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Jean Houzeau de Lehaie

Jean Houzeau de Lehaie (-) est un naturaliste belge qui a consacrĂ© sa vie entiĂšre Ă  l'Ă©tude des bambous, Ă  l’introduction de nouvelles espĂšces venues essentiellement du Japon, de la Chine puis de l'Inde et Ă  leur acclimatation en Belgique dans sa propriĂ©tĂ© de l’Ermitage situĂ©e prĂšs de Mons. Il est le fils d'Auguste Houzeau de Lehaie et le neveu de Jean-Charles Houzeau de Lehaie.

Jean Houzeau de Lehaie
Jean Houzeau de Lehaie.
Biographie
Naissance

L'Ermitage de Mons
DĂ©cĂšs
Nationalité
Activités
Famille
Autres informations
Abréviation en botanique
J.Houz.

CrĂ©ateur d'une revue spĂ©cialisĂ©e Ă©ditĂ©e Ă  compte d'auteur (bulletin pĂ©riodique Le Bambou entre 1906 et 1908), tout au long de sa vie il a diffusĂ© gratuitement de nombreux taxons de bambous rustiques et tropicaux en Europe jusqu'Ă  la limite climatique de la NorvĂšge puis en Afrique dans une perspective agronomique. Il a contribuĂ© Ă©galement Ă  l'Ă©tude des orchidĂ©es principalement en Belgique et en France. Ses Ă©tudes prĂ©historiques portent notamment sur les MiniĂšres nĂ©olithiques de silex de Spiennes (prĂšs de Mons). Voyageur infatigable Ă  travers toute l'Europe, Ă  66 ans et 67 ans il fera deux expĂ©ditions ethnographiques en AOF. Entre 1945 et 1947 il Ă©dite, encore sur ses fonds personnels, l’hebdomadaire La SolidaritĂ© paysanne qui a pour objectif de dĂ©fendre la cause paysanne[N 1].

Origines et influences familiales

Jean Auguste Hyppolite est nĂ© le 6 mars 1867, dans une vieille famille patricienne du Hainaut. Pour bien comprendre son Ɠuvre, il est utile d'Ă©voquer rapidement les principaux membres de sa famille qui ont pu l'influencer ainsi que le milieu familial dans lequel il a Ă©voluĂ©.

Localisation de l'Ermitage de St-Barthélemy,sur les flancs du mont Panisel (Mons)[N 3].

Son grand-pĂšre paternel, Charles, orphelin Ă  six ans, est Ă©levĂ© par un grand-parent qui l'envoie Ă  Paris faire des Ă©tudes Ă  Louis-le-Grand et Ă  la Sorbonne (doctorat en droit). Il reçoit en legs de la part de son tuteur un domaine situĂ© prĂšs de Mons. Il s’agit de l'ermitage de Saint-BarthĂ©lemy, « pittoresque rĂ©sidence qui s’élĂšve sur les flancs du mont Panisel ». L'ensemble de la propriĂ©tĂ© reprĂ©sente une trentaine d'hectares[1].

Charles est un homme trĂšs ouvert aux idĂ©es des encyclopĂ©distes, de la RĂ©volution française, de la laĂŻcitĂ© (telle que l'on pouvait la concevoir Ă  l’époque). D'une grande ouverture d'esprit, il a considĂ©rablement enrichi la bibliothĂšque de l'Ermitage avec des ouvrages rares et prĂ©cieux sur l'histoire, la littĂ©rature et les sciences. Le grand-pĂšre de Jean Houzeau de Lehaie Ă©pouse en 1819, AdĂšle Pradier « nature trĂšs fine et trĂšs artiste, douĂ©e d'un esprit fort cultivĂ©, surtout portĂ© sur les belles-lettres et trĂšs adroite dans le portrait au crayon ». Charles et AdĂšle sont les parents de deux garçons : l’un Jean-Charles et l'autre Charles-Auguste, pĂšre de Jean Houzeau de Lehaie[2].

AdĂšle Pradier (1799-1892)
Charles Houzeau de Lehaie (1791-1885)
MĂ©lanie de Casembroot (1856-1918)
Charles-Auguste Houzeau de Lehaie (1832-1922)
Jean-Charles Houzeau de Lehaie (1820-1888)
Louis Houzeau de Lehaie (1857-1872)
Charles Houzeau de Lehaie (1860-1919)
Jean Auguste Hyppolite de Lehaie (1867-1959)

Jean-Charles Houzeau de Lehaie

SphĂšre armillaire Ă  Mons en l'honneur de Jean-Charles Houzeau

L'oncle Jean-Charles Houzeau de Lehaie (1820-1888) est un autodidacte, dotĂ© d'un esprit scientifique, influencĂ© part les idĂ©es rĂ©publicaines de son pĂšre, il est surtout connu comme expert en astronomie. Ses engagements politiques lui ont fait perdre son emploi d’aide astronome Ă  l'Observatoire royal de Belgique. Son esprit tĂ©mĂ©raire et aventurier l'a conduit Ă  s'installer outre-Atlantique. En 1857 il accoste avec un petit voilier sur les cĂŽtes de La Nouvelle-OrlĂ©ans. Arpenteur gĂ©omĂštre puis frontierman dans l’Ouest du Texas, il revient Ă  San Antonio au dĂ©but de la guerre de SĂ©cession. Ne voulant ni ĂȘtre tuĂ© par les planteurs texans ni ĂȘtre enrĂŽlĂ© dans l'ArmĂ©e sudiste, il fuit au Mexique. Puis il revient Ă  La Nouvelle-OrlĂ©ans pour s'engager au pĂ©ril de sa vie pour la cause des Noirs et pour l'abolition de l'esclavage. Il va ainsi collaborer au journal des Noirs Unions puis devenir directeur de La Tribune. La feuille locale est devenue un quotidien d’envergure nationale qui fait sensation dans les États-Unis[3]. À ses parents, Jean-Charles Houzeau Ă©crit de La Nouvelle-OrlĂ©ans, le 31 mars 1867 : « Au 15 mai je vais prendre l'air des champs, et travailler Ă  des choses de mon choix. C'est un droit que j'ai achetĂ©. Je laisse mes amis de couleur en possession du droit du suffrage, c'est-Ă -dire que la derniĂšre des conquĂȘtes qu'ils avaient Ă  faire est rĂ©alisĂ©e. Et je puis dire que j'y ai eu ma bonne part »[4]. PassĂ© la guerre de SĂ©cession, Jean-Charles Houzeau s'installe en JamaĂŻque. Il y passe les meilleurs moments de sa vie : petit planteur de cafĂ©, instituteur, il va se consacrer Ă  l'astronomie et Ă  la littĂ©rature. AprĂšs 19 ans d’expatriation volontaire, il revient en Belgique, et, Ă  sa grande surprise, il est nommĂ© directeur de l'Observatoire par le roi LĂ©opold II.

Formation aux sciences de la nature Ă  l'Ermitage

Cadet d'une famille de trois enfants, il est nĂ© Ă  l'Ermitage le 6 mars 1867. À cette Ă©poque, son parrain Jean-Charles s'apprĂȘtant Ă  quitter La Nouvelle-OrlĂ©ans et le mĂ©tier de journaliste a offert Ă  l'heureux pĂšre une presse de maison pouvant imprimer des Ă©tiquettes, des en-tĂȘtes de lettres, des fiches bibliographiques ou rĂ©aliser des catalogues de collection "envoyĂ©s Ă  dix, vingt, trente amis, pour proposer des Ă©changes"[5]. À l'image de son oncle, une fois son diplĂŽme de fin d'Ă©tudes secondaires en poche, il conduit librement ses Ă©tudes et s'intĂ©resse plus particuliĂšrement Ă  la botanique, la gĂ©ographie physique et la PrĂ©histoire.

La riche bibliothĂšque de ses ancĂȘtres et l’éducation parentale nourrissent et forment son esprit scientifique. Le parc de l’Ermitage, « situĂ© dans un repli du terrain du bois de Mons, avec ses arbres sĂ©culaires, ses fleurs, ses serres, ses Ă©tangs
 »[6] est le terrain privilĂ©giĂ© de la mise en pratique des connaissances acquises par Jean Houzeau Ă  l'occasion de ses nombreuses lectures, Ă  l'instar de Jean-Charles qui avait rĂ©alisĂ© un petit observatoire d’astronomie. Jean, a le regard fixĂ© sur « le monde des insectes, celui des oiseaux et des plantes ». En effet, le parc de l’Ermitage offre « un matĂ©riel de choix Ă  ses recherches commencĂ©es avec l’aurore, continuĂ©es pendant toute la journĂ©e et prolongĂ©es jusqu'Ă  bien tard dans la nuit »[7].

L'origine de la culture des bambous par Jean Houzeau de Lehaie remonte Ă  1883. Lors d'une journĂ©e qu’il organise en Ă©tĂ© 1922 (la visite de l’Ermitage fait suite Ă  celle du site gĂ©ologique de Helin, des galeries prĂ©historiques de Spiennes et d'un terrain d’observation de la faune de la flore et du sol), il explique aux excursionnistes : « La collection fut transportĂ©e d’Hyon Ă  l’Ermitage en 1898. Ces plantes sont pour la plupart fort peu accommodantes. Il a fallu de trĂšs longs tĂątonnements pour connaĂźtre leurs exigences et les rĂšgles de leur culture »[8]. Mais comment le goĂ»t de la botanique et l’intĂ©rĂȘt prĂ©coce pour les bambous lui sont-ils venus ?

Sa mĂšre MĂ©lanie, nĂ©e de Casembroot, Ă©veille le jeune Jean avec des « narrations enchanteresses » qui sont autant d’invitations au voyage sous les tropiques ; elle n’a pas oubliĂ© le charme des plantes exotiques, souvenirs d’un long sĂ©jour au Suriname lorsque son pĂšre, gĂ©nĂ©ral hollandais, Ă©tait en garnison : « Pour qui n'a pas vĂ©cu sous les tropiques, il est difficile de s'imaginer la majestĂ© des forĂȘts de bambous » Ă©crira Jean en 1906.

Lorsque Jean Houzeau fait ses premiÚres expériences de plantations de bambous dans la propriété d'Hyon, il n'a que 16 ans. Il bénéficie des encouragements de ses parents.

Auguste Houzeau de Lehaie, accompagnĂ© de son fils Jean, a Ă©tĂ© un visiteurs assidu des jardins botaniques et des jardins d'amateurs en Belgique, en France et en Angleterre. Les deux ont probablement visitĂ© les grandes exploitations horticoles de l'Ă©poque et ont peut-ĂȘtre cĂŽtoyĂ© les grands horticulteurs français et belges. Pour la Belgique, Louis Van Houtte tient une place toute particuliĂšre. Amateur passionnĂ© de botanique, grand explorateur de plantes, il fonde le magazine mensuel L'Horticulture belge (1836), devient responsable de la SociĂ©tĂ© royale d'horticulture de Belgique (1837), et publie un annuaire (en français) Flore des serres et des Jardins d’Europe[N 4], catalogue luxueux Ă  l'adresse des amateurs de jardins curieux de plantes nouvelles. Il crĂ©e Ă  Gand une pĂ©piniĂšre unique au monde[9] : bien Ă©videmment, sur les milliers de plantes en stock dans ses pĂ©piniĂšres, les bambous reprĂ©sentent une infime partie : Louis Van Houtte commercialise l'Arundinaria falconeri dĂšs 1848[10] et l’Arundinaria fortunei envoyĂ© du Japon en 1863[N 5] et ces plantes vont figurer dans la collection de Jean Houzeau.

Consultation des écrits des autorités botaniques en matiÚre de bambous

Ses notes bibliographiques tĂ©moignent bien des recherches documentaires trĂšs approfondies qu'il a effectuĂ©es sur les bambous. Il analyse de nombreuses revues spĂ©cialisĂ©es de botanique, d'horticulture, d'ethnographie d'Europe et du Japon. Ainsi Ă  titre d’exemple il a recensĂ© tous les articles sur les bambous de la Revue horticole[N 6]. Rien de ce qui a Ă©tĂ© publiĂ© sur les bambous ne lui est Ă©tranger, quel que soit le domaine (botanique, Ă©conomique, agronomique, artisanal)
 Ses archives reflĂštent bien l’étendue de ses investigations Ă  ce sujet. Tous les grands auteurs botaniques du XIXe siĂšcle lui sont familiers. On peut citer, par exemple, Franz Josef Ivanovich Ruprecht, Philipp Franz von Siebold (l’introducteur du Pseudosasa japonica en 1850), Freeman Mitford, Sir Dietrich Brandis et G.S. Gamble, ainsi que ses homologues et contemporains nippons Tomitarƍ Makino et Shibatea dont il traduit les Ă©crits relatifs aux bambous.

Au plus prÚs des connaissances scientifiques des bambous et de leur culture, dans les années 1870 et 1880, Jean Houzeau de Lehaie étudie plus particuliÚrement les travaux d'Auguste et Charles RiviÚre, Les Bambous (1879) et ceux de William Munro, Monograph of Bambusaceae (1886). On peut citer aussi les travaux du professeur suisse Carl Schröter, ethnographe géographe[11].

RĂ©capitulatif des principaux auteurs et observateurs de bambous avant Houzeau

Essais de culture des bambous en Belgique

La collection de bambous Ă  l'Ermitage

Le domaine de l’Ermitage est situĂ© Ă  la longitude : 3° 57’ Est de Greenwich, latitude : 50° 27’ nord ce qui correspond Ă  un point situĂ© un peu au nord de Winnipeg au Canada. Au dĂ©but des annĂ©es 1900, la tempĂ©rature moyenne annuelle en Belgique est d’environ 10 °C, le minimum absolu de – 20 °C et le maximum absolu est de + de 35 °C. La pluviomĂ©trie annuelle est d’environ 700 mm. Ce qui fait dire Ă  Jean Houzeau de Lehaie que la rĂ©gion qu’il habite participe encore au climat maritime de l’Ouest de l’Europe, mais les coups de froid sibĂ©rien annulent souvent les effets du Gulf Stream et il peut ainsi geler au cours de tous les mois de l’annĂ©e. En 1907 par exemple, il a gelĂ© tous les mois sauf au mois d’aoĂ»t, ce qui a Ă©tĂ© prĂ©judiciable pour la lignification des jeunes chaumes de bambous[12].

Les premiers essais en plein air sont modestes. Il commence par une faible motte d’Arundinaria japonica (Pseudosasa japonica)[N 7] cultivĂ© dans la propriĂ©tĂ© familiale d’Hyon.

Puis en 1885, lors d’un voyage familial Ă  Blois chez l’oncle Charles, l’astronome rĂ©sidant sur les bords de la Loire pour des raisons de santĂ©, les Houzeau achĂštent chez un pĂ©piniĂ©riste blĂ©sois des Phyllostachys nigra et Ph. aurea.

En 1887, « un envoi comprenant de nombreuses espĂšces nous vint de M. Mazel, Ă  Anduze. Depuis lors, presque chaque annĂ©e, notre collection s’enrichit de plusieurs espĂšces ou variĂ©tĂ©s obtenues par voie d’échange, d’achat, ou reçues de correspondants qui secondent notre Ɠuvre de vulgarisation. »[13]

Le wild garden[N 8] qui entoure la demeure de l’Ermitage reprĂ©sente environ 4 ha. Il comprend 50 ares de potager et le reste est constituĂ© de bois, de piĂšces d’eau et de prairies fraĂźches et pĂąturĂ©es. À proximitĂ© de l’habitation de la famille Houzeau se situe une serre suffisamment vaste et qui contient en hiver 2000 pots et 500 espĂšces vĂ©gĂ©tales[14]. En 1908, la collection de bambous de Jean Houzeau comprend 60 taxons rĂ©partis dans 4 genres : Arundinaria (21 variĂ©tĂ©s), Bambusa (9), Dendrocalamus (1) et Phyllostachys (18). À la mĂȘme Ă©poque il recense 104 taxons introduits en Europe (distribuĂ©s dans 13 genres)[15]. Jean prĂ©cise que 40 variĂ©tĂ©s ont Ă©tĂ© essayĂ©es avec plus ou moins de succĂšs en plein air. Nous pouvons observer sur les photos prises par Jean en 1907 Ă  l’Ermitage les touffes de bambous plantĂ©es Ă  proximitĂ© du logis. Il s’agit notamment de gĂ©ants en provenance de Prafrance plantĂ©s en avril 1905[16] : Ph. Bambusoides (motte de 400 kg, hauteur des chaumes 14,5 m, avec un diamĂštre de 7,5 cm), Ph. Mitis, (chaumes de 13,5 m, diamĂštre 8 cm), et Ph. Pubescens (motte en 3 piĂšces pesant 1200 kg, chaumes de 16,5 m, diamĂštre du plus gros chaume 10 cm). Les bambous tropicaux (les Bambusa, une dizaine de variĂ©tĂ©s classĂ©es Ă  l’époque dans le genre Arundinaria et un Dendrocalamus strictus) sont installĂ©s dans la serre. Plus tard des bosquets de bambous seront installĂ©s dans la partie boisĂ©e, prĂšs des piĂšces d’eau et dans certains bosquets de l’exploitation agricole.

Amis des Oiseaux, plantez des bambous !

Extrait de la revue périodique "Le Bambou".

Quand la gelĂ©e a dĂ©pouillĂ© nos arbres et durci la terre, les oiseaux, qui sont si utiles dans les jardins, ne trouvent que difficilement des refuges contre la bise. Les bambous au feuillage touffu et persistant, l'Arundinaria japonica surtout, leur servent admirablement d'abri. Pendant tout l'hiver, c'est par centaines que nous voyons chaque soir des oiseaux d’espĂšces variĂ©es s'abattre sur chacun de nos massifs de bambous. Ils y sont aussi Ă  l’abri des chats, dont la griffe ne mord pas sur les chaumes durs et lisses, et des rapaces dont le vol est arrĂȘtĂ© par la multitude des branchettes. La plante protĂšge l’oiseau ; ce n’est pas en pure perte pour celle-ci : il lui paie tribut en engrais. Amis des oiseaux, qui pensez Ă  nourrir en hiver ces charmants hĂŽtes de nos jardins, n’oubliez pas de leur fournir un bon gĂźte qui les protĂšge du froid : plantez des bambous[17]!

Le sol du Mont Panisel se prĂȘte assez bien Ă  l’implantation des bambous : il est composĂ© de sable glauconieux avec charge argileuse (formation yprĂ©sien supĂ©rieur). GrĂące aux soins culturaux perfectionnĂ©s au cours d’une vingtaine d’annĂ©es, les cultures de bambous de l’Ermitage se sont dĂ©veloppĂ©es Ă  merveille jusqu’au fatal hiver 1916-1917. « Celui-ci fut assez rigoureux pour dĂ©truire presque tous les massifs jusqu’au niveau du sol. L’hiver 1917-1918 dĂ©truisit beaucoup de jeunes repousses et l’hiver 1921-1922 fut encore bien dur pour certaines espĂšces ».[18] Quelle dĂ©ception Ă©galement y compris pour les oiseaux : alors qu’au dĂ©but de 1916, « pour la premiĂšre fois un vol de 4 Ă  500 Ă©tourneaux vient coucher dans les bambous », un an plus tard, pendant plus de 13 jours les minima nocturnes sont infĂ©rieurs Ă  – 10 °C, et les trois derniĂšres nuits atteignent – 19 °C. Le 4 fĂ©vrier 1917, Jean constate que « les Ă©tourneaux dĂ©sertent les bambous Ă  mesure que ceux-ci succombent au froid excessif ». DĂ©sormais il ne rentre plus au dortoir qu’une demi-douzaine d’oiseaux. « Peut ĂȘtre succombent-ils en grand nombre au froid, Ă  la faim ? AprĂšs les grandes joies de ces foules, c’est, dans tous les massifs de bambous, le silence et la mort »[19]

« Quant Ă  la riche collection de bambous tropicaux » rĂ©unie avant la guerre, elle va subir des gelĂ©es, Ă  la suite du bombardement du 11 novembre 1918 des troupes du Commonwealth pour libĂ©rer la ville de Mons, aprĂšs quatre ans d’occupation allemande. Des centaines de vitres de la serre volent en Ă©clats. Cela se produit dans la matinĂ©e, peu de temps avant la signature de l’Armistice prĂ©vu Ă  11 heures. Huit jours aprĂšs la tempĂ©rature descend Ă  – 9°


L’hiver 1921-1922 fut Ă©galement dur pour certaines espĂšces. « Il en rĂ©sulte que peu d’espĂšces ont repris une vigueur moyenne et que la collection de plein air ne prĂ©sente qu'un intĂ©rĂȘt mĂ©diocre, si on la compare Ă  ce qu’elle Ă©tait en 1915 par exemple. »[20]. Au printemps 1922, lors de la visite guidĂ©e que nous avons dĂ©jĂ  Ă©voquĂ©e, Jean prĂ©cise que, malgrĂ© ces dĂ©boires, il reste dans la propriĂ©tĂ© familiale quelques bosquets qui ont gardĂ© de la vigueur : Phyllostachys viridiglaucescens, Ph. Violacens, Ph. aurea (en pleine floraison – c’est la premiĂšre fois qu’il fleurit depuis son introduction en Europe qui remonte Ă  73 ans !), Ph. flexuosa, Sasa paniculata f. nebulosa et Fagesia nitida, Ph. henonis (qui a fleuri de 1904 Ă  1906). Enfin Ph. edulis rapportĂ© de Prafrance en avril 1906 a donnĂ© un turion de 4 m en 1913. Il le cultive Ă  titre de curiositĂ©[N 9].

Si l’étude des bambous va rester un des centres d’intĂ©rĂȘt de notre naturaliste jusqu’à son dernier souffle, toutefois, la phase d’expĂ©rimentation culturale, au moins pour les bambous rustiques, est dĂ©sormais terminĂ©e. Pionnier de l’introduction de nouvelles espĂšces, il a Ă©tĂ© relais pour la diffusion des bambous ; il continue de l’ĂȘtre avec gĂ©nĂ©rositĂ©. Lors de cette fameuse journĂ©e, avant de clĂŽturer par la visite de sa collection de silex taillĂ©s rĂ©unie Ă  l’Ermitage et par la distribution de piĂšces de silex, Jean invite ses chers collĂšgues « que la culture des meilleures espĂšces de bambous tenterait, de tenir en note [qu’il leur] en offre des divisions Ă  venir prendre au printemps, entre le 15 mars et le 15 avril, autant que possible pendant la pĂ©riode de pluie. »[21]

L'introduction des bambous en Europe Ă  toute vapeur

En dĂ©couvrant les travaux de Jean Houzeau de Lehaie, on est surpris de constater que la culture des bambous, notamment en Belgique, n’était pas aussi facile en 1880 que de nos jours. L’expĂ©rience de l’introduction Ă©tait trop rĂ©cente. Comment expliquer un tel retard par rapport Ă  d’autres vĂ©gĂ©taux exotiques ?

Avant les clippers

Palmier Butia capitata - Tresco, Ăźles Scilly, Angleterre

. DĂšs le XVIe siĂšcle, l’engouement pour l’exotisme vĂ©gĂ©tal dans les jardins royaux d’Europe permettait aux princes de « s’émerveiller devant les orangers et les palmiers ». Les pĂ©piniĂšres de l’époque introduisaient dĂ©jĂ  de multiples plantes exotiques : limoniers, cotonniers, indigotiers, goyaviers, bananiers, canne Ă  sucre, mais pas encore de bambous. Ce ne sont que de curieux arbres « en forme de tube ». qui ne prĂ©sentent pas vraiment d’intĂ©rĂȘt pour l’exploitation agronomique ou horticole en Occident. Au cours du XIXe siĂšcle ces graminĂ©es auront les faveurs de quelques botanistes voyageurs et auront donc pendant longtemps meilleure place dans les herbiers que dans les jardins ! Les horticulteurs diffusaient trĂšs peu les bambous car la plupart des amateurs de jardins de l’époque les considĂ©raient selon Jean Houzeau comme « une plante vivace » qui « ne produit son effet qu’à longue Ă©chĂ©ance ». Cependant, la diffusion sĂ©lective de ces plantes eut trĂšs tĂŽt ses champions.

Si la diffusion des palmiers prit son essor avec l’invention du chauffage central, celle de la vapeur permit l’introduction in vivo des bambous.

Le temps des clippers

Il faut en effet attendre le dĂ©but de la rĂ©volution industrielle pour qu’arrivent enfin les premiers bambous sur pied en Europe. Jean Houzeau de Lehaie nous apprend ainsi que le Phyllostachys nigra est la premiĂšre espĂšce Ă  prendre racine en Occident. Pour notre naturaliste, l’arrivĂ©e tardive des bambous en Europe s’explique par « la raretĂ© des fructifications, le peu de temps que les graines de beaucoup d’espĂšces conservent leur facultĂ© germinative et la lenteur des transports avant l’emploi des navires Ă  vapeur »[22]. En effet, avant l’équipement des Clippers avec des moteurs Ă  vapeur, on peut supposer que les botanistes et pĂ©piniĂ©ristes n’imaginaient pas de rapporter des touffes de bambous en raison du risque de dessĂšchement et de la durĂ©e du transport entre l’ExtrĂȘme-Orient et l’Europe qui pouvait durer jusqu'Ă  six mois. Il aurait fallu des volumineuses tontines pour transporter des plants assez forts (touffes de 500 kg Ă  1 tonne), avec l’exigence de rĂ©serves d’eau trĂšs importantes tout au long d’un voyage de plusieurs mois. Techniquement c’était possible mais l’enjeu Ă©conomique Ă©tait bien faible par rapport Ă  d’autres plantes. L’invention de Robert Fulton en 1802 va permettre aux clippers Ă©quipĂ©s de moteur de pallier le manque temporaire de vent. La technologie de l’hĂ©lice et de la coque en fer vers 1870, va permettre de rallier par exemple la Cochinchine et Marseille en un temps record.

Paquebot français en partance de Marseille pour la Cochinchine,L’Illustration 1er novembre 1862

Pour la pĂ©riode des clippers, Jean Houzeau de Lehaie a pu tracer l’historique des premiĂšres introductions. Les Arundinaria gracilis (Drepanostachyum falcatum), Bambusa arundinacea, B. Thouarsi (B. vulgaris), B. aurea (Ph. aurea) en provenance de l’Inde et Ph. mitis (Ph. viridis) originaire de Chine sont importĂ©s par M. Denis Ă  HyĂšres en 1840.

Le Phyllostachys nigra fut rĂ©introduit de Chine en France en 1846 par le vice-amiral CĂ©cile. Ce dernier rapporta du nord de la Chine Ph. viridi-glaucescens, Ă©galement en France la mĂȘme annĂ©e. Les premiers Arundinaria Falconeri (Drepanostachyum f.), furent importĂ©s du nord de l’Inde un an plus tard et commercialisĂ©s rapidement par le cĂ©lĂšbre pĂ©piniĂ©riste belge Van Houtte. C'est le botaniste Philipp Franz von Siebold qui introduisit l'Arundinaria japonica (Pseudosasa j.) en 1850. AprĂšs une accalmie de douze ans, une nouvelle vague d’importation permet de dĂ©couvrir et de cultiver en France et en Belgique l’Arundinaria Simonii (1862) grĂące Ă  M. Simon, consul de France en Chine, l’Arundinaria Fortunei (1863), le Ph. flexuosa (1864), le Ph. sulfurea (Ph. bambusoides ’holochrysa’) un an plus tard et le Ph. bambusoides importĂ© du nord du Japon en 1866 par l’Amiral du Quilio et qui le confia Ă  Auguste RiviĂšre, directeur du Jardin d'essai du Hamma Ă  Alger. Cette premiĂšre pĂ©riode trouve son terme avec l’importation de Chine du Phyllostachys violascens.

La période des vapeurs à hélice

Avec la pĂ©riode des « vapeurs Ă  hĂ©lice », les passionnĂ©s de bambous vont introduire de nombreuses espĂšces. Jean Houzeau, Ă  travers ses lectures et sa correspondance dĂ©crit bien cette pĂ©riode. Le banquier florentin Fenzi introduit le Bambusa quadrangularis (Chimonobambusa q.) et le Phyllostachys nidularia. Avant 1877 Arundinaria aureo-striata, Bambusa Ragamowskii (A. R.), B. spinosa (B. arundinacea), Dendrocalamus latifolius et strictus figurent dĂ©jĂ  dans l’arboretum du chĂąteau de Segrez Ă  Saint-Sulpice-de-FaviĂšres.

Dans les annĂ©es 70 le fameux hybrideur de nymphĂ©as, Joseph Bory Latour-Marliac (en), « le plus grand importateur [de bambous] en Europe »[23] fait venir Phyllostachys Boryana, Ph. Castilloni, Ph. Marliacea, les A. Chino ‘Laydekeri’ et fastuosa (Semiarundinaria f.) et le Bambusa Alphonse-Karri. Dans cette mĂȘme dĂ©cennie le Dr HĂ©non de GenĂšve, aprĂšs un long sĂ©jour au Japon, rapporte Phyllostachys pubescens (Ph. edulis) dĂ©crit admirablement par Jean Houzeau de Lehaie dans le premier article de fond de sa revue (nous allons en parler plus loin), le Ph. aurea et bambusoides, B. nana (B. multiplex). Le Ph. puberula qui sera dĂ©signĂ© Ph. Henonis (Ph. nigra gr. Henonis) fera l’objet d’une communication de son introducteur dans la revue Le Bambou : il sera le seul qui se soit maintenu et multipliĂ© en Suisse.

En 1902, le Dr Ernst Pfitzer, professeur de botanique Ă  l’universitĂ© de Heidelberg, correspondant de Jean Houzeau de Lehaie, trouve dans un lot de bambous venus du Japon et mis en vente Ă  Hambourg un cultivar de Phyllostachys bambusoides Ă  feuilles panachĂ©es et chaumes jaune vif, qui a dĂ©sormais le nom de Ph. bambusoides ‘Castilloni’. Mais Jean ignorait que cette mutation avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© introduite deux fois sĂ©parĂ©ment en Europe.

L’annĂ©e de la crĂ©ation de la revue, Jean Houzeau va faire venir du Japon un cultivar panachĂ© de Arundinaria japonica, le Sasa borealis, un cultivar de Ph. puberula Ă  chaumes rubanĂ©s, et une variĂ©tĂ© de Ph. puberula Ă  chaumes semĂ©s de points marron, dĂ©nommĂ©e Han-chiku[24] au Japon (il s’agit probablement de Phyllostachts Henonis ‘Hanchiku’).

Pour notre naturaliste, le dĂ©veloppement des voies de communication et l’accroissement de la vitesse des moyens de transport ont permis non seulement d’accroĂźtre le nombre de taxons, d’effectuer des rĂ©introductions mais d’avoir aussi des sujets beaucoup plus rĂ©sistants car il Ă©tait dĂ©sormais plus facile de faire venir des bambous habituĂ©s Ă  des hivers longs et rigoureux, Ă  des Ă©tĂ©s courts avec des nuits froides, mĂȘme quand les jours Ă©taient chauds. Jusqu’alors, il avait fallu se contenter de recueillir des plantes Ă  proximitĂ© de ports maritimes qui jouissaient d’un climat rĂ©gulier. De nouvelles perspectives s’ouvraient ainsi, selon lui, aux amateurs de bambous : ils allaient pouvoir disposer de sujets en provenance de Chine, Mandchourie, CorĂ©e, du Japon qui seront plus rĂ©sistants et surtout « plus aptes Ă  vivre dans l’Est de l’Europe et vers l’intĂ©rieur des continents. » [25]

Chargement de bambous à la gare d’Anduze en 1905.

DĂ©but 1905, Jean Houzeau de Lehaie a reçu environ 82 bambous du Japon. Le voyage n’avait durĂ© que 52 jours et en raison d’un conditionnement particuliĂšrement soignĂ© (chaque motte Ă©tait emballĂ©e avec du sphaigne bien humide fixĂ© par des liens en paille de riz, puis rangĂ©e dans des caisses remplies ensuite de paille de riz Ă  hauteur des mottes
) : 75 plants allaient pouvoir prospĂ©rer Ă  l’Ermitage.

Diffusion des bambous et amélioration des transports terrestres

Par transport terrestre, en avril de la mĂȘme annĂ©e, J. Houzeau de Lehaie a rapportĂ© de Prafrance un chargement de 8 tonnes par temps pluvieux. Le voyage n’a durĂ© qu’une semaine pour une distance d’environ 1 100 km. Certains bambous dĂ©passaient quinze mĂštres de haut et le rĂ©sultat a Ă©tĂ© beaucoup plus satisfaisant que l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente. Par chemin de fer, il avait fallu 25 jours et Jean regrettait que les compagnies de chemin de fer n’aient pas la mĂȘme sollicitude que pour les pigeons
 et certains bambous en raison de la sĂ©cheresse Ă©taient arrivĂ©s morts de soif.

Le Bambou, le premier périodique spécialisé sur les bambusées

« Le journal officiel des amateurs de Bambous »

En 1905 Jean Houzeau de Lehaie dispose d'un réseau de quatre cents correspondants répartis dans le monde entiers et qui le sollicitent de plus en plus sur toutes sortes de questions relatives aux bambous et il lui devient de plus en plus difficile d'en assurer un suivi complet.

C'est dans ce contexte, que sur ses deniers personnels, trĂšs probablement avec l’assentiment et la complicitĂ© de son pĂšre, notre botaniste finance et lance le premier numĂ©ro du Bulletin pĂ©riodique, vĂ©ritable « Vade Mecum et IntermĂ©diaire des Amis des Bambous ». La plante qui fait l’objet de tant de fascination, de recherches, d’expĂ©riences de culture est bien sĂ»r Ă©ponyme : Le BAMBOU, son Ă©tude, sa culture, son emploi. Il paraĂźt le 15 janvier 1906.

Sa revue se veut indĂ©pendante des revues horticoles existantes. Selon lui, une rubrique spĂ©cialisĂ©e dans de telles revues ne permettrait pas de valoriser le bambou comme il se doit et d’atteindre tous les scientifiques et amateurs de bambous dispersĂ©s en Europe voire dans le monde. Il est prĂ©vu que la revue publiera des articles en latin, anglais, allemand, italien et espĂ©ranto !

Dans son introduction polyglotte, le rĂ©dacteur en chef explique clairement que chaque numĂ©ro comprendra une partie technique et une partie pratique. L’une va permettre de publier des communications faites par des botanistes dans la perspective de complĂ©ter la classification des bambous, des bibliographies, des rĂ©sumĂ©s d’articles parus dans des revues scientifiques. L’autre s’adresse plus particuliĂšrement aux amateurs et chefs de culture : Jean a le fort dĂ©sir de partager ses connaissances acquises Ă  partir de ses observations faites depuis 1883 sur le dĂ©veloppement d’une soixantaine d’espĂšces et variĂ©tĂ©s de bambous. Le dessein de notre auteur est de favoriser des discussions, les bourses d’échanges. PrĂšs de cinquante "amis des bambous rĂ©partis dans douze nationalitĂ©s" ont « vaillamment, gracieusement et directement » collaborĂ© Ă  la revue.

L’aventure du « Journal officiel des amateurs de bambous » - l’expression est de son ami Louis de Vilmorin – aura durĂ© exactement deux ans et demi. Au total, cela reprĂ©sente 275 pages de format 14,5 × 24,5 cm, 10 numĂ©ros en 6 parutions[N 10]. La derniĂšre publication en date du 30 juin 1908 est un vĂ©ritable florilĂšge offert aux lecteurs. Il reprend intĂ©gralement un rapport manuscrit accompagnĂ© de vingt photographies, envoyĂ© en septembre 1907 Ă  la ConfĂ©rence Internationale d’Acclimatation des Plantes (New-York). Le manuscrit et les photographies originales se trouvent Ă  la Fondation Smithsonian. Les 8 chapitres de « L’introduction, l’acclimatation et la culture des bambous Ă  l’ouest de l’ancien continent et notamment en Belgique » rĂ©sument toutes les expĂ©riences, observations et Ă©tudes de Jean Houzeau[26].

Les limites atteintes par la revue Le Bambou

On pourrait supposer tout d’abord que son lectorat europĂ©en est limitĂ© Ă  des professionnels et amateurs de bambous qui, Ă  la Belle Époque, ne sont pas lĂ©gions. La revue est tirĂ©e Ă  environ 500 exemplaires et le n° 6 est diffusĂ© Ă  plus de 400 exemplaires auprĂšs d'abonnĂ©s appartenant Ă  plus de quinze nationalitĂ©s. Ce qui est assez considĂ©rable pour une revue aussi spĂ©cialisĂ©e. La rĂ©clame qui finance une partie de la publication dĂ©gage une recette trĂšs modeste. Les annonceurs sont peu nombreux (PĂ©piniĂšre de Prafrance et quatre Ă  cinq Ă©tablissements d’horticulture français et anglais, un libraire
) et les recettes publicitaires ne reprĂ©sente que 1 % des abonnements. Jean Houzeau vise en prioritĂ© la diffusion des connaissances sur le bambou. En juin 1907, il n'a mĂȘme pas encaissĂ© les abonnements et perçoit les mandats-poste Ă  l'initiative des abonnĂ©s comme « un fer dans la plaie ». Une annĂ©e auparavant il se plaint en constatant que certains abonnĂ©s ne payent pas leur abonnement ce qu'il ressent cela comme une attitude discourtoise. En rĂ©alitĂ©, ce n’est sĂ»rement pas l’aspect Ă©conomique qui peut expliquer le caractĂšre relativement Ă©phĂ©mĂšre de la revue. Globalement, les abonnements ont couvert les frais d’édition. La rentabilitĂ© d’une telle entreprise est trĂšs Ă©loignĂ©e des principales motivations des Houzeau. Il faut avant tout faire Ɠuvre scientifique, partager ses connaissances mais aussi jubiler sur le plan intellectuel et relationnel.

Jean Houzeau est seul pour assurer l’édition de A Ă  Z. Il n’a pas de comitĂ© de lecture, mis Ă  part la relecture faite par son pĂšre Auguste, fĂ©ru de botanique. Il Ă©tait assistĂ© d’« un employĂ© de son usine »[N 11] pour l'accomplissement des tĂąches administratives.

La fin de la revue tient principalement au fait qu’en moins de deux ans, Jean Houzeau, travailleur acharnĂ© et passionnĂ©, a totalement Ă©puisĂ© le sujet sur la connaissance botanique et la culture des bambous en Europe. Il est pratiquement le seul rĂ©dacteur de l’ensemble des articles de fond. Il maĂźtrise tellement le sujet qu’aucun de ses correspondants scientifiques de l’époque ne s’est engagĂ© Ă  approfondir ou diversifier leurs recherches sur les bambous aussi rapidement que ne le fait Jean Houzeau.

Sa revue lui permet de faire Ɠuvre scientifique tout en sensibilisant un public de plus en plus large sur la culture des bambous en Europe, sans doute mieux que ne l’aurait fait, selon lui, l'Ă©dition d'un ouvrage de rĂ©fĂ©rence.

Jean Houzeau a ouvert la voie d’une nouvelle approche botanique des bambous

Pour bien comprendre cette contribution, il est utile de situer ses travaux dans l’évolution de la connaissance botanique des bambous, la plupart de ses Ă©tudes Ă©tant publiĂ©es entre 1906 et 1922. Avant cette pĂ©riode les travaux les plus importants au cours du XIXe ont Ă©tĂ© conduits par F. J. Ruprecht, W. Munro, A. et C. RiviĂšre, Mitford, E. Satow, D. Brandis et J. S. Gamble[N 12].

Pour illustrer la densitĂ© de ses recherches, deux recherches parmi l’ensemble de ses travaux scientifiques ont Ă©tĂ© choisies. Une premiĂšre recherche concerne la possible variabilitĂ© des rhizomes, chez une mĂȘme espĂšce de bambou, selon notre auteur, le deuxiĂšme a trait Ă  la mise au point d’une systĂ©matique des bambous rustiques en 1910 qui couronne son Ɠuvre.

Découverte de la variabilité de organes végétatifs des bambous

En 1906, Jean Houzeau a Ă©mis une hypothĂšse hardie relative au processus vĂ©gĂ©tatif souterrain des bambous. Celle-ci a retenu l’attention du botaniste F. A. McClure dĂšs 1925. Alors que A. et C. RiviĂšre ont dĂ©crit deux principaux types de bambous selon leur dĂ©veloppement souterrain – Ă  savoir les bambous Ă  vĂ©gĂ©tation automnale et Ă  touffe cespiteuse (bambous pachymorphes[L 1]) et les bambous Ă  vĂ©gĂ©tation vernale et Ă  touffe gĂ©nĂ©ralement traçante (bambous leptomorphes[L 2]), Jean Houzeau avec une vingtaine d’annĂ©es d’observation attentive de ses vĂ©gĂ©taux prĂ©fĂ©rĂ©s, tout en gardant les deux groupes proposĂ©s par RiviĂšre pĂšre et fils, a fait un certain nombre de constats qui conduiront Ă  bousculer leur dichotomie. Les rhizomes des bambous cespiteux sont dĂ©nommĂ©s par Jean Houzeau caulo-bulbe qu’il illustre de sa main adroite en prenant l’exemple du Bambusa Thouarsii (Bambusa vulgaris). Les rhizomes du deuxiĂšme groupe sont de « longs rhizomes grĂȘles Ă  dĂ©veloppement souterrain indĂ©fini » qu’il illustre Ă©galement avec un rhizome du genre Phyllostachys. Jean a constatĂ© que si le dĂ©but du dĂ©veloppement d’un bambou est le mĂȘme pour toutes les espĂšces, en revanche, ultĂ©rieurement croissance peut alterner avec pĂ©riodes de rĂ©trogradation qui ne sont pas les mĂȘmes pour les espĂšces traçantes que pour les espĂšces cespiteuses.

Or « des individus transplantĂ©s, qui ont complĂštement rĂ©trogradĂ©s Ă  l’état cespiteux fleurissent sur tous les chaumes en mĂȘme temps que la plante mĂšre restĂ©e traçante. Bien plus, un individu chĂ©tif, anĂ©miĂ©, appartenant Ă  une espĂšce susceptible de tracer, peut fructifier sans avoir atteint le stade traçant »[27]. Notre auteur en conclut : « La diffĂ©rence entre les bambous cespiteux et les bambous traçants n’est donc ni gĂ©nĂ©rique, ni spĂ©cifique, elle est uniquement d’ordre physiologique » (ou biologique dira-t-il ultĂ©rieurement Ă  propos du processus vĂ©gĂ©tatif aĂ©rien). Floyd Alonzo McClure, nous laisse entendre que cette assertion peut se vĂ©rifier[28] notamment avec le Chusquea Fendleri car celui-ci peut avoir deux types de rhizomes[N 13]. L’observation de Jean Houzeau portait sur un nombre limitĂ© de variĂ©tĂ©s de bambous et il n’est pas possible de considĂ©rer son affirmation comme vraie, mais il est prĂ©fĂ©rable de la considĂ©rer comme une hypothĂšse trĂšs stimulante pour les botanistes et qui ouvre la voie Ă  la reconnaissance d’une pluralitĂ© de types de rhizomes « observables d’une espĂšce Ă  l’autre et parfois mĂȘme sur une mĂȘme espĂšce » et qui prennent effectivement en compte la croissance du bambou, sa morphologie et effectivement son caractĂšre spatial (rhizomes traçants ou cespiteux)[N 14]. On comprend mieux ainsi de quelle maniĂšre les travaux de Jean constituent un jalon apprĂ©ciable sur les chemins de la connaissance scientifique de la tribu des bambusĂ©es.

Rencontre avec Sir Dietrich Brandis Ă  Kew Garden en 1906

Sir Dietrich Brandis (1824-1907)
PĂšre de la sylviculture
Botaniste spécialisé dans plantes ligneuses de l'Inde et de la Birmanie

Dietrich Brandis consacre sa vie Ă  la sylviculture dans de multiples perspectives : agronomique, Ă©cologique, botanique. AprĂšs sept ans passĂ©s en Birmanie dans la province de Pegu, D. Brandis fut pendant vingt ans le premier inspecteur gĂ©nĂ©ral des forĂȘts en Inde[N 15] Tout en ayant un rĂŽle qui est encore reconnu aujourd’hui dans le domaine de la sylviculture (formation, lĂ©gislation, techniques culturales, techniques d’échantillonnage
), il prĂ©parait des ouvrages tels que Forest Flora of Northwest and Central India (La flore sylvicole de l'Inde nord-occidentale et centrale) et Indian Trees (Les arbres indiens).

AprĂšs avoir pris sa retraite, Ă  l'Ăąge de 75 ans il entreprit son principal ouvrage de botanique, Indian Trees[N 16], qui « dĂ©crit minutieusement 4400 espĂšces ligneuses dont bon nombre pour la premiĂšre fois ». Il a passĂ© huit annĂ©es Ă  le rĂ©diger. La sous-famille des BambusoidĂ©es a Ă©tĂ© particuliĂšrement apprĂ©ciĂ©e par Jean Houzeau puisque D. Brandis a dĂ©crit 122 espĂšces soit une vingtaine de « nouveautĂ©s » par rapport au travail de S. J. Gamble. Le dernier article botanique de Sir Dietrich Brandis publiĂ© peu de temps avant sa mort soulignait « l’importance de certains caractĂšres qui peuvent faciliter la dĂ©termination des espĂšces, quand on n’a sous les yeux que des tiges et des feuilles. Ce sont l’aspect des gaines et la nervation des feuilles »[29].

Fin juillet 1906 Jean Houzeau se rendit une semaine entiĂšre Ă  Kew garden pour faire le catalogue des Ă©chantillons, avec figures, des 185 fardes[N 17] de bambous de l’herbier. Dans l’aprĂšs-midi du troisiĂšme jour un « grand vieillard », s’arrĂȘta devant la table de travail de notre botaniste belge, le salua et se prĂ©senta : « Sir Dietrich Brandis, inspecteur gĂ©nĂ©ral retraitĂ© des ForĂȘts de l’Inde » ; Jean tout en se levant eut peine Ă  croire ses propres oreilles. « Vous vous intĂ©ressez aux bambous ? », « Oui, Monsieur l’Inspecteur gĂ©nĂ©ral ». Puis la conversation se poursuivit Ă  voix basse pour ne pas troubler le silence solennel de l’immense salle. Au cours de l’entretien, Jean apprit que Dietrich Brandis est nĂ© Ă  Bonn. Il a Ă©tĂ© anobli par la reine Victoria pour ses 28 ans passĂ©s en Inde au service de la couronne anglaise en tant que forestier et botaniste. Il s’est particuliĂšrement intĂ©ressĂ©s aux bambous en Inde et Birmanie. Il a fait le voyage de Bonn Ă  Kew pour corriger les Ă©preuves de son dernier ouvrage, Indian trees. « Lorsque les Ă©preuves seront corrigĂ©es, je retournerai Ă  Bonn oĂč sont ma femme, mon fils et ma fille. Je vous enverrai, me dit-il un exemplaire d’Indian Trees, dĂšs qu’il sortira de presses ».

L’envoi en novembre de la mĂȘme annĂ©e de la dĂ©dicace Ă  Auguste Houzeau de l’exemplaire promis est le point de dĂ©part d’une longue amitiĂ© entre les deux familles. Quelques semaines plus tard, Jean reçut de Lady Katharina Brandis un faire-part annonçant le dĂ©cĂšs son mari Sir Dietrich Brandis. Jean se dĂ©plaça Ă  Bonn en juillet 2007 pour rendre visite Ă  Lady Katharina et par la mĂȘme occasion rĂ©pertorier les fardes de bambous contenues dans l’important herbier Brandis. Jusqu’à la veille de la guerre, ce sont de nombreuses lettres qui ont Ă©tĂ© Ă©changĂ©es entre Lady Katharina Brandis et Jean Houzeau. Dans un premier temps, les Ă©changes ont portĂ© principalement sur la l’estimation et la nĂ©gociation difficile de l’herbier Brandis. Puis, grĂące aux nombreuses relations conservĂ©es avec des anciens collaborateurs indiens de son mari, Katharina a tout fait pour procurer Ă  Jean Houzeau des graines de bambous tropicaux : notre botaniste en fit des semis puis expĂ©dia les plants en Afrique et parfois en AmĂ©rique. Katharina se lia d’amitiĂ© avec MĂ©lanie, la mĂšre de Jean, en venant plusieurs fois Ă  l’Ermitage.

À cette Ă©poque, Jean Houzeau dĂ©couvrit les talents exceptionnels de cette aquarelliste
 Quelques-unes de ses Ɠuvres sont dans les archives de Jean Houzeau de Lehaie : elles reprĂ©sentent notamment des bosquets de bambous Ă  l’Ermitage[N 18].

Elle eut l’occasion d’accompagner son mari lors de ses diffĂ©rentes missions forestiĂšres et botaniques en Inde. Moins intrĂ©pide qu’une Marianne North, leurs chemins se sont toutefois croisĂ©s Ă  Derha-dun sans qu’elle ne se rencontrent et pourtant la ressemblance de certains paysages est saisissante.

Cette rencontre avec Sir Dietrich Brandis est une Ă©tape majeure dans les travaux scientifiques de Jean Houzeau de Lehaie sur les bambous.

L’influence de l’Ɠuvre de Dietrich Brandis est certes majeure. Mais il ne faut pas omettre pour autant les botanistes japonais spĂ©cialisĂ©s notamment dans l’étude des bambous : le professeur Makino, enseignant Ă  l’UniversitĂ© de Tokyo, Shibata, Miyoshi et Onuma. J. Houzeau de Lehaie est lecteur assidu de la revue Botanical Magazine of Tokio Ă©ditĂ©e par son homologue Makino. DĂšs qu’il recevait un numĂ©ro il le traduisait intĂ©gralement en français dans un de ses cahiers. Il suivit de trĂšs prĂšs ses travaux mais aussi les Ă©tiquetages des bambous que ce dernier expĂ©diait Ă  Kew[N 19]. La grande dĂ©ception de Jean Houzeau fut le silence du professeur Makino : il ne rĂ©pondit jamais aux questions et demandes venues de Belgique[30]. Et pourtant ces deux scientifiques ont beaucoup de choses en commun : ils sont autodidactes, ils sont passionnĂ©s de bambous, ils ont chacun un grand parc expĂ©rimental
 mais la distance et leur culture respective n'avaient pas favorisĂ© leur rapprochement.

Ses travaux ont portĂ© principalement sur la description minutieuse des Bambous qu'il observa in vivo (principalement les variĂ©tĂ©s du genre Phyllostachys), des essais de regroupement taxonomique des genres Arundinaria et Phyllostachys, une mĂ©thodologie de diagnose de certains bambous, une systĂ©matique, la rĂ©sistance au froid des bambous, la description approfondie des processus vĂ©gĂ©tatifs souterrains et aĂ©riens, le phĂ©nomĂšne de la floraison des bambous introduits en Europe, jusqu’à des conseils de culture, des Ă©tudes de rentabilitĂ© de l’exploitation Ă©conomique des chaumes notamment pour la pĂąte Ă  papier, la gĂ©ographie botanique de bambous vivant en Chine et au Japon


Jean Houzeau est à l'origine de la systématique des bambous rustiques

Le fait qu’une mĂȘme espĂšce de bambou fleurisse et graine Ă  de longs ou de trĂšs longs intervalles (qui peuvent atteindre 120 ans), rend, en pratique, la dĂ©termination des bambusĂ©es difficile Ă  l’époque de Jean Houzeau. Or la systĂ©matique en tant que science de la dĂ©termination des espĂšces est basĂ©e en prioritĂ© sur l’observation des organes floraux. À dĂ©faut de floraison, le botaniste n’a pas d’autre choix que de tenir compte dans sa diagnose des caractĂšres spĂ©cifiques tirĂ©s des organes vĂ©gĂ©tatifs. En ce qui concerne les bambous, il s’agit notamment des chaumes et des feuilles.

Plusieurs botanistes descripteurs avaient déjà senti la nécessité de joindre certains caractÚres des organes végétatifs à ceux des organes floraux (Ruprecht, Munro, Makino, Shibata) mais de façon supplétive. RiviÚre, Brandis et Gamble ont montré plus de détermination. Jean a poursuivi avec bonheur une des toutes derniÚres recherches de Sir Brandis. En effet, peu de temps avant sa mort, Sir Dietrich avait dressé, tout en invitant les plus jeunes botanistes à approfondir cette voie, un tableau de détermination des bambusées basé uniquement sur les caractÚres cellulaires des feuilles[31].

Il prit bien le relais et proposa de joindre obligatoirement dans le texte des diagnoses des bambusĂ©es des caractĂšres choisis parmi ceux des organes vĂ©gĂ©tatifs et il dĂ©finit et Ă©numĂ©ra les caractĂšres les plus pertinents Ă  rendre la dĂ©termination des espĂšces possible en l’absence de fleurs.

Afin de faire admettre officiellement cette proposition par les botanistes de l’époque, il adhĂ©ra comme membre au CongrĂšs international de botanique qui se tint Ă  Bruxelles en 1910. Puis il fit la demande aux organisateurs d’inscrire Ă  l’ordre du jour d’une sĂ©ance l’exposĂ© de sa proposition. Ceux-ci refusĂšrent. Les autodidactes ne seraient-il pas bien perçus dans le cĂ©nacle des universitaires ? Cependant l’auteur ne s’était pas arrĂȘtĂ© Ă  cette Ă©ventualitĂ©, il avait dĂ©jĂ  fait imprimer un rĂ©sumĂ© bien illustrĂ© de sa proposition. Il en dĂ©posa, le premier jour du CongrĂšs, un paquet sur la table rĂ©servĂ©e aux publications et il vit bientĂŽt son Ă©tude dans toutes les mains.

Ce fait ne fut pas sans attirer l'attention de plusieurs organisateurs qui en manifestÚrent leur déplaisir. On lui fit savoir qu'il avait commis une incorrection inadmissible ! Jean rentra le soir à l'Ermitage à la fois dépité et amusé à la fois.

Quelque temps aprĂšs la clĂŽture du CongrĂšs, il fut invitĂ© Ă  rencontrer l’un des organisateurs, Émile Auguste Joseph De Wildeman, qui lui a toujours tĂ©moignĂ© de la bienveillance. Celui-ci lui apprit que le comitĂ© de publication des Actes du CongrĂšs dĂ©sirait obtenir un exposĂ© de sa proposition comportant tous les dĂ©veloppements qu’il voudrait bien lui donner et une iconographie abondante, afin de publier ce travail dans les Actes du CongrĂšs
 sans que la question ait Ă©tĂ© ni dĂ©veloppĂ©e, ni discutĂ©e, ni approuvĂ©e en sĂ©ance. Jean Houzeau se fit un malin plaisir Ă  remettre le manuscrit de son mĂ©moire.

La table des matiĂšres des Actes reçut une large publicitĂ© avant l’impression des volumes, afin d'obtenir de nombreuses souscriptions Ă  leur Ă©dition. Il eut la surprise de recevoir de nombreuses demande de tirĂ©s Ă  part Ă©manant de diffĂ©rentes parties du monde
 Il en demanda un nombre suffisant pour satisfaire les amateurs et obtint satisfaction.

Dans la suite, il apprit ce qui s’était passĂ©. Lorsque le ComitĂ© de publication des Actes du CongrĂšs examina les manuscrits, lui dit-on, il constata que la Belgique, oĂč le CongrĂšs s’était tenu, n’était reprĂ©sentĂ©e par aucun mĂ©moire substantiel. TrĂšs ennuyĂ© par cette situation, il finit par se dĂ©cider Ă  demander son travail, dont le rĂ©sumĂ© avait attirĂ© vivement l’attention des Ă©trangers dĂšs l’ouverture du CongrĂšs.

Parmi toutes ses travaux, Jean Houzeau de Lehaie considĂšre sa proposition de mĂ©thode appliquĂ©e Ă  la diagnose et Ă  la description des bambous comme l’Ɠuvre majeure de sa vie[32].

Le nom de notre botaniste est associĂ© Ă  un certain nombre d’espĂšces. Dans le genre Arundinaria on peut citer l’A. angustifolia (A. chino A.). Dans le genre Phyllostachys Jean Houzeau de Lehaie a Ă©tĂ© un des principaux descripteurs de Ph. bambusoides ‘Castilloni-inversa’, Ph. bambusoides ‘Sulphurea’ (Ph. b. f. holochrysa), Ph. aurea ‘Flavescens-inversa’, Ph. nigra gr. Henonis ‘Borayana’ (Ph. puberula var. Boryana), Ph nigra gr. Henonis ‘Hanchiku’ (Ph. puberula var. Han-Chiku), Ph. edulis (Ph. pubescens), Ph. e. ‘Heterocycla’.

Il est intĂ©ressant Ă  ce propos de s’arrĂȘter quelques instants sur la description qu’il a donnĂ©e du Ph. edulis pour deux raisons. La premiĂšre illustre bien la prĂ©cision de ses observations et de ses descriptions botaniques. La deuxiĂšme constitue un tĂ©moignage de sa sensibilitĂ© pour les bosquets de bambous.

Le premier article de fond de sa revue est consacrĂ© justement au Ph. pubescens Mazel (Ph. edulis). Au moment oĂč son premier numĂ©ro sort de l’imprimerie, Jean Houzeau de L. prend connaissance d’une description qu’en donne le professeur Makino, sous le nom de Ph. mitis A. et C. RiviĂšre[33].

Le Mitis de M. Makino et l'Edulis de M. Houzeau

Notre auteur remarque que le bambou dĂ©crit par le prof. Makino est «une plante Ă  tige toujours glabre, presque cylindrique Ă  la base, Ă  mĂ©rithalles[L 3] longs – Ă  gaines glabres, Ă  rameaux creux, Ă  feuilles grandes ». Et de poursuivre, « C'est la plante cultivĂ©e partout en Europe sous ce nom, par exemple : Ă  Kew, Ă  Badsford Park chez Mitford, Ă  Prafrance chez Mazel, oĂč RiviĂšre en a contrĂŽlĂ© l’identitĂ© (RiviĂšre, Les Bambous, page 240). C'est de Prafrance que nos exemplaires proviennent. » Or Jean Houzeau affirme « la plante dĂ©crite par Mr Makino a les tiges pubescentes dans le jeune Ăąge, trĂšs coniques Ă  la base, les mĂ©rithalles trĂšs courts dans cette partie, les gaines densĂ©ment tomenteuses, les rameaux pleins et les feuilles petites. En Europe elle est restĂ©e confinĂ©e jusqu’en 1904 chez feu Mazel Ă  Prafrance oĂč elle est arrivĂ©e vers 1880, aprĂšs la visite de feu RiviĂšre. Sa variĂ©tĂ© heterocycla seule Ă©tait rĂ©pandue ailleurs, en Angleterre, Belgique, Allemagne. »

Ainsi il propose la synonymie de la façon suivante :

Phyllostachys mitis A. et C. RiviĂšre ; Bean ; F. Mitford, (non Makino).
Bambusa mitis Hort. ex Carr. (non Poiret)
Phyllostachys pubescens Mazel, H. de L.
Phyllostachys mitis Makino
Bambusa edulis Carr.
Bambusa Mosoo Sieb.
Nom. Jap. Mîssî‑chiku ; Mîso‑chiku ; Wase‑dake.
Nom. Sin. Kouan‑chiku ; Rito‑chiku ; Biotan‑chiku ; Biodji‑chiku ; Mato‑chiku.

Origine Chine ; introduit au Japon vers 1717.

Jean Houzeau de L en conclut justement que le MĂŽssî‑chiku devrait conserver le nom d'espĂšce que CarriĂšre lui a donnĂ© : edulis et, ayant pris rang dans le genre PhyIlostachys s'appeler Phyllostachys edulis1.

Et la variĂ©tĂ© Ă  cloisons obliques devra donc prendre nom de : Ph. edulis var. heterocycla Ph. mitis var. heterocycla. Nom. jap kilkko‑chiku ; kimon‑chiku.

Ces prĂ©cisions apportĂ©es, voyons maintenant le tĂ©moignage que nous offre Jean Houzeau lorsqu’il tombe sous le charme des bosquets d’edulis crĂ©Ă©s par EugĂšne Mazel Ă  Prafrance.

« L'un des massifs les plus impressionnants, composĂ© de l'espĂšce que nous allons dĂ©crire, est d'un puissant effet dĂ©coratif. Qu'on se figure des centaines de tiges : ici serrĂ©es les unes aux autres, fuyant vers le ciel comme des fusĂ©es, lĂ  espacĂ©es rĂ©guliĂšrement ; plus loin par deux, par trois, en petits troupes comme des promeneurs. Toutes sont sveltes et Ă©lancĂ©es, robustes pourtant ; leurs cimes, Ă  la ramure dorĂ©e, au feuillage s'Ă©talant comme les parasols multiples de l'Inde, se balancent doucement au grĂ© du vent. Des glycines, des chĂšvre-feuille (sic), des clĂ©matites les escaladent, passent de cime en cime, retombant en guirlandes de fleurs. Gigantesques plumes d'autruches, ces chaumes dĂ©passant parfois vingt mĂštres de hauteur, rivalisent avec les plus superbes productions des forĂȘts tropicales. Ils ne craignent pourtant pas les intempĂ©ries de nos climats. L'hiver dernier, Prafrance a connu les frimas ordinairement rĂ©servĂ©s aux pays du Nord. Durant trois jours, du 1er au 3 janvier 1905 le vent a fait rage, puis une neige abondante est tombĂ©e, le thermomĂštre centigrade est descendu Ă  – 14° : il a fallu bien vite secouer tous ces grands chaumes dont les tĂȘtes ployĂ©es sous le fardeau menaçaient de se briser : mais quand la tourmente fut passĂ©e, quand le soleil eut fondu cette neige on put constater avec joie que pas une feuille n'Ă©tait gelĂ©e, que la plante, admirable de rĂ©sistance au froid, Ă©tait aussi vigoureuse que si l’hiver tiĂšde du Midi n'avait pas Ă©tĂ© interrompu par le froid et la tempĂȘte du Nord. »[34]

RĂŽle humanitaire pendant la PremiĂšre Guerre mondiale

Concession du cimetiĂšre de Saint-Symphorien

Malgré le refus de l'ultimatum allemand contre la Belgique (2 août 1914) par le roi Albert Ier d'accéder à la demande de l'empereur Guillaume II de laisser passer librement ses armées, la neutralité de la Belgique garantie par les puissances européennes, y compris l'Allemagne, fut bafouée. En effet, la Belgique fut envahie dÚs le 4 août 1914. Cet acte précédé de l'envahissement du Luxembourg marqua les débuts des hostilités de la PremiÚre Guerre mondiale. L'armée belge réussit à retarder l'avance de l'armée allemande pour permettre la mobilisation en France.

À l'occasion de la bataille de Mons du 23 et 24 aoĂ»t 1914, le corps expĂ©ditionnaire britannique affronta la 1re armĂ©e allemande du gĂ©nĂ©ral Alexander von Kluck. Plus de 400 soldats furent tuĂ©s et reçurent une sĂ©pulture provisoire en pays montois.

Au printemps 1916, Jean Houzeau rencontra un officier allemand qui dĂ©ambulait dans une de ses propriĂ©tĂ©s de Saint-Symphorien[N 20]. Il entendait rĂ©quisitionner un terrain afin d'y enterrer les soldats allemands tombĂ©s Ă  la Bataille de Mons. Comme ce terrain devait probablement se situer dans une aire de prospection des Mines de Spiennes, Jean Houzeau proposa de lui fournir un terrain beaucoup plus appropriĂ© situĂ© Ă  la limite de la commune de Saint-Symphorien et de Spiennes. Par ailleurs, au lieu que son terrain fit l'objet d'une rĂ©quisition allemande, il proposa Ă©galement de concĂ©der gracieusement l'usage de sa parcelle de terrain aux communes oĂč se trouvaient les sĂ©pultures des soldats. Cette solution nĂ©gociĂ©e Ă©galement avec les autoritĂ©s locales permit que tous les combattants, quelle que soit leur nationalitĂ©, fussent rassemblĂ©s dans une mĂȘme nĂ©cropole. Jean Houzeau insista Ă©galement auprĂšs des autoritĂ©s allemandes en Belqique pour qu'il soit autorisĂ© Ă  placer prĂšs de l'entrĂ©e du cimetiĂšre un monument lapidaire comprenant le blason de la famille Houzeau ainsi qu'une courte inscription en latin[N 21].

À l'entrĂ©e droite du cimetiĂšre militaire il est possible de lire l'inscription suivante gravĂ©e sur une pierre bleue que possĂ©dait Jean Houzeau :

AD MILITES SEPEL. CDXXXII
IN FINIBUS OCCISOS
VICORUM PROXIM. DUODECIM
HOC AGRI, NULLA MERCEDE,
USUE DAT CONCEDIT QUE
JEAN HOUZEAU DE LEHAIE
XXIII - XXIV AUG MIMXIV.[N 22]

Le 6 septembre 1917, lors de la cĂ©rĂ©monie d'inauguration[N 23], Jean Houzeau de Lehaie et son pĂšre Auguste, peu de temps avant leur prĂ©sentation aux autoritĂ©s allemandes, s'esquivĂšrent. Ils n'y tenaient nullement. Toutefois le fait que les reprĂ©sentants de l'armĂ©e allemande aient invitĂ© cinq citoyens belges Ă  cette cĂ©rĂ©monie tĂ©moignait Ă  quel point « l'ambiance de la guerre 1914-1918 fut diffĂ©rente de la guerre 1940-1944 ». À l'issue de la cĂ©rĂ©monie, le gĂ©nĂ©ral von Giesling vint remercier le propriĂ©taire du cimetiĂšre accompagnĂ© de son pĂšre Auguste.

Finalement l'acte de concession, "unique en son genre", fut dressé par le gouvernement belge au nom des alliés. Puis l'entretien, qui était assuré jusqu'alors par la commune de Saint-Symphorien, fut confié au Commonwealth War Graves Commission qui l'assure avec beaucoup de soin.

Au moment oĂč les derniers bombardements firent voler en Ă©clats les vitres des serres de l'Ermitage, prĂšs de Ville-sur-Haine le soldat canadien Georges Lauwrence Price (Saskatchewan Regiment) Ă©tait tuĂ©. C'Ă©tait le 11 novembre 1918 Ă  10 h 58, soit 2 minutes avant l'entrĂ©e en vigueur du cessez-le-feu. Il fut enterrĂ© au cimetiĂšre militaire de Saint-Symphorien.

À la fin de la PremiĂšre Guerre mondiale, la nĂ©cropole militaire de Saint-Symphorien comprend les sĂ©pultures de 513 combattants anglais, canadiens et allemands[N 24].

Le cimetiĂšre de Saint-Symphorien s’étend de façon concentrique autour d’un belvĂ©dĂšre que Jean Houzeau a ultĂ©rieurement plantĂ© de conifĂšres issus de semis effectuĂ©s Ă  l’Ermitage dont les graines lui avait Ă©tĂ© envoyĂ©es par un de ses correspondants allemands. Il ressemble aujourd'hui Ă  un cimetiĂšre paysager.

Au service de la Croix-verte

DÚs le début de la PremiÚre Guerre mondiale, Jean Houzeau de Lehaie se mit à la disposition, dans un premier temps, de la Croix-rouge. Sa premiÚre mission en tant que brancardier, a consisté à porter secours aux blessés de la Bataille de Mons. Ce qui lui donna l'occasion d'aller chercher des blessés qui se trouvaient à proximité de l'Ermitage[N 25].

La mĂȘme annĂ©e Jean Houzeau participa Ă  la fondation Ă  Mons de la Croix verte, Ɠuvre d'entraide[N 26] dans laquelle il tint le rĂŽle de secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral. Le statut Ă©volua en 1915 en sociĂ©tĂ© coopĂ©rative d'approvisionnement de six rĂ©fectoires destinĂ©s aux montois. Il y joua un rĂŽle d'administrateur dĂ©lĂ©guĂ©. Un abattoir fut crĂ©Ă© couplĂ© d'un saloir et d'un fumoir. Il fut chargĂ© de s'occuper particuliĂšrement du domaine rural en raison de la pĂ©nurie de pommes de terre qui sĂ©vit en 1915. Sa tĂąche fut facilitĂ©e par le fait que son pĂšre, Auguste, disposait de vastes terrains louĂ©s Ă  des maraĂźchers autour de leur propriĂ©tĂ© de l'Ermitage.

Contribution Ă  la diffusion des bambous en Europe et en Afrique

Bambous, parcs et jardins botaniques en Europe

Les parcs et la culture du bambou en France

Le parc de Prafrance constitue une des plus anciens parcs Ă  bambous en France. Toutefois, de plus en plus de bosquets de bambous trouvent leur place dans bien d’autres propriĂ©tĂ©s et parcs. Pour le sud de la France il est possible d’évoquer rapidement la Villa Thuret, sur la cĂŽte d’Azur. À ce propos, en 1905, Jean Houzeau de Lehaie Ă©tait persuadĂ© qu’Antibes pourrait ĂȘtre l’endroit idĂ©al pour reproduire les bambous pour toute l’Europe. Le Jardin Botanique de Montpellier Ă©tait un haut lieu d’implantation et de protection des Bambous. Le professeur Poireau qui le dirigea avait par ailleurs contribuĂ© en grande partie Ă  la sauvegarde de la bambouseraie d’Anduze. À proximitĂ© d’Anduze, le Jardin des cordeliers et le parc de Lascour sont encore ornĂ©s de bambous qui viennent probablement de Prafrance.

Pour les localitĂ©s bordant la Loire, on peut signaler le Parc de La MaulĂ©vrie du docteur et entomologiste angevin Gaston Allard, la propriĂ©tĂ© de la Meilleraie-Tillaie du professeur au MusĂ©um d’histoire naturelle Édouard Bureau. Ce mĂ©decin nantais, professeur de botanique et palĂ©obotaniste, avait en 1909 environ 50 taxons de bambous rustiques. Autant qu’en cultivait Jean Houzeau de Lehaie Ă  l’Ermitage. Les armateurs de la famille Bureau et le rĂ©seau relationnel du professeur expliquent l’importance d’une telle collection.

En octobre 1910, Jean Houzeau de Lehaie visita le Jardin botanique de Tours puis La MaulĂ©vrie. Avant de se rendre Ă  La Meilleraie, Gaston Allard l’amena Ă  un chĂąteau Renaissance situĂ© dans la commune dĂ©signĂ©e aujourd’hui Montreuil-JuignĂ© et qui appartenait Ă  l’époque au baron de Monticourt. Une dizaine de variĂ©tĂ©s furent identifiĂ©s et Jean Houzeau complĂ©ta la collection gratuitement l’annĂ©e suivante. Bien d’autres propriĂ©tĂ©s accueillaient des bambous Ă  cette Ă©poque. Jean Houzeau lors d’une enquĂȘte pour le Bulletin de la SociĂ©tĂ© Dendrologique de France avait recensĂ© 19 parcs et jardins ayant produit des bambous de plus de 10 m de haut. IndĂ©pendamment de la taille le nombre Ă©tait bien Ă©videmment beaucoup plus important.

Dans les propriĂ©tĂ©s de la Meilleraie et de Montreuil-JuignĂ© subsistent encore quelques bosquets, prĂ©cieux tĂ©moins de la Belle Époque, pĂ©riode Ă  laquelle les jardiniers et propriĂ©taires de parcs succombĂšrent au charme des bambous. Ce fut le cas de Claude Monet qui reçut aussi des conseils de Jean Houzeau de Lehaie. Jean, qui Ă©tait dĂ©jĂ  en relation avec Claude Monet depuis 1907 "Ă  cause des bambous" et Auguste Houzeau de Lehaie, venus au chevet de Charles (frĂšre et fils) Ă  Bray-Lu, Ă  proximitĂ© de Vernon, a Ă©tĂ© invitĂ© avec son pĂšre par le peintre Ă  venir lui rendre visite[35]. dans son jardin de Giverny le 26 juin 1919. Claude Monet, dĂšs l'installation de son jardin d'eau, avait bordĂ© le pont japonais de quelques charmants bambous qui Ă©taient sa fiertĂ©, en contrepoint discret des nymphĂ©as hybridĂ©s par Bory de Latour Marliac et prĂ©sentĂ©s lors de la fameuse Exposition universelle de 1889. Son ami intime Georges Clemenceau dĂ©crit le jardin d'eau de Giverny ainsi :

« Ce n'est, Ă  proprement parler, qu'un silencieux Ă©tang fleuri d'Ă©clatant nymphĂ©as, jusque sous l'arc englycinĂ© d'un pont japonais qui fait tableau - seule concession au romantisme des lieux. Du cĂŽtĂ© de la voie ferrĂ©e, les grands peupliers, les saules dont on voit pendre les branches aux panneaux des Tuileries, une presqu'Ăźle de grands bambous touffus, jungle cernĂ©e par le courant des eaux vives oĂč serpentent des herbes joyeuses. Le chemin de ronde en treillages de rosiers grimpants ouvre des arceaux d'ardentes couleurs sur la verdure de l'immense prairie qui s'Ă©tend jusqu'aux coteaux de la Seine.

Il n'en faut pas davantage pour faire un paradisiaque sĂ©jour oĂč l'Ɠil humain butine tout Ă  tour, pour d'incomparables fĂȘtes, toutes harmonies de lumiĂšres dont la terre et le soleil peuvent exalter, jusque dans les accalmies de la terre bourdonnante, l'heureux Ă©clair des visions les plus grandioses comme des plus tĂ©nues »

— Georges Clemenceau, Claude Monet[36].

La soie et l'origine de la bambouseraie d'Anduze

Hommage aux travaux de Pasteur sur le ver Ă  soie Ă  AlĂšs

Ce serait en 52 apr. J.-C. que les premiĂšres larves de vers Ă  soie, dissimulĂ©es dans les chaumes de bambou, auraient Ă©tĂ© rapportĂ©es clandestinement de Chine Ă  Constantinople. Les moines qui au pĂ©ril de leur vie, quittaient l’Empire du Milieu munis de ces cannes creuses contribuĂšrent au dĂ©clin, puis Ă  la disparition complĂšte de la fameuse route de la soie qui, des siĂšcles durant, traversa toute l’Asie. En effet, lorsque les EuropĂ©ens commencĂšrent Ă  pratiquer la sĂ©riciculture, la Chine perdit pour un temps le monopole de la fabrication de la soie et l’Occident devint de plus en plus familiarisĂ© avec les cannes de bambou.

C’est aussi grĂące aux chaumes de bambous qu’EugĂšne Mazel eut l’idĂ©e de planter de nombreux bambous dans sa propriĂ©tĂ© de Prafrance prĂšs d’Anduze. Jean Houzeau de Lehaie qui Ă©tait en relation Ă©pistolaire avec lui, nous livre les circonstances de la passion dĂ©mesurĂ©e de ce riche nĂ©gociant cĂ©venol pour les vĂ©gĂ©taux exotiques venant principalement d’ExtrĂȘme-Orient. Les vers Ă  soie Ă©levĂ©s en France furent atteints Ă  partir de 1845 de maladie, la pĂ©brine, et de dĂ©gĂ©nĂ©rescence. Les magnaniers, (Ă©leveurs de vers Ă  soie), en passe d’ĂȘtre ruinĂ©s, s’associĂšrent pour se procurer en Chine des Ɠufs de bonne qualitĂ©. Ils s’adressĂšrent Ă  des missionnaires pour qu’ils ramĂšnent de la « graine » (dans le jargon des magnaniers) puis les chinois finirent par prohiber l’exportation de celle-ci. Certains nĂ©gociants tels Mazel subventionnĂšrent des missionnaires, les priant de leur apporter de la « graine » et des plantes de Chine. Pour contourner la prohibition, les missionnaires utilisĂšrent Ă  nouveau le creux des cannes de bambous, si bien qu’ils rĂ©ussirent Ă  faire transiter des Ɠufs sains. L’industrie de la soie fut ainsi sauvĂ©e dans les CĂ©vennes avant que le biologiste Louis Pasteur ait pu mettre au point une mĂ©thode de sĂ©lection des Ɠufs chez les magnaniers. EugĂšne Mazel ayant vu ces chaumes de bambou pria les missionnaires de lui apporter des plantes vivantes. Nous connaissons ainsi l’origine de la bambousaie qui deviendra la plus cĂ©lĂšbre en Europe.

Ses recherches préhistoriques

J. Houzeau et l'abbé Breuil.

Jean Houzeau de Lehaie est responsable du Musée de Préhistoire de Mons et dirige des fouilles, notamment sur le site de la Bosse d'el Tombe à Givry (Quévy). En 1954, à l'invitation de Marcel Lefrancq qui participe à ces travaux, l'abbé Henri Breuil vient à Mons et visite le musée en compagnie de J. Houzeau. il est aussi à l'origine en 1952 de l'association de fait les Amis du Musée de la Préhistoire et de la Protohistoire de Mons qui prendra plus tard, en 1962, le nom de Société de Recherche préhistorique en Hainaut[37].

L'étude des orchidées

Ses expériences de culture des orchidées tropicales

Cattleya clymene

Avant que Jean Houzeau ne se passionne pour l'Ă©tude et la culture des bambous, d'autres vĂ©gĂ©taux le captivent pour leur beautĂ©, leurs interactions avec le monde des insectes et celui des champignons : il s'agit des orchidĂ©es. Ce goĂ»t a pris corps avec la mise en place de serres chauffĂ©es dans la propriĂ©tĂ© parentale de Hyon puis Ă  l'Ermitage. À cette phase d'expĂ©rimentation essentiellement avec des orchidĂ©es tropicales a succĂ©dĂ© une observation minutieuse des orchidĂ©es en Belgique, en France, en Italie principalement.

Carl von LinnĂ© connaissait 105 espĂšces rĂ©parties dans 8 genres. John Lindley « pĂšre de l'orchidologie moderne », auteur d'une nouvelle nomenclature, avait rĂ©pertoriĂ© 1980 espĂšces entre 1830 et 1840, Ă©poque oĂč il Ă©labora une nouvelle classification. En 1885, date Ă  laquelle Jean Houzeau pris un intĂ©rĂȘt croissant pour l'observation et la culture des orchidĂ©es, 6000 espĂšces Ă©taient dĂ©crites et rĂ©parties dans 350 genres. À la fin de la vie de Jean Houzeau la famille des orchidĂ©es comprenaient 15000 espĂšces naturelles et pratique autant de variĂ©tĂ©s, hybrides et cultivars. La contribution de la connaissance botanique des orchidĂ©es s'inscrit dans ce mouvement d'Ă©tude et d'engouement pour cette plante terrestre ou Ă©piphytes.

DĂšs que Jean fut assez fort pour retourner la terre, ses parents lui dĂ©limitĂšrent un petit jardin dans leur propriĂ©tĂ© de Hyon. Il obtint d'eux en 1877 ou 1878 la construction d'une orangerie et d'une serre froide. Celle-ci fut rapidement comble Ă  une Ă©poque oĂč son pĂšre le mis en relation avec un Ă©rudit et botaniste montois Paul-Émile De Puydt, auteur notamment de traitĂ©s sur les cultures en serres et d'un ouvrage de rĂ©fĂ©rence sur les orchidĂ©es. Jean eut, Ă  de maintes reprises, l'occasion de rendre visite Ă  De Puydt qui pratiquait aussi la culture des orchidĂ©es exotiques depuis 1840. L'enchantement devant les opulentes floraisons allait de pair avec l'initiation Ă  la culture spĂ©ciale des orchidĂ©es. Bien plus, De Puydt lui fit cadeau de multiplications de diverses espĂšces appartenant au genre Masdevallia, des Restrepia antennifera et de multiples autres espĂšces de culture assez facile.

Cette passion ne fit que s'accroßtre avec la connaissance d'horticulteurs de Mons : Pourbaix pÚre puis fils et Verlinden. En 1878, il obtint la construction d'une serre chaude qui fut divisé en trois compartiments : froid, tempéré, chaud. Pendant vingt années, il y cultiva des centaines d'espÚces d'orchidées qui lui procuraient « à foison les plus magnifiques floraisons ».

Cette culture lui donna l'occasion de rencontrer de nombreux amateurs d'orchidĂ©es et de frĂ©quenter les plus cĂ©lĂšbres Ă©tablissements horticoles notamment rĂ©putĂ©s pour leurs orchidĂ©es. À cette Ă©poque Ă©tait abonnĂ© et consultait la revue de rĂ©fĂ©rence Lindenia du cĂ©lĂšbre explorateur et horticulteur Jean Linden Ă  laquelle il Ă©tait abonnĂ©. Jean Houzeau et son pĂšre visitaient rĂ©guliĂšrement l'Ă©tablissement de Lucien Linden, chez lequel il vit souvent Jean Linden, son pĂšre qui prospectait le BrĂ©sil et savait oĂč envoyer les collecteurs pour approvisionner en plantes les serres de Bruxelles. Il y avait aussi Ă  Bruxelles un importateur nommĂ© Binot, concurrent de Linden. « Il vendait des orchidĂ©es en arrachis[L 4] qu'il plaçait sur les tablettes d'une serre au Jardin botanique de Bruxelles. C'Ă©tait pour Jean trĂšs instructif pour apprendre comment ces plantes se prĂ©sentent dans la nature, en Ă©piphytes sur les arbres ». Toutefois il comprit bien mieux et complĂštement lorsqu'il put ultĂ©rieurement les observer par millions en trĂšs nombreuses espĂšces dans les forĂȘts tropicales africaines.

À Gand, Jules de Cock vendait aux enchĂšres des orchidĂ©es en arrachis durant leur saison de repos. Leurs provenances Ă©taient beaucoup plus variĂ©es que chez Binot : Asie tropicale, AmĂ©rique centrale et AmĂ©rique du Sud. La clientĂšle Ă©tait belge, française, hollandaise, anglaise et allemande. Jean Houzeau Ă©tait enthousiasmĂ© Ă  l'idĂ©e de trouver dans les touffes d'orchidĂ©es les plus volumineuses d'autres Ă©piphytes tels que des Peperomia, des fougĂšres, des sĂ©laginelles, des jeunes Aroideae, des mousses, des lichens et mĂȘme des insectes vivants.

Son pĂšre le mis en relation avec un ancien ingĂ©nieur de l'École des Mines de Mons qui dirigeait le service des eaux Ă  Caracas. Ce dernier mis Ă  son tour Jean Houzeau avec un jardinier qui lui procura des plantes d'orchidĂ©es en arrachis. Ainsi, pour 1 fr, il put se procurer des plans de Cattleya. Cattleya mossiae Ă©tait pour lui la plus belle espĂšce du plus beau genre d'orchidĂ©es de l'AmĂ©rique tropicale[38].

Il eut ainsi en 2 ou 3 ans, plus de 200 plantes de Cattleya représentée par environ 150 variétés.

En 1880 il avait acquis toutes les techniques de culture des orchidĂ©es et ses notes relatent avec beaucoup de prĂ©cisions l'empotage et le bassinage des orchidĂ©es Ă©piphytes tropicales. Ses parents s'intĂ©ressaient beaucoup Ă  ses cultures. Il recevait des conseils de sa mĂšre MĂ©lanie qui avait vĂ©cu trois ans au Suriname et qui se souvenait avoir accompagnĂ© des esclaves noirs qui allaient en forĂȘt prĂšs de Fort Amsterdam faire des rĂ©coltes de gousses de vanille et lui avaient cueilli des touffes de Sophronitis Grandiflora. Il put se procurer aussi des exemplaires de ces belles Cattleya. Il rĂ©sulta, de ses succĂšs en culture florale, que son pĂšre Auguste consentit Ă  des constructions successives de serres Ă  l'Ermitage[N 27]. Jean disposait en 1910, en plus de la vĂ©randa placĂ©e contre la façade Ouest du logis, de 100 m2 de serres chauffĂ©es distribuĂ©es en serres froides, tempĂ©rĂ©es et chaudes[39]. L'un des compartiments tempĂ©rĂ©s avait 10 m de haut. Ses serres restituaient une vĂ©ritable ambiance tropicale avec 4000 plantes en pots
 sans oublier le perroquet vert amazone Coco que sa mĂšre avait ramenĂ© du Surinam. Jean avait observĂ© que perroquet contribuait lui aussi Ă  augmenter le nombre des semis d'orchidĂ©e, il ouvrait les gousses de Catteleya Mossiae (orchidĂ©e de son pays) puis s'envolait, le bec couvert de dĂ©bris, pour le nettoyer sur ce qui lui convenait. Tout se passa donc comme si ce perroquet Ă©tait l'un des transporteurs et semeurs de Cattleya M. au BrĂ©sil ou au Venezuela !

Ses observations sur les Orchis et Ophrys

Ophrys insectifera. Jean Houzeau considĂšre que les Orchis et Ophrys sont les fleurs les plus Ă©tranges parce qu'elles font songer Ă  des insectes Ophrys insectifera L.

L'occupation allemande et les dĂ©gĂąts collatĂ©raux produits par l'artillerie du Commonwealth peu de temps avant l'armistice ont mis un terme Ă  la culture et l'observation des orchidĂ©es tropicales. De cette pĂ©riode dorĂ©e, il ne reste malheureusement que des photographies prises par Jean Houzeau car les nombreuses aquarelles qu'il a peintes avant 1914 ont Ă©tĂ© volĂ©es au dĂ©but de la guerre. Toutefois, dĂšs 1890 il s'Ă©tait dĂ©jĂ  intĂ©ressĂ© aux « orchidĂ©es terrestres qui colonisent les bois, les prairies, les marais des contrĂ©es dont le climat est analogue au nĂŽtre, ou mĂȘme plus rigoureux[40] ». Ces investigations sur les orchidĂ©es indigĂšnes ont Ă©tĂ© poursuivies de façon assidue jusqu'en 1935.

Au cours de ses observations sur l'évolution de la flore, de la faune et du sol en corrélation[41], il avait constaté, à son grand étonnement, l'arrivée de 10 espÚces d'orchidées terrestres indigÚnes de Belgique sur son terrain expérimental de Saint-Symphorien et de Spiennes alors qu'il n'en avait constaté jusqu'alors que trois à proximité. Ces premiÚres investigations ont porté sur l'origine des semis[N 28]. Il fit des observations et émis des hypothÚses sur les agents de propagation des graines d'orchidées (et du champignon endophyte indispensable) : outre le vent mais aussi, s'agissant de grandes distances il étudia le rÎle que pouvait jouer les oiseaux (via les pattes, le plumage ou le tube digestif). Puis au cours de ses excursions il commença d'observer que « chez la plupart des 10 espÚces la variation individuelle était à peu prÚs indéfinie au point de former des chaßnes entre les espÚces affines »[42]. De ses longues et méthodiques investigations il est arrivé à reconnaßtre que la variation de la partie aérienne des orchidées indigÚnes est de deux ordres :

1° La variation au sein de l'espÚce, dans l'espace et dans le temps qu'il appelle variation intraspécifique[L 5] ;

2° La variation chez l'individu, dans le temps : il s'agit de la variation individuelle.

Sur le premier point il observe que chez certaines espÚces d'orchidées la variation est plus amples que chez les autres végétaux indigÚnes et aussi fréquente et ample que chez l'espÚce humaine. Il n'y aurait pas, selon l'auteur, chez les espÚces envisagées, de lignées pures[43]. Le démembrement en sections, sous-sections, variétés et formes comme l'on fait Acherson et Graaebner à propos de l'Orchis latifolia L. ne constituerait pas une réponse adéquate. Il a suggéré et a décrit à ce propos une méthode de systématique numérique intraspécifique.

Odontoglossum crispum. Orchidée épiphyte de Colombie à fleurs trÚs variables. Une des plus belles orchidées mais aussi
 la plus chÚre !

Sur le deuxiÚme point Jean Houzeau a aussi observé en 1925, des variations individuelles, en culture. Ainsi pour certaines espÚces, notamment pour Ophrys muscifera Huds « la variation individuelle d'une année à l'autre est aussi étendu que la variation intraspécifique. »

Toutes ces observations lui ont permis de comprendre que, pour certaines espĂšces, la variabilitĂ© est telle, suivant les divers points de l'Europe, que les divers auteurs, parlant d'une espĂšce Ă  laquelle ils ont donnĂ© une mĂȘme dĂ©signation linnĂ©enne, dĂ©crivent et figurent chacun des formes distinctes, quoique rentrant toutes dans la mĂȘme espĂšce.

Jean Houzeau reconnaßt que son propos n'a pas eu forcément d'échos. Si des auteurs « aussi pulvérisateurs »[L 6] que Georges Rouy, Paul Victor Fournier, François-Auguste Tinant, August Heinrich Rudolf Grisebach, Heinrich Gustav Reichenbach, Camus, George Claridge Druce, Stephenson avaient été frappés par les multiples variations ils auraient beaucoup augmenté le nombre des formes décrites.

Outre l'intĂ©rĂȘt purement scientifique de ses recherches[N 29] Il y a aussi des implications pratiques qui rĂ©sultent de la variation individuelle des organes aĂ©riens des orchidĂ©es. Avant la PremiĂšre Guerre, une importante firme bruxelloise spĂ©cialisĂ©e dans l'importation et la culture des orchidĂ©es exotiques, avait vendu un jour une magnifique variĂ©tĂ© d'Odontoglossum crispum, espĂšce Ă©minemment variable. Elle l'avait vendu sur le vu d'une aquarelle la reprĂ©sentant. L'an suivant, la plante transportĂ©e Ă  l'Ă©tranger, porta des fleurs moins belles. Et l'acquĂ©reur fit un procĂšs au cĂ©lĂšbre Ă©tablissement. Et celui-ci dut verser Ă  l'adjudicataire une indemnitĂ© quadruple du prix de vente soit 40 000 francs-or. Il est Ă©vident que si le tribunal avait eu la preuve scientifique de la variation individuelle de Odontoglossum crispum, le responsable de cette grande firme belge d'orchidĂ©es n'aurait pas Ă©tĂ© ruinĂ© et dĂ©shonorĂ©.

Ses excursions à pied ou à bicyclette se développÚrent, puis à partir de 1925 avec sa Ford. Il parcourut d'abord la Belgique avec Ernest Van den Broeck qui avait créé à Genval le jardin qu'il nomma « Les Roches fleuries ». Puis avec le directeur du Jardin botanique expérimental Jean Massart à Auderghem et enfin avec Louis Magnel, Président de la Société Royale de Botanique de Belgique[44]. Il gagna ensuite la Hollande, principalement dans la région de Vermeulen, puis la France grùce aux renseignements du colonel anglais Godferrey et surtout E. G. Camus « bon auteur » dans le domaine des orchidées[N 30] avec lequel il avait déjà eu des relations au sujet des bambous, puis en 1931, en Italie en Espagne et au Maroc. Il amassa ainsi une somme énorme d'observations accompagnées de 1200 aquarelles de fleurs d'orchidées[N 31].

Reconnaissances de l'Ɠuvre de sa vie

David Fairchild et Frank Meyer

David Fairchild, botaniste, explorateur de plantes, directeur du DĂ©partement Introduction des plantes Ă  l'USDA.

Parmi les quatre cents correspondants avec lesquels Jean Houzeau échange des informations relatives aux bambous, peu de temps avant la parution de son Bulletin périodique "Le Bambou" (1906), David Fairchild tient une place particuliÚre. Ces deux spécialistes des bambous entretiendront, à partir de 1904, une relation qui durera cinquante ans.

Peu de temps aprĂšs son voyage au Japon et son Ă©tude sur l'introduction des bambous japonais en AmĂ©rique du Nord (1903), David Fairchild, responsable du DĂ©partement Introduction des plantes du United States Department Agricultural (USDA) fait commencer les premiers essais de plantation d'espĂšces dĂ©jĂ  introduites aux États-Unis et de bambous tropicaux de l'AmĂ©rique centrale. Parmi les plantes ayant un intĂ©rĂȘt Ă©conomique pour les États-Unis, il inscrit la prospection et la collecte de bambous en ExtrĂȘme-Orient. Cette tĂąche est confiĂ©e Ă  Frank Nicholas Meyer embauchĂ© par Fairchild comme explorateur de plantes Ă  intĂ©rĂȘt Ă©conomique.

Frank Nicholas Meyer, explorateur de plantes, vers 1909 lors de sa deuxiÚme expédition.

C'est Ă  l'issue de la deuxiĂšme expĂ©dition (aoĂ»t 1909 Ă  avril 1912) que Frank N. Meyer est dĂ©pĂȘchĂ© par son patron pour qu'il rencontre Jean Houzeau dans sa propriĂ©tĂ© de l'Ermitage Ă  Mons. Au cours de ces deux jours de visite, dans un premier temps, Frank Meyer examine et apprend Ă  mieux connaĂźtre les bambous cultivĂ©s par le naturaliste hennuyer. Au cours de ses deux derniĂšres expĂ©ditions, l'explorateur s'est dĂ©jĂ  intĂ©ressĂ© aux bambous de Chine mais ses multiples interrogations tĂ©moignent de son besoin d'acquĂ©rir des clĂ©s pour les reconnaĂźtre et les identifier. En ces quelques heures passĂ©es avec le pĂšre de la systĂ©mique des bambous rustiques dans sa plantation de l'Ermitage, F. Meyer, formĂ© en Hollande par le botaniste et gĂ©nĂ©ticien Hugo de Vries, s'est familiarisĂ© in situ, avec la mĂ©thode d'identification des bambous : il est dĂ©sormais en mesure de reconnaĂźtre tous les bambous de l'Ermitage Ă  partir des organes vĂ©gĂ©tatifs aĂ©riens, hors des rares pĂ©riodes de floraison.

F. Meyer est chargĂ© Ă©galement par D. Fairchild de demander Ă  Jean Houzeau de venir prendre la direction des essais de culture des bambous aux États-Unis en vue de produire de la pĂąte Ă  papier. Le responsable du DĂ©partement Introduction des plantes et graines exogĂšnes lui propose un traitement de 3000 dollars par mois, plus les frais de dĂ©placement pour aller dans le monde entier rechercher les espĂšces de bambous qui conviennent le plus Ă  la production de la pĂąte Ă  papier. Une seule condition est exigĂ©e par l'administration amĂ©ricaine : devenir citoyen amĂ©ricain. AprĂšs un rapide examen de la proposition, Jean Houzeau fait savoir Ă  son interlocuteur : "C'est merveilleux, ce serait l'accomplissement du rĂȘve de ma vie".

Mais pressentant la montĂ©e des pĂ©rils en Europe dans un avenir proche, il lui semble impossible de laisser, seuls, derriĂšre lui, ses parents vieillissants. il dĂ©cline donc l'offre de David Fairchid. F. N. Meyer, qui, lors de son passage Ă  Amsterdam, vient de rendre visite Ă  sa mĂšre mourante et comprend d'autant mieux sa dĂ©cision. À ces raisons il est possible d'ajouter que son refus est guidĂ© par un souci d'indĂ©pendance. Ses revenus disponibles, bien que modestes, lui assurent son autonomie matĂ©rielle et lui permettent de conduire sa vie comme il l'entend. Dans ses cahiers de souvenirs, Jean Houzeau ne manque pas d'Ă©tablir un lien entre sa dĂ©clinaison de l'offre de Fairchild et le refus, de son oncle Jean-Charles Houzeau (astronome migrant aux États-Unis, Ă  l'issue de la guerre de SĂ©cession, de la fonction rĂ©munĂ©rĂ©e de Gouverneur de Louisiane.

Jean Houzeau est, malgrĂ© son refus de l'offre de Fairchid, tenu au courant des essais de fabrication de papier Ă  base de bambous aux États-Unis aprĂšs la 1re Guerre mondiale ; en retour le bureau des essais bĂ©nĂ©ficie rĂ©guliĂšrement de son avis et son expertise en la matiĂšre. ArrivĂ© Ă  la retraite, David Fairchid n'a pas oubliĂ© Jean Houzeau, pour son Ɠuvre concernant les bambous mais aussi pour l'homme. Au printemps 1930, Fairchild entreprend un voyage autour du monde avant de se fixer en Floride et prend le temps de faire une Ă©tape Ă  Mons. À cette occasion le botaniste amĂ©ricain lui annonce que Mr Floyd Allonso McClure lui succĂšde dans sa fonction Ă  l'USDA concernant l'expertise en matiĂšre de bambou. Jean Houzeau connaĂźt dĂ©jĂ  McClure, botaniste expert en bambou qui a fait des recherches poussĂ©es sur la fabrication de la pĂąte Ă  papier en Asie, depuis son poste Ă  SaĂŻgon. Les deux hommes qui avaient Ă  deux ans prĂšs le mĂȘme Ăąge, ont continuĂ© Ă  correspondre jusqu'en 1953 toujours Ă  propos de la culture des bambous aux États-Unis et en Europe.

Le Professeur Giovanni Ettore Mattei

Professer Giovanni Ettore Mattei - 1865-1943

En 1907, le Professeur G. E. Mattei, de l'UniversitĂ© de Palerme (Sicile) un des nombreux correspondants de Jean Houzeau et abonnĂ©s Ă  son bulletin pĂ©riodique "Le Bambou" reçoit un Ă©chantillon fleuri de bambou d’Éthiopie et en le dĂ©crivant il le dĂ©signe Houzeaubambus Borzii. Il lui rend ainsi hommage en lui dĂ©diant en 1911 un nouveau genre de bambous, Houzeaubambus[45]. Cette dĂ©signation erronĂ©e est seulement retenue comme synonyme de Oxytenanthera abyssinica[N 32].

Edmond Gustave Camus et sa fille Aimée Antoinette Camus

Description de la monographie de E G Camus.

En hommage à tous les travaux de Jean Houzeau de Lehaie sur la tribu des Bambusées, Mme Aimée Antoinette Camus, systématicienne au Jardin des Plantes de Paris a attribué le nom de Neohouzeaua à un genre regroupant actuellement sept espÚces de bambous tropicaux[N 33]. Sous l'influence de son pÚre Edmond Gustave Camus, auteur reconnu pour ses travaux sur les bambous[46] et orchidées, elle s'est également intéressée aux Bambusées.

Floyd Alonso McClure

Résumé biographie Floyd Alonso McClure sa vie consacrée aux bambous et son statut d'exploitant agricole (planteur de bambous) qu'il s'accorde avant tout autre reconnaissance scientifique. Humanité de "Mickey" comme l'appelaient familiÚrement ses amis. Disparaßt en divisant une touffe de bambou pour un de ses amis. En 1957, en reconnaissance de tous les travaux consacrés par Jean Houzeau à la connaissance scientifique et à la culture du bambou dans sa propriété, Floyd Alonso McClure lui dédie un Phyllostachys ramené de Chine par Frank Meyer. Il s'agit du Phyllostachys viridis 'Houzeau".

Le Bambusetum Jean Houzeau de Lehaie (Vendée)

Le bambusetum Jean Houzeau de Lehaie

SĂ©lection de publications

Sources bibliographiques

L'essentiel de cette bibliographie a été établi par Jean Houzeau de Lehaie en collaboration avec Clovis Pierard vers 1958.

Publications sur les bambous

Publications sur les orchidées

Publications sur d'autres Ă©tudes botaniques et horticoles

Publications sur l'agriculture et la culture forestiĂšre

Publications sur la Préhistoire

Publications sur la zoologie

Voyages

Varia

Lexique des termes botaniques et horticoles utilisés dans cet article ne bénéficiant pas de lien internet

  1. Bambou pachymorphe : bambou dont les rhizomes se développent en cépée, c'est-à-dire généralement de façon non traçante. A. et C RiviÚre F. A. McClure utilisent cette expression, Jean Houzeau utilise l'épithÚte caulo-bulbe, d'autres auteurs ont utilisé le terme sympodial.
  2. Bambou leptomorphe : bambou dont les rhizomes sont fins et traçants, c'est-à-dire. A. et C RiviÚre, Jean Houzeau et F. A. McClure utilisent cette expression, d'autres auteurs ont utilisé le terme monopodial.
  3. MĂ©rithalle : synonyme d'entrenƓud, partie du chaume de bambou qui se situe entre deux nƓuds.
  4. Arrachis : nom masculin généralement pluriel, terme d'horticulture signifiant « plant que l'on a arraché et dont les racines sont à nu ».
  5. Intraspécifique: synonyme de infraspécifique, inférieur au niveau de l'espÚce, cela concerne les sous-espÚces, les variétés, les formes, les groupes et cultivars.
  6. Botaniste pulvérisateur : botaniste effectuant des distinctions trÚs fines entre espÚces, sous-espÚces, variétés
 (antonyme : botaniste rassembleur).

Liens externes

Notes et références

Notes

  1. L'essentiel de cet article et des documents insérés dans cet article est issu du « fonds documentaire Jean Houzeau de Lehaie » classé et archivé à l'Ermitage de St-Barthélemy de Mons et appartenant à monsieur Claude Houzeau de Lehaie (petit-neveu du naturaliste) et madame Houzeau de Lehaie son épouse.
  2. Pour une localisation du domaine de l'Ermitage : Mons
  3. Pour une localisation du domaine de l'Ermitage : Mons
  4. Entre 1845 et 1883, ce qui représente 23 volumes et 2000 planches en couleur imprimées et finies à la main.
  5. Mais c'est l'Écossais Robert Fortune qui introduit cette plante prĂ©alablement (soit entre 1843-45, soit entre 53-56.Dans « Yedo and Peking. À Narrative of A Journey to the capitals of Japan and China » publiĂ© Ă  Londres en 1863, il Ă©voque dĂ©licieusement p. 11-12 sa visite Ă  Naghasaki dans les jardins miniatures « des respectables classes laborieuses » oĂč sont associĂ©s bassins (dans lesquels folĂątrent poissons rouges et argentĂ©s) et des plantes de petite taille « dont un charmant bambou nain panachĂ© que j’ai introduit de Chine en Angleterre».
  6. Journal d'horticulture pratique fondé en 1829, Paris, Librairie agricole de la Maison Rustique.
  7. Les dénominations des taxons de Bambusées figurant entre parenthÚses correspondent à la nomenclature française. cf. J-P DEMOLY, Bambous en France, Index synonymique commenté des Bambusées et autres plantes à chaumes ligneux cultivées en France métropolitaine, édité par l'auteur, 1996,77p.
  8. La forme paysagĂšre de l’Ermitage s’inscrit bien dans le courant du "Wild Garden" anglo-saxon de la pĂ©riode 1880-1930. Ne souhaitant probablement pas pratiquer une horticulture intensive, Jean rĂ©alise un vĂ©ritable mĂ©tissage des bambous et autres plantes exotiques rustiques avec les espĂšces locales, et fait cohabiter harmonieusement des formes agricoles, naturelles et jardiniĂšres.
  9. Il faut probablement entendre que ce bambou gĂ©ant n’est pas assez envahissant en Belgique pour qu’il puisse envisager de consommer, comme le font notamment les Chinois, une partie de ses turions
  10. cf. la liste de tous les articles dans la sélection bibliographique ci-dessous.
  11. Jean Houzeau de Lehaie a vĂ©cu principalement tout au long de sa vie Ă  l’aide des revenus des propriĂ©tĂ©s de ses parents (fermages, revenus immobiliers). Quelque temps il a exercĂ© le mĂ©tier d’assistant chimiste dans une industrie montoise. Puis il a gĂ©rĂ© une petite usine de chicorĂ©e qui n’a pas survĂ©cu Ă  la guerre 14-18.
  12. Voir #RĂ©capitulatif des principaux auteurs et observateurs de bambous avant Houzeau
  13. DEMOLY, J.-P. dĂ©signera en 1996 ce type « diplomorphe ». Il comprend les espĂšces qui pourraient selon l’ñge ou certaines conditions, passer d’un type de rhizome Ă  l’autre – mais uniquement pour les rhizomes leptomorphes. cf. aussi Ă  ce sujet STAPLETON, C. M. A., Form and function in the bamboo rhizome. J. Amer. Bamboo Soc.12(1): 21–29. (1998)Article tĂ©lĂ©chargeable en pdf.
  14. DEMOLY J.-P., L’architecture du rhizome des bambous, Bambou, novembre 1996, n°23, p. 8-17. Cette Ă©tude dĂ©crit sept types de rhizomes.
  15. Sir Dietrich Brandis a Ă©tĂ© dĂ©crit par Rudyard Kipling dans la deuxiĂšme version de Moogli sous les traits de l’inspecteur Meyer. L'auteur anglais ne l'avait pas rencontrĂ© mais connaissait sa grande rĂ©putation dans toutes Indes anglaises.
  16. BRANDIS, Dietrich, Indian trees, on account of trees, schrubs, woody climbers, bamboos and palms indigenous or commonly cultived in the British Indian Empire, London, Archibald Constable and Cie Ltd, 1906, 767 p. L’ouvrage a Ă©tĂ© rĂ©Ă©ditĂ© plusieurs fois, la derniĂšre Ă©dition remontant Ă  1998.
  17. terme usité en Belgique pour désigner un classeur, un dossier.
  18. PrÚs de deux cents aquarelles reproduisant des paysages et fleurs d'Inde et de Suisse sont conservées à Bonn (Collection privée)et ont fait l'objet d'une exposition à l'initiative du Dr Ursula Brandis du 12 octobre 2010 au 28 février 2011. Quelques aquarelles réalisées par Katharina Brandis en Suisse, lorsqu'un de ses fils étaient en sanatorium, sont reproduites sur le site du Bambusetum Jean Houzeau de Lehaie.
  19. Jean pense qu’un grand Phyllostachys plantĂ© Ă  Kew portant l’étiquette «Yellow Bambou» Ă©crite par Makino mais ne se rapporterait ni au Ph. aurea ni au Ph. sulfurea. Et de lancer l’appel suivant : « nous serions trĂšs reconnaissant Ă  M. le Prof. T. Makino s’il avait l’obligeance de donner quelques Ă©claircissements Ă  ce sujet dans un prochain numĂ©ro du Botanical Magazine de Tokio ». Le Bambou, Bulletin pĂ©riodique, Ibidem, p. 133.
  20. Major (commandant) Roemer voulait
  21. Le latin mis finalement d'accord les parties, le français dans un premier temps et l'allemand dans un deuxiÚme fut rejeté par l'une et l'autre.
  22. "Pour inhumer les 431 soldats tués sur les territoires de 12 communes, Jean Houzeau de Lehaie donne et concÚde gratuitement l'usage de cette parcelle de champ."
  23. Jean Houzeau a noté que le cérémonial fut longuement préparé. L'inauguration eut lieu en présence du prince Ruprecht de BaviÚre, du duc de Wurtemberg et de détachements de toutes les armées qui combattaient sur le front Ouest en présence de 4 généraux dont le général von Giesling qui invitait.
  24. 229 militaires de Commonwealth (dont 2 Canadiens) et 284 soldats allemands
  25. Pour des raisons de sécurité, quelques jours auparavant les Houzeau sur sollicitation du Conseil d'administration de la Banque montoise Union de Crédit avait déménagé dans un appartement de l'établissement. Lorsque Jean entra à l'Ermitage, il constata que la maison était « archi bondée de soldats allemands qui déambulaient lentement en tous sens du haut en bas portant des bouteilles de vin ». Le sol était jonché débris et les meubles déplacés. Le jardinier était resté à l'Ermitage avait pu constater que les pilleurs étaient d'origines diverses. Jean Houzeau de manqua pas de monter à la bibliothÚque qui était occupée par un officier. Miraculeusement « rien n'a été touché à la bibliothÚque » jusqu'au retour de la famille le 11 novembre 1914.
  26. Cette organisation est probablement une émanation de la Croix verte créée par Henri Dunant.
  27. Les parents de Jean Houzeau sont revenus s'installer Ă  l'Ermitage en 1897.
  28. Leurs stations les plus proches Ă©taient Ă  plusieurs kilomĂštres, voire Ă  10 ou 15 kilomĂštres pour quelques-unes.
  29. « Tout progrÚs a son origine dans des recherches de science pure » Jean Houzeau de Lehaie.
  30. CAMUS, E. G., avec la collaboration de Bergon P. et Mlle Camus A. Monographie des orchidées de l'Europe, de l'Afrique septentrionale, de l'Asie Mineure et des Provinces russes transcaspiennes. Paris, Librairie Jacques Lechevalier, 1908 ; in-4, 484 p. + 64 ff, Avec 32 planches représentant 1100 figures.
  31. Ses observations sont réumées dans les 5 articles publiés dans le Bulletin de la Société royale de botanique Belge cf. Sélection bibliographique : rubrique Orchidées.
  32. Jean Houzeau a pu observer cette espÚre au Soudan lors de son expédition de 1934 en A.O.F.
  33. Liste des bambous du genre Neohouzeau défini par A. Camus

Références

  1. Pour connaßtre les origines de l'ermitage, cf. Ernest Matthieu, L'Ermitage de Saint-Barthélemy à Mons, 103 p., illustrations hors texte, Annales du Cercle archéologique de Mons, tome XXXVIII, 1908-1909.
  2. Clovis Pierard, Le Naturaliste Jean Houzeau de Lehaie et sa famille, Mémoires et Publications de la société des sciences des arts et des lettres de Hainaut, 74e volume, 1960, p.73-146
    La bibliographie des études rédigées par Jean H. de L. commence à la page 129
  3. De SMET, Antoine, Voyageurs belges aux États-Unis du XVIIe siùcle à 1900, Bibliothùque royale de Belgique, Bruxelles, 1959, p. 91-92.
  4. Jean-Charles Houzeau - Lettres adressĂ©es des États-Unis Ă  sa famille, 1857-1868, Ă©ditĂ©es par Hossam Elkhadem, Annette FĂ©lix et Liliane Wellens-De Donder, Bruxelles, Centre national d'histoire des sciences, 1994, (ISBN 2-87369-011-9), Lettre Ă  ses parents, La Nouvelle-OrlĂ©ans, 31 mars 1867, p. 407.
  5. Jean-Charles Houzeau, ibidem, Lettre à Auguste, La Nouvelle-Orléans, 18 avril 1867, p. 409.
  6. Clovis Pierard, ibidem, p. à préciser
  7. Clovis Pierard, Id. p. 100.
  8. Jean Houzeau de Lehaie, « Excursion du 13 juillet 1922 », Bulletin des Naturalistes de Mons et du Borinage, tome IV, IV, juillet, août, septembre 1922, p.76.
  9. Le Texnier (pseudonyme de François Le Tesnier) : Notices sur les Jardiniers célÚbres et les Amateurs de Jardins, Paris, 1911
  10. Nous conservons les dénominations utilisées par J. H. de L., cf. Le Bambou, Bulletin périodique, n° 9 et 10 - 30 juin 1908, chapitre II, « Notice historique », p. 230.
  11. Schröter, Carl, Le Bambou et son importance comme plante utile, Zurich, 1885.
  12. Le Bambou, Bulletin pĂ©riodique, n° 9 et 10, 30 juin 1908, consacrĂ© Ă  « L’introduction, l’acclimatation et la culture des bambous Ă  l’Ouest de l’ancien continent et notamment en Belgique », Chapitre VI – « Le climat de la Belgique », p. 252-253.
  13. Ibid., Chapitre VII, « Exposé de nos essais en Belgique », p. 253
  14. Ibid., n° 5 et 8, 15 décembre 1906, La question des jardiniers, p. 138.
  15. Ibid., n° 4, 15 juillet 1906, Liste des Bambusacées cultivées en Europe en 1906 avec la synonymie et les noms vernaculaires, p. 110-120.
  16. Ibid., n° 9 et 10, photographies reproduites in « Rapport sur le développement des Bambous en Belgique et leur état en avril 1908 », p. 271 à 294.
  17. Le Bambou, Bulletin périodique, n° 7-8, 30 juin 1907, p. 222.
  18. HOUZEAU de LEHAIE, Jean, Excursion du 13 juillet 1922 », id.
  19. Extrait du Bulletin des Naturalistes de Mons et du Borinage, Tome III – I (1920-1921) paru dans la revue Bambou.
  20. HOUZEAU de LEHAIE, Jean, « Excursion du 13 juillet 1922 », Bulletin des Naturalistes de Mons et du Borinage, Tome IV, IV, juillet, août, septembre 1922, p.76.
  21. Id. p.77.
  22. Le Bambou, Bulletin périodique, n° 9-10, 30 juin 1908, p. 229.
  23. FREEMAN-MITFORD, A. B., The Bamboo garden, Macmillan ed. London, 1096, p. VIII (preface).
  24. SATOW, E., The cultivation of bamboos in Japan, The Asiatic Society of Japan, 1899, p. 61 et sq. (description de madara-dake ou han-chiku).
  25. Le Bambou, Bulletin périodique, n° 9-10, 30 juin 1908, p. 232.
  26. WOODS, Tom, Les pionniers du bambou, EuropĂ€iche bambusgeselleschaft, p. 13 et Newsletter Belgian Bamboo Society – Jaargang 2 – n° 7, p. 18.
  27. Le Bambou, Bulletin périodique, n° 5-6, 15 décembre 1906, p. 151.
  28. 
 mais ne confirme pas l’affirmation de Jean selon laquelle la diffĂ©rence entre les deux principaux types de bambous selon le processus vĂ©gĂ©tatif serait purement physiologique. McClure F. A., The Bamboos, Smithsonian Institution Press, Washington and London, reprint 1996, p. 19-21.
  29. Le Bambou, Bulletin périodique, ibidem, p. 163-164.
  30. « Il nous a Ă©tĂ© jusqu’à prĂ©sent, malgrĂ© les essais rĂ©itĂ©rĂ©s, impossible d’obtenir le moindre renseignement direct d’un Japonais ». Le Bambou, Bulletin pĂ©riodique, n° 9-10, 30 juin 1908, p. 225.
  31. BRANDIS Dietrich, Remarks on the structure of bamboo leaves, The Transactions of Linnean society London S. 2, Volume 7, 1907, p. 69 – 92 (+14 plates).
  32. Houzeau de Lehaie, Jean, Notes sur la systématique des Bambusées, Actes du IIIe CongrÚs international de botanique, Bruxelles, 1910, tome 1, p. 185-212 (nombreuses photographies).
  33. Botanical Magazine of Tokio, vol. XV, Tokyo, 1901. p. 68-70.
  34. Le Bambou, Bulletin périodique, n° 1, 15 janvier 1906, p. 7, 8.
  35. Les bambous et nymphéas de Claude Monet à Giverny - Les Jardins du Loriot
  36. Georges Clemenceau, Claude Monet. 164 p., illustrations hors texte, Plon, 1928, réédition Perrin, Portrait d'histoire. 2000, p. 65-66.
  37. COLLET H., 2012. Lefrancq, photographe des miniĂšres de Spiennes. Les Cahiers nouveaux 83 : 24-25
  38. Cette cattleya originaire du Venezuela porte les plus grosses fleurs du genre. Elle a été décrite par William Jackson Hooker W.J. Hooker en 1838. Elle est devenue fleur nationale du Venezuela depuis 1951. L'épithÚte a été attribué en l'honneur Mr et Ms Thomas Moss de Aigburgh, banquiers de Liverpool, qui ont été les premiers à faire fleurir cette plante au sein de leur collection. C'est la cattleya du Venezuela qui a les plus grosses fleurs du genre
  39. De 1910 Ă  1914, les serres de Jean Houzeau exigeaient 25 tonnes de charbon par an
  40. Houzeau de Lehaie, Jean, Les orchidées indigÚnes et l'avenir de leur hybridation, BNMB., tome VI, n° 11, 1923-1924, p. 16-18.
  41. HOUZEAU DE LEHAIE, Jean, xxx, Bulletin de la Société royale de botanique de Belgique, t. III, 1914, p. 119-187.
  42. Houzeau de Lehaie, Jean, Souvenirs de famille portant principalement sur la période 1869-1918 (notes inédites)
  43. Ce qui amÚne Jean Houzeau à faire la proposition suivante : « Le type spécifique, le type générique qui est l'expression de la moyenne des caractÚres spécifiques variants, n'existe que théoriquement chez certaines Orchidées, et est en perpétuelle transformation ».
  44. HOUZEAU DE LEHAIE, Jean, Louis Magnel 1863-1930 (avec un portrait). Bulletin de la Société royale de botanique de Belgique, tome LXIII, fasc. 1, 1930, p. 7-10.)
  45. Novum genus et nova species Graminacearum, autore Prof. G.E. Mattei (1911). Lien vers l'article activé prochainement
  46. E. G. Camus, Les Bambusées, Monographie, Atlas, 1913

Archives Jean Houzeau de Lehaie

À l'Ermitage de Saint-BarthĂ©lemy (Mons)

  • Correspondance de Jean Houzeau de Lehaie et avec J. Houz.
  • Manuscrits de ses articles
  • Articles, publications et Ă©ditions Ă  compte d'auteur
  • Albums de ses photographies
  • Ses carnets de voyage
  • Ses mĂ©moires
  • Ses copies des lettres relatives aux bambous
  • Ses aquarelles (reprĂ©sentent principalement l'Ermitage, les bambous rustiques de son bambusetum, des orchidĂ©es de Belgique, France et Italie).
  • Quelques aquarelles de Lady Katharina Brandis (bambous de l'Ermitage, Dehra-Dun)
  • Sa bibliothĂšque botanique (livres et articles, ses traductions de spĂ©cialistes japonais de bambous)rĂ©pertoriĂ©e en large partie sur une base de donnĂ©es.

Au musée d'histoire naturelle de Mons

  • MusĂ©e d'histoire naturelle de Mons
  • Son MusĂ©e africain : importante collection d'objets rapportĂ©s lors de ses deux expĂ©ditions en Afrique (193x-193x). Cette collection n'est pas actuellement accessible au public.

Aux États-Unis

  • Rapport manuscrit accompagnĂ© de vingt photographies, envoyĂ© en septembre 1907 Ă  la ConfĂ©rence internationale d’acclimatation des plantes (New York). Le manuscrit et les photographies originales se trouvent Ă  la Fondation Smithsonian. Les 8 chapitres de L’Introduction, l’acclimatation et la culture des bambous Ă  l’ouest de l’ancien continent et notamment en Belgique rĂ©sume toutes les expĂ©riences, observations et Ă©tudes de Jean Houzeau et est Ă©galement publiĂ© dans le dernier numĂ©ro de Bambou.

J.Houz. est l’abrĂ©viation botanique standard de Jean Houzeau de Lehaie.

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