Histoire de la Somalie
Lâhistoire de la Somalie peut ĂȘtre, Ă l'instar des autres Ătats d'Afrique, divisĂ©e en pĂ©riode prĂ©-coloniale, coloniale et post-coloniale. Cette derniĂšre est marquĂ©e par des troubles ayant fait tomber les institutions somaliennes.
Mamelouk; Perse; Arabes; YĂ©men.
califat hafcide; Kanem; Touareg; 1-MĂ©rinides; 2 - Abdelouadides; Empire du Mali. Ăthiopie; Aloa (*); Toundjour.
comptoirs arabes ; Zanzibar; Kitara (*); Grand Zimbabwe; Feti; KhoĂŻ; San.
Ăpoque prĂ©-coloniale
Période préhistorique
Des vestiges de l'époque préhistorique existent par exemple sur les sites de Dhambalin, Gaanlibah, Karinhegane et surtout Laas Geel, et par de trÚs nombreux cairns. Des traces de civilisation humaine ont été découvertes notamment à Buur Heybe (en), dans le sud de la Somalie[1]. Au nord, des peintures rupestres ont été trouvées à Karinhegane, à Laas Geel[2] ainsi qu'à Dhambalin et sur d'autres sites de la région de Togdheer[3].
La rĂ©gion de Sanaag prĂ©sente de nombreux sites archĂ©ologiques intĂ©ressants, encore peu explorĂ©s, dont des cairns, Ă proximitĂ© de Armale, Dabhan, Damala (Somalie), El Ayo, El Buh, Erigavo, Haylan, Hingalol, Karinhegane, Laako, Las Khorey, Macajulayn, Maydh, Neis, Qaâableh, Qombo'ul, Salweyn, Yubbe, mais aussi Gudmo Biyo Cas, Heis, Gelweita, El Ayo.
La ville médiévale ruinée de Maduna (en) est le site le plus remarquable (comparable à Amud (en), Yubbe (en) et Abasa (Awdal) (en) dans la région d'Awdal), et probablement de l'époque du sultanat d'Adal.
Antiquité
- Emplacement supposé du Pays de Pount
- PĂ©ninsule arabique et environs, selon Le PĂ©riple de la mer ĂrythrĂ©e (vers 100-300)
- RĂ©gion vers 565
Le territoire de la Somalie et les cĂŽtes somaliennes sont l'une des localisations envisagĂ©es pour le pays de Pount, un pays avec lequel l'Ăgypte pharaonique entretenait des relations commerciales[4].
D'autres Ă©lĂ©ments attestent de l'activitĂ© commerciale des ports de la cĂŽte somalienne dĂšs l'AntiquitĂ©. Ainsi, pour George Wynn Brereton Huntingford (en), le rĂ©cit grec intitulĂ© Le PĂ©riple de la mer ĂrythrĂ©e (en grec polytonique : ΠΔÏÎŻÏÎ»ÎżÏ Ï ÏáżÏ áŒÏÏ ÎžÏáŸ¶Ï ÎžÎ±Î»ÎŹÏÏÎ·Ï / PerĂplous tĂźÌs ÌErythrĂąs thalĂĄssÄ«s ; en latin : Periplus maris Erythraei), communĂ©ment datĂ© du dĂ©but du Ier siĂšcle, ou du IIIe siĂšcle, mentionne la cĂŽte somalienne : cette rĂ©gion est connue par les navigateurs et commerçants Grecs, Romains et Indiens. Dans ce PĂ©riple de la mer ĂrythrĂ©e, une ville portuaire appelĂ©e Opone (en grec ancien áœÏÏΜη) est dĂ©crite, par exemple. Une correspondance est gĂ©nĂ©ralement Ă©tablie entre cette ville portuaire et la ville dĂ©sormais intitulĂ©e Hafun[5]. Ce port est situĂ© Ă un point stratĂ©gique pour les routes commerciales par voie marine passant par la mer Rouge, Ă proximitĂ© de la pointe de la Corne de l'Afrique. Depuis cette ville, des Ă©changes commerciaux Ă©taient menĂ©s avec le YĂ©men, la PhĂ©nicie, la GrĂšce, Rome, l'Azanie, et l'Asie.
Les sources grecques utilisent le terme de « BerbÚres » pour désigner la Corne de l'Afrique et ses habitants, tout comme les premiers géographes arabes désignaient les Somaliens comme des «BerbÚres (noirs)»[6].
Moyen Ăge
- Histoire du commerce maritime en Somalie
- DĂ©tail de la GĂ©ographie (1482) de Francesco Berlinghieri (en)
- Sultanat d'Ifat (1285-1415)
- Sultanat d'Adal (1415-1577)
Une Ă©conomie et un mode de vie se dĂ©veloppe Ă l'intĂ©rieur des terres consistant principalement en un Ă©levage nomade combinĂ©e, plus au sud, avec une exploitation agricole des terres dans la rĂ©gion des riviĂšres Jubba et Shabeelle[7] - [8]. Par le commerce maritime via les villes cĂŽtiĂšres, les habitants de ce territoire somalien entrent en contact avec les civilisations perse et islamique. La religion islamique progresse sur ces terres du VIIe au XIIIe siĂšcle[9]. Un systĂšme clanique se met probablement en place Ă cette Ă©poque, influencĂ© par la sociĂ©tĂ© tribale patrilinĂ©aire des Arabes, remplaçant la forme sociale originale, organisĂ©e, probablement lĂ encore, de maniĂšre matrilinĂ©aire[10]. Des CitĂ©s-Ătats se dĂ©veloppe autour des villes portuaires les plus importantes, comme Zeilah ou Berbera, intĂ©grĂ©es dans le systĂšme des Ă©changes autour de l'OcĂ©an indien[11]. Plus au sud, le port de Mogadiscio gagne Ă©galement en influence. Le gĂ©ographe arabe Yaqout al-Rumi dĂ©crit cette citĂ© au dĂ©but du XIIIe siĂšcle comme une ville sans roi oĂč «les affaires sont rĂ©glĂ©es par des anciens»[11]. Durant ce mĂȘme XIIIe siĂšcle, un Ătat islamique, le sultanat d'Ifat se constitue autour de Zeilah (sur la cĂŽte) et d'IfĂąt (Ă l'intĂ©rieur des terres), jusqu'Ă Berbera au sud-est et englobant Ă©galement Hara. Ce sultanat entre en concurrence avec l'Empire Ă©thiopien, une puissance chrĂ©tienne, adjacente, au nord, qui le vassalise par intermittence[12].
En 1415, Yeshaq Ier, Empereur d'Ăthiopie, prend des mesures contre le royaume dâAdal, dont les raids rebelles occasionnent des troubles dans les rĂ©gions alentour et qui exerce un monopole sur le commerce avec les diffĂ©rents Ătats de la mer rouge, du golfe d'Aden et sur les Ă©changes Ă travers l'OcĂ©an indien[12]. Le roi Sa'ad ad-Din II est emprisonnĂ©, puis exĂ©cutĂ©[12]. Ses fils quittent le pays pour s'exiler en Arabie. La rĂ©gion reste sous contrĂŽle Ă©thiopien pendant encore un siĂšcle, mĂȘme si ce contrĂŽle n'est que partiel, et mĂȘme si les fils Sa'ad ad-Din II, rentrĂ©s d'exil, choisissent de s'installer dans un nouveau territoire Ă l'Est d'IfĂąt, pour y constituer le Sultanat d'Adal[12]. Ils y entretiennent une lutte contre les troupes chrĂ©tiennes[12].
Plus au Sud du territoire de la Somalie, au XIIIe siĂšcle, un autre Ătat s'est constituĂ©, le Sultanat Ajuran, un Ătat centralisĂ© dans la vallĂ©e du Shebelle. Il sâagit de lâun des rares Ă©pisodes de centralisation dâun Ătat pastoral de lâhistoire de la Somalie, formant un royaume plus grand et plus puissant que les villes-Ătats cĂŽtiers de Mogadiscio, Merca et Baraawe rĂ©unis[13].
Avancées portugaises, protectorat ottoman puis omanais
- Cosmographie de Ravenne (vers 700), 1688
- Commerce swahili au 16e siĂšcle
- Expansion vers le sud de l'Empire ottoman en 1683
- Empire omanais vers 1850
- Carte du Golfe d'Aden vers 1860
L'Empire ottoman devient progressivement au XVe siĂšcle la principale puissance islamique, succĂ©dant notamment au Moyen-Orient au Sultanat mamelouk d'Ăgypte. En 1517, SĂ©lim Ier, Ă la tĂȘte de cet empire nottoman, conquiert lâĂgypte et prend ainsi pied en Afrique. Soliman le Magnifique, son fils, entreprend une sĂ©rie d'expĂ©ditions sur les bords de l'ocĂ©an Indien et de la Mer Rouge, pour arrĂȘter l'expansion portugaise et placer les terres musulmanes sous son protectorat : en 1538, il s'empare d'Aden, et en 1557 du port de Massaoua, fondant la province ottomane d'Abyssinie[14].
Vers 1527, menĂ© par le charismatique imam Ahmed Ibn Ibrahim Al-Ghazi, l'Adal se rĂ©volte et envahit lâĂthiopie avec le soutien de lâEmpire ottoman[12]. Ahmed Ibn Ibrahim Al-Ghazi mĂšne un djihad Ă la tĂȘte de musulmans somaliens et Ă©thiopiens mais aussi de soldats venus de la pĂ©ninsuleArabique et conquiert rapidement la moitiĂ© de lâĂthiopie jusquâau TigrĂ©[12]. Les Ă©vĂ©nements sont relatĂ©s par lâexpĂ©dition portugaise de Christophe de Gama, fils de Vasco de Gama, qui se trouve alors dans la rĂ©gion. Les Portugais dĂ©cident de soutenir lâĂthiopie chrĂ©tienne, en difficultĂ©[12]. Les troupes chrĂ©tiennes alliĂ©s aux Portugais parviennent Ă mettre fin au djihad, et Ă reprendre le contrĂŽle d'une grande partie de leur terres. Ahmed Ibn Ibrahim Al-Ghazi est battu le Ă la bataille de Wayna Daga, et y trouve la mort. Mais dans le territoire Ă©thiopien dĂ©vastĂ© par ce conflit, des Oromos s'installent, profitant de la faiblesse de l'empire Ă©thiopien[12].
La veuve de Ahmed Ibn Ibrahim Al-Ghazi Ă©pouse Nur ibn Mujahid en Ă©change de sa promesse de venger le roi dĂ©funt. Mujahid monte sur le trĂŽne et poursuit les hostilitĂ©s contre ses ennemis du Nord jusquâĂ sa mort en 1567. Entretemps, le Portugal tente de s'implanter en menant des opĂ©rations sur terre et sur mer, confrontĂ© directement Ă l'Empire ottoman ou Ă des sultanats qui se placent sous le protectorat de l'Empire ottoman . Le sultanat d'Adal Ă©clate en une multitude dâĂtats indĂ©pendants, dont beaucoup avec un chef somali Ă leur tĂȘte. Zeilah devient dĂ©pendant du YĂ©men et est incorporĂ© Ă lâempire ottoman.
Au sud du territoire somalien, le sultanat Ajuran se dĂ©sintĂšgre lui-aussi Ă la fin du XVIIe siĂšcle, sous les attaques portugaises, les dissensions internes et les intrusions des tribus nomades du nord. Plus dâun siĂšcle est nĂ©cessaire Ă lâĂ©mergence dâun nouvel Ă©tat, le Sultanat Geledi, autour de la ville dâAfgooye. Entretemps, le sultanat d'Oman repousse les Portugais hors de Somalie, pour prendre le contrĂŽle de la cĂŽte de Benadir, et impose un tribut au villes somaliennes contre sa protection.
Du XVIe siĂšcle au XVIIIe siĂšcle les Portugais gardent le contrĂŽle de Baraawe et Mogadiscio. Lorsque l'empire ottoman cesse de progresser et rĂ©duit mĂȘme son emprise, de nouvelles puissances rĂ©gionales sont apparues, notamment les sultanats d'Oman et de Zanzibar, tenant tĂȘte Ă ces Portugais, puis Ă la Royal Navy britannique[15].
Somalie colonisée
- La mosquée Fakr-ad-Din (1269, image de 1882)
- Place du marché de Mogadiscio, 1882
- Sultanat d'Hobyo, cavalerie et fort
- Taleh, capitale du Dervish State
- Territoire de Habr Yunis Sultan Hersi Aman's sur une carte allemande de 1874
- Afrique de l'Est, carte allemande Brockhaus 1887
- Expansion coloniale européenne de 1880 à 1913
- Sultanat Majerteen vers 1890
- Corne de l'Afrique vers 1895
- Corne de l'Afrique en 1898
- Somalie Ă l'Ă©poque de Mohammed Abdullah Hassan (Mad Mullah) en 1899-1920
- Corne de l'Afrique vers 1909
- Somalie 1911
- Corne de l'Afrique 1915
- Somaliland italien et Jubaland vers 1925
- Afrique orientale italienne 1938-1941
- Afrique orientale italienne 1938-1941
- Afrique 1940
De la fin du XIXe siĂšcle Ă la Seconde Guerre mondiale
Ă partir de 1875, la Grande-Bretagne, la France et lâItalie revendiquent le territoire de la Somalie. La Grande-Bretagne s'est emparĂ© dĂ©jĂ de la citĂ© portuaire dâAden au YĂ©men, et dĂ©sire mettre la main sur Berbera, situĂ©e juste en face. La mer Rouge est alors une voie cruciale vers les colonies britanniques en Inde.
La France sâintĂ©resse aux gisements de charbon de lâintĂ©rieur des terres, et veut casser les ambitions britanniques de construire un chemin de fer longeant la cĂŽte est de lâAfrique du nord au sud. LâItalie, tout juste unifiĂ©e et sans expĂ©rience coloniale, cherche surtout Ă obtenir des territoires en Afrique sans devoir affronter de puissance europĂ©enne. Elle sâapproprie le sud de la Somalie, ce qui va devenir la plus grande revendication europĂ©enne dans le pays, mais aussi la moins intĂ©ressante sur le plan stratĂ©gique.
En 1884, lâĂgypte devenue indĂ©pendante de lâempire Ottoman souhaite restaurer son ancienne puissance et sâintĂ©resse Ă lâAfrique de lâest. Le Soudan lui rĂ©siste cependant, et la rĂ©volution mahdiste de 1885 expulse les forces Ă©gyptiennes hors du Soudan, mettant un terme aux vellĂ©itĂ©s de crĂ©er un nouvel empire Ă©gyptien. Les troupes qui sont parvenues en Somalie sont secourues par la Grande-Bretagne et escortĂ©es pour leur retour de leur cĂŽtĂ© des lignes.
Par la suite, la plus grande menace sur les ambitions europĂ©ennes en Somalie vient de lâĂthiopie, en la personne de lâempereur Menelik II, qui a rĂ©ussi Ă Ă©viter Ă son pays lâoccupation, et qui projette dâenvahir Ă nouveau la Somalie. En 1900, il annexe lâOgaden, rĂ©gion dĂ©sertique de lâouest qui fait encore lâobjet pĂ©riodiquement de conflits territoriaux entre les deux Ătats.
La rĂ©sistance somalienne Ă la colonisation commence sĂ©rieusement en 1899 derriĂšre Mohammed Abdullah Hassan, issu de la tribu Darod et du sous-clan Dulbahante par sa mĂšre. Leurs cibles principales sont leurs ennemis hĂ©rĂ©ditaires dâĂthiopie et lâadministration britannique, qui contrĂŽle les ports les plus lucratifs et prĂ©lĂšvent des taxes auprĂšs des paysans qui envoient leur bĂ©tail Ă leurs clients au Moyen-Orient et en Inde. Brillant orateur soutenu par les derviches fondamentalistes issus de sa lignĂ©e maternelle, Hassan mĂšne une guĂ©rilla sanglante pendant deux dĂ©cennies, jusquâĂ ce que la Royal Air Force britannique bombarde la rĂ©gion en 1920. Hassan prend la fuite et meurt dâune pneumonie peu de temps aprĂšs, devenant une figure hĂ©roĂŻque du nationalisme somalien. Ce conflit est lâune des plus longues et des plus sanglantes guerres de rĂ©sistance en Afrique subsaharienne, qui coĂ»te la vie Ă prĂšs dâun tiers de la population du nord de la Somalie[16].
Les Dhulbahante sont alors les seuls Ă avoir refusĂ© de signer le traitĂ© de protectorat et de se soumettre Ă la Grande-Bretagne : ils se voient comme les garants de la grande Somalie. Toutefois, mĂȘme si les Isaaq, les Issas, les Warsangali et les Gadabuursi aient signĂ© sans opposĂ© de rĂ©sistance, la Grande-Bretagne ne leur fait pas confiance, et invoque immĂ©diatement lâarticle 7 du traitĂ©, qui lui permet dâinstaurer une politique de sĂ©grĂ©gation. Elle fait Ă©galement usage de la sous-section 3k qui lâautorisa Ă retirer un certain nombre dâenfants de leurs mĂšres pour leur inculquer une Ă©ducation spĂ©cifique â avant tout pour inspirer une certaine crainte parmi la population. Certains chefs tribaux en viennent Ă regretter de ne pas avoir soutenu la guĂ©rilla des Dhulbahante.
Pendant que la Grande-Bretagne est en prise avec les troupes dâHassan, la France ne fait guĂšre usage de ses possessions en Somalie. LâItalie Ă©tablit par contre une rĂ©elle colonie oĂč de nombreux citoyens italiens sâĂ©tablissent et investissent dans lâagriculture. Mussolini, arrivĂ© au pouvoir, veut montrer au monde quâil faut Ă©galement compter avec lâItalie comme puissance Ă©conomique capable de faire de lâombre Ă la Grande-Bretagne[17]. Cette derniĂšre, freinĂ©e par ses nombreuses guerres avec les autochtones, nâose guĂšre investir dans des infrastructures coĂ»teuses qui risqueraient Ă tout moment dâĂȘtre dĂ©truites. Plus tard, lors de lâunification du pays dans les annĂ©es 1960, le Nord accuse un retard considĂ©rable sur le plan du dĂ©veloppement Ă©conomique, et est rapidement dominĂ© par le Sud. Les frustrations qui en rĂ©sultent contribuent Ă dĂ©clencher la guerre civile.
MalgrĂ© la dĂ©faite infligĂ©e aux troupes dâHassan, les Dulbahante nâacceptent aucune nĂ©gociation, et toute la pĂ©riode dâoccupation britannique est traversĂ©e par des violences sporadiques. La situation sâaggrave lorsque lâItalie envahit avec succĂšs lâĂthiopie et entre le 5 mai 1936 dans Addis-Abeba[17], confisquant Ă la Grande-Bretagne son seul alliĂ© de la rĂ©gion contre les rebelles somalis. La Grande-Bretagne en est rĂ©duite Ă se dĂ©brouiller seule ou Ă chercher des terres moins hostiles. Pendant ce temps, lâĂ©conomie de la Somalie italienne fleurit, et il devient de plus en plus Ă©vident que câest lâItalie qui a gagnĂ© la corne de l'Afrique. IntimĂ©e par Mussolini de quitter la rĂ©gion, la Grande-Bretagne obtempĂšre sans guĂšre protester. La France abandonne Ă©galement ses quelques possessions, laissant ainsi Ă lâItalie le contrĂŽle de lâĂthiopie, de Djibouti, de la Somalie et du nord du Kenya.
Seconde Guerre mondiale
- Afrique de l'Est 1940-1941
- Une du Corriere Della Sera consacrée à l'offensive italienne au Somaliland britannique, 17 août 1940
- Soldats africains des King's African Rifles (armée coloniale britannique) pendant leur offensive en Somalie italienne, 13 février 1941
La domination italienne est de courte durĂ©e. Face aux attaques des alliĂ©s, Mussolini mobilisa toutes ses troupes pour dĂ©fendre le front europĂ©en et la Grande-Bretagne reprend la Somalie dĂšs 1941[18]. Tant que dure la guerre, le pays est dirigĂ© par lâadministration militaire britannique appliquant la loi martiale, en particulier au nord oĂč le souvenir de la rĂ©volte est encore frais. Cette politique est aussi mal accueillie que prĂ©cĂ©demment, et les rebelles peuvent se fournir en armes auprĂšs des colons italiens restants et des autres ennemis de la Grande-Bretagne. Le protectorat britannique, qui a pour capitale la citĂ© dâHargeisa, perdure jusquâen 1949, et connaĂźt un certain dĂ©veloppement Ă©conomique. Les tribunaux autochtones restent compĂ©tents pour juger la plupart des cas. Lâoccupant nâexpulse pas les citoyens italiens, Ă lâexception de ceux qui reprĂ©sentent clairement un danger. Le fait que la majoritĂ© dâentre eux restent fidĂšles Ă Mussolini et envoient des renseignements en Italie nâeffraie guĂšre la Grande-Bretagne en raison du peu dâintĂ©rĂȘt stratĂ©gique de la rĂ©gion. Bien que considĂ©rĂ©s techniquement comme des ressortissants dâun Ătat ennemi, les italiens sont mĂȘme autorisĂ©s Ă crĂ©er leurs propres partis politiques en compĂ©tition directe avec lâautoritĂ© britannique.
AprĂšs la guerre, la Grande-Bretagne assouplit son contrĂŽle militaire sur la Somalie et introduit un dĂ©but de dĂ©mocratisation. Plusieurs partis politiques autochtones voient le jour, dont la Ligue de la jeunesse somalie (LJS) en 1945[18]. La ConfĂ©rence de Potsdam ne rĂšgle pas dĂ©finitivement le cas de la Somalie et ne tranche pas la question de savoir sâil faut continuer lâoccupation par la Grande-Bretagne, rĂ©trocĂ©der la rĂ©gion Ă lâItalie ou lui accorder lâindĂ©pendance. Cette question est largement dĂ©battue sur la scĂšne politique somalienne au cours des annĂ©es qui suivent. Le nord et lâouest dĂ©sirent lâindĂ©pendance, tandis que les populations du sud apprĂ©cient la prospĂ©ritĂ© Ă©conomique apportĂ©e par lâItalie et dĂ©siraient rester sous son administration.
En 1948, une commission dirigĂ©e par des reprĂ©sentants des forces alliĂ©es victorieuses veut trancher la question somalienne une fois pour toutes. Dans un premier temps, elle attribue la province de lâOgaden Ă lâĂthiopie. LâannĂ©e suivante, aprĂšs des mois de discussion et aprĂšs avoir portĂ© lâaffaire devant les Nations unies, lâItalie se voit accorder un protectorat de dix ans en reconnaissance du dĂ©veloppement Ă©conomique apportĂ© Ă la rĂ©gion, aprĂšs quoi la Somalie deviendrait entiĂšrement indĂ©pendante[19]. La LJS, qui revendique une indĂ©pendance immĂ©diate, sâoppose vivement Ă cette dĂ©cision. La Ligue va devenir une source dâagitation pour les annĂ©es Ă venir. MalgrĂ© cela, la dĂ©cennie 1950 est prospĂšre et n'est marquĂ©e par aucun incident notoire. La Somalie obtient son indĂ©pendance comme prĂ©vu en 1960, et la passation de pouvoir se fait sans heurts[20].
Indépendance (à partir de 1960)
Le dĂ©but de lâindĂ©pendance de la Somalie est prometteur, avec une bonne participation politique des nomades et des femmes. Les disparitĂ©s Ă©conomiques entre le nord et le sud et le problĂšme de lâOgaden ne tardent cependant pas Ă surgir. La Somalie ne reconnait pas en effet la juridiction Ă©thiopienne sur lâOgaden, tandis que les aspirations pan-somalis provoquent la guerre des Shifta (en) (1963-1967) dans la province sĂ©cessionniste du Kenya, au sud de la Somalie.
Au dĂ©but des annĂ©es 1960, des troubles Ă©clatent lorsque le nord conteste des rĂ©fĂ©rendums qui ont recueilli la majoritĂ© des votes, au motif que le sud Ă©tait favorisĂ©. En 1961, des organisations paramilitaires du nord se rĂ©voltent lorsquâelles se voient imposer des chefs originaires du sud. Le deuxiĂšme plus grand parti politique du nord revendique ouvertement la sĂ©cession. Une tentative de mettre fin Ă ces divisions en crĂ©ant un parti pan-somalien reste infructueuse.
On tente Ă©galement de crĂ©er un sentiment nationaliste autour de la cause de lâOgaden et des rĂ©gions du nord du Kenya, oĂč vivent en majoritĂ© des ethnies somalies. Des milices somaliennes lancent des attaques prĂšs des frontiĂšres Ă©thiopienne et kĂ©nyane entre 1960 et 1964, date Ă laquelle le conflit entre la Somalie et lâĂthiopie Ă©clate ouvertement. Il dure quelques mois et les deux parties conviennent dâun cessez-le-feu la mĂȘme annĂ©e[21]. Lâempereur d'Ăthiopie, HaĂŻlĂ© SĂ©lassiĂ© Ier, et le Premier ministre kĂ©nyan, Jomo Kenyatta, concluent ensuite un traitĂ© de dĂ©fense mutuel (1964) pour se protĂ©ger dâagressions futures de la part de la Somalie.
Au milieu des annĂ©es 1960, la Somalie dĂ©veloppe des relations militaires Ă©troites avec lâUnion SoviĂ©tique, qui fournit du matĂ©riel et entraĂźne les forces armĂ©es somaliennes. La Chine finance de nombreux projets industriels non militaires. Les relations entre la Somalie et lâItalie restent cordiales mais se dĂ©gradent avec les Ătats-Unis qui ont soutenu lâĂthiopie contre la Somalie.
La dĂ©mocratie vacille Ă la fin des annĂ©es 1960. Le vainqueur des Ă©lections de 1967 n'est pas reconnu en raison de la structure complexe des alliances claniques. Les sĂ©nateurs procĂšdent Ă un nouveau vote. Le rĂ©sultat de lâĂ©lection est dĂ©terminant pour savoir si la Somalie va user de la force pour rĂ©aliser le rĂȘve de lâunitĂ© pan-somalienne, ce qui signifie dĂ©clarer la guerre Ă lâĂthiopie, au Kenya et Ă©ventuellement Ă Djibouti. En 1968, un traitĂ© avec lâĂthiopie portant sur le commerce et les tĂ©lĂ©communications est lâoccasion dâun bref rĂ©pit qui profita aux deux pays, en particulier aux habitants de la zone frontaliĂšre qui vivaient dans lâinstabilitĂ© depuis le cessez-le-feu de 1964.
1969 est une annĂ©e tumultueuse, avec de nombreuses dĂ©fections, collusions et trahisons. La LJS et ses alliĂ©s passent dâun quasi-monopole Ă lâAssemblĂ©e (120 siĂšges sur 123) Ă 46 siĂšges. La Ligue ne reconnaĂźt pas le rĂ©sultat des Ă©lections, les qualifiant de frauduleuses.
- Langue somali
- Grande Somalie 1945-1970
- Tribus somalies 1977
- Guerre de l'Ogaden 1977-1978
RĂ©gime de Mohamed Siad Barre (1969-1991)
Le , le prĂ©sident Abdirashid Ali Shermarke est tuĂ© dans un attentat[22]. Le 21 octobre, l'armĂ©e et la police prennent le contrĂŽle des points stratĂ©giques de la capitale. Un Conseil rĂ©volutionnaire suprĂȘme (CRS), dirigĂ© par les gĂ©nĂ©raux Salaad Gabeyre Kediye et Mohamed Siad Barre, est installĂ© Ă la tĂȘte de l'Ătat. La constitution est suspendue[22].
Guerre civile
- Factions durant la Guerre civile en Somalie (en)
- Somalie fédérale vers 2000
- Somalie 2000-2005
- Carte du Somaliland de 2007, frontalier du Pount
- Somaliland en Somalie-Nord 2007
- Harakat al-Chabab al-Moudjahidin (Schebabs) 2009-2010
- Guerre civile somalienne vers 2010
- Somalie en avril 2017
Premiers affrontements, famine et Ă©chec de l'intervention internationale
En mai 1991, le nord du pays, oĂč les Issas sont majoritaires, dĂ©clare son indĂ©pendance sous le nom de Somaliland. Bien que de facto indĂ©pendant et relativement stable par rapport Ă lâagitation au sud, il n'est reconnu par aucun gouvernement Ă©tranger. Le successeur de Mohamed Siad Barre, Ali Mahdi Muhammad (janvier-) n'arrive pas Ă s'imposer sur l'ensemble du territoire, dĂ©chirĂ© entre les seigneurs de guerre et les diffĂ©rents clans somalis. La sĂ©cheresse de 1991, dans un pays Ă l'Ă©quilibre alimentaire fragile, provoque une famine meurtriĂšre car les affrontements empĂȘchent l'arrivĂ©e des secours. Le bilan est estimĂ© Ă environ 300 000 morts
En , l'ONU envoie la premiĂšre mission humanitaire afin d'endiguer la famine, ONUSOM. Celle-ci est un Ă©chec. Le , le Conseil de sĂ©curitĂ© des Nations unies adopta Ă lâunanimitĂ© la rĂ©solution 794, qui approuvait la mise en place dâune force de maintien de paix sous lâĂ©gide de lâONU, lâUNITAF. OrganisĂ©e par Washington, l'opĂ©ration prend le nom de « Restore Hope ». Les troupes atterrirent en 1993 et restĂšrent en poste durant deux ans.
De nombreux Somalis sont hostiles Ă une prĂ©sence Ă©trangĂšre. En , aprĂšs l'arrestation par les forces spĂ©ciales amĂ©ricaines de proches de Mohamed Farrah Aidid, le leader du CongrĂšs de la Somalie unifiĂ©e, plusieurs Ă©chauffourĂ©es Ă©clatent Ă Mogadiscio, ce qui cause la mort de 24 soldats pakistanais et de 19 soldats amĂ©ricains. L'OpĂ©ration Restore Hope tourne au fiasco, et affecte durablement la politique Ă©trangĂšre des Ătats-Unis. Le prĂ©sident Bill Clinton retire les troupes, l'ONU prenant le relais jusqu'au , perdant 151 Casques bleus et trois civils Ă©trangers.
Au nord-est, le Puntland se dĂ©clare Ă son tour autonome en 1998, affirmant quâil participerait Ă tout effort de rĂ©conciliation visant Ă reformer un pouvoir central. Le Jubaland fait Ă son tour sĂ©cession la mĂȘme annĂ©e. Il est actuellement englobĂ© dans la Somalie du sud-ouest, sans statut clair.
Un Ătat failli
AprĂšs le dĂ©part des troupes de l'ONU en 1995, la guerre civile en Somalie a progressivement dĂ©clinĂ©, avec l'arrĂȘt de la plupart des conflits entre clans et l'apparition d'accords entre les divers groupes armĂ©s. Diverses milices se sont reconverties en agences de sĂ©curitĂ© privĂ©es occupant des territoires dĂ©limitĂ©s parfois Ă quelques quartiers de villes. La paix nâa pas Ă©tĂ© rĂ©tablie, mais la lĂ©gĂšre amĂ©lioration de la sĂ©curitĂ© a permis Ă lâĂ©conomie de redĂ©marrer. Depuis la fin des annĂ©es 1990, la Somalie constitue un assemblage de territoires sous domination clanique, oĂč tous les services sont fournis par le secteur privĂ© ou par les clans traditionnels. Les institutions gouvernementales sont ainsi remplacĂ©es par des institutions privĂ©es[23].
Le pays reste cependant divisĂ© entre plusieurs factions[24]. Le centre et le sud est contrĂŽlĂ© par Hussein Mohamed AĂŻdid; le nord-ouest par Mohamed Ibrahim Egal, Ă©lu de la RĂ©publique auto-proclamĂ©e du Somaliland en 1997 et mort en 2002. En , un accord de gouvernement, patronnĂ© par l'Ăthiopie et le Kenya, Ă©choue Ă rĂ©gler le problĂšme du dĂ©sarmement et de la reconstruction de l'Ătat [24]. Le nord-est se dĂ©clare autonome en 1998 sous le nom de Puntland. Le , le Parlement de transition en exil Ă©lit un nouveau prĂ©sident en la personne de Abdiqasim Salad Hassan, dans un contexte particuliĂšrement difficile. Le pays reste aux prises avec des rivalitĂ©s claniques. AprĂšs diverses tentatives infructueuses de conciliation, une confĂ©rence de rĂ©conciliation aboutit en Ă un projet de charte nationale prĂ©voyant le fĂ©dĂ©ralisme et mettant sur pied des institutions fĂ©dĂ©rales de transition[24].
Ălection d'Abdullahi Yusuf Ahmed
Le , le Parlement fĂ©dĂ©ral de transition de la RĂ©publique de Somalie, exilĂ© au Kenya en raison des affrontements entre seigneurs de la guerre Ă Mogadiscio, et formĂ© en nombres Ă©gaux de reprĂ©sentants de chacun des quatre grands clans somalis, a Ă©lu en tant que prĂ©sident intĂ©rimaire Abdullahi Yusuf Ahmed, prĂ©sident du Pays de Pount. Ă la tĂȘte du Gouvernement fĂ©dĂ©ral de transition, celui-ci a nommĂ© Ali Mohamed Gedi, un vĂ©tĂ©rinaire de profession, en tant que Premier ministre, avec pour mission de former un gouvernement de coalition avec les diffĂ©rents chefs de guerre du pays. Les institutions somaliennes siĂšgent au Kenya par mesure de sĂ©curitĂ© Ă l'Ă©gard de la situation intĂ©rieure de la Somalie. Les institutions en exil n'ont aucun contrĂŽle sur le pays en dehors de certains quartiers de la capitale Mogadiscio, leur autoritĂ© n'est pas reconnue Ă l'intĂ©rieur du pays, mais uniquement par les gouvernements Ă©trangers.
Depuis le , le gouvernement de transition siĂšge Ă Baidoa, en Somalie.
L'Union des tribunaux islamiques et l'intervention Ă©thiopienne
Au dĂ©but du mois de , les affrontements entre les membres de l'Alliance pour la restauration de la paix et contre le terrorisme (ARPCT), une alliance entre des chefs de guerre et le gouvernement fĂ©dĂ©ral de transition, soutenu par Washington, et l'Union des tribunaux islamiques, soutenus par de nombreux entrepreneurs de la capitale, ont vu la victoire de ces derniers pour le contrĂŽle de Mogadiscio. Le nouveau rĂ©gime serait soutenu par l'ĂrythrĂ©e, l'Iran et divers pays arabes, tandis que le gouvernement fĂ©dĂ©ral de transition, repliĂ© sur Baidoa, bĂ©nĂ©ficierait de l'appui militaire de l'Ăthiopie. Le rĂ©tablissement de l'ordre se fait au nom de la seule structure lĂ©gislative stable et consensuelle du pays, la jurisprudence chafĂ©ite.
Le Ă Nairobi, l'AutoritĂ© intergouvernementale pour le dĂ©veloppement (IGAD), qui regroupe le Kenya, l'Ouganda, le Soudan, Djibouti, l'Ăthiopie, l'ĂrythrĂ©e et le gouvernement de transition de Somalie, dĂ©cide d'interdire l'accĂšs au territoire de ses pays membres aux miliciens de l'ARPCT fuyant devant l'avancĂ©e des tribunaux islamiques dont le plus important, celui de Mogadiscio, est nommĂ© Hifka-Halane. Il sert de pouvoir judiciaire (civil et pĂ©nal), en jugeant les affaires en appliquant la charia.
Début , les Nations unies autorisent le déploiement d'une force de maintien de la paix, composée de 8 000 hommes, sous l'égide de l'Union africaine[24] (résolution 1725[25]). Fin , l'armée éthiopienne intervient et les tribunaux islamiques fuient Mogadiscio. Elle prend ainsi le contrÎle de la majeure partie du pays et le gouvernement de transition se déclare le gouvernement de facto du pays.
Du 20 au , l'Ăthiopie est entrĂ©e en guerre contre l'Union des tribunaux islamiques. La loi martiale a Ă©tĂ© dĂ©crĂ©tĂ©e le par le premier ministre somalien du gouvernement fĂ©dĂ©ral de transition, Ali Mohamed Gedi, et un dĂ©lai de trois jours a Ă©tĂ© donnĂ© aux Somaliens pour remettre leurs armes Ă feu aux troupes Ă©thiopiennes ou fĂ©dĂ©rales, avec un suivi trĂšs faible.
En , les Ătats-Unis interviennent dans le sud de la Somalie pour pourchasser des membres prĂ©sumĂ©s d'Al-QaĂŻda.
Le , les troupes éthiopiennes commencent officiellement à se retirer de Somalie. Peu fréquent auparavant, les attentats-suicides se multiplient (ainsi, les cinq attentats du sont attribués au groupe al-Shabaab) [26] - [27].
En 2021 et 2022, le pays connait une importante sécheresse, provoquant des problÚmes de disette importante pour prÚs de 7,8 millions de personnes soit presque 50 % de la population[28].
Reprise du conflit, intervention kényane et rétablissement difficile des institutions (2009 - )
Le , le président Abdullahi Yusuf Ahmed annonce sa démission, déclarant qu'il regrette n'avoir pas pu mettre fin au conflit somalien[29]. Le Parlement, réuni à Djibouti en raison du désordre en Somalie, élit alors le cheikh Sharif Ahmed, ancien dirigeant de l'Union des tribunaux islamiques, à la présidence de la République[30]. Il l'emporta face à Maslah Mohamed Siad Barre, fils de l'ancien président Mohamed Siad Barre, et au Premier ministre sortant Nur Hassan Hussein[31].
DÚs , divers groupes islamistes fusionnÚrent au sein du Hizbul Islam et déclarÚrent la guerre au gouvernement modéré de Sharif Ahmed. Cette coalition inclut l'Alliance pour la nouvelle libération de la Somalie, dirigée par Hassan Dahir Aweys, l'un des chefs radicaux de l'Union des tribunaux islamiques, Hassan Abdullah Hersi al-Turki (en), un autre commandant de l'Union des tribunaux islamiques et leader des brigades de Ras Kamboni (en) et le groupe Muaskar Anole (en). Cette nouvelle coalition islamiste est, avec le groupe al-Shabaab, la plus active dans le conflit. De plus, en , ben Laden appelait dans un enregistrement au renversement de Sharif Ahmed[32].
En octobre 2011, l'armée kényane, appuyée par les troupes somaliennes, intervient dans le conflit, lançant l'opération Linda Nchi (« protéger le pays » en swahili) contre les positions d'Al-Shabaab.
Les relations entre la Somalie et la Turquie (en) contribuent Ă la relative stabilisation du pays. La Turquie, qui fournit une aide humanitaire et Ă©conomique importante depuis 2011, ouvre une base militaire Ă Mogadiscio en [33].
Le , l'armĂ©e française lance une opĂ©ration militaire afin de libĂ©rer l'otage Denis Allex de la DGSE dĂ©tenu par les Al-Shabbaab Ă Buulo Mareer depuis 2009 mais celle-ci s'avĂ©rera ĂȘtre un Ă©chec[34].
Le groupe terroriste Harakat al-Chabab al-Moudjahidin multiplie les attaques depuis 2008, et notamment en 2019 : en juillet, contre un hĂŽtel de Kismaayo[35], puis sur la route dâaccĂšs Ă lâaĂ©roport de Mogadiscio et quelques jours plus tard contre la mairie de Mogadiscio[36], contre un hĂŽtel de hĂŽtel Ă Mogadiscio le 10 dĂ©cembre 2019[37] puis le 28 dĂ©cembre sur un poste de contrĂŽle Ă l'entrĂ©e de Mogadiscio (cette derniĂšre attaque faisant 81 morts)[38].
Outre le terrorisme, les Somaliens sont victimes de la violence dâĂtat de certains pays de la rĂ©gion. Ainsi, 42 rĂ©fugiĂ©s sont tuĂ©s en mars 2017 dans une attaque aĂ©rienne saoudienne sur la mer Rouge[39].
Les Nations unies estiment que 1,7 million de personnes manquent de nourriture à cause de la sécheresse en , et que leur nombre va augmenter d'un demi-million d'ici à juillet. Plusieurs dizaines de milliers de personnes sont contraintes d'abandonner leur foyer pour tenter de trouver de la nourriture, venant ainsi s'ajouter aux 2,6 millions de personnes déjà déplacées dans le pays du fait de la sécheresse et de la guerre[40].
Le pays se mobilise également début 2020 contre une invasion de criquets pÚlerins qui touche la Corne d'Afrique et plusieurs régions d'Afrique de l'Est[41].
Notes et références
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- Le développement rapide d'institutions privées remplaçant les institutions gouvernementales a fait l'objet d'une étude de Tatiana Nenova et Tim Harford pour la Banque Mondiale.
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- Résolution 1725 du Conseil de sécurité de l'ONU, 6 décembre 2006
- Somali Americans Recruited by Extremists, Washington Post, publié le 11 mars 2009; Page A01
- Un attentat-suicide fait 14 morts Ă Mogadiscio, Journal du dimanche, 24 janvier 2009
- « Sécheresse en Somalie : « la famine frappe à la porte », alerte un responsable des Nations unies » , sur Le Monde,
- (en) "Somalia's president quits office", BBC, 29 décembre 2008
- "Un islamiste modéré, Sharif Cheikh Ahmed, élu président", France 24, 31 janvier 2009
- "Un islamiste modéré, Sharif Cheikh Ahmed, élu président", France 24, 31 janvier 2009
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- « Turkey opens military base in Mogadishu to train Somali soldiers », sur www.reuters.com, Reuters, 30 septembre 2017.
- (fr) EXCLUSIF. Somalie : le raid pour libérer Denis Allex a été conduit depuis le Mistral, Le Point, 13 janvier 2013
- « Somalie : au moins 26 morts aprĂšs une attaque des Chabab contre un hĂŽtel de Kismaayo », Le Monde,â (lire en ligne).
- « En Somalie, six morts dans un attentat contre la mairie de Mogadiscio », Le Monde,â (lire en ligne).
- « Somalie : plusieurs morts dans lâattaque dâun hĂŽtel Ă Mogadiscio », Le Monde,â (lire en ligne).
- « En Somalie, un nouveau carnage aux portes de la capitale revendiquĂ© par les Chabab », Le Monde,â (lire en ligne).
- (en) « Saudi-led coalition blamed for deaths off Yemen coast », Al Jazeera,â (lire en ligne)
- « Somalie: des millions de personnes manquent de nourriture Ă cause de la sĂ©cheresse », Le Figaro,â (lire en ligne)
- « En Somalie, lâinvasion des criquets pĂšlerins dĂ©clarĂ©e « urgence nationale » », Le Monde,â .
Annexes
Articles connexes
- Corne de l'Afrique, Afrique de l'Est
- Mythes et légendes : Pays de Pount, Macrobies
- Ports antiques en Mer Rouge
- Navigateurs et gĂ©ographes anciens : Le PĂ©riple de la mer ĂrythrĂ©e
- Population : Liste de clans somalis
- Religion : Islam en Somalie
- Histoire : Expansion de l'Empire ottoman, Histoire d'Oman, Histoire de la Tanzanie, Histoire de l'Ăthiopie
- Esclavage : Traite arabo-musulmane, Esclavage dans l'Empire ottoman, RĂ©bellion des Zanj
- Commerce : Commerce interrégional par caravanes en Afrique de l'Est, Liste des ports antiques
- Raids ottomans sur la cĂŽte swahilie (1585-1589)
- Zheng He (1371-1433)
- Sultanats : Ifat, Adal, Awsa, Ajuran, Warsangali, Hobyo, Geledi, Majeerteen
- Derviches (Dhulbahante)
- Afrique orientale italienne, Somalie italienne, Jubaland
- Somalie britannique, ConquĂȘte italienne du Somaliland britannique, Campagne d'Afrique de l'Est (Seconde Guerre mondiale)
- Hizbul Islam
- Dans le roman Aurore noire de Gérard de Villiers, l'auteur évoque la situation du pays en 2005, livré aux Seigneurs de guerre et aux bandes de pillards.
- (en) Sites archéologiques en Somalie
- Sada Mire (1976-), archéologue suédoise-somalilandaise
- Architecture somali (en)
- Histoire maritime de la Somalie
- (en) Histoire militaire de Somalie
- (en) Titres aristocratiques somalis
- (en) Architecture somalie
Bibliographie
- (en) Lee V. Cassanelli, The shapping of Somali Society. Reconstructing the history of a pastoral people, 1600-1900, Philadelphia, University of Pennsylvania Press, 1982, 312 p.
- (fr) Jean Doresse, Histoire sommaire de la corne orientale de l'Afrique, P. Geuthner, Paris, 1983, XV-389 p. (ISBN 2-7053-0186-0)
- (en) Ioan M. Lewis, Understanding Somalia and Somaliland : culture, history, society, Hurst & Company, Londres, 2008, X-139 p. (ISBN 978-1-85065-898-6)
- (en) Mohamed Haji Mukhtar, Historical dictionary of Somalia, Scarecrow Press, Lanham, Md., 2003 (nouvelle éd. révisée), XLV-353 p. (ISBN 0-8108-4344-7)