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Grandes lois sous la monarchie de Juillet

La monarchie de Juillet est le régime politique gouvernant la France de 1830 à 1848. Ce régime couvre sept législatures, le roi des Français ayant usé de son droit de dissolution parlementaire à six reprises[1].

1830

  • Loi du sur la prestation de serment au nouveau rĂ©gime[2]. Assujettit tous les fonctionnaires Ă  un serment de fidĂ©litĂ© au roi[3].
  • Loi du 12 septembre 1830 sur la rĂ©Ă©lection des dĂ©putĂ©s nommĂ©s Ă  des fonctions publiques rĂ©tribuĂ©es. Le dĂ©putĂ© nommĂ© ministre qui veut retrouver son siège doit se reprĂ©senter Ă  une Ă©lection pour le regagner[4]. Cette loi faisait partie de celles qui avaient Ă©tĂ© Ă©noncĂ©es Ă  la fin de l'acte de rĂ©vision de la Charte de 1830, au point 3. La gauche rĂ©clame toutefois qu'on aille plus loin que ce texte en interdisant la nomination des dĂ©putĂ©s Ă  des fonctions publiques salariĂ©es ainsi que la promotion des dĂ©putĂ©s-fonctionnaires pendant la durĂ©e de leur mandat ainsi que pendant l'annĂ©e qui suit la fin de celui-ci. Elle juge cette rĂ©forme indispensable Ă  l'assainissement de la vie parlementaire, considĂ©rant que la prĂ©sence Ă  la Chambre de dĂ©putĂ©s-fonctionnaires, soumis au moins en partie Ă  l'influence directe du gouvernement, dĂ©nature le rĂ©gime reprĂ©sentatif. Cette question sera pĂ©riodiquement relancĂ©e sous la monarchie de Juillet, notamment en juin 1840 avec une proposition du dĂ©putĂ© conservateur de Versailles, Ovide de RĂ©milly, que le second ministère Thiers parvient Ă  faire ajourner.
  • Loi du 8 octobre 1830 Ă©tablissant le jugement par jury des dĂ©lits de presse. Renforce la libertĂ© de la presse sous la monarchie de Juillet[5]. PrĂ©vue dans l'acte de rĂ©vision de la Charte du , au point 1.
  • Loi du 11 octobre 1830 qui abolit celle sur le sacrilège et le vol dans les Ă©glises. Procède Ă  l'abolition de la loi du sacrilège qui, depuis 1825, punissait de mort les profanateurs d'hosties consacrĂ©es (cette loi n'avait jamais Ă©tĂ© appliquĂ©e)[6].

1831

  • Loi du 4 mars sur les jurys d'assises. PrĂ©sentĂ©e comme une avancĂ©e de la libertĂ© individuelle, la loi rĂ©serve la connaissance des faits et la dĂ©claration de culpabilitĂ© ou d'innocence aux seuls jurĂ©s, Ă  l'exclusion des magistrats professionnels faisant partie de la cour d'assises, dont le nombre est ramenĂ© Ă  3. Elle exige la majoritĂ© des deux tiers (8 voix contre 4) pour prononcer une dĂ©claration de culpabilitĂ©[7].
  • Loi du 21 mars sur les conseils municipaux. La Charte de 1830, art. 69, avait prĂ©vu qu'une loi crĂ©erait « 7° Des institutions dĂ©partementales et municipales fondĂ©es sur un système Ă©lectif ». Si l'Ă©lection des conseils municipaux avait Ă©tĂ© la règle au lendemain de la RĂ©volution française, le Consulat avait instituĂ© de facto un rĂ©gime de nomination par le chef de l'État ou par le prĂ©fet, qui avait Ă©tĂ© maintenu sous la Restauration. Le projet de loi visant Ă  donner une plus large place Ă  l'Ă©lection est prĂ©sentĂ© Ă  la Chambre des dĂ©putĂ©s le , adoptĂ© le 18 fĂ©vrier par les dĂ©putĂ©s et le 4 mars par les pairs et promulguĂ© le 21 mars. Lors du dĂ©bat parlementaire, quelques voix, comme celle du gĂ©nĂ©ral Lamarque, plaident en faveur du suffrage universel, mais en dĂ©finitive, la loi maintient un système censitaire, tout en l'Ă©largissant par rapport Ă  celui qui s'applique aux Ă©lections lĂ©gislatives. L'assemblĂ©e des Ă©lecteurs communaux comprend les contribuables les plus imposĂ©s jusqu'Ă  concurrence de 10 % de la population dans les communes de moins de 1 000 habitants, 5 % dans les communes de 1 000 Ă  5 000 habitants, 4 % dans les communes de 5 000 Ă  15 000 habitants et 3 % au-delĂ . Le droit de vote est Ă©galement attribuĂ© Ă  certaines « capacitĂ©s » (titulaires de certains diplĂ´mes universitaires, magistrats, certains fonctionnaires retraitĂ©s). Au total, sur une population totale de 32,6 millions d'habitants en 1831, les Ă©lecteurs communaux sont 2 Ă  3 millions, dix fois plus nombreux que les Ă©lecteurs des dĂ©putĂ©s. Dans les petites communes rurales, tous les paysans propriĂ©taires obtiennent aisĂ©ment le droit de vote. De plus, tous les Ă©lecteurs sont Ă©ligibles (il n'y a pas de cens d'Ă©ligibilitĂ©). L'assemblĂ©e des Ă©lecteurs communaux Ă©lit les conseillers municipaux. Le maire et les adjoints, choisis parmi les conseillers municipaux, restent nommĂ©s, par le roi dans les chefs-lieux d'arrondissement et dans toutes les villes de plus de 3 000 habitants, par le prĂ©fet dans les autres communes.
  • 22 mars : Loi sur la Garde nationale : L'article 69 de la Charte rĂ©visĂ©e avait renvoyĂ© Ă  une loi « 5° L'organisation de la garde nationale, avec intervention des gardes nationaux dans le choix de leurs officiers ». Venu en discussion au dĂ©but , le projet est votĂ© le par les dĂ©putĂ©s, le 10 par les pairs, et promulguĂ© le 22. La garde nationale est chargĂ©e de dĂ©fendre la monarchie constitutionnelle, la Charte et les droits qu'elle consacre, pour maintenir l'obĂ©issance aux lois, conserver ou rĂ©tablir la paix et l'ordre publics. En revanche, toute dĂ©libĂ©ration prise par la garde nationale sur les affaires de l'État, du dĂ©partement ou de la commune est une atteinte Ă  la libertĂ© publique et un dĂ©lit contre la chose publique et la Constitution (article 1er). La garde est thĂ©oriquement composĂ©e de tous les Français âgĂ©s de 20 Ă  60 ans (articles 2 et 9) mais la loi distingue le service ordinaire et le service de rĂ©serve (article 19), la rĂ©partition entre les deux Ă©tant faite par le conseil de recrutement de la commune, qui n'appelle au service ordinaire que ceux qui ont les moyens de supporter les frais d'habillement et d'armement et disposent du temps nĂ©cessaire pour le service. Aussi ne trouve-t-on dans le service ordinaire, le seul qui soit effectif, que des hommes aisĂ©s : ceci donne Ă  la garde son caractère de milice bourgeoise, rempart des propriĂ©taires contre le dĂ©sordre. Force civile, elle est organisĂ©e dans chaque commune (article 4) et placĂ©e sous l'autoritĂ© des maires, des prĂ©fets et du ministre de l'IntĂ©rieur (article 6).
  • 19 avril : Loi Ă©lectorale : L'article 69 de la Charte rĂ©visĂ©e a prĂ©vu qu'une loi règlerait « 9° l'abolition du double vote et la fixation des conditions Ă©lectorales et d'Ă©ligibilitĂ© ». Les dĂ©bats sur la loi Ă©lectorale commencent Ă  la Chambre des dĂ©putĂ©s le . Aux termes de deux mois de dĂ©bats et après une navette avec la Chambre des pairs, qui se montre plus libĂ©rale, la loi du se contente d'abaisser le cens d'Ă©lectorat de 300 Ă  200 francs de contributions directes et le cens d'Ă©ligibilitĂ© de 1 000 Ă  500 francs. Le nombre d'Ă©lecteurs passe de moins de 100 000 Ă  166 000.
  • 29 dĂ©cembre : Loi sur la Chambre des pairs : suppression de l'hĂ©rĂ©ditĂ© des membres de la chambre.

1832

  • 2 mars : Loi relative Ă  la liste civile : Elle fixe la dotation immobilière et mobilière de la couronne et arrĂŞte Ă  12 millions plus un million pour le prince royal le montant de la dotation annuelle de la liste civile. Voir l'article : Liste civile de Louis-Philippe Ier.
  • 10 avril : Loi d'exil : Elle condamne les membres de la famille de Charles X au bannissement perpĂ©tuel.
  • 21 avril : Loi supprimant la loterie royale Ă  compter du , dans un souci de moralisation.
  • 28 avril : Loi modifiant le Code pĂ©nal et le Code d'instruction criminelle : PrĂ©parĂ© par le ministre de la Justice, FĂ©lix Barthe, en Ă©troite collaboration avec Louis-Philippe, qui s'y est intĂ©ressĂ© de près, c'est l'un des textes les plus importants de la monarchie de Juillet. Il vise Ă  adoucir la loi pĂ©nale, le roi jugeant la sĂ©vĂ©ritĂ© des textes napolĂ©oniens peu en accord avec l'Ă©volution de la sociĂ©tĂ© :
    • Les quelques châtiments corporels qui avaient Ă©tĂ© conservĂ©s (carcan, marque, mutilation du poing) sont supprimĂ©s.
    • La peine de mort est abolie dans neuf cas parmi lesquels le faux-monnayage, le complot non suivi d'attentat, certains cas d'incendie criminel, de meurtre, de vol.
    • Le domaine d'application des circonstances attĂ©nuantes est Ă©largi : Une loi du avait introduit les circonstances attĂ©nuantes en matière criminelle, mais en laissant le soin de les apprĂ©cier aux juges et non aux jurys. Un effet pervers de ce texte a Ă©tĂ© que des jurys, trouvant le minimum lĂ©gal de la peine trop Ă©levĂ© et craignant que les juges refusent les circonstances attĂ©nuantes, ont prononcĂ© des acquittements jugĂ©s scandaleux. La loi reconnaĂ®t donc au jury compĂ©tence pour accorder les circonstances attĂ©nuantes. Si elles sont accordĂ©es, le juge prononce une peine infĂ©rieure de un Ă  deux degrĂ©s.

1833

  • 24 avril : Loi confĂ©rant un nouveau statut aux quatre anciennes colonies de la Martinique, la Guadeloupe, l'Ă®le Bourbon et la Guyane : Ces colonies sont dotĂ©es chacune d'un conseil colonial, composĂ© de membres Ă©lus sur une base censitaire. Sur la proposition du gouverneur de la colonie, ce conseil discute et vote le budget intĂ©rieur et dĂ©termine l'assiette et la rĂ©partition des contributions directes. Les autres Ă©tablissements coloniaux – les Ă©tablissements français de l'Inde, le SĂ©nĂ©gal, Saint-Pierre-et-Miquelon et l'AlgĂ©rie – restent sous administration directe du roi par voie d'ordonnances.
  • 26 avril : Loi relative Ă  la concession d'un embranchement sur la ligne de chemin de fer d'AndrĂ©zieux Ă  Roanne : En dĂ©pit de son objet limitĂ©, cette loi revĂŞt une importance considĂ©rable dans le dĂ©veloppement du rĂ©seau ferroviaire français car elle comporte deux dispositions qui seront ensuite reprises dans tous les textes ultĂ©rieurs : elle fixe Ă  99 ans la durĂ©e de la concession et plafonne les tarifs pratiquĂ©s par la compagnie concessionnaire.
  • 22 juin : Loi sur les conseils gĂ©nĂ©raux de dĂ©partement et les conseils d'arrondissement : En vertu de cette loi, ces assemblĂ©es locales sont composĂ©s de conseillers Ă©lus au suffrage censitaire, selon un système plus restrictif que pour les conseils municipaux.
  • 27 juin : VotĂ©e sur la base d'un projet prĂ©sentĂ© le par Adolphe Thiers, ministre du Commerce et des Travaux publics, cette loi ouvre un crĂ©dit de 93 millions, Ă  rĂ©partir par tranches annuelles :
  • 28 juin : Loi sur l'enseignement primaire, dite communĂ©ment « loi Guizot » : C'est l'un des textes majeurs du règne. Reposant sur l'idĂ©e que l'instruction contribue au progrès gĂ©nĂ©ral de la sociĂ©tĂ©, elle organise l'enseignement primaire au profit des classes populaires autour de deux principes :
    • la libertĂ© de l'enseignement primaire : Tout individu âgĂ© de 18 ans peut exercer librement la profession d'instituteur primaire, Ă  condition d'obtenir un brevet de capacitĂ©, dĂ©livrĂ© Ă  l'issue d'un examen, et de prĂ©senter un certificat de moralitĂ©.
    • l'organisation d'un enseignement primaire public, intĂ©grĂ© au sein de l'UniversitĂ© : Chaque dĂ©partement doit entretenir une Ă©cole normale d'instituteurs pour la formation des maĂ®tres et chaque commune est tenue d'entretenir une Ă©cole primaire. La commune peut satisfaire Ă  ses obligations en subventionnant une Ă©cole primaire confessionnelle Ă©tablie sur son territoire.
Qu'elle soit privée ou publique, l'instruction primaire élémentaire comprend nécessairement « l'instruction morale et religieuse, la lecture, l'écriture, les éléments de la langue française et du calcul, le système légal des poids et mesures » (article 1er).
  • 7 juillet : Loi sur l'expropriation pour cause d'utilitĂ© publique : Il s'agit d'un texte fondamental pour le dĂ©veloppement des rĂ©seaux de communications, routes ou chemins de fer et, par voie de consĂ©quence, pour l'accroissement de la prospĂ©ritĂ© Ă©conomique. Il simplifie les procĂ©dures d'expropriation pour cause d'utilitĂ© publique tout en accordant des garanties supplĂ©mentaires aux propriĂ©taires expropriĂ©s, puisque la fixation de l'indemnitĂ© d'expropriation est confiĂ©e Ă  un jury de propriĂ©taires.
  • 24 aoĂ»t : Ordonnance portant règlement sur le service de tĂ©lĂ©graphie : L'ordonnance organise le tĂ©lĂ©graphe optique (système Chappe) au sein de l'administration du ministère de l'IntĂ©rieur. Cette question fait l'objet d'une âpre discussion entre le ministre de la Guerre, le marĂ©chal Soult, et le ministre de l'IntĂ©rieur, Adolphe Thiers, qui revendiquent l'un et l'autre la supervision de cette infrastructure stratĂ©gique. Les journaux d'opposition, dont les attaques sont relayĂ©es par Stendhal, affirment que le ministre, averti avant tout le monde, peut ainsi spĂ©culer avantageusement Ă  la Bourse, et l'on accuse mĂŞme le roi de se livrer Ă  ce type d'opĂ©rations.
  • 10 dĂ©cembre : Ordonnance concernant les haras : Elle vise, par une meilleure organisation du service des haras, Ă  assurer un meilleur approvisionnement de l'armĂ©e, de l'agriculture et des transports. Le texte est Ă  mettre en relation avec la fondation, le , de la SociĂ©tĂ© d'encouragement pour l'amĂ©lioration des races de chevaux en France, qui deviendra le Jockey Club en juin 1834.

1834

  • 16 fĂ©vrier : Loi soumettant Ă  autorisation administrative l'activitĂ© des crieurs publics et faisant du dĂ©faut d'autorisation un dĂ©lit justiciable des tribunaux correctionnels et non des jurys d'assises. La loi fait suite Ă  l'invalidation par la justice, en première instance puis en appel, d'un arrĂŞtĂ© de 1833 du prĂ©fet de police, Henri Gisquet, qui interdisait aux colporteurs vendeurs de journaux, publications et estampes la vente des Ă©crits non autorisĂ©s par l'administration. L'opposition dĂ©nonce une atteinte Ă  la libertĂ© de la presse et une violation de l'article 69 de la Charte de 1830 garantissant le jugement par jury des dĂ©lits de presse et des dĂ©lits politiques, mais la loi est adoptĂ©e par 212 voix contre 122. Les sociĂ©tĂ©s secrètes rĂ©publicaines, comme la SociĂ©tĂ© des Droits de l'Homme, se voient ainsi privĂ©es d'une partie de leurs troupes. Aussi la promulgation de la loi donne-t-elle lieu, pendant plusieurs jours, Ă  des algarades avec la police dans les rues de Paris (Voir l'article Les insurrections d'avril 1834).
  • 10 avril : L'article 291 du Code pĂ©nal de 1810 avait soumis Ă  autorisation du gouvernement toute association de plus de 20 personnes, quel qu'en fĂ»t l'objet, tout en subordonnant la constitution du dĂ©lit Ă  la pĂ©riodicitĂ© des rĂ©unions (voir ainsi l'affaire de la goguette de l'Enfer, jugĂ©e dans ce contexte). D'autre part, en vertu de l'article 292, en cas de violation de cet article, seuls les dirigeants pouvaient ĂŞtre sanctionnĂ©s, et uniquement par des peines d'amendes lĂ©gères. Les associations rĂ©publicaines, comme la SociĂ©tĂ© des Droits de l'Homme, Ă©taient parvenues Ă  tourner cette interdiction en se formant en « sections » de moins de 20 personnes.
Le projet de loi présenté par le gouvernement visait à durcir ces deux articles en prévoyant qu'ils s'appliqueraient « aux associations de plus de vingt personnes, alors même que ces associations seraient partagées en sections d'un nombre moindre, et qu'elles ne se réuniraient pas tous les jours ou à des jours marqués ». L'autorisation délivrée par le gouvernement serait toujours révocable. Les infractions seraient désormais jugées par les tribunaux correctionnels et passibles d'amende jusqu'à mille francs et de prison jusqu'à un an. Pour respecter l'article 69 de la Charte de 1830, il était précisé que « les délits politiques commis par lesdites associations ser[aient] déférés au jury » mais que, conformément à l'article 28 de la Charte, les attentats contre la sûreté de l'État commis par ces associations pourraient être déférés à la juridiction de la Chambre des pairs.
Présenté à la Chambre des députés le 25 février, le projet donne lieu à de vives empoignades entre la majorité et l'opposition. La loi est adoptée par les députés le 26 mars (246 voix contre 154) et par les pairs le 9 avril et promulguée dès le lendemain.
La loi du a été abrogée par l'article 21 de la loi du relative au contrat d'association.

1835

  • 5 juin : Loi sur les caisses d'Ă©pargne : Cette loi crĂ©e et organise les caisses d'Ă©pargne en France et les autorise Ă  dĂ©poser les fonds collectĂ©s auprès du public au TrĂ©sor public moyennant un intĂ©rĂŞt de 4 % par an. Le texte permet de dĂ©velopper l'Ă©pargne populaire et de fournir Ă  l'État de l'argent Ă  bon marchĂ©.
  • 9 septembre : Trois lois promulguĂ©es le mĂŞme jour dites « les lois de septembre » visent, au lendemain de l'attentat de Fieschi (), Ă  durcir l'arsenal rĂ©pressif contre les attentats dirigĂ©s contre le rĂ©gime :
    • Le premier texte vise Ă  renforcer les pouvoirs du prĂ©sident de la cour d'assises et du procureur gĂ©nĂ©ral afin de contrecarrer les manĹ“uvres d'obstruction et les procĂ©dĂ©s dilatoires des prĂ©venus poursuivis pour rĂ©bellion, dĂ©tention d'armes prohibĂ©es ou mouvements insurrectionnels.
    • Le deuxième texte rĂ©forme la procĂ©dure devant les jurys d'assises en revenant Ă  la majoritĂ© simple (7 contre 5) pour prononcer la dĂ©claration de culpabilitĂ©.
    • Le troisième texte, considĂ©rĂ©e par les historiens comme une atteinte importante Ă  la LibertĂ© de la presse, vise Ă  empĂŞcher les discussions sur le roi, la dynastie, la monarchie constitutionnelle, car le gouvernement considère que la presse d'opposition, par ses attaques incessantes contre la personne du roi, a prĂ©parĂ© le terrain Ă  l'attentat :
      • Sont dĂ©sormais passibles de très lourdes peines : la provocation, suivie ou non d'effet, aux crimes contre la personne du roi ou les membres de la famille royale ; l'offense au roi commise par voie de presse lorsqu'elle a pour but d'exciter Ă  la haine ou au mĂ©pris de sa personne ou de son autoritĂ© constitutionnelle ; l'attaque contre le principe ou la forme du gouvernement Ă©tabli par la Charte de 1830, lorsqu'elle a pour but d'exciter Ă  la destruction ou au changement du gouvernement ; l'adhĂ©sion publique Ă  toute autre forme de gouvernement, soit en attribuant des droits au trĂ´ne de France aux Bourbons de la branche aĂ®nĂ©e, aux Bonaparte ou Ă  tout autre que Louis-Philippe Ier et sa descendance, soit en prenant la qualification de rĂ©publicain ou toute autre incompatible avec la Charte de 1830, soit en exprimant le vĹ“u, l'espoir ou la menace de la destruction de l'ordre monarchique constitutionnel ou de la restauration de la dynastie dĂ©chue.
      • Il est interdit aux journaux et Ă©crits pĂ©riodiques de rendre compte des procès pour outrages ou injures et des procès en diffamation oĂą la preuve des faits diffamatoires n'est pas admise par la loi.
      • Il est interdit aux journaux et Ă©crits pĂ©riodiques d'ouvrir et d'annoncer publiquement des souscriptions ayant pour objet d'indemniser des amendes prononcĂ©es par des condamnations judiciaires.
      • Le cautionnement exigĂ© des gĂ©rants de journaux et Ă©crits pĂ©riodiques est fixĂ© Ă  un niveau très Ă©levĂ©.
      • Aucun dessin, aucune gravure, lithographie, mĂ©daille et estampe, aucun emblème ne peuvent ĂŞtre publiĂ©s, exposĂ©s ou mis en vente sans l'autorisation prĂ©alable du ministre de l'IntĂ©rieur Ă  Paris et des prĂ©fets dans les dĂ©partements.
  • Loi sur les chemins de fer : loi encourageant l'Ă©tablissement de rĂ©seaux ferroviaires en France.

1836

  • 21 mai : Loi complĂ©tant l'abolition de la Loterie royale par l'interdiction de toutes les formes de loteries particulières et des maisons de jeu. Demeurent toutefois autorisĂ©s les contrats d'assurance et les tombolas de bienfaisance.
  • 21 mai : Loi relative aux chemins vicinaux : Le texte est basĂ© sur un projet Ă©laborĂ© en 1835 par Jean Vatout. Il met Ă  la charge des communes, sous la surveillance des prĂ©fets, l'entretien des chemins vicinaux et leur attribue des recettes pour y pourvoir. Des subventions peuvent ĂŞtre allouĂ©es par les dĂ©partements pour les chemins vicinaux de grande communication, reliant plusieurs communes. Ce texte contribuera au dĂ©veloppement du rĂ©seau routier local français, qui sera l'un des meilleurs au monde au XIXe siècle.
  • 9 juillet : Loi autorisant l'Ă©tablissement de deux lignes de chemin de fer de Paris Ă  Versailles, l'une par la rive droite de la Seine et l'autre par la rive gauche.

1837

  • 18 juillet : Loi sur les attributions des conseils municipaux.

1838

  • 10 mai : Loi sur les attributions des conseils gĂ©nĂ©raux et des conseils d'arrondissement : Le conseil gĂ©nĂ©ral devient l'assemblĂ©e reprĂ©sentative du dĂ©partement. Le pouvoir exĂ©cutif reste entre les mains du prĂ©fet, mais le prĂ©sident du conseil gĂ©nĂ©ral peut s'adresser directement au ministre de l'IntĂ©rieur pour faire entendre ses revendications. Le dĂ©partement reçoit de nouvelles compĂ©tences en matière d'instruction primaire, d'aliĂ©nĂ©s, d'enfants trouvĂ©s et de voies de communication. Il acquiert la personnalitĂ© morale et se voit attribuer la gestion d'une partie du budget du dĂ©partement. Pour autant, son action reste soumise Ă  une Ă©troite tutelle des prĂ©fets. La loi est adoptĂ©e par la Chambre des dĂ©putĂ©s le 8 mars.
  • 28 mai : Loi sur les faillites : Cette loi se substitue dans son ensemble Ă  la rĂ©glementation qui rĂ©sultait du Code de commerce impĂ©rial de 1807, dont les dĂ©fauts Ă©taient unanimement reconnus. Mise en chantier en 1834, elle est votĂ©e par la Chambre des dĂ©putĂ©s le 5 avril et durera une cinquantaine d'annĂ©es, restant comme l'un des monuments lĂ©gislatifs de la monarchie de Juillet.
  • 31 mai : Ordonnance sur la comptabilitĂ© publique : Ĺ’uvre du marquis d'Audiffret, c'est un texte important qui sera le fondement du droit financier public jusqu'Ă  sa refonte en 1862[9].
  • 30 juin : Loi sur les aliĂ©nĂ©s. La loi de 1838 a Ă©tĂ© abrogĂ©e par la loi du .

1840

  • 18 juin : Loi ordonnant la translation des restes mortels de l’empereur NapolĂ©on, de l’île de Sainte-HĂ©lène, Ă  l’église de l’hĂ´tel royal des Invalides de Paris, et la construction de son tombeau aux frais de l’État : La loi ouvre un crĂ©dit d'un million de francs pour l'ensemble de cette opĂ©ration (Voir : Honneurs rendus Ă  la mĂ©moire de NapolĂ©on).
  • 3 juillet : Loi sur les sucres : sous l'Empire, la France, pour pallier la perte de son empire colonial, avait dĂ©veloppĂ© une industrie mĂ©tropolitaine de production du sucre de betterave et instaurĂ© des taxes sur les importations de sucre de canne pour protĂ©ger cette industrie. Mais les traitĂ©s de 1815 ont rendu Ă  la France ses colonies de la Martinique, la Guadeloupe, La RĂ©union et ses Ă©tablissements dans les Indes. En rĂ©sulte un conflit entre les producteurs mĂ©tropolitains de sucre de betterave et les planteurs coloniaux, soutenus par les ports et la marine de commerce, dont la prospĂ©ritĂ© dĂ©pend des importations de sucre. Les seconds rĂ©clament l'abolition des droits sur les importations de sucre, que rĂ©cusent les premiers. La loi du est un texte de compromis, qui abaisse les droits sur les sucres coloniaux et fixe Ă  un niveau modĂ©rĂ© la taxe sur les sucres nationaux.
  • 15 juillet : loi accordant un prĂŞt de 12 millions Ă  la compagnie du chemin de fer Strasbourg-Bâle et une garantie d'intĂ©rĂŞt de 4 % aux actionnaires de la compagnie du chemin de fer Paris-OrlĂ©ans.
  • 16 juillet : loi relative Ă  l'Ă©tablissement de plusieurs lignes de paquebots Ă  vapeur entre la France et l'AmĂ©rique : L'exploitation de ces lignes est confiĂ©e soit Ă  des compagnies concessionnaires subventionnĂ©es, soit assurĂ©e en rĂ©gie directe par l'État.
  • 20 juillet : ouverture des crĂ©dits nĂ©cessaires Ă  l'achèvement des travaux du canal de la Haute-Seine[10].

Notes et références

  1. (en) Olivier Rozenberg et Eric Thiers, Traité d'études parlementaires, Bruylant, (ISBN 978-2-8027-6269-0, lire en ligne)
  2. vraies raisons de la légitimité du serment prescrit par la loi du 31 août 1830, et ainsi conçu : "Je jure fidélité au roi des Français, obéissance à la charte constitutionnelle et aux lois du royaume", (lire en ligne)
  3. Armand Dalloz, Dictionnaire général et raisonné de législation, de doctrine et de jurisprudence en matière civile, commerciale, criminelle, administrative et de droit public: période de 1790 à 1835, Au bureau de la jurisprudence générale, (lire en ligne)
  4. Collectif, Le renforcement de la limitation du cumul des mandats et des fonctions: Regards sur les lois ordinaire et organique du 14 février 2014, Artois Presses Université, (ISBN 978-2-84832-491-3, lire en ligne)
  5. Archives parlementaires de 1787 Ă  1860, Librairie administrative de Paul Dupont, (lire en ligne)
  6. Brochures politiques, éditeur non identifié, (lire en ligne)
  7. « Loi du 4 mars 1831 RELATIVE A LA COMPOSITION DES COURS D'ASSISES ET AUX DÉCLARATIONS DU JURY », sur www.legifrance.gouv.fr (consulté le )
  8. On remarque la faiblesse de cette somme. Louis-Philippe n'a porté que peu d'intérêt au développement des chemins de fer, dont il semble ne pas avoir pressenti l'importance économique.
  9. Voir : Valérie Goutal-Arnal, « Rigueur, transparence et contrôle : la politique du marquis d'Audiffret en matière de comptabilité publique », Revue française de finances publiques, 2004, n° 86, pp. 39-55
  10. Collection complète des lois, décrets, ordonnances, règlements, et avis du Conseil d'Etat, vol. 4, A. Guyot et Scribe (Paris), , 568 p. (lire en ligne), « Monarchie constitutionnelle; Louis-Philippe 1er; 8-22 juillet 1840. », p. 212
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