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Copepoda

Les copépodes sont un groupe de petits crustacés, libres et parasites (externe ou interne d'organismes variés), vivant dans l'eau de mer et dans presque tous les habitats d'eau douce (lacs, marais, rivières, eaux souterraines). En mer, ils forment la base du plancton et la nourriture des poissons. D'autres espèces sont benthiques, ou encore parasites.

Copepoda
Description de cette image, également commentée ci-après
Copépodes

Sous-classe

Description de cette image, également commentée ci-après
Planche de Ernst Haeckel (Kunstformen der Natur, 1904). LĂ©gende :

1. Calanus pavo (Dana)
2. Clytemnestra scutellata (Dana)
3. Oncaea venusta (Philippi)
4. Cryptopontius thorelli (Giesbrecht)
5. Acontiophorus scutatus (Brady)
6. Corycaeus cenustus (Dana)
7. Sapphirina darwinii (Haeckel)
8. Augaptilus filigerus (Giesbrecht)

L'ordre des Calanoida domine dans le plancton marin, avec des genres tels que Copilia, Oncea, Porcellidium. On dénombre dans certaines mers plusieurs dizaines de milliers d'individus de Calanus finmarchicus par mètre carré de surface ; cette espèce domine le plancton de l'Atlantique Nord. En eau douce, c'est l'ordre des Cyclopoidas qui abonde. Quelques espèces sont adaptées aux eaux saumâtres.

Certains copépodes sont les espèces hôtes naturelles du vibrion du choléra (Vibrio cholerae) et donc vectrices du choléra, ce qui explique un lien entre changement climatique, épisodes climatiques chauds et épidémies de choléra[1], et le fait que divers facteurs environnementaux puissent agir écoépidémiologiquement sur le choléra dont les vibrions peuvent proliférer sur la surface d'algues où se nourrissent les copépodes, et in fine sur les cuticules de crustacés, copépodes notamment quand il y a pullulation d'algues vertes filamenteuses (également en contact avec des insectes à marée basse)[2]. Les changements environnementaux source de blooms planctoniques et proliférations bactériennes sont identifiés depuis quelques années et on a montré en 2007 que les vibrions pouvaient survivre dans des biofilms tridimensionnels dans l'environnement marin entre deux épidémies ou pullulations[2].

Caractéristiques générales

Les copĂ©podes ont une taille gĂ©nĂ©ralement comprise entre 1 et 2 mm. Ils n'ont ni branchies ni carapace, et ne prĂ©sentent qu'un seul Ĺ“il, mĂ©dian, appelĂ© Ĺ“il nauplien. Ils nagent par petits sauts, Ă  l'aide d'antennes natatoires. Les femelles sont reconnaissables Ă  leurs deux sacs ovigènes latĂ©raux. La larve sortant de l'Ĺ“uf est appelĂ©e nauplius.

Certaines espèces de copépodes sont parasites de cnidaires, mollusques, crustacés, ascidies, poissons (pou du poisson), cétacés. La morphologie des espèces parasites est très différente de celle des espèces libres. Là où ils sont nombreux, ils peuvent constituer jusqu'à 60 % de la biomasse du zooplancton océanique[3].

Aspects morphologiques[3]

  • Dimorphisme sexuel : la femelle est reconnaissable aux sacs ovigènes. L'asymĂ©trie de la 5e paire de pattes chez de nombreuses espèces caractĂ©rise le mâle. Elle est parfois terminĂ©e par un crochet ou une pince chez les espèces qui l'utilisent pour s'accrocher Ă  la femelle ou dĂ©poser leur spermatophore. L'abdomen Ă©galement dit urosome est composĂ© de 5 anneaux cylindriques chez le mâle ; mais seulement 4 chez la femelle (fusion des deux premiers segments) ; ce premier segment porte ventralement l'orifice gĂ©nital.

Avec quelques exceptions pour les espèces parasites, leurs caractéristiques sont les suivantes :

  • Corps en deux parties (rĂ©gion antĂ©rieure ovoĂŻde regroupant le cĂ©phalosome et le thorax, rĂ©gion postĂ©rieure, courte et cylindrique, correspondant Ă  l'abdomen terminĂ©e par un organe en forme de furca ;
  • CĂ©phalosome constituĂ© par la fusion des 5 segments cĂ©phaliques avec le 1er (et parfois le 2e) segment thoracique, (c'est l'origine des maxillipèdes associĂ©s aux pièces buccales).
  • Ĺ’il unique nauplien (qui a fait qu'on les a autrefois appelĂ©s « monocles ») ;
  • Antennules (A1) ; ces fausses antennes sont longues et dures. Elles portent de nombreuses soies sensorielles et semblent servir de balanciers lors de la nage ;
    chez certaines espèces, le mâle possède une ou deux antennules géniculées qui l'aident à s'accoupler ;
  • Antennes (A2) plus courtes et biramĂ©es ;
  • Pièces buccales constituĂ©es de mandibules biramĂ©es avec Ă  leur base une expansion chitineuse denticulĂ©e et durcie sur leur couronne par de la silice. Chez certaines espèces les maxilles et maxillipèdes sont ornĂ©s de grandes soies filtrantes, collectant le nanoplancton et le rapportant Ă  la bouche ;
  • Thorax en 5 segments libres, chacun garni d'une paire de pattes natatoires biramĂ©es garnies de soies. La copula est une petite pièce chitineuse transversale soudant les deux appendices de chaque paire de pattes, permettant un battement natatoire synchrone ;
  • Abdomen composĂ© de 4 ou 5 segments avec sur l'Ă©lĂ©ment terminal l'anus (dorsal) au-dessus de deux rames caudales articulĂ©es et garnies de soies (furca)[3]. Chez la plupart des espèces, l'abdomen ne porte plus aucun appendice (famille Calanoida, par exemple). Mais les familles Cyclopoida ou Harpacticoida (en) ont conservĂ© des pattes sur le 5e segment thoracique[3].

Importance Ă©cologique

Les copépodes planctoniques jouent un rôle important dans les réseaux trophiques marins et le cycle du carbone. Ils régulent les populations de protistes et d'algues unicellulaires. Ils contribuent au micromélange des couches d'eau par le battement incessant de leurs appendices natatoires.

Étymologie

Milne Edwards a nommé les copépodes (du grec ancien κώπη, kỗpê, «rame», et πούς, pous {au génitif ποδός, podos}, «pied») en 1830 en raison de la pièce squelettique dite copula qui relie la base des deux éléments de chaque paire des pattes thoraciques natatoires. C'est elle qui permet le battement synchrone de ces pattes [3].

Classification classique

Augaptilus filigerus (Calanoida)

Parmi environ 10 000 espèces connues, on distingue selon World Register of Marine Species (7 mars 2017)[4] :

  • sous-classe Copepoda


Parasitisme et interactions durables

Cycle complet[5] d'un copépode Pennellidae, Peniculus minuticaudae (en), parasite de Stephanolepis cirrhifer.

De nombreux copépodes sont parasites d'espèces appartenant à presque tous les groupes animaux marins (des petits spongiaires aux plus grands cétacés). Parfois leur cycle parasitaire passe par plusieurs hôtes, par exemple chez les Pennellidae (en). Les modes parasitaires sont :

  • le commensalisme, le copĂ©pode se nourrit des dĂ©bris alimentaires de l'hĂ´te (quelques-uns se trouvent sur des Ă©chinodermes ; d'autres vivent dans les cavitĂ©s branchiales du siphon buccal des ascidies ; d'autres s'accrochent au panache pseudo-branchial d'annĂ©lides polychètes) ;
  • un parasitisme protĂ©lien : le nauplie est parasite, mais l'adulte non (ex : famille des Monstrillidae) [3] ;
  • l’ectoparasitisme (parasitisme externe) : le copĂ©pode se fixe sur le tĂ©gument de l'hĂ´te, par des crochets et/ou ventouses et pompe le sang, la lymphe ou les liquides physiologiques au moyen d'une trompe suceuse ou piqueuse ; c'est le cas des familles des Caligidae et Cecropidae ; parfois le copĂ©pode vit dans la cavitĂ© branchiale de poissons (Clavella, Chondracanthus, Hatschekia), voire dans le tube digestif d'un coquillage (Mytilicola)[3] ;
  • le parasitisme semi-externe : la tĂŞte s'enfonce dans les tissus de l'hĂ´te, ne laissant apparaĂ®tre que l'arrière du corps ; c'est le cas des Sphyrions dont le corps peut ĂŞtre effilĂ© comme un harpon (adaptation supposĂ©e lui permettre de rĂ©sister aux courants, comme chez Lernaeenicus, parfois la partie Ă©mergente du corps est recroquevillĂ©e comme chez les Lernaea qui parasitent la cavitĂ© branchiale de poissons[3];
  • l’endoparasitisme : le copĂ©pode vit alors fixĂ© dans un organe creux, voire dans un organe plein de l'hĂ´te ; ces parasites peuvent avoir perdu certains de leurs organes devenus inutiles ; certains sont devenus hermaphrodites comme Xenocoeloma, qui est un endoparasite d'annĂ©lides polychètes du genre Polycirrus[3].
  • Lernaeenicus sprattae (en) parasitant un sprat (Sprattus sprattus).
    Lernaeenicus sprattae (en) parasitant un sprat (Sprattus sprattus).
  • Adulte de Lernaeolophus sultanus (Pennellidae), parasite du poisson Pristipomoides filamentosus. Échelle : 1 mm par barre.
    Adulte de Lernaeolophus sultanus (Pennellidae), parasite du poisson Pristipomoides filamentosus.
    Échelle : mm par barre[6].
  • Peniculus hokutae (en).
    Peniculus hokutae (en).

Voir aussi

Articles connexes

Références taxonomiques

Liens externes

Notes et références

  1. Constantin de Magny G, Colwell RR. Cholera and climate: a demonstrated relationship. ; Center of Bioinformatics and Computational Biology, University of Maryland Institute for Advanced Computer Studies, Biomolecular Sciences Building Trans Am Clin Climatol Assoc. 2009;120:119-28. (Résumé, illustrations)
  2. Sedas VT., Influence of environmental factors on the presence of Vibrio cholerae in the marine environment : a climate link. J Infect Dev Ctries. 2007 Dec 1; 1(3):224-41. Epub 2007 Dec 1.
  3. Page de l'université de Jussieu sur les copépodes
  4. World Register of Marine Species, consulté le 7 mars 2017
  5. (en) Ismail, N., Ohtsuka, S., Venmathi Maran, B. A., Tasumi, S., Zaleha, K. & Yamashita, H. 2013: Complete life cycle of a pennellid Peniculus minuticaudae Shiino, 1956 (Copepoda: Siphonostomatoida) infecting cultured threadsail filefish, Stephanolepis cirrhifer. Parasite, 20, 42. DOI 10.1051/parasite/2013041
  6. JL. Justine, I. Beveridge, GA. Boxshall, RA. Bray, TL. Miller, F. Moravec, JP. Trilles et ID. Whittington, « An annotated list of fish parasites (Isopoda, Copepoda, Monogenea, Digenea, Cestoda, Nematoda) collected from Snappers and Bream (Lutjanidae, Nemipteridae, Caesionidae) in New Caledonia confirms high parasite biodiversity on coral reef fish. », Aquat Biosyst, vol. 8, no 1,‎ , p. 22 (PMID 22947621, PMCID 3507714, DOI 10.1186/2046-9063-8-22)
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