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Rhizophora mangle

Le palétuvier rouge ou mangle-chandelle (Rhizophora mangle) est un arbuste tropical sempervirent, du genre Rhizophora et de la famille des Rhizophoraceae, qui pousse dans l'estran et qui s'ancre dans la vase de la mangrove grùce à ses imposantes racines-échasses disposées en arceaux.

DĂ©nominations

Étymologie

Rhizophora vient du grec ÏÎŻÎ¶Î± / rhiza), racine, et φόρωΜ / foron, porter. Quant au suffixe spĂ©cifique mangle, son origine est complexe : elle serait un emprunt Ă  l'anglais mangrove Â« manglier Â», dont on rencontre diverses formes : mangrowe, mangrave, mangrove[1] - [2].

Une autre origine serait aussi le français « mangle Â» (Ă  partir du type mangue), -grove pouvant reprĂ©senter l'anglais grove Â« bocage Â».

Une origine malaise des mots « mangrove Â» et « mangle Â» a aussi Ă©tĂ© proposĂ©e[1] - [2].

Nom vernaculaires

Parmi les noms vernaculaires de la plante, citons : mangle colorado, mangle rojo, manglier chandelle, manglier noir, manglier ou palĂ©tuvier rouge[3].

Description

Racines-Ă©chasses

C'est un arbuste ou petit arbre (de 3 Ă  m aux Antilles) aux branches couvertes de cicatrices foliaires[4] et aux racines-Ă©chasses.

Ses Ă©paisses feuilles rĂ©sistantes aux embruns sont coriaces, elliptiques Ă  obovales, de 8-16 × 4-cm, Ă  base cunĂ©iforme.

La fleur comporte un calice jaune de 13 mm, Ă©pais et coriace, 4 pĂ©tales jaune pĂąle, lancĂ©olĂ©s, coriaces, Ă  marge cotonneuse et 8 Ă©tamines.

Les graines germent directement sur l'arbre et développent une radicule d'une trentaine de centimÚtres de long.

Lorsque le fruit et sa radicule se détachent, ils s'enfoncent comme une torpille dans la vase ou flottent sur l'eau et sont emportés au loin.

Écologie

Radicules

Ce mangle est largement réparti puisqu'on le trouve en Floride, au Mexique, en Amérique centrale, aux Antilles, en Amérique du Sud et en Afrique occidentale.

Il est trĂšs commun dans les Antilles françaises, oĂč sa taille est gĂ©nĂ©ralement rĂ©duite et oĂč il est mĂ©langĂ© avec des palĂ©tuviers noirs (Avicennia germinans et Avicennia schaueriana). Dans la mangrove « haute Â» vers la terre, il se mĂ©lange par exemple avec le palĂ©tuvier blanc (Laguncularia racemosa) et le palĂ©tuvier gris (Conocarpus erectus) (Imbert et al., 1990).

C'est une espĂšce pionniĂšre des mangroves.

Comme tous les palĂ©tuviers, il joue un rĂŽle important de nurserie et de fixation des littoraux vaseux ou vaso-sableux. En premiĂšre ligne lors des tempĂȘtes, il peut en souffrir durement, mais les mangroves qu'il constitue semblent augmenter la rĂ©silience des Ă©cosystĂšmes littoraux et leur rĂ©sistance face Ă  certains alĂ©as gĂ©oclimatiques (cyclones tropicaux[5], tsunami)

Adaptations

Le palĂ©tuvier rouge est une espĂšce vivant dans des environnements salins et il croĂźt en Ă©tant partiellement submergĂ© dans l’eau. Il fait donc partie des halophytes et des hydrophytes et possĂšdent plusieurs adaptations lui permettant de rĂ©sister Ă  ces milieux particuliers. Cependant, avec les changements climatiques qui entrainent l’élĂ©vation du niveau de la mer, le sel sera poussĂ© plus loin sur le sol lors des marĂ©es hautes, les mangroves doivent donc s’adapter Ă  l’augmentation de la salinitĂ© tout en rĂ©sistant aux cycles d’inondation qui sont de plus en plus prolongĂ©s.

Milieux submergés

R. mangle peut croitre dans des milieux engorgĂ©s d’eau oĂč la diffusion de l’oxygĂšne se fait beaucoup plus difficilement que dans un milieu gazeux. La principale raison pour laquelle les palĂ©tuviers rouges peuvent se procurer de l’oxygĂšne dans un milieu submergĂ© est le dĂ©veloppement d’aĂ©renchymes dans leurs racines. Ces aĂ©renchymes sont prĂ©sents chez la plupart des hydrophytes et consistent en un tissu contenant beaucoup d’espaces oĂč les gaz peuvent diffuser.  Le palĂ©tuvier rouge est notamment muni de racines Ă©chasses, qu’on peut Ă©galement appeler pneumatophores, qui se projettent au-dessus de l’eau afin de rĂ©cupĂ©rer l’oxygĂšne prĂ©sent dans l’air. Les lenticelles prĂ©sentes Ă  la surface de ces racines captent cet oxygĂšne, qui est ensuite transportĂ© jusqu’aux parties submergĂ©s de l’organisme.

Milieux salins

Des Ă©tudes dĂ©montrent plusieurs adaptations rĂ©alisĂ©es par les palĂ©tuviers rouges en Afrique pour contrer ces changements environnementaux. L’une des rĂ©ponses face au taux de salinitĂ© Ă©levĂ©e est d’augmenter la densitĂ© de leurs vaisseaux afin de faciliter le transport de l’eau dans les environnements hyper salins.

De plus, lorsque le palĂ©tuvier absorbe les nutriments, ces derniers sont souvent en compĂ©tition entre eux pour ĂȘtre assimilĂ©s. Sur une base molĂ©culaire, l’eau marine a une concentration 50 fois plus Ă©levĂ©e de Na+ que de K+. Cependant, le potassium est plus essentiel que le sodium chez la plupart des plantes, car c'est un macroĂ©lĂ©ment qui joue un trĂšs grand rĂŽle enzymatique. Les halophytes, comme le palĂ©tuvier rouge, ont donc dĂ©veloppĂ© des mĂ©canismes qui favorisent la sĂ©lection de K+ dans un environnement ayant un fort ratio Na+/K+. Dans certains cas, ces plantes peuvent mĂȘme utiliser le sodium pour  remplacer certains rĂŽles du potassium dans la cellule, particuliĂšrement dans les ajustements osmotiques. Une fois les nutriments absorbĂ©s, le palĂ©tuvier rouge arrive Ă  diminuer ses concentrations internes en ions. Il possĂšde entre autres des glandes Ă  sel et des vessies externes prĂ©sentes sur les feuilles qui sont utilisĂ©es pour excrĂ©ter certains ions afin de rĂ©guler la concentration d’ions dans les tissus.

Il pratique Ă©galement la translocation oĂč le sel sera accumulĂ© dans les feuilles matures. AprĂšs un certain temps, ces feuilles seront perdues volontairement afin de se dĂ©barrasser du sodium.

Le palĂ©tuvier rouge s’est donc grandement adaptĂ© aux environnements salins. Sous des conditions naturelles, R. Mangle peut croitre dans des rĂ©gions oĂč la salinitĂ© varie de 0 Ă  90 % et sa survie au-dessus de cet intervalle semble ĂȘtre associĂ©e avec certains changements physiologiques et structuraux expliquĂ©s ci-haut. R. mangle possĂšde une grande plasticitĂ© phĂ©notypique en rĂ©ponse Ă  la salinitĂ©. Cette espĂšce arrive mĂȘme Ă  maintenir une pression osmotique interne trĂšs nĂ©gative pour prĂ©venir l’acquisition du sel lors de l’entrĂ©e d’eau dans la cellule.

MalgrĂ© la grande efficacitĂ© de ces processus d’exclusion et de rĂ©gulation, certaines quantitĂ©s de sel entrent inĂ©vitablement dans la plante et peuvent influencer certains aspects de sa croissance et de son dĂ©veloppement. Par exemple, il a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© que la salinitĂ© pouvait affecter la productivitĂ© primaire, les ratios racine/pousse, la morphologie de la feuille, la grosseur du propagule et la structure de l’arbre.

Eau douce

On pensait le PalĂ©tuvier rouge infĂ©odĂ© aux cĂŽtes et Ă  la prĂ©sence d'eau salĂ©e, mais en 2021 on a dĂ©couvert une mangrove Ă  Rhizophora mangle dans la pĂ©ninsule du YucatĂĄn Ă  170 km de la cĂŽte, oĂč elle subsiste en eau douce depuis 125 000 ans. C'est un Ă©cosystĂšme relictuel qui s'est constituĂ© quand le climat Ă©tait plus chaud et la mer 6 Ă  9 m au-dessus du niveau actuel, et qui subsiste depuis la derniĂšre pĂ©riode interglaciaire[6].

Utilisations

Les palétuviers sont de bonnes plantes mellifÚres. Ils fleurissent toute l'année et leurs fleurs sont trÚs appréciées par les abeilles[7]. Le miel produit à partir de fleurs de palétuviers est appelé « miel de mangrove ».

Aux Antilles, son bois était utilisé pour le chauffage et l'écorce, riche en tanin, servait à tanner les peaux[8].

Bibliographie

  • C. L. Hobbe-Speer, B. Adams, A. Rajkaran, Dylan Bailey, The response of the red mangrove Rhizopora mucronata Lam. to salinity and inundation in South Africa, Aquatic Botany no 95, 2011, p. 71-76
  • S. Smith, Samuel C. Snedaker, Salinity Responses in Two Populations of Viviparous Rhizophora Mangle L. Seedlings, Biotropica no 27, 1995, p. 435-440
  • J. Hodson, M. et John A. Bryant, Functional Biology of plants, Wiley-Blackwell, 2012.

Notes et références

  1. CNRLT-Mangle : lire en ligne
  2. CNRLT-Mangle : lire en ligne
  3. (en) D ; Austin et al, Coatal park plant guide : A pocket guide to the native trees, shrubs, and vines of Boca Raton’s Hammock and mangrove parklands, Boca Raton, City of Boca Raton, , 76 p. (ASIN B0006OWD5A), p. 47
  4. Jacques Fournet, Flore illustrée des phanérogames de Guadeloupe et de Martinique, Gondwana éditions, Cirad,
    Tome 1 (ISBN 2-87614-489-1) ; Tome 2 (ISBN 2-87614-492-1).
  5. C. Bouchon, Y. Bouchon-Navaro, D. Imbert, M. Louis, Effets de l’ouragan Hugo sur les communautĂ©s cĂŽtiĂšres de Guadeloupe (Antilles françaises), Ann. Inst. OcĂ©anogr., Paris, 1991, 67 (1) : 5-33.
  6. (en) Octavio Aburto-Oropeza, Carlos Manuel Burelo-Ramos, Exequiel Ezcurra, Paula Ezcurra, Claudia L. Henriquez et al., « Relict inland mangrove ecosystem reveals Last Interglacial sea levels », PNAS, vol. 118, no 41,‎ , article no e2024518118 (DOI 10.1073/pnas.2024518118, lire en ligne AccĂšs libre, consultĂ© le ).
  7. http://1ruche3pintades.over-blog.com/2014/05/les-apicultrices-de-djirnda-et-mounde-sine-saloum.html
  8. Sastre C., Breuil A., Plantes, milieux et paysages des Antilles françaises. Écologie, biologie, identification, protection et usages., Biotope, Mùze,

Liens externes

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