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La Nouvelle-Amsterdam

La Nouvelle-Amsterdam (en anglais : New Amsterdam, /njuː ˌémstəˈdĂŠm/ ; en nĂ©erlandais : Nieuw-Amsterdam, /niʋɑmstərˈdɑm/) Ă©tait un Ă©tablissement nĂ©erlandais implantĂ© au XVIIe siĂšcle sur l’üle de Manhattan par la Compagnie nĂ©erlandaise des Indes occidentales.

Maisons de style néerlandais, bùties au début du XXe sur William Street au bas de Manhattan, rappelant les origines néerlandaises de la ville. De la colonie du XVIIe, il ne reste que des vestiges archéologiques à la suite du Grand Incendie de New York de 1776 et de celui de 1835[1] - [2].

VĂ©ritable tĂȘte de pont et capitale administrative de la colonie de la Nouvelle-NĂ©erlande, elle est rebaptisĂ©e New York par les Anglais lors de son acquisition en 1664 ou briĂšvement La Nouvelle-Orange (en nĂ©erlandais : Nieuw-Oranje) de 1673 Ă  1674. La colonie ne devient dĂ©finitivement anglaise qu'en 1674 avec le traitĂ© de Westminster.

Histoire

PremiĂšres implantations

Giovanni da Verrazano est le premier EuropĂ©en Ă  dĂ©couvrir le site de la future Nouvelle-Amsterdam (aujourd'hui New York), en 1524. Ce navigateur florentin Ă©tait armĂ© par le roi de France François Ier, de la maison Valois-AngoulĂȘme (nĂ© Ă  Cognac, François Ier est fils du comte d'AngoulĂȘme). Capitaine du vaisseau La Dauphine de la Royale française, Verrazano donne le nom de « La Nouvelle-AngoulĂȘme » Ă  la baie formĂ©e Ă  l'embouchure du fleuve que Verrazano baptise « VendĂŽme[3] », et qui deviendra plus tard le fleuve Hudson.

À la recherche d'un passage maritime vers l’Asie par le Nord-Ouest, l’explorateur anglais Henry Hudson visite la future baie de New York en 1609 et remonte l'Hudson, qui portait, et ce jusqu'au milieu du XVIIe siĂšcle le nom nĂ©erlandais de Noort Rivier (« fleuve du Nord »). À son retour, il indique aux financeurs de son expĂ©dition le fort potentiel du site, notamment en matiĂšre de castors dont la peau constituait une marchandise trĂšs prisĂ©e, notamment pour fabriquer des chapeaux impermĂ©ables et les convainc d'y installer une colonie[4] - [5]. En 1614, l'explorateur Adriaen Block reste sur place plus d’un an.

Pendant les quinze premiĂšres annĂ©es, l’ile de Manhattan est peu utilisĂ©e par les colons de la Nouvelle-NĂ©erlande (Nova Belgica, Nouveaux-Pays-Bas). Les explorateurs prĂ©fĂšrent s’enfoncer dans les forĂȘts giboyeuses, oĂč ils pratiquent le troc des produits europĂ©ens bon marchĂ© contre les fourrures rapportĂ©es par les chasseurs amĂ©rindiens. Une des monnaies d’échange utilisĂ©e Ă©tait le wampum, ceintures ornĂ©es de coquillages et de perles. L'ornement des wampums codifiait les relations politiques entre les diffĂ©rents clans, aussi leur lecture Ă©tait-elle une pierre angulaire pour les nĂ©gociations, le marchandage et les alliances. Les wampums Ă©taient au dĂ©part fabriquĂ©s par les tribus habitant prĂšs du rivage, et les EuropĂ©ens approvisionnaient celles qui ne pouvaient en fabriquer Ă  l’intĂ©rieur des terres. Disposant d’outils de mĂ©tal, les NĂ©erlandais lancent la production de tels articles sur l’üle de Long Island. L'offre dĂ©passe toutefois rapidement la demande, et ce marchĂ© s'effondre.

En 1624, les premiĂšres familles de colons, appelĂ©es pour gĂ©rer les comptoirs de commerce, sont en majoritĂ© envoyĂ©es en amont dans la vallĂ©e de l’Hudson. Sur l’üle de Manhattan, on ne trouve alors que quelques plantations et un peu d’élevage.

La fortification (1625)

Le , sous la menace grandissante d’une attaque provenant d’autres puissances coloniales, les dirigeants de la Compagnie nĂ©erlandaise des Indes occidentales dĂ©cidĂšrent de protĂ©ger l’embouchure du fleuve Hudson, et de regrouper les activitĂ©s des comptoirs commerciaux dans une enceinte fortifiĂ©e, sur l'Ăźle de Manhattan, appelĂ©e « La Nouvelle-Amsterdam »[6]. DĂšs 1620, une lettre de l’architecte anglais Inigo Jones, probablement contactĂ© par la compagnie, prĂ©conise de construire un ouvrage en maçonnerie, selon un plan en forme d’étoile traditionnellement utilisĂ© Ă  cette Ă©poque.

Le directeur de la compagnie, Willem Verhulst, et l’ingĂ©nieur Cryn Fredericks choisirent un site appropriĂ© au sud de l’üle, Ă  l’emplacement actuel d’un bĂątiment des douanes amĂ©ricaines (Alexander Hamilton U.S. Custom House), prĂšs de Battery Park.

Les premiers gouverneurs

Sur le plan Castello, une carte de 1660 de New Amsterdam ; le fort a donnĂ© son nom Ă  The Battery, la grande rue allant du fort au-delĂ  du mur est devenue Broadway et le mur de la ville (Ă  droite) a peut-ĂȘtre donnĂ© son nom Ă  Wall Street.
PremiĂšre vente d'esclaves 1655 Ă  la Nouvelle-Amsterdam par Howard Pyle, 1895.

Willem Verhulst Ă©tait un directeur impopulaire, qui traitait les colons comme de simples employĂ©s et ne gĂ©rait pas correctement les finances de la colonie. En 1626, il est remplacĂ© par Pierre Minuit, qui nĂ©gocie l'achat de l'Ăźle de Manhattan (« Manhatte » Ă  l'Ă©poque en français) aux Indiens Lenapes, pour 60 florins de marchandises. Cet acte est devenu lĂ©gendaire (New York fut achetĂ©e aux Indiens pour 24 dollars), mais il peut ĂȘtre soulevĂ© que les Lenapes ne connaissaient pas le concept de propriĂ©tĂ© fonciĂšre permanente (ils Ă©taient semi-sĂ©dentaires), ce qui diminue la portĂ©e du geste.

Lors de la construction du fort, la guerre entre les Agniers et les Mohicans contraint la compagnie Ă  prĂ©cipiter le dĂ©placement des colons Ă  l’intĂ©rieur de Fort Amsterdam. L’urgence et le manque de moyens (la compagnie Ă©tait dĂ©ficitaire), entraĂźnent une rĂ©vision Ă  la baisse des plans de fortification initiaux. On se contenta d’un simple fortin entourĂ© d’une palissade de bois. Une scierie fut installĂ©e sur l’üle qui s’appelle actuellement Governors Island. La colonie compte alors 270 habitants, enfants compris. En 1992, on a retrouvĂ© dans les archives de la bibliothĂšque nationale autrichienne, une aquarelle reprĂ©sentant la colonie de La Nouvelle-Amsterdam vers le milieu du XVIIe siĂšcle.

Les premiers travailleurs noirs

Les bains publics Asser Levy, partie de la (en)Asser Levy Recreation Center, sur la (en)place Asser Levy à Manhattan, portent le nom d'(en)un des premiers citoyens importants de la ville, défenseur des droits civiques.

La Nouvelle-Amsterdam Ă©tablit le premier systĂšme de lutte contre les incendies en 1647[7].

Document de 1624 de Pieter Schaghen indiquant l'achat de Manhattan pour 60 gulden.

L’esclavage Ă  la Nouvelle-Amsterdam ne s’est dĂ©veloppĂ© que dans le dernier tiers du XVIIe siĂšcle et sans lois dĂ©finies[8].

Une dizaine d'Africains Ă©taient apparus dans la colonie au cours de la premiĂšre dĂ©cennie ou la suivante, mais leur statut d'esclave n'est pas reconnu par les historiens[9], comme c'est aussi le cas pour les rescapĂ©s noirs de Virginie, arrivĂ©s eux en 1619 en terre anglaise, auxquels a Ă©tĂ© appliquĂ© un statut d'engagĂ©, car ils ont aux aussi Ă©tĂ© pris par des corsaires Ă  un navire nĂ©grier, portugais dans le cas de ceux amenĂ©s Ă  New-York, puis libĂ©rĂ©s et transfĂ©rĂ©s au service de la WIC[9], au service de laquelle ils ont les premiĂšres dĂ©cennies un un statut de travailleur engagĂ©. Les Africains de Manhattan font reconnaĂźtre ce statut en 1644, mĂȘme si la confirmation ne prend la forme que d'une libertĂ© conditionnelle[9]. Leur origine transparaĂźt dans des noms comme « Paulo Angola », « Grand Manuel » ou « Simon Congo »[9]. Dans les premiĂšres dĂ©cennies de la colonie, ils avaient droits de propriĂ©tĂ© et d'action devant les tribunaux[8], pouvaient se marier lĂ©galement, avoir des armes et apprendre Ă  lire[8].

De nombreux historiens jugent plausible la date de 1626 ou 1627 pour leur arrivĂ©e, car dans leur procĂ©dure de 1644, ils ont affirmĂ© avoir Ă©tĂ© prĂ©sents dans la colonie pendant 18 Ă  19 ans[9]. Selon les historiens, ils pourraient ainsi ĂȘtre arrivĂ©s le Ă  bord du Bruynvis, navire de course de la WIC spĂ©cialisĂ© dans l'attaque des vaisseaux espagnols et portugais[9], qui Ă©tait parti d'Amsterdam dans ce but[9]. Il avait arraisonnĂ© un bĂątiment portugais transportant 150 captifs en plus d'une cargaison de tabac[9], seule cette derniĂšre ayant Ă©tĂ© conservĂ©e par les corsaires, en vertu de la rĂšgle voulant que les esclaves ainsi rĂ©cupĂ©rĂ©s soient libĂ©rĂ©s[9], leur trafic faisant alors l'objet d'une prohibition dans le monde hollandais[9]. Le Bruynvis a ensuite transportĂ© plus tard 50 esclaves Ă  Pavonia (New Jersey), Ă©galement rĂ©cupĂ©rĂ©s sur un nĂ©grier ennemi[9]. Dans les annĂ©es 1630, la WIC s'engage dans un document Ă  ce que d'autres Africains pris sur les navires ennemis soient amenĂ©s dans cette colonie peu peuplĂ©e[9], mais en 1635, cinq Africains exigent auprĂšs d'elle, par Ă©crit des arriĂ©rĂ©s de salaires car ils ont participĂ© Ă  la construction de Fort Amsterdam, terminĂ© la mĂȘme annĂ©e[8], dĂ©marche qui ne semble alors pas inhabituelle[8]. En 1638, le trĂšs influent thĂ©ologue Godefridus Cornelisz Udemans estime que l'esclavage doit ĂȘtre rĂ©servĂ© aux paĂŻens, dĂ©jĂ  victimes de l'esclavage spirituel de la superstition et de la sorcellerie. Selon lui, un chrĂ©tien n'a pas le droit de rĂ©duire en esclavage un autre chrĂ©tien[10].

La guerre de Kieft (1643-1645) contre les Amérindiens a ensuite durci la situation. Le gouverneur William Kieft obtient en 1644 le renfort d'une partie des 450 soldats hollandais du Brésil qui avaient dû se réfugier, aprÚs avoir été battus par la révolte du Mahrano, sur l'ßle de Curaçao, alors dirigée par Pieter Stuyvesant. William Kieft réclame en plus, en 1644, des esclaves pour l'agriculture[9]. Du coup, en juin 1646, le Tamandare arrive du Brésil et en amÚne, mais dans un effectif non précisé[9] : le gouverneur précise juste n'en avoir pas reçu assez[9]. Dans cette colonie hollandaise, comme probablement dans les autres, l'achat d'esclaves africains est alors strictement limité à l'Angola, dans un texte de 1650[9], complété par un autre qui interdit explicitement d'importer des esclaves de la CÎte de l'Or, sous peine de pénalités[9]. Cette précaution, visant à garantir la stabilité des relations hollandaises avec les populations africaines de la CÎte de l'Or, sera maintenue quasiment jusqu'à la fin de l'Úre hollandaise de la colonie en 1664[9].

Une premiÚre évolution a lieu en 1644 avec la décision ne donnant aux travailleurs noirs qu'une liberté relative, soit un début de statut inférieur[8], bien que beaucoup moins marqué qu'ensuite dans la période anglaise, selon l'historien Edgar McManus[8]. En 1641 encore, Manuel Gerrit de Reus est pendu pour le meurtre collectif d'un Africain[8].

DĂšs 1638, le directeur de la WIC Wouten Van Twiller avait « prĂȘtĂ© » 5 ou 6 Africains salariĂ©s de la WIC, au moment de la location de lopins de terres Ă  tabac Ă  des fermiers[8]. La colonie en compte alors une centaine[10]. Plusieurs lots de terre sont attribuĂ©s par le gouverneur Willem Kieft, l'annĂ©e de son dĂ©part, en 1647, Ă  des Africains arrivĂ©s dans les annĂ©es 1620, dans le secteur oĂč ils crĂ©eront aussi un cimetiĂšre. La colonie constituait alors un simple village dissĂ©minĂ© d’à peine mille habitants. Mais la croissance dĂ©mographique dĂ©bute : de 1644 Ă  1664, le nombre de Noirs et mĂ©tis dans la colonie triple, passant de 120 Ă  375. Parmi eux, une petite soixantaine est baptisĂ©e au milieu des annĂ©es 1650[10].

Pieter Stuyvesant, arrivĂ© le , est le premier gouverneur Ă  ordonner la vente aux enchĂšres d'un Africain, condamnĂ© pour vol[8], sort aussi appliquĂ© en 1664 Ă  une Noire qui avait incendiĂ© la taverne de son employeur[8]. Surtout, en 1652, le capitaine du navire corsaire hollandais De Raaf tente de rĂ©cupĂ©rer 37 des 44 captifs pris sur le navire espagnol St. Anthoni, qu'il avait amenĂ©s 4 ans plus tĂŽt[8], mais n'y parvient pas car seule une minoritĂ© travaille encore pour la WIC et la pĂ©nurie de main d'Ɠuvre a fait monter sa valeur[8].

DĂšs 1649, la longue Remonstrance de la Nouvelle-Hollande, rĂ©digĂ©e par les Neuf RĂ©gents, ou conseillers du gouverneur, demande aux autoritĂ©s nĂ©erlandaises en Europe de mettre fin au contrĂŽle de la colonie par Pieter Stuyvesant, en dĂ©plorant qu'un statut de fait ait « Ă©tĂ© fabriquĂ© »[11] pour les Noirs en raison de leur longues annĂ©es de service[11] et que « leurs enfants continuent Ă  rester esclaves »[11]. La WIC y rĂ©pond en indiquant que seulement trois enfants noirs Ă©taient « en service »[11]. Le texte rĂ©clame aussi des droits commerciaux, plus de colons agriculteurs et dĂ©nonce l’oisivetĂ© des habitants, leur caractĂšre procĂ©durier et l’inaptitude du pasteur Jonas MichaĂ«lius[11]. Mais Stuyvesant continue dans sa gestion autocratique, jusqu'en 1652, quand la chambre d' Amsterdam de la WIC lui demande des rĂ©formes.

Le mĂȘme Pieter Stuyvesant, dans une lettre de 1660, demande que les travailleurs noirs, qui sont dĂ©sormais des esclaves, puissent combattre les AmĂ©rindiens et aient dĂ©jĂ  passĂ© quelque temps Ă  Curaçao et il s'oppose Ă  la mĂȘme Ă©poque, sans succĂšs, Ă  leur utilisation comme artisans. En 1664, au cours de la derniĂšre annĂ©e de son mandait, le pasteur Dominie Henricus Seljins Ă©crit que lui et ses collĂšgues de la colonie refusent dĂ©sormais de baptiser les Noirs car ceux-ci ne sont pas sincĂšres et s'en servent pour Ă©viter le statut d'esclaves[10], tout en prĂ©cisant qu'il continue Ă  leur enseigner le catĂ©chisme[10].

Guerre de Kieft et arrivée de Peter Stuyvesant

Au milieu des années 1640, la colonie subit une ponction démographique causée par le départ de nombreux colons, effrayés ou dégoûtés par la violente guerre de Kieft menée contre les Amérindiens.

Le , Willem Kieft, gouverneur de la colonie depuis 1638, et ses troupes attaquent, sans l'accord du conseil et de la population, le campement des Delawares oĂč ils commettent les pires atrocitĂ©s. Depuis quelque temps, fournissait des mousquets aux Iroquois de la tribu Mohawks pour leur permettre de soumettre les nations algonquines[12] - [13]. Les Mohawks considĂšrent les diverses tribus Delawares (Esopus, Wappingers et Hackensacks) comme leurs vassaux et veulent leur imposer un tribut que les Delawares refusent. TrĂšs investi dans le contrĂŽle du commerce de la fourrure, Willem Kieft impose aux AmĂ©rindiens des quantitĂ©s croissantes Ă  livrer, et le soumet Ă  la violence lorsqu'elles ne sont pas obtenues.

AprĂšs l'attaque du , 80 tĂȘtes coupĂ©es d'amĂ©rindiens sont exposĂ©es Ă  La Nouvelle-Amsterdam et une trentaine de prisonniers, dont des femmes et des enfants, torturĂ©s Ă  mort devant les colons.

Les nouvelles du massacre arrivent parmi les tribus delaware et les reprĂ©sailles amĂ©rindiennes ne se font pas attendre. La colonie hollandaise menacĂ©e appelle les Anglais Ă  son secours. Le capitaine anglais John Underhill lance une expĂ©dition militaire contre les Montauks. Des centaines d’AmĂ©rindiens sont massacrĂ©s. Puis les forces anglo-hollandaises attaquent un important village delaware prĂšs de Stamford oĂč 500 AmĂ©rindiens pĂ©rissent brĂ»lĂ©s vifs.

Les colons Ă©crivent d'abord Ă  la WIC pour demander son intervention, puis rĂ©digent une pĂ©tition demandant le remplacement de Kieft[14]. Beaucoup repartent en Europe[15]. Les AmĂ©rindiens continuent Ă  les harceler puis l'union de 69 de leurs tribus oblige Kief Ă  accepter une trĂȘve en aoĂ»t 1645.

À la mĂȘme Ă©poque, en octobre 1642, le gouverneur de Curaçao, Peter Stuyvesant, attaque les Espagnols Ă  Puerto Cabello sur la cĂŽte du Venezuela[16] puis au printemps 1644 le fort espagnol de Saint-Martin, mais il est amputĂ© de la jambe droite par un coup de feu[16] et devient un hĂ©ros, mĂȘme si les Hollandais doivent lever le siĂšge aprĂšs quatre semaines et retourner Ă  Curaçao[16].

À son retour durant la premiĂšre semaine d’avril 1644, il dĂ©couvre qu’environ 450 employĂ©s de la Compagnie des Indes occidentales au BrĂ©sil se sont rĂ©fugiĂ©s Ă  Curaçao, en raison de la rĂ©volte des planteurs portugais de la rĂ©gion de Maranhao[16], qui se sont emparĂ©s de Sao Luis, la principale ville, le [16]. Curaçao, Ă  court de provisions en raison de l’expĂ©dition ratĂ©e pour tenter de reprendre Saint-Martin[16], ne peut les nourrir et Peter Stuyvesant envoie la majoritĂ© d'entre eux Ă  Willem Kieft[16], qui a besoin d’aide dans sa guerre dĂ©butĂ©e en 1643 contre les AmĂ©rindiens[16].

Les mĂ©decins de Peter Stuyvesant ont recommandĂ© qu’il retourne se soigner sous le climat tempĂ©rĂ© des Pays-Bas, ce qu’il fait fin aoĂ»t 1644[16], aprĂšs avoir nommĂ© Lucas van Rodenburgh directeur intĂ©rimaire de Curaçao[16]. William Kieft est rappelĂ© en 1647 en Europe par la WIC pour s'expliquer. Stuyvesant est alors promu directeur d’un ensemble de petites colonies, qui regroupe la Nouvelle-NĂ©erlande, Curaçao, Bonaire, Aruba et leurs dĂ©pendances[16]. NommĂ© par la mĂȘme occasion directeur gĂ©nĂ©ral de Nouvelle-NĂ©erlande, Stuyvesant dĂ©barque Ă  Manhattan le , en remplacement de William Kieft. Une de ses premiĂšres dĂ©cisions est de bannir de la colonie deux hommes qui accusaient son prĂ©dĂ©cesseur, William Kieft, d'ĂȘtre corrompu et d'avoir dĂ©clenchĂ© une guerre contre les Indiens.

Remontrance de Vlissingen

La nouvelle-Flessingue avait été fondée en 1645, en obtenant une charte de la Compagnie des Indes occidentales autorisant la liberté de conscience.

En 1657, un navire rempli de missionnaires quakers venus d'Angleterre accoste Ă  Long Island. L'un d'eux, Robert Hodgson, a attirĂ© de grandes foules Ă  ses sermons et en rĂ©action le gouverneur Pieter Stuyvesant le fit arrĂȘter et fouetter. Puis il a Ă©galement interdit l'organisation de rassemblements des quakers.

Ceux-ci ont continué à se rassembler à Long Island et l'un d'eux, John Bowne, fut exilé par Stuyvesant en 1662 pour avoir organisé une réunion de Quakers dans sa maison mais il a réussi à porter son cas à l'attention des directeurs de la Compagnie des Indes occidentales en 1663, et cette derniÚre a ordonné à Stuyvesant dans une lettre de donner à chacun le droit à sa propre religion.

Les premiers habitants juifs

Le , la petite localité reçoit sa charte urbaine et son autonomie administrative, devenant une véritable ville dotée d'une municipalité[17] et l'été suivant, les premiers Juifs, Solomon Pietersen et Jacob Barsimson, arrivent directement de Hollande, avec des passeports qui leur donnent la permission de faire du commerce dans la colonie de New Amsterdam[18].

Le gouverneur calviniste Pieter Stuyvesant tente de les refouler puis les prive de droits sociaux. En 1654, le gouverneur et pasteur Johannes Megapolensis refuse aussi l’arrivĂ©e de 23 juifs arrivĂ©s de la Nouvelle-Hollande (BrĂ©sil hollandais), dĂ©finitivement perdu, oĂč ils Ă©taient dĂ©jĂ  passĂ©s entre 1637 et 1642 de la promesse de la libertĂ© Ă  la rĂ©pression, en les qualifiant de « race trompeuse »[11]. La direction de la WIC, consciente du grand besoin de colons en Nouvelle-NĂ©erlande, les a contraints Ă  les accueillir mais ils se virent refuser le droit d’avoir une synagogue[11].

En 1657, Robert Hodgson, organisa la premiĂšre assemblĂ©e quaker dans le village de Gravesend sur Long Island[11] et fut arrĂȘtĂ©, emprisonnĂ© et rouĂ© de coups[11] pour avoir dĂ©fiĂ© l’autoritĂ©. En dĂ©cembre de cette mĂȘme annĂ©e, les habitants du village voisin de Flushing adressĂšrent Ă  Stuyvesant une remontrance signĂ©e par les 31 hommes du village[11], dĂ©nonçant sa rĂ©pression des Quakers[11].

Le , La Nouvelle-Amsterdam (soit la Compagnie néerlandaise des Indes occidentales) octroie la liberté de culte aux juifs présents sur l'ßle et les autorise à acheter un logis, à servir dans l'armée ou à voter[19] - [20] ; cependant, Stuyvesant s'oppose encore à la construction d'une synagogue[21]. Les vingt-trois premiers sépharades des anciennes possessions néerlandaises du Brésil, qui avaient constitué à Recife la synagogue Kahal Zur Israel, arrivent à La Nouvelle-Amsterdam dÚs 1654[22]. En 1658 est fondée la colonie de Nieuw Haarlem[20].

Le gouverneur emprisonné à la Barbade en décembre 1654

La Nouvelle-Amsterdam en 1664 par Johannes Vingboons (en).

Le gouverneur Pieter Stuyvesant partit le 24 dĂ©cembre 1654 avec trois navires afin d'Ă©tablir des relations de commerce avec l'Ăźle anglaise de la Barbade[23], mĂȘme si le motif officiel est une enquĂȘte sur la capture par les Anglais de 8 navires aux abords de cette Ăźle[23], malgrĂ© le traitĂ© de paix signĂ© en avril[23], pour mettre fin Ă  la PremiĂšre guerre anglo-nĂ©erlandaise[23].

Ils arrivent Ă  la mi-janvier[23] mais leur voyage est compromis en raison de l'arrivĂ©e au mĂȘme moment dans cette Ăźle, oĂč elle est venue recruter des volontaires, de l'imposante armada de l'amiral William Penn[23], partie Ă  la conquĂȘte d'Hispanolia, qui Ă©chouera, puis celle de la JamaĂŻque, menĂ©e Ă  bien. Les trois navires hollandais Ă©tant en infraction aux Lois de navigations anglaises[23], leurs occupants sont emprisonnĂ©s sur l'Ăźle[23], y compris Pieter Stuyvesant, jusqu'au 31 mars[23], ce qui provoque la colĂšre des autres dirigeants de La Nouvelle-Amsterdam[23]: la conquĂȘte de la Nouvelle-SuĂšde semble alors remise en cause[23]. Le voyage a cependant permis Ă  Pieter Stuyvesant de retrouver Matthias Beck[23], qui avait Ă©migrĂ© Ă  la Barbade aprĂšs avoir Ă©tĂ© responsable au BrĂ©sil de la derniĂšre expĂ©dition hollandaise Ă  la recherche d'argent-mĂ©tal dans la capitainerie du Ceara, vers la mine de Siara ou Ceara[23], mise en place entre 1649 et 1654. Il le recrute alors pour en faire le vice-gouverneur de Curaçao en 1655, oĂč les deux hommes mettront en place un trafic d'esclaves quelques annĂ©es aprĂšs.

La « guerre des trois pĂȘches » en 1655

La « guerre des trois pĂȘches », ou « guerre du PĂȘcher », est le nom donnĂ© Ă  plusieurs raids amĂ©rindiens perpĂ©trĂ©s plus particuliĂšrement par les Andastes ainsi que d'autres tribus alliĂ©es Ă  ces derniers en 1655 contre les Ă©tablissements nĂ©erlandais de Nouvelle-NĂ©erlande. L'origine aurait le meurtre d'une amĂ©rindienne soupçonnĂ©e d'un vol de pĂȘches[23]. Ce fut une victoire dĂ©cisive pour les AmĂ©rindiens, et de nombreuses colonies hollandaises pĂ©riphĂ©riques ont Ă©tĂ© contraintes de garnir temporairement le fort Amsterdam.

Les historiens ont Ă©mis l'hypothĂšse que cette agression des Andastes contre la colonie Ă©tait la consĂ©quence de la conquĂȘte de la Nouvelle-SuĂšde par Pieter Stuyvesant quelques jours plus tĂŽt, entre le 11 et le 15 septembre 1655, Ă  l'embouchure du Delaware car les SuĂ©dois avaient rĂ©ussi, pendant les 17 annĂ©es prĂ©cĂ©dentes, Ă  Ă©tablir les bases solides d'un commerce lucratif avec les Andastes.

Le plus important et le premier de ces raids amérindiens est survenu le , quand 500 guerriers ont envahi le chef-lieu (Nouvelle-Amsterdam) de la colonie depuis la pointe sud de l'ßle de Manhattan, en profitant du fait que le gros de la garnison se trouvait mobilisée aux pieds des remparts de Fort Christina en Nouvelle-SuÚde. Sur Staten Island, 23 colons hollandais ont été tués et 67 capturés, leurs maisons étant incendiées, et leurs récoltes détruites. Le capitaine Adriaen Crijnin Post, qui a dirigé l'établissement de la colonie pour le baron Hendrick van der Capellan, avait appris la langue des indigÚnes. Le chef Amérindien Penneckeck lui permit de quitter la captivité pour négocier une libération des colons qui ont été rendus sains et saufs, en échange de munitions, de wampum et de couvertures. Janny Venema recense, lui, une « cinquantaine de colons tués et plus d'une centaine de personnes prises en otage, surtout des femmes et des enfants »[24].

Le baron ordonna aux 67 otages libérés de construire un fort mais de nombreux habitants ont rapidement déménagé dans la colonie de Long Island.

La Nouvelle-NĂ©erlande conquise par les Anglais en 1664

Durant la deuxiĂšme guerre anglo-nĂ©erlandaise, qui oppose l’Angleterre aux Provinces-Unies, la Nouvelle-NĂ©erlande est conquise par les Anglais. Le directeur gĂ©nĂ©ral Pieter Stuyvesant livre La Nouvelle-Amsterdam le . La colonie est rebaptisĂ©e New York, en l’honneur du duc d’York, frĂšre du roi Charles II d'Angleterre.

Premier Ă©tendard de Niew Amsterdam en 1664.

En 1667, les Néerlandais renoncent à leurs revendications sur cette portion du territoire américain, lors du traité de Bréda, et obtiennent en retour la souveraineté sur le Suriname. Cependant, cinq ans plus tard, opposés aux Anglais de nouveau, les Néerlandais reprennent briÚvement la colonie. En 1673, la ville change de nom de nouveau (La Nouvelle-Orange, en l'honneur de Guillaume III d'Orange-Nassau, stathouder de cinq des sept provinces néerlandaises) avant que les Anglais ne la récupÚrent avec le traité de Westminster, le et consacrant définitivement le nom de New York.

HĂ©ritage et reconnaissance

De l'occupation néerlandaise, il reste aujourd'hui un certain nombre de noms de lieux new-yorkais, tels que Coney Island (Konijnen Eiland), Brooklyn (Breukelen), Harlem (Nieuw Haarlem), Flushing (Vlissingen) et Staten Island (Staaten Eylandt).

  • La baie de Gowanus tire son nom d'Owanus (nom latin de Ohain, village du Brabant-Wallon).
  • La baie de Wallabout, au nord de Brooklyn, vient de Waal bocht qui signifie, en nĂ©erlandais « baie wallonne ».
    • Wall Street, dont le nom vient de Waal Straat signifiant « rue Wallonne » en nĂ©erlandais.
  • Le nom de Hoboken, dans le New Jersey, provient d'une commune homonyme de l'agglomĂ©ration d'Anvers en Flandre.
  • Communipaw, Ă  Jersey City, est la contraction de Community of Pauw.

Le , Ă  l'occasion du tricentenaire de la fondation de New York, un monument commĂ©moratif est Ă©rigĂ© en l'honneur des colons wallons, sur le site de Battery Park, Ă  la pointe sud de Manhattan. Une piĂšce de monnaie en argent de 50 cents, ainsi que des timbres-poste de 1, 2 et 5 cents sont Ă©mis pour commĂ©morer l’arrivĂ©e des colons wallons et flamands.

Notes

  1. NY Public Library Picture Collection, « Map of Great Fire 1776 » (consulté le ).
  2. CUNY, « Map of Damages - 1835 »(Archive.org ‱ Wikiwix ‱ Archive.is ‱ Google ‱ Que faire ?) (consultĂ© le ).
  3. Cf. Jacques Cartier, « Le voyage de Giovanni da Verrazzano à la Francesca (1524) », dans Voyages au Canada avec les relations des voyages en Amérique de Gonneville, Verrazzano et Roberval, Paris, La Découverte, (ISBN 2-7071-1227-5)
  4. Site jemesouviens.biz, page sur le 11 septembre 1609, consulté le 1er septembre 2021.
  5. Site https://www.francetvinfo.fr, article "11 septembre 1609, dĂ©couverte de l’üle de Manhattan", consultĂ© le 1er septembre 2021.
  6. 2 février 1625 : naissance de la future New York.
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