Grammaire de l'espéranto
La grammaire de lâespĂ©ranto est lâensemble des rĂšgles qui dictent le fonctionnement de lâespĂ©ranto. Elle est rĂ©guliĂšre dans le but d'un apprentissage facile. La construction des mots est celle des langues agglutinantes, câest-Ă -dire basĂ©e sur lâutilisation de briques de sens Ă©lĂ©mentaires. Une grande flexibilitĂ© dans la construction des phrases est possible. Ceci permet une communication efficace avec un stock relativement restreint de racines. Tous les morphĂšme sont invariants.
Histoire
La grammaire de lâespĂ©ranto est exposĂ©e pour la premiĂšre fois dans le livre Langue Internationale, paru en 1887 Ă Varsovie. Une synthĂšse, sous la forme de 16 rĂšgles, est prĂ©sentĂ©e en 1905 dans le Fundamento de Esperanto, adoptĂ© Ă lâunanimitĂ© lors du premier congrĂšs universel de 1905.
AprÚs la publication des rÚgles en 1905, des grammaires plus complÚtes ont été publiées, telles que la Plena Analiza Gramatiko, de Kalocsay et Waringhien, ou le Plena Manlibro de Esperanta Gramatiko, de Wennergren.
Ăcriture
Alphabet
A a, Ăą |
B b, b |
C c, ts dans tsar. |
Ä Ä, tch, ch anglais dans tchĂšque, ciao |
D d, d |
E e, Ă© ou Ăš |
F f, f |
G g, g dans gant. |
Ä Ä, dj dans adjudant, gentleman |
H h, h anglais "hello" fortement aspiré. |
Ä€ Ä„, R guttural (jota espagnole, Wuhan)(lettre rare) |
I i, i |
J j, j dans yoga, yes, ja allemand |
ÄŽ Ä”, j dans journal. |
K k, k |
L l, l |
M m, m |
N n, n |
O o, ĂŽ |
P p, p |
R r, r roulé italien |
S s, ss, ç |
Ć Ć, ch, sh anglais dans chou, shĂ©rif. |
T t, t |
U u, ou |
ĆŹ Ć, ou bref comme aoĂ»tien. |
V v, v |
Z z, z |
Remarque. â Les typographies qui nâont pas les caractĂšres Ä, Ä, Ä„, Ä”, Ć, Ć, peuvent les remplacer par ch, gh, hh, jh, sh, u.
Phonologie
Chaque mot se prononce comme il est Ă©crit. Lâaccent tonique se place toujours sur lâavant-derniĂšre syllabe. 21 lettres non accentuĂ©es se prononcent approximativement comme dans l'alphabet phonĂ©tique international, le "c" se prononce "ts"; les lettres accentuĂ©es, - Ä, Ä, Ä„, Ä”, Ć, Ć -, correspondent Ă une deuxiĂšme prononciation frĂ©quente dans des langues europĂ©ennes.
Accords
Genre
L'espĂ©ranto nâa pas de genre grammatical[W 1] - [1]. Par contre, certaines racines ou suffixes peuvent porter une signification socialement genrĂ©e[W 1]. Ainsi, originellement, les racines et suffixes peuvent avoir un sens masculin (comme sinjor ou -Äj-), fĂ©minin (comme femal, -in- ou -nj-) ou neutres[W 2]. La grande majoritĂ© des racines sont dâailleurs dans cette troisiĂšme catĂ©gorie[W 3].
LâespĂ©ranto connait des propositions dâalternatives neutres Ă ces racines socialement genrĂ©es, telle que pajtr Ă la place de patr[W 4]. Il y a Ă©galement des propositions pour dĂ©signer les genres non-binaires, comme le suffixe -ip-[W 5].
Nombre
En espĂ©ranto, les noms communs, les adjectifs, ainsi que les mots-simples en -u, -a et -o[N 1] peuvent ĂȘtre diffĂ©renciĂ©s selon leur nombre[W 7]. LâespĂ©ranto possĂšde seulement deux nombres grammaticaux : le singulier et le pluriel[W 7]. Le pluriel est toujours marquĂ© par lâutilisation de la lettre finale -j, aprĂšs la lettre finale -o, -a ou -u[W 7]. Par exemple, tago signifie «âŻun jourâŻÂ», alors que tagoj signifie «âŻdes joursâŻÂ»[W 7].
Lorsquâil existe un ensemble de plusieurs entitĂ©s, le suffixe -ar- permet de crĂ©er le nom dĂ©signant le collectif[W 7]. Par exemple, arbo signifiant «âŻun arbreâŻÂ», on peut former arboj pour «âŻdes arbresâŻÂ» et arbaro pour «âŻune forĂȘtâŻÂ» (un ensemble dâarbres)[W 8].
Nominatif
C'est le cas sujet. Il s'emploie aussi aprÚs les prépositions, sauf si l'on veut déterminer une direction non indiquée par la préposition (voir accusatif)
Accusatif
L'accusatif s'applique à tout complément sans préposition, ou à la destination d'un déplacement, quand la préposition ne l'indique pas. Mi legas libron, je lis un livre; mi iras supren, je vais en haut[2]
Il se caractérise par la terminaison -n, et il peut s'adjoindre non seulement aux pronoms comme en anglais ou français (I, me; je, me...) mais aussi aux noms, aux adjectifs épithÚtes et aux adverbes de lieu s'il y a un mouvement vers une direction à atteindre.
Si lâon veut quâune langue internationale excelle dans la traduction de textes originaux de toutes les cultures, lâaccusatif est irremplaçable[3]. Il apporte plus de clartĂ©, qualitĂ© essentielle d'une bonne communication internationale.
Zamenhof, dans Lingvaj Respondoj[4], Réponses sur la langue, a fourni des explications complémentaires :
« Concernant l'accusatif, je peux vous donner le conseil suivant : utilisez le toujours, seulement dans les occasions oĂč il est effectivement nĂ©cessaire ; dans toutes les autres occasions oĂč vous ne savez pas si on doit l'utiliser ou non, utilisez toujours le nominatif. L'accusatif a Ă©tĂ© introduit seulement, parce que sans lui le sens souvent ne serait pas clair mais son utilisation en cas de non nĂ©cessitĂ© enlaidit beaucoup plus la langue que sa non utilisation en cas de besoin.
L'accusatif dans notre langue ne dĂ©pend jamais de la prĂ©position antĂ©rieure (car celle-ci par elle-mĂȘme ne demande jamais l'accusatif), mais seulement du sens. Nous utilisons seulement l'accusatif dans trois cas :
a) pour montrer ce ou celui qui supporte l'action (c'est-Ă -dire aprĂšs des verbes ayant un sens actif), par exemple, 'je le bat', mi batas lin ; ' je dis le mot', mi diras la vorton"
b) pour indiquer une direction (c'est-Ă -dire un mouvement vers un lieu quelconque, Ă la diffĂ©rence du mouvement sur place), si la prĂ©position par elle-mĂȘme n'indique pas ce mouvement ; par exemple nous devons diffĂ©rencier iri en la urbo" aller dans la ville" (oĂč je suis dĂ©jĂ ) et iri en la urbon, " aller en ville" "(en y rentrant) ; mais nous disons âmi venas al la celoâ (ne âal la celonâ) "j'arrive au but" (donc celo = but sans la lettre finale -n qui marque l'accusatif), car la prĂ©position « al » montre dĂ©jĂ la direction.
c) dans tous les cas, lorsque nous ne savons pas quelle prĂ©position utiliser, nous pouvons utiliser l'accusatif au lieu de la prĂ©position "je", par exemple dans l'expression "j'en suis satisfait", mi kontentiÄas tion Äi l'accusatif ne dĂ©pend pas du verbe "est satisfait" mais remplace uniquement la prĂ©position manquante "je" (= mi kontentiÄas je tio Äi). »
Classes grammaticales
Noms
Les noms en espĂ©ranto sont marquĂ©s par la lettre finale -o[W 9]. Ils permettent de dĂ©signer des entitĂ©s[W 9]. Ils sâaccordent en nombre (par ajout de -j pour le pluriel) et en cas (par ajout de -n pour lâaccusatif)[W 9]. Deux catĂ©gories de noms sont identifiĂ©es en espĂ©ranto : les noms communs et les noms propres[W 9]. Si le nom est au singulier et nominatif (câest-Ă -dire que la derniĂšre lettre est «âŻoâŻÂ»), ce «âŻoâŻÂ» peut ĂȘtre remplacĂ© par une apostrophe[W 9].
Cinq usages des noms en espéranto sont identifiés[W 10] :
- en tant que sujet : la bona virino trankviligis sian soifon («âŻla gentille femme apaisa sa soifâŻÂ»)âŻ;
- en tant quâobjet : mi vidas leonon («âŻje vois un lionâŻÂ»)âŻ;
- en tant quâapostrophe : Ludoviko, donu al mi panon («âŻLudovic, donne-moi du painâŻÂ»)âŻ;
- en tant que complĂ©mentâŻ: sur la fenestro kuĆas krajono kaj plumo («âŻsur la fenĂȘtre reposent un crayon et une plumeâŻÂ»âŻ;
- en tant que satellite : la dentoj de leono estas akraj («âŻles dents du lion sont acĂ©rĂ©esâŻÂ»).
Noms communs
Le nom commun dĂ©signe les ĂȘtres ou les choses d'une mĂȘme espĂšce, un reprĂ©sentant d'un ensemble comme en français.
Noms propres
Le nom propre dĂ©signe un ĂȘtre ou une chose unique. Il prend une majuscule comme en français. Il est normalement Ă©crit sans article, sauf s'il est formĂ© de noms communs, la Nigra Maro, la Mer noire et s'il est prĂ©cĂ©dĂ© d'un adjectif qualificatif, la longa Amazono -le long Amazone-, ou d'un nom commun la rivero Gango, le fleuve Gange[5].
Adjectifs
Les adjectifs en espĂ©ranto sont marquĂ©s par la lettre finale -a[W 11]. Ils permettent de dĂ©signer les essences, qualitĂ©s, appartenances ou relations : ils sont utilisĂ©s pour dĂ©crire les noms et les pronoms[W 12]. Ils sâaccordent en nombre (par ajout de -j pour le pluriel) et en cas (par ajout de -n pour lâaccusatif) selon le nombre et le cas du nom auxquels ils sont rattachĂ©s[W 11]. GĂ©nĂ©ralement, les adjectifs se positionnent devant les noms quâils qualifient[W 11]. Toutefois, il est possible dâen trouver aprĂšs[W 11].
- La domo estas granda («âŻLa maison est grandeâŻÂ»)âŻ;
- Tiuj Äi verkistoj estas famaj («âŻCes auteurs sont cĂ©lĂšbresâŻÂ»)âŻ;
- Mi estas feliÄa («âŻJe suis heureuseâŻÂ»).
Lorsque le contexte le permet, le nom qualifiĂ© peut ĂȘtre Ă©liminĂ© pour ne garder que lâadjectif, comme dans la phrase La palaco de la imperiestro estis la plej belega [palaco] en la mondo («âŻLe palais de lâempereur est le plus beau du mondeâŻÂ»)[W 13]. Ce processus est trĂšs utilisĂ© quand il sâagit dâexprimer les heures ou les dates : HodiaĆ estas la dudek sepa [tago] de Marto («âŻAujourdâhui, câest le 27 marsâŻÂ»), Estas la dek-unua [horo] kaj duono («âŻIl est onze heures et demieâŻÂ»)[W 13].
Adverbes
Lâadverbe dĂ©rivĂ© est caractĂ©risĂ© par la terminaison « -e » (RĂšgle 7 du Fundamento). Exemple : rapide (rapidement)
Ses degrĂ©s de comparaison se marquent de la mĂȘme maniĂšre que ceux de lâadjectif. Ex. : mi-a frat-o pli bon-e kant-as ol mi ; mia frato pli bone kantas ol mi â « mon frĂšre chante mieux que moi ».
L'adverbe de lieu en -e indique le locatif (le lieu oĂč l'on est). L'adverbe de lieu se met Ă l'accusatif en -en pour indiquer le mouvement vers une direction.
Verbes
En espĂ©ranto, le verbe se conjugue de façon rĂ©guliĂšre[J 1]. Le verbe ne change ni selon la personne, ni selon le nombre[J 1]. Le verbe est marquĂ© par la finale -i pour lâinfinitif, -as pour le prĂ©sent, -is pour le passĂ©, -os pour le futur, -us pour le conditionnel et -u pour le volitif[W 14]. Le verbe Ă lâinfinitif est traditionnellement considĂ©rĂ© comme la forme de base, et est utilisĂ© comme entrĂ©e dans les dictionnaires[W 14].
- Il y a un seul auxiliaire, Ă l'exemple du russe, l'auxiliaire ĂȘtre, esti
Ces terminaisons permettent d'exprimer n'importe quel concept sous forme de verbe : muziko « musique » â li muzikas « il joue de la musique », Äoja « gai » â Äoji « se rĂ©jouir ». Cette possibilitĂ© est notamment exploitĂ©e pour former des verbes d'Ă©tat Ă partir d'adjectifs : « elle est belle » peut se dire aussi bien Ći belas que Ći estas bela.
Ă l'inverse du français, mais Ă l'exemple des langues slaves, l'espĂ©ranto ne pratique pas la concordance des temps. Leur usage relĂšve des seules exigences de la pensĂ©e. Toute proposition conserve en subordination le mĂȘme temps qu'elle aurait si elle Ă©tait principale, Ă l'exemple du grec ancien, ce qui simplifie la question du style indirect : Mi ne sciis ke li venos. « Je ne savais pas qu'il viendrait ».
D'autres affixes permettent d'exprimer diverses nuances d'aspect :
- le prĂ©fixe ek- pour l'aspect inchoatif (action commençante, entrĂ©e dans un Ă©tat): dormi « dormir » â ek-dormi « s'endormir » ;
- le suffixe -ad- pour l'aspect duratif (action prolongĂ©e) : labori « travailler » â labor-adi « travailler sans arrĂȘt » ;
- le prĂ©fixe re- pour l'aspect itĂ©ratif (action rĂ©pĂ©tĂ©e) : legi « lire » â re-legi « relire ».
Participes et temps composés
Le systÚme verbal comporte également des participes présents, passés et futurs, marqués respectivement par -ant-, -int- et -ont- pour la voix active et -at-, -it- et -ot- pour la voix passive. Ils peuvent se combiner à l'auxiliaire esti pour former des temps composés qui expriment l'aspect progressif avec les participes présents, le passé récent avec les participes passés, le futur proche avec les participes futurs. En pratique, l'usage de ces temps composés est assez restreint, surtout à l'actif, la préférence allant à l'usage d'adverbes temporels[J 2].
Exemples de participes actifs
- prĂ©sent âantâ : manÄ-anta (qui mange)
- passĂ© âintâ : manÄ-inta (qui a mangĂ©)
- futur âontâ : manÄ-onta (qui mangera)
Exemples de participes passifs
- prĂ©sent âatâ : manÄ-ata (qui est mangĂ©)
- passĂ© âitâ : manÄ-ita (qui a Ă©tĂ© mangĂ©)
- futur âotâ : manÄ-ota (qui sera mangĂ©)
Esti (ĂȘtre) est le seul verbe auxiliaire : La bildo estas presita signifie oni presis la bildon (l'image est imprimĂ©e). La bildo estas presata signifie oni presas la bildon (l'image est en train d'ĂȘtre imprimĂ©e).
Transitivité
Un verbe transitif peut recevoir un complément d'objet direct (c.o.d.). Un verbe intransitif ne peut pas en recevoir.
Un verbe transitif permet le passage au mode passif, procĂ©dure de retournement, par ex. le chat mange la souris, -la kato manÄas la muson- ; la souris est mangĂ©e par le chat , - la muso estas manÄata de la kato.
Un verbe intransitif ne permet pas le passage au mode passif puisque le verbe n'a pas de c.o.d.
La transitivité des verbes en espéranto est trÚs majoritaire et généralement fixée[6], et il n'est pas possible de déduire réguliÚrement si un verbe formé par simple ajout des marques de conjugaison à un radical est ou non transitif. Il faut donc apprendre le sens des verbes avec des exemples. Cependant, deux suffixes permettent d'en modifier la valence :
- -ig- indique que l'on provoque une action et transforme un verbe intransitif en transitif (causatif) : faire (quelque chose); traduction type par "faire + infinitif"
- -iÄ- indique un changement interne, et transforme un verbe transitif en intransitif (dĂ©causatif) : devenir (quelque chose). Exemples[J 3] :
- turni « tourner (quelque chose) » - turn-igi « faire tourner » - turn-iÄi « tourner (faire un ou plusieurs tours) » ;
- sidi « ĂȘtre assis » - sid-igi « asseoir » - sid-iÄi « s'asseoir » ;
- blanki « ĂȘtre blanc » - blank-igi « blanchir (rendre blanc) » - blank-iÄi « blanchir (devenir blanc) ».
Par ailleurs, la préfixation d'une préposition aboutit généralement à transitiver un verbe intransitif :
- naÄi « nager » â tra-naÄi « traverser Ă la nage » ;
- plori « pleurer (ĂȘtre en pleurs) » â pri-plori « pleurer (quelque chose) ».
Pronoms
LâespĂ©ranto possĂšde des pronoms personnels et des pronoms possessifs[W 15]. Il possĂšde Ă©galement des pronoms dĂ©monstratifs, indĂ©finis, interrogatifs, collectifs et nĂ©gatifs appelĂ©s mots-simples (pour plus de dĂ©tails, voir la section associĂ©e)[J 4].
Pronoms personnels
Singulier | Pluriel | Réfléchi | |
---|---|---|---|
PremiĂšre personne | mi (je) | ni (nous) | - |
DeuxiĂšme personne | vi[N 2] (tu, vous) | - | |
TroisiĂšme personne | li, Ći, ri[N 3] (il, elle, iel) Äi (il, ça) |
ili (ils, elles, iels) | si |
Indéfini | oni (on) | - |
Tous les pronoms personnels peuvent recevoir la marque de lâaccusatif -n[W 15].
Le pronom si dĂ©signe la mĂȘme personne que le sujet de la phrase[W 15]. Il permet de lever les potentielles ambiguĂŻtĂ©s de comprĂ©hension[J 5]. Par exemple, la phrase française «âŻIl se promĂšne avec sa sĆurâŻÂ» est ambiguĂ«[J 5]. Cette formulation ne permet pas de savoir sâil sâagit de la sĆur du sujet (il) ou pas[J 5]. En espĂ©ranto, le pronom si permet cette diffĂ©rence : li promenas kun sia fratino («âŻIl se promĂšne avec sa sĆurâŻĂ luiâŻÂ»), li promenas kun lia fratino («âŻIl se promĂšne avec la sĆur dâun autreâŻÂ»), li promenas kun Ćia fratino («âŻIl se promĂšne avec la sĆur dâune autreâŻÂ»)[J 5]. Par son fonctionnement, le pronom si ne peut pas ĂȘtre utilisĂ© comme sujet[J 5].
Pronoms et adjectifs possessifs
Singulier | Pluriel | Réfléchi | |
---|---|---|---|
PremiĂšre personne | mia (mon, ma) | nia (notre) | - |
DeuxiĂšme personne | via (ton, ta, votre) | - | |
TroisiĂšme personne | lia, Ćia, ria, Äia (son, sa)[N 4] | ilia (leur) | sia |
Indéfini | onia | - |
Les pronoms et adjectifs possessifs sont dĂ©rivĂ©s des pronoms personnels avec le suffixe adjectival -a[W 16]. Les pronom possessifs sont construits de plus avec l'article "la" prĂ©cĂ©dant l'adjectif possessif : la mia, le mien etc.l Ils peuvent Ă©galement prendre la marque du pluriel -j et de lâaccusatif -n[W 16]. Les adjectifs possessifs sont utilisĂ©s comme des dĂ©terminants lorsquâils sont utilisĂ©s avec des noms : Mia domo estas granda («âŻMa maison est grandeâŻÂ»)[W 17]. Toutefois, lorsquâils apparaissent seuls, ils ne sont des dĂ©terminants : Tiu Äi libro estas mia («âŻCe livre est Ă moiâŻÂ»)[W 17]. Lorsque le contexte le permet, le nom peut ĂȘtre abandonnĂ© pour ne garder que le pronom possessif : Via pano estas malpli freĆa, ol mia [pano] («âŻTon pain est moins frais que le mienâŻÂ»)[W 18].
Article
LâespĂ©ranto possĂšde un article dĂ©fini invariable : la[W 19]. Il est utilisĂ© pour dĂ©signer quelque chose de prĂ©cis, de telle sorte que lâinterlocuteur sache ce qui est dĂ©signĂ©[W 19]. Le dĂ©terminant la peut ĂȘtre Ă©lidĂ©, câest-Ă -dire que le «âŻaâŻÂ» est remplacĂ© par une apostrophe :
« Sub la sankta signo de lâ espero
kolektiÄas pacaj batalantoj,
kaj rapide kreskas la afero
per laboro de la esperantoj. »
â Louis-Lazare Zamenhof, La Espero
Il nâexiste pas dâarticle indĂ©fini, comme un, une ou des en français[W 20].
Prépositions
Chaque prĂ©position possĂšde en espĂ©ranto, un sens immuable et bien dĂ©terminĂ©, qui en fixe lâemploi. Cependant, si le choix de celle-ci plutĂŽt que de celle-lĂ ne sâimpose pas clairement Ă lâesprit, on fait usage de la prĂ©position je qui nâa pas de signification propre. Ex. : Äoj'i je tio â sâen rĂ©jouir, rid'i je tio â en rire, enu'o je la patr'uj'o â regret de la patrie. La clartĂ© de la langue nâen souffre aucunement, car, dans toutes, on emploie, en pareil cas, une prĂ©position quelconque, pourvu quâelle soit sanctionnĂ©e par lâusage. LâespĂ©ranto adopte pour cet office la seule prĂ©position 'je'. Ă sa place on peut cependant employer aussi lâaccusatif sans prĂ©position, quand aucune amphibologie nâest Ă craindre.
RĂšgle 8. Toutes les prĂ©positions sont suivies par un complĂ©ment au nominatif [N 5]. Cependant, pour des prĂ©positions de lieu qui n'indiquent pas par elles-mĂȘmes le mouvement, par exemple en ( français en, dans), on peut rencontrer l'accusatif, la dĂ©sinence -n sert alors Ă signifier le mouvement jusqu'Ă la position indiquĂ©e par la prĂ©position.
Ex. Balai la polvon sub la lito kaj ne balai Äin sub la liton. Balayer la poussiĂšre sous le lit et non en la (poussant) sous le lit
RÚgle 14. La signification des prépositions est univoque[N 6].
La prĂ©position universelle « je » a, seule, un sens variable et indique surtout le temps, l'heure et les dimensions. Elle peut ĂȘtre utilisĂ©e dans les cas douteux :
Mi parolas pri vi (Je parle de vous) ; Je kioma horo? (Ă quelle heure ?) ; Kredi je io (Croire en quelque chose).
Tous les complĂ©ments des verbes d'action qui ne sont pas introduits par une prĂ©position prennent la dĂ©sinence -n. Ex. VojaÄi eksterlanden, Voyager Ă l'Ă©tranger
- prépositions de lieu indiquant la position
- antaĆ devant
- malantaĆ derriĂšre
- apud à cÎté de
- Äe chez, tout prĂšs de
- ÄirkaĆ autour
- ekster hors de (sans mouvement)
- en dans
- inter entre
- kontraĆ en face de, contre
- sub sous
- sur sur
- super au-dessus de
- Indiquant un mouvement :
- al vers
- el hors de: avec mouvement
- post aprĂšs, derriĂšre
- preter au-delà de : en dépassant
- tra Ă travers
- trans au-delĂ de : en passant par-dessus
- Prépositions de temps
- antaĆ avant
- antaĆ ol avant de
- dum pendant
- Äis jusqu'Ă
- post aprĂšs, derriĂšre
- Indiquant un rapport logique
- anstataĆ au lieu de
- da de : partitif
- de de, par aprĂšs un verbe passif
- krom sauf (excepté) ; outre, en plus de (à l'inclusion de)
- kun avec, accompagnement
- laĆ le long, selon
- per au moyen de, avec
- po Ă raison de
- por pour : but
- pri au sujet de
- pro Ă cause de
Mots-simples
Les mots-simples[N 7] constituent un ensemble de 45 mots dâusage courant[J 4]. En espĂ©ranto, ils sont aussi connus sous le nom de tabelvortoj («âŻmots du tableauâŻÂ»), dĂ» Ă leur prĂ©sentation sous forme de tableau[J 4] - [W 21]. Ces mots suivent une construction logique basĂ©e sur deux Ă©lĂ©ments : une partie antĂ©rieure (i-, ki-, ti-, Äi- et neni-) et une partie postĂ©rieure (-u, -a, -o, -e, -es, -el, -al, -am, -om)[W 21]. Ils sont appelĂ©s "mots-simples" car les deux Ă©lĂ©ments qui servent Ă leur construction logiques sont indissociables dans l'usage de la langue. Ces Ă©lĂ©ments ne peuvent normalement pas ĂȘtre utilisĂ©s pour crĂ©er dâautres mots (en les combinant avec des racines par exemple)[W 21]. Toutefois, des propositions, notamment avec le prĂ©fixe al-, sont dĂ©crites[J 6] - [W 21]. Le sens de chacun des mots est directement dĂ©rivable par analyse de leur construction[W 21]. Les terminaisons en -u, -a, -o, -e ne portent pas le sens quâon leur connait dans le reste de la langue[W 21]. Ici, elles dĂ©signent respectivement une personne, une qualitĂ©, une chose et un lieu[W 21]. Les mots-simples sont parfois prĂ©sentĂ©s en deux tableaux : un premier contenant les pronoms et adjectifs (mots-simples terminant par -a, -o, -u et -es) et un second pour les adverbes (mots-simples terminant par -al, -am, -e, -el et -om)[J 7].
indéfini (quelque) |
interrogatif/relatif (que, quoi) |
démonstratif (ce, ça) |
collectif (tout, chaque) |
négatif (aucun) | ||
---|---|---|---|---|---|---|
iâ | kiâ | tiâ | Äiâ | neniâ | ||
individu ou désignation (personne) |
âu | iu (-jn)[N 8] une personne quelconque (quelqu'un, un certain) |
kiu (-jn) quelle personne ? (qui, lequel, quel?) |
tiu (-jn) cette personne (celui-ci, celui-lĂ , cet) |
Äiu (-jn) toute personne (tous, chacun, chaque) |
neniu (-jn) aucune personne (personne, aucun) |
qualitĂ© (de â sorte) |
âa | ia (-jn) d'une quelconque sorte (une sorte de) |
kia (-jn) de quelle sorte ? (de quelle sorte de?) |
tia (-jn) de cette sorte (tel, cette sorte de) |
Äia (-jn) de toute sorte (toute sorte de) |
nenia (-jn) d'aucune sorte (aucune sorte de) |
chose ou situation (chose) |
âo[N 1] | io (-n) une chose quelconque (quelque chose) |
kio (-n) quelle chose? (que, quoi?) |
tio (-n) cette chose (cela, ça, ce) |
Äio (-n) toute chose (tout) |
nenio (-n) aucune chose (rien) |
emplacement (lieu) |
âe[N 9] | ie (-n) un lieu quelconque (quelque part) |
kie (-n) quel lieu? (oĂč?) |
tie (-n) ce lieu (lĂ ) |
Äie (-n) tout lieu (partout) |
nenie (-n) aucun lieu (nulle part) |
appartenance ou possession |
âes | ies d'une appartenance quelconque (de quelqu'un, de quelque chose) |
kies de quelle appartenance ? (de qui, de quoi, dont) |
ties de celui-lĂ (son sa ses) |
Äies de toute appartenance (de tous) |
nenies d'aucune appartenance (de nul, de rien, de personne) |
maniĂšre (d'une maniĂšre) |
âel | iel d'une maniĂšre quelconque (n'importe comment) |
kiel de quelle maniĂšre? (comment?) |
tiel de cette maniĂšre (ainsi, comme cela) |
Äiel de toute maniĂšre (dans tous les cas) |
neniel d'aucune maniĂšre (nullement) |
cause (pour â raison) |
âal | ial pour une raison quelconque (sur de nombreuses raisons) |
kial pour quelle raison? (pourquoi?) |
tial pour cette raison (donc) |
Äial pour toute raison (pour toutes sortes de raison) |
nenial pour aucune raison |
temps (moment) |
âam | iam un moment quelconque (un jour, une fois quelconque) |
kiam Ă quel moment? (quand?) |
tiam Ă ce moment (alors) |
Äiam Ă tout moment (toujours) |
neniam Ă aucun moment (jamais) |
quantitĂ© | âom | iom une certaine quantitĂ© (un peu, a) |
kiom quelle quantité? (combien?) |
tiom cette quantité (tant, autant) |
Äiom toute la quantitĂ©[N 10] (tout) |
neniom aucune quantité (rien du tout) |
Nombres
Les adjectifs numĂ©raux cardinaux sont invariables : unu (1), du (2), tri (3), kvar (4), kvin (5), ses (6), sep (7), ok (8), naĆ (9), dek (10), cent (100), mil (1000). Les dizaines et les centaines se forment par la simple rĂ©union des dix premiers nombres; ainsi tridek (30). Aux adjectifs numĂ©raux cardinaux on ajoute: la terminaison (a) de lâadjectif, pour les numĂ©raux ordinaux ; obl, pour les numĂ©raux multiplicatifs; on, pour les numĂ©raux fractionnaires ; op, pour les numĂ©raux collectifs. On met po avant ces nombres pour marquer les numĂ©raux distributifs. Enfin, dans la langue, les adjectifs numĂ©raux peuvent sâemployer substantivement ou adverbialement. Ex. : Kvin'cent tri'dek tri â 533 ; kvar'a â 4e; tri'obl'a â triple ; kvar'on'o â un quart ; du'op'e â Ă deux ; po kvin â Ă raison de cinq (chacun); unu'o â (lâ) unitĂ© ; sep'e â septiĂšmement.
Le systÚme numéral de l'espéranto est rationnel et avec peu d'exceptions. Il est calqué sur l'arithmétique, qui, à l'aide de dix signes, écrit tous les nombres de 0 à 999999. Les dix numéraux de base ont une forme brÚve et pratique qui permet aisément toutes les combinaisons.
- On écrit en un mot les nombres qui se multiplient, et séparés, ceux qui s'additionnent : kvar kaj dek ok faras dudek du ("quatre plus dix huit font vingt deux").
- Cependant, les multiples de mille s'écrivent séparés : du mil tricent (2300).
Nombres cardinaux
Les nombres cardinaux sont invariables[N 11].
0 « nul », 1 « unu », 2 « du », 3 « tri », 4 « kvar », 5 « kvin », 6 « ses », 7 « sep », 8 « ok », 9 « naĆ Â», 10 « dek », 100 « cent », 1000 « mil ».
Les nombres intermédiaires se forment à l'aide de ces nombres de base selon la rÚgle que les nombres de base (de 0 à 9) multiplient les unités supérieures (dek, cent, mil...) quand ils les précÚdent et s'additionnent à elles quand ils les suivent : 70 sepdek ; 17 dek sep.
DĂ©rivations des nombres cardinaux
En espĂ©ranto, les nombres ordinaux sont obtenus par lâajout, Ă la forme cardinale, dâun -a pour les adjectifs ou un -e pour les adverbes[J 8]. Ainsi, le cardinal unu (« un ») donne unua (« premier ») et unue (« premiĂšrement »)[J 8]. Selon Joguin, lâĂ©criture des ordinaux doit se faire en liant tous les composants, avec la possibilitĂ© dâutiliser des tirets pour plus de clartĂ©[J 8]. Toutefois, Wennegren indique quâil est possible de laisser les espaces entre les mots, mais que la lettre finale (-a ou -e) nâest rajoutĂ©e quâau dernier mot[W 22].
LâespĂ©ranto admet plusieurs suffixes pour former des dĂ©rivĂ©s : -obl-, -on- et -op-[J 9]. Le suffixe -obl- est utilisĂ© pour former les multiples : du (« deux »), duoblo (« le double »), duobla (« double »), duoble (« doublement ») ou duobligi (« doubler »)[J 10]. Le suffixe -on- permet de former les fractionnaires : du (« deux »), duono (« une moitiĂ© »), duona (« demi ») ou duone (« Ă demi »)[J 10]. Enfin, le suffixe -op- est utilisĂ© pour les collectifs : du (« deux »), duopo (« duo »), duopa (« binaire »), duope (« Ă deux »)[J 11].
Conjonctions de coordination
Elles coordonnent les propositions : kaj et ; aĆ ou ; Äar car ; do donc ; sed mais etc.
Conjonctions de subordination
Elles subordonnent les propositions : tial ke parce que ; por ke pour que ; ke que ; se si etc.
En espéranto, aucune conjonction de subordination n'influe sur le mode du verbe qui la suit, et seule en décide la logique.
Formation des mots
Les mots sont composés d'un ou plusieurs éléments invariables, dits morphÚmes dont le(s) plus important(s) se situe(nt) à la fin du mot. On peut distinguer des catégories de " petits mots" grammaticaux, les morphÚmes grammaticaux (article, nombres, pronoms, prépositions, conjonctions, désinences non verbales et verbales) et quatre catégories principales de mots lexicaux (noms, adjectifs, verbes, adverbes) auxquelles on peut ajouter les affixes.
Les mots lexicaux sont trÚs nombreux et composés :
- au minimum d'un radical invariable: c'est le cas de la trentaine d'adverbes invariables , par exemple nur: seulement
- le plus fréquemment d'un radical invariable dit lexÚme ou morphÚme lexical , - ex. parol' -;,et d'une désinence finale grammaticale, par exemple -o : parol-o
- un ou plusieurs affixes lexicaux peuvent s'y ajouter, par exemple eks-urb-estr-o, littéralement ex-ville-chef ou ex-maire ou ex-bourgmestre en Belgique.
Les mots composés (rÚgle 11) et le rapport de possession
La possibilitĂ© de crĂ©er facilement des mots composĂ©s contribue grandement Ă la richesse lexicale d'une langue. C'est le cas en anglais, allemand, oĂč le mot principal est Ă la fin Les mots composĂ©s de l'espĂ©ranto suivent aussi ce schĂ©ma trĂšs productif : par ex., urbo-domo signifie maison de ville, hĂŽtel de ville.
D'oĂč la rĂšgle 11 :" Les mots composĂ©s sâobtiennent par la simple rĂ©union des Ă©lĂ©ments qui les forment, Ă©crits ensemble, mais sĂ©parĂ©s par de petits traits (1). Le mot fondamental doit toujours ĂȘtre Ă la fin. Les terminaisons grammaticales sont considĂ©rĂ©es comme des mots".
Ex. : vapor'Ćip'o (bateau Ă vapeur) est formĂ© de: vapor â vapeur, Ćip â bateau, o â terminaison caractĂ©ristique du substantif.
(1) Ces petits traits sont généralement omis dans les ouvrages autres que d'initiation.
La plupart des mots en espéranto sont des mots lexicaux portant une ou plusieurs des 11 désinences (finales détachables) : une des 3 non verbales marquant la catégorie -o, -a, -e, auxquelles peuvent s'ajouter les désinences grammaticales -j, -n , ou une des 6 désinences verbales.
Le rapport de possession s'exprime de façon simple par la prĂ©position de. Ce complĂ©ment introduit par de peut revĂȘtir aussi une forme adjectivale ou former une partie antĂ©rieure du mot composĂ© : la pordo de la Äardeno, la Äardena pordo, la porte du jardin, ou la Äarden-pordo.
Les familles de mots : dérivation et combinaison
On peut les construire logiquement à partir de chaque radical invariable, par différents moyens.
- L'ajout d'une voyelle finale aux radicaux lexicaux permet Ă la fois d'identifier immĂ©diatement leur catĂ©gorie grammaticale : -o indique un substantif, -a un adjectif, -e un adverbe dĂ©rivĂ©, -i un verbe Ă l'infinitif et de quadrupler, quand cela a un sens, le vocabulaire disponible ; le radical du mot lexical reste toujours le mĂȘme : parol-o parole, parol-i parler, parol-a oral, parol-e oralement.
- Les radicaux peuvent aussi se combiner avec des affixes (préfixes ou suffixes) réguliers et invariables. Ces derniers sont en nombre limité et n'ont généralement qu'un seul sens. Ex. mal- : idée de contraire, mal-lerta maladroit. Le vocabulaire disponible est à nouveau multiplié, le nombre de radicaux restant limité.
- De plus la combinaison de radicaux permet de former des mots composĂ©s, le dernier, appelĂ© le dĂ©terminĂ©, Ă©tant le mot principal, sur le modĂšle, par exemple, de l'anglais et des langues germaniques. Ainsi vapor-Ćip-o bateau Ă vapeur, qui est Ă©crit le plus souvent sans tirets (vaporĆipo)
- Lâutilisation de ces trois procĂ©dĂ©s rĂ©guliers de construction des mots, par l'adjonction de dĂ©sinences, d'affixes et par la combinaison de radicaux lexicaux et d'outils grammaticaux, permet Ă la fois d'accĂ©lĂ©rer fortement le temps dâĂ©tude, la mĂ©morisation portant sur un nombre relativement rĂ©duit de radicaux invariables ayant un haut degrĂ© dâinternationalitĂ© et de bĂ©nĂ©ficier dâune grande richesse de vocabulaire. La clartĂ© de la langue est accrue aussi par la quasi-absence d'homonymes et la faible polysĂ©mie des mots.
Vocabulaire dérivé
Les affixes sont considérés comme des racines comme les autres, et sont utilisés pour construire des mots lexicaux .
Par exemple, le suffixe -ebl-, suffixe qui dĂ©note la possibilitĂ© (trink'i, boire, trink'ebl'a, buvable, potable) va ĂȘtre Ă l'origine de toute une famille tournant autour de la notion abstraite de possibilitĂ© : ebla (adjectif) possible ; eble (adverbe) « possiblement », de maniĂšre possible ; eblo (substantif) une possibilitĂ© ; ebleco la possibilitĂ©, le caractĂšre possible (qualitĂ© d'ĂȘtre possible) ; ebligi rendre possible ; malebla, neebla (adjectifs) impossible, neeblaÄ”o une impossibilitĂ©, etc.
Certaines racines sont utilisées principalement pour former des mots composés. On les nomme affixes, soit une dizaine de préfixes : MAL, GE, etc., et une quarantaine de suffixes EBL, UL, etc. Ils permettent de simplifier l'acquisition du vocabulaire de maniÚre trÚs importante.
RĂšgle 12.
Sâil y a dans la phrase un autre mot de sens nĂ©gatif, lâadverbe ne se supprime. Ex.: mi neniam vid'is â je nâai jamais vu.
RĂšgle 13.
Si le mot ou groupe de mots complĂ©ment marque le lieu oĂč lâon va, il prend la terminaison de lâaccusatif. Ex .: kie vi est'as ? â oĂč ĂȘtes-vous ? kie'n vi ir'as ? â oĂč allez-vous ? mi ir'as Pariz'o'n â je vais Ă Paris
RĂšgle 15. Les mots « Ă©trangers » , c'est-Ă -dire ceux que la plupart des langues ont empruntĂ© Ă la mĂȘme source, ne changent pas en espĂ©ranto. Ils prennent seulement lâorthographe et les terminaisons grammaticales de la langue. Mais quand, dans une catĂ©gorie, plusieurs mots diffĂ©rents dĂ©rivent de la mĂȘme racine, il vaut mieux nâemployer que le mot fondamental, sans altĂ©ration, et former les autres dâaprĂšs les rĂšgles de la langue internationale. Ex. : tragĂ©die â tragedi'o, tragique â tragedi'a.
Syntaxe
La syntaxe de l'espéranto est essentiellement logique. Certains aspects de la syntaxe ont déjà été abordés dans les sections correspondantes : l'usage de l'article la ; le complément du substantif (de, da si idée de quantité), fare de aprÚs un verbe au passif) ; le complément sans préposition des verbes d'action (-n) ; l'attribut des verbes d'état (sans -n) ; le pronom réfléchi si ; l'utilisation des trois modes principaux en fonction du plus ou moins grand degré de réalité d'une action : indicatif (-as, -is, -os) ; volitif (-u) ; conditionnel (-us).
La grammaire de base en 16 rÚgles a été publiée en 1905 par Zamenhof. Elle concourt à la stabilité de la base de la langue, observable dans la plupart des langues, ce qui facilite l'apprentissage et l'internationalité. Les dix premiÚres rÚgles concernent la morphologie (article, noms, adjectifs, numéraux, pronoms, verbes, adverbes, prépositions) et la phonétique. Les six suivantes concernent la syntaxe.
Ordre des groupes de mots
Il est gĂ©nĂ©ralement proche de l'ordre le plus frĂ©quent en français et en anglais, du type Sujet Verbe Objet S-V-O. Cependant l'ordre le plus frĂ©quent des groupes de mots n'Ă©tant pas le mĂȘme selon les langues, la langue internationale autorise une grande flexibilitĂ© du fait de l'existence de la finale -n pour le groupe Objet. Ainsi dans un grand nombre de phrases, le complĂ©ment sans prĂ©position qui prend la finale -n est placĂ© en premier. L'ordre des groupes de mots peut ainsi changer et s'adapter aux habitudes linguistiques de chacun, tout en restant clair, ce qui facilite la communication internationale. Ainsi, si l'ordre international le plus frĂ©quent est S-V-O, on a aussi frĂ©quemment les ordres O-V-S, O-S-V , S-O-V etc..Ex. Mi amis junulinon, j'ai aimĂ© une jeune fille ou Junulinon mi amis etc.
L'ordre des mots ou des groupes de mots n'intervient pas dans la distinction entre sujet (S) et objet (O) du verbe (V), entiÚrement assurée par l'accusatif, ce qui donne à la langue une grande souplesse. On a ainsi :
- (SVO) La patrino kisas la infanon. - (OVS) La infanon kisas la patrino. - (SOV) La patrino la infanon kisas. - (OSV) La infanon la patrino kisas. - (VSO) Kisas la patrino la infanon. - (VOS) Kisas la infanon la patrino. Dans ce premier exemple, la phrase signifie à chaque fois « La mÚre embrasse l'enfant. »
- Dans ce second exemple, la phrase signifie à chaque fois « L'enfant embrasse la mÚre. » : (OVS) La patrinon kisas la infano. - (SVO) La infano kisas la patrinon. - (OSV) La patrinon la infano kisas. - (SOV) La infano la patrinon kisas. - (VOS) Kisas la patrinon la infano. - (VSO) Kisas la infano la patrinon.
Cependant l'ordre Sujet-Verbe-Objet (SVO), est le plus fréquent en espéranto comme dans les langues dominantes de la communication internationale : anglais, chinois, principales langues romanes...
Ordre dans le groupe de mots et types de phrase
Le déterminant précÚde généralement le déterminé ou mot principal, comme dans le mot composé.
- Sont devant le nom : l'article la tablo, la table ; le nom de nombre du tabloj, deux tables ; le possessif mia libro, mon livre ; généralement l'adjectif la bela floro, la belle fleur
- La négation est devant le mot qu'elle rend négatif : Li ne laboras , il ne travaille pas. Ne li laboras, ce n'est pas lui qui travaille. Li laboras ne en Parizo, il ne travaille pas à Paris . Elle est donnée par l'adverbe "ne" ou les pronoms-adjectifs commençant par "nen-"
- L'adverbe prĂ©cisant un verbe, un adjectif ou un autre adverbe se place devant ce terme. Mi sufiÄe Ćatas tiun tre helan bluon : J'aime assez ce bleu trĂšs clair.
- l'adverbe formant à lui seul un complément circonstanciel (cc.), se place librement, comme pour tout autre cc. Lunde mi iros Parizen = Mi Parizen iros lunde (etc) lundi j'irai à Paris.
- La phrase interrogative commence impĂ©rativement par un mot interrogatif, - Äu = est-ce que ou les pronoms-adjectifs commençant par ki-. Elle se termine par un point d'interrogation - ?-.
- La phrase exclamative se termine par un point d'exclamation : !. rĂšgles de syntaxe
Ponctuation
Leur utilisation est proche du français. Il y a néanmoins quelques différences notables. La virgule sépare les propositions entre elles[J 12].
Complément sur l'accusatif
On emploie l'accusatif[J 13] afin d'Ă©viter toute Ă©quivoque :
- 1- avec le complément d'objet direct (COD) : construction type de la phrase S-V-O-n. Ili konstruas grandan domon : « ils construisent une grande maison ».
- Cependant, lorsque l'on cite (par exemple, le nom d'un livre), on ne l'emploie pas : mi legas "Privilegia Vojo" ; li diris la vorton "libro" (il dit le mot "livre" : le mot cité, "livre", reste au nominatif).
- 2- avec un complĂ©ment de lieu oĂč l'on va et qui est atteint : Pour indiquer la direction (atteinte), les mots reçoivent la terminaison « -n » de l'accusatif. (RĂšgle 13 du Fundamento). Il peut ĂȘtre remplacĂ© souvent par la prĂ©position al, qui n'implique pas que ce lieu est atteint.
- avec des prĂ©positions qui ne donnent pas par elles-mĂȘmes l'idĂ©e de mouvement : la muso estas sub la lito : la souris est sous le lit ; la muso kuras sub la lito : la souris court sous le lit (mais elle ne va pas ailleurs) ; construction type : S-V de mouvement-prĂ©position qui n'indique pas la direction -O-n. La muso kuras sub la liton : la souris court sous le lit (elle n'y Ă©tait pas, elle s'y sauve). Le passage Ă un nouvel Ă©tat est considĂ©rĂ© comme un mouvement atteint : la feino transformis lin en birdon : la fĂ©e le transforma en oiseau. Cependant, les prĂ©positions qui donnent dĂ©jĂ l'idĂ©e de direction (al et Äis) , n'admettent pas l'accusatif: mi iras al (Ă , vers) la lernejo. avec des adverbes de lieu, pour exprimer la direction
- avec des adverbes pour indiquer le mouvement : kie estas Riko ? âRiko estas hejme: oĂč est R.? âR. est Ă la maison ; kien iras Riko ? â Riko iras hejmen : (vers) oĂč va R. ? â R. va Ă la maison ;
- 3- Ă la place de prĂ©positions, si le sens reste clair ; Il a alors une fonction « joker »et peut ĂȘtre remplacĂ© par la prĂ©position je, il s'emploie en cas de doute, ou pour remplacer une prĂ©position, et marque alors simplement la dĂ©pendance syntaxique (tiu tablo estas longa je du metroj - tiu tablo estas du metrojn longa « Cette table fait deux mĂštres de long » Couramment, pour marquer
- la distance : homo, tri paĆojn distanca de mi : une personne, Ă©loignĂ©e de moi (de) trois pas ;
- le temps : mi laboris multajn jarojn : j'ai travaillé (pendant) beaucoup d'années ;
- la date : la 15an (dekkvinan) de julio 2002 : (au) ;
- la mesure : la plej grandaj sableroj estas du milimetrojn longaj : les plus gros grains de sable sont longs de deux millimĂštres.
On n'emploie pas l'accusatif :
- Avec les copules : esti, iÄi, Ćajni, aspekti⊠gĂ©nĂ©ralement suivis d'un attribut, car il n'y a pas de mouvement : Riko estas koko. Tiu aeroplano Ćajnas libelo : cet avion paraĂźt une libellule.
- Lorsqu'un nom ou un adjectif identifie ou dĂ©crit un nom prĂ©cĂ©dant comme s'il Ă©tait le PrĂ©dicat (linguistique) d'une copule implicite : on l'Ă©lut (pour ĂȘtre) prĂ©sident
- Nom qui suit immédiatement un autre, à l'accusatif ou non : oni elektis lin prezidanto : on l'élut président (mais : oni elektis lin kiel prezidanton). Li diris la vorton "libro". Ni vizitis la urbon Parizo.
- Adjectif : Mi trovis la vinon bona : je trouvai le vin bon (= que le vin Ă©tait bon ; mais mi trovis la bonan vinon : je trouvai le bon vin).
Notes et références
Notes
- DâaprĂšs le PMEG, les mots-simples en -o ne peuvent normalement pas recevoir la marque du pluriel[W 6]. Toutefois, il est possible de trouver des attestations au pluriel, comme le montre cette requĂȘte sur un corpus de lâespĂ©ranto.
- Le pronom ci, permettant de dĂ©signer la deuxiĂšme personne du singulier, existe. Toutefois, il nâest plus en usage de nos jours. On le retrouve encore utilisĂ© dans les traductions ou la poĂ©sie.
- Le pronom ri est une proposition nĂ©ologique non-officielle issue du riisme. Il permet de dĂ©signer les personnes dont on ne connait pas le genre, ou qui ne sâidentifient pas au masculin ou au fĂ©minin. Son utilisation fait dĂ©bat, les personnes y Ă©tant rĂ©fractaires suggĂ©rant dâutiliser li ou Äi. En 2021, lâAcadĂ©mie dâespĂ©ranto a dĂ©clarĂ© quâil nâĂ©tait pas encore temps de statuer sur lâofficialisation du nĂ©o-pronom, et que cette dĂ©cision Ă©tait repoussĂ©e dâau moins dix ans[7].
- La traduction des termes proposĂ©e ici doit ĂȘtre prise avec prĂ©caution. En effet, le pronom Ă utiliser est choisi en fonction du genre social de la personne, et non, comme câest le cas pour le français, en fonction du genre grammatical du nom, inexistant en espĂ©ranto.
- Les prĂ©positions qui n'indiquent pas le mouvement peuvent ĂȘtre suivies de l'accusatif pour l'indiquer. Ex. la kato saltas sur la tablo (le chat saute sur la table: il est dĂ©jĂ sur la table et y fait des bonds). la kato saltas sur la tablon (le chat saute sur la table:, mais depuis un autre point de Ă©part).
- Cependant, les prépositions peuvent avoir plusieurs sens, ainsi la préposition de qui introduit le complément du nom, le complément d'agent, le complément de temps (origine).
- Ces mots sont parfois dĂ©signĂ©s comme les «âŻcorrĂ©latifsâŻÂ» de lâespĂ©ranto. Il sâagit toutefois une appellation trompeuse : tous les mots-simples ne sont pas des corrĂ©latifs et il existe des corrĂ©latifs qui ne sont pas des mots-simples.
- Les -j et -n entre parenthĂšses indiquent la possibilitĂ© pour les pronoms et adjectifs relatifs en question dâĂȘtre Ă l'accusatif (-n), au pluriel (-j), ou les deux (-jn).
- Les mots ie, kie, tie, Äie, nenie, marquant le lieu, peuvent ĂȘtre suffixĂ©s par -n pour indiquer le mouvement vers un lieu atteint ou Ă atteindre, Ă l'identique des autres adverbes en "e".
- Äiom est globalisant, tandis que iom est indĂ©fini. Dans le cas d'une quantitĂ©, Äi- signifie « une certaine (indĂ©finie) quantitĂ©) ». Äiom signifie donc ici « toute la quantitĂ© » plutĂŽt que « toutes les quantitĂ©s », qui aurait fait doublon avec iom.
- Excepté miliono million et miliardo milliard quand ils sont multipliés, et qui sont des substantifs lorsqu'ils ne sont pas suivis d'un autre nombre : du milionoj da vortoj deux millions de mots, mais du milionoj unu vortoj deux millions un mots.
Références
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- SAT-AMIKARO, Dictionnaire de poche, Paris, SAT-AMIKARO, , 94 p. (ISBN 2-9508809-7-5), p XIII
- Claude Piron, « Structures linguistiques et accusatif », sur http://claudepiron.free.fr/ (consulté le )
- (eo) Louis-Lazare Zamenhof, Lingvaj respondoj, (lire en ligne)
- Jacques Joguin, Parlons espéranto, Condé sur Noireau, L'Harmattan, , 304 p. (ISBN 9 782747 503556), p. 136
- Anna Löwenstein, « 1000 radicaux les plus fréquents » (consulté le )
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Voir aussi
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Grammaires générales
- (eo) KĂĄlmĂĄn Kalocsay et Gaston Waringhien, Plena Analiza Gramatiko, , 599 p. (ISBN 92-9017-032-8).
- Jacques Joguin (préf. Renée Triolle, Georges Lagrange), Parlons espéranto. La langue internationale, Paris, L'Harmattan, coll. « Parlons... », , 2e éd., 303 p. (ISBN 2-7475-0355-0, lire en ligne).
- Claude Gerlat, Petite grammaire de l'espéranto, Paris, SAT-AMIKARO (ISBN 2-9508809-9-1)
- (eo) Bertilo Wennergren, Plena Manlibro de Esperanta Gramatiko, E@I et La Ranetoj, , 748 p. (ISBN 978-91-970515-3-8, lire en ligne).
Ouvrages spécialisés
- Pierre Janton, LâEspĂ©ranto, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Que sais-je ? », , 4e Ă©d. (ISBN 978-2-13-042569-4)
- Gaston Waringhien, ABC d'espéranto à l'usage de ceux qui aiment les lettres, Paris, L'Harmattan, , 76 p. (ISBN 2-7475-1564-8)
- AndrĂ© Cherpillod, Les Outils grammaticaux de lâEspĂ©ranto, Courgenard, La BlanchetiĂšre, , 186 p. (ISBN 978-2-906134-84-3 et 2-906134-84-8)
- (eo) Internacia Ligo de Esperantistaj Instruistoj, Manlibro pri instruado de Esperanto, , 160 p. (ISBN 978-80-89366-05-7).
Lien externe
- (fr) http://claudepiron.free.fr/articlesenfrancais/structures.htm Structures linguistiques et accusatif