Grand Incendie de New York de 1776
Le Grand Incendie de New York de 1776 est un sinistre brûlant la zone allant du côté ouest de la ville de New York jusqu’au sud de l’île de Manhattan dans la nuit du après avoir éclaté dans les premiers jours de l’occupation militaire de la ville par les forces britanniques pendant la guerre d’indépendance des États-Unis.
Grand Incendie de New York de 1776 | |
Interprétation de l’incendie publiée par un artiste contemporain en 1776. | |
Type | Sinistre |
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Pays | Treize colonies |
Localisation | New York |
Coordonnées | 40° 42′ 11″ nord, 74° 00′ 47″ ouest |
Date | |
Cet incendie détruit environ 10 à 25 %, voire un tiers[1] de la ville de New York, dont certaines parties non touchées sont, de surcroît, victimes de pillages. Les New Yorkais et les responsables britanniques, qui accusent les rebelles agissant dans la ville, se soupçonnent mutuellement d’être à l’origine du départ de feu. Ce sinistre a des effets à long terme sur l’occupation britannique de New York, qui ne prend fin qu’avec le départ des Britanniques de la ville en 1783.
Contexte
À l’orée de la révolution américaine en , la ville de New York, qui était déjà un important centre d’affaires, n’était pas encore devenue l’immense métropole qu’elle est devenue à l’heure actuelle, n’occupant que la partie inférieure de l’île de Manhattan. Sa population était d’environ 25 000[2] habitants. Avant le début de la guerre, la Province de New York était divisée politiquement entre les organisations patriotes actives et une assemblée coloniale fermement loyalistes[3]. Après la bataille de Lexington et Concord, les patriotes avaient pris le contrôle de New York et commencé à arrêter et expulser les loyalistes[4].
Au début de l’été de 1776, alors que le conflit n’en était encore qu’à ses débuts, le général britannique William Howe lança une campagne destinée à lui assurer le contrôle de New York et de son port militaire stratégique. Après avoir occupé Staten Island en juillet, il remporta, aidé par les forces navales sous le commandement de son frère, l’amiral Lord Richard Howe, la bataille de Long Island, fin août[5]. Reconnaissant le caractère inéluctable de la capture de New York, Le général Washington retira alors la majeure partie de ses troupes à environ 16 km au nord de Harlem Heights[6]. Plusieurs personnes, dont le général Nathanael Greene et le New Yorkais John Jay préconisèrent alors d’incendier la ville pour empêcher les Britanniques d’en profiter[7], mais le Second Congrès continental, auquel Washington soumit cette proposition, la rejeta catégoriquement : « Il ne faut en aucun cas l’endommager[8]. » Les forces britanniques du général Howe purent donc débarquer à Manhattan le [9]. Le lendemain matin, quelques troupes britanniques marchèrent vers Harlem, où les deux armées s’affrontèrent de nouveau, tandis que les autres investissaient la ville[10].
L’arrivée de la flotte britannique dans le port avait été précédée par un exode des civils new-yorkais. L’arrivée, en février, des troupes de la première Armée continentale avaient incité certaines personnes de la ville à plier bagage et décamper[11], y compris les loyalistes spécifiquement ciblés par l’armée et les patriotes[12]. La capture de Long Island n’avait fait qu’accélérer l’abandon de la ville. Nombre de propriétés abandonnées furent, au cours de la présence de l’Armée continentale dans la ville, affectées à un usage militaire[13]. L’arrivée des Britanniques dans la ville inversa les rôles en confisquant les propriétés des patriotes pour les affecter à l’usage de l’armée britannique[14]. Malgré cela, les exigences hospitalières et autres de l’occupation militaire obérèrent de manière significative les constructions disponibles de la ville[15].
Incendie
Le feu éclata dans les premières heures du . Selon le témoignage visuel d’un prisonnier américain à bord du HMS Pearl, du nom de John Joseph Henry, celui-ci commença près de Whitehall Slip, dans la Taverne dite « des coqs de combat[16] ». Attisé par le temps sec et les forts vents, les flammes se propagèrent vers le nord et l’ouest, progressant rapidement parmi la masse compacte des logis et des commerces. Les résidents se précipitèrent dans les rues, emportant les biens qu’ils pouvaient pour trouver refuge sur les friches herbeuses aujourd’hui occupées par New York City Hall. Le feu traversa Broadway, près de Beaver Street, pour brûler la plupart de la ville, entre Broadway et le fleuve Hudson[17]. Le sinistre fit rage toute la journée avant d’être contenu aussi bien par des changements dans le vent que par les actions de quelques citoyens et des marines britannique envoyés, selon Henry, « à la rescousse des habitants[16] ». Il se peut également que le fait que la propriété de Kings College, sis à l’extrémité nord de la zone endommagée par le feu, étant relativement peu développée, ait contribué à servir de coupe-feu naturel[17] - [18]. Le nombre exact de constructions détruites n’est pas connu ; les estimations varient de 400 à 1 000, c’est-à -dire de 10 à 25 % des 4 000 bâtiments que comptait alors la ville de New York[16] - [19]. Trinity Church figure au nombre des bâtiments détruits par le sinistre tandis que la chapelle Saint-Paul survécut[18].
Nature de l’incendie
Le rapport du général Howe à Londres laisse entendre que les causes de l’incendie étaient criminelles : « un certain nombre de misérables ont fait une tentative des plus épouvantables pour brûler la ville[18] ». Le gouverneur royal William Tryon, qui soupçonnait Washington d’en être le responsable, écrivit que « nombre de circonstances portent à conjecturer que M. Washington était au courant de cet acte crapuleux » et que « certains officiers de son armée ont été trouvés cachés dans la ville[20] ». Beaucoup d’Américains supposèrent également que l’incendie était l’œuvre d’incendiaires patriotes. John Joseph Henry a rapporté les récits de Marines de retour sur le Pearl après avoir combattu le sinistre, affirmant que des hommes avaient été « surpris en flagrant délit de départ de feu de maisons[21] ». Certains Américains accusèrent les Britanniques d’avoir mis le feu pour permettre le pillage de la ville. Un major hessois releva que certains qui avaient combattu les flammes avaient réussi à « bien se payer en pillant les maisons voisines épargnées par l’incendie[21] ».
Le , George Washington adressa à John Hancock une lettre où il affirmait nier avoir connaissance de la cause de l’incendie[21]. Dans une autre lettre adressée à son cousin Lund, il écrivit que « la Providence ou quelque brave honnête homme, a fait plus pour nous que nous n’étions nous-mêmes disposés à le faire[22] ».
Selon l’historien Barnet Schecter, aucune accusation d’incendie criminel n’a résisté à l’examen[20]. La meilleure preuve circonstancielle en faveur des théories de l’incendie criminel est le fait que le feu a paru commencer en plusieurs endroits. Toutefois, les récits contemporains expliquent que l’incendie fut propagé par des braises emportées de toit en toit. Un chroniqueur a écrit : « les flammes furent communiquées à plusieurs maisons » par ces braises « portées par le vent à une certaine distance[20] ». Les Britanniques interrogèrent plus de 200 suspects sans jamais inculper qui que ce soit[20]. Par coïncidence, le capitaine américain Nathan Hale qui espionnait pour Washington, fut arrêté à Queens le jour du départ de feu. Des rumeurs tentant de l’associer aux incendies n’ont jamais été prouvées, rien n’indiquant qu’il ait été arrêté puis pendu pour autre chose que des actes d’espionnage[23].
Conséquences sur l’occupation britannique
Le major général James Robertson confisqua les demeures inhabitées indemnes des New-Yorkais connus pour être patriotes pour les attribuer à des officiers britanniques. Les églises autres que celle de l’Église anglicane furent converties en prisons, en dispensaires ou en casernes. Certains des soldats ordinaires furent cantonnés chez des familles civiles. La grande affluence de réfugiés loyalistes de retour dans la ville, dont beaucoup campaient dans des tentes sordides sur les ruines calcinées, se solda par une surpopulation. Les Britanniques préférèrent alors déclarer la loi martiale plutôt que de retourner la ville aux autorités civiles. La criminalité et les problèmes d’assainissement furent des problèmes persistants au cours de l’occupation britannique, qui ne prirent fin qu’au Jour de l'évacuation, en [24] - [25].
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Great Fire of New York (1776) » (voir la liste des auteurs).
- François Weil, Histoire de New York, Paris, Fayard, , p. 50.
- Schecter 2002, p. 64
- Schecter 2002, p. 50-51
- Schecter 2002, p. 52-53.
- Johnston 1878, p. 94-224
- Johnston 1878, p. 228
- Johnston 1878, p. 229
- Johnston 1878, p. 230
- Schecter 2002, p. 179-193
- Johnston 1878, p. 245
- Schecter 2002, p. 71-72
- Schecter 2002, p. 96
- Schecter 2002, p. 90
- Schecter 2002, p. 194
- Schecter 2002, p. 209
- Schecter 2002, p. 204
- Lamb 1896, p. 135
- Schecter 2002, p. 205
- Trevelyan 1903, p. 310
- Schecter 2002, p. 206
- Schecter 2002, p. 207
- Schecter 2002, p. 208
- Schecter 2002, p. 210-215
- Schecter 2002, p. 275-276.
- Lamb 1896, p. 274
Voir aussi
Sources et bibliographie
- (en) Henry Phelps Johnston, The campaign of 1776 around New York and Brooklyn, Brooklyn, The Long Island Historical Society, (OCLC 234710)
- (en) Martha Joanna Lamb, History of the City of New York, The Century of National Independence, Closing in 1880, New York, A. S. Barnes, (OCLC 7932050)
- (en) Barnet Schecter, The Battle for New York : the city at the heart of the American Revolution, New York, Walker & Co, , 454 p. (ISBN 0-8027-1374-2)
- (en) Sir George Otto Trevelyan, The American RĂ©volution : 1766-1776, Londres, New York, Longmans, Green, (OCLC 8978164)