Hippocampus zosterae
Hippocampus zosterae est une espĂšce de poissons d'marins de la famille des Syngnathidae. C'est le plus petit des hippocampes, couramment appelĂ© lâHippocampe nain.
Répartition géographique
Statut CITES
Description et caractéristiques
Hippocampus zosterae est lâune des plus petites des nombreuses espĂšces dâhippocampes, avec une longueur moyenne de 2 Ă 2,5 cm et pouvant atteindre jusquâĂ 5 cm maximum[2]. Il vit gĂ©nĂ©ralement pendant une annĂ©e, trĂšs rarement deux[3].
Hippocampus zosterae est souvent blanc mais peut Ă©galement ĂȘtre beige, brun, jaune, noir ou encore vert, ce poisson ayant la capacitĂ© de changer de couleur. Il peut Ă©galement prĂ©senter des taches de couleurs blanches ou sombres. Sa teinte se confond gĂ©nĂ©ralement avec la gorgone sur laquelle il s'accroche[2]Il a Ă©tĂ© observĂ© quâil change de couleur pour diverses raisons : pour se camoufler, dans des situations de compĂ©tition ou dâagression, pendant des pĂ©riodes de maladie, durant la parade nuptiale et lâaccouplement[2]. Hippocampus zosterae a souvent des petites excroissances cutanĂ©es appelĂ©es cirres qui ressemblent Ă des algues.
On peut le distinguer des autres espĂšces dâhippocampes de lâAtlantique tels que Hippocampus reidi et Hippocampus erectus par le nombre de rayons de nageoire. Il possĂšde 10 Ă 13 rayons dans ses nageoires dorsales et pectorales ainsi que 9 Ă 10 anneaux de tronc. Les adultes sont Ă©galement de plus petite taille que les deux autres espĂšces dâhippocampes citĂ©es[2] - [3]. Son museau est court, et cette espĂšce a une couronne haute et cylindrique.
Selon le Livre Guinness des records, câest le poisson qui se dĂ©place le plus lentement, avec une vitesse maximale dâenviron 1,5 m par heure.
Distribution et habitat
Hippocampus zosterae habite les eaux cĂŽtiĂšres de lâOcĂ©an Atlantique occidental, plus prĂ©cisĂ©ment dans le golfe du Mexique, aux Bahamas, aux Bermudes, dans les keys de Floride, sur la cĂŽte Est de la Floride, la baie de Tampa, Ă Pensacola et au Texas[3] - [4] - [5].
Il vit presque exclusivement dans des microhabitats dâherbiers marins en eau peu profonde, particuliĂšrement en association avec les zostĂšres, dâoĂč son nom. On le retrouve plus souvent dans les pĂ©riodes de forte salinitĂ© entre les racines des mangroves, les rĂ©cifs coralliens et la vĂ©gĂ©tation flottante[2] - [3].
Les individus vivent gĂ©nĂ©ralement par couple, voire seuls. Les mĂąles occupent de petits territoires (dâenviron un mĂštre carrĂ©), et sont plutĂŽt sĂ©dentaires. Les femelles, quant Ă elles, se dĂ©placent plus largement, sur une aire de rĂ©partition environ cent fois plus Ă©tendue que les mĂąles. Toutefois, lors de la saison de reproduction, elles retournent fidĂšlement sur le territoire de leur partenaire[2].
Alimentation
Ce petit hippocampe se nourrit de proies vivantes, principalement de petits crustacĂ©s comme des amphipodes, des crevettes, dâautres petits invertĂ©brĂ©s et des alevins. Les hippocampes sont des chasseurs opportunistes, câest-Ă -dire quâils attendent camouflĂ©s quâune proie de taille appropriĂ©e soit Ă leur portĂ©e avant dâen faire leur repas. Pour cela, ils sâĂ©tirent vers la proie et lâaspirent Ă travers leur museau, Ă©tant donnĂ© quâils nâont pas de dents. Dans le systĂšme digestif, tous les nutriments ne sont souvent pas absorbĂ©s, câest pour cette raison que les hippocampes ont besoin de beaucoup de nourriture pour survivre. En captivitĂ©, ils peuvent consommer jusquâĂ 3 000 artĂ©mies par jour[2].
Reproduction
Bien que, comme toutes les espĂšces dâhippocampes, ce soit le mĂąle qui effectue la gestation, ce sont tout de mĂȘme ceux-ci qui se disputent les femelles. Afin dâattirer lâattention dâune potentielle partenaire, les mĂąles battent de la queue et se claquent la tĂȘte lâun vers lâautre en Ă©mettant des cliquetis. Chaque matin, lâhippocampe nain effectue une danse Ă©loquente Ă sa partenaire et ce jusquâĂ l'accouplement. Les femelles, quant Ă elles, ont un comportement de parade nuptiale en entrant dans le territoire des mĂąles, qui se dĂ©roule en quatre phases. Une fois la femelle arrivĂ©e dans le territoire du mĂąle, la premiĂšre phase de la parade nuptiale peut dĂ©buter. Les deux individus sâattachent Ă une mĂȘme prise, changent de couleur et tremblent Ă tour de rĂŽle. Cette phase dure une Ă deux matinĂ©es, avant la copulation, alors que les phases qui suivent se produisent le jour de lâaccouplement. Durant la deuxiĂšme phase, la femelle affiche une posture de pointage avec la tĂȘte pointĂ©e vers le haut, le mĂąle quant Ă lui, affiche un comportement de frĂ©missement et de pompage en rĂ©ponse au pointage de la femelle. Pour la troisiĂšme phase, le mĂąle adopte, cette fois, la posture de pointage. Enfin, durant la derniĂšre Ă©tape de la parade nuptiale, les deux montent Ă plusieurs reprises dans la colonne dâeau. Le mĂąle va alors pomper sa queue vers son corps et le couple va entrelacer ses queues ensemble. La femelle va finalement insĂ©rer son ovipositeur et transfĂ©rer les Ćufs dans la poche Ă couvain du mĂąle lors de la montĂ©e finale dans la colonne dâeau. Les Ćufs Ă©tant dĂ©posĂ©s, le mĂąle va se balancer dâavant en arriĂšre, afin dâentreposer les Ćufs dans sa poche[2] - [6].
Les mĂąles portent les jeunes, entre 3 et 55 juvĂ©niles, dans la poche Ă couvain durant environ 10 jours. Le diamĂštre dâun Ćuf dâhippocampe nain fait environ 1,3 mm et, Ă la naissance, les jeunes mesurent entre 7 et 9 mm de long[2].
MalgrĂ© le fait que les femelles aient la capacitĂ© de sâaccoupler avec dâautres mĂąles, lâhippocampe nain est monogame durant une saison de reproduction voire parfois mĂȘme plus, ce qui est un comportement assez unique comparĂ© aux autres espĂšces de poissons[7]. Chaque matin aprĂšs avoir dĂ©posĂ© ses Ćufs dans la poche de son partenaire, la femelle retourne sur le territoire de celui-ci en guise de salutation. Lors de la salutation, les deux ĂȘtres changent de couleur et dansent ensemble, et cela durant environ 6 minutes. Les hippocampes nains adultes sont dits itĂ©ropares, ceux-ci produisent deux couvĂ©es par mois[2] - [3].
AprĂšs que les jeunes bĂ©bĂ©s hippocampes nains aient Ă©tĂ© libĂ©rĂ©s de la poche Ă couvain, les parents sâaccouplent Ă nouveau dans les 4 Ă 20 heures qui suivent, et ce tout au long de la saison de reproduction. GĂ©nĂ©ralement, la pĂ©riode de reproduction va de la mi-fĂ©vrier Ă la fin octobre, et est influencĂ©e par la durĂ©e du jour et la tempĂ©rature de lâeau[2] - [8].
DĂ©veloppement
Chaque larve dâhippocampe prĂ©sente dans la poche Ă couvain possĂšde sa propre poche tissulaire entourĂ©e de vaisseaux sanguins. La poche Ă couvain est lâĂ©quivalent du placenta chez les humains. Elle permet Ă la larve dâobtenir ce dont elle a besoin : protection, oxygĂšne, nourriture ou encore lâĂ©limination des dĂ©chets. Dans cette poche Ă couvain ce sont dâabord les rayons de la nageoire dorsale qui se dĂ©veloppent, suivi des nageoires anales. Vient ensuite le dĂ©veloppement de lâappareil buccal, mais celui-ci nâest entiĂšrement fonctionnel que lorsque les juvĂ©niles quittent la poche Ă couvain. Lorsquâun hippocampe nait, en comparaison avec ses parents, il possĂšde une queue arrondie (les adultes ont une queue tĂ©traĂ©drique), un museau plus large et plus court, une nageoire dorsale plus proche de la queue et une nageoire pectorale plus proche de lâarriĂšre de sa tĂȘte. Ă noter que la saison et la tempĂ©rature de lâeau peuvent influencer le sex-ratio des progĂ©nitures[2] - [9].
Une fois les bĂ©bĂ©s libĂ©rĂ©s de cette poche, ils ne reçoivent plus de soins des parents, Ă©tant capables de nager et manger sans leur aide. Toutefois, la survie nâest pas garantie car ils ont une faible capacitĂ© Ă nager et encourent des grands risques de prĂ©dation[2].
La croissance de cette espĂšce dâhippocampe est rapide, particuliĂšrement en saison estivale. En effet, il atteint sa maturitĂ© en 3 Ă 4 mois aussi bien pour le mĂąle que pour la femelle. La maturitĂ© sexuelle du mĂąle peut ĂȘtre dĂ©terminĂ©e par la prĂ©sence de sa poche Ă couvain[2].
Prédateurs et parasites
Les prĂ©dateurs de lâhippocampe nain sont les thons, les dorades, les raies, les manchots, les oiseaux aquatiques et les crabes. Les adultes ont la capacitĂ© de se camoufler, ce qui les rend plus difficiles Ă attraper. Toutefois, les prĂ©dateurs les plus importants de lâhippocampe nain sont les humains.
Son rĂŽle dans lâĂ©cosystĂšme marin est donc primordial, Ă©tant donnĂ© quâil fournit une source de nourriture pour ses prĂ©dateurs, mais Ă©galement pour sa consommation des petits crustacĂ©s, ce qui permet de maintenir lâĂ©quilibre de ces populations[2].
En captivité
Lâhippocampe nain nâatteint gĂ©nĂ©ralement pas plus de 51 mm de long et nâest pas un nourrisseur agressif. On le place dans des aquariums de petite taille (en dessous de 60 litres)[5]. Il se nourrit de nauplii, de crevettes en saumure, dâamphipodes, des copĂ©podes et dâautres larves de crevettes[10]. Son systĂšme digestif est court, il est donc nĂ©cessaire de le nourrir Ă longueur de journĂ©e, ce qui le rend difficile Ă garder. Il est Ă©galement sensible aux maladies. Il se reproduit plutĂŽt facilement en aquarium, possĂ©dant une pĂ©riode de gestation de 10 Ă 14 jours. Il peut vivre jusquâĂ plus de 2 ans.
Pour la tempĂ©rature de lâaquarium, cela varie entre 23 et 28 °C. Le pH de lâaquarium se situe la plupart du temps entre 8 et 8,5[5].
Les hippocampes nains adultes ne mangent pas leurs petits, mais il est courant dâĂ©lever les petits dans un autre aquarium. Il faut siphonner rĂ©guliĂšrement lâaquarium (une Ă deux fois par jour).
Le taux de survie de Hippocampus zosterae Ă lâĂąge adulte est plutĂŽt bon, la survie de 20 % est courante[3].
IntĂ©rĂȘt pour les humains
Durant les années 60, les sociétés de ventes par correspondance vendaient les hippocampes nains comme « animaux de compagnies parfaits », similaires aux poissons rouges, ce qui rendait cette espÚce trÚs populaire[3].
De nos jours, lâhippocampe nain est toujours trĂšs populaire dans le commerce des aquariums, dĂ» Ă sa petite taille. Des dizaines de milliers dâhippocampes nains sont destinĂ©s au commerce pour les aquariums. Certaines pĂȘcheries se sont installĂ©es au bord de mer en Floride et ont pour activitĂ© principale la capture des hippocampes nains.
La mĂ©decine traditionnelle chinoise est le plus gros consommateur dâhippocampes, avec une estimation de 20 millions dâhippocampes utilisĂ©s par an. Ceux-ci pensent que ces animaux abaissent le cholestĂ©rol et prĂ©viennent de lâathĂ©rosclĂ©rose[2].
Les humains considĂšrent les hippocampes comme prĂ©cieux depuis des dĂ©cennies, en se basant sur des mythes magiques, ou encore parce que les mĂąles incubent les Ćufs et donnent naissance Ă leurs petits. Du fait de son systĂšme de reproduction unique ou encore dĂ» au fait que, contrairement Ă la grande majoritĂ© des poissons, les hippocampes sont monogames, les hippocampes sont importants dans la recherche.
Statut de conservation
Avant 1970, lâespĂšce Ă©tait considĂ©rĂ©e comme commune mais, depuis, le nombre dâindividus a diminuĂ© et ce sĂ»rement dĂ» Ă la fragmentation de son habitat (les herbiers marins), mais aussi Ă cause de la pollution, des dĂ©versements dâhydrocarbures et Ă lâacidification des ocĂ©ans[3] - [11].
Sur la liste rouge de lâUICN, Hippocampus zosterae a Ă©tĂ© classĂ© comme vulnĂ©rable (VU) en 2000[2] - [3]. Il est maintenant classĂ© comme Least-concern (LC) depuis 2016, car les populations sont restĂ©es stables dans leur aire de rĂ©partition au cours des dix derniĂšres annĂ©es[8] - [12].
Il est Ă©galement sous protection CITES au niveau II comme l'ensemble des espĂšces du genre Hippocampus[13].
Liens externes
- (en) Référence Animal Diversity Web : Hippocampus zosterae (consulté le )
- (en) Référence Catalogue of Life : Hippocampus zosterae Jordan & Gilbert, 1882 (consulté le )
- (fr+en) RĂ©fĂ©rence CITES : espĂšce Hippocampus zosterae Jordan & Gilbert, 1882 (+ rĂ©partition) (sur le site de lâUNEP-WCMC) (consultĂ© le )
- (fr) RĂ©fĂ©rence CITES : taxon Hippocampus zosterae (sur le site du ministĂšre français de l'Ăcologie) (consultĂ© le )
- (fr+en) Référence ITIS : Hippocampus zosterae Jordan & Gilbert, 1882 (consulté le )
- (en) Référence NCBI : Hippocampus zosterae (taxons inclus) (consulté le )
- (en) Référence uBio : site déclaré ici indisponible le 7 avril 2023
- (en) Référence UICN : espÚce Hippocampus zosterae D.S. Jordan & C.H. Gilbert, 1882 (consulté le )
- (en) Référence World Register of Marine Species : espÚce Hippocampus zosterae Jordan & Gilbert, 1882 (consulté le )
Notes et références
- World Register of Marine Species, consulté le 1 février 2022
- (en) Brittany Irey, « Hippocampus zosterae (little seahorse) », sur Animal Diversity Web (consulté le )
- (en) Heather Koldewey, Syngnathid Husbandry in Public Aquariums, Zoological Society of London, , 137 p. (lire en ligne), p88-90
- (en) Emily Rose, Mackenzie Simmonds, Alana L. HayashidaâBoyles et Heather D. Masonjones, « Seasonal and spatial variation in the reproductive biology of the dwarf seahorse Hippocampus zosterae », Journal of Fish Biology, vol. 95, no 2,â , p. 357â366 (ISSN 1095-8649, DOI 10.1111/jfb.13975, lire en ligne, consultĂ© le )
- « Hippocampus zosterae », sur AquaPortail (consulté le )
- Heather D. Masonjones et Sara M. Lewis, « Courtship Behavior in the Dwarf Seahorse, Hippocampus zosterae », Copeia, vol. 1996, no 3,â , p. 634â640 (ISSN 0045-8511, DOI 10.2307/1447527, lire en ligne, consultĂ© le )
- (en) Emiliy Rose, Clayton M. Small, Hector A. Saucedo, Cristin Harper et Adam G. Jones, « Genetic Evidence for Monogamy in the Dwarf Seahorse, Hippocampus zosterae », Journal of Heredity, vol.105,n°6,â , p.922-927 (lire en ligne)
- (en) Nathan Fedrizzi, Melanie L. J. Stiassny, J. T. Boehm et Eric R. Dougherty, « Population Genetic Structure of the Dwarf Seahorse (Hippocampus zosterae) in Florida », PLOS ONE, vol. 10, no 7,â , e0132308 (ISSN 1932-6203, PMID 26200110, PMCID PMC4511636, DOI 10.1371/journal.pone.0132308, lire en ligne, consultĂ© le )
- Kirk Strawn, « Life History of the Pigmy Seahorse, Hippocampus zosterae Jordan and Gilbert, at Cedar Key, Florida », Copeia, vol. 1958, no 1,â , p. 16â22 (ISSN 0045-8511, DOI 10.2307/1439534, lire en ligne, consultĂ© le )
- « hippocampus zosterae - hippocampes nains », sur ecuriemarine.fr (consulté le )
- « Natural history », sur www.biologicaldiversity.org (consulté le ).
- Riley Pollom (Project Seahorse) et Heather Masonjones (Université de Tampa), « IUCN Red List of Threatened Species: Hippocampus zosterae », sur IUCN Red List of Threatened Species, (consulté le ).
- « - CITES », sur cites.application.developpement-durable.gouv.fr (consulté le ).