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Jan Nowak

Jan Nowak-JezioraƄski (de son vrai nom ZdzisƂaw Antoni JezioraƄski), nĂ© le Ă  Berlin et mort le Ă  Varsovie, est un journaliste, Ă©crivain, homme politique et patriote polonais, figure emblĂ©matique de l'histoire de la Pologne. Homme de confiance de l'AK (Armia Krajowa, armĂ©e de l'intĂ©rieur, qui regroupait les rĂ©sistants polonais), il sert d'agent de liaison avec le gouvernement polonais en exil Ă  Londres au moment oĂč les communications avec la Pologne occupĂ©e sont devenues impossibles. Dernier Ă©missaire Ă  regagner Varsovie Ă  la veille de l'insurrection, il combat dans le soulĂšvement de Varsovie de 1944.

Jan Nowak-JezioraƄski
Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs
SĂ©pulture
Nationalités
Allégeance
Formation
UniversitĂ© Adam-Mickiewicz de PoznaƄ
Stefan Batory Gymnasium and Lyceum (en)
Activités
Période d'activité
Ă  partir de
Autres informations
Membre de
Société polonaise des Arts et des Sciences à l'étranger (en)
Stowarzyszenie Wolnego SƂowa (d)
Arme
Grade militaire
Sous-lieutenant (en)
Conflit
Distinctions
Vue de la sépulture.

Ayant Ă©chappĂ© Ă  la rĂ©pression qui fit 200.000 morts, Nowak rĂ©ussit Ă  quitter Varsovie pour Londres, avec des films tĂ©moignant de l'Ă©vĂ©nement. Il est ensuite journaliste Ă  la Radio BBC, puis directeur, pendant la guerre froide, de la section polonaise de Radio Free Europe. Pendant les prĂ©sidences de Jimmy Carter et Ronald Reagan, le lĂ©gendaire Courrier de Varsovie est consultant auprĂšs du Conseil de sĂ©curitĂ© nationale des États-Unis[1].

Biographie

Fils de WacƂaw JezioraƄski et d'ElĆŒbieta, nĂ©e Piotrowska, ZdzisƂaw JezioraƄski frĂ©quente le lycĂ©e Adam Mickiewicz Ă  Varsovie et appartient au mouvement scout. AprĂšs les Ă©tudes d'Ă©conomie Ă  l'UniversitĂ© de Adam Mickiewicz PoznaƄ, il y travaille comme assistant du professeur Edward Taylor (pl)[2].

Seconde Guerre mondiale

Il participe Ă  la dĂ©fense de la Pologne lors de l'invasion allemande en septembre 1939. Il combat comme bombardier cadet dans le 2e Escadron d'artillerie Ă  cheval (pl). Il est fait prisonnier par les Allemands lors des combats sur la riviĂšre Bug en Volhynie, mais rĂ©ussit Ă  s'Ă©chapper du transport de prisonniers qui les amĂšne en Allemagne et Ă  rentrer Ă  Varsovie oĂč il s'engage dans la rĂ©sistance au sein de Związek Walki Zbrojnej puis l'Armia Krajowa (armĂ©e de l'intĂ©rieur). Il participe, entre autres, Ă  l'OpĂ©ration N, une action de dĂ©sinformation des nazis.

Au sein de l'AK, JezioraƄski rencontre sa future Ă©pouse, un officier de liaison, Jadwiga Wolska, pseudonyme "Greta". Il utilise, quant Ă  lui, les pseudonymes "J. Zych", "Jan Zych", "Zych", "Janek" et "Jan Nowak"[3].

À partir de 1943, en tant que courrier du commandant en chef de l'ArmĂ©e de l'IntĂ©rieur en liaison avec le Gouvernement de la RĂ©publique de Pologne exilĂ© Ă  Londres, il traverse cinq fois l'Europe occupĂ©e. AprĂšs une premiĂšre tentative avortĂ©e en , il passe presque miraculeusement en SuĂšde le , d'oĂč la lĂ©gation polonaise le fait passer en Écosse Ă  bord d'un bombardier lĂ©ger Mosquito, affrĂ©tĂ© par la BOAC. Parvenu au Royaume-Uni, il rend compte de la situation dans le pays au gĂ©nĂ©ral Kazimierz Sosnkowski, commandant en chef de l'ArmĂ©e polonaise, et au premier ministre StanisƂaw MikoƂajczyk. C'est lui qui informe les AlliĂ©s de la rĂ©sistance polonaise aux nazis et raconte au monde le soulĂšvement du ghetto de Varsovie en 1943[4].

Il combat dans l'insurrection de Varsovie déclenchée par les résistants polonais le . La veille de la capitulation de Varsovie, le , il quitte la ville avec la population civile sur ordre du commandant en chef de l'Armée de l'Intérieur, le général Tadeusz Komorowski, en emportant avec lui des centaines de documents et de photos avec lesquels il réussit à passer à Londres.

La Dissidence

Jan Nowak-Jezioranski Ă  Radio Free Europe

AprĂšs la fin de la guerre, il dĂ©cide de rester Ă  l'Ă©tranger. Son pseudonyme devient une partie de son nom. À partir de 1948, il travaille Ă  Radio BBC, puis Ă  Radio Free Europe.

Le , il anime la premiĂšre Ă©mission en polonais depuis le nouveau siĂšge de Radio Free Europe Ă  Munich, station financĂ©e par le CongrĂšs amĂ©ricain Ă©mettant vers le bloc communiste. Dans un discours historique, il dĂ©clare que "le jour viendra oĂč l'aube de la libertĂ© brillera Ă  nouveau sur Varsovie". Il dirige la section polonaise de la Radio Free Europe de 1952 Ă  1976[5].

Il s'installe ensuite Ă  Washington aux États-Unis. Il devient, avec Zbigniew BrzeziƄski, le plus cĂ©lĂšbre porte-parole des intĂ©rĂȘts polonais. Pendant les prĂ©sidences de Jimmy Carter et Ronald Reagan, il est consultant auprĂšs du Conseil de sĂ©curitĂ© nationale des États-Unis. Depuis les États-Unis, il s'implique dans l'aide Ă  l'opposition dĂ©mocratique polonaise et Ă  Solidarnosc. Pendant de nombreuses annĂ©es, il est directeur du CongrĂšs polonais amĂ©ricain.

Dans les années 90, il fait pression pour l'adhésion de la Pologne à l'OTAN et qualifie la journée de ratification de l'élargissement de l'Alliance "du jour le plus important de sa vie". "J'ai vécu pour voir la Pologne non seulement indépendante, mais aussi sûre", a-t-il déclaré.

En aoĂ»t 1989, Ă  l'invitation de Lech WaƂęsa, Nowak-JezioraƄski revient en Pologne pour la premiĂšre fois depuis la guerre. AprĂšs cela, il se rend rĂ©guliĂšrement dans le pays. Lors de l'Ă©lection prĂ©sidentielle de 1995, Nowak-JezioraƄski soutient Lech WaƂęsa contre Tadeusz Mazowiecki.

Retour au pays

Monument de Jan Nowak-JezioraƄski dans le parc Edward Rydz-ƚmigƂy à Varsovie

AprĂšs 58 ans dans l'Ă©migration, il rentre dĂ©finitivement dans son pays natal en juillet 2002 et s'implique dans la vie publique. Il commente les Ă©vĂ©nements politiques, Ɠuvre pour l'intĂ©gration de la Pologne dans l'Union europĂ©enne et pour le dĂ©veloppement des relations avec ses voisins de l'Est.

Il est une autorité morale pour de nombreux Polonais.

Il fonde une organisation Ă  but non lucratif, CollĂšge d'Ă©tudes est-europĂ©ennes, basĂ©e Ă  WrocƂaw qui publie la revue New Eastern Europe (en) dans le but d'approfondir la comprĂ©hension et la connaissance des États et des sociĂ©tĂ©s d'Europe centrale et orientale et de l'ex-URSS.

En novembre 2002, le président lituanien Valdas Adamkus lui décerne la citoyenneté lituanienne en reconnaissance de ses efforts pour soutenir la Lituanie dans son rapprochement avec l'OTAN.

Il devient citoyen d'honneur des villes de Cracovie, Varsovie, PoznaƄ, WrocƂaw, GdaƄsk et Gdynia.

Il est Ă©galement docteur honoris causa de l'UniversitĂ© Jagellonne, l'UniversitĂ© de Varsovie, l'UniversitĂ© de WrocƂaw et l'UniversitĂ© de PoznaƄ et nommĂ© «Homme de rĂ©conciliation 2002» par le Conseil polonais des chrĂ©tiens et des juifs (pl), membre du rĂ©seau du Conseil international des chrĂ©tiens et des juifs.

En 1996, le président Clinton le décore de la Médaille présidentielle de la liberté.

En 2004, Andrzej Wajda, le rĂ©alisateur du film Ils aimaient la vie, l'interroge sur l'insurrection de Varsovie et son sentiment soixante ans plus tard aprĂšs l'Ă©chec de ce soulĂšvement, des nombreuses pertes humaines et la destruction d'une grande partie de la ville. S'il s'agissait selon lui d'une bonne ou d'une mauvaise dĂ©cision de la part des habitants de se rĂ©volter. Il dĂ©clare notamment que d'aprĂšs son expĂ©rience d'avant l'insurrection, le peuple polonais Ă©tait trop optimiste sur l'aide qu'apporterait les occidentaux, et en particulier les anglais, ainsi que les rĂ©elles intentions de Joseph Staline du cĂŽtĂ© de l'URSS, qui pour eux la Pologne n'Ă©tait pas un enjeu stratĂ©gique. Il relĂšve aussi que les soixante trois jours qu'a durĂ© l'insurrection, cela a ralenti l'avancĂ©e de l'armĂ©e rouge sur l'Allemagne en modifiant l'histoire sur l'occupation de l'Allemagne aprĂšs la Seconde Guerre mondiale, en particulier la ville de Berlin. Il conclut par l'attitude des polonais lorsqu'ils vivaient dans la RĂ©publique populaire de Pologne, plus rĂ©ticent par la suite Ă  l'idĂ©e d'un nouveau soulĂšvement armĂ©, non pas cette fois contre les allemands mais contre les russes, comme lors de l'insurrection de Budapest en 1956 en Hongrie, qui fut aussi un Ă©chec, en adoptant une attitude plus passive, jusque dans les annĂ©es 1980 et le mouvement syndicaliste Solidarnoƛć[6].

Il est laurĂ©at de nombreux prix journalistiques et l'auteur de plusieurs livres, dont Courrier de Varsovie, La guerre dans l'Ă©ther, La Pologne de loin, En quĂȘte d'espoir et Parlons de la Pologne, Faits, Ă©vĂ©nements, opinions.

Jan Nowak-JezioraƄski dĂ©cĂšde le 20 janvier 2005 Ă  Varsovie. Il est enterrĂ© au cimetiĂšre de Powązki.

En 2019, le rĂ©alisateur WƂadysƂaw Pasikowski lui consacre un film biographique Courrier[7].

Un extrait de Courrier de Varsovie

« Dans toutes ces rencontres, j’avais parlĂ©, de ma propre initiative, de l’extermination des Juifs et de la destruction du ghetto de Varsovie. Pareil gĂ©nocide, l’assassinat de centaines de milliers de personnes comme du bĂ©tail Ă  l’abattoir, n’avait pas de prĂ©cĂ©dent, semblait-il, dans l’histoire. Tous m’avaient Ă©coutĂ© avec intĂ©rĂȘt, mais aussi avec une incrĂ©dulitĂ©, qui ne m’avait pas Ă©chappĂ©e. Trente et quelques annĂ©es plus tard, en feuilletant les notes et les rapports de mes interlocuteurs de l’époque, je remarquai avec Ă©tonnement que la question des Juifs en avait Ă©tĂ© totalement Ă©cartĂ©e.

Mon prĂ©dĂ©cesseur, l’émissaire Jan Karski, avait fait la mĂȘme expĂ©rience lorsqu’il Ă©tait arrivĂ© Ă  Londres, un an plus tĂŽt, porteur d’une somme considĂ©rable d'informations sur le sort des Juifs. Karski Ă©tait allĂ© loin : avant de partir, il avait risquĂ© sa vie en se faisant passer pour un policier estonien afin de pĂ©nĂ©trer dans le camp de la mort de Belzec et d’y voir de ses propres yeux quel Ă©tait rĂ©ellement le sort des Juifs emprisonnĂ©s lĂ -bas. Je savais par Jan Karski lui-mĂȘme qu’il avait profitĂ© d’une audience chez Eden pour parler en dĂ©tail de l’extermination systĂ©matique et progressive de la population juive. Le secrĂ©taire d’État britannique avait estimĂ© cet entretien suffisamment important pour en communiquer le compte rendu Ă  tous les membres du cabinet de guerre. Je le retrouvai dans les Archives et je constatai avec Ă©tonnement que rien de ce que Karski avait dĂ©clarĂ© concernant la liquidation des Juifs n’y figurait. Pourquoi[8] ? »

Distinctions et honneurs

Ouvrage

  • Jan Nowak, Courrier de Varsovie, Gallimard, collection « TĂ©moins », Paris,1983 (ISBN 2-07-070011-9).

Bibliographie

Voir aussi

Notes et références

  1. Sylvie Kauffmann, « Jan Nowak, le "courrier de Varsovie" », le Monde,‎ (lire en ligne).
  2. SƂawomir Ɓukasiewicz, « Jan Nowak-JezioraƄski: A Sketch for a Portrait », sur neweasterneurope.eu,
  3. « ZdzisƂaw Antoni JezioraƄski », sur 1944.pl site du MusĂ©e de l'Insurrection de Varsovie
  4. « Legendary RFE Polish Service Director », sur polish-jewish-heritage.org,
  5. AFP, « Mort du «courrier de Varsovie» », LibĂ©ration,‎ (lire en ligne)
  6. Entretien de Jan Nowak Jerzioranski et Andrzej Wajda (2004), (29 minutes), supplément du film Kanal en DVD, chez Malavida
  7. Jacek Borowski, « New WWII film tells the dramatic story of Polish ‘James Bond’ », sur thefirstnews.com,
  8. Jan Nowak, Courrier de Varsovie, collection « Témoins », Gallimard, 1983, p. 232.
  9. (pl) Doktorzy honoris causa, sur le site de l'université jagellonne de Cracovie

Liens externes

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