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Pantalon

Un pantalon est un vĂȘtement portĂ© sur la partie infĂ©rieure du corps, les deux jambes Ă©tant couvertes sĂ©parĂ©ment.

Pantalon
Pantalon en jeans vu de dos.
Caractéristiques
Type
VĂȘtement de bas
MatiĂšre
Pantalon en casimir (Ă  droite), 1831.

En argot : falzar, fendard (Genùve), futal (ou fut’), froc, grimpant, etc.

Il s’ouvre au milieu sur le devant par une braguette ou sur les cĂŽtĂ©s par un pont.

Historiquement, l'usage du pantalon s'est dĂ©veloppĂ© avec la domestication du cheval, Ă©tant indispensable pour le monter[1]. Le pantalon moderne sera adoptĂ© vers 1850 sous le surnom tuyau de poĂȘle. Il n’évolue que sur des dĂ©tails depuis comme l’adjonction d’un revers sous l’impulsion d'Édouard VII du Royaume-Uni en 1909, par exemple. C’est le sport qui en popularisera le port chez les femmes[2].

Étymologie

Le substantif masculin[3] - [4] - [5] pantalon est un emprunt[4] Ă  l’italien Pantalone[3] - [4] - [5] (« Pantalon Â»[6]), « sobriquet donnĂ© aux VĂ©nitiens, adeptes des culottes longues et Ă©troites, appelĂ©s Pantaloni parce qu'ils vouaient un culte Ă  PantalĂ©on de NicomĂ©die »[7]. En France, le pantalon sera dĂ©couvert au XVIe siĂšcle grĂące au personnage bouffon[4] qui porte ce nom dans la commedia dell’arte oĂč il apparait vĂȘtu d’un costume dont les chausses tombent droites[4] sur les pieds[8], et pratiquant une danse, la pantalonnade[7]. C'est un nom rĂ©cent.

Historique

Figurine de Buret'.

Préhistoire

L'art figuratif préhistorique suggÚre le port de pantalon au Paléolithique supérieur. Un exemple caractéristique se trouve chez les statuettes de Vénus paléolithique trouvées sur les sites sibériens de Mal'ta et de Buret' : un entrejambe et des bandes transversales rappellent les pantalons portés par les peuples de l'Arctique[9].

Deux authentiques pantalons, munis d'entrejambes, ont été découverts en Chine, dans une tombe en lisiÚre du désert du Taklamakan : ils sont datés de la culture de Subeshis[10] entre les XIIIe et Xe siÚcles av. J.-C. et conçus pour l'équitation[1].

La dĂ©couverte d'Ötzi, momie trĂšs bien conservĂ©e, a permis d'observer chez un homme du Chalcolithique le port de jambiĂšres en cuir attachĂ©es par un cordon Ă  la ceinture d'un pagne[11].

Antiquité

Archer scythe. CĂ©ramique attique Ă  figures rouges, vers 520–500 av. J.-C.

Dans l'Antiquité, l'histoire du pantalon est liée à la domestication du cheval. Le pantalon fait son apparition dans l'ethnographie grecque au VIe siÚcle av. J.-C. Le pantalon, probablement porté par les deux sexes[12], est attesté sur des sculptures et dessins chez les Achéménides, les MÚdes et Scythes iraniens, les Phrygiens, Thraces, Daces, les Arméniens ou les Hunus[13].

Les Grecs anciens utilisent les termes anaxyris (áŒ€ÎœÎ±ÎŸÏ…ÏÎŻÏ‚ / anaxurĂ­s) pour dĂ©signer les pantalons portĂ©s par les peuples de l'Est (pantalons longs Ă  la cheville nouĂ©e par un cordon)[14] et sarabara (ÏƒÎ±ÏÎŹÏÎ±ÏÎ± / sarĂĄbara) pour ceux portĂ©s par les Scythes[15]. Ils n'en portent pas eux-mĂȘmes, Ă  l'exception de leurs esclaves qui utilisent des pantalons collants, car ils les jugent ridicules, comme l'atteste l'utilisation du terme argotique ΞύλαÎșÎżÏ‚ / thĂșlakos (« sac ») qui s'applique aux pantalons larges portĂ©s par les Perses sous leur tunique (signe de leur rang social Ă©levĂ©) et d'autres peuples de l'Orient.

La RĂ©publique romaine rejette initialement le pantalon vu comme un emblĂšme des Barbares[16]. L'expansion de l'Empire romain au-delĂ  du bassin mĂ©diterranĂ©en fait que les soldats romains au contact de ces peuples reconnaissant l'utilitĂ© de ce vĂȘtement prĂ©servant la chaleur, il est ainsi progressivement adoptĂ© dans l'armĂ©e romaine puis se gĂ©nĂ©ralise dans la sociĂ©tĂ© civile au IIIe siĂšcle[17]. Deux types de pantalons sont alors en usage : les feminalia (car protĂ©geant les fĂ©murs), qui s'adaptent parfaitement et sont gĂ©nĂ©ralement courtes ou Ă  mi-mollet[18] et les braies, pantalon ample nouĂ© Ă  la cheville[19]. Ces deux vĂȘtements, qui sont aussi bien en cuir qu'en laine, coton ou soie, sont adoptĂ©s initialement par les Celtes puis se voient acceptĂ©s chez les Perses du Proche-Orient et chez les Teutons[20].

En Chine antique, le pantalon n’est portĂ© que par la cavalerie. D’aprĂšs la tradition, il a Ă©tĂ© introduit par le roi Wu de Zhao en 375 av. J.-C., copiant la coutume de cavaliers turco-mongols de la frontiĂšre nordique de la Chine.

Moyen Âge

Pantalon germanique qui enveloppe le pied, IVe siĂšcle, Thorsberg moor.

Le pantalon a Ă©tĂ© introduit en Europe occidentale Ă  plusieurs reprises au cours de l’Histoire, notamment grĂące aux Hongrois et aux Turcs ottomans. Il est devenu courant seulement Ă  partir du XVIe siĂšcle, avec l'apparition des "chausses", des sortes de "jambiĂšres" qui Ă©taient attachĂ©es dans le dos.

Pantalon pour homme

Les chausses Ă©taient faciles Ă  fabriquer et Ă  fixer Ă  un pourpoint avec des lacets. Mais peu Ă  peu, les chausses furent jointes, d’abord dans le dos, puis sur le devant, tout en laissant une large ouverture pour les besoins sanitaires. Initialement, les pourpoints descendaient presque jusqu’aux genoux, couvrant le bassin. Mais avec l’évolution de la mode vestimentaire, le pourpoint devint plus court, et il devint nĂ©cessaire pour les hommes de couvrir leurs parties gĂ©nitales avec une braguette, qui fut ajoutĂ©e au pantalon Ă  la fin du XVIe siĂšcle.

En 1788, au cours de la RĂ©volution française, les porteurs de pantalons, travailleurs issus du peuple, se sont distinguĂ©s sous le nom de Sans-culottes, par opposition aux porteurs de la culotte, aristocrates et bourgeois. C’est devenu une tendance politique rĂ©volutionnaire.

Mais ce n’est qu’à partir de 1830 que le pantalon fut vĂ©ritablement acceptĂ© et portĂ© couramment comme vĂȘtement de ville. Il portait alors le sobriquet « tuyau de poĂȘle ».

Ce style fut introduit en Angleterre au début du XIXe siÚcle, probablement par Beau Brummell, et devint le bas le plus porté par les hommes au milieu du siÚcle.

Les marins ont pu jouer un rĂŽle dans la diffusion du pantalon Ă  travers le monde. Aux XVIIe et XVIIIe siĂšcles, les marins portaient des pantalons larges appelĂ©s galligaskins. Les marins ont Ă©galement Ă©tĂ© les premiers Ă  porter des jeans. Ces derniers devinrent plus populaires Ă  la fin du XIXe siĂšcle dans l’Ouest amĂ©ricain, en raison de leur rĂ©sistance et de leur longĂ©vitĂ©.

Aux XVIIIe et XIXe siĂšcle (surtout dans la seconde moitiĂ© de ce dernier siĂšcle[21]), le pantalon d'origine populaire est adoptĂ© par les hommes des classes supĂ©rieures. À cette pĂ©riode il est interdit aux femmes. Le mot « pantalon Â» est rĂ©cent, il vient du terme « la pantalonnade Â». Ce mot dĂ©signe les bouffonneries du personnage de la comedia dell'arte, Pantaleone. À cette Ă©poque, le pantalon est un dĂ©guisement. Il est portĂ© lors des soirĂ©es dĂ©guisĂ©es. Au XVIIe siĂšcle, le pantalon est portĂ© par les matelots. Il est aussi esthĂ©tique, c'est-Ă -dire qu'il met en valeur le corps de l'homme. Le pantalon de pĂȘcheurs a inspirĂ© la mode enfantine de marques reconnues comme « Petit bateau Â». La « braie Â», ancĂȘtre du pantalon, Ă©tait portĂ© par les Perses et les MĂšdes. C'est un habit qui protĂšge du froid. Il est idĂ©al pour monter Ă  cheval, chasser et combattre.

Le pantalon contemporain commence Ă  ĂȘtre adoptĂ© vers 1860, remplaçant la culotte avec bas-de-soie ou bottes. Il est alors bridĂ© sous la chaussure pour tendre sa ligne, prenant de l'ampleur au dĂ©but du siĂšcle suivant. Dans les annĂ©es 1920, le pli longitudinal du pantalon apparaĂźt, structurant mieux sa ligne. Le prince de Galles, futur Édouard VII, rĂ©pand dans les annĂ©es 1900 la mode du revers du pantalon, afin d'Ă©viter d'avoir la boue dessus lorsqu'il se rend sur des champs de course : les Britanniques mettent donc depuis un revers Ă  leur pantalon Ă  la campagne, mais pas en ville. Dans la mode italienne, en revanche, ce revers est un impĂ©ratif sur les pantalons de ville[22].

Pantalon pour femme

Les Grùces en pantalon, caricature publiée dans Le Bon Genre vers 1800.

Les femmes ne portaient autrefois pas de pantalon. On trouve cependant dans l'histoire ancienne ou mĂ©diĂ©vale des exemples de femmes habillĂ©es en guerrier tel que Jeanne d'Arc, en cavalier tel que Christine de SuĂšde... Le dĂ©cret du 29 octobre 1793, qui interdit aussi les clubs fĂ©minins, annonce la libertĂ© du costume, mais impose le respect de la diffĂ©rence des sexes. Au moment de la rĂ©volution, la culotte symbolise alors l'Ancien RĂ©gime, et le pantalon les temps nouveaux. En 1800, pĂ©riode de retour Ă  l'ordre aprĂšs les troubles de la RĂ©volution, une ordonnance de police de la prĂ©fecture de Paris interdit aux femmes de porter le vĂȘtement masculin. En effet, le pantalon est d'une part un vĂȘtement fermĂ©, contrairement Ă  la jupe qui souligne l'accessibilitĂ© du sexe fĂ©minin. Par ailleurs, le pantalon est bien plus pratique que le vĂȘtement fĂ©minin encombrant, qui superpose jupons, sous-vĂȘtements, corset et porte-jarretelles, privant la femme de mobilitĂ©, renforçant sa supposĂ©e faiblesse physique. Une autorisation pour le port du pantalon peut toutefois ĂȘtre demandĂ©e si elle est justifiĂ©e par un certificat mĂ©dical[23].

Mineuse de Wigan.

À Paris, des femmes sont autorisĂ©es Ă  porter le pantalon dans certaines circonstances : pour raison mĂ©dicale ou pour raison professionnelle, comme l’exercice d’un mĂ©tier masculin. Sans quoi, les femmes sont punies d'une amende et de moins de cinq jours de prison. Dans les annĂ©es 1820, le pantalon se diffuse pour les hommes et vient incarner l'ordre bourgeois. C'est l'une des rares fois dans l'histoire du costume oĂč une mode venue d'en bas s'impose aux couches supĂ©rieures de la sociĂ©tĂ©. Toutefois certaines femmes portent le pantalon, tel que l'Ă©crivaine George Sand (1804-1876), la peintre Rosa Bonheur (1822-1899), l'archĂ©ologue Jeanne Dieulafoy (1851-1916), la sportive Violette Morris (1893-1944), ou encore la premiĂšre femme mĂ©decin Madeleine Pelletier (1874-1939), qui envoie d'ailleurs le premier juillet 1887 une pĂ©tition aux dĂ©putĂ©s, exigeant Ă©galement le droit de porter le costume masculin. Mais c'est en 1889, qu'Hubertine Auclert, militante fĂ©ministe met en place « la rĂ©forme du costume Â», et beaucoup de femmes adoptent alors l'habillement masculin. Deux circulaires prĂ©fectorales (1892 et 1909) attĂ©nuent ensuite l'interdiction, autorisant le port du pantalon fĂ©minin si la femme tient par la main un guidon de bicyclette ou les rĂȘnes d'un cheval. La diffusion du pantalon parmi les femmes commence vraiment avec Marlene Dietrich (1901-1992), une actrice et chanteuse qui fait triompher le smoking glamour et un style androgyne. Le vĂȘtement pour les sports et les loisirs Ă©volue Ă©galement. La mode propose de larges pantalons de plage Ă  la fin des annĂ©es 1920. Mais ils restent trop jugĂ©s.

Le pantalon n'est tolĂ©rĂ© que pour les femmes faisant un mĂ©tier d'homme. Ainsi, en Angleterre, les femmes travaillant dans les mines de charbon de Wigan sont parmi les premiĂšres Ă  porter des pantalons pour accomplir leur travail dangereux. Elles portent alors une jupe au-dessus du pantalon, mais cette jupe est enroulĂ©e jusqu'Ă  la taille pour ne pas gĂȘner leurs mouvements. Leur tenue choque la sociĂ©tĂ© victorienne de l’époque. Dans l'Ouest amĂ©ricain, au XIXe siĂšcle, les femmes travaillant dans les ranchs portent le pantalon pour chevaucher.

Au dĂ©but du XXe siĂšcle, des aviatrices et des femmes actives se mettent Ă  le porter. Par ailleurs, trois actrices cĂ©lĂšbres, MarlĂšne Dietrich, Greta Garbo et Katharine Hepburn, portent volontiers le pantalon, voire le smoking, Ă  Hollywood dans les annĂ©es 1930, ce qui choque beaucoup dans l'AmĂ©rique puritaine et en crise, mais les deux premiĂšres sont considĂ©rĂ©es par la presse fĂ©minine comme les reprĂ©sentantes d'une sophistication europĂ©enne un peu exotique, alors que l'anticonformisme de Katharine Hepburn est mal jugĂ©. Mais cela contribue trĂšs progressivement Ă  dĂ©mocratiser une tenue « masculine Â» pour les femmes « ordinaires Â». Durant la PremiĂšre Guerre mondiale et la Seconde Guerre mondiale, les femmes travaillant dans les usines ou exĂ©cutant d'autres « travaux pour hommes Â» commencent Ă  porter les vĂȘtements civils de leurs maris mobilisĂ©s, y compris leurs pantalons. Dans l'aprĂšs-guerre, le pantalon est devenu une tenue de dĂ©tente acceptable pour le jardinage, la plage, et d’autres activitĂ©s de loisirs.

Il faut attendre les annĂ©es 1960 pour que le pantalon, enfin devenu fĂ©minin, figure dans les collections de haute couture, tel qu'Yves Saint Laurent, et le prĂȘt-Ă -porter. Avec Mai 68, la mixitĂ© devient une valeur qui trouve une traduction vestimentaire. L'unisexe aura mĂȘme son heure de gloire dans les annĂ©es 1970. Le pantalon symbolisera aussi la "femme active" qui accĂšde Ă  des Ă©tudes plus longues et n'entend plus rester au foyer. En 1949, Simone de Beauvoir Ă©crit Le DeuxiĂšme Sexe. Elle saisit l'enjeu politique que reprĂ©sente le pantalon. A cette Ă©poque, porter un pantalon lorsqu'on est une femme est un acte engagĂ©. Un acte politique qui dĂ©fend l'Ă©galitĂ© des sexes et l'Ă©mancipation des femmes. Des rĂ©sistances au port du pantalon par les femmes sont cependant toujours prĂ©sentes car dans certaines entreprises, les employĂ©es en contact avec la clientĂšle n'ont pas le droit de porter le pantalon. Ainsi les hĂŽtesses d'Air France doivent obligatoirement porter des jupes jusqu'en 2005. Si porter le pantalon est un droit, ne pas en porter en est un aussi.

Réglementation liée au pantalon

L’ordonnance du 16 brumaire an IX (), implicitement abrogĂ©e[24] en raison de son incompatibilitĂ© « avec les principes d'Ă©galitĂ© entre les femmes et les hommes qui sont inscrits dans la Constitution et les engagements europĂ©ens de la France »[25] - [26], est la rĂ©glementation la plus explicite en ce qui concerne le travestissement fĂ©minin, soit le port de l’habit masculin.

Elle ordonne ce qui suit :

1 - Toutes les permissions de travestissement accordĂ©es jusqu'Ă  ce jour, par les sous-prĂ©fets ou les maires du dĂ©partement de la Seine, et les maires des communes de Saint-Cloud, SĂšvres et Meudon, et mĂȘme celles accordĂ©es Ă  la prĂ©fecture de police, sont et demeurent annulĂ©es.

2 - Toute femme, désirant s'habiller en homme, devra se présenter à la Préfecture de Police pour en obtenir l'autorisation.

3 - Cette autorisation ne sera donnée que sur le certificat d'un officier de santé, dont la signature sera dûment légalisée, et en outre, sur l'attestation des maires ou commissaires de police, portant les nom et prénoms, profession et demeure de la requérante.

4 - Toute femme trouvĂ©e travestie, qui ne se sera pas conformĂ©e aux dispositions des articles prĂ©cĂ©dents, sera arrĂȘtĂ©e et conduite Ă  la prĂ©fecture de police.

5 - La présente ordonnance sera imprimée, affichée dans toute l'étendue du département de la Seine et dans les communes de Saint-Cloud, SÚvres et Meudon, et envoyée au général commandant les 15e et 17e divisions militaires, au général commandant d'armes de la place de Paris, aux capitaines de la gendarmerie dans les départements de la Seine et de Seine et Oise, aux maires, aux commissaires de police et aux officiers de paix, pour que chacun, en ce qui le concerne, en assure l'exécution. »

Signé par le Préfet de Police Dubois[27].

Les sanctions encourues pour les femmes portant le pantalon ne sont pas explicitĂ©es, l’ordonnance visant plus Ă  la dissuasion qu’à la sanction. De plus, le but est de minimiser le phĂ©nomĂšne des « femmes travesties », en mettant en place plus de mesure, le gouvernement prend le risque d’augmenter l’importance du port du pantalon et de crĂ©er un mouvement de rĂ©sistance[27]. L’interdiction du port du pantalon rĂ©sidait surtout dans une contrainte morale. Selon l’historienne Christine Bard « Elle rĂ©vĂ©lait des rapports de force entre les hommes et les femmes dans notre sociĂ©tĂ© »[28].

Le port de l’habit masculin va au-delĂ  de l’apparence, d’aprĂšs Florence Tamagne « en s’appropriant un vĂȘtement qui n’est pas le sien, elle [la femme] s’arroge des droits auxquels elle ne peut lĂ©gitimement prĂ©tendre »[29]. Aussi, porter un tailleur pantalon c’est ne pas porter de jupe et donc s’affranchir des symboles qui entourent ce vĂȘtement : « l’accessibilitĂ© du sexe fĂ©minin, sa pĂ©nĂ©trabilitĂ© »[29].

Le tailleur-pantalon, autrefois interdit est devenu pour certaines une obligation, ainsi en juillet 2012 « CĂ©cile Duflot, se prĂ©sentant Ă  l’AssemblĂ©e dans une robe Ă  fleurs, trĂšs couvrante, s’est vue huĂ©e par une partie des dĂ©putĂ©s masculins »[29]. Porter, tout comme ne pas porter de tailleur-pantalon est donc un droit[30].

Violette Morris (1893-1944)

Violette Morris, sportive accomplie, revendique l’habit masculin pour son confort et sa praticitĂ©[31]. En 1930 la fĂ©dĂ©ration fĂ©minine sportive de France lui retire sa licence, l’empĂȘchant ainsi de continuer sa pratique sportive, « sous le prĂ©texte qu'elle s’habillerait en homme »[32].

Madeleine Pelletier (1874-1939)

Madeleine Pelletier est une fĂ©ministe, et la premiĂšre femme interne en psychiatrie. Elle Ă©crit Ă  propos de son habillement : « Mon costume dit Ă  l'homme : Je suis ton Ă©gale »[33]. DĂšs 1905, elle adopte dĂ©finitivement une tenue masculine, et ce sans en demander l’autorisation au prĂ©fet[33], allant Ă  l’encontre de l’ordonnance de 1800.

Marie-Rose Astié de Valsayre (1846-1915)

FĂ©ministe et infirmiĂšre, Marie-Rose AstiĂ© de Valsayre rĂ©fute le corset pour des raisons mĂ©dicales. Elle s’engage Ă©galement auprĂšs de l'AssemblĂ©e nationale en 1887 pour que les femmes puissent porter des pantalons[34].

George Sand (1804-1876)

Femme de lettre française, George Sand porte le pantalon car il lui permet de s'approcher du monde fermĂ© des hommes et d’afficher sa libertĂ©[34].

En politique

Plusieurs femmes politiques dĂšs 1980, font du tailleur-pantalon leur tenue de travail. C'est le cas par exemple de MichĂšle Alliot-Marie ou de Chantal Leblanc. Cette derniĂšre est la premiĂšre femme Ă  porter le pantalon dans l’hĂ©micycle de l’AssemblĂ©e Nationale[28].

Le pantalon et la mode

Certaines grandes marques, grands crĂ©ateurs contribuent Ă  dĂ©mocratiser le port du pantalon pour les femmes. « Chanel a libĂ©rĂ© la femme, Saint-Laurent lui a donnĂ© le pouvoir. Â» a dit Pierre BergĂ©. À cette Ă©poque, Coco Chanel tente d'intĂ©grer le pantalon au vestiaire fĂ©minin. Ses clientes ne semblent pas conquises, la grande crĂ©atrice continue d'en crĂ©er et de les porter elle-mĂȘme. Un peu plus tard, dans les annĂ©es 60, le style androgyne est de plus en plus en vogue. Aussi, en 1966, le cĂ©lĂšbre crĂ©ateur, Yves Saint-Laurent, rĂ©invente le smoking pour les femmes. Cette piĂšce originale ne sĂ©duit pas spĂ©cialement les clientes d'Yves Saint-Laurent. A cette Ă©poque les femmes portant un pantalon ne peuvent entrer dans les soirĂ©es mondaines ou les restaurants chics. Cependant ce smoking rĂ©servĂ© aux femmes plaĂźt Ă  la presse de l'Ă©poque En 1967, le premier tailleur-pantalon pour femme apparaĂźt dans l'une de ses collections. Le smoking pour femme est aujourd'hui une piĂšce mythique de la maison Saint-Laurent. Il est repris par les grandes enseignes de prĂȘt-Ă -porter. Aujourd'hui, le pantalon est l'un des vĂȘtements prĂ©fĂ©rĂ©s des français puisqu'un sondage datant de 2017 montre que la moyenne est d'avoir dix pantalons dans son dressing. Le mĂȘme sondage permet de voir que la coupe privilĂ©giĂ©e est la coupe droite. En effet, prĂšs d'un tiers des personnes porte cette coupe.

Le pantalon peut se porter de diffĂ©rentes maniĂšres. Pendant quelques annĂ©es, la mode du sagging fut de porter le pantalon bas, « Ă  mi-fesses, voire bien plus bas, dans une volontĂ© d'imiter la virilitĂ© des caĂŻds privĂ©s de ceinture par le rĂšglement des prisons »[35]. Les origines de cette mode proviennent des États-Unis : Ă  leur entrĂ©e en prison, les prisonniers amĂ©ricains ne recevaient pas de ceinture pour limiter les risques de suicide, et leur uniforme se rĂ©sumait Ă  un pantalon, Ă  taille unique, bien souvent trop large. Il s'agit du pantalon baggy[36].

Types de pantalon

Pantalons historiques

Au centre : des braies portées par un soldat, grand sarcophage Ludovisi, v. 250 EC.

Au cours des siĂšcles, certains termes, aujourd’hui dĂ©suets, ont Ă©tĂ© utilisĂ©s pour dĂ©signer le pantalon :

  • les braies, portĂ©es par les Celtes et les Germains, composĂ©es de deux jambes indĂ©pendantes dont le haut s’enroulait sur le bassin ;
  • la rhingrave, sorte de jupe-culotte masculine du XVIe siĂšcle, plissĂ©e et ornĂ©e de dentelle ;
  • les chausses, pantalon du Xe siĂšcle qui remontaient jusqu’à la taille ;
  • la culotte qui, au XVIIIe siĂšcle, descendait jusqu’au genou.

Longueur de jambe

Un pantalon couvre la jambe jusqu’au cou-de-pied.

Il existe des variantes vestimentaires ne couvrant que partiellement les jambes :

  • short, quand la jambe s’arrĂȘte mi-cuisses ;
  • bermuda, quand la jambe s’arrĂȘte au-dessus du genou ;
  • cuissard, article de sport moulant, qui habille du bassin jusqu’au-dessus du genou (comme pour les coureurs cyclistes) ;
  • corsaire, pour un pantalon Ă©troit dont la jambe s’arrĂȘte entre le genou et le mollet ;
  • pantacourt, quand la jambe s’arrĂȘte Ă  mi-mollet ;

On parle de :

  • pantalon long, quand la jambe s’arrĂȘte entre la cheville et le sol.

Longueur de pantalon

Les longueurs de pantalon peuvent ĂȘtre classĂ©es en 3 types[37]:

  • Non cassant : le pantalon ne touche pas la chaussure
  • LĂ©gĂšrement cassant : le pantalon touche lĂ©gĂšrement la chaussure
  • TrĂšs cassant : le pantalon casse plusieurs fois sur la chaussure

MatiĂšre

Un grand nombre de matiĂšres peuvent ĂȘtre utilisĂ©s dans la confection d’un pantalon :

Taille

Un pantalon se classe selon trois hauteurs de tailles :

  • le pantalon taille haute, dont la ceinture arrive Ă  hauteur de la ligne de taille ;
  • le pantalon taille descendue (ou abaissĂ©e), dont la ceinture arrive Ă  3 ou cm sous la ligne de taille ;
  • le pantalon taille basse, dont la ceinture arrive Ă  5 ou cm sous la ligne de taille. Le baggy appartient Ă  cette catĂ©gorie, il est souvent rĂ©alisĂ© en coupe droite au confort trĂšs large des hanches jusqu'au bas de pantalon.

Forme et coupe

De nombreux termes permettent de qualifier la forme et la coupe d’un pantalon :

  • Pantalon fuselĂ© ou carrot : pantalon trĂšs ajustĂ© dont le bas se rĂ©trĂ©cit ;
  • Pantalon regular fit : pantalon dont la coupe est droite ;
  • Pantalon relaxed fit : pantalon dont les cuisses sont amples ;
  • Pantalon slim ou cigarette : pantalon Ă©troit ;
  • Pantalon skinny : pantalon trĂšs Ă©troit, s’apparentant presque Ă  des leggings ;
  • Pantalon oversize : pantalon trĂšs large ;
  • Pantalon bootcut : pantalon dont les jambes sont Ă©vasĂ©es Ă  partir du mollet ;
  • Pantalon flare : pantalon dont les jambes sont Ă©vasĂ©es Ă  partir du genou ;
  • Pantalon extra-flare : pantalon plus Ă©vasĂ© que le flare ;
  • Pantalon Ă  pattes d’élĂ©phant : pantalon de la mode des annĂ©es 1970, serrĂ© en haut et sur les cuisses, terminant en trompette assez large sur les chevilles, redevient Ă  la mode dans les annĂ©es 2010 ;
  • Pantalon Ă  plis marquĂ©s : pantalon avec des plis faits au fer chaud. Le pantalon tel qu'on le connaĂźt apparaĂźt vers 1850 mais est portĂ© trĂšs serrĂ©. À la fin du XIXe siĂšcle, il commence Ă  ĂȘtre commercialisĂ© repassĂ©, avec un pli marquĂ© sur le cĂŽtĂ©, Ă  l'endroit des coutures, cela s'explique par la façon dont on le plie et le prĂ©sente sur des Ă©tagĂšres dans les magasins. Au milieu des annĂ©es 1920, on marque au fer le pantalon par le milieu, la jambe Ă©tant de ce fait structurĂ©e par ce pli. Dans les annĂ©es 1950-1960, certains fabricants crĂ©ent mĂȘme un pli permanent. Au XXIe siĂšcle, le pantalon se porte plus prĂšs du corps. Le pantalon Ă  plis marquĂ©s est moins courant, mis Ă  part pour les pantalons en laine de certains modĂšles[38] ;
  • Pantalon Ă  pinces : pantalon avec une couture sur la hanche qui crĂ©e un pli sur toute la longueur, ou large avec des pinces sur le devant. Il a Ă©tĂ© inventĂ© dans les annĂ©es 1920-1930 « Ă  une Ă©poque oĂč l'on cherchait Ă  amplifier le contraste entre une cuisse volumineuse et une taille trĂšs serrĂ©e pour donner de la largeur et de la profondeur Ă  la jambe », note Le Figaro Magazine, conjuguĂ© Ă  une taille haute et de larges Ă©paules de veste afin de donner une carrure. Les pinces peuvent alors aller jusqu'Ă  trois. Ce pantalon est alors un standard des annĂ©es 1940 avant de peu Ă  peu tomber en dĂ©suĂ©tude, notamment Ă  cause des costumes dont les tissus sont devenus plus fins et supportent moins le pli et du fait que les pantalons se portent dĂ©sormais plus serrĂ©s[39].

Fermeture

Un pantalon se ferme le plus souvent par une fermeture à glissiÚre ou par des boutons, situés sur le devant.

Il peut aussi ĂȘtre fermĂ© sur les cĂŽtĂ©s au moyen d’un pont, une piĂšce de tissu qui s’attache au niveau de la taille par boutonnage.

Enfin, certains pantalons se maintiennent par un Ă©lastique Ă  la hanche. C’est le cas des pantalons de sport, comme le jogging.

La plupart des pantalons sont munis de passants, afin de pouvoir passer une ceinture.

Pantalons liés à des activités

  • Pantalon jodhpurs, pantalon d’équitation.
  • Pantalon de sport, le jogging.
  • Pantalon fuseau, pantalon extensible cintrĂ© et coupĂ© prĂšs du corps, dont les jambes se terminent par un sous-pied.
  • Pantalon de treillis (d’origine militaire), pantalon Ă  couture spĂ©cifique en U sur les fesses et avec de grands poches sur les cuisses.

Culture

Surnoms et expressions

Les pantalons sont à l'origine de surnoms, par exemple en breton, Maryann ar Bragou ou « Marianne le pantalon », surnom d'une maßtresse-femme[40]. Comme « porter la culotte », « porter le pantalon » se dit d'une femme qui commande dans son foyer.

Notes et références

  1. Le plus vieux pantalon du monde, par Nicolas Constant, 3 juin 2014 — (en) The invention of trousers and its likely affiliation with horseback riding and mobility: A case study of late 2nd millennium BC finds from Turfan in eastern Central Asia, Ulrike Beck et alii, 22 mai 2014.
  2. Le VĂȘtement, M. N. Boutin-Arnaud, S. Tasmadjian, Éditions Nathan, 1997. (ISBN 2-09-182472-0)
  3. « Pantalon », dans le Dictionnaire de l'Académie française, sur Centre national de ressources textuelles et lexicales [consulté le 29 novembre 2016].
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  36. En fĂ©vrier 2005, la Chambre des reprĂ©sentants de l’État de Virginie a adoptĂ© un projet de loi considĂ©rant comme "obscĂšne" ce type de pantalon, avec amende Ă  la clef pour les contrevenants, mais les sĂ©nateurs l'ont rejetĂ© ("Aux États-Unis, la Virginie entend porter haut le jeans", LibĂ©ration, 11 fĂ©vrier 2005).
  37. « Comment choisir la longueur d'un pantalon homme ? », sur https://verygoodlord.com/,
  38. Scavini, « Le pli du pantalon », Le Figaro Magazine, semaine du 28 avril 2017, page 99.
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  40. Mikael Madeg a sélectionné une vingtaine de surnoms de Bretons avec le mot bragou (pantalon) dans Le grand livre des surnoms bretons, p. 40.

Annexes

Bibliographie

Articles connexes

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