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Glioblastome multiforme

Le glioblastome multiforme (GBM) ou glioblastome, également connu sous le nom d'« astrocytome de grade 4 », est la tumeur primitive du cerveau la plus fréquente et la plus agressive.

Glioblastome multiforme
Description de cette image, également commentée ci-après
Image IRM d'un glioblastome de grade IV.
Traitement
MĂ©dicament TĂ©mozolomide et 4,4'-(1,3-propanediylbis(oxy))bis-benzoic acid (d)
Spécialité Neuro-oncologie
Classification et ressources externes
CIM-10 C71
CIM-9 191
ICD-O M9440/3
OMIM 137800
DiseasesDB 29448
eMedicine 1156220
med/2692
MeSH D005909

Wikipédia ne donne pas de conseils médicaux Mise en garde médicale

Image 1a : IRM cérébrale avec injection de produit de contraste : Coupe frontale, glioblastome multiforme chez un enfant de 15 ans.
Image 1b : IRM cérébrale avec injection de produit de contraste, coupe sagittale, glioblastome multiforme chez un enfant de 15 ans.
Aspect d'un glioblastome sur une lame d'histologie.

Le traitement peut comprendre de la chimiothérapie, de la radiothérapie et de la chirurgie. Ces mesures sont considérées comme palliatives, c'est-à-dire qu'elles ne permettent pas la guérison. L'espérance de vie à cinq ans de cette maladie a peu évolué ces trente dernières années, et ne dépasse pas les dix pour cent. Même avec une résection chirurgicale complète de la tumeur, combinée aux meilleurs traitements disponibles, le taux de survie au GBM reste très faible.

Épidémiologie

Le glioblastome multiforme (GBM) reprĂ©sente 70 % des tumeurs primitives malignes du cerveau aux États-Unis[1] et 20 % de toutes les tumeurs intracrâniennes. Le GBM reste rare et ne reprĂ©sente que 2 ou 3 cas pour 100 000 personnes en Europe et en AmĂ©rique du Nord.

Causes

Presque tous les cas de GBM sont sporadiques, sans prédisposition familiale, même si des anomalies chromosomiques somatiques (non constitutionnelles, c'est-à-dire non transmissibles) comme la mutation des gènes PTEN, MDM2, EGFR et P53 sont fréquemment rencontrées dans ces tumeurs. Des signaux anormaux des facteurs de croissance associés aux gènes EGFR, et PDGF (en) sont également perçus. Une délétion du gène NFKBIA (en), codant un inhibiteur du système EGFR, entraîne une surexpression de ce dernier et serait une voie d'activation des glioblastomes[2]. La cause peut être en lien avec un déséquilibre entre des facteurs répresseurs de tumeurs et pro-angiogéniques.

Pathogenèse

Les glioblastomes multiformes sont caractérisés par la présence de petites zones de tissu nécrosé entourées de cellules hautement anaplasiques. Cette caractéristique différencie la tumeur des astrocytomes de grade 3, qui ne possèdent pas ces zones de tissu nécrosé. Bien que le glioblastome multiforme puisse être issu d'astrocytomes de grades inférieurs, des autopsies post-mortem ont révélé que la plupart des glioblastomes multiformes ne sont pas causés par des lésions cérébrales antérieures.

Contrairement aux oligodendrogliomes (en), les glioblastomes multiformes peuvent se former dans la matière grise ou la matière blanche du cerveau, mais la plupart des GBM se forment au plus profond de la matière blanche et infiltrent rapidement le cerveau, devenant parfois très gros avant de donner des symptĂ´mes. La tumeur peut s'Ă©tendre Ă  la paroi mĂ©ningĂ©e ou Ă  la paroi ventriculaire, entraĂ®nant une haute teneur en protĂ©ines du liquide cĂ©rĂ©brospinal (LCS) (> 100 mg·dL-1) appelĂ©e hyperprotĂ©inorachie, et occasionnellement une plĂ©iocytose (en) de 10 Ă  100 cellules, en majoritĂ© des lymphocytes. Les cellules malignes prĂ©sentes dans le LCR (liquide cĂ©phalo-rachidien) peuvent s'Ă©tendre Ă  la moelle Ă©pinière ou causer une gliomatose mĂ©ningĂ©e. Cependant, les mĂ©tastases du GBM au-delĂ  du système nerveux central sont extrĂŞmement rares. Environ 50 % des GBM occupent plus d'un lobe d'un hĂ©misphère ou sont bilatĂ©raux. Les tumeurs de ce type naissent gĂ©nĂ©ralement dans le cortex, et peuvent traverser le corps calleux, produisant un gliome « papillon » (bilatĂ©ral).

La tumeur peut prendre des apparences variées, en fonction de l'étendue de l'hémorragie ou de la nécrose, ou de son âge. Une scanographie (CT scan) montre généralement une masse non homogène avec un centre hypodense étendu en un anneau de taille variable entouré d'œdème. Il existe un effet de masse avec un déplacement possible du ventricule latéral et du troisième ventricule.

SymptĂ´mes

Bien que les symptômes communs de la maladie incluent des crises d'épilepsie, des nausées et des vomissements, des maux de tête, et une hémiparésie, le symptôme le plus fréquent est une perte progressive de la mémoire, une dégradation de la personnalité, ou un déficit neurologique dus à un endommagement des lobes frontal et temporal. Le type de symptômes dépend essentiellement de l'emplacement de la tumeur, plus que de ses propriétés pathologiques. La tumeur peut devenir symptomatique rapidement, mais il arrive qu'elle reste asymptomatique malgré une taille énorme.

Diagnostic

Le diagnostic d'un GBM suspecté lors d'un scanner ou une IRM repose sur une biopsie stéréotaxique ou une craniotomie, qui permet, par la même occasion, de retirer autant de tumeur que possible. Bien que la totalité de la tumeur ne puisse théoriquement pas être retirée, en raison de sa multicentricité et de son caractère diffus, une résection partielle peut tout de même prolonger légèrement l'espérance de survie.

Traitement

Le traitement des tumeurs primaires du cerveau et des métastases cérébrales consiste en des thérapies à la fois symptomatiques et palliatives. L'efficacité des traitements reste limitée avec une récidive quasi constante de la tumeur[3]. La taille de la tumeur peut augmenter transitoirement sous traitement (pseudo progression) sans que cela signifie l'échec du traitement[4].

Traitement symptomatique

Le traitement symptomatique consiste à soulager les symptômes et améliorer les fonctions neurologiques du patient. Les principaux médicaments utilisés sont les anticonvulsivants et les corticostéroïdes.

  • Les anticonvulsivants sont administrĂ©s aux 25 % des patients prĂ©sentant une Ă©pilepsie. Des Ă©tudes ont montrĂ© l'inefficacitĂ© des anticonvulsivants prophylactiques. Les patients recevant de la phĂ©nytoĂŻne parallèlement aux rayons peuvent dĂ©velopper de sĂ©rieuses rĂ©actions cutanĂ©es comme l'Ă©rythème multiforme et le syndrome de Stevens-Johnson.
  • Les corticostĂ©roĂŻdes, en gĂ©nĂ©ral la dexamĂ©thasone dont on administre 4 Ă  10 mg toutes les 4 Ă  6 heures, peuvent rĂ©duire l'Ĺ“dème pĂ©ritumoral (par un rĂ©arrangement de la barrière hĂ©matomĂ©ningĂ©e), diminuant l'effet de masse et rĂ©duisant la pression intracrânienne, entraĂ®nant une diminution des maux de tĂŞte et de la somnolence.

Traitement antitumoral

Une rĂ©section maximale de la tumeur (debulking) est gĂ©nĂ©ralement effectuĂ©e associĂ©e Ă  un protocole de radiothĂ©rapie et de chimiothĂ©rapie. Cette rĂ©section peut ĂŞtre aidĂ© par l'utilisation d'Acide δ-aminolĂ©vulinique permettant une accumulation de porphyrines dans les cellules tumorales les rendant fluorescentes[5]. Chez le patient de 70 ans et moins, le traitement de rĂ©fĂ©rence depuis 2005 est l'exĂ©rèse la plus large possible de la tumeur puis rapidement (entre 2 et 3 semaines et maximum 5 semaines) la mise en place du protocole de Stupp[6]. Le protocole de Stupp est une radio-chimiothĂ©rapie concomitante (la radiothĂ©rapie est conformationnelle) :

  • la radiothĂ©rapie est de Gray/jour du lundi au vendredi (repos samedi et dimanche) pendant 6 semaines ; soit 60 Gray en 30 sĂ©ances ;
  • la chimiothĂ©rapie est l'agent alkylant : tĂ©mozolomide TEMODAL. La posologie est de 75 mg/m2/jour pendant 6 semaines (en mĂŞme temps que la radiothĂ©rapie) ;
  • puis après un dĂ©lai d'environ 4 semaines, on entame 6 cycles de tĂ©mozolomide TEMODAL Ă  la posologie de 150–200 mg/m2/jour de J1 Ă  J5 sur un cycle de 28 jours.

Le témozolomide est surtout efficace en cas de méthylation du gène MGMT[7]. Il peut entrainer des nausées ou des vomissements et un traitement antiémétique par sétrons est souvent proposé. Surveiller le transit intestinal car les sétrons entrainent de la constipation.

Après ces 6 cycles de chimiothĂ©rapie seule, un scanner de contrĂ´le est effectuĂ©, puis le traitement est proposĂ© au cas par cas. Il n'y a pas de rĂ©fĂ©rence, les cycles de chimiothĂ©rapie par tĂ©mozolomide peuvent ĂŞtre continuĂ©s, une opĂ©ration peut ĂŞtre rĂ©alisĂ©e, ou une autre chimiothĂ©rapie peut ĂŞtre proposĂ©e.

L'application de champs électriques de basse intensité permet d'allonger la durée de rémission[8].

Radiothérapie

Une irradiation crânienne totale (4 500 cGy) avec une dose augmentĂ©e (1 500 Ă  2 000 cGy) Ă  l'emplacement de la tumeur, peut augmenter de 5 mois l'espĂ©rance de survie.

La brachythérapie (ou curiethérapie : implantation de grains ou d'aiguilles radioactives) et la radiothérapie ciblée à hautes doses (radiochirurgie stéréotaxique) n'ont montré aucune augmentation de l'espérance de survie.

Chimiothérapie

L'addition de carmustine seule à la radiothérapie augmente légèrement l'espérance de survie. La plupart des oncologues préfèrent une chimiothérapie combinée associant la procarbazine, la lomustine, et la vincristine : le « régime PCV ». Une autre combinaison inclut le carboplatine et le cisplatine. Leur efficacité est limitée et leur toxicité, en particulier avec le régime PCV, est considérable. Le témozolomide a une certaine efficacité[9], surtout chez les patients porteurs d'un variant du gène MGMT[10].

L'ajout de bévacizumab au traitement conventionnel permet un allongement de la durée de vie sans symptômes, sans modifier la survie[11].

La chloroquine[12], médicament antimalarien, a montré une augmentation de la survie à moyen terme lorsqu'elle est combinée à une thérapie conventionnelle (dans ce cas, ablation chirurgicale et traitement à la carmustine).

Autres

Des implants imprégnés de carmustine (Gliadel Wafers) mis en place au moment de la résection primaire ont augmenté la survie moyenne de deux mois[13].

Des espoirs sont fondés sur la thérapie photodynamique (PDT) avec des premiers résultats cliniques[14]. Cette technologie repose sur la combinaison d’un médicament photosensibilisateur et d’un dispositif photonique : lumière laser spécifique et matériel d’illumination adapté à la chirurgie du cerveau.

Côté nutrition, le régime cétogène est à l'étude dans le but d'améliorer la survie des patients. Il a déjà fait ses preuves in vitro et in vivo sur des rongeurs. Cependant, les essais cliniques sur l'homme manquent encore[15].

Traitement palliatif

Un traitement palliatif est fréquemment proposé pour améliorer la qualité de vie du patient dans les dernières semaines.

RĂ©cidives

La rĂ©surgence de la tumeur après traitement mĂ©dicamenteux ou chirurgical est quasiment inĂ©vitable, en gĂ©nĂ©ral Ă  moins de cm du site d'origine, et dans 10 % des cas les lĂ©sions peuvent apparaĂ®tre en dehors du site d'origine. La rĂ©-opĂ©ration ou brachythĂ©rapie (curiethĂ©rapie) est tentĂ©e Ă  nouveau avec des rĂ©sultats incertains. La thĂ©rapie la plus agressive, une seconde intervention et chimiothĂ©rapie, est gĂ©nĂ©ralement utilisĂ©e sur les patients de moins de 40 ans dont la prĂ©cĂ©dente opĂ©ration remonte Ă  plusieurs mois. Si le rĂ©gime PCV n'a pas Ă©tĂ© utilisĂ©, il peut ĂŞtre essayĂ©. Le tĂ©mozolomide peut ĂŞtre utilisĂ©. Cependant, ces traitements augmentent les intervalles sans aucun symptĂ´me au lieu de prolonger la survie.

Pronostic

La survie mĂ©diane sans traitement Ă  partir du diagnostic est de trois mois. Un âge supĂ©rieur Ă  60 ans, une altĂ©ration de l'Ă©tat gĂ©nĂ©ral, une exĂ©rèse incomplète sont des facteurs de mauvais pronostic. Le dĂ©cès est habituellement dĂ» Ă  un Ĺ“dème cĂ©rĂ©bral qui entraĂ®ne une augmentation de la pression intracrânienne puis une altĂ©ration de la vigilance.

Avec le traitement standard, c'est-Ă -dire chirurgie puis radio-chimiothĂ©rapie concomitante et chimiothĂ©rapie adjuvante avec le tĂ©mozolomide, la survie mĂ©diane est approximativement de 14 mois[16].

Notes et références

  1. (en) Wen PY, Kesari S, « Malignant gliomas in adults » N Engl J Med. 2008;359:492-507.
  2. (en) Bredel M, Scholtens DM, Yadav AK, « NFKBIA Deletion in Glioblastomas » N Eng J Med. 2011;364:627-37.
  3. Schaff LR, Mellinghoff IK, Glioblastoma and Other Primary Brain Malignancies in Adults: A Review, JAMA, 2023;329:574–587
  4. (en) de Wit MC, de Bruin HG, Eijkenboom W, Sillevis Smitt PA, van den Bent MJ, « Immediate post-radiotherapy changes in malignant glioma can mimic tumor progression », Neurology. 2004;63:535-537.
  5. Stummer W, Pichlmeier U, Meinel T, Wiestler OD, Zanella F, Reulen HJ; ALA-Glioma Study Group. Fluorescence-guided surgery with 5-aminolevulinic acid for resection of malignant glioma: a randomised controlled multicentre phase III trial, Lancet Oncol, 2006;7:392-401
  6. Stupp R, Mason WP, van den Bent MJ et al; European Organisation for Research and Treatment of Cancer Brain Tumor and Radiotherapy Groups; National Cancer Institute of Canada Clinical Trials Group. Radiotherapy plus concomitant and adjuvant temozolomide for glioblastoma, N Engl J Med. 2005;352:987-996
  7. Hegi ME, Diserens AC, Gorlia T et al. MGMT gene silencing and benefit from temozolomide in glioblastoma, N Engl J Med, 2005;352:997-1003
  8. Stupp R, Taillibert S, Kanner A et al. {https://jamanetwork.com/journals/jama/fullarticle/2666504 Effect of tumor-treating fields plus maintenance temozolomide vs maintenance temozolomide alone on survival in patients with glioblastoma: a randomized clinical trial], JAMA, 2017;318:2306-2316
  9. (en) Stupp R, Mason WP, van den Bent MJ et al. « Radiotherapy plus concomitant and adjuvant temozolomide for glioblastoma » N Engl J Med. 2005;352:987-996.
  10. (en) Hegi ME, Diserens AC, Gorlia T et al. « MGMT gene silencing and benefit from temozolomide in glioblastoma » N Engl J Med. 2005;352:997-1003.
  11. (en) Gilbert MR, Dignam J, Won M et al. RTOG 0825: phase III double-blind placebo-controlled trial evaluating bevacizumab (Bev) in patients (Pts) with newly diagnosed glioblastoma (GBM), J Clin Oncol, 2013;31(suppl):1.
  12. (en) Briceño E, Reyes S, Sotelo J, « Therapy of glioblastoma multiforme improved by the antimutagenic chloroquine », Neurosurg Focus (de), vol. 14, no 2,‎ , e3. (PMID 15727424).
  13. (en) Westphal M, Hilt DC, Bortey E et al. « A phase 3 trial of local chemotherapy with biodegradable carmustine (BCNU) wafers (Gliadel wafers) in patients with primary malignant glioma » Neuro Oncol (en). 2003;5:79-88.
  14. (en) Maximilien Vermandel, Clément Dupont, Fabienne Lecomte et Henri-Arthur Leroy, « Standardized intraoperative 5-ALA photodynamic therapy for newly diagnosed glioblastoma patients: a preliminary analysis of the INDYGO clinical trial », Journal of Neuro-Oncology, vol. 152, no 3,‎ , p. 501–514 (ISSN 1573-7373, DOI 10.1007/s11060-021-03718-6, lire en ligne, consulté le )
  15. (en) Kenneth A. Schwartz, Mary Noel, Michele Nikolai et Howard T. Chang, « Investigating the Ketogenic Diet As Treatment for Primary Aggressive Brain Cancer: Challenges and Lessons Learned », Frontiers in Nutrition, vol. 5,‎ (ISSN 2296-861X, PMID 29536011, PMCID PMC5834833, DOI 10.3389/fnut.2018.00011, lire en ligne, consulté le ).
  16. (en) Stupp R, Mason W, van den Bent M, Weller M, Fisher B, Taphoorn M, Belanger K, Brandes A, Marosi C, Bogdahn U, Curschmann J, Janzer R, Ludwin S, Gorlia T, Allgeier A, Lacombe D, Cairncross J, Eisenhauer E, Mirimanoff R, « Radiotherapy plus concomitant and adjuvant temozolomide for glioblastoma », N Engl J Med, vol. 352, no 10,‎ , p. 987-996 (PMID 15758009).

Voir aussi

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