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Ascidiacea

Les Ascidies (Ascidiacea) sont une classe d'animaux marins du sous-embranchement des tuniciers (Tunicata ou anciennement Urochordata).

Ascidiacea
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Plusieurs espĂšces d'ascidies au parc national de Komodo, Atriolum robustum en vert, Polycarpa aurata en violet et jaune et Rhopalaea spp. en bleu.

Classe

Ascidiacea
Blainville, 1824
Ascidies vues par Ernst Haeckel.

Les ascidies sont considĂ©rĂ©es comme un groupe Ă©volutif Ă  l'orĂ©e du groupe des vertĂ©brĂ©s. Elles se divisent en 2 groupes morphologiques diffĂ©rents : les ascidies dites « solitaires » et les ascidies coloniales. Le corps, le plus souvent en forme d'outre (leur nom vient du grec ጀσÎșός (askĂłs), qui dĂ©signe une outre) est recouvert d'une tunique cellulosique.

Des découvertes récentes suggÚrent que les ascidies seraient un groupe paraphylétique.

Étymologie

Du grec ancien ጀσÎșός, askĂłs, « outre », « sac de peau » (ou « peau »).

Anatomie

Polycarpa aurata, une ascidie de la famille des Styelidae

À l’état adulte, les ascidies sont des animaux benthiques filtreurs, qui se nourrissent des particules nutritives prĂ©sentes dans un flux d’eau qui les traverse[1]. Ils ressemblent ainsi Ă  des sacs Ă  deux ouvertures :

  1. Le siphon buccal (ou inhalant) oĂč le courant d’eau entre, entraĂźnĂ© par des battements de cils,
  2. Le siphon atrial (ou exhalant) oĂč l’eau est rejetĂ©e[1].

Ce flux permet aussi les Ă©changes gazeux.

Une tunique gĂ©latineuse ou cartilagineuse, composĂ©e de tunicine, une forme de cellulose (fait rare dans le rĂšgne animal pour cette molĂ©cule caractĂ©ristique des vĂ©gĂ©taux[2]), et de matiĂšre organique, recouvre le corps. L’intĂ©rieur de l’ascidie est appelĂ© la chambre pĂ©ripharyngienne. Le pharynx est pourvu de nombreuses fentes branchiales.

Le tube neural qui est prĂ©sent chez la larve, disparaĂźt lors de la mĂ©tamorphose en adulte. Le systĂšme nerveux de l’adulte se limite Ă  un ganglion cĂ©rĂ©bral. Il possĂšde huit ocelles autour du siphon buccal et des cils tapissent la paroi interne de son entrĂ©e. Ils provoquent la contraction et la fermeture de l'orifice lorsqu'ils sont activĂ©s. Un cƓur en forme de tube est l’organe propulseur de l’appareil circulatoire. Il envoie le sang dans des sinus creusĂ©s dans le tissu conjonctif. Le flux change de sens toutes les deux Ă  trois minutes. Le sang des ascidies est constituĂ© de plusieurs sortes de globules. Le systĂšme digestif est composĂ© d’un estomac et un intestin dĂ©bouchant par un rectum et un anus.

La larve ressemble Ă  un petit tĂȘtard de grenouille[3], composĂ© d'une grosse « tĂȘte » et d'une queue nageuse contenant un tube nerveux et une corde dorsale. La corde et le tube neural, caractĂ©ristiques des chordĂ©s, disparaissent quand l'animal se fixe sur son substrat[4].

Reproduction

Les ascidies sont hermaphrodites. Testicules et ovaires libĂšrent leurs gamĂštes dans la chambre pĂ©ripharyngienne oĂč a lieu l’incubation. La larve ressemble extĂ©rieurement Ă  un minuscule tĂȘtard. Elle nage peu de temps, se fixe Ă  un support et subit une profonde mĂ©tamorphose[3]. La reproduction asexuĂ©e et la rĂ©gĂ©nĂ©ration ont un rĂŽle important, surtout chez les formes coloniales.

Nutrition

Le pharynx ou sac branchial s'hypertrophie et assure la nutrition et la respiration de l'animal en filtrant l'eau : celle-ci entre dans le pharynx par le siphon oral, traverse sa paroi par de multiples fentes branchiales (ou « stigmates »), passe dans une deuxiĂšme cavitĂ© entourant le pharynx (l'atrium) pour ĂȘtre finalement expulsĂ©e par le siphon atrial. Les Ă©changes gazeux se font au passage de l'eau dans les stigmates, tandis que les particules nutritives (micro-organismes planctoniques, dĂ©bris divers) sont interceptĂ©es par un filtre de mucus (sĂ©crĂ©tĂ© par la face ventrale interne de la cavitĂ© pharyngienne et tapissant la paroi interne du pharynx), et conduites vers l'Ɠsophage, l'estomac et le rectum. Le rectum s'ouvre Ă©galement dans l'atrium et les fĂšces sont expulsĂ©es avec le courant d'eau par le siphon atrial[1].

Quelque ascidies abyssales de la famille des Octacnemidae sont des prédateurs carnivores actifs : le siphon a évolué en grande bouche molle capable de se refermer sur le plancton ou d'autres matiÚres nutritives en suspension.

Megalodicopia sp., une ascidie abyssale carnivore.

Écologie, mode de vie

Halocynthia papillosa (Ascidie « solitaire », Croatie).
Ascidia mentula
« Violet » ou « figue de mer » (Microcosmus sabatieri) observée à l'étang de Thau.

Les ascidies ont peuplé tous les océans du monde, représentées par plus de 2 300 espÚces identifiées. Les espÚces fixées colonisent tous les milieux, depuis les rochers de bord de mer, les fonds littoraux jusqu'aux cordages dans les ports et sous les coques des bateaux. Des ascidies sont aussi trouvées à de grandes profondeurs (plus de 400 mÚtres).

Les ascidies vivent fixĂ©es sur un support : ce sont des animaux benthiques. La tunique permet d’adhĂ©rer au substrat.

Les ascidies peuvent ĂȘtre solitaires (comme la trĂšs commune Ciona intestinalis), sociales ou coloniales. Les ascidies sociales sont des individus complets reliĂ©s vasculairement par un stolon basal. Chez les coloniales, tous les individus sont enrobĂ©s dans une seule tunique et peuvent parfois partager des organes en commun, notamment le siphon exhalant[3]. La plupart des espĂšces est hermaphrodite, mais certaines peuvent se reproduire aussi par bourgeonnement[5].

L'ascidie des mangroves, Ecteinascidia turbinata, vit en colonies, fixée sur les racines-échasse des palétuviers rouges, le long des cÎtes américaines, antillaises, africaines et dans une moindre mesure en Méditerranée et en Mer Rouge.

À certaines saisons, de nombreuses ascidies peuvent subir une transformation : leurs organes dĂ©gĂ©nĂšrent et il ne persiste que des cellules mĂ©senchymateuses indiffĂ©renciĂ©es, qui pourront par la suite reformer de nouveaux individus.

Toute une biocénose peut vivre autour des ascidies. Des ForaminifÚres s'incrustent sur la tunique, des algues peuvent s'y fixer. Des Lamellibranches peuvent habiter au niveau des branchies. Des parasites et des symbiotes peuvent aussi exploiter divers organes de l'ascidie. Leur corps rigide est peu digeste pour les prédateurs, cependant elles comptent certains prédateurs spécialisés, notamment des nudibranches (par exemple chez les genres Goniodoris et Nembrotha)[3].

Gastronomie

Certaines ascidies sont comestibles, et consommées dans certains pays comme Microcosmus sabatieri appelée Figue de mer, Biju ou Violet en région méditerranéenne, ou l'espÚce Pyura chilensis sous le nom de « piure » dans le sud-ouest de l'Amérique latine.

En CorĂ©e, on consomme l'espĂšce Styela clava, appelĂ© mideodeok (믾더덕). De trĂšs petite taille (un centimĂštre), il est ajoutĂ© entier dans certaines recettes de soupe ; il faut alors pour extraire la chair croquer puis recracher la tunique.

Liste des ordres et familles

Selon le World Register of Marine Species (31 mars 2014)[6] :

Selon l’ITIS (31 mars 2014)[7] :



Voir aussi

Références taxinomiques

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. (en) A. Fiala-MĂ©dioni, « Filter-feeding ethology of benthic invertebrates (ascidians). IV. Pumping rate, filtration rate, filtration efficiency », Marine Biology, vol. 48, no 3,‎ , p. 243-249 (lire en ligne).
  2. Jun Inoue, Keisuke Nakashima et Noriyuki Satoh, « ORTHOSCOPE Analysis Reveals the Presence of the Cellulose Synthase Gene in All Tunicate Genomes but Not in Other Animal Genomes », Genes, vol. 10, no 4,‎ (ISSN 2073-4425, PMID 30974905, PMCID 6523144, DOI 10.3390/genes10040294, lire en ligne, consultĂ© le )
  3. (en) Rudman, W.B., « Ascidians (Sea squirts, Tunicates) », sur seaslugforum.net, Australian Museum, Sydney, .
  4. (en) FrĂ©dĂ©ric Delsuc, Henner Brinkmann, Daniel Chourrout et HervĂ© Philippe, « Tunicates and not cephalochordates are the closest living relatives of vertebrates », Nature, vol. 439,‎ , p. 965-968 (DOI 10.1038/nature04336, lire en ligne).
  5. (en) Ulrich KĂŒrn, Snjezana Rendulic, Stefano Tiozzo et Robert J. Lauzon, « Asexual propagation and regeneration in colonial ascidians », Biol. Bull., vol. 221, no 1,‎ , p. 43-61 (lire en ligne).
  6. World Register of Marine Species, consulté le 31 mars 2014
  7. Integrated Taxonomic Information System (ITIS), www.itis.gov, CC0 https://doi.org/10.5066/F7KH0KBK, consulté le 31 mars 2014
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