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Jiu-jitsu brésilien

Le jiu-jitsu brĂ©silien (portugais : jiu-jitsu brasileiro; japonais : ăƒ–ăƒ©ă‚žăƒȘă‚ąăƒłæŸ”èĄ“, burajirian jĆ«jutsu), est un art martial, un sport de combat et un systĂšme de dĂ©fense et d’offense dĂ©rivĂ© de techniques du judo et du ju-jitsu, historiquement dĂ©veloppĂ© par la famille Gracie au BrĂ©sil.

Jiu-jitsu brésilien
Image illustrative de l’article Jiu-jitsu brĂ©silien

Autres noms Gracie jiu-jitsu

Abréviations : JJB, BJJ (pour l'anglais Brazilian jiu-jitsu)

Domaine Grappling
Pays d’origine Drapeau du BrĂ©sil BrĂ©sil
Fondateur HĂ©lio Gracie
DĂ©rive de Judo, ju-jitsu
Sport olympique Non

Le jiu-jitsu brĂ©silien promeut l'idĂ©e qu'une personne peut se dĂ©fendre ou s’attaquer Ă  un opposant plus lourd et fort en utilisant les techniques appropriĂ©es, plus particuliĂšrement en amenant le combat au sol, oĂč les diffĂ©rences de poids se trouvent amoindries, pour appliquer des techniques d'Ă©tranglement, de clĂ© articulaire ou de compression musculaire.

Histoire

Sensei Mitsuyo Maeda (1904)
MaĂźtre HĂ©lio Gracie (2004)

Histoire officielle

Bien que cette mĂ©thode ait prouvĂ© son efficacitĂ© pĂ©dagogique et martiale, l'histoire du jiu-jitsu BrĂ©silien a longtemps Ă©tĂ© mystifiĂ©e dans l'imaginaire populaire sur la base de dĂ©clarations difficiles Ă  vĂ©rifier et Ă©manant de la famille Gracie elle-mĂȘme, jusqu'Ă  ce que certains historiens Ă©tudient divers documents historiques pour les confronter Ă  l'histoire officielle.

Ainsi, les trois principales sources de l'histoire officiellement admise ont longtemps été :

  • les deux documentaires Gracies In Action, sortis respectivement en 1988 et 1992
  • l'article de Pat Jordan, du magazine Playboy, Ă  propos de Rorion Gracie[1]

Cette histoire officielle colportée par Rorion Gracie, vivant à l'époque en Californie, a conduit de nombreuses sources de presse à se fourvoyer seulement sur cette base. Ainsi, le magazine Black Belt a nommé Hélio Gracie Homme de l'année sur la base d'une biographie mensongÚre en 1997[2], tandis que le New York Times le déclarait « l'un des principaux créateurs du jiu-jitsu brésilien »[3].

[réf. nécessaire]

En substance, cette version des faits a été relayée ainsi :

Mitsuyo MaĂ©da, nĂ© au Japon en 1879, pratique d'abord le sumo, avant d'entrer au Kƍdƍkan, l'Ă©cole de judo de Jigorƍ Kanƍ, en 1897. En 1904, alors 4e dan de judo, il part aux États-Unis, avec TsunĂ©jiro Tomita, pour faire la dĂ©monstration de cette nouvelle discipline en affrontant des lutteurs. Il effectue un premier sĂ©jour au BrĂ©sil en 1907, puis en 1914 Ă  BelĂ©m. Il participe alors Ă  l'Ă©tablissement de la colonie japonaise au BrĂ©sil en 1920. Au cours de ces sĂ©jours au BrĂ©sil, il participe Ă  des combats de lutte libre (vale-tudo) pour montrer la supĂ©rioritĂ© du Kƍdƍkan et pour gagner un peu d'argent. Il est alors surnommĂ© « Conde Koma ». Durant cette pĂ©riode, il est aidĂ© par GastĂŁo Gracie, descendant d'une famille Ă©cossaise. En remerciement, il enseigne l'art du combat Ă  son fils, Carlos Gracie, qui l'enseigne Ă  son tour Ă  ses frĂšres, Oswaldo, GastĂŁo Jr et George Jr (Gastao et Cesalina Gracie avaient huit fils). Devenu leader du clan Gracie, le jeune Ă©lĂšve Carlos, attirĂ© par le combat rĂ©el, utilise les techniques enseignĂ©es par MaĂ©da. Carlos Gracie commence Ă  tester lui-mĂȘme ces techniques en lançant lui aussi des dĂ©fis. Carlos Gracie a alors la rĂ©putation de combattre n'importe qui, sans distinction de taille ou de poids. Il demeure invaincu et devient une lĂ©gende au BrĂ©sil. Helio Gracie est un autre frĂšre de Carlos, mais le mĂ©decin lui avait dĂ©conseillĂ© de pratiquer, en raison de sa santĂ© fragile et il se contente donc de regarder et d'Ă©couter l'enseignement de son frĂšre. À l'Ăąge de 16 ans, il remplace Carlos lors d'un cours, en se servant de ce qu'il avait mĂ©morisĂ©. Il commence ainsi la pratique du ju-jitsu, mais focalise sa pratique sur le travail au sol. Une premiĂšre tentative d'imposer cet art martial face Ă  l'Ă©cole japonaise Ă©choue ainsi en 1951, avec la dĂ©faite d'Helio Gracie face au champion du Japon de Judo, Masahiko Kimura. Celui-ci rĂ©cidive cependant 8 ans plus tard en venant Ă  bout de Santana, champion de Gracie jiu-Jitsu.

Incohérences et exagérations

Cependant, de nombreuses incohérences apparaissent dans cette histoire lorsqu'elle est confrontée à des sources historiques. En 2000, les éditions Global Training Report publient un article de Roberto Pedreira à propos de George Mehdi, pratiquant de judo[4], contredisant une bonne partie de l'histoire officielle. En 2008, Reila Gracie, fille de Carlos Gracie et mÚre de Roger Gracie, publie une biographie de son pÚre dont le contenu jure conséquemment avec l'histoire sus-mentionnée[5], mais ce livre n'était pas encore traduit ni facile d'accÚs en dehors du Brésil à cette époque.

Plus tard, Roberto Pedreira publiera de nombreux livres, résultat de prÚs de deux décennies de recherche historique.

  • Jiu-Jutsu in the South Zone[6]
  • Choque: The Untold Story of Jiu-Jitsu in Brazil[7] - [8] - [9] (trois volumes couvrant la pĂ©riode de 1856 Ă  1999)
  • Craze[10] - [11] (trois tomes dont le dernier est sorti en 2020)

Les travaux de recherche de Pedreira ont permis d'infirmer de nombreux mythes mais Ă©galement de nuancer certaines affirmations qui n'Ă©taient pas totalement fausses, mais simplement exagĂ©rĂ©es. Ce type d'exagĂ©ration est courant dans le monde des arts martiaux du XXe siĂšcle. Il a par exemple Ă©tĂ© pratiquĂ© Ă©galement au sujet du karatĂ© kyokushinkai et de Masutatsu Oyama, Ă  propos de ses combats contre des taureaux, mythe largement contredit par le Hollandais Jon Bluming (en) qui fut son Ă©lĂšve[12] - [13].

Mythe de l'invention par la famille Gracie

Au sujet de l'invention du jiu-jitsu brésilien par les Gracie, la majeure partie de ce qu'ils pratiquaient était déjà présente dans le judo américain et anglais dÚs 1905. Des rÚgles spécifiques ont effectivement été adoptées dans les années 1950, mais les Gracie utilisaient principalement les rÚgles de compétition publiées par Irving Hancock et Katsukuma Higashi[14]. Ces rÚgles étaient utilisées par Mitsuyo Maeda et ses élÚves lors de démonstrations en 1909 et 1901 au Mexique, et dÚs 1914 à São Paulo et 1915 à Rio de Janeiro. Les rÚgles étaient publiées dans des journaux locaux, de nombreuses fois dans l'année, et il a donc été possible d'infirmer l'histoire officielle de la famille Gracie.

NĂ©anmoins, il est avĂ©rĂ© que les Gracie voulaient utiliser des rĂšgles bien spĂ©cifiques dĂšs 1933, et notamment la rĂšgle numĂ©ro 9 du livre de Hancock et Higashi en ce qui concerne les immobilisations sur le dos, que les Gracie ont trĂšs tĂŽt refusĂ© de considĂ©rer comme un facteur dĂ©terminant pour la victoire ou la dĂ©faite. Il est Ă©galement avĂ©rĂ© que les adversaires d'Helio Gracie entre 1932 et 1937 ne savaient pas comment gĂ©rer ce style de combat oĂč le combattant sur le dos contrĂŽle l'adversaire au-dessus de lui en le tenant entre ses jambes.

Les Gracie n'ont donc pas inventé la défense par la garde "adversaire entre les jambes", mais il est avéré qu'ils y excellaient.

Mythe des techniques uniques de combat de rue

Cela Ă©tant dit, toutes les techniques utilisĂ©es par les Gracie Ă©taient dĂ©jĂ  utilisĂ©es par les autres pratiquants de judo et de lutte libre (la scission technique eut lieu bien plus tard). De mĂȘme, les preuves indiquent que les Gracie ont souvent redĂ©couvert de vieilles techniques de JĂ» Jutsu grĂące Ă  l'influence de judokas tels que Takeo Yano, Haroldo Brito, Oswaldo Alves, et George Mehdi. Helio Gracie dira lui-mĂȘme ne pas avoir inventĂ© les techniques de jiu-jitsu qu'il utilisait.

L'un des points exagĂ©rĂ©s est Ă©galement l'utilisation du Gracie Jiu Jitsu systĂ©matiquement lors de combats de rue : ces combats Ă©taient rĂ©guliĂšrement inattendus, et impliquaient des armes et des combattants en groupe. Une fois, Helio Gracie a combattu en "tirant la garde" dans une configuration typique du jiu jitsu brĂ©silien moderne, et a Ă©tĂ© hospitalisĂ© aprĂšs avoir Ă©tĂ© gravement blessĂ©[9]. Rorion Gracie a ensuite changĂ© sa version de l'histoire pour dire qu'Helio n'avait qu'inventĂ© la mĂ©thode d'entraĂźnement, mais George Mehdi utilisait la mĂȘme mĂ©thode et l'avait apprise de Takeo Yano.

Une autre mystification vient de l'apprentissage de Carlos Gracie : il est établi historiquement que Gastao et Carlos Gracie n'ont pas pu étudier longtemps auprÚs de Conde Koma (Mitsuyo Maeda), et aucune preuve de leur lien n'a été fournie, mais probablement auprÚs de son assistant Jacyntho Ferro.

Mystifications autour d'Helio Gracie

Le personnage d'Helio Gracie a également été largement élevé au statut de légende sur la base de prétentions infondées. Par exemple, il est souvent dit qu'Helio Gracie était un enfant chétif qui s'est renforcé par le Jiu Jitsu brésilien, mais il s'avÚre qu'Helio a en fait pratiqué la natation avant le Jiu Jitsu, et ce à un niveau de compétition.

Cela dit, en 1967, le musée de l'image et du son, créé en 1963 par le gouverneur Carlos Lacerda, décidé d'honorer les meilleurs athlÚtes de l'histoire du Brésil. Trente-quatre athlÚtes furent nominés, et vingt-sept reçurent au moins un vote. Helio fit partie des huit à ne recevoir qu'un seul vote (un joueur de ping-pong reçut deux votes, à titre de comparaison).

Mystifications autour des combats menés

A propos des combats contre des judokas japonais, il est souvent racontĂ© qu'Helio Gracie aurait dĂ©fait le judoka Kato[15], vice-champion du monde pesant vingt kilogrammes de plus qu'Helio. Cette assertion n'a jamais Ă©tĂ© vĂ©rifiĂ©e puisqu'il n'y avait pas de pesĂ©e, et que les promoteurs et la presse ne faisaient que des estimations de poids. Kato faisait en fait probablement le mĂȘme poids qu'Helio, d'aprĂšs les tĂ©moins[8]. Par ailleurs, Kato Ă©tait en rĂ©alitĂ© un compĂ©titeur rĂ©gional, qui a obtenu un premier match nul contre Helio Gracie, avant de perdre effectivement contre Helio Gracie qui l'a soumis par Ă©tranglement lors de leur second combat.

Helio Gracie a Ă©tĂ© dĂ©crit comme le gagnant d'un combat contre le boxeur Erwin Klausner a Belo Horizonte, le 26 Septembre 1937, mais cette assertion est Ă  mettre en doute, car les journalistes se trompaient souvent parmi les frĂšres Gracie, et Helio disait n'avoir qu'une seule fois combattu hors de Rio. Les articles de presse ne montrant aucune photographie du combat, il est possible que ce combat ait en fait Ă©tĂ© menĂ© par George Gracie, qui vivait effectivement Ă  Belo Horizonte. A cause du mĂȘme genre d'incertitude, il est possible qu'Helio n'a pas perdu un combat contre le luteur Dudu en 1937, et que ce soit en fait George qui ait perdu[7].

En ce qui concerne le titre de champion de Jiu-Jitsu, Helio s'est proclamĂ© "champion du BrĂ©sil" aprĂšs avoir affrontĂ© Landolfo CaribĂ©, qui n'avait aucun record professionnel (mĂȘme Carlos et Helio ont admis que CaribĂ© n'Ă©tait pas qualifiĂ© pour un tel combat). La plupart des journaux de l'Ă©poque n'ont pas considĂ©rĂ© le combat comme sĂ©rieux. Helio a acceptĂ© de transmettre son titre de champion du BrĂ©sil Ă  Carlson Gracie, quand ce dernier a battu Waldemar Santana, mais la plupart des combats de Carlson ont ensuite eu lieu en Luta Livre, et non en Jiu Jitsu. Ainsi, entre 1932 et 1936, Helio n'a combattu que 10 fois, dont deux fois seulement en combat libre (frappes autorisĂ©es)[8]. Entre 1950 et 1955, Helio a Ă©galement combattu cinq fois, contre Kato, Kimura, et Santana (deux victoires, deux dĂ©faites, un nul), et ces matchs sont les mieux documentĂ©s.

En ce qui concerne Carlos Gracie, celui-ci n'a jamais combattu en compétition de Jiu-Jitsu, et n'a combattu professionnellement que lors d'un match de grappling avec un professeur de lutte en fin de carriÚre. Carlos a perdu ce combat par forfait, et en dehors de cela, n'a eu que trois matchs de Jiu-Jitsu avec Geo Omori, trois fois finissant à égalité. Il a également été vu dans un match amical de grappling à l'ACM de Rio, qui s'est terminé sur un match nul, avec un adversaire que George Gracie décrit comme débutant[8].

Mystifications techniques

La technique du triangle (sankakujime, äž‰è§’ç· ă‚] est dĂ©peinte une prĂ©tendue rĂ©-introduction de Rolls Gracie[16] - [6] dans le JJB moderne. Or le triangle Ă©tait largement pratiquĂ© au japon dans les annĂ©es 1920, et de nombreux judoka le pratiquaient. En 1955, alors que Rolls n'Ă©tait ĂągĂ© que de 4 ans, un journal rapportait que la technique favorite de Haroldo Brito n'Ă©tait autre que le "triangulo"[6].

Ude Garami (è…•ăŒă‚‰ăż), la technique de clĂ© de bras dĂ©chirant le muscle sous-Ă©pineux et / ou brisant l'humerus a Ă©tĂ© appliquĂ©e par Kimura sur Helio Gracie, et aurait Ă©tĂ© ainsi renommĂ©e Kimura par les Gracie. En rĂ©alitĂ©, les journalistes sportifs ont commencĂ© Ă  appeler cette technique la Kimuriana durant son second tour du BrĂ©sil en 1959.

L'expansion du JJB moderne

A la fin des années 1980, Chuck Norris eut l'opportunité de rencontrer plusieurs membres de la famille Gracie, et notamment Rickson Gracie et ses frÚres, mais également Helio. Alors ceinture noire de Judo et trÚs entraßné dans d'autres arts martiaux de percussion (Karaté, Tae Kwon Do, Tang Soo Do), Norris reconnaßt la compétence des Gracie et commence à s'entraßner au Jiu Jitsu Brésilien, notamment sous la direction des frÚres Machado[17], ce qui popularise largement l'art en Californie.

Dans le mĂȘme temps, le Jiu Jitsu BrĂ©silien prend ses lettres de noblesse alors que Rickson gagne la totalitĂ© de ses combats en vale-tudo (« tout est permis » en portugais) et Luta Livre (sans les frappes) dans les annĂ©es 1980 et 1990 au BrĂ©sil. Ces faits sont d'ailleurs tout Ă  fait vĂ©rifiables et rapportĂ©s en vidĂ©o. L'ensemble des frĂšres Gracie reconnaissait Rickson comme le meilleur d'entre eux et Ă  cette Ă©poque, il fait figure d'ambassadeur du Gracie Jiu Jitsu, et combat malgrĂ© des blessures nombreuses (notamment 8 hernies discales)[18]. MalgrĂ© l'exagĂ©ration et les rumeurs (on parle parfois de 400 victoires et zĂ©ro dĂ©faite, ce que mĂȘme Helio met en doute[19]), Rickson ne perd aucun combat en Vale Tudo, ni au BrĂ©sil, ni au Japon, ni en AmĂ©rique du nord (sauf une fois, lors d'un championnat de Sambo, oĂč il a perdu en Ă©tant projetĂ© par Ron Tripp, ce qui est Ă©liminatoire dans certaines conditions, et nĂ©gligeable du point de vue d'un combat libre[20]).

Mais c'est en 1993, lors des premiers Ultimate Fighting Championships (UFC) que le Gracie Jiu Jitsu acquiert une aura d'art martial invincible, avec la domination de Royce Gracie sur ses adversaires. Les critiques diront à l'époque que les Gracie ont largement choisi leurs adversaires, et n'ont affronté que des combattants semi-professionnels sans grande envergure, mais la réputation du jiu jitsu brésilien a largement bénéficié de ces événements, notamment parce que beaucoup d'adversaires étaient plus massifs que Royce (exemples : Dan Severn, Patrick Smith et Ken Shamrock pesant chacun au moins quinze kilogrammes de plus que Royce, voire plus). D'autres jujiteiros populariseront l'art, par exemple au Pride Fighting Championships.

Dans le mĂȘme temps, Royler Gracie combat Ă©galement et remporte des victoires de niveau international. Fin technicien, Royler popularisera le jiu jitsu brĂ©silien, notamment en Ă©crivant un syllabus technique avec son cousin Renzo[21].

En France, le jiu jitsu brésilien a pris son essor également via la notoriété de Rickson Gracie, qui a donné un premier stage au Cercle Christian Tissier, à Vincennes, en 1995, tout en commençant à devenir populaire dans la presse spécialisée telle que le magazine Karaté Bushido[22] - [23].

C'est sous la houlette de Guy Mialot et Christian Derval que le jiu jitsu brésilien se développe encore plus en France, alors qu'une équipe de pionniers entame sa seconde rentrée en septembre 1996 sous la banniÚre de la Rickson Gracie Academy[24] : Eric Lavigne, Thierry Rijvas, Patrick Bittan, Daniel Quoniam, Gilles ArsÚne, Thierry Richevasse, Gaël Coadic, Mathieu Nicourt, Aziz Cherigui, David Giorsetti, Jovan Zerjal, Alain Nagera.

En 1997, Christian Derval invite Elio Soneca, et crĂ©e une fĂ©dĂ©ration pour organiser les premiers Championnats de France. L'apprentissage a lieu dans une ambiance "Ă©poque hĂ©roĂŻque" oĂč, selon Patrick Bittan, les nombreux trous dans la connaissance du jiu jitsu brĂ©silien sont comblĂ©s par le bagage prĂ©cĂ©dent des pratiquants (pancrace, lutte, Judo, etc...).

Peu à peu, naßt une nouvelle génération de pratiquants français, encore en activité aujourd'hui, tels que Laurence Cousin, Olivier "Mako" Michailesco, Gregory Bouchelaghem ou David Pierre-Louis.

À la suite de dissensions vis-Ă -vis de l'Ă©cole de Rickson Gracie, le jiu jitsu français se rapproche de Flavio Behring, l'un des premmiers Ă©lĂšves d'Helio Gracie.

En 2001, les premiÚres ceintures noires Françaises sont décernées (Christian Derval, Patrick Bittan, et Alain Nagera), et depuis, le jiu jitsu français n'a fait que croßtre, envoyant des combattants sérieux en compétitions internationales.

En 2017, la CFJJB recense prĂšs de 150 professeurs en France.

En 2020, l'IBJJF recense prĂšs de 2 600 ceintures noires. Une mĂ©thodologie dĂ©finie a permis d'estimer le nombre de pratiquants de jiu jitsu brĂ©silien dans le monde Ă  prĂšs de trois millions de personnes en 2020, dont une majoritĂ© de pratiquants de sexe masculin, dans la trentaine, avec un grade de ceinture bleue (pratiquant deux Ă  trois fois par semaine depuis 3 ou 4 ans)[25].

Courants et styles

Tenue et rituels

Comme le judo, le jiu-jitsu brésilien est traditionnellement pratiqué avec un keikogi, couramment appelée à tort kimono. La tenue est composée d'un pantalon et d'une veste en coton fermée par une ceinture. Le keikogi était historiquement blanc, comme l'attestent de nombreuses vidéos et photographies datant des débuts de la discipline, mais la popularité a donné lieu à la production de tenue de divers couleurs. Cette liberté de style diffÚre du cÎté plus strict du judo par exemple[26]. Comparé au judogi, la tenue du jiu-jitsu brésilien est aussi souvent plus resserrée au niveau des manches et du pantalon afin de rendre plus difficile leur saisie. L'ajout de patchs sur la veste et le pantalon est aussi une pratique commune, notamment pour afficher son école. Les rÚglements de compétition n'autorisent toutefois que les tenues unies de couleur blanche, bleue ou noire, et l'application de patchs uniquement sur des zones définies[27].

Le jiu-jitsu brĂ©silien peut aussi se pratiquer sans kimono, on parle alors de « no gi », et les diffĂ©rences avec le grappling et la luta livre (en) deviennent bien moins Ă©videntes. Dans ce cas, les combattants ne peuvent saisir la tenue et sont gĂ©nĂ©ralement vĂȘtus d'un short et d'un rash guard (en).

Le jiu-jitsu brĂ©silien jouit d'une mentalitĂ© moins formelle que le judo[28], il est ainsi classique d'observer une technique en Ă©tant allongĂ© sur le tapis, lĂ  oĂč le judo demande traditionnellement l'observation en seiza.

Le salut collectif en début et fin de cours ne se fait jamais en seiza contrairement au judo, mais debout. Il est parfois suivi de poignées de main avec l'ensemble des partenaires et professeurs, comme on peut le voir en lutte et en sambo. Le salut en début de combat ressemble à un mouvement de check, c'est-à-dire une légÚre frappe dans la main de l'adversaire.

Généralités, identité par rapport à d'autres arts martiaux

En termes de distance, le Jiu Jitsu Brésilien se pratique trÚs proche de l'adversaire. Debout, la distance est comparable au judo, au sambo, aux diverses formes de lutte arts précédemment cités, mais également au Tai-chi-chuan, ou au shuai jiao.

Mais ce qui diffĂ©rencie le Jiu Jitsu BrĂ©silien, c'est sa considĂ©ration pour le combat sol : contrairement au Judo ou au Sambo, oĂč le sol est une possibilitĂ© parmi d'autres, le Jujiteiro a pour stratĂ©gie privilĂ©giĂ©e d'amener au sol afin d'annuler quelque peu la diffĂ©rence de poids, puis de l'immobiliser pour exercer une pression physique et psychologique sur lui et amoindrir sa rĂ©sistance. Cette stratĂ©gie fut dĂ©paysante pour nombre d'adversaires, car si l'on peut souvent forcer un adversaire Ă  aller au sol, on ne peut en revanche pas facilement obliger l'autre Ă  combattre debout.

DÚs lors, la victoire dans un combat libre entre deux adversaires passe généralement par une maßtrise des techniques de combat au sol. Il en résulte une place nettement moins importante laissée en matiÚre de projections ou de techniques de frappe du jiu-jitsu brésilien par rapport aux autres arts martiaux.

Une fois au sol, dans une position oĂč il peut exercer beaucoup de pression, l'Ă©tape suivante pour un combattant de Jiu Jitsu BrĂ©silien est d'isoler un membre de l'adversaire : un corps rassemblĂ© est plus difficile Ă  manipuler qu'un corps destructurĂ©, et il faut donc affaiblir le membre en l'Ă©loignant du corps pour augmenter l'effet de levier. La finalitĂ© de cette Ă©tape est d'exĂ©cuter une clĂ© articulaire ou un Ă©tranglement, voire une compression musculaire, sur n'importe quelle articulation (les rĂšglements sportifs ou au sein d'une Ă©cole peuvent nĂ©anmoins exclure certaines techniques pour des raisons de sĂ©curitĂ©).

Le but d'une bonne dĂ©fense en Jiu Jitsu BrĂ©silien est donc de "recomposer" son corps, de sorte qu'il soit toujours le plus fort possible, et le but d'une bonne attaque est d'empĂȘcher la recomposition, en limitant le mouvement de l'adversaire, ou en le poussant Ă  commettre des erreurs.

La dĂ©fense, dans cet art, passe par l'usage de la garde fermĂ©e (position sur le dos ou allongĂ©e de 3/4, avec l'adversaire entre ses jambes) ou ouverte (les pieds posĂ©s sur les jambes de l'adversaire pour l'empĂȘcher d'approcher), et le gros du travail pour les dĂ©butants est d'apprendre Ă  passer la garde de son opposant, ou de l'empĂȘcher de passer la sienne.

Ce qui diffĂ©rencie le Jiu Jitsu BrĂ©silien du Judo, et du Sambo, c'est Ă©galement l'approche tactique au sol (isoler un membre en amenuisant de plus en plus les options de l'adversaire), lĂ  oĂč le Judo ancien et le Ju-no-michi visent plutĂŽt Ă  "sentir" le partenaire pour lui donner le moins d'information possible, et oĂč le Samboiste cherche avant tout les soumissions et l'Ă©tranglement comme un jeu d'opportunitĂ©, tout en pouvant se relever si c'est une option intelligente sur le moment.

Le Jiu Jitsu BrĂ©silien Ă©tant un art martial ayant pris son essor rapidement, il n'y a pas toujours eu d'unification au niveau des techniques : ainsi certains professeurs appelleront under-hook (en) le mouvement de bras qui consiste Ă  contrĂŽler l'aisselle de son partenaire, lĂ  oĂč d'autres l'appelleront "esgrim". Certains parleront de Juji-Teiro, et d'autres de Jujutsuka... Certaines techniques seront nommĂ©es en portugais (comme la technique "omoplata"), d'autres resteront nommĂ©es en Japonais (exemple : le Juji Gatame (en)), et certaines autres techniques seront nommĂ©es en Anglais, parfois parce qu'elles ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©es dans un pays Anglophone.

On retiendra, à ce sujet, Eddie Bravo (en), qui a développé tout un systÚme de combat, avec des techniques nommées non sans humour[29] - [30] - [31]:

  • Banana Split, d'aprĂšs le dessert du mĂȘme nom : une clĂ© d'Ă©cartellement des jambes, la banane et les deux boules Ă©tant une mĂ©taphore de l'appareil gĂ©nital masculin et des deux jambes formant une banane
  • Crotch Ripper (le dĂ©chireur d'entre jambe) : une clĂ© de hanche sur le muscle droit fĂ©moral
  • Baby Arm : une clĂ© de coude dĂ©rivĂ©e de la version japonaise Ude Gatame, mais oĂč l'exĂ©cutant est Ă  genou, avec son partenaire lui formant un "bras de bĂ©bĂ©" entre les jambes, lĂ  encore comme une mĂ©taphore phallique
  • Escape from Guantanamo / Escape from Alcatraz : des techniques pour sortir de la position montĂ©e
  • Electric Chair : une clĂ© d'Ă©cartellement
  • Twister : une clĂ© de colonne vertĂ©brale
  • Des positions de combat telles que le Truck ou la Rubber Guard.


D'autres techniques seront nommées d'aprÚs la personne ayant marqué les esprits par leur usage : D'arce Choke[32], Kimura, Marceloplata (du nom de Marcel Garcia), Baratoplata, Makoplata (du surnom d'Olivier Michailesco, dit "Mako").

Contrairement au Judo ou au Sambo, il n'y a pas de répertoire technique recensant toutes les techniques, car elles sont trop nombreuses. Ainsi, le passage de grade aura lieu sur la base de la maßtrise des concepts plutÎt que sur la base d'un nombre donné de techniques.

Il est d'ailleurs à noter que les techniques utilisées sont réparties selon une loi de Pareto : la grande majorité des soumissions en combat (en JJB ou en MMA) est causée par un petit nombre de techniques que tout le monde connait.

De la pratique en keikogi Ă  la pratique No-Gi, les principes techniques restent similaires, mais l'absence de Gi rend plus difficile l'immobilisation de l'adversaire en serrant son vĂȘtement, ce qui implique des dĂ©placements lĂ©gĂšrement diffĂ©rents. D'une maniĂšre, il est admis que le jeu est plus figĂ© en Gi qu'en No-gi, et que les techniques de No-Gi forcent Ă  ĂȘtre plus contrĂŽlant avec son corps et son transposables en Gi, alors que les techniques spĂ©cifiques au Gi sont plus difficiles Ă  appliquer en No-Gi.

On retiendra par exemple l'usage de techniques utilisant les manches ou les pans de la veste (que l'on appelle "lapel") pour Ă©trangler l'adversaire ou immobiliser un membre. Parfois, certaines techniques impliquent mĂȘme l'usage de la ceinture (en compĂ©tition, ce n'est lĂ©gal que si la personne porte encore sa ceinture attachĂ©e). Un systĂšme entier de garde, nommĂ© la worm-guard, est basĂ© sur l'usage de la veste.

Toutefois malgré cette identité trÚs marquée, il existe plusieurs approches et plusieurs pratiques au sein du Jiu Jitsu Brésilien.

Style martial

La version du Jiu Jitsu BrĂ©silien appliquĂ©e Ă  la self dĂ©fense et au MMA s'appelle aujourd'hui le Gracie Jiu Jitsu. Dans cette variante, mĂȘme lorsque les partenaires s'entraĂźnent purement Ă  la lutte, les frappes sont sous entendues.

L'Ă©tat d'esprit est celui du Jiu Jitsu BrĂ©silien de l'Ă©poque des premiers UFC, et c'est de lĂ  que viennent les rĂšgles de compĂ©tition : une position qui rapporte plus de points n'est pas forcĂ©ment celle oĂč l'on peut passer le plus de soumissions, mais simplement celle oĂč l'on est le plus dominant, et notamment en termes de frappes.

Pour cette raison, la "garde fermĂ©e" du jiu jitsu brĂ©silien (un pratiquant sur le dos, enserrant le tronc de son adversaire) n'est pas considĂ©rĂ©e comme une mauvaise position pour le pratiquant d'en dessous, car il contrĂŽle le bassin de son adversaire, et peut donc l'empĂȘcher de diriger ses coups ou de leur donner du poids. Il peut Ă©galement l'agripper, et faire en sorte que les frappes qui seront reçues ne prĂ©sentent qu'un risque minimal. De la mĂȘme maniĂšre, ĂȘtre au sol en garde plus ouverte (un pratiquant sur le dos avec les pieds sur les jambes de son adversaire, l'autre debout ne voulant pas recevoir un coup de pied au visage ou dans les genoux) n'est pas un problĂšme.

Pour cette raison, certains pratiquants, dont Riclson Gracie, considĂšrent que certaines techniques de Jiu Jitsu BrĂ©silien sont une dĂ©rive anti-martiale issue d'une gĂ©nĂ©ration qui n'a plus accĂšs aux frappes, lĂ  oĂč d'autres pratiquants comme Robert Drysdale considĂšrent que de toutes maniĂšres, le Jiu Jitsu est inapplicable en situation "rĂ©elle"[33] - [34].

Dans sa version martiale, le Jiu Jitsu BrĂ©silien a des stratĂ©gies diffĂ©rentes du Sambo, mais un cahier des charges similaire. De vieux pratiquants trouvent d'ailleurs un intĂ©rĂȘt Ă  pratiquer en finesse, ce que Rickson Gracie appelle le Jiu Jitsu Invisible[35], et dont l'esprit rappelle les vieux JĂ» Jutsu antiques des Koryu, du Judo de l'Ă©cole Kosen, ou mĂȘme le Ju-No-Michi : trouver le levier le plus subtil, ne pas compenser un mauvais placement par de la force, cacher les informations donnĂ©es Ă  l'adversaire en utilisant un point de tension situĂ© Ă  un autre endroit du corps, etc...

On pourrait rapprocher cette version du Jiu Jitsu BrĂ©silien de l'ancien Judo, oĂč il aurait Ă©tĂ© impensable d'utiliser une variante moderne du Kumi-Kata (saisie de l'adversaire en combat), car l'ancienne garde du Judo permettait d'avoir suffisamment de contact avec son ennemi pour pouvoir annuler ses frappes.

D'une certaine maniĂšre, le Jiu Jitsu d'Eddie Bravo, pratiquĂ© Ă  son Ă©cole (10th planet), sous-entend aussi les frappes et se veut ĂȘtre un Jiu Jitsu compatible avec le MMA.

Ce style martial implique Ă©galement beaucoup plus de travail de techniques debout : de ce point de vue, la pratique qui consiste Ă  accepter d'ĂȘtre projetĂ©, ou Ă  s'asseoir immĂ©diatement en dĂ©but de combat, est perçue comme une hĂ©rĂ©sie pour le JJB martial. En effet, la projection sur un sol dur et / ou irrĂ©gulier est bien plus dangereuse que sur tatami (surtout si le sol est jonchĂ© de dĂ©bris de verre, ou trĂšs abrasif.

Dans le mĂȘme ordre d'idĂ©es, la garde dite papillon serait acceptable en MMA, mais expose dangereusement l'entrejambe en Jiu Jitsu Martial.

De mĂȘme le fait de s'asseoir ou d'aller systĂ©matiquement au sol sans avoir projetĂ© ni n'avoir Ă©tĂ© projetĂ© pourrait ĂȘtre extrĂȘmement dangereux si l'ennemi est armĂ© ou qu'il y a plus d'une personne impliquĂ©e dans le combat. Pourtant, ces pratiques sont courantes en compĂ©tition, d'oĂč la critique faite au sujet du JJB moderne.

Style sportif

Dans cette variante, les frappes sont interdites, et les pratiquants se permettent certaines positions et techniques qui seraient des erreurs en combat incluant les frappes.

Cette pratique sportive permet néanmoins de progresser en toute sécurité, et est largement utilisée dans le Jiu Jitsu martial. Certaines fédérations interdisent néanmoins certaines techniques en deçà d'un certain grade, ou certaines techniques entiÚrement : les clés de doigts sont interdites dans la plupart des fédérations, ainsi que les clés de genoux et de chevilles en torsion (sont autorisées les clés dans l'axe). Les clés de poignets sont parfois autorisées, mais pas avant un certain grade, pour protéger les pratiquants.


Grades

Une ceinture bleue de jiu-jitsu brésilien avec trois barrettes.

Comme au judo ou au karaté, le jiu-jitsu brésilien utilise un systÚme de ceintures de couleurs afin de marquer la progression des pratiquants. Les débutants commencent leurs parcours avec la ceinture blanche, tandis que la ceinture noire est elle attribuée aux pratiquants les plus aguerris.

Un systÚme de « barrettes »[36] attachées à un bout de la ceinture est aussi parfois mis en place afin d'indiquer l'avancement entre les ceintures[37].

Les premiers pratiquants de Gracie Jiu Jitsu n'Ă©taient probablement pas gradĂ©s en Judo au dĂ©but de leur enseignement, puisque Mitsuyo Maeda a dit lui-mĂȘme ne pas avoir eu de haut gradĂ© avant une certaine pĂ©riode[38]. Dans les annĂ©es 1970, le systĂšme de grades Ă©taient plus simples, et certains hauts gradĂ©s portaient une ceinture bleue large.

Enfants
(moins de 16 ans)
Blanche
Grise
Jaune
Orange
Verte
Adultes
(16 ans et plus)
Blanche
Bleue
Violette
Marron
Degrés de la ceinture noire
(19 ans et plus)
Noire 0-6
Rouge et noire 7-8
Rouge 9-10




Blanche

Dans le systÚme moderne, cette ceinture est celle des débutants et ne nécessite aucun prérequis.

Bleue

On demande à une ceinture bleue de connaßtre des techniques pour sortir de chaque position, et de connaßtre la maniÚre de maintenir chaque position, ainsi qu'un répertoire technique de mouvements offensifs depuis chaque position.

On demande Ă©galement Ă  la ceinture bleue de maĂźtriser toutes les formes de corps de base.

Violette

On demande à une ceinture violette d'élargir son répertoire technique afin de développer une expertise.

Marron

On demande Ă  une ceinture marron d'avoir une vision claire du jeu : il faut alors dĂ©velopper son propre jeu, ĂȘtre capable d'avoir un panel technique qui correspond Ă  son propre corps et ses propres prĂ©fĂ©rences, et d'en faire une cartographie cohĂ©rente.

Noire

Une ceinture noire doit ĂȘtre capable de lire le jeu de son adversaire et de le pousser Ă  l'erreur.

Ceintures post-noire

Comme dans beaucoup d'arts martiaux, les DAN, ou degrĂ©s, inspirĂ©s des Budo, eux-mĂȘmes inspirĂ©s de l'armĂ©e Japonaise, sont dĂ©cernĂ©s sur des critĂšres de plus en plus honorifiques et politiques au fur et Ă  mesure que l'on progresse vers le 10Ăšme DAN.

NĂ©anmoins, la carriĂšre d'un Jujiteiro vers le 5Ăšme DAN consiste beaucoup Ă  trouver des maniĂšres plus Ă©conomiques, moins lisibles, et plus subtiles d'effectuer les mouvements.

DĂ©bat sur la pertinence des grades

Comme beaucoup d'arts martiaux, le Jiu Jitsu Brésilien est soumis à quelques errements en ce qui concerne les grades : certaines personnes reçoivent un grade trop tÎt ou pour des raisons politiques (Jair Bolsonaro a notamment reçu une ceinture noire honorifique des mains de Robson Gracie[39]), et d'autres reçoivent un grade trop tard pour dominer une catégorie de compétition plus facilement (on appelle cette technique le sandbagging[40] qui consiste à laisser un excellent combattant dans une catégorie donnée pendant plusieurs années supplémentaires).

L'on pourra aussi noter que les ceintures ne sont pas Ă©quivalentes, et qu'elles indiquent plus un vĂ©cu qu'un niveau. Ainsi, le combattant des premiĂšres dĂ©cennies du MMA, Enson InouĂ©[41], s'est auto-rĂ©trogradĂ© en ceinture violette (ce que son professeur a dĂ©sapprouvĂ©) car il estimait ne plus ĂȘtre au niveau requis au vu de l'Ă©volution de la discipline.

Un autre exemple notable est celui d'André Galvão, qui, en tant que ceinture bleue, a battu facilement une ceinture noire. Galvão était ceinture bleue autour de ses 18 ans, mais pratiquait depuis l'enfance intensément : en termes d'heures de pratique, il était largement plus expérimenté qu'une ceinture noire d'une section loisir.

Enfin, on pourra citer le cas de Masato Uchishiba[42], champion olympique de Judo banni des compétitions de Judo à la suite d'une condamnation pénale, qui est revenu combattre en compétitions de Jiu Jitsu Brésilien. Sa maßtrise du sol, digne d'un olympien, était fatalement largement supérieure à celle de bon nombre de combattants amateurs ou semi-professionnels gradés, et Uchishiba était largement au-dessus du niveau d'une ceinture bleue de JJB.

Risques et avantages pour la santé

Les blessures courantes de cette pratique sont proches de la lutte en compétition : hernies discales, ruptures des ligaments, oreilles en chou, irritations de peau et champignons de pieds...

Comme en Judo, le fait de saisir le Gi du partenaire peut conduire à une déformation des doigts, et à l'apparition de nodules aux articulations, limitant parfois la mobilité (blessures aussi classiques en escalade).

RÚglement de compétition

Six aires de combat lors d'une compétition de jiu-jitsu brésilien à Ipatinga.

Si plusieurs organismes et fédérations proposent de légÚres variantes du rÚglement pour la pratique du jiu-jitsu brésilien ou discipline analogue de grappling en compétition, les rÚgles éditées par la Fédération internationale de jiu-jitsu brésilien (IBJJF) s'imposent en référence depuis les années 1990 et le développement de ce sport à travers le monde. Les Championnats du monde organisés par cette fédération depuis 1996 sont d'ailleurs considérés comme la plus prestigieuse compétition de jiu-jitsu brésilien[43].

Le rĂšglement de l'IBJJF[44] opposent les participants selon leurs grades, leurs catĂ©gories d'Ăąge et de poids. Cependant, une compĂ©tition dite absolute peut rassembler tous les compĂ©titeurs du mĂȘme grade et de la mĂȘme catĂ©gorie d'Ăąge, qu'importe leurs poids.

Lors d'un combat de jiu-jitsu brĂ©silien, deux combattants se font face sur une aire de combat carrĂ©e composĂ©e de tapis, d'une taille allant de 64 m2 Ă  100 m2. La surface centrale est entourĂ©e de tapis, gĂ©nĂ©ralement d'une couleur diffĂ©rente, constituant la « zone de sĂ©curitĂ© ». Si les concurrents viennent Ă  sortir de cette zone de combat, le match est mis en pause le temps que l'arbitre les ramĂšne au centre dans la mĂȘme position.

Un seul arbitre est présent sur les tapis et fait autorité dans les décisions qu'il donne via des gestes codifiés. Le but de l'opposition est de faire abandonner son adversaire à l'aide d'une technique de soumission avant la fin du temps imparti. Des points sont aussi distribués par l'arbitre au cours du combat, suivant les actions effectuées, et permettent de déterminer un vainqueur si aucun des concurrents n'a pu faire abandonner l'autre avant la fin du chronomÚtre.

Passage de garde : 3 points

Critùres d’attribution des points :

  • le combattant a passĂ© les jambes,
  • le dos de l’adversaire est tournĂ© vers le sol,
  • le combattant marque le contrĂŽle sans laisser d’espace entre les deux corps pendant au moins trois secondes avant de changer de position,
  • l’adversaire ne maintient pas le bras de l’attaquant en contrĂŽle de type « garde ouverte ».

Les points ne sont pas attribués si :

  • l’attaquant doit sans cesse bouger son corps et s’adapter pour contrĂŽler l’adversaire, sans rĂ©ussir Ă  stabiliser trois secondes la position,
  • l’adversaire repasse Ă  quatre pattes,
  • si l’adversaire reprend immĂ©diatement dans la garde ou demi-garde,

Dans ces cas, l’attaquant marque « avantage ».

Remarques :

  • Le passage de demi-garde est considĂ©rĂ© comme un passage de garde : 3 points
  • Si un combattant est repris dans la demi-garde et ressort sa jambe, il a comptabilisĂ© un nouveau passage de garde.
  • Le passage de la garde Ă  la demi-garde est comptĂ© «avantage» si l’attaquant a le bassin plaquĂ© contre son adversaire (si l’adversaire arrive Ă  maintenir de la distance et Ă  reste sur le cĂŽtĂ©, il n’y a pas d’avantage).

Projection : 2 points

Critùres d’attribution des points :

  • La projection est nette (une grande partie du dos de l’adversaire touche le sol) mĂȘme si l’attaquant reste debout
  • La projection n’est pas nette (adversaire tombant sur le cĂŽtĂ©) mais l’attaquant contrĂŽle la position d’arrivĂ©e au sol

Les points ne sont pas attribués si :

  • l’adversaire arrive sur les fesses ou le cĂŽtĂ© et passe immĂ©diatement Ă  quatre pattes

Dans ce cas, l’attaquant marque « avantage »

Remarques :

  • Si les deux genoux de l’adversaire sont au sol lorsque commence l’attaque, il ne peut ĂȘtre marquĂ© qu’ « avantage ». Si un des deux genoux est levĂ©, il est marquĂ© deux points.
  • Si les deux adversaires s'assoient simultanĂ©ment en position de garde assise (double « pull-guard »), le premier Ă  se relever se verra attribuĂ© un « avantage ».

Renversement : 2 points

Il s’agit d’une technique dĂ©marrĂ©e d’une position infĂ©rieure qui amĂšne l’attaquant Ă  une position supĂ©rieure.

Critùres d’attribution des points :

  • L’adversaire Ă©tait au-dessus de l’attaquant au dĂ©but de la technique
  • L’adversaire arrive sur le cĂŽtĂ©, les fesses ou le dos
  • L’attaquant contrĂŽle la position d’arrivĂ©e

Les points ne sont pas attribués si :

  • L’attaquant commence l’action au-dessus de l’adversaire (les retournements type «Judo» lorsque l’adversaire est Ă  quatre pattes)
  • L’adversaire est renversĂ© mais revient immĂ©diatement dans la garde

Dans ces deux cas, l’attaquant marque « avantage ».

Remarques :

  • Les renversements peuvent ĂȘtre exĂ©cutĂ©s depuis la garde ou la demi-garde.
  • Les deux points sont marquĂ©s mĂȘme si l’attaquant arrive dans la demi-garde de l’adversaire
  • Les sorties de contrĂŽles (croix, montĂ©e
) ne sont pas des renversements et ne donnent ni points, ni avantages

Passage en position montée : 4 points

Critùres d’attribution des points :

  • l’attaquant est tournĂ© vers le visage de l’adversaire (pas de points pour montĂ©e inversĂ©e)
  • la position doit ĂȘtre maintenue 3 secondes
  • l’adversaire peut ĂȘtre Ă  plat dos, sur le cĂŽtĂ© ou sur le ventre
  • au moins un des deux genoux de l’attaquant doit ĂȘtre au sol
  • un bras de l’adversaire peut-ĂȘtre pris sous les jambes mais pas les deux

Les points ne sont pas attribués si :

  • un pied de l’attaquant est toujours pris entre les jambes de l’adversaire

Remarques :

  • passage de garde + montĂ©e = 3+4 points

Genou sur estomac : 2 points

Critùres d’attribution des points :

  • le genou du cĂŽtĂ© des jambes de l’adversaire est sur son abdomen

Les points ne sont pas attribués si :

  • le genou du cĂŽtĂ© de la tĂȘte de l’adversaire est sur le sol

Passage dans le dos : 4 points

Critùres d’attribution des points :

  • la position est stabilisĂ©e 3 secondes
  • les deux crochets sont passĂ©s aux hanches
  • un bras de l’adversaire peut-ĂȘtre pris sous les jambes mais pas les deux

Les points ne sont pas attribués si :

  • le corps de l’adversaire est entourĂ© par les jambes en triangle
  • un seul crochet est passĂ©

Remarques :

  • les points sont accordĂ©s que l’adversaire soit Ă  quatre pattes, ventre en l’air ou ventre vers le sol.

Situations particuliĂšres

Pour prendre dans la garde depuis la position debout :

  • Il est nĂ©cessaire de tenir le kimono de l’adversaire (manche, revers, pantalon
) sinon, il est comptabilisĂ© comme une « faute modĂ©rĂ©e ».
  • Si l’adversaire tient le pantalon et soulĂšve la jambe de celui qui s’assoit, il marque 2 points.
  • Croiser l'axe central lors d'une clĂ© de jambes est interdit (mise en danger du genou de l'adversaire)
  • Saisir l'intĂ©rieur de la jambe du Gi est interdit (risque de fracture des doigts)

Notes et références

  1. Playboy - Ă©dition de Septembre 1989
  2. "Ralph Gracie in Black Belt Magazine", Mars 1997
  3. "Helio Gracie, Promoter of Jiu-Jitsu, Dies at 95" - The Associated Press pour le New York Times, 29 Janvier 2009
  4. Roberto Pedreira pour GTR - 2000
  5. (en + pt) REILA GRACIE, Carlos Gracie, the creator of a fighting dynasty, (ISBN 0578150107)
  6. (en) Roberto Pedreira, Jiu Jitsu in the South Zone, (ISBN 1481067451)
  7. (en) Roberto Pedreira, Choque, 1961-1999: The Untold Story of Jiu-Jitsu in Brazil, Publication indépendante, , 546 p. (ISBN 1507851146)
  8. (en) Roberto Pedreira, Choque: The Untold Story of Jiu-Jitsu in Brazil Volume 2, 1950-1960, 454 p. (ISBN 1505487161)
  9. (en) Roberto Pedreira, Choque: Jiu-Jitsu in Brazil, 1856-1949 volume 3, Publication indépendante, , 753 p. (ISBN 979-8574769898)
  10. (en) Roberto Pedreira, Craze 1: The Life and Times of Jiu-Jitsu, 1854-1904 (Volume 1), , 598 p. (ISBN 1981124985)
  11. (en) Roberto Pedreira, Craze 2: The Life and Times of Jiu-Jitsu,1905-1914, , 601 p. (ISBN 1726315908)
  12. Blog Martial Nerd, « MASUTATSU OYAMA direct student talks about his bullshit » 27 avril 2017 (blog fermé)
  13. Interview de John Bluming http://www.youtube.com/watch?v=eKS7HVIe29w
  14. The Complete Kano Jiu-Jitsu: Jiudo. - Janvier 1906 ASIN : B00AL1VVSS Editeur : Putnam; 2nd edition
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Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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