Ju No Michi
Le ju no michi est un art martial européen d'influence japonaise dont la forme de pratique vise à conserver les principes d'origine du judo, notamment la mobilité, l'esquive et la non-résistance, tant dans les formes de projection que dans les techniques de contrÎle au sol (immobilisations, luxations et étranglements). Il a été développé et diffusé en France par M. Igor Correa Luna[1], dÚs les années 1970 selon un idéal : l'utilisation de la force de l'adversaire.
Histoire
Contrairement Ă lâidĂ©e reçue que le judo a Ă©voluĂ© vers une forme plus dure et plus rugueuse, le judoka Sakujiro Yokoyama (en) situe la pratique rĂ©guliĂšre de cet art martial Ă lâĂ©poque mĂȘme de sa crĂ©ation :
« Ces combats Ă©taient extrĂȘmement violents et ont frĂ©quemment coĂ»tĂ© leur vie aux participants. Ainsi, Ă chaque fois que jâallais participer Ă n'importe laquelle de ces rencontres, j'ai immanquablement donnĂ© lâadieu Ă mes parents, puisque je n'avais jamais aucune assurance de les revoir[2]. »
Le premier rĂšglement du judo, rĂ©digĂ© par Jigoro Kano en 1905, illustre lâĂ©tat de « sacrifice » dans lequel se trouvaient les judokas de cette Ă©poque. Son article 9 spĂ©cifie : « quâil est en outre convenu que le judoka n'assume aucune responsabilitĂ© d'aucun dommage provoquĂ© par n'importe quel acte ou chose faite pendant le combat, et quâil sera libĂ©rĂ© de toute responsabilitĂ© des mauvais effets ou dommages qui peuvent ĂȘtre reçus pendant le combat. » Les Ă©volutions et modifications successives du rĂšglement ont permis une pratique plus sereine et conviviale du judo.
Selon les adeptes du Ju No Michi, ce sont ces adoucissements de rĂšgles de combat qui ont dĂ©naturĂ© le judo. En effet, faire dâun art martial une activitĂ© sportive tend Ă en modifier son sens profond. Et câest cette orientation qui a provoquĂ© un radical changement de but.
Cette Ă©volution du judo a fait rĂ©agir certains pratiquants, Ă commencer par son crĂ©ateur, Me Kano. En effet, peu avant sa mort, il Ă©met l'opinion que les rencontres sportives de judo nâavaient pas dans le dessein de promouvoir son art martial comme il lâavait originellement crĂ©Ă©. En quelque sorte, son Ćuvre avait grandi par sa popularisation, et avait totalement Ă©chappĂ© Ă son contrĂŽle.
Ce constat est ressenti comme une transgression des volontĂ©s de Kano, et dans cette optique, plusieurs pratiquants ont donc dĂ©cidĂ© de se « rĂ©approprier » la pratique du judo, pour lui confĂ©rer un esprit propre Ă la volontĂ© de son fondateur : « Meilleure utilisation du corps et de lâesprit » et « Aide et prospĂ©ritĂ© mutuelle ».
Description
Le Ju no Michi dĂ©sire donc conserver lâesprit dâorigine de cet art martial, notamment la mobilitĂ©, l'esquive et la non-rĂ©sistance et se dĂ©marque fondamentalement du judo en tant que sport, mĂȘme sâil existe une forme de compĂ©tition propre Ă sa pratique. Ă lâorigine, le Ju no Michi est nĂ© pour des raisons bien prĂ©cises : il ne souhaitait pas suivre le judo dans son Ă©volution, Ă cause de sa forme principalement compĂ©titive, qui contribuait Ă en faire une lutte dâopposition vide de son sens fondamental. Les premiers adhĂ©rents sont des clubs français. Le directeur technique, MaĂźtre Igor Correa Luna, a dĂ©veloppĂ© lâaspect propre Ă cette forme de judo. DiffĂ©rentes autres organisations, en rupture avec le judo officiel, ont vu le jour dans le monde, dont la Kano society (Grande-Bretagne), le Zen Judo[3](Grande-Bretagne et Ătats-Unis), le Yudo (CorĂ©e) ou le Judo-do (Autriche, 1947, aujourd'hui Ă©teint).
Le terme ju no michi (æăźé) est composĂ© de deux kanji et un hiragana signifiant « Voie de la souplesse » :
- Ju : Souplesse
- No : De
- Michi : Voie
Ce terme est sensiblement identique au terme Judo Ă cela prĂšs qu'il place l'emphase sur la voie et non sur la souplesse.
Mais c'est principalement pour diffĂ©rencier les deux formes de pratique et Ă©viter toute confusion que le ju no michi a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©. En effet, bien qu'il partage les techniques avec le judo de compĂ©tition actuel, il veille particuliĂšrement Ă appliquer des principes d'origine du judo, tels que la mobilitĂ©, l'esquive et la non-rĂ©sistance, qui sont rarement respectĂ©s dans le judo de compĂ©tition. Ainsi, la pratique du Ju No Michi met en Ćuvre un des principes Ă©noncĂ©s par MaĂźtre Jigoro Kano, soit : « EfficacitĂ© maximum dans l'usage de l'esprit et du corps, avec un minimum d'effort ». La force physique et l'Ăąge du pratiquant ne sont plus des critĂšres dĂ©terminants pour l'efficacitĂ© des techniques.
Aujourdâhui, les activitĂ©s du Ju no Michi se dĂ©roulent rĂ©guliĂšrement dans diffĂ©rents pays dâEurope.
Liens externes
Références
- « Maßtre Correa: La derniÚre interview », sur budo.blogg.org, Budo International,
- E.J. Harrison, « L'esprit des combats du Japon »,1913
- Site officiel