Gaultier BĂšs
Gaultier BÚs de Berc, connu sous son nom de convenance Gaultier BÚs, né en 1988, est un écrivain, enseignant et journaliste français, cofondateur des Veilleurs et de la revue Limite.
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Gaultier BĂšs de Berc |
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Marianne Durano (depuis ) |
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Il est avec Eugénie Bastié l'une des figures françaises de l'écologie intégrale[1] - [2] et fait partie d'une génération de jeunes intellectuels catholiques souvent qualifiés de néo-réactionnaires par certains médias[3].
Biographie
Fils d'un artisan travaillant dans le secteur du bois Ă©nergĂ©tique en Bourgogne et d'une psychomotricienne[4], ancien Ă©lĂšve de l'Ăcole normale supĂ©rieure de Lyon, Gaultier BĂšs est agrĂ©gĂ© de lettres modernes[5].
Alors qu'il est Ă©tudiant, il cofonde avec son colocataire, le philosophe Paul Colrat, l'association Les Alternatives catholiques ou « Altercathos »[6] - [7], qu'il dĂ©crit comme un « petit mouvement indĂ©pendant de laĂŻcs qui veut assumer une foi adulte sans toujours sortir les Ă©tendards identitaires ». Ceux-ci manifestent au milieu des syndicats le avec une banderole affirmant : « Ce nâest pas la filiation quâil faut fragiliser, câest le chĂŽmage et la prĂ©caritĂ©[8]. »
AprÚs avoir enseigné le français dans un lycée public de la banlieue lyonnaise[9], il enseigne dans un lycée public à Dreux[10].
Il commence Ă s'engager contre la loi du mariage pour tous Ă l'occasion d'une marche solidaire organisĂ©e Ă Lyon le [8] - [11]. Militant de la premiĂšre heure de La Manif pour tous en 2013, il cofonde, en mars, le mouvement satellite des Veilleurs Ă Lyon[12] - [4] avec notamment Madeleine de Jessey ; un mouvement social et intellectuel constitutif d'un « Mai 68 conservateur » selon l'expression du politologue GaĂ«l Brustier[13]. Il organise notamment une marche de Bordeaux Ă Paris en [11]. Lors de cette marche, les veilleurs se rendent Ă la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, avec « pour projet de crĂ©er une passerelle de rencontres sur [leurs] difficultĂ©s, [leurs] buts, [leurs] moyens et de partager ces thĂšmes au sein dâun milieu a priori pas sensible Ă ces questions. » Toutefois, ils sont accueillis Ă CouĂ«ron par « un comitĂ© dâaccueil composĂ© de gens trĂšs virulents », suivant ses propres mots[4].
En 2015, aux cÎtés d'Eugénie Bastié et de Paul Piccaretta, il cofonde la revue trimestrielle d'écologie intégrale Limite, lancée le 5 septembre à la Cité internationale universitaire de Paris[8] et publiée dans un premier temps aux éditions du Cerf, revue dont il devient le directeur-adjoint[14] - [15]. Parmi les figures revendiquées par cette revue figurent Georges Bernanos, André Gorz, Naomi Klein, George Orwell, Pier Paolo Pasolini ou Simone Weil[16]. Mais aussi Charles Péguy, Bernard Charbonneau, Jacques Ellul, Dorothy Day, ou encore Ivan Illich[17].
De à , il tient une chronique hebdomadaire, « La courte échelle », le mercredi sur Radio Espérance[18].
Le , il se rend à Nuit debout avec un groupe de veilleurs pour y exprimer leur point de vue, mais se voit interdit de parole ; plus tard dans la soirée, le groupe est agressé, quai de Valmy, par « un commando d'anars armé de bùtons et de bouteilles »[16].
Avant le second tour de l'Ă©lection prĂ©sidentielle de 2017, il fait partie des dix personnalitĂ©s intellectuelles chrĂ©tiennes interrogĂ©es par La Croix. Ă cette occasion, il exprime sa conviction du « besoin dâune alternative radicale Ă la mondialisation libĂ©rale, destructrice des sociĂ©tĂ©s comme des Ă©cosystĂšmes ». Cette alternative, qui passe, selon lui, « par la conversion Ă©cologique (contre un systĂšme productiviste qui menace nos conditions dâexistence), par la relocalisation de nos activitĂ©s (contre le libre-Ă©change gĂ©nĂ©ralisĂ© qui instaure la lutte de tous contre tous), par la sobriĂ©tĂ© heureuse (contre la fuite en avant consumĂ©riste) et par la rĂ©affirmation des souverainetĂ©s nationales (contre la dissolution de la politique dans des instances oligarchiques) », lui semble alors « aux antipodes du projet libĂ©ral-libertaire dâEmmanuel Macron »[19].
Les 14 et , il participe au colloque sur les « nouvelles attentes écologiques »[20], à l'Académie pour une écologie intégrale animée par les frÚres de la Communauté Saint-Jean. Il y déclare :
« Câest dâune conversion quâil sâagit, qui est dâabord et avant tout un changement de regard : nous sommes peu Ă peu en train de passer dâun rapport de propriĂ©tĂ© dominatrice Ă un rapport de bonne intelligence, dâharmonie. Nous ne sommes plus en surplomb, ni par rapport Ă la nature, ni par rapport Ă la sociĂ©tĂ©, nous sommes intĂ©grĂ©s Ă un ensemble, en interaction. Certes, nous devons penser notre place singuliĂšre dans la nature : câest notre responsabilitĂ© de gardiens, et non de maĂźtres. Nous sommes membres de la crĂ©ation, avec les autres crĂ©atures, il faut en finir avec lâanthropocentrisme exacerbĂ©. »
Points de vue
Affichant un « catholicisme qui se veut Ă la fois conservateur dans ses idĂ©es et moderne dans sa maniĂšre de les exprimer », selon la journaliste Ornella Guyet[4], il se revendique conservateur et Ă©cologiste[24]. Il reprend le concept d'« Ă©cologie intĂ©grale », dĂ©fini par le pape François dans l'encyclique Laudato siâ en , qu'il entend, avec les autres membres de l'Ă©quipe de Limite, « non seulement horizontalement ou qualitativement (synonyme d'« Ă©cologie humaine »), mais aussi verticalement ou quantitativement, en promouvant une Ă©cologie allant jusqu'Ă la dĂ©croissance », selon Laurent de Boissieu[12].
Pour Jean-Louis Schlegel, directeur de la revue Esprit, il appartient à « une frange plus intellectuelle » d'un « catholicisme intégral, intransigeant et antilibéral », qui « défend désormais une "écologie humaine intégrale", combat à la fois "le marché libéral et le progressisme libertaire" et se sent en connivence avec le thÚme de la décroissance[25]. »
Refusant « le clivage gauche-droite », Gaultier BĂšs juge qu'il faut « trouver de nouvelles oppositions », celle qui lui semble la plus pertinente Ă©tant « entre productivistes et dĂ©croissants »[4]. Pour ce faire, il cherche des convergences avec la Nouvelle Droite d'Alain de Benoist, mais surtout la gauche, avec des rĂ©fĂ©rences Ă des auteurs comme Christopher Lasch ou Jean-Claude MichĂ©a[12], mĂȘme si Georges Bernanos est son auteur prĂ©fĂ©rĂ©[11].
Hostile au libĂ©ralisme Ă©conomique et sociĂ©tal[24], il s'Ă©lĂšve contre « l'esprit de dĂ©rĂ©glementation », s'oppose Ă la marchandisation du corps qu'il voit Ă lâĆuvre dans la gestation pour autrui et dans l'ouverture de la procrĂ©ation mĂ©dicalement assistĂ©e aux couples homosexuels, qui lui semblent une aliĂ©nation au « systĂšme technique » et aux laboratoires pharmaceutiques[16].
Critiques
Pour les gĂ©ographes Ătienne GrĂ©sillon et Bertrand Sajaloli, BĂšs et son entourage « pourfendent dans un mĂȘme Ă©lan les OGM et les pilules contraceptives qui selon eux "bouleversent, non sans impact sur la santĂ© humaine, les rythmes et les lois de la nature". [âŠ] Cette Ă©cologie intĂ©grale moralisatrice et traditionaliste resurgit ainsi Ă la faveur des discours contre le mariage homosexuel. Mais, instrumentalisant l'Ă©cologie, notamment dans son champ dĂ©fense de la vie, rĂ©cupĂ©rant et mettant au service de valeurs trĂšs conservatrices la rĂ©flexion engagĂ©e au sein du catholicisme sur les rapports homme-nature, ce mouvement est loin d'ĂȘtre partagĂ© par tous les catholiques ». Selon ces auteurs, « la notion d'Ă©cologie humaine [âŠ] en plaçant la question morale du respect de la vie humaine au centre du dĂ©bat dĂ©tourne le croyant de la nature et des enjeux environnementaux[26]. »
Pour le journaliste Martin BrĂ©sis, le discours Ă©cologique de Gaultier BĂšs met Ă l'honneur des circuits courts et reprend le concept de « sobriĂ©tĂ© heureuse » dĂ©veloppĂ© par Pierre Rabhi, allant mĂȘme jusqu'à « une critique du systĂšme Ă©conomique dominant » et de « la technique toute puissante », qui s'exprime notamment dans sa dĂ©nonciation du transhumanisme. Toutefois, ses « systĂšmes dâanalyse globale et [ses] pistes de rĂ©flexion politique » lui semblent « assez faibles, en dehors du soutien Ă des initiatives locales existantes », et il considĂšre son approche Ă©cologique limitĂ©e par son « anthropocentrisme catholique ». Il s'agirait, selon lui, d'un « verdissement » des droites conservatrices[27].
De son cÎté, JérÎme Martin, ancien président d'Act Up-Paris, auteur du blog gay et lesbien Yagg.com, l'accuse de ne pas définir ce qu'il entend par « la nature, la société, les désirs et [leurs] limites. »
Selon le sociologue Jean-Louis Schlegel, « Que dans un article de La Croix entre les deux tours [de lâĂ©lection prĂ©sidentielle de 2017], Gaultier BĂšs, le philosophe thĂ©oricien de Limite, marque son hĂ©sitation Ă choisir entre elle [Mme Le Pen] et M. Macron, en chargeant ce dernier au point de laisser entendre quâil pourrait prĂ©fĂ©rer la premiĂšre, en dit long sur les limites dâune radicalisation non politique[28]. »
Publications
- Nos limites : pour une Ă©cologie intĂ©grale (en collaboration avec Marianne Durano et Axel NĂžrgaard Rokvam), Paris, Ăditions du Centurion, 2014, 110 p. (ISBN 979-1092801125)
- Radicalisons-nous ! La politique par la racine, Paris, Ăditions PremiĂšre Partie, 2017, 128 p.
Notes et références
- Elsa Deleage, « La reconnaissance dââune Ă©cologie intĂ©graleâ par lâĂglise catholique ou la nĂ©gation de lâidĂ©ologie Ă©cologiste française », SociĂ©tĂ©, droit et religion, no 6,â , p. 299-330 (lire en ligne).
- Fabien Revol, « Lâencyclique Laudato siâ du Pape François (18/06/2015) », Droit, SantĂ© et SociĂ©tĂ©, no 4,â , p. 46-51 (lire en ligne).
- « Médias : La nouvelle tribu réac », sur Nouvelobs.com, .
- Ornella Guyet et Michela Cuccagna, « Des Veilleurs Ă l'Ă©cologie intĂ©grale, Gaultier BĂšs : catho-pop et Ă©colo-rĂ©ac », Streetpress,â (lire en ligne).
- Thomas Mahler, « Gaultier BĂšs : "Macron est le candidat de l'intimidation post-dĂ©mocratique" », Le Point,â (lire en ligne, consultĂ© le ).
- EugĂ©nie BastiĂ©, « Lyon est devenue l'avant-garde du dynamisme de l'Ăglise catholique », Le Figaro Magazine,â , p. 40.
- « Portraits de catholiques lyonnais engagés », sur famillechretienne.fr (consulté le ).
- Dominique Lang, « Gaultier BĂšs et Marianne Durano : veilleurs au nom de leur foi », PĂšlerin, no 6869,â (lire en ligne).
- EugĂ©nie BastiĂ©, « Veilleurs : âLe refus de la limite, loin de nous Ă©manciper, nous dĂ©shumaniseâ », Le Figaro,â (ISSN 0182-5852, lire en ligne, consultĂ© le ).
- EugĂ©nie BastiĂ©, « Gaultier BĂšs : âLe bac reste l'un des derniers repĂšres d'une sociĂ©tĂ© liquideâ », Le Figaro,â (ISSN 0182-5852, lire en ligne, consultĂ© le ).
- Henrik Lindell, « Gaultier BĂšs : "Le clivage gauche-droite n'a pas de sens pour moi" », La Vie,â (lire en ligne).
- Laurent de Boissieu, « Quâest la gĂ©nĂ©ration 'Manif pour tous' devenue ? », Le DĂ©bat, Paris, Gallimard, no 191,â , p. 89-100 (ISBN 9782072688959, lire en ligne).
- « Gaël Brustier : «La force de la Manif pour tous est de donner une explication du monde» », sur Liberation.fr, .
- Alexandre Devecchio, « Gaultier BĂšs : âĂtre radical, c'est remettre la politique Ă sa placeâ », Le Figaro,â (ISSN 0182-5852, lire en ligne, consultĂ© le ).
- « Gaultier BÚs », sur revuelimite.fr (consulté le ).
- Arnaud Gonzague, « MĂ©dias : La nouvelle tribu rĂ©ac », TĂ©lĂ©obs,â (lire en ligne).
- Camille Perrier, « Fin de parcours pour "Limite", revue d'écologie intégrale chrétienne », sur Info Chrétienne, (consulté le )
- « Chroniques de Gaultier BÚs ».
- « Gaultier BĂšs : âCette Ă©lection ne dĂ©partagera pas le fascisme et le progrĂšsâ », La Croix,â (lire en ligne).
- « Retour sur le colloque âLes nouvelles attentes Ă©cologiquesâ - DiocĂšse du Mans », sur sarthe.catholique.fr (consultĂ© le ).
- « Marianne Durano : libérer les femmes de la dictature du marché », sur famillechretienne.fr (consulté le ).
- « Gaultier BĂšs », La Croix,â (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consultĂ© le ).
- Pascal Bories, « Câest une maison bio⊠», Causeur,â (lire en ligne).
- Bernadette Sauvaget, « Limite, des rĂ©acs en vert et contre tous », LibĂ©ration,â (lire en ligne).
- Jean-Louis Schlegel, « Le Front national tourmente l'Ăglise catholique », Esprit, no 418,â , p. 114 et passim (ISBN 9791090270886, lire en ligne).
- Ătienne GrĂ©sillon et Bertrand Sajaloli, « The green church ? Building a catholic ecology: steps and tensions », VertigO, vol. 15, no 1,â (DOI 10.4000/vertigo.15905).
- Martin BrĂ©sis, « LââĂ©cologie humaineâ, nouvel avatar de la droite conservatrice et catholique pour promouvoir ses valeurs morales », Basta !,â (lire en ligne).
- Catherine Vincent, « âEcologie intĂ©graleâ, Ă©cofascisme⊠: une histoire des Ă©cologies identitaires », sur Le Monde, .