Invasion japonaise de la Malaisie
L'invasion japonaise de la Malaisie, se déroulant en Malaisie britannique, fut l'une des premières batailles majeures de la campagne de Malaisie du théâtre asiatique pendant la Seconde Guerre mondiale[1]. Elle débuta juste après minuit le (heure locale) avant l'attaque de Pearl Harbor e opposa les forces terrestres de l'armée indienne britannique à l'Empire du Japon.
Date | |
---|---|
Lieu | Malaisie britannique |
Issue | Victoire japonaise |
Empire du Japon | Empire britannique
Australie Nouvelle-Zélande |
Tomoyuki Yamashita Hiroshi Takumi Renya Mutaguchi Shintarō Hashimoto | Robert Brooke-Popham Arthur Percival Lewis Heath Arthur Edward Barstow Arthur Edward Cumming Conway Pulford (en) |
25e armée 5e division 18e division Marine impériale japonaise 1 croiseur léger 4 destroyers 2 dragueurs de mines 1 chasseur de sous-marin 3 transports de troupes 5 300 fantassins | Inde britannique 3e corps 9e division d'infanterie indienne 11e division d'infanterie indienne No. 27 Squadron RAF (en) No. 36 Squadron RAF (en) No. 62 Squadron RAF (en) No. 205 Squadron RAF (en) Australie No. 1 Squadron RAAF No. 8 Squadron RAAF (en) No. 21 Squadron RAAF (en) No. 453 Squadron RAAF (en) Nouvelle-Zélande No. 488 Squadron RNZAF (en) |
68 morts 360 blessés 37 disparus | 3 transports de troupes endommagés 320 morts 538 blessés |
Théâtre d'Asie du Sud-Est de la Guerre du Pacifique
Batailles
- Invasion japonaise de la Malaisie
- Opération Krohcol
- Occupation japonaise de la Malaisie
- Attaque du Prince of Wales et du Repulse
- Jitra (en)
- Gurun (en)
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- Slim River (en)
- Gemas (en)
- Muar
- Endau (en)
Batailles et opérations de la guerre du Pacifique
Japon :
- Raid de Doolittle
- Bombardements stratégiques sur le Japon (Tokyo
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- Kure
- Hiroshima et Nagasaki)
- Raids aériens japonais des îles Mariannes
- Campagne des archipels Ogasawara et Ryūkyū
- Opération Famine
- Bombardements navals alliés sur le Japon
- Baie de Sagami
- Invasion de Sakhaline
- Invasion des îles Kouriles
- Opération Downfall
- Reddition du Japon
- Invasion de l'Indochine (1940)
- Océan Indien (1940-45)
- Guerre franco-thaïlandaise
- Invasion de la Thaïlande
- Campagne de Malaisie
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- Campagne de Birmanie
- Opération Kita
- Indochine (1945)
- Détroit de Malacca
- Opération Jurist
- Opération Tiderace
- Opération Zipper
- Bombardements stratégiques (1944-45)
Campagnes d'Afrique, du Moyen-Orient et de Méditerranée
Kota Bharu, capitale de l'État de Kelantan sur la côte nord-est de la Malaisie, était, en 1941, la base d'opérations de la Royal Air Force (RAF) et de la Royal Australian Air Force (RAAF) dans le nord de la Malaisie : il y avait une piste d'atterrissage à Kota Bharu et deux autres à Gong Kedak et Machang. Les pertes japonaises furent conséquentes en raison des attaques aériennes australiennes sporadiques[2], des défenses côtières indiennes et des tirs d'artillerie[3].
Préparatifs à l'invasion
Le plan d'invasion japonais impliquait de débarquer des troupes de la 5e division à Pattani et Songkhla sur la côte est de la Thaïlande, et des troupes de la 18e division à Kota Bharu sur la côte nord-est de la Malaisie. Les forces débarquant en Thaïlande devront avancer jusqu'à la côte ouest et envahir la Malaisie par le nord-ouest de l'État de Kedah, tandis que la force de débarquement de l'est attaquera le long de la côte est depuis Kota Bharu jusqu'à l'intérieur de la Malaisie.
Le plan britannique de défense contre une attaque de la Thaïlande dans le nord-ouest de la Malaisie était une frappe préventive dans le sud de la Thaïlande, connue sous le nom d'opération Krohcol, afin de prendre des positions stratégiquement vitales et retarder l'attaque ennemie. Le plan britannique pour la défense de la côte est de la Malaisie consistait en des défenses de plage fixes par la 9e division d'infanterie indienne le long du tronçon nord du littoral et les deux tiers de la 8e division australienne défendant le tronçon sud du littoral (l'autre tiers étant déployé à Ambon[4], au Timor occidental[5], et à Rabaul[6])
La force d'attaque japonaise était constituée de la 25e armée commandée lieutenant général Tomoyuki Yamashita. Il navigua du port de Samah sur Hainan le 4 décembre 1941. Des navires supplémentaires transportant le gros des troupes rejoignirent le convoi de Saigon dans le sud du Viêt Nam, en Indochine française. Une reconnaissance de la RAAF Lockheed Hudson découvrit le convoi japonais. L'amiral Sir Thom Phillips, commandant de la marine britannique en Extrême-Orient depuis son croiseur de bataille HMS Repulse, ordonna l'annulation de son voyage à Darwin, en Australie, afin de retourner à Singapour le plus rapidement possible[7]. La force d'invasion fut nouveau repérée le 7 décembre par un hydravion Catalina du 205e escadron de la RAF, mais celui-ci fut abattu par cinq chasseurs Nakajima Ki-27 avant de pouvoir diffuser son rapport par radio au quartier général aérien à Singapour[8]. L'officier d'aviation Patrick Bedell, (commandant du Catalina) et ses sept membres d'équipage devinrent les premières victimes alliées dans la guerre avec le Japon.
Avant l'invasion, les Japonais avaient recruté un petit nombre de Malais mécontents dans une organisation de cinquième colonne appelée « Tortoise Society ». La police malaise était au courant de l'existence de partisans et avait arrêté un certain nombre de ses dirigeants juste avant le débarquement japonais. À Kota Bharu, les membres de la société fournirent une assistance à l'armée d'invasion en agissant comme guides[9].
Débarquements à Kota Bharu
Le maréchal de l'air Sir Robert Brooke-Popham, commandant des forces britanniques en Extrême-Orient, craignant que la flotte japonaise n'essaie de provoquer une attaque britannique et de fournir ainsi une excuse pour entrer en guerre[10], hésita à lancer l'opération Matador le 7 décembre. L'opération était un plan britannique visant à détruire la force d'invasion avant ou pendant le débarquement. Il décida de retarder l'opération, au moins pour la nuit. Mais, peu après minuit, les 7 et 8 décembre, des soldats indiens patrouillant sur les plages de Kota Bharu repérèrent trois grandes ombres : il s'agissait des navires de transport Awazisan Maru, Ayatosan Maru et Sakura Maru, mouillant à environ 3 km au large de la côte. Les navires transportaient environ 5 200 les troupes du détachement de Takumi (major-général Hiroshi Takumi, à bord de l'Awazisan Maru). La plupart de ces troupes étaient des vétérans de la seconde guerre sino-japonaise[7].
La force d'invasion japonaise était composée d'unités de la 18e division, les troupes d'assaut venaient du 56e régiment d'infanterie (colonel Yoshio Nasu, à bord du Sakura Maru), appuyées par une batterie d'artillerie de montagne du 18e régiment d'artillerie de montagne (lieutenant-colonel Katsutoshi Takasu), le 12e régiment du génie (lieutenant-colonel Ichie Fujii), la 18e division des transmissions, une compagnie du 12e régiment de transport, une compagnie de la 18e division médicale et l'hôpital de campagne n ° 2 de la 18e division médicale. Ils étaient escortés par une flotte (Kota Bharu Invasion Force) sous le commandement du contre-amiral Shintaro Hashimoto, composée du croiseur léger Sendai, des destroyers Ayanami, Isonami, Shikinami et Uranami, des dragueurs de mines n ° 2 et n ° 3 et du chasseur de sous-marin n ° 9[7].
L'invasion débuta par un bombardement vers 00 h 30, heure locale, le 8 décembre. Le chargement des péniches de débarquement s'ensuivit aussitôt le jet d'ancre des transports. Une mer agitée et des vents violents entravèrent l'opération et un certain nombre de petits bateaux chavirèrent[2], au cours duquel plusieurs soldats japonais moururent noyés avant d'atteindre la plage. Malgré ces difficultés, à 00 h 45, la première vague de péniches de débarquement se dirigèrent vers la plage en quatre lignes[7].
La force en défense consistait en la 8e brigade d'infanterie indienne (brigadier B. W. Key) de la 9e division d'infanterie indienne (major général A. E. Barstow), appuyée par quatre obusiers de montagne de 3,7 pouces de la 21e batterie de montagne (major J. B. Soper). Le 3 / 17e Bn du régiment Dogra, sous le commandement du lieutenant-colonel G. A. Preston[11], avait la responsabilité des 16 km de la côte visées par les débarquements. Les Britanniques fortifièrent les plages étroites et les îles avec des mines terrestres, des barbelés et des casemates. Ils étaient soutenus par la 73e batterie de campagne du 5e régiment de campagne (Royal Artillery), déployée à côté de l'aérodrome voisin[12]. La zone défendue par les 3 / 17e Dogra se composait des plages étroites de Badang et Sabak à Kota Bharu. Les plages étaient séparées par deux estuaires qui menaient à l'embouchure de la rivière Pengkalan Chepa à travers un labyrinthe de criques, de lagunes et d'îles marécageuses, derrière laquelle se trouvaient l'aérodrome de Kota Bharu et la route principale à l'intérieur des terres[13].
Le régiment Dogra a immédiatement ouvert un feu intense sur la force d'invasion avec de l'artillerie et des mitrailleuses. À minuit, les premières vagues de troupes japonaises se dirigèrent vers le front de mer en péniche de débarquement. Le colonel Masanobu Tsuji écrivit dans son livre sur la campagne de Malaisie :
« Les casemates ennemies, bien préparées, ont réagi violemment avec une telle force que nos hommes allongés sur la plage, à moitié dans et à moitié hors de l'eau ne pouvaient pas relever la tête.[14] »
Les première et deuxième vagues de soldats japonais ont été bloquées par le feu intense des casemates et des tranchées des Dogra, mais après des combats acharnés au corps à corps, une brèche fut ouverte dans les défenses de la rive sud de l'estuaire[13]. Sur la rive nord, les Japonais furent bloqués sur une île où l'aube les a retrouvés piégés. Les avions alliés des aérodromes voisins attaquèrent la flotte d'invasion et les soldats piégés sur l'île, provoquant de lourdes pertes parmi les première et deuxième vagues japonaises[15]. Les Japonais réussirent à quitter la plage qu'après la destruction des deux postes de piluliers et des tranchées de soutien. Malgré leur forte résistance, les Dogra furent contraints de se replier sur leurs défenses devant l'aérodrome[11]. Le brigadier Key déploya ses unités de réserves : le 2 / 12e Frontier Force Regiment et le 1 / 13e Frontier Force Rifles afin de soutenir le régiment en difficulté. À 10 h 30, Key lança une contre-attaque pour reprendre les plages perdues avec le 2 / 12e Frontier Force Regiment attaquant du sud et le 1 / 13e Frontier Force Rifles attaquant du nord. Les combats sur les plages furent intenses au cours desquels les deux parties subirent davantage de pertes. Malgré un infime progrès, les forces britanniques ne purent fermer la brèche, idem pour la deuxième attaque lancée dans l'après-midi[13].
L'aérodrome de Kota Bharu avait été évacué et à la tombée de la nuit du 8 décembre, avec une très faible visibilité, et les troupes japonaises pouvaient désormais s'infiltrer entre les unités britanniques. En vue d'éventuelles menaces de débarquements plus au sud, le brigadier Key demanda au major général Barstow (commandant de la 9e division) et au lieutenant général Heath (commandant du IIIe corps) l'autorisation de se replier si nécessaire[13].
Attaques aériennes
Le 1er escadron de la RAAF basé à Kota Bharu déploya 10 bombardiers Lockheed Hudson pour attaquer les transports japonais, chacun chargé de quatre 113 kg de bombes. Au cours des 17 missions effectuées, ils perdirent deux Hudson abattus et trois gravement endommagés. Un Hudson, piloté par le Flight lieutenant John Graham Leighton Jones, s'écrasa contre une péniche de débarquement entièrement chargée après avoir été touché alors qu'il mitraillait la tête de pont, tuant une soixantaine de soldats japonais à bord. Seuls cinq bombardiers Hudson restèrent en état de pilotage à la fin de la bataille[17].
Les trois transport de troupes japonais ont été considérablement endommagés, mais alors que l'Ayatosan Maru et le Sakura Maru étaient encore capables de naviguer, l'Awazisan Maru fut évacué en flamme et abandonné[18]. Les attaques de l'escadron tuèrent ou blessèrent au moins 110 membres de son équipage[18]. L'épave coulera un peu plus tard après avoir été torpillé par le sous-marin néerlandais K XII le 12 décembre.
Malgré la solide défense, Takumi disposait de trois bataillons d'infanterie complets à terre au milieu de la matinée du 8 décembre. Les contre-attaques lancées par le brigadier Key ont échoué et les Japonais ont pris la ville de Kota Bharu le 9. Après de violents combats pendant la nuit, menaçant l'aérodrome, le 2 / 12e Frontier Force Regiment du lieutenant-colonel Arthur Edward Cumming tenta de tenir l'aérodrome et de lancer une brillante action d'arrière-garde[19]. Il recevra plus tard la Croix de Victoria pendant les combats à Kuantan. Key obtiendra la permission de se retirer de Kota Bharu[12].
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Japanese invasion of Malaya » (voir la liste des auteurs).
- Burton 2006, p. 91: "The first major battle of the Pacific War was under way more than two hours before Japan's carrier planes descended on Hawaii."
- Dull 2007, p. 37.
- « Generals At War », Windfall Films
- L, « The Japanese Invasion of Ambon Island, January 1942 », Forgotten Campaign: The Dutch East Indies Campaign 1941–1942, 1999–2000 (consulté le )
- L, « The Japanese Invasion of Dutch West Timor Island, February 1942 », Forgotten Campaign: The Dutch East Indies Campaign 1941–1942, 1999–2000
- L, « The capture of Rabaul and Kavieng, January 1942 », Forgotten Campaign: The Dutch East Indies Campaign 1941–1942, 1999–2000
- L, Kossen, Bernaudin, Niehorster, Takizawa, Carr, Broshot et Leulliot, « Seventy minutes before Pearl Harbor – The landing at Kota Bharu, Malaya, on December 7, 1941 », Forgotten Campaign: The Dutch East Indies Campaign 1941–1942, 1999–2000
- Warren 2002, p. 86.
- Jap fifth column in Malaya was small, Allington Kennard, The Straits Times, 24 August 1947, Page 6
- Richards et Saunders 1954.
- « Dogra Regiment », Globalsecurity.com (consulté le )
- Jeffreys et Anderson 2005, p. 35.
- Percival 1946.
- Tsuji 1997, p. 75.
- Tsuji 1997.
- Burton 2006, p. 92.
- Burton 2006, p. 96.
- Burton 2006, p. 95.
- Smith 2006.
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
- « Australians at War », Australian War Memorial
- John Burton, Fortnight of Infamy: The Collapse of Allied Airpower West of Pearl Harbor, Annapolis, Maryland, Naval Institute Press, (ISBN 1-59114-096-X, OCLC 255121507)
- Paul S Dull, A Battle History of the Imperial Japanese Navy, 1941–1945, Naval Institute Press, (ISBN 978-1-59114-219-5, Modèle:GBurl), p. 37
- Bob Hackett et Sander Kingsepp, « Imperial Japanese Navy Page »
- Alan Jeffreys et Duncan Anderson, British Army in the Far East 1941–45, vol. 13, Oxford, Osprey Publishing, coll. « Battle Orders », (ISBN 1-84176-790-5, OCLC 907132823)
- Klemen L, « Forgotten Campaign: The Dutch East Indies Campaign 1941–1942 » [archive du ], 1999–2000
- Leo Niehorster, « Order of Battle, Royal Air Force, Far East Command, Norgroup, 8th December 1941 », sur World War II Armed Forces – Orders of Battle and Organizations, (consulté le )
- Arthur Percival, « Chapter IX – The Battle For Kedah », sur Percival's Official Report to the British Government, FEPOW Community, (consulté le )
- John Pike, « Military », Globalsecurity.com (consulté le )
- Siti Rahill, « Remembering the war's first battle », Japan Times, , p. 3 (lire en ligne)
- Denis Richards et Hilary St. G. Saunders, The Fight Avails, vol. Volume II, London, HMSO, coll. « Royal Air Force 1939–1945 », (ISBN 978-0-11-772114-2, lire en ligne)
- Colin Smith, Singapore Burning, London, Penguin Books, (ISBN 978-0-14-101036-6)
- Masanobu Tsuji, Japan's Greatest Victory, Britain's Worst Defeat, Staplehurst, Kent, Spellmount, (ISBN 1-873376-75-8, OCLC 38337840)
- Alan Warren, Britain's Greatest Defeat, Singapore 1942, London, Hambledon and London, (ISBN 1-85285-328-X, OCLC 1036868327, lire en ligne )