AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Grammaire de l'espéranto

La grammaire de l’espĂ©ranto est l’ensemble des rĂšgles qui dictent le fonctionnement de l’espĂ©ranto. Elle est rĂ©guliĂšre dans le but d'un apprentissage facile. La construction des mots est celle des langues agglutinantes, c’est-Ă -dire basĂ©e sur l’utilisation de briques de sens Ă©lĂ©mentaires. Une grande flexibilitĂ© dans la construction des phrases est possible. Ceci permet une communication efficace avec un stock relativement restreint de racines. Tous les morphĂšme sont invariants.

Langue Internationale, le premier ouvrage de l’espĂ©ranto.
Le Fundamento de Esperanto est l’ouvrage de rĂ©fĂ©rence sur la grammaire de l’espĂ©ranto.
Le Plena Manlibro de Esperanta Gramatiko est un ouvrage de grammaire adapté à ceux qui ne connaissent pas la terminologie technique habituelle.

Histoire

La grammaire de l’espĂ©ranto est exposĂ©e pour la premiĂšre fois dans le livre Langue Internationale, paru en 1887 Ă  Varsovie. Une synthĂšse, sous la forme de 16 rĂšgles, est prĂ©sentĂ©e en 1905 dans le Fundamento de Esperanto, adoptĂ© Ă  l’unanimitĂ© lors du premier congrĂšs universel de 1905.

AprÚs la publication des rÚgles en 1905, des grammaires plus complÚtes ont été publiées, telles que la Plena Analiza Gramatiko, de Kalocsay et Waringhien, ou le Plena Manlibro de Esperanta Gramatiko, de Wennergren.

Écriture

Alphabet

A a,
Ăą
B b,
b
C c,
ts
dans tsar.
Ĉ ĉ,
tch, ch anglais
dans tchĂšque, ciao
D d,
d
E e,
Ă© ou Ăš
F f,
f
G g,
g
dans gant.
Ĝ ĝ,
dj
dans adjudant, gentleman
H h,
h
anglais "hello" fortement aspiré.
Ä€ Ä„,
R guttural
(jota espagnole, Wuhan)(lettre rare)
I i,
i
J j,
j
dans yoga, yes, ja allemand
ÄŽ Ä”,
j
dans journal.
K k,
k
L l,
l
M m,
m
N n,
n
O o,
ĂŽ
P p,
p
R r,
r roulé
italien
S s,
ss, ç
Ɯ Ɲ,
ch, sh anglais

dans chou, shérif.

T t,
t
U u,
ou
ĆŹ Ć­,
ou bref
comme aoûtien.
V v,
v
Z z,
z

Remarque. ― Les typographies qui n’ont pas les caractĂšres ĉ, ĝ, Ä„, Ä”, Ɲ, Ć­, peuvent les remplacer par ch, gh, hh, jh, sh, u.

Phonologie

Chaque mot se prononce comme il est Ă©crit. L’accent tonique se place toujours sur l’avant-derniĂšre syllabe. 21 lettres non accentuĂ©es se prononcent approximativement comme dans l'alphabet phonĂ©tique international, le "c" se prononce "ts"; les lettres accentuĂ©es, - ĉ, ĝ, Ä„, Ä”, Ɲ, Ć­ -, correspondent Ă  une deuxiĂšme prononciation frĂ©quente dans des langues europĂ©ennes.

Accords

Genre

L'espĂ©ranto n’a pas de genre grammatical[W 1] - [1]. Par contre, certaines racines ou suffixes peuvent porter une signification socialement genrĂ©e[W 1]. Ainsi, originellement, les racines et suffixes peuvent avoir un sens masculin (comme sinjor ou -ĉj-), fĂ©minin (comme femal, -in- ou -nj-) ou neutres[W 2]. La grande majoritĂ© des racines sont d’ailleurs dans cette troisiĂšme catĂ©gorie[W 3].

L’espĂ©ranto connait des propositions d’alternatives neutres Ă  ces racines socialement genrĂ©es, telle que pajtr Ă  la place de patr[W 4]. Il y a Ă©galement des propositions pour dĂ©signer les genres non-binaires, comme le suffixe -ip-[W 5].

Nombre

En espĂ©ranto, les noms communs, les adjectifs, ainsi que les mots-simples en -u, -a et -o[N 1] peuvent ĂȘtre diffĂ©renciĂ©s selon leur nombre[W 7]. L’espĂ©ranto possĂšde seulement deux nombres grammaticaux : le singulier et le pluriel[W 7]. Le pluriel est toujours marquĂ© par l’utilisation de la lettre finale -j, aprĂšs la lettre finale -o, -a ou -u[W 7]. Par exemple, tago signifie « un jour », alors que tagoj signifie « des jours »[W 7].

Lorsqu’il existe un ensemble de plusieurs entitĂ©s, le suffixe -ar- permet de crĂ©er le nom dĂ©signant le collectif[W 7]. Par exemple, arbo signifiant « un arbre », on peut former arboj pour « des arbres » et arbaro pour « une forĂȘt » (un ensemble d’arbres)[W 8].

Nominatif

C'est le cas sujet. Il s'emploie aussi aprÚs les prépositions, sauf si l'on veut déterminer une direction non indiquée par la préposition (voir accusatif)

Accusatif

L'accusatif s'applique à tout complément sans préposition, ou à la destination d'un déplacement, quand la préposition ne l'indique pas. Mi legas libron, je lis un livre; mi iras supren, je vais en haut[2]

Il se caractérise par la terminaison -n, et il peut s'adjoindre non seulement aux pronoms comme en anglais ou français (I, me; je, me...) mais aussi aux noms, aux adjectifs épithÚtes et aux adverbes de lieu s'il y a un mouvement vers une direction à atteindre.

Si l’on veut qu’une langue internationale excelle dans la traduction de textes originaux de toutes les cultures, l’accusatif est irremplaçable[3]. Il apporte plus de clartĂ©, qualitĂ© essentielle d'une bonne communication internationale.

Zamenhof, dans Lingvaj Respondoj[4], Réponses sur la langue, a fourni des explications complémentaires :

« Concernant l'accusatif, je peux vous donner le conseil suivant : utilisez le toujours, seulement dans les occasions oĂč il est effectivement nĂ©cessaire ; dans toutes les autres occasions oĂč vous ne savez pas si on doit l'utiliser ou non, utilisez toujours le nominatif. L'accusatif a Ă©tĂ© introduit seulement, parce que sans lui le sens souvent ne serait pas clair mais son utilisation en cas de non nĂ©cessitĂ© enlaidit beaucoup plus la langue que sa non utilisation en cas de besoin.

L'accusatif dans notre langue ne dĂ©pend jamais de la prĂ©position antĂ©rieure (car celle-ci par elle-mĂȘme ne demande jamais l'accusatif), mais seulement du sens. Nous utilisons seulement l'accusatif dans trois cas :

a) pour montrer ce ou celui qui supporte l'action (c'est-Ă -dire aprĂšs des verbes ayant un sens actif), par exemple, 'je le bat', mi batas lin ; ' je dis le mot', mi diras la vorton"

b) pour indiquer une direction (c'est-Ă -dire un mouvement vers un lieu quelconque, Ă  la diffĂ©rence du mouvement sur place), si la prĂ©position par elle-mĂȘme n'indique pas ce mouvement ; par exemple nous devons diffĂ©rencier iri en la urbo" aller dans la ville" (oĂč je suis dĂ©jĂ ) et iri en la urbon, " aller en ville" "(en y rentrant) ; mais nous disons “mi venas al la celo” (ne “al la celon”) "j'arrive au but" (donc celo = but sans la lettre finale -n qui marque l'accusatif), car la prĂ©position « al » montre dĂ©jĂ  la direction.

c) dans tous les cas, lorsque nous ne savons pas quelle prĂ©position utiliser, nous pouvons utiliser l'accusatif au lieu de la prĂ©position "je", par exemple dans l'expression "j'en suis satisfait", mi kontentiĝas tion ĉi l'accusatif ne dĂ©pend pas du verbe "est satisfait" mais remplace uniquement la prĂ©position manquante "je" (= mi kontentiĝas je tio ĉi). »

Classes grammaticales

Noms

Les noms en espĂ©ranto sont marquĂ©s par la lettre finale -o[W 9]. Ils permettent de dĂ©signer des entitĂ©s[W 9]. Ils s’accordent en nombre (par ajout de -j pour le pluriel) et en cas (par ajout de -n pour l’accusatif)[W 9]. Deux catĂ©gories de noms sont identifiĂ©es en espĂ©ranto : les noms communs et les noms propres[W 9]. Si le nom est au singulier et nominatif (c’est-Ă -dire que la derniĂšre lettre est « o »), ce « o » peut ĂȘtre remplacĂ© par une apostrophe[W 9].

Cinq usages des noms en espéranto sont identifiés[W 10] :

  • en tant que sujet : la bona virino trankviligis sian soifon (« la gentille femme apaisa sa soif ») ;
  • en tant qu’objet : mi vidas leonon (« je vois un lion ») ;
  • en tant qu’apostrophe : Ludoviko, donu al mi panon (« Ludovic, donne-moi du pain ») ;
  • en tant que complĂ©ment : sur la fenestro kuƝas krajono kaj plumo (« sur la fenĂȘtre reposent un crayon et une plume » ;
  • en tant que satellite : la dentoj de leono estas akraj (« les dents du lion sont acĂ©rĂ©es »).

Noms communs

Le nom commun dĂ©signe les ĂȘtres ou les choses d'une mĂȘme espĂšce, un reprĂ©sentant d'un ensemble comme en français.

Noms propres

Le nom propre dĂ©signe un ĂȘtre ou une chose unique. Il prend une majuscule comme en français. Il est normalement Ă©crit sans article, sauf s'il est formĂ© de noms communs, la Nigra Maro, la Mer noire et s'il est prĂ©cĂ©dĂ© d'un adjectif qualificatif, la longa Amazono -le long Amazone-, ou d'un nom commun la rivero Gango, le fleuve Gange[5].

Adjectifs

Les adjectifs en espĂ©ranto sont marquĂ©s par la lettre finale -a[W 11]. Ils permettent de dĂ©signer les essences, qualitĂ©s, appartenances ou relations : ils sont utilisĂ©s pour dĂ©crire les noms et les pronoms[W 12]. Ils s’accordent en nombre (par ajout de -j pour le pluriel) et en cas (par ajout de -n pour l’accusatif) selon le nombre et le cas du nom auxquels ils sont rattachĂ©s[W 11]. GĂ©nĂ©ralement, les adjectifs se positionnent devant les noms qu’ils qualifient[W 11]. Toutefois, il est possible d’en trouver aprĂšs[W 11].

  • La domo estas granda (« La maison est grande ») ;
  • Tiuj ĉi verkistoj estas famaj (« Ces auteurs sont cĂ©lĂšbres ») ;
  • Mi estas feliĉa (« Je suis heureuse »).

Lorsque le contexte le permet, le nom qualifiĂ© peut ĂȘtre Ă©liminĂ© pour ne garder que l’adjectif, comme dans la phrase La palaco de la imperiestro estis la plej belega [palaco] en la mondo (« Le palais de l’empereur est le plus beau du monde »)[W 13]. Ce processus est trĂšs utilisĂ© quand il s’agit d’exprimer les heures ou les dates : HodiaĆ­ estas la dudek sepa [tago] de Marto (« Aujourd’hui, c’est le 27 mars »), Estas la dek-unua [horo] kaj duono (« Il est onze heures et demie »)[W 13].

Adverbes

L’adverbe dĂ©rivĂ© est caractĂ©risĂ© par la terminaison « -e » (RĂšgle 7 du Fundamento). Exemple : rapide (rapidement)

Ses degrĂ©s de comparaison se marquent de la mĂȘme maniĂšre que ceux de l’adjectif. Ex. : mi-a frat-o pli bon-e kant-as ol mi ; mia frato pli bone kantas ol mi — « mon frĂšre chante mieux que moi ».

L'adverbe de lieu en -e indique le locatif (le lieu oĂč l'on est). L'adverbe de lieu se met Ă  l'accusatif en -en pour indiquer le mouvement vers une direction.

Verbes

En espĂ©ranto, le verbe se conjugue de façon rĂ©guliĂšre[J 1]. Le verbe ne change ni selon la personne, ni selon le nombre[J 1]. Le verbe est marquĂ© par la finale -i pour l’infinitif, -as pour le prĂ©sent, -is pour le passĂ©, -os pour le futur, -us pour le conditionnel et -u pour le volitif[W 14]. Le verbe Ă  l’infinitif est traditionnellement considĂ©rĂ© comme la forme de base, et est utilisĂ© comme entrĂ©e dans les dictionnaires[W 14].

  • Il y a un seul auxiliaire, Ă  l'exemple du russe, l'auxiliaire ĂȘtre, esti

Ces terminaisons permettent d'exprimer n'importe quel concept sous forme de verbe : muziko « musique » → li muzikas « il joue de la musique », ĝoja « gai » → ĝoji « se rĂ©jouir ». Cette possibilitĂ© est notamment exploitĂ©e pour former des verbes d'Ă©tat Ă  partir d'adjectifs : « elle est belle » peut se dire aussi bien Ɲi belas que Ɲi estas bela.

À l'inverse du français, mais Ă  l'exemple des langues slaves, l'espĂ©ranto ne pratique pas la concordance des temps. Leur usage relĂšve des seules exigences de la pensĂ©e. Toute proposition conserve en subordination le mĂȘme temps qu'elle aurait si elle Ă©tait principale, Ă  l'exemple du grec ancien, ce qui simplifie la question du style indirect : Mi ne sciis ke li venos. « Je ne savais pas qu'il viendrait ».

D'autres affixes permettent d'exprimer diverses nuances d'aspect :

  • le prĂ©fixe ek- pour l'aspect inchoatif (action commençante, entrĂ©e dans un Ă©tat): dormi « dormir » → ek-dormi « s'endormir » ;
  • le suffixe -ad- pour l'aspect duratif (action prolongĂ©e) : labori « travailler » → labor-adi « travailler sans arrĂȘt » ;
  • le prĂ©fixe re- pour l'aspect itĂ©ratif (action rĂ©pĂ©tĂ©e) : legi « lire » → re-legi « relire ».

Participes et temps composés

Le systÚme verbal comporte également des participes présents, passés et futurs, marqués respectivement par -ant-, -int- et -ont- pour la voix active et -at-, -it- et -ot- pour la voix passive. Ils peuvent se combiner à l'auxiliaire esti pour former des temps composés qui expriment l'aspect progressif avec les participes présents, le passé récent avec les participes passés, le futur proche avec les participes futurs. En pratique, l'usage de ces temps composés est assez restreint, surtout à l'actif, la préférence allant à l'usage d'adverbes temporels[J 2].

Exemples de participes actifs
  • prĂ©sent –ant– : manĝ-anta (qui mange)
  • passĂ© –int– : manĝ-inta (qui a mangĂ©)
  • futur –ont– : manĝ-onta (qui mangera)
Exemples de participes passifs
  • prĂ©sent –at– : manĝ-ata (qui est mangĂ©)
  • passĂ© –it– : manĝ-ita (qui a Ă©tĂ© mangĂ©)
  • futur –ot– : manĝ-ota (qui sera mangĂ©)

Esti (ĂȘtre) est le seul verbe auxiliaire : La bildo estas presita signifie oni presis la bildon (l'image est imprimĂ©e). La bildo estas presata signifie oni presas la bildon (l'image est en train d'ĂȘtre imprimĂ©e).

Transitivité

Un verbe transitif peut recevoir un complément d'objet direct (c.o.d.). Un verbe intransitif ne peut pas en recevoir.

Un verbe transitif permet le passage au mode passif, procĂ©dure de retournement, par ex. le chat mange la souris, -la kato manĝas la muson- ; la souris est mangĂ©e par le chat , - la muso estas manĝata de la kato.

Un verbe intransitif ne permet pas le passage au mode passif puisque le verbe n'a pas de c.o.d.

La transitivité des verbes en espéranto est trÚs majoritaire et généralement fixée[6], et il n'est pas possible de déduire réguliÚrement si un verbe formé par simple ajout des marques de conjugaison à un radical est ou non transitif. Il faut donc apprendre le sens des verbes avec des exemples. Cependant, deux suffixes permettent d'en modifier la valence :

  • -ig- indique que l'on provoque une action et transforme un verbe intransitif en transitif (causatif) : faire (quelque chose); traduction type par "faire + infinitif"
  • -iĝ- indique un changement interne, et transforme un verbe transitif en intransitif (dĂ©causatif) : devenir (quelque chose). Exemples[J 3] :
  • turni « tourner (quelque chose) » - turn-igi « faire tourner » - turn-iĝi « tourner (faire un ou plusieurs tours) » ;
  • sidi « ĂȘtre assis » - sid-igi « asseoir » - sid-iĝi « s'asseoir » ;
  • blanki « ĂȘtre blanc » - blank-igi « blanchir (rendre blanc) » - blank-iĝi « blanchir (devenir blanc) ».

Par ailleurs, la préfixation d'une préposition aboutit généralement à transitiver un verbe intransitif :

  • naĝi « nager » → tra-naĝi « traverser Ă  la nage » ;
  • plori « pleurer (ĂȘtre en pleurs) » → pri-plori « pleurer (quelque chose) ».

Pronoms

L’espĂ©ranto possĂšde des pronoms personnels et des pronoms possessifs[W 15]. Il possĂšde Ă©galement des pronoms dĂ©monstratifs, indĂ©finis, interrogatifs, collectifs et nĂ©gatifs appelĂ©s mots-simples (pour plus de dĂ©tails, voir la section associĂ©e)[J 4].

Pronoms personnels

Singulier Pluriel Réfléchi
PremiĂšre personne mi (je) ni (nous) -
DeuxiĂšme personne vi[N 2] (tu, vous) -
Troisiùme personne li, Ɲi, ri[N 3] (il, elle, iel)
ĝi (il, ça)
ili (ils, elles, iels) si
Indéfini oni (on) -

Tous les pronoms personnels peuvent recevoir la marque de l’accusatif -n[W 15].

Le pronom si dĂ©signe la mĂȘme personne que le sujet de la phrase[W 15]. Il permet de lever les potentielles ambiguĂŻtĂ©s de comprĂ©hension[J 5]. Par exemple, la phrase française « Il se promĂšne avec sa sƓur » est ambiguĂ«[J 5]. Cette formulation ne permet pas de savoir s’il s’agit de la sƓur du sujet (il) ou pas[J 5]. En espĂ©ranto, le pronom si permet cette diffĂ©rence : li promenas kun sia fratino (« Il se promĂšne avec sa sƓur à lui »), li promenas kun lia fratino (« Il se promĂšne avec la sƓur d’un autre »), li promenas kun Ɲia fratino (« Il se promĂšne avec la sƓur d’une autre »)[J 5]. Par son fonctionnement, le pronom si ne peut pas ĂȘtre utilisĂ© comme sujet[J 5].

Pronoms et adjectifs possessifs

Singulier Pluriel Réfléchi
PremiĂšre personne mia (mon, ma) nia (notre) -
DeuxiĂšme personne via (ton, ta, votre) -
Troisiùme personne lia, Ɲia, ria, ĝia (son, sa)[N 4] ilia (leur) sia
Indéfini onia -

Les pronoms et adjectifs possessifs sont dĂ©rivĂ©s des pronoms personnels avec le suffixe adjectival -a[W 16]. Les pronom possessifs sont construits de plus avec l'article "la" prĂ©cĂ©dant l'adjectif possessif : la mia, le mien etc.l Ils peuvent Ă©galement prendre la marque du pluriel -j et de l’accusatif -n[W 16]. Les adjectifs possessifs sont utilisĂ©s comme des dĂ©terminants lorsqu’ils sont utilisĂ©s avec des noms : Mia domo estas granda (« Ma maison est grande »)[W 17]. Toutefois, lorsqu’ils apparaissent seuls, ils ne sont des dĂ©terminants : Tiu ĉi libro estas mia (« Ce livre est Ă  moi »)[W 17]. Lorsque le contexte le permet, le nom peut ĂȘtre abandonnĂ© pour ne garder que le pronom possessif : Via pano estas malpli freƝa, ol mia [pano] (« Ton pain est moins frais que le mien »)[W 18].

Article

L’espĂ©ranto possĂšde un article dĂ©fini invariable : la[W 19]. Il est utilisĂ© pour dĂ©signer quelque chose de prĂ©cis, de telle sorte que l’interlocuteur sache ce qui est dĂ©signĂ©[W 19]. Le dĂ©terminant la peut ĂȘtre Ă©lidĂ©, c’est-Ă -dire que le « a » est remplacĂ© par une apostrophe :

« Sub la sankta signo de l’ espero
kolektiĝas pacaj batalantoj,
kaj rapide kreskas la afero
per laboro de la esperantoj. »

— Louis-Lazare Zamenhof, La Espero

Il n’existe pas d’article indĂ©fini, comme un, une ou des en français[W 20].

Prépositions

Chaque prĂ©position possĂšde en espĂ©ranto, un sens immuable et bien dĂ©terminĂ©, qui en fixe l’emploi. Cependant, si le choix de celle-ci plutĂŽt que de celle-lĂ  ne s’impose pas clairement Ă  l’esprit, on fait usage de la prĂ©position je qui n’a pas de signification propre. Ex. : ĝoj'i je tio ― s’en rĂ©jouir, rid'i je tio ― en rire, enu'o je la patr'uj'o ― regret de la patrie. La clartĂ© de la langue n’en souffre aucunement, car, dans toutes, on emploie, en pareil cas, une prĂ©position quelconque, pourvu qu’elle soit sanctionnĂ©e par l’usage. L’espĂ©ranto adopte pour cet office la seule prĂ©position 'je'. À sa place on peut cependant employer aussi l’accusatif sans prĂ©position, quand aucune amphibologie n’est Ă  craindre.

RĂšgle 8. Toutes les prĂ©positions sont suivies par un complĂ©ment au nominatif [N 5]. Cependant, pour des prĂ©positions de lieu qui n'indiquent pas par elles-mĂȘmes le mouvement, par exemple en ( français en, dans), on peut rencontrer l'accusatif, la dĂ©sinence -n sert alors Ă  signifier le mouvement jusqu'Ă  la position indiquĂ©e par la prĂ©position.

Ex. Balai la polvon sub la lito kaj ne balai ĝin sub la liton. Balayer la poussiùre sous le lit et non en la (poussant) sous le lit

RÚgle 14. La signification des prépositions est univoque[N 6].

La prĂ©position universelle « je » a, seule, un sens variable et indique surtout le temps, l'heure et les dimensions. Elle peut ĂȘtre utilisĂ©e dans les cas douteux :

Mi parolas pri vi (Je parle de vous) ; Je kioma horo? (À quelle heure ?) ; Kredi je io (Croire en quelque chose).

Tous les complĂ©ments des verbes d'action qui ne sont pas introduits par une prĂ©position prennent la dĂ©sinence -n. Ex. Vojaĝi eksterlanden, Voyager Ă  l'Ă©tranger

  • prĂ©positions de lieu indiquant la position
    • antaĆ­ devant
    • malantaĆ­ derriĂšre
    • apud Ă  cĂŽtĂ© de
    • ĉe chez, tout prĂšs de
    • ĉirkaĆ­ autour
    • ekster hors de (sans mouvement)
    • en dans
    • inter entre
    • kontraĆ­ en face de, contre
    • sub sous
    • sur sur
    • super au-dessus de
  • Indiquant un mouvement :
    • al vers
    • el hors de: avec mouvement
    • post aprĂšs, derriĂšre
    • preter au-delĂ  de : en dĂ©passant
    • tra Ă  travers
    • trans au-delĂ  de : en passant par-dessus
  • PrĂ©positions de temps
    • antaĆ­ avant
    • antaĆ­ ol avant de
    • dum pendant
    • ĝis jusqu'Ă 
    • post aprĂšs, derriĂšre
  • Indiquant un rapport logique
    • anstataĆ­ au lieu de
    • da de : partitif
    • de de, par aprĂšs un verbe passif
    • krom sauf (exceptĂ©) ; outre, en plus de (Ă  l'inclusion de)
    • kun avec, accompagnement
    • laĆ­ le long, selon
    • per au moyen de, avec
    • po Ă  raison de
    • por pour : but
    • pri au sujet de
    • pro Ă  cause de

Mots-simples

Les mots-simples[N 7] constituent un ensemble de 45 mots d’usage courant[J 4]. En espĂ©ranto, ils sont aussi connus sous le nom de tabelvortoj (« mots du tableau »), dĂ» Ă  leur prĂ©sentation sous forme de tableau[J 4] - [W 21]. Ces mots suivent une construction logique basĂ©e sur deux Ă©lĂ©ments : une partie antĂ©rieure (i-, ki-, ti-, ĉi- et neni-) et une partie postĂ©rieure (-u, -a, -o, -e, -es, -el, -al, -am, -om)[W 21]. Ils sont appelĂ©s "mots-simples" car les deux Ă©lĂ©ments qui servent Ă  leur construction logiques sont indissociables dans l'usage de la langue. Ces Ă©lĂ©ments ne peuvent normalement pas ĂȘtre utilisĂ©s pour crĂ©er d’autres mots (en les combinant avec des racines par exemple)[W 21]. Toutefois, des propositions, notamment avec le prĂ©fixe al-, sont dĂ©crites[J 6] - [W 21]. Le sens de chacun des mots est directement dĂ©rivable par analyse de leur construction[W 21]. Les terminaisons en -u, -a, -o, -e ne portent pas le sens qu’on leur connait dans le reste de la langue[W 21]. Ici, elles dĂ©signent respectivement une personne, une qualitĂ©, une chose et un lieu[W 21]. Les mots-simples sont parfois prĂ©sentĂ©s en deux tableaux : un premier contenant les pronoms et adjectifs (mots-simples terminant par -a, -o, -u et -es) et un second pour les adverbes (mots-simples terminant par -al, -am, -e, -el et -om)[J 7].

indéfini
(quelque)
interrogatif/relatif
(que, quoi)
démonstratif
(ce, ça)
collectif
(tout, chaque)
négatif
(aucun)
i– ki– ti– ĉi– neni–
individu ou désignation
(personne)
–u iu (-jn)[N 8]
une personne quelconque
(quelqu'un, un certain)
kiu (-jn)
quelle personne ?
(qui, lequel, quel?)
tiu (-jn)
cette personne
(celui-ci, celui-lĂ , cet)
ĉiu (-jn)
toute personne
(tous, chacun, chaque)
neniu (-jn)
aucune personne
(personne, aucun)
qualité
(de — sorte)
–a ia (-jn)
d'une quelconque sorte
(une sorte de)
kia (-jn)
de quelle sorte ?
(de quelle sorte de?)
tia (-jn)
de cette sorte
(tel, cette sorte de)
ĉia (-jn)
de toute sorte
(toute sorte de)
nenia (-jn)
d'aucune sorte
(aucune sorte de)
chose ou
situation
(chose)
–o[N 1] io (-n)
une chose quelconque
(quelque chose)
kio (-n)
quelle chose?
(que, quoi?)
tio (-n)
cette chose
(cela, ça, ce)
ĉio (-n)
toute chose
(tout)
nenio (-n)
aucune chose
(rien)
emplacement
(lieu)
–e[N 9] ie (-n)
un lieu quelconque
(quelque part)
kie (-n)
quel lieu?
(oĂč?)
tie (-n)
ce lieu
(lĂ )
ĉie (-n)
tout lieu
(partout)
nenie (-n)
aucun lieu
(nulle part)
appartenance
ou possession
–es ies
d'une appartenance quelconque
(de quelqu'un, de quelque chose)
kies
de quelle appartenance ?
(de qui, de quoi, dont)
ties
de celui-lĂ 
(son sa ses)
ĉies
de toute appartenance
(de tous)
nenies
d'aucune appartenance
(de nul, de rien, de personne)
maniĂšre
(d'une maniĂšre)
–el iel
d'une maniĂšre quelconque
(n'importe comment)
kiel
de quelle maniĂšre?
(comment?)
tiel
de cette maniĂšre
(ainsi, comme cela)
ĉiel
de toute maniĂšre
(dans tous les cas)
neniel
d'aucune maniĂšre
(nullement)
cause
(pour — raison)
–al ial
pour une raison quelconque
(sur de nombreuses raisons)
kial
pour quelle raison?
(pourquoi?)
tial
pour cette raison
(donc)
ĉial
pour toute raison
(pour toutes sortes de raison)
nenial
pour aucune raison
temps
(moment)
–am iam
un moment quelconque
(un jour, une fois quelconque)
kiam
Ă  quel moment?
(quand?)
tiam
Ă  ce moment
(alors)
ĉiam
Ă  tout moment
(toujours)
neniam
Ă  aucun moment
(jamais)
quantitĂ© –om iom
une certaine quantité
(un peu, a)
kiom
quelle quantité?
(combien?)
tiom
cette quantité
(tant, autant)
ĉiom
toute la quantité[N 10]
(tout)
neniom
aucune quantité
(rien du tout)

Nombres

Les adjectifs numĂ©raux cardinaux sont invariables : unu (1), du (2), tri (3), kvar (4), kvin (5), ses (6), sep (7), ok (8), naĆ­ (9), dek (10), cent (100), mil (1000). Les dizaines et les centaines se forment par la simple rĂ©union des dix premiers nombres; ainsi tridek (30). Aux adjectifs numĂ©raux cardinaux on ajoute: la terminaison (a) de l’adjectif, pour les numĂ©raux ordinaux ; obl, pour les numĂ©raux multiplicatifs; on, pour les numĂ©raux fractionnaires ; op, pour les numĂ©raux collectifs. On met po avant ces nombres pour marquer les numĂ©raux distributifs. Enfin, dans la langue, les adjectifs numĂ©raux peuvent s’employer substantivement ou adverbialement. Ex. : Kvin'cent tri'dek tri ― 533 ; kvar'a ― 4e; tri'obl'a ― triple ; kvar'on'o ― un quart ; du'op'e ― Ă  deux ; po kvin ― Ă  raison de cinq (chacun); unu'o ― (l’) unitĂ© ; sep'e ― septiĂšmement.

Le systÚme numéral de l'espéranto est rationnel et avec peu d'exceptions. Il est calqué sur l'arithmétique, qui, à l'aide de dix signes, écrit tous les nombres de 0 à 999999. Les dix numéraux de base ont une forme brÚve et pratique qui permet aisément toutes les combinaisons.

  • On Ă©crit en un mot les nombres qui se multiplient, et sĂ©parĂ©s, ceux qui s'additionnent : kvar kaj dek ok faras dudek du ("quatre plus dix huit font vingt deux").
  • Cependant, les multiples de mille s'Ă©crivent sĂ©parĂ©s : du mil tricent (2300).

Nombres cardinaux

Les nombres cardinaux sont invariables[N 11].

0 « nul », 1 « unu », 2 « du », 3 « tri », 4 « kvar », 5 « kvin », 6 « ses », 7 « sep », 8 « ok », 9 « naƭ », 10 « dek », 100 « cent », 1000 « mil ».

Les nombres intermédiaires se forment à l'aide de ces nombres de base selon la rÚgle que les nombres de base (de 0 à 9) multiplient les unités supérieures (dek, cent, mil...) quand ils les précÚdent et s'additionnent à elles quand ils les suivent : 70 sepdek ; 17 dek sep.

DĂ©rivations des nombres cardinaux

En espĂ©ranto, les nombres ordinaux sont obtenus par l’ajout, Ă  la forme cardinale, d’un -a pour les adjectifs ou un -e pour les adverbes[J 8]. Ainsi, le cardinal unu (« un ») donne unua (« premier ») et unue (« premiĂšrement »)[J 8]. Selon Joguin, l’écriture des ordinaux doit se faire en liant tous les composants, avec la possibilitĂ© d’utiliser des tirets pour plus de clartĂ©[J 8]. Toutefois, Wennegren indique qu’il est possible de laisser les espaces entre les mots, mais que la lettre finale (-a ou -e) n’est rajoutĂ©e qu’au dernier mot[W 22].

L’espĂ©ranto admet plusieurs suffixes pour former des dĂ©rivĂ©s : -obl-, -on- et -op-[J 9]. Le suffixe -obl- est utilisĂ© pour former les multiples : du (« deux »), duoblo (« le double »), duobla (« double »), duoble (« doublement ») ou duobligi (« doubler »)[J 10]. Le suffixe -on- permet de former les fractionnaires : du (« deux »), duono (« une moitiĂ© »), duona (« demi ») ou duone (« Ă  demi »)[J 10]. Enfin, le suffixe -op- est utilisĂ© pour les collectifs : du (« deux »), duopo (« duo »), duopa (« binaire »), duope (« Ă  deux »)[J 11].

Conjonctions de coordination

Elles coordonnent les propositions : kaj et ; aƭ ou ; ĉar car ; do donc ; sed mais etc.

Conjonctions de subordination

Elles subordonnent les propositions : tial ke parce que ; por ke pour que ; ke que ; se si etc.

En espéranto, aucune conjonction de subordination n'influe sur le mode du verbe qui la suit, et seule en décide la logique.

Formation des mots

Les mots sont composés d'un ou plusieurs éléments invariables, dits morphÚmes dont le(s) plus important(s) se situe(nt) à la fin du mot. On peut distinguer des catégories de " petits mots" grammaticaux, les morphÚmes grammaticaux (article, nombres, pronoms, prépositions, conjonctions, désinences non verbales et verbales) et quatre catégories principales de mots lexicaux (noms, adjectifs, verbes, adverbes) auxquelles on peut ajouter les affixes.

Les mots lexicaux sont trÚs nombreux et composés :

  • au minimum d'un radical invariable: c'est le cas de la trentaine d'adverbes invariables , par exemple nur: seulement
  • le plus frĂ©quemment d'un radical invariable dit lexĂšme ou morphĂšme lexical , - ex. parol' -;,et d'une dĂ©sinence finale grammaticale, par exemple -o : parol-o
  • un ou plusieurs affixes lexicaux peuvent s'y ajouter, par exemple eks-urb-estr-o, littĂ©ralement ex-ville-chef ou ex-maire ou ex-bourgmestre en Belgique.

Les mots composés (rÚgle 11) et le rapport de possession

La possibilitĂ© de crĂ©er facilement des mots composĂ©s contribue grandement Ă  la richesse lexicale d'une langue. C'est le cas en anglais, allemand, oĂč le mot principal est Ă  la fin Les mots composĂ©s de l'espĂ©ranto suivent aussi ce schĂ©ma trĂšs productif : par ex., urbo-domo signifie maison de ville, hĂŽtel de ville.

D'oĂč la rĂšgle 11 :" Les mots composĂ©s s’obtiennent par la simple rĂ©union des Ă©lĂ©ments qui les forment, Ă©crits ensemble, mais sĂ©parĂ©s par de petits traits (1). Le mot fondamental doit toujours ĂȘtre Ă  la fin. Les terminaisons grammaticales sont considĂ©rĂ©es comme des mots".

Ex. : vapor'Ɲip'o (bateau Ă  vapeur) est formĂ© de: vapor ― vapeur, Ɲip ― bateau, o ― terminaison caractĂ©ristique du substantif.

(1) Ces petits traits sont généralement omis dans les ouvrages autres que d'initiation.

La plupart des mots en espéranto sont des mots lexicaux portant une ou plusieurs des 11 désinences (finales détachables) : une des 3 non verbales marquant la catégorie -o, -a, -e, auxquelles peuvent s'ajouter les désinences grammaticales -j, -n , ou une des 6 désinences verbales.

Le rapport de possession s'exprime de façon simple par la prĂ©position de. Ce complĂ©ment introduit par de peut revĂȘtir aussi une forme adjectivale ou former une partie antĂ©rieure du mot composĂ© : la pordo de la ĝardeno, la ĝardena pordo, la porte du jardin, ou la ĝarden-pordo.

Les familles de mots : dérivation et combinaison

On peut les construire logiquement à partir de chaque radical invariable, par différents moyens.

  • L'ajout d'une voyelle finale aux radicaux lexicaux permet Ă  la fois d'identifier immĂ©diatement leur catĂ©gorie grammaticale : -o indique un substantif, -a un adjectif, -e un adverbe dĂ©rivĂ©, -i un verbe Ă  l'infinitif et de quadrupler, quand cela a un sens, le vocabulaire disponible ; le radical du mot lexical reste toujours le mĂȘme : parol-o parole, parol-i parler, parol-a oral, parol-e oralement.
  • Les radicaux peuvent aussi se combiner avec des affixes (prĂ©fixes ou suffixes) rĂ©guliers et invariables. Ces derniers sont en nombre limitĂ© et n'ont gĂ©nĂ©ralement qu'un seul sens. Ex. mal- : idĂ©e de contraire, mal-lerta maladroit. Le vocabulaire disponible est Ă  nouveau multipliĂ©, le nombre de radicaux restant limitĂ©.
  • De plus la combinaison de radicaux permet de former des mots composĂ©s, le dernier, appelĂ© le dĂ©terminĂ©, Ă©tant le mot principal, sur le modĂšle, par exemple, de l'anglais et des langues germaniques. Ainsi vapor-Ɲip-o bateau Ă  vapeur, qui est Ă©crit le plus souvent sans tirets (vaporƝipo)
  • L’utilisation de ces trois procĂ©dĂ©s rĂ©guliers de construction des mots, par l'adjonction de dĂ©sinences, d'affixes et par la combinaison de radicaux lexicaux et d'outils grammaticaux, permet Ă  la fois d'accĂ©lĂ©rer fortement le temps d’étude, la mĂ©morisation portant sur un nombre relativement rĂ©duit de radicaux invariables ayant un haut degrĂ© d’internationalitĂ© et de bĂ©nĂ©ficier d’une grande richesse de vocabulaire. La clartĂ© de la langue est accrue aussi par la quasi-absence d'homonymes et la faible polysĂ©mie des mots.

Vocabulaire dérivé

Les affixes sont considérés comme des racines comme les autres, et sont utilisés pour construire des mots lexicaux .

Par exemple, le suffixe -ebl-, suffixe qui dĂ©note la possibilitĂ© (trink'i, boire, trink'ebl'a, buvable, potable) va ĂȘtre Ă  l'origine de toute une famille tournant autour de la notion abstraite de possibilitĂ© : ebla (adjectif) possible ; eble (adverbe) « possiblement », de maniĂšre possible ; eblo (substantif) une possibilitĂ© ; ebleco la possibilitĂ©, le caractĂšre possible (qualitĂ© d'ĂȘtre possible) ; ebligi rendre possible ; malebla, neebla (adjectifs) impossible, neeblaÄ”o une impossibilitĂ©, etc.

Certaines racines sont utilisées principalement pour former des mots composés. On les nomme affixes, soit une dizaine de préfixes : MAL, GE, etc., et une quarantaine de suffixes EBL, UL, etc. Ils permettent de simplifier l'acquisition du vocabulaire de maniÚre trÚs importante.

RĂšgle 12.

S’il y a dans la phrase un autre mot de sens nĂ©gatif, l’adverbe ne se supprime. Ex.: mi neniam vid'is ― je n’ai jamais vu.

RĂšgle 13.

Si le mot ou groupe de mots complĂ©ment marque le lieu oĂč l’on va, il prend la terminaison de l’accusatif. Ex .: kie vi est'as ? ― oĂč ĂȘtes-vous ? kie'n vi ir'as ? ― oĂč allez-vous ? mi ir'as Pariz'o'n ― je vais Ă  Paris

RĂšgle 15. Les mots « Ă©trangers » , c'est-Ă -dire ceux que la plupart des langues ont empruntĂ© Ă  la mĂȘme source, ne changent pas en espĂ©ranto. Ils prennent seulement l’orthographe et les terminaisons grammaticales de la langue. Mais quand, dans une catĂ©gorie, plusieurs mots diffĂ©rents dĂ©rivent de la mĂȘme racine, il vaut mieux n’employer que le mot fondamental, sans altĂ©ration, et former les autres d’aprĂšs les rĂšgles de la langue internationale. Ex. : tragĂ©die ― tragedi'o, tragique ― tragedi'a.

Syntaxe

La syntaxe de l'espéranto est essentiellement logique. Certains aspects de la syntaxe ont déjà été abordés dans les sections correspondantes : l'usage de l'article la ; le complément du substantif (de, da si idée de quantité), fare de aprÚs un verbe au passif) ; le complément sans préposition des verbes d'action (-n) ; l'attribut des verbes d'état (sans -n) ; le pronom réfléchi si ; l'utilisation des trois modes principaux en fonction du plus ou moins grand degré de réalité d'une action : indicatif (-as, -is, -os) ; volitif (-u) ; conditionnel (-us).

La grammaire de base en 16 rÚgles a été publiée en 1905 par Zamenhof. Elle concourt à la stabilité de la base de la langue, observable dans la plupart des langues, ce qui facilite l'apprentissage et l'internationalité. Les dix premiÚres rÚgles concernent la morphologie (article, noms, adjectifs, numéraux, pronoms, verbes, adverbes, prépositions) et la phonétique. Les six suivantes concernent la syntaxe.

Ordre des groupes de mots

Il est gĂ©nĂ©ralement proche de l'ordre le plus frĂ©quent en français et en anglais, du type Sujet Verbe Objet S-V-O. Cependant l'ordre le plus frĂ©quent des groupes de mots n'Ă©tant pas le mĂȘme selon les langues, la langue internationale autorise une grande flexibilitĂ© du fait de l'existence de la finale -n pour le groupe Objet. Ainsi dans un grand nombre de phrases, le complĂ©ment sans prĂ©position qui prend la finale -n est placĂ© en premier. L'ordre des groupes de mots peut ainsi changer et s'adapter aux habitudes linguistiques de chacun, tout en restant clair, ce qui facilite la communication internationale. Ainsi, si l'ordre international le plus frĂ©quent est S-V-O, on a aussi frĂ©quemment les ordres O-V-S, O-S-V , S-O-V etc..Ex. Mi amis junulinon, j'ai aimĂ© une jeune fille ou Junulinon mi amis etc.

L'ordre des mots ou des groupes de mots n'intervient pas dans la distinction entre sujet (S) et objet (O) du verbe (V), entiÚrement assurée par l'accusatif, ce qui donne à la langue une grande souplesse. On a ainsi :

  • (SVO) La patrino kisas la infanon. - (OVS) La infanon kisas la patrino. - (SOV) La patrino la infanon kisas. - (OSV) La infanon la patrino kisas. - (VSO) Kisas la patrino la infanon. - (VOS) Kisas la infanon la patrino. Dans ce premier exemple, la phrase signifie Ă  chaque fois « La mĂšre embrasse l'enfant. »
  • Dans ce second exemple, la phrase signifie Ă  chaque fois « L'enfant embrasse la mĂšre. » : (OVS) La patrinon kisas la infano. - (SVO) La infano kisas la patrinon. - (OSV) La patrinon la infano kisas. - (SOV) La infano la patrinon kisas. - (VOS) Kisas la patrinon la infano. - (VSO) Kisas la infano la patrinon.

Cependant l'ordre Sujet-Verbe-Objet (SVO), est le plus fréquent en espéranto comme dans les langues dominantes de la communication internationale : anglais, chinois, principales langues romanes...

Ordre dans le groupe de mots et types de phrase

Le déterminant précÚde généralement le déterminé ou mot principal, comme dans le mot composé.

  • Sont devant le nom : l'article la tablo, la table ; le nom de nombre du tabloj, deux tables ; le possessif mia libro, mon livre ; gĂ©nĂ©ralement l'adjectif la bela floro, la belle fleur
  • La nĂ©gation est devant le mot qu'elle rend nĂ©gatif : Li ne laboras , il ne travaille pas. Ne li laboras, ce n'est pas lui qui travaille. Li laboras ne en Parizo, il ne travaille pas Ă  Paris . Elle est donnĂ©e par l'adverbe "ne" ou les pronoms-adjectifs commençant par "nen-"
  • L'adverbe prĂ©cisant un verbe, un adjectif ou un autre adverbe se place devant ce terme. Mi sufiĉe Ɲatas tiun tre helan bluon : J'aime assez ce bleu trĂšs clair.
  • l'adverbe formant Ă  lui seul un complĂ©ment circonstanciel (cc.), se place librement, comme pour tout autre cc. Lunde mi iros Parizen = Mi Parizen iros lunde (etc) lundi j'irai Ă  Paris.
  • La phrase interrogative commence impĂ©rativement par un mot interrogatif, - ĉu = est-ce que ou les pronoms-adjectifs commençant par ki-. Elle se termine par un point d'interrogation - ?-.
  • La phrase exclamative se termine par un point d'exclamation : !. rĂšgles de syntaxe

Ponctuation

Leur utilisation est proche du français. Il y a néanmoins quelques différences notables. La virgule sépare les propositions entre elles[J 12].

Complément sur l'accusatif

On emploie l'accusatif[J 13] afin d'Ă©viter toute Ă©quivoque :

  • 1- avec le complĂ©ment d'objet direct (COD) : construction type de la phrase S-V-O-n. Ili konstruas grandan domon : « ils construisent une grande maison ».
    • Cependant, lorsque l'on cite (par exemple, le nom d'un livre), on ne l'emploie pas : mi legas "Privilegia Vojo" ; li diris la vorton "libro" (il dit le mot "livre" : le mot citĂ©, "livre", reste au nominatif).
  • 2- avec un complĂ©ment de lieu oĂč l'on va et qui est atteint : Pour indiquer la direction (atteinte), les mots reçoivent la terminaison « -n » de l'accusatif. (RĂšgle 13 du Fundamento). Il peut ĂȘtre remplacĂ© souvent par la prĂ©position al, qui n'implique pas que ce lieu est atteint.
  • avec des prĂ©positions qui ne donnent pas par elles-mĂȘmes l'idĂ©e de mouvement : la muso estas sub la lito : la souris est sous le lit ; la muso kuras sub la lito : la souris court sous le lit (mais elle ne va pas ailleurs) ; construction type : S-V de mouvement-prĂ©position qui n'indique pas la direction -O-n. La muso kuras sub la liton : la souris court sous le lit (elle n'y Ă©tait pas, elle s'y sauve). Le passage Ă  un nouvel Ă©tat est considĂ©rĂ© comme un mouvement atteint : la feino transformis lin en birdon : la fĂ©e le transforma en oiseau. Cependant, les prĂ©positions qui donnent dĂ©jĂ  l'idĂ©e de direction (al et ĝis) , n'admettent pas l'accusatif: mi iras al (Ă , vers) la lernejo. avec des adverbes de lieu, pour exprimer la direction
  • avec des adverbes pour indiquer le mouvement : kie estas Riko ? –Riko estas hejme: oĂč est R.? –R. est Ă  la maison ; kien iras Riko ? – Riko iras hejmen : (vers) oĂč va R. ? – R. va Ă  la maison ;
  • 3- Ă  la place de prĂ©positions, si le sens reste clair ; Il a alors une fonction « joker »et peut ĂȘtre remplacĂ© par la prĂ©position je, il s'emploie en cas de doute, ou pour remplacer une prĂ©position, et marque alors simplement la dĂ©pendance syntaxique (tiu tablo estas longa je du metroj - tiu tablo estas du metrojn longa « Cette table fait deux mĂštres de long » Couramment, pour marquer
    • la distance : homo, tri paƝojn distanca de mi : une personne, Ă©loignĂ©e de moi (de) trois pas ;
    • le temps : mi laboris multajn jarojn : j'ai travaillĂ© (pendant) beaucoup d'annĂ©es ;
    • la date : la 15an (dekkvinan) de julio 2002 : (au) ;
    • la mesure : la plej grandaj sableroj estas du milimetrojn longaj : les plus gros grains de sable sont longs de deux millimĂštres.

On n'emploie pas l'accusatif :

  1. Avec les copules : esti, iĝi, Ɲajni, aspekti
 gĂ©nĂ©ralement suivis d'un attribut, car il n'y a pas de mouvement : Riko estas koko. Tiu aeroplano Ɲajnas libelo : cet avion paraĂźt une libellule.
  2. Lorsqu'un nom ou un adjectif identifie ou dĂ©crit un nom prĂ©cĂ©dant comme s'il Ă©tait le PrĂ©dicat (linguistique) d'une copule implicite : on l'Ă©lut (pour ĂȘtre) prĂ©sident
    • Nom qui suit immĂ©diatement un autre, Ă  l'accusatif ou non : oni elektis lin prezidanto : on l'Ă©lut prĂ©sident (mais : oni elektis lin kiel prezidanton). Li diris la vorton "libro". Ni vizitis la urbon Parizo.
    • Adjectif : Mi trovis la vinon bona : je trouvai le vin bon (= que le vin Ă©tait bon ; mais mi trovis la bonan vinon : je trouvai le bon vin).

Notes et références

Notes

  1. D’aprĂšs le PMEG, les mots-simples en -o ne peuvent normalement pas recevoir la marque du pluriel[W 6]. Toutefois, il est possible de trouver des attestations au pluriel, comme le montre cette requĂȘte sur un corpus de l’espĂ©ranto.
  2. Le pronom ci, permettant de dĂ©signer la deuxiĂšme personne du singulier, existe. Toutefois, il n’est plus en usage de nos jours. On le retrouve encore utilisĂ© dans les traductions ou la poĂ©sie.
  3. Le pronom ri est une proposition nĂ©ologique non-officielle issue du riisme. Il permet de dĂ©signer les personnes dont on ne connait pas le genre, ou qui ne s’identifient pas au masculin ou au fĂ©minin. Son utilisation fait dĂ©bat, les personnes y Ă©tant rĂ©fractaires suggĂ©rant d’utiliser li ou ĝi. En 2021, l’AcadĂ©mie d’espĂ©ranto a dĂ©clarĂ© qu’il n’était pas encore temps de statuer sur l’officialisation du nĂ©o-pronom, et que cette dĂ©cision Ă©tait repoussĂ©e d’au moins dix ans[7].
  4. La traduction des termes proposĂ©e ici doit ĂȘtre prise avec prĂ©caution. En effet, le pronom Ă  utiliser est choisi en fonction du genre social de la personne, et non, comme c’est le cas pour le français, en fonction du genre grammatical du nom, inexistant en espĂ©ranto.
  5. Les prĂ©positions qui n'indiquent pas le mouvement peuvent ĂȘtre suivies de l'accusatif pour l'indiquer. Ex. la kato saltas sur la tablo (le chat saute sur la table: il est dĂ©jĂ  sur la table et y fait des bonds). la kato saltas sur la tablon (le chat saute sur la table:, mais depuis un autre point de Ă©part).
  6. Cependant, les prépositions peuvent avoir plusieurs sens, ainsi la préposition de qui introduit le complément du nom, le complément d'agent, le complément de temps (origine).
  7. Ces mots sont parfois dĂ©signĂ©s comme les « corrĂ©latifs » de l’espĂ©ranto. Il s’agit toutefois une appellation trompeuse : tous les mots-simples ne sont pas des corrĂ©latifs et il existe des corrĂ©latifs qui ne sont pas des mots-simples.
  8. Les -j et -n entre parenthĂšses indiquent la possibilitĂ© pour les pronoms et adjectifs relatifs en question d’ĂȘtre Ă  l'accusatif (-n), au pluriel (-j), ou les deux (-jn).
  9. Les mots ie, kie, tie, ĉie, nenie, marquant le lieu, peuvent ĂȘtre suffixĂ©s par -n pour indiquer le mouvement vers un lieu atteint ou Ă  atteindre, Ă  l'identique des autres adverbes en "e".
  10. ĉiom est globalisant, tandis que iom est indĂ©fini. Dans le cas d'une quantitĂ©, Ĉi- signifie « une certaine (indĂ©finie) quantitĂ©) ». ĉiom signifie donc ici « toute la quantitĂ© » plutĂŽt que « toutes les quantitĂ©s », qui aurait fait doublon avec iom.
  11. Excepté miliono million et miliardo milliard quand ils sont multipliés, et qui sont des substantifs lorsqu'ils ne sont pas suivis d'un autre nombre : du milionoj da vortoj deux millions de mots, mais du milionoj unu vortoj deux millions un mots.

Références

  1. André Cherpillod, L'extraordinaire diversité des langues et sa répercussion sur l'espéranto, F- 72320- Courgenard, La BlanchetiÚre, , 104 p. (ISBN 2-906134-70-8), p. 22
  2. SAT-AMIKARO, Dictionnaire de poche, Paris, SAT-AMIKARO, , 94 p. (ISBN 2-9508809-7-5), p XIII
  3. Claude Piron, « Structures linguistiques et accusatif », sur http://claudepiron.free.fr/ (consulté le )
  4. (eo) Louis-Lazare Zamenhof, Lingvaj respondoj, (lire en ligne)
  5. Jacques Joguin, Parlons espéranto, Condé sur Noireau, L'Harmattan, , 304 p. (ISBN 9 782747 503556), p. 136
  6. Anna Löwenstein, « 1000 radicaux les plus fréquents » (consulté le )
  7. (eo) Redakcio, « La Akademio: ”Ri” devos atendi ĝis 2031 », sur Libera Folio,

Parlons espéranto

  1. Joguin 2001, p. 110.
  2. Joguin 2001, p. 112-115.
  3. Joguin 2001, p. 127-135.
  4. Joguin 2001, p. 161.
  5. Joguin 2001, p. 146.
  6. Joguin 2001, p. 164.
  7. Joguin 2001, p. 162-163.
  8. Joguin 2001, p. 178.
  9. Joguin 2001, p. 180-181.
  10. Joguin 2001, p. 180.
  11. Joguin 2001, p. 181.
  12. Joguin 2001, p. 44-45.
  13. Joguin 2001.

Plena Manlibro de Esperanta Gramatiko

Voir aussi

Bibliographie

Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article : document utilisĂ© comme source pour la rĂ©daction de cet article.

Grammaires générales

Ouvrages spécialisés

Lien externe

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.