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John Barbirolli

Sir John Barbirolli, CH ( – ), nĂ© Giovanni Battista Barbirolli, est un chef d'orchestre et violoncelliste anglais.

John Barbirolli
John Barbirolli en 1965.
Titre de noblesse
Knight Bachelor
Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs
(Ă  70 ans)
Londres
SĂ©pulture
Nom de naissance
Giovanni Battista Barbirolli
Nationalité
Formation
Royal Academy of Music
St Clement Danes School (en)
Activités
Période d'activité
Ă  partir de
Conjoint
Evelyn Barbirolli (en) (Ă  partir de )
Titre honorifique
Sir

On le connaĂźt surtout pour avoir dirigĂ© le HallĂ© Orchestra Ă  Manchester, qu’il aida Ă  sauver de la dissolution en 1943 et qu’il dirigea jusqu’à sa mort. Il avait auparavant succĂ©dĂ© Ă  Arturo Toscanini en tant que directeur musical du New York Philharmonic, et ce de 1936 Ă  1943. Il fut Ă©galement chef d’orchestre principal du Houston Symphony de 1961 Ă  1967 et fut chef invitĂ© de nombreux autres orchestres, parmi lesquels l'Orchestre symphonique de la BBC, l'Orchestre symphonique de Londres, le Philharmonia, le Berliner Philharmoniker et l'orchestre philharmonique de Vienne, avec lesquels il effectua des enregistrements.

NĂ© Ă  Londres de parents italiens et français, Barbirolli grandit dans une famille de musiciens professionnels. AprĂšs avoir dĂ©butĂ© comme violoncelliste, il eut l’occasion de diriger Ă  partir de 1926 la Compagnie de l'OpĂ©ra national britannique (en), puis celle de Covent Garden. En prenant la direction du HallĂ© Orchestra, il fut moins disponible pour s’occuper d’opĂ©ra, mais dirigea cependant en 1950 la production d’Ɠuvres de Verdi, Wagner, Gluck et Puccini Ă  Covent Garden, et ce avec un tel succĂšs qu’il fut invitĂ© Ă  en devenir le directeur musical permanent, invitation qu’il dĂ©clina. Vers la fin de sa carriĂšre, il enregistra plusieurs opĂ©ras, dont le plus connu est probablement Madame Butterfly de Puccini pour EMI en 1967.

Que ce soit en concert ou en enregistrement, Barbirolli est tout particuliĂšrement associĂ© Ă  la musique de compositeurs anglais tels que Elgar, Delius et Vaughan Williams. Ses interprĂ©tations d’autres compositeurs post-romantiques comme Mahler et Sibelius ou classiques comme Schubert font toujours l’unanimitĂ©.

Biographie

Les premiÚres années

blue commémorative plaque on Barbirolli's birthplace
Southampton Row - plaque commémorative

Second enfant et fils aĂźnĂ© d’un pĂšre italien et d’une mĂšre française, Giovanni Battista Barbirolli naquit Ă  Southampton Row (en), dans le quartier londonien de Holborn et acquit la nationalitĂ© britannique par la naissance. Southampton Row Ă©tant situĂ© non loin de l’église St Mary-le-Bow, Barbirolli se considĂ©ra toute sa vie comme un Cockney[1]. Son pĂšre, Lorenzo Barbirolli (1864-1928), Ă©tait un violoniste vĂ©nitien qui s’était Ă©tabli Ă  Londres avec sa femme, Louise Marie, nĂ©e Ribeyrol (1870-1962)[2]. Lorenzo et son pĂšre avaient jouĂ© dans l’orchestre de la Scala de Milan, en particulier lors de la premiĂšre d’Otello de Verdi en 1887[3]. À Londres, ils jouaient dans les orchestres de thĂ©Ăątres du West End, principalement Ă  l’Empire (Leicester Square) (en)[4].

Le jeune Barbirolli dĂ©buta le violon Ă  l’ñge de quatre ans, mais opta rapidement pour le violoncelle[5]. Barbirolli prĂ©cisa plus tard que c’est son grand-pĂšre qui fut Ă  l’origine de ce changement, lequel, excĂ©dĂ© par l’habitude de l’enfant d’aller et venir dans la maison jouant du violon, lui acheta un petit violoncelle pour l’empĂȘcher de « traĂźner dans les pieds de tout le monde[Notes 1] - [6]». À ses Ă©tudes Ă  la Clement Danes Grammar School (en), s’ajoutĂšrent, Ă  partir de 1910, une bourse au Trinity College of Music[2] - [7] Au cours de ses Ă©tudes Ă  Trinity, il fit ses dĂ©buts en concert en interprĂ©tant un concerto pour violoncelle au Queen’s Hall en 1911 [5]. L’annĂ©e suivante, il obtint une bourse Ă  la Royal Academy of Music, oĂč il Ă©tudia l’harmonie, le contrepoint et la thĂ©orie avec le Dr J.B. McEwen et le violoncelle avec Herbert Walenn[2] - [8]. En 1914, il remporta le Prix ex-aequo de l’AcadĂ©mie Charles Rube de musique d’ensemble[9], et en 1916, le Musical Times le dĂ©crivit avec ces mots : « Mr Giovani Barbirolli, cet excellent jeune violoncelliste »[9]. Le directeur de l’Academy, Sir Alexander MacKenzie, avait interdit aux Ă©tudiants de jouer de la musique de chambre de Ravel, qu’il considĂ©rait comme ayant une « influence pernicieuse ». Barbirolli Ă©tait cependant trĂšs portĂ© vers la musique moderne et avec trois de ses collĂšgues rĂ©pĂ©tait le Quatuor Ă  cordes de Ravel en cachette dans les toilettes de l’Academy[10].

De 1916 Ă  1918, il se produisit comme violoniste free-lance Ă  Londres. Il se souvient : « Mon premier concert fut avec le Queen’s Hall Orchestra et je fus probablement en 1916 le plus jeune musicien ayant jamais jouĂ© dans l’orchestre. Nous avions un rĂ©pertoire trĂšs dense, avec six concerts par semaine et au minimum trois heures par jour de rĂ©pĂ©titions. À l’époque, nous Ă©tions plus que satisfaits si nous arrivions Ă  dĂ©marrer et Ă  finir ensemble » [11].Tout en jouant dans le Queen’s Hall Orchestra, Barbirolli se produisait Ă©galement dans les orchestres des compagnies d’opĂ©ras de Beecham et Carl Rosa (en), donnait des rĂ©citals avec la pianiste Ethel Bartlett et jouait dans des orchestres de thĂ©Ăątres, de cinĂ©mas, d’hĂŽtels et de dancings et, comme il le disait, « n’importe oĂč sauf dans la rue » [12]. Pendant la derniĂšre annĂ©e de la PremiĂšre Guerre Mondiale, Barbirolli s’engagea dans l’armĂ©e en tant que soldat de premiĂšre classe dans le Suffolk Regiment (en)[8]. C’est dans ce contexte qu’il eut la premiĂšre opportunitĂ© de diriger Ă  l’occasion de la formation d’un orchestre de volontaires. Il dĂ©crivit plus tard cette expĂ©rience :

« J’étais en garnison sur l’Ile de Grain – un endroit horrible mais qui composait la premiĂšre ligne de dĂ©fense contre l’invasion – et dans notre bataillon des Suffolks nous avions un certain nombre de musiciens professionnels. Il nous vint donc l’idĂ©e de former un orchestre et nous jouions lors de nos temps libres dans le foyer central. Je jouais en tant que violoncelliste principal et nous Ă©tions sous la direction du chef de musique, un certain Lieutenant Bonham. Les autres savaient que je brĂ»lais d’envie de prendre la baguette et alors qu’un jour Bonham attrapa la grippe, ils pensĂšrent que « Old Barby » - c’était mon surnom – devrait tenter sa chance. La situation Ă©tait plutĂŽt romantique – j’étais en train de nettoyer le plancher dans le mess des officiers quand ils vinrent me trouver pour me faire la proposition. Notre programme fut composĂ© de l’ouverture de la Cavalerie LĂ©gĂšre et la Petite Suite de Concert de Coleridge-Taylor et je dois avouer que je ne me souviens pas des autres morceaux. »[11].

Durant son sĂ©jour Ă  l’armĂ©e, Barbirolli adopta la forme anglicisĂ©e de son prĂ©nom afin de faciliter les choses : « Le sergent-major avait toutes les peines du monde Ă  lire mon nom sur la liste d’appel. ‘Qui est ce Vanni ?’ demandait-il rĂ©guliĂšrement. C’est ainsi que j’ai pris le prĂ©nom de John. »[13]. DĂ©mobilisĂ©, Barbirolli reprit son prĂ©nom d’origine qu’il conserva jusqu’en 1922[14].

De retour Ă  la vie civile, Barbirolli reprit sa carriĂšre de violoncelliste. Son association avec le Concerto pour violoncelle d’Edward Elgar remonte Ă  la premiĂšre reprĂ©sentation de l’Ɠuvre en 1919, alors qu’il Ă©tait simple musicien au sein du London Symphony Orchestra[15]. Un an plus tard, il jouait comme soliste lors d’une autre reprĂ©sentation du concerto[Notes 2]. Le Musical Times commenta : « Signor Giovanni Barbirolli n’était pas tout Ă  fait Ă  la hauteur de la partition de soliste, mais sa façon de jouer fut des plus agrĂ©ables »[16]. Lors du Three Choirs Festival de 1920, il joua pour la premiĂšre fois dans le Dream of Gerontius, sous la direction d’Elgar, au sein des violoncellistes du LSO[17]. Il rejoignit alors deux nouveaux quatuors Ă  cordes en tant que violoncelliste : le Kutcher Quartet, dirigĂ© par son ancien camarade d’études Ă  Trinity, Samuel Kutcher [18], ainsi que le Music Society Quartet (qui prit plus tard le nom de The International Quartet) dirigĂ© par AndrĂ© Mangeot. Il eut Ă©galement l’occasion de passer pour les premiĂšres fois Ă  la radio avec le quartet de Mangeot[19].

Les premiers postes de chef d’orchestre

L’ambition de Barbirolli Ă©tait de diriger un orchestre. Il fut le premier instigateur de la fondation du Guild of Singers and Players Chamber Orchestra en 1924[20], et fut invitĂ© en 1926 Ă  diriger un nouvel ensemble Ă  la Chenil Gallery Ă  Chelsea[8] - [21], initialement appelĂ© « Chenil Chamber Orchestra » puis rebaptisĂ© « John Barbirolli’s Chamber Orchestra »[22]. Lors des concerts qu’il dirigea, Barbirolli fut remarquĂ© par Frederic Austin (en), directeur de la Compagnie de l'OpĂ©ra national britannique (en) (BNOC), qui l’invita cette mĂȘme annĂ©e Ă  diriger des reprĂ©sentations de la compagnie. Barbirolli n’avait jamais eu l’occasion de diriger un chƓur ni un orchestre de grande dimension, mais eut suffisamment confiance en lui pour accepter[11], Il fit ses dĂ©buts dans l’opĂ©ra en dirigeant RomĂ©o et Juliette de Gounod Ă  Newcastle, puis quelques jours plus tard Aida et Madame Butterfly[23]. Les deux annĂ©es suivantes, il dirigea souvent le BNOC et dĂ©buta au Royal Opera House - Covent Garden avec Madame Butterfly en 1928[24]. L’annĂ©e suivante, il fut invitĂ© Ă  diriger la piĂšce d’ouverture de la saison internationale de Covent Garden avec Don Giovanni, avec Mariano Stabile, Elisabeth Schumann et Heddle Nash (en) comme principaux interprĂštes[25].

En 1929, Ă  la suite de la dissolution du BNOC pour problĂšmes financiers, l’administration de Covent Garden mit sur pied une compagnie itinĂ©rante pour combler le vide et nomma Barbirolli comme directeur musical et chef d’orchestre. Au programme de la premiĂšre tournĂ©e rĂ©gionale de la compagnie figuraient des opĂ©ras tels que Die Meistersinger, Lohengrin, La BohĂšme, Madame Butterfly, Le Barbier de SĂ©ville, la Tosca, Falstaff, Faust, Cavalleria Rusticana, Pagliacci, Il Trovatore ainsi que les premiĂšres reprĂ©sentations en anglais de Turandot[26]. Dans les derniĂšres tournĂ©es de la compagnie, Barbirolli eut l’opportunitĂ© de diriger d’autres Ɠuvres du rĂ©pertoire allemand comme Der Rosenkavalier, Tristan et Isolde et La Walkyrie[27]. Durant ses annĂ©es avec la compagnie itinĂ©rante Barbirolli garda un intĂ©rĂȘt pour les salles de concerts. En 1927, remplaçant au pied levĂ© Sir Thomas Beecham, il dirigea une reprĂ©sentation de la Symphonie no 2 d’Elgar avec le London Symphony Orchestra, ce qui lui valut les remerciements du compositeur. Barbirolli fut Ă©galement chaudement fĂ©licitĂ© par Pablo Casals qu’il avait accompagnĂ© dans le Concerto en RĂ© majeur de Haydn lors du mĂȘme concert[8] - [Notes 3] - [28]. Il dirigea un concert de la Royal Philharmonic Society lors duquel Ralph Vaughan Williams se vit remettre la MĂ©daille d’or de la sociĂ©tĂ©[29], ainsi qu’un autre concert avec la mĂȘme formation lors duquel fut jouĂ©e de la musique de Gustav Mahler – ce qui Ă©tait rare Ă  l’époque – en l’occurrence Kindertotenlieder, avec la soliste Elena Gerhardt[30]. Bien que Barbirolli devint un grand admirateur de la musique de Mahler, il trouvait Ă  cette Ă©poque dans les annĂ©es 1930 qu’elle manquait sincĂšrement de matiĂšre[31].

Lorsque le HallĂ© Orchestra annonça en 1932 que son chef attitrĂ©, Hamilton Harty, avait prĂ©vu de partir donner des concerts Ă  l’étranger, Barbirolli figura parmi les quatre chefs invitĂ©s Ă  diriger l’orchestre en l’absence de Harty, les trois autres Ă©tant Elgar, Beecham et Pierre Monteux. Les programmes de Barbirolli incluaient des Ɠuvres de compositeurs aussi divers que Purcell, Delius, Mozart et Franck[32]. En , Barbirolli Ă©pousa la cantatrice Marjorie Parry, membre de la BNOC[33]. En 1933, Barbirolli fut invitĂ© Ă  devenir le chef principal du Scottish Orchestra. Cette formation n’était pas Ă  l’époque un orchestre permanent, comme allait le devenir son successeur le Scottish National Orchestra, mais se produisait sur une saison d’environ six mois[34]. Barbirolli dirigea le Scottish Orchestra pendant trois saisons, « donnant un coup de jeune Ă  la dimension et au programme de l’orchestre et renforçant ainsi sa propre rĂ©putation »[2]. Nonobstant cette rĂ©putation croissante en Grande-Bretagne, le nom de Barbirolli Ă©tait peu connu Ă  l’étranger et le monde de la musique fut trĂšs surpris en 1936 quand il fut invitĂ©  Ă  prendre la succession de Arturo Toscanini Ă  la tĂȘte du New York Philharmonic Orchestra[Notes 4] - [35].

Le New York Philharmonic

Au printemps 1936, la direction du New York Philharmonic se trouva confrontĂ©e Ă  un problĂšme. Toscanini Ă©tait parti en quĂȘte d’émoluments plus substantiels  auprĂšs du NBC Symphonic Orchestra[Notes 5] - [36]. Wilhelm FurtwĂ€ngler avait acceptĂ© l’invitation de l’orchestre pour remplir le poste, mais sa situation Ă©tait politiquement inacceptable pour une partie du public du Philharmonic dans la mesure oĂč il vivait et travaillait toujours en Allemagne sous le rĂ©gime nazi. Une campagne de protestations Ă  New York le dissuada d’accepter le poste. Faute d’avoir trouvĂ© un autre chef de mĂȘme envergure, le conseil d’administration invita cinq chefs Ă  se partager la saison. Barbirolli se vit attribuer les dix premiĂšres semaines, ce qui reprĂ©sentait vingt six concerts[37]. Puis se succĂ©daient les chefs-compositeurs Igor Stravinsky, Georges Enesco et Carlos ChĂĄvez, pour chacun deux semaines, pour terminer avec Artur RodziƄski du Cleveland Orchestra pour huit semaines[38].


the interior of a nineteenth century concert hall looking from the auditorium towards the platform
Carnegie Hall, New York, oĂč Barbirolli fut chef d'orchestre de 1936 Ă  1943

Le premier concert de Barbirolli Ă  New York se dĂ©roula le . Le programme comportait de courtes Ɠuvres de Berlioz et Arnold Bax, ainsi que des symphonies de Mozart (Linz) et Brahms (la 4e)[39]. Durant ces dix semaines, Barbirolli mit au programme plusieurs nouvelles Ɠuvres amĂ©ricaines telles que Memories of My Childhood, poĂšme symphonique de Charles Martin Loeffler, une symphonie de Anis Fuleihan (en) et l’ouverture Bret Harte de Philip James (en). Il dirigea Ă©galement le Concerto pour Contrebasse de Serge Koussevitzky[40]. Sur ce, les musiciens firent savoir Ă  l’administration du Philharmonic qu’ils verraient d’un trĂšs bon Ɠil que Barbirolli soit titularisĂ©[41]. Ceci se traduisit par une invitation Ă  prendre le poste de directeur musical et chef permanent pour trois ans Ă  partir de la saison 1937-38[42]. SimultanĂ©ment Ă  cet important changement dans sa vie professionnelle, la vie privĂ©e de Barbirolli fut Ă©galement bouleversĂ©e. Son mariage n’avait pas rĂ©sistĂ©, car pendant quatre ans, le couple avait vĂ©cu sĂ©parĂ©. En 1938, Marjorie Barbirolli demanda le divorce sur le motif d’abandon. La demande ne fut pas contestĂ©e et le divorce accordĂ© en [33]. En 1939, Barbirolli Ă©pousa le hautboĂŻste Evelyn Rothwell (en) et le couple resta uni jusqu’au dĂ©cĂšs de Barbirolli[Notes 6].

L’une des principales caractĂ©ristiques du sĂ©jour de Barbirolli Ă   New York fut sa programmation rĂ©guliĂšre d’Ɠuvres modernes. Il y dirigea les premiĂšres mondiales de la 2e Façade Suite (en) de Walton[43], ainsi que la Sinfonia da Requiem et le Concerto pour Violon de Britten ; il introduisit Ă©galement des piĂšces de Jacques Ibert, Eugene Goossens et Arthur Bliss, ainsi que de nombreux compositeurs amĂ©ricains tels que Samuel Barber, Deems Taylor et Daniel Gregory Mason. Les nouvelles Ɠuvres qu’il prĂ©senta n’étaient pas vraiment avant-garde, mais elles contribuĂšrent cependant Ă  dĂ©tourner la partie conservatrice des abonnĂ©s et aprĂšs l’augmentation de la frĂ©quentation des premiĂšres annĂ©es, les ventes de places dĂ©clinĂšrent[44]. Barbirolli eut par ailleurs Ă  faire face Ă  ce que la revue The Gramophone dĂ©crivit comme « une virulente campagne de presse Ă  New York de la part des personnes qui dĂ©siraient le voir quitter le poste. »[45]. L’influent critique musical Olin Downes s’était opposĂ© dĂšs le dĂ©but Ă  la nomination de Barbirolli, insistant sur le fait que, « mĂȘme sans chauvinisme aucun », la prĂ©fĂ©rence aurait dĂ» ĂȘtre donnĂ©e Ă  un « chef d’orchestre de nationalitĂ© amĂ©ricaine »[46]. Downes avait rĂ©ellement une dent contre le Philharmonic : peu avant la nomination de Barbirolli, Downes fut remerciĂ© en tant que prĂ©sentateur des prestigieuses diffusions radiophoniques dominicales de l’orchestre[47]. Lui-mĂȘme, ainsi que le compositeur Virgil Thomson, Ă©crivaient rĂ©guliĂšrement des articles mĂ©prisants sur Barbirolli, le comparant au regrettĂ© Toscanini[48]. L’administration de l’orchestre renouvela nĂ©anmoins le poste de Barbirolli en 1940. En 1942, alors que son second contrat prenait fin, on lui proposa d’assurer la saison 1943-44 avec 18 concerts, et le Los Angeles Philharmonic l’invita mĂȘme Ă  devenir son chef attitrĂ©, mais il refusa les deux propositions car il avait dĂ©cidĂ© de rentrer en Angleterre[49].

La raison principale de son dĂ©part Ă©tait liĂ©e Ă  la politique musicale locale. Il dĂ©clara plus tard : « Le syndicat local des musiciens
 Ă©dicta une nouvelle rĂ©glementation comme quoi tous les musiciens, y compris les solistes et les chefs d’orchestre, devaient adhĂ©rer ». Horowitz, Heifetz et bien d’autres furent scandalisĂ©s par cette mesure mais rien n’y fit. Il fut Ă©galement stipulĂ© que les chefs d’orchestre devaient acquĂ©rir la nationalitĂ© amĂ©ricaine. Cela m’était impossible en temps de guerre, ou Ă  aucun autre moment d’ailleurs. »[11]. L’autre raison de son dĂ©part Ă©tait le sentiment qu’on avait besoin de lui en Angleterre. Au printemps 1942, il s’engagea dans une pĂ©rilleuse traversĂ©e de l’Atlantique :

« J’étais aux États-Unis quand la guerre Ă©clata, en tant que chef d’orchestre du New York Philharmonic. A.V. Alexander, alors Amiral en chef[Notes 7], m’écrivit pour me dire que, contrairement Ă  ce Ă  quoi on pouvait s’attendre, la musique Ă©tait en plein essor et que mon retour, si j’en dĂ©cidais ainsi, serait chaleureusement apprĂ©ciĂ©. À vrai dire, j’avais un fort dĂ©sir de rentrer et c’était simplement une question d’organisation. A.V. en fit part Ă  Churchill, qui lui rĂ©pondit apparemment avec ces mots : « s’il est assez fou pour revenir, laissez-le donc faire. » La traversĂ©e Ă  bord d’un navire fruitier dura 23 jours et, de notre convoi de 75 navires, seulement 32 arrivĂšrent Ă  Liverpool. Je jouai sur place pendant 10 semaines avec le LSO et le LPO pour remonter le moral des musiciens et rĂ©-embarquai sur un bananier de 5,000 tonnes de la Fyffes. Nous fĂ»mes repĂ©rĂ©s par un sous-marin allemand dĂšs le passage de l’Irlande du Nord, mais ce n’est pas le genre de chose qui m’inquiĂ©ta car je suis plutĂŽt du genre fataliste. En tous cas, c’était formidable d’ĂȘtre de retour, de revoir l’Angleterre Ă  son zĂ©nith et de rendre visite Ă  ma vieille mĂšre[11].

Barbirolli retourna Ă  New York pour s’acquitter de ses engagements auprĂšs du Philharmonic[Notes 8] - [50]. Peu aprĂšs son retour, il reçut un appel pressant du HallĂ© Orchestra pour devenir leur chef d’orchestre. La structure Ă©tait en danger de disparition par manque de musiciens et Barbirolli saisit l’opportunitĂ© de rendre service[11].

Le Hallé Orchestra

exterior of a Victorian building with ornate brickwork
Free Trade Hall, Manchester, la base principale du Hallé à l'époque de Barbirolli

En 1943, Barbirolli traversa une nouvelle fois l’Atlantique, Ă©chappant de peu Ă  un destin tragique : il Ă©changea son billet d’avion avec l’acteur Leslie Howard qui souhaitait diffĂ©rer son vol de quelques jours[51]. L’avion de Barbirolli se posa sans encombre, celui de Howard fut abattu[11]. À Manchester, Barbirolli s’empressa de redonner vie au HallĂ©. Le nombre de musiciens Ă©tait tombĂ© Ă  trente. La plupart des jeunes musiciens Ă©taient sous les drapeaux, et, pour ne rien arranger, l’administration avait mis fin Ă  la convention qui donnait Ă  bon nombre de musiciens du BBC Northern Orchestra une double appartenance[52]. Le conseil d’administration du HallĂ© prit la dĂ©cision de suivre l’exemple du Liverpool Philharmonic, que le prĂ©cĂ©dent chef du HallĂ©, Malcolm Sargent, avait transformĂ© en structure permanente Ă  plein temps[5] - [53]. Parmi les musiciens qui avaient la double appartenance avec le BBC, seuls quatre d’entre eux choisirent de rester avec le HallĂ©[54].

Le Times dĂ©crivit ainsi les premiĂšres actions de Barbirolli : « En l’espace de deux mois d’auditions ininterrompues, Barbirolli reconstruisit le HallĂ©, recrutant tout musicien de bon niveau, quel que furent ses antĂ©cĂ©dents – il se retrouva ainsi avec une premiĂšre flĂ»te d’ñge scolaire, une corniste maĂźtresse d’école et divers cuivres venant de musiques militaires de la rĂ©gion de Manchester
 Finalement, le premier concert du nouveau HallĂ© fut Ă  la hauteur de la rĂ©putation du grand HallĂ©. »[5]. Le Musical Times nota ainsi : « Depuis ses dĂ©buts, la rĂ©putation et le respect qu’inspirait l’orchestre s’était construits Ă  partir de ses cordes. On retrouvait la fougue, l’intensitĂ© et la chaleur radiante revendiquĂ©e par le chef violoncelliste issu du milieu. »[17] La rĂ©putation de Barbirolli Ă  bĂątir des orchestres Ă©tait intacte : aprĂšs sa mort, l’un de ses anciens musiciens commenta : « Si vous recherchiez une expĂ©rience orchestrale, vous pouviez tout acquĂ©rir en dĂ©butant au sein du HallĂ© avec John Barbirolli. »[55]. Au-delĂ  de cela, les critiques, le public et les musiciens en Europe et aux États-Unis s’accordaient pour tĂ©moigner de la bonification qu’apportait Barbirolli aux orchestres dont il avait la direction[56]. Quelques annĂ©es plus tard, Barbirolli Ă©tendit son enseignement Ă  la Royal Academy of Music, oĂč il prit en charge l’orchestre des Ă©tudiants Ă  partir de 1961[57].

Barbirolli dĂ©clina des invitations de directions d’orchestres plus prestigieuses et plus lucratives[5]. Peu aprĂšs son arrivĂ©e au HallĂ©, il reçut une proposition des sponsors d’un projet ambitieux destinĂ© Ă  le mettre  la tĂȘte du London Symphony Orchestra[58], et au dĂ©but des annĂ©es 1950, la BBC envisagea de le recruter pour diriger le BBC Symphony Orchestra[59]. À la mĂȘme Ă©poque, le responsable du Royal Opera House, David Webster, l’aurait voulu comme directeur musical. Barbirolli dirigea six opĂ©ras pour Webster : Turandot, Aida, OrphĂ©e et Eurydice, Tristan et Iseut, La BohĂšme et Madame Butterfly entre 1951 et 1953[60], mais refusa d’abandonner le HallĂ©[61]. Son biographe Charles Reid Ă©crivit : « Son royaume de Manchester est un vrai royaume. Il n’y est pas restreint ou dĂ©rangĂ© dans son choix de programmation. D’une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, il dirige ce qu’il a envie de jouer
 Son royaume est quasiment le paradis d’un chef d’orchestre »[62]. En 1958 cependant, aprĂšs avoir reconstruit l’orchestre et multipliĂ© les tournĂ©es, donnant jusqu’à 75 concerts dans une annĂ©e, il s’élabora un programme moins contraignant, se donnant le temps d’accepter les invitations d’autres orchestres[63]. Il se produisit au Vienna State Opera[64], et au Rome Opera House, oĂč il dirigea Aida en 1969[65]. En 1960, il accepta l’invitation Ă  succĂ©der Ă  Leopold Stokowski en tant que chef principal du Houston Symphony au Texas, poste qu’il occupa jusqu’en 1967, dirigeant 12 semaines par an au dĂ©but du printemps et Ă  la fin de l’automne entre ses obligations au HallĂ©[66]. En 1961, il entama une collaboration rĂ©guliĂšre avec le Berlin Philharmonic Orchestra, qu’il entretint jusqu’à la fin de sa vie[63].

À partir de 1953, Barbirolli et la HallĂ© se produisirent rĂ©guliĂšrement au Henry Wood Promenade Concerts au Royal Albert Hall Ă  Londres. À cĂŽtĂ© des classiques du rĂ©pertoire, ils donnĂšrent un concert annuel de musique viennoise, avec des Ɠuvres de Franz LehĂĄr et Johann Strauss, qui devinrent rapidement, tout comme les soirĂ©es Gilbert et Sullivan de Sir Malcolm Sargent, des rendez-vous plĂ©biscitĂ©s par les spectateurs[67]. Lors d’un concert promenade de 1958, Barbirolli et le HallĂ© jouĂšrent une rĂ©plique du premier concert de George HallĂ© Ă  la tĂȘte de son orchestre en 1858[68].

L’intĂ©rĂȘt de Barbirolli pour la nouvelle musique diminua dans les annĂ©es d’aprĂšs-guerre[69], mais il apparut cependant rĂ©guliĂšrement avec le HallĂ© au Cheltenham Festival, oĂč il dirigea en premiĂšre des Ɠuvres d’un style principalement traditionnel de William Alwyn, Richard Arnell, Arthur Benjamin, Peter Racine Fricker, Gordon Jacob, Alan Rawsthorne, Kenneth Leighton et d’autres encore[70]. Pour le centenaire de 1958, le HallĂ© programma plusieurs Ɠuvres nouvelles, dont Partita, divertissement virtuose de Walton[71]. Barbirolli se concentra de plus en plus sur son cƓur de rĂ©pertoire de symphonies classiques, d’Ɠuvres de compositeurs anglais et de musique post-romantique, en particulier d’Ɠuvres de Mahler[31]. Dans les annĂ©es 1960, il entreprit une sĂ©rie de tournĂ©es internationales avec le Philharmonia (AmĂ©rique Latine en 1963), le BBC Symphony Orchestra (TchĂ©coslovaquie, Pologne et URSS en 1967) et le HallĂ© (AmĂ©rique Latine et Antilles en 1968)[63]. Il regretta toute sa vie de n’avoir pu emmener le HallĂ© aux États-Unis[5].

John Barbirolli en 1965

En 1968, aprĂšs 25 ans avec le HallĂ©, Barbirolli se retira de la fonction de chef d’orchestre principal et aucun successeur ne fut nommĂ© de son vivant[Notes 9] - [72]. Il fut nommĂ© Chef LaurĂ©at de l’orchestre[2] Il rĂ©duisit le nombre de ses apparitions avec le HallĂ©, tout en accompagnant cependant une tournĂ©e europĂ©enne en 1968, cette fois en Suisse, Autriche et Allemagne[73].Ses derniĂšres annĂ©es furent marquĂ©es par une tendance Ă  se concentrer sur les dĂ©tails plutĂŽt qu’aux Ɠuvres dans leur ensemble. Son ami fidĂšle et admirateur, le critique Neville Cardus Ă©crivit en privĂ© en 1969 : « il semble aimer un simple passage Ă  un tel point qu’il s’y attarde, le caresse ; tandis qu’il perd la dynamique d’ensemble’ [74]. 1970, sa derniĂšre annĂ©e, fut marquĂ©e par des problĂšmes cardiaques ; il eut plusieurs attaques en avril, mai, juin et juillet. Ses deux derniers concerts furent donnĂ©s avec le HallĂ© au Festival de King’s Lynn en 1970. Il y donna des versions pleines d’inspiration de la Symphonie no 1 et des Sea Pictures de Elgar[75]. La derniĂšre Ɠuvre qu’il dirigea en public fut la 7e Symphonie de Beethoven le samedi prĂ©cĂ©dant son dĂ©cĂšs[76]. Le jour de sa mort, le , il passa plusieurs heures Ă  rĂ©pĂ©ter avec le New Philharmonia Orchestra en prĂ©paration d’une tournĂ©e de concerts qu’il devait donner au Japon[77].

Barbirolli dĂ©cĂ©da d’une crise cardiaque Ă  son domicile Ă  l’ñge de 70 ans[78]. Il fut incinĂ©rĂ© et ses cendres inhumĂ©es dans la tombe de ses parents au cimetiĂšre de Kensal Green Ă  Londres. Parmi les engagements qui ne purent se rĂ©aliser du fait de sa disparition figurent une production d’Otello au Royal Opera House, qui y aurait marquĂ© sa premiĂšre prestation depuis prĂšs de 20 ans [79] et des enregistrements d’opĂ©ras pour EMI, dont Manon Lescaut de Puccini [31] et Falstaff de Verdi[45].

Honneurs, distinctions et commémoratifs

Parmi les distinctions officielles, Barbirolli fut fait Chevalier de la Couronne Britannique en 1949 et Companion of Honour en 1969 ; il reçut Ă©galement la Grand Croix et le Collier de Commandeur de Finlande, la 1re Classe de l’Order of the White Rose en 1963, l’Ordre du MĂ©rite d’Italie en 1964, le titre d’Officier de l’Ordre des Arts et des Lettres de France en 1966 ainsi que celui d’Officier de l’Ordre du MĂ©rite en 1968[80]. Parmi les distinctions d’institutions musicales : la Liberty de la Worshipful Company of Musicians en 1966, le titre d’AcadĂ©micien Honoraire de l’Accademia Nazionale di Santa Cecilia en 1960, la MĂ©daille d’or de la Royal Philharmonic Society en 1950, la MĂ©daille Bruckner de la Bruckner Society of America en 1959 et la MĂ©daille Mahler de la Mahler-Bruckner Society of America en 1965[80].

Statue de John Barbirolli Ă  Manchester (4961467570)

Il y a des commĂ©moratifs de Barbirolli Ă  Manchester et Ă  Londres. Une statue de Byron Howard lui fut Ă©rigĂ©e en 2000 Ă  Barbirolli Square Ă  Manchester[81]. C’est sur cette place que se trouve le siĂšge actuel du HallĂ© Orchestra, le Bridgewater Hall, dans lequel une salle porte le nom de Barbirolli[82]. Le hall principal de son ancienne Ă©cole, St Clement Danes, qui a depuis dĂ©mĂ©nagĂ© Ă  Chorleywood, porte Ă©galement son nom[83]. Une plaque commĂ©morative fut placĂ©e sur le mur du Bloomsbury Park Hotel Ă  Southamton Row en pour indiquer le lieu de naissance de Barbirolli[84]. La Sir John Barbirolli Memorial Foundation de la Royal Philharmonic Society fut constituĂ©e aprĂšs sa mort pour permettre Ă  de jeunes musiciens d’acquĂ©rir des instruments[85]. En 1972 la Barbirolli Society fut mise en place avec pour principal objectif de promouvoir l’édition d’enregistrements d’Ɠuvres dirigĂ©es par Barbirolli. Evelyn Barbirolli, Daniel Barenboim et Michael Kennedy ont Ă©tĂ© membres honoraires de cette institution[86]. En , Barbirolli fut inscrit au tout nouveau « Hall of Fame » de la sociĂ©tĂ© Gramophone[87].

RĂ©pertoire et enregistrements

Le nom de Barbirolli est associĂ© Ă  un certain nombre de compositeurs : Elgar, Vaughan Williams et Mahler, ainsi que Schubert, Beethoven, Sibelius, Verdi et Puccini et il milita ardemment en faveur des nouvelles Ɠuvres de compositeurs britanniques. Vaughan Williams lui dĂ©dia ses 7e et 8e Symphonies. Son surnom « Glorious John » tient son origine de l’inscription que fit Vaughan Williams en en-tĂȘte de la partition de sa 8e Symphonie « A Glorious John, avec tendresse et admiration de Ralph »[88]. Barbirolli ne dĂ©daignait pas la musique plus lĂ©gĂšre. Le critique musical Richard Osborne Ă©crivit que si tous les enregistrements de Barbirolli venaient Ă  disparaĂźtre Ă  l’exception de la Gold and Silver Waltz de Franz LehĂĄr, « cela suffirait Ă  affirmer que ‘ça, c’était un chef d’orchestre’ »[89].

Le rĂ©pertoire de Barbirolli n’était pas aussi Ă©tendu que celui de bien d’autres confrĂšres, car il attachait une importance particuliĂšre Ă  la prĂ©paration minutieuse de chaque Ɠuvre qu’il dirigeait. Son confrĂšre Sir Adrian Boult aimait bien et admirait Barbirolli mais le taquinait toujours pour son caractĂšre mĂ©ticuleux : « On ne peut pas ĂȘtre tous comme toi et passer des mois Ă  Ă©tudier tous ces dĂ©tails et passer des journĂ©es de rĂ©pĂ©tition avant de les mettre en musique. Pour certains d’entre nous, ce n’est qu’un passe-temps ». Barbirolli Ă©tait choquĂ© par tant de lĂ©gĂšretĂ©[90] - [Notes 10] - [91]. Son attitude est particuliĂšrement illustrĂ©e par la façon dont il prĂ©parait les symphonies de Mahler. Son biographe Michael Kennedy commentait ainsi : Â« il est ironique de penser que les efforts demandĂ©s par la composition de ses symphonies ait abrĂ©gĂ© la vie de Mahler ; leur interprĂ©tation par Barbirolli a certainement mis sur lui une rĂ©elle pression ces dix derniĂšres annĂ©es. »[92]. La maĂźtrise d’une symphonie de Mahler prenait au moins 18 mois Ă  deux ans et Barbirolli passait des heures Ă  peaufiner les partitions des cordes en prĂ©paration des concerts[31]. Sa premiĂšre reprĂ©sentation de la 9e Symphonie de Mahler nĂ©cessita 50 heures de rĂ©pĂ©titions[93].

Les annĂ©es d’avant-guerre

TrĂšs tĂŽt dans sa carriĂšre, Barbirolli effectua des enregistrements. Jeune violoncelliste, il effectua quatre enregistrements pour Edison Bell en 1911, accompagnĂ© au piano par sa sƓur Rosa[94]. Au sein des quatuors Ă  cordes de la Kutcher et de la Music Society, il enregistra des morceaux de Mozart, Purcell, Vaughan Williams et quelques autres en 1925 et 1926[95]. En tant que chef d’orchestre, il commença Ă  enregistrer en 1927 pour le compte de la National Gramophonic Society (une filiale de The Gramophone)[96]. De cette pĂ©riode date le tout premier enregistrement du Introduction and Allegro for Strings de Elgar. En l’entendant, le compositeur commenta : « Je n’avais jamais rĂ©alisĂ© que cette Ɠuvre avait une telle dimension ». Elgar, bien qu’il effectua lui-mĂȘme de nombreux enregistrements en sa qualitĂ© de chef d’orchestre, n’enregistra jamais cette Ɠuvre, et il fut avancĂ© que « la dimension, la noblesse et la poĂ©sie lyrique » de l’interprĂ©tation de Barbirolli dissuadĂšrent le compositeur de s’y mesurer. » [97] En 1928, Barbirolli fit des enregistrements pour la maison Edison Bell. La mĂȘme annĂ©e dĂ©buta son association avec le label His Master’s Voice (HMV) qui devait se poursuivre de nombreuses annĂ©es. Juste aprĂšs le concert qu’il donna avec le LSO en remplacement de Beecham, il fut approchĂ© par Fred Gaisberg, responsable des enregistrements chez HMV, qui le fit signer pour la sociĂ©tĂ© peu aprĂšs[98]. Un collĂšgue de Gaisberg chez HMV dĂ©crivit Barbirolli comme « un vrai trĂ©sor », Ă©tant capable d’accompagner Chaliapin sans dĂ©clencher une tempĂȘte de protestations, de s’attirer les Ă©loges aussi bien de Jacha Heifetz que de Artur Rubinstein, Fritz Kreisler ou Pablo Casals et de diriger l’un des plus mĂ©morables enregistrements du Quintet des Meistersinger »[45].

Bon nombre d’enregistrements d’avant-guerre pour HMV furent des concertos. Sa rĂ©putation d’accompagnateur tendait Ă  oblitĂ©rer ses talents de chef d’orchestre symphonique, et plus tard, ses dĂ©tracteurs Ă  New York « lui firent un tort immense avec leurs fausses Ă©loges en mettant en exergue ses capacitĂ©s d’accompagnateur, tout en soulignant que c’était bien tout ce dont il Ă©tait capable ». Barbirolli devint trĂšs sensible sur ce point, et pendant de nombreuses annĂ©es aprĂšs la guerre il se refusa Ă  accompagner qui que ce soit en enregistrement[45]. Parmi les enregistrements du dĂ©but avec HMV figurent des Ɠuvres, principalement des concertos, de Brahms, Bruch, Chopin, Dvoƙák, Glazunov, Mendelssohn, Mozart, Schumann, Sibelius, Tchaikowsky et Vieuxtemps[96]. À partir des annĂ©es 1990, des enregistrements d’archive des premiers concerts de Barbirolli Ă  New York commencĂšrent Ă  ĂȘtre publiĂ©s sur CD. En 2004, Kennedy Ă©crivit que « ces enregistrements sont la preuve tangible que les orchestres donnaient pour lui le meilleur d’eux-mĂȘmes et que les critiques Ă  son Ă©gard Ă©taient tout Ă  fait injustifiĂ©es. » [2] Les enregistrements de cette pĂ©riode sont composĂ©s de symphonies de Beethoven, Mendelssohn, Mozart, Schubert, Schumann, Sibelius et Tchaikowsky ainsi que d’autres Ɠuvres orchestrales de Berlioz, Debussy, Menotti, Purcell, Ravel, Respighi et Rimsky-Korsakov[96].

1943 et postérieurement

Barbirolli en 1960 Ă  Ravello. Photo par Paolo Monti.

Dans les six mois qui suivirent son retour en Angleterre en 1943, Barbirolli reprit son contrat avec HMV Ă  la tĂȘte du HallĂ© pour enregistrer la TroisiĂšme Symphonie de Bax et la CinquiĂšme de Vaughan Williams ainsi que des Ɠuvres de compositeurs aussi variĂ©s que Corelli ou Stravinsky[99]. En 1955, il signa un contrat avec Pye Records, pour qui il enregistra avec le HallĂ© un vaste rĂ©pertoire et c’est Ă  cette Ă©poque qu’ils firent leurs premiers enregistrements stĂ©rĂ©ophoniques. Ces enregistrements Ă©taient distribuĂ©s aux États-Unis par le label Vanguard Records. Ceci donna naissance Ă  une sociĂ©tĂ©, baptisĂ©e Pye-Barbirolli, dont il fut le directeur et dont le contrat prĂ©voyait un partenariat Ă©gal entre la sociĂ©tĂ© et les musiciens[100]. De nombreux enregistrements furent effectuĂ©s, dont des symphonies de Beethoven, Dvoƙák, Elgar, Mozart, Nielsen, Sibelius, Mahler, Tchaikowsky et Vaughan Williams, ainsi que des concertos, des Ɠuvres orchestrales courtes et des extraits d’opĂ©ras[101].

En 1962, HMV persuada Barbirolli de revenir chez eux[45]. Avec le HallĂ©, il enregistra un cycle de symphonies de Sibelius, la Seconde Symphonie de Elgar, Falstaff et The Dream of Gerontius, la NeuviĂšme Symphonie de Schubert, A London Symphony de Vaughan Williams, ainsi que des Ɠuvres de Grieg et Delius. Barbirolli enregistra de nombreuses Ɠuvres de son rĂ©pertoire avec d’autres orchestres, bon nombre Ă©tant toujours disponibles en 2002, dont des enregistrements d’Ɠuvres d’Elgar comme le Concerto pour violoncelle avec Jacqueline du PrĂ©, Sea Pictures avec Janet Baker et de la musique orchestrale dont la PremiĂšre Symphonie, les Variations Enigma et nombre d’autres Ɠuvres courtes. Ses enregistrements de Mahler incluent les CinquiĂšme et SixiĂšme Symphonies (avec le New Philharmonia) et la NeuviĂšme (avec le Berlin Philharmonic). Avec le Vienna Philharmonic, il enregistra des Ɠuvres de Brahms dont un cycle de symphonies et avec Daniel Barenboim les deux Concertos pour piano. Il enregistra trois cycles d’opĂ©ras avec HMV : Didon et EnĂ©e de Purcell avec Victoria de los Angeles en 1966[101], Otello de Verdi avec James McCraken, Gwyneth Jones et Dietrich Fischer-Dieskau en 1969[102]? et Madame Butterfly avec Renatta Scotto, Carlo Bergonzi et les forces vives de Rome Opera, enregistrement qui est toujours au catalogue depuis sa premiĂšre Ă©dition en 1967[103]. L’impact de ce dernier enregistrement fut tel que le directeur de Rome Opera l’invita Ă  venir diriger « n’importe quel opĂ©ra avec le nombre de rĂ©pĂ©titions nĂ©cessaire »[45]. HMV envisageait d’enregistrer Die Meistersinger avec Barbirolli Ă  Dresde en 1970, mais Ă  la suite de l'invasion de la TchĂ©coslovaquie par les troupes du Pacte de Varsovie en 1968, Barbirolli refusa d’aller diriger un orchestre dans un pays du bloc soviĂ©tique et c’est Herbert von Karajan qui s’en chargea[104].

Notes et références

Notes

  1. À l’ñge adulte, quand il voulait jouer du violon pour illustrer ce qu’il attendait de l’orchestre, Barbirolli avait l’habitude de tenir son violon debout sur sa cuisse comme un mini-violoncelle.
  2. Certaines sources indiquent que Barbirolli dirigea le concerto une deuxiĂšme fois, mais c’est le soliste d’origine, Felix Salmond, qui donna la seconde reprĂ©sentation avec le HallĂ© Ă  Manchester le 20 mars 1920 et Beatrice Harrison joua Ă©galement la partie de soliste avant Barbirolli : cf. Kennedy (1971) p. 40
  3. Le critique du Times ne partagea pas l’enthousiasme d’Elgar et de Casals, dĂ©crivant « l’approche excessivement saccadĂ©e de Barbirolli
 un manque de fluiditĂ© dans l’interprĂ©tation
 un dĂ©sastre pour une symphonie d’Elgar ». [29]
  4. Le biographe de Barbirolli Ă©crit : « la nomination de Barbirolli fut annoncĂ©e par le conseil d’administration de la New York Philharmonic Society le 7 avril 1936. Le milieu musical n’en croyait pas ses yeux
 Dans nombre de journaux la surprise du lendemain tourna Ă  la perplexitĂ©. Personne n’avait jamais entendu parler de John Barbirolli
 Confier le New York Philharmonic Ă  un homme dont on n’avait jamais vu la photo en couverture d’un journal aux États-Unis ni a priori oĂč que ce soit d’autre, relevait du non-sens ! » [36]
  5. NBC rĂ©munĂ©rait Toscanini 3,334 $ par concert, Ă  comparer aux 1,833 $ versĂ©s par le Philharmonic. La rĂ©munĂ©ration de Barbirolli au Philharmonic Ă©tait de 312 $ par concert. [37]
  6. De ses deux mariages, Barbirolli n’eut aucun enfant. [5]
  7. Alexander Ă©tait Ă  vrai dire Premier Lord de l’AmirautĂ© – c'est-Ă -dire ministre du gouvernement chargĂ© de la Marine Royale – plutĂŽt qu’Amiral en chef, qui est l’officier supĂ©rieur au sein de l’institution.
  8. Barbirolli dirigea son dernier concert Ă  la tĂȘte du New York Philharmonic le 7 mars 1943. Il n’y revint qu’en 1959 en tant que chef invitĂ© et donna 27 concerts, dont le dernier le 4 avril 1968. [51]
  9. Son successeur, James Loughran, ne fut nommé que cinq mois aprÚs la disparition de Barbirolli. [73]
  10. En dĂ©pit de son caractĂšre dĂ©terminĂ© en matiĂšre musicale, Barbirolli Ă©tait dotĂ© d’un rĂ©el sens de l’humour et racontait volontiers des histoires. L’une de ses anecdotes date des annĂ©es 1920 lors d’une tournĂ©e d’Aida quand la rĂ©plique du tĂ©nor « Aida, oĂč es-tu ? » fut suivie d’un bruit de chasse d’eau bien sonore dans les coulisses : « J’ai eu bien peur que ça ne marque la fin de l’opĂ©ra, ce qui ne nous empĂȘcha cependant pas de continuer vaillamment la reprĂ©sentation. »

Références

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Sources

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