderat touttes les pieres de taille necessaire a une Chapelle que Laditte dame faict eriger et construir a leglise ste Anne en ce Lieux de Lavaux et elle ferat tirer a ses deppens suivant le plan quil a monstre ala ditte dame Avec ung coronise semblable quil ÿ at icÿ ala basse court Item une grande piere de taille pour recouvrir linterieur de La Cave item une belle table dautel qui debvrat scervir depitafe en la Memoir de feu Monsr Le Baron de Rouvroit son maryt et de Laditte dame et ses successeurs quand il aura plu a dieu de les appelert qui debvrat estre grand de neuf pied de Largeur et la haulteur a Ladvenant deux pillier de jaspe avec les saize quartier darmoiryes au deux coste dans le fond qui srat de Marbre noir il y debvrat avoir une image de noe dame et de St dominique de piere blanche de verdun polie le tout ainsi quil a esté devise et conditionné ». »

    Ce document prouve qu'il préexistait une église en 1656. Cette chapelle du Rosaire était pourvue d'une porte que l'on voit encore aujourd'hui, murée, dans le mur nord de l'église.

    La plaque funĂ©raire de l'abbĂ© Stapine dĂ©cĂ©dĂ© en 1595, donc, avant la construction de l'Ă©glise a Ă©tĂ© placĂ©e dans le mur intĂ©rieur sud et sauvegardĂ©e grĂące Ă  sa valeur artistique. Peut-ĂȘtre les villageois ont-ils voulu conserver la mĂ©moire d'un prĂȘtre particuliĂšrement respectĂ© ? Se trouvait-elle dans l'Ă©glise de Jusserenne qui aurait Ă©tĂ© dĂ©molie lors des travaux de 1672 et dont certaines de ses pierres et monuments auraient Ă©tĂ© rĂ©utilisĂ©s Ă  Lavaux ? Sur ce monument funĂ©raire l'ajout de « delle vaux » en dessous de « curĂ© de Gherenne » semble significatif. Jusserenne Ă©tant abandonnĂ© depuis la fin du XVe siĂšcle mais le curĂ© de Lavaux portait toujours le titre de curĂ© de Jusserenne. Tant que cette plaque se trouvait Ă  l'ancien village, le texte du monument Ă©tait comprĂ©hensible ; ramenĂ©e Ă  Lavaux, il fallait l'expliciter.

    À une Ă©poque inconnue, l'ensemble de l'Ă©difice est Ă©levĂ© de quelques dizaines de centimĂštres ; la pierre qui a servi Ă  cet effet est de couleur diffĂ©rente de l'ensemble. Deux sacristies sont accolĂ©es au chƓur en 1861. En sa sĂ©ance du , le conseil communal considĂšre qu'il y a urgence Ă  construire une tour Ă  l'Ă©glise de Lavaux. C'est le clocher actuel.

    Il en existait un autre car le , les habitants de Lavaux doivent payer le remplacement d'une cloche fĂȘlĂ©e et un document du milieu du XVIIe siĂšcle prĂ©cise que la seigneurie de Lavaux consiste « en un beau village Ă  clocher ». Le clocheton de la chapelle N.D. De Walcourt qui date des annĂ©es 1820 serait-il la rĂ©plique de l'ancien clocher de Lavaux ? Ou celui de la chapelle de Genimont ?

    Le , le conseil communal décide de financer la restauration du jubé.

    Dans les annĂ©es 1930, la baronne Lemonnier finance gĂ©nĂ©reusement la restauration du chĂąteau. Constatant les importants moyens financiers mis en Ɠuvre, l'abbĂ© Lecocq, curĂ© de Lavaux, suggĂ©ra Ă  la baronne que l'Ă©glise aussi mĂ©ritait une restauration. Il avait si bien argumentĂ© son dossier qu'il reçut les fonds nĂ©cessaires.

    Ce fut une rĂ©volution : tout le plĂątre fut arrachĂ© pour laisser la pierre Ă  nu ce qui donna un tout autre aspect Ă  l'Ă©glise. À la suite de ces importants travaux, l'Ă©glise fut reconsacrĂ©e le par l'Ă©vĂȘque de Namur.

    Dans la fin des années 1950, sous le curé Michotte, un mur fut édifié sous le jubé et le décor en bois du maßtre-autel (XVIIe siÚcle ?) fut enlevé et déposé à l'école des filles. Il a disparu...

    Les cordes qui commandaient les cloches furent retirées dans les années 1970 au profit d'un systÚme électrique.

    Malheurs des temps

    Le dĂ©but de la prĂ©sence des Rouveroit fut marquĂ© par une terrible catastrophe : la peste. DĂ©jĂ , vers 1597, « la maladie » avait frappĂ© Lavaux. La pierre tombale de l’abbĂ© Stapinne, curĂ© de Lavaux-Jusserenne l’atteste.

    Le , le dĂ©cĂšs de Jean Belvaux avait semblĂ© si suspect qu’on l’avait enterrĂ© dans la forĂȘt de Hazelle in fine prati del vaulx. La terreur inspirĂ©e par « la maladie » Ă©tait plus forte que l’obligation d’enterrer un dĂ©funt dans la terre bĂ©nite du cimetiĂšre.

    Lâ€˜Ă©pidĂ©mie proprement dite se dĂ©clenche en avec 6 dĂ©cĂšs, 33 en juin, 21 en juillet et 13 en aoĂ»t. Il y avait peu de population et l’on comptait, en temps normal, deux Ă  trois dĂ©cĂšs par an, ce qui montre l’ampleur du terrible flĂ©au qui s’abattit sur toute cette rĂ©gion entre 1635 et 1637. Le curĂ© de Froidlieu, rĂ©fugiĂ© chez son confrĂšre de Lavaux y est dĂ©cĂ©dĂ© comme pas mal d’habitants de la rĂ©gion arrivĂ©s en ce village croyant y trouver le salut.

    Un autre fléau de cette époque fut le passage de diverses troupes en guerre.

    Par un traitĂ© conclu le entre Philippe le Bon, duc de Bourgogne, et le prince-Ă©vĂȘque de LiĂšge, il fut stipulĂ© que le droit de passer et repasser la Meuse par le pays de LiĂšge et le comtĂ© de Looz soit avec des troupes ou autrement appartiendra pour toujours au duc de Bourgogne et Ă  ses successeurs. Les LiĂ©geois ont maintes fois tentĂ© d'abroger ce traitĂ© qui est restĂ© en vigueur jusqu'Ă  la fin de l'Ancien RĂ©gime.

    En 1637, le village est traversĂ© par les armĂ©es impĂ©riales « allants et revenant de France qui ont causĂ© de grands dĂ©gĂąts tant en grains et fourrages qu’en diverses nourritures, logement », et « grand danger de la vie ». Pour dĂ©dommager le baron de son aide pour rĂ©parer ces divers prĂ©judices, les villageois reconnaissants lui promettent une journĂ©e supplĂ©mentaire de corvĂ©e, Ă  perpĂ©tuitĂ©.

    Par la suite, durant les guerres de Louis XIV, diverses troupes passeront et logeront au village. Pour l’annĂ©e 1697, deux sauvegardes : la premiĂšre Ă©mane d’un officier hollandais au service des États-GĂ©nĂ©raux (Hollande) qui dĂ©fend Ă  ses troupes de « ne prendre aucun rafraĂźchissement ni enlever les moutons sous peine de chĂątiments exemplaires ». La seconde est signĂ©e par le comte de Berlo, lieutenant gĂ©nĂ©ral du prince Ă©vĂȘque de LiĂšge, gouverneur de la citadelle de la mĂȘme ville, qui ordonne Ă  ses troupes de « ne rien toucher de ce qui appartient Ă  Monsieur le baron de Rouverois ».

    Sans ces documents protecteurs, obtenus parfois à gros prix, les troupes de passage « vivaient sur le pays » quant au logement, à la nourriture et au « repos du guerrier ».

    Environnement

    Il y avait de nombreux Ă©tangs autour du village. Poissons et canards alimentaient les cuisines du chĂąteau. Le , un grand nombre de propriĂ©taires sont appelĂ©s au chĂąteau « au son de la cloche » afin d’échanger avec le seigneur des terrains qu’ils possĂšdent au lieu-dit « au canard » pour construire une digue sur laquelle passera un chemin.

    C’est l’actuelle digue du « grand Ă©tang » qui a Ă©tĂ© derniĂšrement transformĂ©e par un propriĂ©taire voisin. Les propriĂ©taires reçoivent sept terres appartenant au baron mais comme elles sont de moindre valeur que les terres cĂ©dĂ©es, il remboursera une dette que les habitants de Lavaux avaient contractĂ©e auprĂšs des religieuses ursulines de Dinant.

    Quant aux canards, il existe toujours un lieu appelé « la canardiÚre ». Le bail de cet élevage, confié à un Flamand, Pieter Oosterlinck, canardier du seigneur (1746), a été retrouvé.

    Il Ă©tait prĂ©vu qu'Ă  la fin du bail, le cheptel devait s’élever Ă  100 volatiles qu’il devra les nourrir Ă  ses frais et aura son logement au bois de Hazelle. Il recevra son bois de chauffage mais il lui est interdit de consommer les canards. Le baron, qui s’en rĂ©serve la chasse, s’impose de ne pas les tirer du au de chaque annĂ©e. De plus, il se rĂ©serve la pĂȘche des poissons chaque annĂ©e au mois de mars, « comme aussĂż de tirailler et chasser les loups et sangliers dans le bois de hassel dans la saison rĂ©servĂ©e ».

    Les loups ont parcouru les campagnes jusqu’à la seconde partie du XIXe siĂšcle et il existe plus d’une anecdote Ă  leur sujet. Les habitants de Froidlieu sont appelĂ©s les leus (loups) Ă  la suite de l’histoire suivante : une vieille femme conduisait sa chĂšvre aux champs en passant devant l’église (que des fouilles rĂ©centes ont mise au jour). Elle la lia Ă  la porte pour faire une priĂšre. Un loup rĂŽdant par-lĂ  se prĂ©cipita sur la bĂȘte qui s’engouffra dans le sanctuaire. Le loup la suivit et les habitants le tuĂšrent. D’oĂč la boutade : « Ă  FrĂȘyeu, dus qui l’gate a pris l’leu ». Quant Ă  saint Remacle, patron de l’Ardenne et fondateur de l’abbaye de Stavelot-MalmĂ©dy, la lĂ©gende raconte que son cheval qui portait des sacs de pierres ayant Ă©tĂ© mangĂ© par un loup, le saint obligea ce dernier Ă  reprendre la charge du cheval et lui dit « stav, leu » ce qui veut dire : Ă  l’étable loup ! Cette expression serait Ă  l’origine du nom de Stavelot. La commune de Wellin dont la paroisse est placĂ©e sous le patronage de ce saint moine possĂšde des armoiries qui Ă©voquent cette lĂ©gende.

    Les moines noirs d'Ardenne

    Le monachisme bĂ©nĂ©dictin a fort imprĂ©gnĂ© les campagnes de l’Ardenne et de la Famenne qui Ă©taient partagĂ©es entre l’autoritĂ© de l’abbaye de Stavelot pour Wellin et Focant ou de Saint Hubert pour Jusserenne.

    Jusqu’à la fin de l’Ancien rĂ©gime, c’est le pĂšre abbĂ© de Saint Hubert qui nomme les Ă©chevins de Lavaux-Jusserenne. Des processions annuelles se rendaient Ă  ces monastĂšres ; les croix banales. Quant Ă  saint Hubert, c’était le dernier espoir des malades de la rage qu’on y conduisait afin d’ĂȘtre mis en contact avec une relique du saint dans l’espoir d’une guĂ©rison miraculeuse.

    Les sommets du raffinement

    La premiĂšre moitiĂ© du XVIIIe siĂšcle fut l’époque de la splendeur et du raffinement pour la demeure seigneuriale mais aussi son chant du cygne. Maximilien François Renard de Rouveroit devint seigneur de Lavaux au dĂ©cĂšs de son pĂšre en 1702.

    Toujours soucieux de leur position sociale, les Rouveroit cherchaient Ă  se marier dans la haute-noblesse. Maximilien Ă©pousa Françoise de la Pierre, marquise de Bousies dont il eut un fils, Henri Joachim et une fille ThĂ©rĂšse Henriette qui se maria Ă  Ignace de Mercy d’Argenteau Ă  Lavaux, le .

    Le seigneur de cette Ă©poque envoie une demande d’indemnisation au gouverneur d’Audenaerde pour son chĂąteau de Pamele ayant Ă©tĂ© endommagĂ© par les bombardements de 1684, et une longue occupation militaire. Maximilien François rendit l’ñme le . Son fils Henri Joachim lui succĂ©da et Ă©pousa Charlotte Gabrielle de Joux de Watteville, marquise de Conflans qui lui donna trois filles.

    C’est l’époque du faste et des embellissements : crĂ©ation du grand escalier d’honneur et de la chapelle, du bain Ă  la romaine, du cabinet chinois, tous ces raffinements dĂ©crits par Saumery dans son livre Les dĂ©lices du paĂŻs de LiĂšge.

    Voici une autre description de Lavaux au temps de sa splendeur :

    « Etat et consistance de la terre et seigneurie de Lavaux Ste Anne et de la terre et seigneurie d’Ave y joignante et annexĂ©e. La terre et seigneurie de Lavaux Ste Anne est situĂ©e dans le pays de LiĂšge au quartier d’Omont entre Dinant et Rochefort, elle est Ă©rigĂ©e en baronnie par l’empereur Ferdinand III. Elle consiste en un beau village Ă  clocher d’environ 150 habitants. La cure de Lavaux est Ă  la collation de l’abbĂ© de Saint Hubert, mais il y a un bĂ©nĂ©fice castral Ă  charge d’une mense journaliĂšre Ă  la collation du seigneur dont le revenu est d’environ 50 Ă©cus des biens indĂ©pendants des revenus du seigneur. Droit de guĂ© et garde par les habitants Ă  leurs frais. Droit de corvĂ©e, savoir par chaque laboureur un an charriage des fumiers, un au semage des Ă©paĂ»tres, un au semage des marsages et charrier encore chacun quatre charĂ©es de foin aux greniers Ă  foin du seigneur et doivent encore chaque chaque habitant deux corvĂ©es de fauchage et deux de fenaille aux foins qu’on estime par an Ă  environ 100 fl Droit d’hestelage Ă  la franche foire de Ste Anne, afforage, winage, plantĂ©s, confiscations, relief des fiefs et amendes environ 30 fl Les autres droits et biens du seigneur consistent en un grand et trĂšs beau chĂąteau premiĂšrement pour l’intĂ©rieur qui est ornĂ© des cheminĂ©es de marbre, trĂšs belles boiseries et peintures, lequel est environnĂ© d’un beau fossĂ© revĂȘtu de murailles. 1er Une trĂšs grande et belle basse cour complĂšte dans laquelle il y a un bassin avec jet d’eau, oĂč on peut Ă©lever des truites et autres poissons. 2e En un grand jardin potager au milieu duquel au milieu duquel est aussi un bassin avec jet d’eau. Lequel jardin est rempli de toutes sortes d’arbres Ă  fruit et renfermĂ© de murailles, contenant le chĂąteau, basse cour, fossĂ© trois bonniers quarante deux verges petites. 3e Une trĂšs belle houblonniĂšre contenant environ un bonnier ; ces trois articles qu’on estime de produit par an 300 fl En quatre belles prairies dit verger ou paschis renfermĂ©s de vives haies franche de pasture en tout temps, joignantes et tenantes au jardin, une dequelle est trĂšs bien arborĂ©e d’arbres Ă  fruit et renfermĂ©e de murailles, contenant les quatre ensemble quinze bonniers demi cinquante sept verges petites. en argent 10 713 fl. en Ă©peautre quarante quatre muids quatre tiers deux quarts demi une (illisible) lesquels Ă©valuĂ©e Ă  sept florins chaque muid font la somme de 31 110 fl en avoine trente sept muids deux quartes deux meulles demi, lesquels Ă©valuĂ©s Ă  six florins chaque muid font la somme de 22 210 fl Lesquels cens et rentes ensemble portent annuellement environ 6 781 212 fl et un terrage qui est une 12 e dans les aisances ou communes de toutes espĂšces de grain qu’y s’y recueillent pouvant valoir annuellement environ 80 fl en un moulin Ă  farine banale tant pour le village de Lavaux Ste Anne que partie de celui de Froidlieu, lequel est construit sur la riviĂšre de Wimbre avec maison Ă©curies, jardins, houblonniĂšre dans rendage de 200 fl en une brassine avec tous les ustensiles remise Ă  louage au meunier pour le prix de 40 fl un grand Ă©tang contenant environ 60 bonniers lequel peut ĂȘtre chargĂ© au moins de 10 000 alvains ou jeunes carpes, de trois ans sans comprendre les brochettoirs et autres poissons, lequel se pĂȘche de trois ans en trois ans, de sorte que quand bien il y aurait un tiers de la charge perdue ou mangĂ©e, il resterait plus de 600 carpes de six ans ou de trois livres Ă  faire profit, qui Ă  raison de 4 l. de LiĂšge les livres feraient chaque pĂȘche 3 600 fl sans compter les autres poissons, lequel aprĂšs avoir Ă©tĂ© pĂȘchĂ©s deux fois se met d’ordinaire en labeur pendant 3 ou 4 annĂ©es dont le produit est lors plus considĂ©rable que celui de la pĂȘche ce qui produit par an 1 200 fl Un autre Ă©tang auquel il y avait une bonne canardiĂšre contenant environ six bonniers trois autres petits Ă©tangs dont on tire aussi du revenu, profit et les alvains pour charger le grand Ă©tang contenant ensemble trois bonniers un journal environ, dont ces deux Ă©tangs pourraient produire ensemble environ par an 200 fl. »

    Une nombreuse domesticitĂ© veille au bien-ĂȘtre du seigneur qui emploie le sieur Grandchamps comme « mailtre d’hostel ». La bibliothĂšque de Henri Joachim de Rouveroit, dernier seigneur rĂ©sidant Ă  Lavaux, Ă©tait importante ; un petit millier de livres. Voltaire, CervantĂšs, de SĂ©vignĂ© et bien d’autres auteurs y Ă©taient lus. On y trouve des livres d’histoire, de gĂ©ographie, de religion, de philosophie, d’aventures, sur l’électricitĂ©, le jardinage, ainsi que des piĂšces de thĂ©Ăątre. Le cabinet de musique possĂ©dait les partitions des grands musiciens français et italiens de cette Ă©poque comme, Lully, Bernier, de Blamont, Campra, Rameau, Destouches, Vivaldi, Albinoni, etc.

    Le , à Gand, Henri Joachim assiste à l'inauguration de la reine de Hongrie comme comtesse de Flandre. Il est le troisiÚme des seigneurs de Flandre en rang de préséance.

    Le dernier Rouveroit et sa femme semblent avoir rĂ©sidĂ©, en partie, Ă  Namur car Henri Joachim dĂ©cĂšde Ă  en cette ville, qui est occupĂ©e par l’armĂ©e du roi de France, le et sa femme, Charlotte Gabrielle de Joux de Watteville en la mĂȘme ville, le .

    Les chĂątelains de Lavaux avaient trois filles. Les contacts namurois ont permis de beaux mariages :

    • Marie Amour DĂ©sirĂ©e Ă©pouse, Ă  Lavaux, le le prince de Gavre, gouverneur de Namur qui devient le dernier seigneur de Lavaux.
    • Marie Françoise Ă©pouse le seigneur de Marbais et Marie Charlotte Gabriel Ă©pouse le comte de Rodoan de la Marche. Quelques annĂ©es aprĂšs le dĂ©cĂšs de son mari, la dame de Lavaux partira dĂ©finitivement Ă  Namur auprĂšs de sa fille. Mais en 1749, elle signe, Ă  Lavaux, le bail de la basse cour qui donne des indications sur la vie de tous les jours en ce lieu et prouve que la Dame douairiĂšre y rĂ©sidait encore.

    Le fumier sera conduit sur les terres du chĂąteau et dans le jardin de « ladite Dame », les arbres seront armĂ©s d’épines afin qu’ils ne soient pas endommagĂ©s par le bĂ©tail.

    « Le fermier deverat aussĂż nourrir quatre vaches qui lui seront mises de la parte de la ditte dame qui profiterat du lait d’icelle, de meme que de nourrir deux jeunes bestes courantes quatre cochons et deux chiens de chasse si on luĂż met, et profiterat le reprenneur des relaveurs de la cuisine. Autre obligations : « aller chercher avec ses chevaux et sacques les rentes dues a la ditte Dame tant a wanlin, lessive qu’a lomprez (...) pour les ramenner aux greniers du dit chateau, et en cas on viendroit a les vendre a dinant, givet ou aussĂż loin », « ne pourrat (...) entrer dans les granges et escuries avec lumiere nue, n’ÿ pipe allumĂ©e », « serat obligĂ© de raporter la clef de la porte d’entrĂ©e chacques fois apres que son betail sera rentrĂ© et la remettre en main propre de la personne qui luĂż serat designĂ©e », « faire netoier le fossĂ© qui entoure le chateau et la basse court (...) serat obligĂ© de menner avec ses chevaux et chariots les boĂ»es sur les terres (...) pendant quinze jours ou trois semaines de chacque annĂ©e » »

    .

    Il est aussi question de culture d’avoine, d’épeautre, de navets et de chanvre ainsi que de la houblonniĂšre de Geronvaux qui se situait entre la Wimbe et le bief du moulin et dont la culture alimentait la « brassinne ».

    L’abandon de Lavaux par la baronne se situe trĂšs probablement au dĂ©but de la dĂ©cennie de 1750. Les meubles du chĂąteau sont vendus en trois sĂ©ances : et et . La bibliothĂšque et les armes du dĂ©funt baron sont mises en vente publique le , Ă  Namur par le notaire Mormal.

    Projets de mariage

    En 1746, les armées de Louis XV prennent la ville de Namur. Pendant l'hiver 1747-1748, le prince de Montbarey est nommé lieutenant-général et affecté à la garnison de Namur. Il a une liaison intime avec une femme de bonne maison de la région. Son fils de 17 ans, Alexandre, officier de l'armée française l'accompagne.

    Le gĂ©nĂ©ral est cousin issu de germain de la baronne de Rouveroit, nĂ©e de Watteville. Cette derniĂšre, Ă©tablie richement, avait une trĂšs bonne maison Ă  Namur. Elle avait trois filles. Alexandre deviendra rapidement amoureux de l'aĂźnĂ©e des filles de Rouveroit, Marie Amour DĂ©sirĂ©e qui partage les mĂȘmes sentiments.

    Les parents voient d'un bon Ɠil le rapprochement des deux familles car l'arriĂšre-grand-mĂšre d'Alexandre Ă©tait une de Watteville. Le mariage est annoncĂ© et toute la garnison de Namur est au courant de cette idylle. Malheureusement, la maĂźtresse du gĂ©nĂ©ral de Montbarey, trĂšs jalouse de Madame de Rouveroit, va rĂ©ussir Ă  brouiller tout le monde.

    Alexandre est envoyé à Paris et en Franche-Comté. Il entretient une relation épistolaire avec sa bien-aimée et finira par apprendre le mariage de celle-ci avec le prince de Gavre. Le prince Alexandre de Montbarey est devenu ministre de Louis XVI et mourra en exil pendant la révolution.

    Abandon du chĂąteau

    Le , l’abbĂ© Guillaume Berard, bailli de Lavaux, accompagnĂ© du sieur Guerin, tapissier Ă  Namur, constate que « tous les meubles et effects appartenants a la famille du seigneur Baron de Rouveroit (...) ont Ă©tĂ© vendus et que ce chatteau se trouve aujourdhuy pour ainsi dire abandonnĂ© et desert par les maitres ».

    Une liste est dressĂ©e du peu de mobilier encore prĂ©sent et il est demandĂ© au comte de Mercy de faire transfĂ©rer Ă  Andenne « chez Mademoiselle de Pamele Baronne de Rouveroit chanoinesse de l’Illustre chapitre pour Ăż estre mieux placĂ© et entretenĂ» ».

    L’abbĂ© Berard est autorisĂ©, en 1759, par la princesse de Gavre, Ă  continuer son office de bailli. Il rĂ©side certainement au chĂąteau oĂč la chapelle lui permet de dire sa Messe quotidienne. À sa mort en , il sera remplacĂ© par un membre de sa famille, l’abbĂ© Jean Joseph Berard qui reprendra la charge de son parent. Un neveu de cet abbĂ© exercera un moment la fonction de sergent, c'est-Ă -dire de garde-champĂȘtre.

    Vers 1795, on retrouve l’abbĂ© Berard, curĂ© de Lessive, qui rend des comptes aux nouvelles autoritĂ©s quant Ă  sa gestion du domaine de Lavaux. Les abbĂ©s-baillis de Lavaux tiendront consciencieusement les comptes des recettes et dĂ©pens du domaine du prince de Gavre auquel ils feront parvenir ses revenus et de temps Ă  autre, des Ă©crevisses de Gongon et du gibier qui Ă©taient envoyĂ©s Ă  Namur via Dinant et le bateau. Le chĂąteau continuera Ă  ĂȘtre entretenu jusqu’à l’aube du XIXe siĂšcle ; vitres, portes, fenĂȘtres, toitures, murs, jardins, arbres, etc. Les factures de ce genre sont nombreuses dans les archives des comptes du chĂąteau.

    Vie au village

    Les cĂ©rĂ©ales, sous forme de pain, formaient la base de la nourriture. Les plus pauvres faisaient usage d’une farine mĂ©langĂ©e de seigle et d’épeautre qui donnait un pain noir. En cas de disette, on se servait de farine d’avoine. La viande n’était connue que sous forme de lard ou de cochon salĂ©. Quant aux lĂ©gumes consommĂ©s, c’étaient des choux, des pois et des haricots.

    Un document de 1779 apprend que « l’on a coutume depuis quelques annĂ©es de planter des topinambours ». Au XVIIIe siĂšcle, l’arrivĂ©e des pommes de terre permit de donner un supplĂ©ment de nourriture aux classes laborieuses.

    Les habitations Ă©taient peu solides et consistaient en un assemblage de bois et de torchis. Les toits Ă©taient recouverts de chaume et les sols Ă©taient de terre battue. Les fumiers se trouvaient devant les portes des maisons, infectant l’eau et l’air.

    Une vente publique pour dettes Ă  la ferme du moulin, en 1684, renseigne sur le mobilier : une table, des bancs et des coffres. Le bĂ©tail est composĂ© de vaches et bƓufs bruns ou rouges, de chevaux et de porcs. Il y avait deux classes sociales : les laboureurs qui Ă©taient des propriĂ©taires exploitants et les « manouvriers » qui louaient leurs services Ă  la journĂ©e. C'est parmi les laboureurs qu'Ă©taient choisis les maĂŻeur, Ă©chevins, bailli, sergent et forestier.

    Les soins d’hygiĂšne corporelle se faisaient seulement une fois par semaine, le dimanche matin, jour de priĂšre et de repos. AprĂšs la messe, le repas familial pris, toute la famille allait au lit, se levant pour assister aux vĂȘpres. Cela donnait peut-ĂȘtre un peu de temps libre aux parents... Cette habitude perdurera jusqu’au dĂ©but du XXe siĂšcle.

    Les animaux de trait bénéficiaient, eux aussi, de ce jour du Seigneur. Il fallait vraiment un cas de force majeure (par ex. danger de destruction des foins ou récoltes) pour que le curé donne une dispense pour travailler le dimanche.

    Les diverses obligations sont parfois bien lourdes : un arrĂȘt rendu en cour de Bouillon, en 1779, condamne les habitants Ă  « la depense (...) de la construction, tant d’une neuve et spacieuse grange de deux grandes ecuries que d’une bergerie et etable de cochons pour l’usage d’un curĂ© de la ditte paroisse outre qu’elle se trouve chargĂ©e du retablissement d’une cloche cassĂ©e a leur eglise ».

    Au procĂšs, les habitants se plaignaient d’ĂȘtre pauvres, qu’il n’y avait pas assez de fumier pour engraisser le terrain, qu’on semait fort peu de seigle car le rendement Ă©tait mĂ©diocre. De mĂȘme, en 1707 dĂ©jĂ , le seigneur de Lavaux, dĂ©clarait payer 45 florins par an Ă  la taille des nobles « qui est bien ce semble tout es que peut porter une terre (...) dans un mauvais paĂżs ».

    Lavaux Ă©tait le siĂšge d’une cĂ©lĂšbre foire franche qui se tenait sur la place du village (prĂšs du moulin banal) Ă  la Sainte-Anne () et Ă  la Sainte-Catherine (). Le mercredi avait lieu le marchĂ©. À cette occasion, les commerçants utilisaient des unitĂ©s de mesure, l’aune et le pied, gravĂ©es dans une pierre que l’on peut encore observer aujourd’hui dans le garde-fou du pont sur la Wimbe. Le soleil de l’étĂ© Ă©chauffait-il les esprits ? Toujours est-il que, Ă  la suite de dĂ©sordres, querelles et dĂ©bauches (sic), le conseil impĂ©rial de la principautĂ© Ă  LiĂšge prit, en 1706, la dĂ©cision de supprimer la foire de Sainte-Anne tout en laissant au baron de Rouveroit la latitude de la fixer Ă  un autre jour.

    Le , les merciers de Dinant obtiennent du Conseil privé le rétablissement de la foire.

    La fĂȘte de Lavaux avait lieu le dimanche qui suit le , jour anniversaire de la dĂ©dicace de l’église Ă  saint Remy, patron de la paroisse de Lavaux-Jusserenne. C’était l’occasion de diverses rĂ©jouissances.

    Meurtre de 1764

    Le dimanche , c’est la fĂȘte Ă  Lavaux, la Saint-RĂ©my, la ducasse. Des joueurs de violon venant de Villers-sur-Lesse ont jouĂ© Ă  la grand-messe et resteront encore quelques jours pour animer les jeux et danses villageois. Le lundi 15 au matin, une bande de mauvais garçons qui s’était dĂ©jĂ  fait remarquer dans le passĂ©, dĂ©ambule dans le village armĂ©e de fusils et de sabres et tenant des propos belliqueux. Ils insultent le sergent qui les interpelle. Le mardi 16, le bailli Berard est informĂ© qu’il y a un cadavre devant la maison du moulin, sur le chemin seigneurial. C’est le corps de Jean Joseph Rigaux qui d’aprĂšs le chirurgien requis a reçu « un coup entre la cinquiĂšme et sixiĂšme de vraĂże cote du cotez gauche de bas en haut luĂż prenant la pointe du cƓur transversalement jusqu’au ventricule droit ».

    Jean Joseph, qui venait de se marier au mois de mai, faisait partie de la bande. Le seize au matin, ils prenaient force consommations en la taverne du moulin, juraient, blasphĂ©maient, faisaient du tapage. Vers une heure de l’aprĂšs-midi, voyant venir, de la place, la jeunesse prĂ©cĂ©dĂ©e par les violoneux, les mauvais garçons sortirent de la taverne armĂ©s de pierres, de bĂątons et de fourches et vinrent fondre sur les jeunes gens qui montaient sur le cĂŽtĂ© du moulin.

    Jean Joseph Rigaux se jeta, une pierre dans chaque main, sur Henry Joseph, maĂźtre de la jeunesse et organisateur des jeux et danses. Ce dernier, aprĂšs avoir mis le furieux en garde, lui planta son couteau de chasse dans la poitrine. Jean Joseph tomba raide mort. Le dossier est transmis Ă  la Cour Souveraine de Bouillon qui ordonne, le , la prise de corps de Henry Joseph pour ĂȘtre conduit en la prison de Lavaux et y ĂȘtre interrogĂ© sur les faits. Il ne semble pas ĂȘtre restĂ© longtemps incarcĂ©rĂ© mais Ă©tait contraint de se prĂ©senter Ă  la justice Ă  premiĂšre demande.

    En dĂ©cembre, jugeant par rencharge (confirmation) Ă  la justice de Lavaux, la Cour de Bouillon ordonne le dĂ©faut contre Henry Joseph non comparant et fait droit Ă  la requĂȘte, en partie civile, de la veuve Rigaux. La suite de l’histoire est inconnue. Toutefois, prĂšs de la taverne, on plantera une croix commĂ©morant cette mort violente. Cette croix d'occis pourrait avoir gĂȘnĂ© les travaux de reconstruction du moulin en 1830. Elle est actuellement scellĂ©e dans le mur extĂ©rieur est d’une des deux sacristies de l’église. « Icy perdit la vie, le 16 octobre 1764, Jacques Joseph Rigaux de Lavaux ».

    Pourquoi Lavaux, village de la Principauté de LiÚge devait-il suivre la coutume de la Cour Souveraine de Bouillon? Lavaux était un bien de l'abbaye de Saint-Hubert qui a délégué ses pouvoirs à un avoué, le seigneur de Mirwart qui était pair et vassal de Bouillon. Celui-ci délÚgue ses droits sur Lavaux à un vassal qui est tenu de rendre la justice selon la coutume de Bouillon. La Cour Souveraine n'y a rien à juger sinon par appel et en causes criminelles.

    Florimond Claude de Mercy-Argenteau Ă  Lavaux

    Le , le curĂ© de Lavaux complĂšte les rites de baptĂȘme d'un neveu du seigneur. Il s'agit de Florimond Claude de Mercy-Argenteau nĂ© le , fils de feu ThĂ©rĂšse Henriette de Rouveroit dĂ©cĂ©dĂ©e le .

    AprĂšs la mort de sa mĂšre, son pĂšre le confie, au moment de son dĂ©part pour l'armĂ©e, Ă  son beau-frĂšre. À 7 ans, il quitta Lavaux pour aller Ă©tudier Ă  Turin. À 23 ans, Florimond Claude entre dans la carriĂšre diplomatique, Il devient ambassadeur auprĂšs des cours de Turin, de Saint-PĂ©tersbourg et de Varsovie.

    AprÚs un séjour à Vienne, il est envoyé, en 1766, à Versailles comme ambassadeur de l'impératrice d'Autriche. C'est lui qui négocia auprÚs de Louis XV le mariage du futur Louis XVI et de l'archiduchesse Marie-Antoinette d'Autriche. Il fut le mentor de Marie-Antoinette à Versailles et rapportait ses moindres faits et gestes à sa mÚre l'impératrice. Il a laissé une volumineuse correspondance avec l'impératrice.

    Monsieur de Mercy quitta Paris le et fut nommé gouverneur général des Pays-Bas autrichiens en l'absence de l'archiduchesse Marie-Christine et de son mari. Il quitta Bruxelles devant l'avance des troupes françaises. Investi d'une mission de confiance par l'empereur auprÚs du gouvernement anglais, il mourut à Londres, le .

    Temps des révolutions

    Lors de la RĂ©volution brabançonne, Lavaux se trouvera dans les lignes de l’armĂ©e impĂ©riale alors que Focant sera dans les lignes de l’armĂ©e patriote. Ce sont, une fois de plus, rĂ©quisitions de fourrages et autres nourritures. Par la suite, ce sera la garnison française de Charlemont (Givet) qui viendra voler les ressources de la rĂ©gion.

    Voici le premier contact entre la RĂ©publique et le chĂąteau. La principautĂ© de LiĂšge n’étant pas encore officiellement annexĂ©e par la France :

    « L’an mil sept cent quatre vingt treize deuxiĂšme de la rĂ©publique française, le premier fĂ©vrier avant midi nous Gerrein et Apollon commissaires prĂ©posĂ©s Ă  l’ effet de mettre Ă  exĂ©cution et sans dĂ©lai les dĂ©crets concernant les biens des Ă©migrĂ©s trouvĂ©s hors du territoire de la rĂ©publique française conformĂ©ment aux instructions Ă  nous donnĂ©es accompagnĂ©s des citoyens Jacques Poncelet et Antoine Marchal tĂ©moins Ă  cet effet sommes transportĂ©s au chĂąteau de Lavaux Ste Anne appartenant au cidevant prince degavre rĂ©sidant actuellement dans le pays de l’empire y avons trouvĂ© le citoyen Jean Francois Michel lequel ayant Ă©tĂ© interpellĂ© Ă  nous faire sa dĂ©claration nous a dit que le prince degavre n’avait pas habitĂ© son chĂąteau depuis quarante ans nous a conduit dans tous les appartements oĂč n’avons trouvĂ© que la boiserie et plusieurs tableaux y attenant nous a conduits ensuite dans une petite chapelle oĂč nous avons trouvĂ© et enlevĂ© suivant instructions Ă  nous donnĂ©es un calice une patĂšne avec une petite cuillĂšre tout en argent deux aubes cinq nappes avec deux petits linges en prĂ©sence des deux tĂ©moins avons trouvĂ© en outre une petite et grande armoire fermĂ©e et n’y ayant pas de clĂ© y avons apposĂ© des scellĂ©s, de mĂȘme que sur la chapelle oĂč il y a encore deux bancs et un tableau quant aux biens fonds dĂ©pendant dudit chĂąteau nous n’avons pu en ĂȘtre instruits formellement vu que l’administrateur n’ Ă©tait point prĂ©sent et quel Ă©tait de retour dans quelques jours aprĂšs quoi nous avons lu et fait signer le procĂšs-verbal aux deux tĂ©moins fait au chĂąteau de Lavaux Ste Anne le 1er fĂ©vrier 1793 an deuxiĂšme de la rĂ©publique française »

    .

    Le chĂąteau n’a pas subi le saccage et l’incendie, contrairement Ă  ceux de Focant, Beauraing et Hierges perpĂ©trĂ©s par les bandes de Delecolle, maire « sans culotte » de Givet. Prenant la suite de l’abbĂ© Berard, c’est le notaire Laffineur rĂ©sidant Ă  Eprave qui va gĂ©rer les intĂ©rĂȘts du prince de Gavre.

    En encore, de sa rĂ©sidence de Bruxelles, le prince lui ordonna, comme il en avait l’habitude, de distribuer des secours aux pauvres de sa seigneurie.

    A Lavaux comme ailleurs, il faut faire disparaßtre « les signes effrayants de la tyrannie ». Le , Jacques Genot reçoit quinze florins de Brabant pour avoir employé six journées à mettre bas les banniÚres du chùteau par ordre du commissaire du directoire exécutif Poncelet du canton de Rochefort. Deux jours plus tard, le sieur Pierre Spiroux, maçon de son état, reçoit cinquante sous de LiÚge pour « deux journées emploiées a faire disparoitre et anéantir les armoiries du chùteau de La vaux Sainte Anne ». Le peuple sera désormais rassuré...

    En ce , l’administration centrale du dĂ©partement de la Dyle siĂ©geant Ă  Bruxelles, examine la requĂȘte prĂ©sentĂ©e par la citoyenne veuve Rodoan fondĂ©e de pouvoir de sa sƓur la ci-devant princesse de Gavre et de ses enfants. Elle demande que leurs noms soient rayĂ©s de la liste des Ă©migrĂ©s. Des certificats de mĂ©decins viennois attestent que leurs santĂ©s ne leur permettaient pas de voyager et qu’ils Ă©taient dans l’impossibilitĂ© de regagner leur domicile. Ils peuvent donc rentrer en possession de leurs biens sĂ©questrĂ©s Ă  condition de revenir en leurs foyers oĂč ils resteront sous la surveillance de la municipalitĂ©.

    Le , ce sera au tour de l’administration du dĂ©partement de Sambre-et-Meuse de se prononcer sur la levĂ©e de sĂ©questre des biens de LĂ©opold de Gavre, ultime seigneur de Lavaux. Il est reconnu que ce dernier ĂągĂ© de trente ans est au service de la Maison d’Autriche depuis l’ñge de quinze Ă  seize ans et qu’il n’a pas discontinuĂ© d’ĂȘtre au service de la dite Maison. « ConsidĂ©rant que le dĂ©cret de la Convention nationale du 14 nivĂŽse an III porte qu’il ne sera plus donnĂ© suite au sĂ©questre (...) des biens appartenans aux habitans de pays en guerre avec la RĂ©publique, et que LĂ©opold de Gavre Ă©tant d’un pays en guerre avec la RĂ©publique française, il doit jouir du dĂ©cret du 14 nivĂŽse an III ».

    LĂ©opold de Gavre retrouve donc, en droit, son domaine de Lavaux. Toutefois, Ă©tant au service d’une nation en lutte contre la France, il lui Ă©tait impossible de revenir au pays. C’est ainsi qu’une sĂ©ance d’adjudication publique d’un bail pour un terme de trois ans sur le domaine de Lavaux se tient Ă  Wellin le .

    Par l’intermĂ©diaire d’un homme de paille, c’est le notaire Laffineur d’Eprave, gestionnaire des biens de la famille de Gavre qui emporte l’adjudication. Le chĂąteau et le domaine de Lavaux vont entrer intacts dans le XIXe siĂšcle. Le , chĂąteau et domaine sont vendus aux familles Malacord et Fischbach de Stavelot.

    Avec l’effacement de son dernier seigneur, la vieille demeure seigneuriale quitte l’histoire. En 1905, le pilori qui Ă©tait au milieu de la cour du chĂąteau est vendu au MusĂ©e de Mariemont.

    Victime de la conscription

    Afin d’alimenter les guerres de la RĂ©publique et de l’Empire, la France avait besoin de matiĂšre premiĂšre : la chair Ă  canon. NĂ©anmoins, cette conscription sera moins lourde que ce qu’on pourrait imaginer. En 1798, le dĂ©partement de Sambre-et-Meuse comptait une population de 165 191 habitants.

    De l’an VII Ă  l’an XIII, 14 355 jeunes hommes Ă©taient inscrits pour le tirage. Seuls 2 078 ont Ă©tĂ© enrĂŽlĂ©s dans l’armĂ©e. Parmi ceux-ci, un jeune homme natif de Lavaux, Antoine Godenne est affectĂ© au 53e rĂ©giment d’infanterie de ligne comme grenadier au 1er bataillon. Ce rĂ©giment faisait partie de l’ArmĂ©e d’Italie depuis 1800. Cette armĂ©e franchit la Piave et le Tagliamento en . Antoine Godenne fut-il blessĂ© ou malade ? Il entre Ă  l’hĂŽpital Saint-Sylvestre de Vicence le et y dĂ©cĂšde le .

    Village frontiĂšre

    Terre liégeoise, Lavaux était bordé au sud, à l'ouest et au nord ouest par le duché de Luxembourg. Le , le premier traité de Paris laisse à la France les cantons du département de Sambre-et-Meuse qui entourent Givet. La frontiÚre passait entre Focant qui était dans le royaume de France, département des Ardennes et Lavaux qui faisait partie du royaume des Pays-Bas, province de Namur.

    Le second traité de Paris du , ramÚnera la France aux frontiÚres de 1790 et mettra fin à cette situation.

    Royaume de Belgique

    De la pĂ©riode qui va de l’Empire Ă  la Belgique indĂ©pendante en passant par l’intermĂšde hollandais, il ne se passe rien de marquant Ă  Lavaux sinon qu’en 1826 est dressĂ© le premier cadastre officiel du village. On y constate que le centre de la localitĂ© s’est dĂ©placĂ© Ă  l’actuelle place appelĂ©e « le baty », que la chapelle N-D. de Walcourt existait dĂ©jĂ  ainsi que le mur autour du cimetiĂšre.

    AprĂšs des siĂšcles d’insĂ©curitĂ©, de guerres et d’épidĂ©mies, Lavaux va pouvoir se dĂ©velopper Ă  l’abri de la neutralitĂ© belge. Ce seront 84 annĂ©es prospĂšres et heureuses vĂ©cues au rythme des saisons et des animaux. En 1843, l’hĂ©ritiĂšre du domaine de Lavaux, Anne Elisabeth Fischbach Ă©pouse François Massange. C’est de cette Ă©poque que datent des bornes qui sĂ©parent la commune de Lavaux de la commune de Wellin. Elles existent toujours et sont marquĂ©es d’un W du cĂŽtĂ© de Wellin et d’un M du cĂŽtĂ© de Lavaux.

    En 1832 la foire de Lavaux des 27 et existe toujours. Elle est trÚs fréquentée ; on y vend principalement des draps, des étoffes de coton, des toiles et un grand nombre d'autres marchandises.

    En 1868, il est signalé que le chùteau n'est plus habité depuis longtemps mais qu'il est bien entretenu par son propriétaire. On signale également les remarquables escaliers.

    Il y avait quatre ponts : un en pierre et un en bois sur la Wimbe et deux en bois sur le Gongon. En , on monte le pont métallique sur la Wimbe, d'un poids de 12 tonnes 450. Il a été construit par les ateliers de La Providence à Marchiennes.

    C’est dans la dĂ©cennie 1870 qu'a Ă©tĂ© construite l’école des filles. Les dĂ©penses furent considĂ©rables. De plus, un ouragan ayant endommagĂ© l’église le , il est fait appel au sieur Michet de Wellin qui accepte de prĂȘter de l’argent Ă  la commune de Lavaux, moyennant intĂ©rĂȘt.

    En cette fin de XIXe siĂšcle, la SociĂ©tĂ© ArchĂ©ologique de Namur entreprend des fouilles sur le « tienne de la vieille Ă©glise ». À cette occasion, plusieurs tombes franques ainsi que les fondations de la vieille Ă©glise de Jusserenne seront mises au jour.

    Le service wallon des fouilles a rouvert un chantier de 2005 à 2009 sans résultats nouveaux.

    Anne Joseph MĂ©lanie Lejeune

    Anne Joseph MĂ©lanie Lejeune est nĂ©e Ă  Lavaux le . Elle entre chez les sƓurs de Notre-Dame Ă  Namur en 1845 sous le nom de sƓur Laurence et prononce ses vƓux en 1847. En 1843, le pĂšre jĂ©suite De Smet, Ă©vangĂ©lisateur des Indiens d'AmĂ©rique vient demander de l'aide chez les religieuses de Namur pour la mission de l'Oregon.

    Ce prĂȘtre flamand, arrivĂ© dans les montagnes Rocheuses en 1840, est le protecteur des Indiens ; il obtient la paix entre Sioux et TĂȘtes-Plates et essaye de reproduire les RĂ©ductions du Paraguay. Il traitera avec Sitting Bull car il est le « seul blanc dont la langue n'est pas fourchue ». Fin 1843, un premier groupe de religieuses part pour le Nouveau-monde.

    Le , monseigneur Blanchet, Ă©vĂȘque de l'Oregon qui fait une tournĂ©e en Europe afin d'intĂ©resser les fidĂšle Ă  sa mission amĂ©ricaine, arrive Ă  Namur. La mĂšre supĂ©rieure choisit alors sept sƓurs pour accompagner cet Ă©vĂȘque de retour dans son diocĂšse. SƓur Laurence fait partie de ce second groupe. Le au matin, la messe est cĂ©lĂ©brĂ©e par Mgr Blanchet et le groupe est bĂ©ni par l'Ă©vĂȘque de Namur. À 16 heures, au milieu de l'Ă©motion gĂ©nĂ©rale (c'Ă©tait un voyage sans retour et plein de dangers), elles prirent le train vers Braine-le-Comte et de lĂ , partirent vers Paris via Amiens en voiture de poste.

    Dans la capitale française, elles sont hĂ©bergĂ©es par les dames de Saint-Maur, dites de l'Enfant-JĂ©sus. Le bateau ne devant appareiller qu'en , les sƓurs visitent les grands monuments religieux de la capitale française. Elles devront ensuite rejoindre Le Havre pour embarquer sur l’Étoile de la mer qui vient d'ĂȘtre rebaptisĂ© Étoile du matin en l'honneur des religieuses, filles de Notre-Dame, « Ă©toile du matin » Ă©tant un des titres de la Vierge Marie. Le voyage vers l'Oregon dure sept mois, le navire longe les cĂŽtes est amĂ©ricaines, passe le cap Horn et remonte la cĂŽte Ouest amĂ©ricaine vers le nord.

    Le , de Wallamette, huit jours aprĂšs son arrivĂ©e, sƓur Laurence envoie une belle lettre Ă  sa supĂ©rieure de Namur pour lui dĂ©crire l'arrivĂ©e et l'installation des SƓurs : les retrouvailles avec les religieuses dĂ©jĂ  sur place depuis 1843 sont trĂšs Ă©mouvantes.

    SƓur Laurence se voit confier les orphelines (souvent mĂ©tisses entre indiennes et blancs). Les sƓurs arrivent Ă  temps pour la rĂ©colte du blĂ©, du houblon et de l'avoine, Il y a un grand jardin potager pour lequel il faut aller chercher l'eau Ă  une riviĂšre assez Ă©loignĂ©e.

    La communautĂ© possĂšde 27 vaches, 23 veaux et un taureau. Ces bĂȘtes ne demandent pas grand entretien car elles sont dans les bois et « reviennent pour donner leur lait ». Il y a aussi 100 poules et deux gros chiens pour protĂ©ger le couvent. La nuit, on entend hurler les loups. SƓur Laurence remercie encore sa supĂ©rieure de l'avoir choisie pour cette mission. On est frappĂ© par le beau style et l'orthographe impeccable de cette petite paysanne...

    La religieuse ne dit pas l'inconfort qui attend ces jeunes europĂ©ennes : les bĂątiments sont des baraques en planches mal jointes dont on bouche les ouvertures avec de la mousse ramassĂ©e dans les bois, L'hiver dure quatre mois et est trĂšs rigoureux, Il y a des quantitĂ©s invraisemblables de punaises dans les lits et sur les murs et aussi des moustiques. Les sƓurs souffrent de la dysenterie et des poux. Elles se mettent courageusement au travail en plantant de nombreux arbres fruitiers.

    Dans la nuit du 28 au , une partie du couvent est dĂ©truit par un incendie. SƓur Laurence risque sa vie pour sauver les provisions de la cuisine. On ne dĂ©plore aucune victime. Les voici, avec les orphelines dans la neige et le froid de ces contrĂ©es. La population de l'Oregon qui compte plus ou moins 250 000 personnes (Indiens et EuropĂ©ens) leur vient en aide, les hĂ©berge et les aide Ă  construire.

    Toujours en 1849, une Ă©pidĂ©mie de typhus se dĂ©clare dans la communautĂ©, sƓur Laurence est atteinte et s'en sort de justesse. En 1850, c'est une Ă©pidĂ©mie de fiĂšvre jaune qui atteindra la rĂ©gion ; 25 enfants sont soignĂ©s Ă  l'hĂŽpital mais 11 moururent malgrĂ© les soins attentionnĂ©s des sƓurs. Les SƓurs n'oublient pas que leur mission est d'Ă©vangĂ©liser et de faire connaĂźtre les techniques modernes aux femmes indiennes. Les Indiens vivent de chasse et de pĂȘche, On ne compte pas moins d'une trentaine d'idiomes diffĂ©rents. Les SƓurs s'expriment en tchinouk mĂ©langĂ© Ă  du français canadien.

    L'annĂ©e 1849 voit le dĂ©but du dĂ©peuplement de l'Oregon au profit de la Californie voisine oĂč l'on vient de dĂ©couvrir de l'or. Leur prĂ©sence en Oregon devient inutile et le vicaire apostolique de Californie offre l'hospitalitĂ© aux deux communautĂ©s de l'Oregon (Oregon City et Wallamette). La mĂšre supĂ©rieure choisit un terrain Ă  San JosĂ© alors capitale de l'État, Santa Clara street (San Francisco ne comptait Ă  ce moment qu'une vingtaine de maisons). Les premiĂšres sƓurs s'y Ă©tablissent le . Quant aux maisons de l'Oregon, celle de Wallamette partira en Californie au printemps 1852 et celle d'Oregon City en 1853.

    C'est donc Ă  San JosĂ© que sƓur Laurence exercera son apostolat jusqu'Ă  son dĂ©cĂšs le . Elle est enterrĂ©e au cimetiĂšre catholique Santa Clara Mission Cemetery. Sa tombe semble toujours exister.

    Modernité

    DĂšs 1904, le conseil communal considĂšre l’importance d’un raccordement tĂ©lĂ©phonique au rĂ©seau de Wellin et adopte un budget afin de payer l’abonnement. C’est en ce dĂ©but de siĂšcle que les maisons commencent Ă  ĂȘtre couvertes d’ardoises qui remplacent le chaume traditionnel.

    La premiĂšre automobile est apparue sur les chemins de Lavaux peu avant 1914. Elle appartenait Ă  Gustin de Villers-sur-Lesse.

    Les gares de chemins de fer les plus proches étaient Vignée ou Villers-sur-Lesse sur la ligne 150 (en service le pour ces deux gares). On pouvait également prendre à Ave, le tram vicinal (en service le ) qui permettait de rejoindre Rochefort ou Wellin-Grupont dans l'autre sens.

    PremiĂšre Guerre mondiale

    Le danger de guerre se prĂ©cisant, l’ArmĂ©e belge mobilise ses rĂ©servistes. Ceux de Lavaux quittent leur village en pensant que les traitĂ©s de neutralitĂ© de 1839 seront respectĂ©s et que leur rĂŽle se bornera Ă  surveiller la frontiĂšre comme ce fut le cas en 1870. Le , les fils du village rejoignent leurs garnisons. Fort de sa volontĂ© d’en finir une bonne fois pour toutes avec la France, l’Empire allemand viole la neutralitĂ©. L'Angleterre et la France envoient des troupes dans le pays afin de contrer l’offensive germanique.

    Lavaux, situĂ© en dehors des grands chemins, Ă©vitera le passage des troupes allemandes qui avaient dĂ©jĂ  massacrĂ© tant de civils dans la province de Luxembourg Ă  l’étĂ© 1914. Pour les mobilisĂ©s, ce seront les durs combats de 1914, LiĂšge, Namur, le siĂšge d’Anvers, la bataille de l’Yser, la garde aux tranchĂ©es, l’offensive libĂ©ratrice de 1918, et aussi, pour certains, la captivitĂ© en Allemagne ou l’internement en Hollande. Deux exemples : LĂ©on Daune qui fera toute la campagne, au 13e et ensuite au 19e de ligne et sera blessĂ© lors de l’offensive libĂ©ratrice de 1918 et Joseph Goderniaux, affectĂ© au 5e de ligne de forteresse Ă  Anvers et qui, Ă  la suite de la chute de la ville (), sera internĂ© en Hollande pour la durĂ©e de la guerre.

    Des régiments du corps de cavalerie Sordet passent à Lavaux. DÚs le , le Corps de cavalerie français du général Sordet passe la frontiÚre à Bouillon. De cette ville, le général fait envoyer un télégramme au roi des Belges afin de l'informer de son entrée en Belgique. Ce corps de cavalerie est composé de régiments de cuirassiers, de dragons, de hussards, de chasseurs à cheval, d'unités du génie, d'artillerie, de cyclistes, de gendarmerie et d'un régiment d'infanterie transporté en autobus parisiens.

    Ces régiments sont équipés avec beaucoup de panache: tuniques bleues, culottes rouges, casques argentés à queue de cheval, shakos, lances, sabres, carabines, etc. Une vingtaine de généraux soulignent le prestige de la troupe. Dix-huit régiments de cavalerie (600 hommes par régiment) composent le corps accompagnés des unités citées plus haut.

    L'objectif de cette masse de cavalerie est la ville de LiÚge qui est violemment attaquée par l'armée allemande. L'enthousiasme des populations est indescriptible. Les soldats reçoivent des cadeaux de tous, cigares, alcools, pùtisseries, médailles religieuses, etc. Les gamins des villages ne les quittent pas d'une semelle. Quelle impression de puissance dégagent ces unités de l'une des plus prestigieuses armées du monde ! La population se sent en confiance.

    Le , c'est le 32e rĂ©giment de dragons de Versailles qui passe Ă  Lavaux pour s'installer Ă  Genimont oĂč cantonne l'État-Major du rĂ©giment et le 1er escadron ; le 2e escadron ira Ă  la ferme de Nanfal et le reste du rĂ©giment Ă  Villers-sur-Lesse. L'Ă©tat-major de la 11e brigade de dragons, gĂ©nĂ©ral Corvisart (27e et 32e) prend Ă©galement ses quartiers Ă  GĂ©nimont.

    Quant au 27e régiment de dragons venant également de Versailles, il prend ses quartiers à Lavaux vers 18h30. Tous les villages des alentours regorgent de troupes françaises. Les chambres sont réservées aux officiers. Quant aux sous-officiers et soldats, ils se contentent des granges et des fenils. Toutes ces unités partent vers LiÚge le lendemain au petit matin.

    Le neuf août à 18h45, c'est le 29e régiment de dragons de Provins qui investit le village et y restera encore toute la journée du lendemain. Il quittera ce cantonnement le 11 à 5h20 du matin.

    Le , le Corps de cavalerie, hommes et chevaux Ă©reintĂ©s par marches et contremarches sous l'Ă©puisant soleil d'aoĂ»t refluent Ă  l'ouest de la Lesse. Les chevaux requiĂšrent des soins urgents. À 19h30, le prestigieux 1er rĂ©giment de cuirassiers de Paris Ă©tablit ses quartiers Ă  Lavaux. Son Ă©tat-major s'installe dans la plus belle maison du Baty (celle de l'instituteur) et y dĂ©balle sa vaisselle raffinĂ©e pour le mess des officiers. Le 2e escadron et la section cycliste sont logĂ©s Ă  Genimont.

    L'état-major de la 2e brigade de cuirassiers (1er et 2e cuirassiers) cantonne également au village; il comprend le général Louvat, de nombreux officiers, son escorte et le personnel à son service. Le 13 et le 14, le régiment restera dans ses cantonnements de repos. Le 14, une reconnaissance sera envoyée vers Han-sur-Lesse.

    Le vers 2h du matin, tous les régiments se concentrent entre Revogne et Honnay afin de prendre la direction de HastiÚre pour repasser sur la rive gauche de la Meuse. Les habitants, aprÚs avoir vécu des heures exaltantes sous la protection de ces troupes se retrouvent seules à attendre les Allemands. Le Corps de cavalerie Sordet laisse 30 tués à l'est de la Meuse lors de combats avec la cavalerie allemande.

    Le 27e dragons aura un cavalier tuĂ©, Jules Capron Ă  Laloux, le . Le 32e dragons aura Ă©galement un tuĂ© ; François Duval (23 ans) griĂšvement blessĂ© Ă  Hamayde le mĂȘme jour vers 5h30 et fait prisonnier. Les Allemands interdisent Ă  la population de porter secours au malheureux qui tend sa montre pour obtenir un peu d'eau. Alors qu'il est agonisant, les Allemands permettent son transfert vers 16h30 dans une maison oĂč il dĂ©cĂšde peu aprĂšs. Il est enterrĂ© au cimetiĂšre militaire de Maissin (tombe no 255).

    Le , l’armĂ©e allemande rĂ©quisitionne l’avoine et le seigle. La commune doit alors Ă  faire face Ă  la dĂ©tresse des ouvriers et des petits cultivateurs. Heureusement, les États-Unis, encore neutres, Ă©mus par l’hĂ©roĂŻsme de la Belgique, vont fournir une aide alimentaire massive aux populations qui Ă©vitent ainsi une terrible famine.

    Le a lieu la premiĂšre grande bataille entre Français et Allemands. Cette bataille dite « des frontiĂšres » se dĂ©roule sur un arc de cercle qui part de Mons en passant par Dinant, Maissin, Virton. Ce fut un vĂ©ritable massacre de l'infanterie française. Beaucoup de soldats français sont coupĂ©s de leurs unitĂ©s et errent seuls ou en groupe dans les forĂȘts d'Ardenne. L'Ă©tĂ©, la survie Ă©tait possible mais vint l'automne et le mauvais temps...

    Un soir de novembre, un soldat français, rescapé de la bataille d'Ochamps vint frapper à la porte d'une maison du village. Il était grelottant, malade, sale, affamé. Pris de pitié le couple lui offrit à manger et l'hébergement.

    Plus tard, six de ses camarades trouvĂšrent l'hospitalitĂ© chez Edouard Bernier, Gustave Bernier, Adelin NoĂ«l et Augustine Thomas. Pour leur entretien, tout le village apporta sa contribution : vĂȘtements, vivres, logements. Les Français payaient en travaillant pour les habitants. Malheureusement, il s'est trouvĂ© un traĂźtre qui fit part de cet hĂ©bergement clandestin Ă  la Kommandantur de Wellin. Dans la nuit du 7 au , les maisons hospitaliĂšres furent cernĂ©es par les soldats allemands. Nul ne put s'Ă©chapper. Soldats français et hĂŽtes belges furent emmenĂ©s.

    Le bourgmestre fut aussi inculpĂ© sous le prĂ©texte qu'il savait ce qui se passait dans son village. Tout le monde fut enfermĂ© et interrogĂ© Ă  l'hĂŽtel de ville de Wellin. Le lendemain, soldats et valĂ©siens furent emmenĂ©s Ă  Libramont oĂč ils restĂšrent quatre jours. C'est en ce lieu que les soldats français furent sĂ©parĂ©s du groupe et envoyĂ©s en captivitĂ© en Allemagne au camp de Limburg. L'un d'eux y dĂ©cĂ©dera en 1916.

    Édouard et Gustave Bernier et Adelin NoĂ«l furent conduits Ă  Namur pour y ĂȘtre jugĂ©s et condamnĂ©s Ă  10 ans de travaux forcĂ©s en Allemagne pour avoir nourri et hĂ©bergĂ© des soldats français. Le bourgmestre fut libĂ©rĂ© aprĂšs 15 jours d'emprisonnement.

    AprĂšs huit jours d'angoisse, les condamnĂ©s comparurent Ă  nouveau devant le tribunal militaire allemand qui leur annonça qu'en vertu d'une dĂ©cision du gouverneur gĂ©nĂ©ral (allemand) de la Belgique, leur peine Ă©tait commuĂ©e en 6 mois de prison. Cette diminution de peine fut obtenue grĂące Ă  l'intervention du curĂ© de Villers-sur-Lesse. Le , les dĂ©tenus prirent le train pour l'Allemagne pour ĂȘtre incarcĂ©rĂ©s Ă  Aix-la-Chapelle.

    DĂ©pouillĂ©s de tous leurs objets personnels et provisions ils furent obligĂ©s d'endosser un infĂąme costume de prisonnier et affectĂ©s Ă  un atelier oĂč ils confectionnaient des boites destinĂ©es aux produits pharmaceutiques et des allumettes. La nourriture Ă©tait des plus frugales : le matin, une petite ration de pain noir et une tasse de « cafĂ© », Ă  midi, une infecte soupe de rutabagas et le soir un peu de riz Ă  l'eau dont la cuisson Ă©tait imparfaite.

    Le , les dĂ©portĂ©s furent transfĂ©rĂ©s Ă  la prison de DĂŒsseldorf oĂč ils demeurĂšrent enfermĂ©s seuls dans des cellules de m sur 3 pendant de longues semaines. Dans les couloirs, ils entendaient les cris d'autres dĂ©tenus belges et français subissant les maltraitances des sadiques geĂŽliers allemands.

    Le , les trois déportés sont libérés. AprÚs deux jours de voyage, ils revinrent à Lavaux qui leur fit un accueil triomphal. AprÚs la guerre, ces patriotes reçurent la croix civique de 1re classe et la médaille des déportés politiques.

    Les soldats français étaient :

    • Delpech Maurice de Lavergne (Lot-et-Garonne)
    • Roudames Abel de Pont de Casse (id)
    • Bartherotte Victor de BarthĂšse (id)
    • Molles Jacques aux ZoullĂ©s par Montesquiou (Gers) caporal au 88e RI dĂ©cĂ©dĂ© le prisonnier en Allemagne
    • Caby Prosper de Capens (Haute-Garonne)
    • Charpentier Raoul de Artigillon
    • Destenil... Gironde

    En 1918, le conseil communal commandera une Ă©tude quant Ă  la possibilitĂ© de produire de l’électricitĂ© avec la chute du moulin. Les projets sont restĂ©s dans les tiroirs...

    Sauvegarde du chĂąteau par la baronne

    En 1924, le chĂąteau et son domaine sont vendus Ă  la sociĂ©tĂ© Berheim qui morcĂšle la propriĂ©tĂ©. Sorti quasiment intact du XIXe siĂšcle, le chĂąteau va ĂȘtre pillĂ©. Il ne serait plus qu’un souvenir si la femme du baron Lemonnier, qui chassait Ă  Lavaux et y venait en villĂ©giature depuis l’avant-guerre, ne s’était Ă©mue de son triste Ă©tat. Elle laissera une grande partie de sa fortune pour rendre au chĂąteau son Ă©clat d’antan. Tous les corps de mĂ©tiers seront requis pour ces travaux et certains y connaĂźtront le dĂ©but de leur rĂ©ussite. C’est Ă  elle que la commune doit ce monument qui a attirĂ© tant de touristes depuis 70 ans.

    Providence du village, elle rĂ©solvait les problĂšmes administratifs et autres que venaient lui exposer les villageois. Elle Ă©tait disposĂ©e Ă  amĂ©liorer le village en payant divers amĂ©nagements mais elle s’est heurtĂ©e Ă  l’incomprĂ©hension des autoritĂ©s communales. C’est aussi elle qui fera restaurer l’église et lui donnera son aspect actuel.

    La baronne Lemonnier est dĂ©cĂ©dĂ©e en 1945 mais son souvenir reste vivace par divers monuments au chĂąteau et Ă  l’église. Lors de la fusion des communes, il a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ©, Ă  juste titre, de donner son nom Ă  la rue principale du village. Le chĂąteau a Ă©tĂ© classĂ© par arrĂȘtĂ© royal du .

    Les temps nouveaux

    L’électricitĂ© arrive Ă  Lavaux en 1931. Pour encourager les habitants Ă  se raccorder au rĂ©seau, le conseil communal octroie une prime aux nouveaux abonnĂ©s.

    La circulation automobile commence dĂ©jĂ  Ă  reprĂ©senter un danger et la commune lĂ©gifĂšre en 1933 : la vitesse des vĂ©hicules automoteurs traversant le village est dĂ©sormais limitĂ©e Ă  20 km/h. Mais un autre problĂšme retient l’attention des autoritĂ©s : la pudeur publique ! Étant donnĂ© que l’usage de bains de soleil et de riviĂšre tendait Ă  se rĂ©pandre, il fallait prendre les dispositions nĂ©cessaires pour Ă©viter le trouble de l’ordre public par des atteintes aux sentiments de pudeur et de dĂ©cence des populations. Le conseil communal se penchant sur le « problĂšme » arrĂȘte : « Art I : Il est strictement interdit de prendre des bains de riviĂšre, de ruisseau ou de soleil sans ĂȘtre revĂȘtu d’un costume suffisant pour sauvegarder la dĂ©cence et les bonnes mƓurs.

    • Art II : Les costumes de bains devront ĂȘtre attachĂ©s aux Ă©paules.
    • Art III : Il est pareillement interdit de se promener en costume de bain ou pyjama mettant le dos Ă  nu dans les rues de la commune ;
    • Art IV : Avant comme aprĂšs les bains ou au cours des Ă©bats sportifs auxquels ils se livreraient le long de l’eau, les baigneurs devront s’abstenir de toute attitude susceptible de froisser les sentiments de dĂ©cence du public ».

    La radio fait aussi son entrĂ©e au village. C’est le curĂ© Lecocq qui achĂštera le premier appareil qui, en 1934, fera immĂ©diatement connaĂźtre le dĂ©cĂšs du roi Albert.

    Seconde Guerre mondiale

    DĂšs 1919, le marĂ©chal Foch disait : « ce n’est qu’un armistice de vingt ans et nous aurons Ă  nouveau la guerre ». Guerre gagnĂ©e, victoire perdue. Les fĂȘtes de la victoire terminĂ©es, les populations avaient compris que l’Allemagne reviendrait. C’est l’époque de la crĂ©ation de la Ligne Maginot en France et de la modernisation et du dĂ©veloppement des fortifications face Ă  l'est.

    Dans les grandes villes, les autoritĂ©s distribuent des masques Ă  gaz Ă  la population et crĂ©ent des corps civils de dĂ©fense passive. En 1933, le 10e rĂ©giment d’infanterie de ligne casernĂ© Ă  Arlon devient le rĂ©giment des chasseurs ardennais. Il a pour mission de retarder l’envahisseur germanique dans la rĂ©gion dont sont natifs ses soldats. La Belgique est neutre... mais rĂ©aliste. DĂšs cette Ă©poque, la plupart des garçons du village feront leur service militaire dans cette unitĂ©.

    RĂ©giment d’élite, coiffĂ© du bĂ©ret vert, il donnera naissance Ă  plusieurs autres rĂ©giments de Chasseurs ardennais. En 1940, ils formeront deux divisions sur les vingt-deux que comptait l'armĂ©e. Ils seront Ă©quipĂ©s de l’équipement non offensif (neutralitĂ© oblige) que leur concĂ©dera le gouvernement belge : canons antichars de 47 mm (les meilleurs de l’époque) et chars T-15 mais surtout le chasseur de chars T13. RappelĂ©s dĂšs la fin du mois d’, les rĂ©servistes monteront la garde aux frontiĂšres jusqu’à l’offensive du .

    Sous le commandement du roi LĂ©opold III, ils s’illustreront dans tous les combats et plus particuliĂšrement Ă  la bataille de Vinkt, sur la Lys, oĂč les chasseurs ont infligĂ© de lourdes pertes Ă  l’assaillant qui s’est alors vengĂ© par le massacre de la population civile du lieu. Selon l'historien anglais Liddle Hart, le sacrifice de l'armĂ©e aura permis le rembarquement des troupes anglaises, gage d’espoir pour la libĂ©ration de l’Europe.

    Lavaux pleurera un de ces hĂ©ros morts lors de ce combat : Joseph Brasseur (nĂ© le ) du 3e Ch.A. BlessĂ© au poumon et au bras gauche le , il est dĂ©cĂ©dĂ© le lendemain Ă  Bruges au 19, Peterseliestraat. Il sera rapatriĂ© et inhumĂ© dans son village en . C’est le seul militaire de Lavaux tuĂ© au cours des deux conflits mondiaux. Pour la plupart de ses compagnons, ce sera le rude exil de cinq ans dans les stalags. L’un d’entre eux, Joseph Deloyer du 3e Ch.A Ă©galement, sera rapatriĂ© d’Allemagne le comme grand malade. Il dĂ©cĂšdera Ă  Lavaux le .

    Certains, restĂ©s ou revenus au pays n’ont pas voulu baisser les bras face Ă  l’occupant. Ce sera le cas, entre autres, de Jean Daune, fils d’un combattant de 14-18, ou de Camille Bernier ancien de l’artillerie des Chasseurs ardennais, qui seront actifs dans la RĂ©sistance locale.

    Albert Marius Vincent Long est né à Roquevaire, petite ville située au pied du massif de la Sainte-Baume en Provence, le . Appelé du contingent en , il fait un service militaire de deux ans au 5e bataillon de dragons portés. C'est une unité moderne équipée d'automitrailleuses, de motos et de camions pour transporter les troupes. Les soldats portent l'équipement et le casque des troupes blindées. Il est motocycliste.

    Les bruits de guerre devenant plus prĂ©cis, Albert est rappelĂ© le dans son unitĂ© qui reprendra en dĂ©cembre de la mĂȘme annĂ©e l'appellation et les traditions du 5e rĂ©giment de dragons auquel on adjoint le mot de « portĂ©s » (5e RDP).

    En , Albert bénéficie d'une permission pour aller se marier à Roquevaire avec Georgette Ravel. Le couple élit domicile dans cette commune. Mais les impératifs militaires obligent les jeunes époux à se séparer rapidement et... pour toujours.

    Le 5e RDP est scindé en deux bataillons dont l'un est stationné à Rocroi et l'autre à Fumay. Il fait partie de la 1re division légÚre de cavalerie (1re DLC) qui, avec trois autres DLC et deux brigades de Spahis sont envoyées dans les provinces de Namur et de Luxembourg dÚs l'appel à l'aide du gouvernement belge. Le au matin, la 1re DLC monte vers le nord et va prendre position sur la Meuse au nord de Dinant.

    Le 11, la division, dont certaines unités sont encore à cheval, fait mouvement pour se fixer sur une ligne Hargimont, On, Jemelle, ForriÚres, Lesterny. L'état-major du 5e RDP est à Rochefort. Les militaires français font sauter les ponts et repoussent quelques attaques allemandes. Aux premiÚres heures du , le 5e RDP fait retraite vers Villers-sur-Lesse et place des postes de surveillance aux carrefours de la route Dinant-Neufchùteau, dont celui de Genimont qui, s'il est franchi, assure aux Allemands la voie libre vers Beauraing et Givet.

    La 32e division d'Infanterie allemande, originaire de PomĂ©ranie, a franchi la frontiĂšre belge Ă  la pointe nord du Grand-DuchĂ© de Luxembourg et se dirige vers Givet oĂč elle doit franchir la Meuse. Ses unitĂ©s de reconnaissance, venant de Wavreille, atteignent Ave et Auffe vers 13h25. Quelques minutes plus tard, elles descendent les Auges et sont prises pour cible par les militaires français. Un combat s'engage dans lequel les Allemands vont dĂ©ployer 15 canons antichars. Le combat principal eut lieu Ă  l'ouest de la localitĂ©; Albert Long est tombĂ© Ă  la limite entre la commune de Lavaux et celle de Villers. Il est enterrĂ© dans un champ, Ă  la sauvette.

    Aucune des deux communes ne dressera d'acte de décÚs, ce qui vaudra beaucoup de tracas à la malheureuse veuve car l'autorité militaire française ne voudra pas reconnaßtre, en 1941, le décÚs annoncé par un particulier. Un habitant de Lavaux, Victor Dubois, ancien combattant de la Grande Guerre qui deviendra bourgmestre de son village en 1946, est ému par le peu de dignité de la sépulture de ce héros. Il exhume le corps du soldat, fait l'inventaire des objets personnels, trouve la plaque d'identité, achÚte un cercueil à ses frais, creuse la fosse au cimetiÚre et fait procéder à une inhumation digne, présidée par le curé. Les habitants de Lavaux réciteront ensuite le chapelet autour de la tombe.

    Victor Dubois a entre les mains la plaque d'identité qui comporte ces seules inscriptions : 1935 Long Albert 283 Marseille (année de la classe d'appel, nom, prénom, n° et nom du centre de recrutement pour les appelés de la région). Il se mit en devoir d'écrire au maire de Marseille pour lui relater les faits et demander de prévenir la famille du décÚs de son soldat et de son inhumation dans la dignité. Il signale aussi qu'il est en possession de quelques objets personnels. Ceux-ci seront remis à la veuve en 1941 par l'intermédiaire de la Croix-Rouge internationale.

    DÚs la fin de la guerre, le corps a été rapatrié à Roquevaire par les soins de l'armée française, ce qui donna lieu à une petite cérémonie. Jusqu'au milieu des années 1970, avant chaque messe dominicale, le curé recommandait « à vos bien charitables priÚres » le soldat français Albert Long dans la liste des défunts du village.

    Pour cĂ©lĂ©brer le 70e anniversaire de cet Ă©vĂ©nement et en garder la mĂ©moire dans l'histoire locale, une croix commĂ©morative a Ă©tĂ© Ă©levĂ©e sur le lieu mĂȘme du dĂ©cĂšs.

    En 1943, Lavaux, comme tant d’autres villages subira la rĂ©quisition des cloches par l’occupant. Manquant de matiĂšres premiĂšres, les Allemands firent main basse sur cette ressource indispensable pour leurs fabrications de guerre.

    Le , un bombardier amĂ©ricain a fait un atterrissage d’urgence Ă  Rochefort. Il y avait neuf hommes d’équipage Ă  bord. Quatre aviateurs amĂ©ricains ont Ă©tĂ© amenĂ©s Ă  Lavaux par les rĂ©seaux de RĂ©sistance. Goldstein, Peterson, Shimansky et Engelman ont Ă©tĂ© hĂ©bergĂ©s au pavillon de chasse du Solin. Nourris et habillĂ©s en civil par Camille Bernier, ils ont pu rejoindre leurs armĂ©es via la RĂ©sistance belge. Fin , des parachutistes anglais de la 6e division aĂ©roportĂ©e accompagnĂ©s de blindĂ©s de la British 29th Armoured Brigade logent au village. Ils feront face Ă  l’offensive allemande sur les Ardennes Ă  Wavreille, Bure, etc.

    Dernier siĂšge du chĂąteau

    En 1942, le chĂąteau de Lavaux, loin des grandes villes et nƓuds de communications avait Ă©tĂ© choisi pour abriter les Ɠuvres d’art des musĂ©es d’Anvers. Quelques pompiers d’Anvers et une poignĂ©e de gendarmes belges gardaient ce trĂ©sor.

    Le , quelques rĂ©sistants viennent au chĂąteau pour obtenir les armes des gendarmes et volent trois pistolets. Le lendemain, les gendarmes mis en alerte soutiennent un combat d’une demi-heure contre les rĂ©sistants qui sont revenus en nombre. L’abbĂ© Lecocq s’interpose pour obtenir une cessation des hostilitĂ©s. Nouvelle attaque le 11 mais un renfort de 50 gendarmes vient d’arriver et... quelques Allemands avec une auto-blindĂ©e qui vont rapidement mettre en fuite cette poignĂ©e de rĂ©sistants. Les Allemands ont encerclĂ© le village au petit matin suivant afin de retrouver ces rĂ©sistants qui n’étaient pas de Lavaux.

    La religion au fil des jours

    La religion catholique et son calendrier liturgique rythmait le temps des villageois d’annĂ©e en annĂ©e.

    NoĂ«l, la fĂȘte de la lumiĂšre du Dieu fait homme, le CarĂȘme, pĂ©riode de recueillement et de privations alimentaires au sortir de l’hiver (oĂč l’on mangeait trĂšs gras !), PĂąques qui fĂȘte la rĂ©surrection du Christ et voit la renaissance de la nature au printemps (du concret), la procession des Rogations dans les campagnes (1er jour : de l'Ă©glise au chĂȘne de St-François ; 2e jour : de l'Ă©glise vers le bas du village, les Montats, ND de Walcourt et retour par la rue basse ; 3e jour : de l'Ă©glise Ă  Genimont), antique coutume pratiquĂ©e afin d’attirer les faveurs divines sur les rĂ©coltes, les processions de la FĂȘte-Dieu (de l'Ă©glise vers le bas du village jusqu'Ă  ND de Walcourt et retour) et du (le haut du village) oĂč chacun avait Ă  cƓur de dĂ©corer sa porte ou ses fenĂȘtres de fleurs et de statues honorĂ©es en sa demeure pour faire honneur au Christ-hostie qui, portĂ© par le curĂ©, parcourait le village, la Toussaint qui ravive le souvenir des dĂ©funts. Croyants fervents, tiĂšdes ou de convenance, tous participaient aux offices.

    L’église Ă©tait le point de rassemblement du village. Les dĂ©funts, pieusement inhumĂ©s autour de l’église, n’étaient pas rejetĂ©s du cercle des vivants mais Ă©taient proches du lieu que tous frĂ©quentaient. AprĂšs la messe du dimanche, il n’y avait qu’un pas Ă  faire pour leur rendre une courte visite. Les paysans d’autrefois, Ă©taient tellement au contact de la nature et en harmonie avec elle, qu’ils s’effrayaient peu de la fin de leur condition humaine mais se prĂ©occupaient de leur devenir post-mortem. Par exemple, au XVIIIe siĂšcle, les habitants de Focant se sont cotisĂ©s pour obtenir un vicaire rĂ©sidant car des personnes Ă©taient mortes sans sacrements vu le long chemin que devait parcourir Ă  pied nuit et jour, hiver comme Ă©tĂ©, le curĂ© de qui dĂ©pendaient plusieurs villages ou hameaux.

    Jusqu'au remembrement

    En 1947, les rues reçoivent un nom ; rue grande, rue basse, rue de l’église et rue du chĂąteau. Les maisons reçoivent un numĂ©ro. 1949 voit naĂźtre une polĂ©mique au sujet de la date de la fĂȘte du village.

    Ainsi qu'il a Ă©tĂ© dit plus haut, elle avait lieu le dimanche qui suit le depuis des temps immĂ©moriaux. À la suite des travaux ayant eu lieu dans l’église, celle-ci est reconsacrĂ©e le par l’évĂȘque de Namur, monseigneur Charrue.

    AprĂšs diverses tractations entre le curĂ© et les autoritĂ©s communales, il est dĂ©cidĂ© que la ducasse aura dĂ©sormais lieu le dimanche qui suit le . En cette mĂȘme annĂ©e, on dĂ©cide de remplacer les cloches volĂ©es par les Allemands.

    L’abbĂ© Lecocq, curĂ© haut en couleur, prend sa retraite en 1956 aprĂšs 25 ans de sacerdoce Ă  Lavaux. DĂ©cĂ©dĂ© peu de temps aprĂšs, il repose au cimetiĂšre de Lavaux. Il est remplacĂ© par l’abbĂ© Michotte qui restera quelques annĂ©es et sera lui-mĂȘme remplacĂ© par l’abbĂ© Fogen dernier curĂ© rĂ©sidant Ă  la cure.

    C’est aux alentours de 1961 qu’a Ă©tĂ© installĂ©e la distribution d’eau courante. Jusqu’à ce moment, trois fontaines publiques, dont deux existent toujours, alimentaient les habitants en eau potable.

    Un grand incendie s’est dĂ©clarĂ© Ă  la ferme du chĂąteau le . Le foin et la paille ont brĂ»lĂ© pendant plusieurs jours. Les bĂątiments sont restĂ©s sans toit pendant de nombreuses annĂ©es.

    C’était l’époque du plein emploi et de l’expansion de l’industrie mĂ©tallurgique française de la rĂ©gion de Givet. Un autobus français parcourait la rĂ©gion matin et soir pour transporter les travailleurs frontaliers dont certains Ă©taient de Lavaux.

    Le remembrement ! Voici un mot qui aura fait couler beaucoup d’encre et alimentĂ© bien des conversations. Avec le temps et les partages familiaux, les lopins de terre devenaient de plus en plus petits. On a dĂ©cidĂ© de remettre Ă  zĂ©ro le systĂšme de rĂ©partition des terres par de savants Ă©changes afin que chacun ait un ou des grands terrains et non plus un grand nombre de petites parcelles. Pour ceux qui ont connu la pĂ©riode antĂ©rieure Ă  cette opĂ©ration, la diffĂ©rence a Ă©tĂ© trĂšs visible. Nombre de haies et de bosquets ont disparu au dĂ©triment de la faune. Les chemins vicinaux ont Ă©tĂ© redressĂ©s et asphaltĂ©s. Une partie de la voie romaine a Ă©tĂ© rayĂ©e de la carte ainsi que le « chemin des morts ».

    Il existe un projet de lettre rĂ©digĂ© conjointement par l’abbĂ© Michotte et le conseil communal demandant l’aide des rois LĂ©opold III, Baudouin et de la princesse Liliane afin d’obtenir la restitution des fonts baptismaux et d’un bĂ©nitier vieux de cinq siĂšcles qui ont Ă©tĂ© enlevĂ©s au XIXe siĂšcle par un notaire de Ciney et remis au musĂ©e archĂ©ologique de Namur. Cette supplique, de , a-t-elle dĂ©passĂ© le stade du brouillon ?

    Encore un dernier mot en hommage Ă  la fanfare du village qui, coiffĂ©e de la casquette couleur lie de vin, animait toutes les fĂȘtes et cĂ©lĂ©brations patriotiques. Elle non plus ne survivra pas Ă  la modernitĂ©.

    Fondation de la Fraternité de Tibériade

    En 1979, dans le lieu-dit "Bois du Charnet" Ă  proximitĂ© de Lavaux-Sainte-Anne, fĂ»t fondĂ©e la FraternitĂ© de TibĂ©riade. DĂšs le milieu des annĂ©es 1970, Marc Piret, un jeune originaire d'Auvelais s’était retirĂ© dans le “Bois du Charnet”. Avec plusieurs amis, ils y menĂšrent une vie communautaire faite de simplicitĂ© et de travail manuel. Durant une nuit de PĂąques qu'il cĂ©lĂ©brait au MonastĂšre de Chevetogne, Marc reçoit l’appel du Christ Ă  le suivre et aimer l’Église. Quelques annĂ©es plus tard, le 25 avril 1979, il fit des vƓux dans les mains de Mgr Robert Mathen, alors Ă©vĂȘque de Namur et Ă©crivit une RĂšgle de vie intitulĂ©e "JĂ©sus notre fondateur".

    TrĂšs vite, le nom de la communautĂ© naissante s’impose Ă  fr. Marc: le rĂ©cit Ă©vangĂ©lique de la marche de Pierre sur les eaux (Mt 14, 22-33) touche fortement fr. Marc qui perçoit la suite du Christ comme un appel Ă  marcher dans la foi, Ă  avancer dans la confiance. Des frĂšres rejoignent fr. Marc aprĂšs quelques annĂ©es et en 1995, la branche des sƓurs commence.

    La FraternitĂ© de TibĂ©riade compte aujourd'hui une trentaine de frĂšres et une dizaine de sƓurs. Elle rayonne Ă  travers le monde et vit sa mission auprĂšs des jeunes et des familles.

    Liste des bourgmestres et des curés

    Bourgmestres
    • 1806 - 1808 : Alexander Joseph Titeux, nĂ© Ă  Maaseik en 1774 (maire sous le rĂ©gime français)
    • 1830 - 1843 : Jean Joseph Lejeune, nĂ© Ă  Lavaux le
    • 1843 - 1848 : Jacques Montreuil, nĂ© Ă  Wanlin en 1796
    • 1848 - 1859 : Édouard Binard, nĂ© Ă  Lavaux le
    • 1859 - 1883 : ThĂ©odore Lejeune, nĂ© Ă  Lavaux le
    • 1883 - 1884 : Joseph Marchal, nĂ© Ă  Lavaux le
    • 1884 - 1892 : Édouard Lejeune, nĂ© Ă  Lavaux le
    • 1892 - 1921 : Jean Joseph Baquet, nĂ© Ă  Lavaux le
    • 1921 - 1947 : Jules Lejeune, nĂ© Ă  Lavaux le
    • 1947 - 1959 : Victor Dubois, nĂ© Ă  Sohier le
    • 1959 - 1965 : Jean Joseph Deloyer, nĂ© Ă  Lavaux le
    • 1965 - 1976 : RenĂ© Bernier, nĂ© Ă  Lavaux le
    Curés
    • AbbĂ© Henri Stanpine dĂ©cĂ©dĂ© en 1596
    • en 1624, abbĂ© Hubert Le Masson
    • en 1636, abbĂ© Lambert de Vernuls, dĂ©cĂ©dĂ© en 1636
    • en 1637, abbĂ© Nicolas Aubertin
    • en 1666, 1682 abbĂ© Anthoine Le Bourguignon, dĂ©cĂ©dĂ© en 1684
    • entre 1686 et 1719, abbĂ© J. J. Demarche
    • abbĂ© Jean François Englebert, dĂ©cĂ©dĂ© en 1728
    • abbĂ© Louis Rigaux, dĂ©cĂ©dĂ© en 1747
    • en 1764, abbĂ© Jean François Lefebvre, dĂ©cĂ©dĂ© en 1771 ; inhumĂ© sous la pierre de l'abbĂ© Le Bourguignon
    • 1770 – 1814, son neveu, abbĂ© Jean Joseph Titeux, dĂ©cĂ©dĂ© en 1814
    • 1814 – 1826, son frĂšre, abbĂ© François Joseph Titeux, dĂ©cĂ©dĂ© en 1826
    • 1838 - 1858, abbĂ© Ernest Mengal
    • 1858, abbĂ© Guillaume
    • vers 1925, abbĂ© Pirot
    • 1931-1956, abbĂ© LĂ©opold Lecocq
    • 1956 – 1962, abbĂ© Louis Michotte
    • 1962 – annĂ©es 80, abbĂ© Alphonse Fogen

    Poids et mesures

    Poids et mesures utilisĂ©s Ă  Lavaux sous l’ancien rĂ©gime et au dĂ©but du XIXe siĂšcle
    • Le pied de Saint-Lambert est de 0,292 m
    • La verge de 16 pieds de Saint-Lambert est de 21 ares 4/5e
    • Le journal = 100 verges soit 21 ares 80 centiares
    • Le bonnier = 400 verges, soit 87 ares 19 centiares
    • Le pot est celui en usage Ă  Dinant, soit 1,3 litre
    • La tome = 60 pots, soit 78 litres
    • La pinte = 1⁄2 pot, soit 65 centilitres
    • La chopine = 1⁄2 pinte, soit 32,5 centilitres
    • Le setier (ou rez) est celui en usage Ă  Dinant, soit 31,16 litres
    • Le muid = six setiers soit 187 litres
    • La toise est de 6 pieds, soit 1,75 mĂštre
    PĂ©riode d’utilisation du franc belge ou français
    • Un sou = 5 centimes
    • L’assolement triennal 1re annĂ©e : les blĂ©s d’hiver ou « espeautres » ; 2e annĂ©e : les avoines ou « marsages » ; 3e annĂ©e : laissĂ© en friche, les « versaines ».

    Bibliographie

    • Adolphe Lambilotte, Vieux temps en Famenne, Ă©ditions Eole, 1988
    • L’instituteur et les Ă©lĂšves de Lavaux, Vivoir de Lavaux-Sainte-Anne, 1980-1981
    • EugĂšne Nemery, La seigneurie de Lavaux-Sainte-Anne, Annales de la SociĂ©tĂ© archĂ©ologique de Namur volumes XLVII et XLVIII, 1955
    • EugĂšne Nemery, La Famenne, histoire d’une rĂ©gion naturelle, Ă©ditions Duculot, 1975
    • EugĂšne de Seyn, Dictionnaire historique et gĂ©ographique des communes de Belgique, A. Bieleveld Ă©diteur, 1933
    • GĂ©nĂ©ral L. Champion, La Guerre du sanglier, Ă©d. J. M. Collet, 1990
    • Saumery, Les DĂ©lices du Pays de LiĂšge, Ă  LiĂšge chez Everard Kints, Imprimeur de Son Altesse 1743, fac-similĂ© des Ă©ditions Libro-sciences SPRL
    • Catherine Denys et Isabelle Paresys, Les anciens Pays-Bas Ă  l’époque moderne (1404-1815), Ă©ditions Ellipses, 2007
    • Hector J. Couvreur, Les Wallons dans la Grande ArmĂ©e, Ă©ditions Duculot
    • M.Thibaut de MaisiĂšres, Lavaux-Sainte-Anne et ses constructeurs, extrait des Ă©tudes d’histoire et d’archĂ©ologie namuroises dĂ©diĂ©es Ă  Fernand Courtoy
    • G. Lamotte, Étude historique sur le comtĂ© de Rochefort, Imprimerie Douxfils- V. Delvaux successeur, Namur, 1931
    • A,Picard, Le ChĂąteau de Lavaux Sainte-Anne ; Dinant, 1931
    • Cercle culturel et historique de Rochefort, cahiers no 25 et 28
    • C. Lamsoul, La bibliothĂšque musicale d’un noble namurois au XVIIIe, in Namurcum t XI, 1934
    • MĂ©moires autographes de M. le Prince de Montbarey, Paris 1826
    • Olivier Roufosse, Inventaire analytique de la collection des extraits mortuaires des soldats belges morts aux armĂ©es conservĂ©e au dĂ©pĂŽt des Archives de l’État Ă  Namur, Bruxelles, 2004
    • J. Schmitz et N. Nieuwland, L’invasion allemande dans les provinces de Namur et de Luxembourg, tome VII, G. Van Oest et Cie Ă©diteurs, 1924
    • J.Schröder et J. Schultz-Naumann, Die Geschichte der Pommerschen 32 Infanterie Division, 1939-1945, Podzun, 1956
    • Bormans, Lahaye, DieudonnĂ© Brouwers, Cartulaire de la commune de Dinant, imprimerie Wesmael-Charlier, 1880-1908
    • AbbĂ© C. Stroobant, GĂ©nĂ©alogie de la maison de Locquenghien, in Annales de l’AcadĂ©mie d’archĂ©ologie de Belgique, tome douziĂšme, 1885
    • HĂ©raldique de Belgique en 4 volumes Ă©ditions du CrĂ©dit communal de Belgique
    • De la Meuse Ă  l’Ardenne, no 8, 1989
    • Bulletin des commissions royales d'art et d'archĂ©ologie, volume 7, Bruxelles 1868
    • Archives de l'État Ă  Namur, fiefs et seigneuries no 186 Ă  202, cadastre no 1048, Ă©chevinages no 5003 Ă  5005, notariat 2851 Ă  2853, fabriques d'Ă©glise no 414 et 415, archives ecclĂ©siastiques no 2246, tables des registres paroissiaux de Namur, registres paroissiaux de Lavaux
    • Archives de l'État Ă  Arlon, archives de la Cour souveraine de Bouillon (1765)
    • Archives communales de Lavaux dĂ©posĂ©es aux archives communales de Rochefort
    • Archives des SƓurs de Notre-Dame Ă  Namur
    • Service notariat (ex office de la matricule) de l’ArmĂ©e belge quartier reine Élisabeth Ă  Evere
    • Journaux de marches et opĂ©rations des 27e, 29e, 32e rĂ©giments de dragons, du 1er rĂ©giment de cuirassiers et des 11e brigade de dragons et 2e brigade de cuirassiers, Service historique de l'ArmĂ©e de terre, chĂąteau de Vincennes
    • Dossier d'Albert Long au ministĂšre de la DĂ©fense, bureau des archives des victimes des conflits contemporains Ă  Caen
    • A. Bikar, 1re DLC, in Revue belge d'histoire militaire de juin et
    • Dictionnaire gĂ©ographique de la province de Namur par Ph. Vander Maelen, 1832
    • Tilly, ou la guerre de trente ans de 1618 Ă  1632 vol. 2 par Antoine Charles Hennequin Villemont, Casterman 1860
    • Le Comte F.C. de Mercy-Argenteau par le comte de Pimodan, 1911
    • Chronique de l'archĂ©ologie wallonne no 16, 2009
    • Bijdragen to de geschiedenis van het Nederlandsche zeewezen par Hendrik Jan Broers 1869

    Voir aussi

    Notes et références

    1. « Fraternité de Tibériade », sur Fraternité de Tibériade (consulté le ).
    2. AEN archives ecclésiastiques

    Liens externes

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