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Communauté Saint-Jean

La communautĂ© Saint-Jean ou famille Saint-Jean regroupe trois congrĂ©gations religieuses : les frĂšres de Saint-Jean, les sƓurs apostoliques de Saint-Jean et les sƓurs contemplatives de Saint-Jean, ainsi que des oblats (laĂŻcs qui suivent cette spiritualitĂ©). Ces communautĂ©s, bien que sĂ©parĂ©es et indĂ©pendantes dans leur fonctionnement, partagent une histoire et une spiritualitĂ© communes. Elles furent fondĂ©es par Marie-Dominique Philippe en 1975 pour les frĂšres, 1982 pour les sƓurs contemplatives et 1984 pour les sƓurs apostoliques.

Communauté Saint-Jean
Image illustrative de l’article CommunautĂ© Saint-Jean
Ecce Mater tua

RepĂšres historiques
Fondation 1975
Fondateur(s) Marie-Dominique Philippe
Lieu de fondation Fribourg (Suisse)
SiĂšge Rimont (Fley), SaĂŽne-et-Loire
Fiche d'identité
Église Catholique
Type Institut religieux de droit diocésain
Dirigeant François-Xavier Cazali (frĂšres), Paul-Marie (sƓurs contemplatives), Claire-de-JĂ©sus (sƓurs apostoliques)
Membres 540 frùres, 200 sƓurs apostoliques, 90 sƓurs contemplatives
Site internet freres-saint-jean.org

La spiritualitĂ© de la communautĂ© Saint-Jean repose principalement sur les Ă©crits de saint Jean l'ÉvangĂ©liste. Les membres de chaque congrĂ©gation vivent une vie communautaire, rythmĂ©e par la priĂšre et l’apostolat. La formation intellectuelle, notamment en philosophie et thĂ©ologie, occupe Ă©galement une place importante dans la vie des membres.

Depuis 1986, la congrĂ©gation des frĂšres de Saint-Jean est un institut religieux de droit diocĂ©sain dĂ©pendant de l'Ă©vĂȘque d'Autun (France), c'est-Ă -dire sous l'autoritĂ© de l'Église catholique locale. De mĂȘme pour les sƓurs apostoliques depuis 1993. Quant aux sƓurs contemplatives, elles dĂ©pendent de l'Ă©vĂȘque de Lyon.

Le fondateur de la communauté Saint-Jean, Marie-Dominique Philippe, fait l'objet d'accusations de dérive sectaire et d'abus sexuels. Par ailleurs, plusieurs membres de la communauté Saint-Jean sont reconnus coupables d'agressions sexuelles dont des viols sur adultes, mineurs ou personnes fragiles.

Histoire

Fondation Ă  Fribourg en 1975

En 1975, un groupe de cinq Ă©tudiants de l'universitĂ© de Fribourg demande au pĂšre Marie-Dominique Philippe d'ĂȘtre leur pĂšre spirituel. Sur le conseil de Marthe Robin, il les accompagne dans leur souhait de vie monastique[1].

En 1978, ce groupe est rattachĂ© pour six ans ad experimentum Ă  l’abbaye cistercienne de LĂ©rins, ses membres en Ă©tant oblats, et prend le nom de CommunautĂ© Saint-Jean[1].

PremiĂšres implantations

Le premier prieurĂ© est ouvert en 1981 Ă  Cotignac (Notre-Dame-de-GrĂąces) Ă  la demande de Gilles Barthe, Ă©vĂȘque de FrĂ©jus-Toulon[2].

En 1982, Marie-Dominique Philippe cessant d’exercer comme professeur Ă  Fribourg, il quitte la Suisse. La jeune communautĂ© le suit et s’installe Ă  Rimont, en Bourgogne, oĂč se trouve toujours sa maison mĂšre[3]. Puis le noviciat est ouvert en 1983 Ă  Saint-Jodard (diocĂšse de Lyon)[4]. Il ferme en 2021[5].

La communauté connaßt jusque dans les années 2000 une phase d'expansion avec de nombreuses fondations en France (La Chaise-Dieu, Murat, Pellevoisin, Orléans, Boulogne-Billancourt, etc.). Elle ouvre aussi des implantations à l'étranger, notamment à Taïwan, GenÚve et progressivement sur les cinq continents[6].

Naissance de la Famille Saint-Jean

Noviciat et prieuré d'études philosophiques à Saint-Jodard (Loire).

À ses dĂ©buts, la communautĂ© Saint-Jean est uniquement masculine, mais de nombreuses personnes gravitent autour. Des laĂŻcs s’engagent comme oblats dĂšs 1981, continuant leur vie dans le monde tout en Ă©tant proches de la communautĂ©[7]. Alix Parmentier, ancienne secrĂ©taire de Marie-Dominique Philippe Ă  Fribourg, fonde avec lui une communautĂ© de sƓurs contemplatives en 1982, mais rapidement, certaines se sentant une fibre plus active se sĂ©parent et fondent la communautĂ© des sƓurs apostoliques (en 1984)[7].

Mises en cause de la communauté (2001-2009)

Dans les années 2000, la Famille Saint-Jean connaßt un certain nombre de difficultés, marquées par des départs et l'obligation de se restructurer. Une dizaine de frÚres, contestant la part trop importante de l'enseignement de Marie-Dominique Philippe par rapport à d'autres théologiens ou philosophes, partent chez les dominicains aprÚs le chapitre général de 2001[8]. C'est pendant cette période, en 2000, que le cardinal Lustiger retire à la congrégation la charge de l'aumÎnerie du collÚge Stanislas de Paris. Ils ont également dû quitter le collÚge de La Salle Passy Buzenval situé à Rueil-Malmaison. Il est alors reproché à la communauté un manque de discernement dans son recrutement[9]. En 2001, Marie-Dominique Philippe laisse le gouvernement de la communauté à un deuxiÚme prieur général élu, le pÚre Jean-Pierre-Marie Guérin-Boutard[8].

Marie-Dominique Philippe cesse d'enseigner en 2003 Ă  la suite de la demande de la hiĂ©rarchie, pour une « mise en conformitĂ© avec le droit ordinaire qui rĂšgle l’ñge des enseignants (il a 91 ans) et pour permettre un renouvellement du corps des enseignants au studium de Rimont », prĂ©cise Pierre CalimĂ©, porte-parole de l’évĂȘque d’Autun[10]. En 2004, Joseph Madec, ancien Ă©vĂȘque de FrĂ©jus-Toulon accompagne la communautĂ© comme assistant religieux avec Hubert Niclasse, ancien prieur de la province dominicaine de Suisse[11].

En juin 2009, le cardinal Barbarin, Ă©vĂȘque ordinaire des sƓurs contemplatives, dĂ©met de ses fonctions les sƓurs chargĂ©es du gouvernement, dont la fondatrice, sƓur Alix, aprĂšs avoir constatĂ© des dĂ©rives sectaires. S’ensuit une grave crise pour cette congrĂ©gation pendant plusieurs annĂ©es qui aboutira en juillet 2014 par un acte du pape François autorisant les sƓurs dissidentes Ă  fonder une nouvelle communautĂ©[12] - [13], la communautĂ© des sƓurs de Maria Stella Matutina.

Depuis la mort de Marie-Dominique Philippe (2006)

Le 26 aoĂ»t 2006, Marie-Dominique Philippe meurt Ă  Saint-Jodard (Loire), un mois aprĂšs avoir perdu l'usage de la parole Ă  cause d'un accident vasculaire cĂ©rĂ©bral. Le pape BenoĂźt XVI rend hommage Ă  « celui qui, durant de longues annĂ©es, guida et forma de nombreuses personnes Ă  l’école du Christ, dans l’esprit du "disciple bien-aimĂ©", les enracinant dans un amour profond de l’Église et dans la fidĂ©litĂ© au successeur de Pierre. Sa SaintetĂ© rend grĂące pour la vie du pĂšre Marie-Dominique, entiĂšrement donnĂ©e au Seigneur et Ă  ses frĂšres, enracinĂ©e dans la mĂ©ditation de la Parole de Dieu, dans la recherche et dans la contemplation passionnĂ©e de la vĂ©ritĂ©[14]. »

En avril 2010, sous la prĂ©sidence de BenoĂźt RiviĂšre, Ă©vĂȘque d’Autun le chapitre gĂ©nĂ©ral des frĂšres de Saint-Jean, constituĂ© d’une cinquantaine de frĂšres dĂ©lĂ©guĂ©s, Ă©lit un nouveau prieur gĂ©nĂ©ral pour un mandat de six ans, le pĂšre Thomas Joachim (renouvelĂ© en 2016). Il remplace le pĂšre Jean-Pierre-Marie arrivĂ© au terme de ses deux mandats de six et trois ans[15]. C'est sous son mandat que dĂ©butent les rĂ©vĂ©lations sur les dĂ©viances sexuelles du pĂšre Marie-Dominique Philippe.

Le 7 mai 2019, le frĂšre François-Xavier Cazali est Ă©lu pour succĂ©der au frĂšre Thomas Joachim[16]. Lors de la seconde session du chapitre gĂ©nĂ©ral, en novembre 2019, la congrĂ©gation prend la dĂ©cision d’une nouvelle Ă©tape dans le processus d’autonomie vis-Ă -vis de la figure du fondateur. ConfirmĂ©e par le secrĂ©taire du dicastĂšre romain pour les religieux, l'Ă©vĂȘque JosĂ© RodrĂ­guez Carballo, cette nouvelle direction implique que « les frĂšres ne se rĂ©fĂšrent plus au pĂšre Marie-Dominique Philippe comme Ă  une norme pour actualiser leur charisme aujourd’hui »[17] vu qu’il ne peut ĂȘtre un modĂšle de vie Ă  cause des rĂ©vĂ©lations faites depuis 2013 sur ses comportements abusifs[18]. La communautĂ© Saint-Jean opte par ailleurs pour une rĂ©vision des constitutions pour une clarification du charisme de l’institut ; la mise en place de rĂ©gions provinciales plus autonomes fait partie de ce processus[17].

Lors de son chapitre gĂ©nĂ©ral de 2022, la CommunautĂ© a indiquĂ© qu'« en raison de ces prises de conscience ainsi que des manques et des ambiguĂŻtĂ©s du texte, le Chapitre gĂ©nĂ©ral de 2022 a estimĂ© que la RĂšgle de vie ne peut dĂ©sormais plus ĂȘtre une rĂ©fĂ©rence pour notre vie et a pris la dĂ©cision de la retirer des Constitutions, de ne plus la mentionner dans la cĂ©dule de profession, ni de la lire et commenter au cours des chapitres[19]. »

Structure et implantations

Organisation

La Famille Saint-Jean se compose de plusieurs branches.

Congrégation des frÚres de Saint-Jean

FondĂ©e en 1975 par Marie-Dominique Philippe, la CongrĂ©gration des frĂšres de Saint-Jean est un institut religieux de droit diocĂ©sain dĂ©pendant de l'Ă©vĂȘque d'Autun depuis 1986. Sa maison-mĂšre et son siĂšge est Ă  Rimont, Fley. AprĂšs un temps de noviciat et de formation philosophique et thĂ©ologique (environ neuf ans), les frĂšres vivent dans des prieurĂ©s apostoliques comptant en moyenne cinq ou six frĂšres. Les membres sont des religieux liĂ©s par les trois vƓux de pauvretĂ©, chastetĂ© et obĂ©issance, environ deux tiers d'entre eux sont prĂȘtres. Leur vie se partage entre priĂšre, Ă©tude, vie fraternelle et apostolat. Leur mission est variĂ©e, auprĂšs des paroisses, des jeunes, des populations dĂ©favorisĂ©es, etc. La congrĂ©gation est dirigĂ©e par un prieur gĂ©nĂ©ral Ă©lu pour six ans (renouvelable une fois pour trois ans), c'est François-Xavier Cazali qui assume cette fonction depuis mai 2019[16].

La CongrĂ©gation est structurĂ©e depuis octobre 2022 en 5 provinces (France, Europe, AmĂ©riques, Afrique et la vice-province d’Asie-OcĂ©anie)[20]. Les 18 prieurĂ©s en France constituent la province de France qui a Ă©lu Henri-Dominique de Certaines Prieur provincial en janvier 2023[21].

SƓurs mariales d'IsraĂ«l et de Saint-Jean (1982-2005)

En , TĂŒnde Szentes, ancienne secrĂ©taire de Marie-Dominique Philippe Ă  Fribourg, fonde la communautĂ© des sƓurs mariales d'IsraĂ«l et de Saint-Jean. Elle place sa communautĂ© sous la « double fidĂ©litĂ© » au judaĂŻsme et au christianisme. En , le cardinal de Lyon, Albert Decourtray donne Ă  la communautĂ© le statut d’association privĂ©e de fidĂšles. En , elle est annexĂ©e par la « Famille Saint-Jean » et en devient une de ses branches. En , dans le diocĂšse de Lyon, le statut d'association de fidĂšles est retirĂ© Ă  la communautĂ© par dĂ©cret du cardinal Philippe Barbarin. Une dĂ©cision « rare et grave » prise en « raison de difficultĂ©s qui sont apparues, notamment en termes d’orientations religieuses[22] - [23] - [24]. » En , la Gendarmerie nationale effectue des perquisitions et des interrogatoires approfondis de la communautĂ©. Le procureur de la RĂ©publique conclut : « Pas de trace de sĂ©questration ou de maltraitance », « on n'a rien trouvĂ© qui puisse donner corps Ă  des dĂ©nonciations[25]. »

CongrĂ©gation des sƓurs de Saint-Jean (sƓurs contemplatives)

Maison des sƓurs contemplatives à Troussures.

La CongrĂ©gation des sƓurs de Saint-Jean (communĂ©ment appelĂ©es sƓurs contemplatives), Ă©rigĂ©e en Institut religieux de droit diocĂ©sain par l’archevĂȘque de Lyon en 1994, a Ă©tĂ© fondĂ©e par Marie-Dominique Philippe en 1982, soit sept ans aprĂšs les frĂšres de Saint-Jean[7], et la premiĂšre prieure est Sr Alix Parmentier (1930-2016). La maison-mĂšre des sƓurs contemplatives est Ă  Saint-Jodard et leur siĂšge se trouve actuellement au prieurĂ© de Troussures. Les prieurĂ©s des sƓurs contemplatives comptent en moyenne huit sƓurs. Les sƓurs sont des moniales qui vivent une vie de priĂšre, de vie communautaire et de travail manuel, elles vivent leur consĂ©cration totale Ă  Dieu dans le silence et la solitude. Leur habit se distingue par son voile blanc. Une prieure gĂ©nĂ©rale Ă©lue pour six ans dirige la congrĂ©gation. La prieure gĂ©nĂ©rale actuelle est sƓur Paul-Marie Moulin, en fonction depuis 2015[26].

CongrĂ©gation des sƓurs apostoliques de Saint-Jean

Le prieurĂ© Saint-Hugues de Semur-en-Brionnais, maison-mĂšre et noviciat des sƓurs apostoliques.

La CongrĂ©gation des sƓurs apostoliques de Saint-Jean a Ă©tĂ© fondĂ©e en 1984[7]. Elle a Ă©tĂ© reconnue comme congrĂ©gation religieuse de droit diocĂ©sain par l'Ă©vĂȘque d’Autun, en 1993. Leur vie apostolique se rĂ©alise dans une vie d'Ă©vangĂ©lisation, par l'accueil et l'aide spirituelle dans les diocĂšses : centres de retraites, aumĂŽneries d'Ă©coles, d'hĂŽpitaux et de prisons, participation Ă  l’animation de paroisses. Leur mode de vie et leur charisme sont proches de ceux des frĂšres, hormis le sacerdoce. La prieure gĂ©nĂ©rale est sƓur Claire-de-JĂ©sus Salvaige de LamargĂ©, depuis le 14 mars 2018[27]. La congrĂ©gation a sa maison-mĂšre et son siĂšge Ă  Semur-en-Brionnais.

Lors du chapitre gĂ©nĂ©ral de 2021, les sƓurs apostoliques de Saint-Jean ont rĂ©formĂ© leur gouvernance afin de restaurer la confiance dans la congrĂ©gation Ă  la suite notamment d'« agressions sexuelles, d’abus spirituels, de maltraitance ». NĂ©anmoins 35 religieuses, sur les 190 engagĂ©es, ont demandĂ© une dispense de rĂ©sidence en communautĂ© pour une durĂ©e d'un an[28] - [29].

Les oblats

La Famille Saint-Jean comporte Ă©galement des oblats sĂ©culiers. Les oblats sont des laĂŻcs cĂ©libataires ou mariĂ©s qui s'engagent Ă  une vie de priĂšre, proches des frĂšres ou des sƓurs religieux[30]. Chaque oblat est rattachĂ© Ă  un prieurĂ© de la Famille Saint-Jean. Les oblats n'ont pas de statut juridique particulier : ils ne sont pas structurĂ©s et n'ont pas d'instance de gouvernement.

Effectifs

  • Les frĂšres : la communautĂ© des frĂšres de Saint-Jean a dans un premier temps connu une forte augmentation de ses effectifs : de 5 frĂšres en 1975, elle est passĂ©e Ă  80 frĂšres en 1982 et 350 frĂšres en 1995. AprĂšs avoir connu un pic Ă  prĂšs de 550 frĂšres dans les annĂ©es 2000, la communautĂ© comptait officiellement 536 frĂšres en 2010, 524 frĂšres en 2014, 499 frĂšres en 2015, marquant une rĂ©gression de ses effectifs de 7 % en cinq ans et 500 frĂšres dont 280 prĂȘtres en 2016. Parmi les frĂšres, elle comptait cinquante trois novices en 2003[31], mais seulement trente cinq novices en 2014[32], et vingt quatre novices en 2015[33], soit une chute de 54 % en 12 ans. Le dĂ©clin dĂ©mographique est Ă©galement illustrĂ© par la baisse du nombre de frĂšres français ordonnĂ©s prĂȘtres : onze ordinations en 2012, six ordinations en 2013, trois ordinations en 2014, trois ordinations en 2015[34] (il s'agit ici uniquement des ordinations de sĂ©minaristes français). En juin 2018, quatre prĂȘtres sont ordonnĂ©s dont un seul Français[35] et en juin 2019, quatre prĂȘtres dont deux Français[36].
La chapelle du prieurĂ© de Troussures avec les sƓurs contemplatives.
  • Les sƓurs apostoliques : en 2014, les sƓurs sont environ 200 : 154 sƓurs dĂ©jĂ  engagĂ©es par les trois vƓux de religion, dont 120 de façon dĂ©finitive ; les autres, environ 50, sont encore novices ou postulantes. Vingt-deux nationalitĂ©s sont reprĂ©sentĂ©es : 60 % sont françaises, 40 % d'autres pays. Les sƓurs sont rĂ©parties en 23 prieurĂ©s dont 12 en France en 2015[37]. En 2018, les sƓurs apostoliques sont au nombre de 194 (dont 140 professes perpĂ©tuelles) dans leurs 23 prieurĂ©s[27].
  • Les sƓurs contemplatives : aprĂšs avoir connu une ascension continue de leurs effectifs, les sƓurs contemplatives ont vu leurs effectifs s'effondrer Ă  la suite d'une scission en 2009 qui s'est terminĂ©e par la fondation de la communautĂ© Maria Stella Matutina en 2014.

Liturgie

Les frĂšres et sƓurs de la Famille Saint-Jean ont fait le mĂȘme choix liturgique pour leurs offices religieux : une liturgie sobre d’inspiration monastique et grĂ©gorienne mais en langue vernaculaire[38], essentiellement composĂ©e pour sa partie française par Magdalith.

En 1984, les frĂšres abandonnent la liturgie polyphonique qu’ils avaient reçue de LĂ©rins (inspirĂ©e de l’abbaye de Chevetogne) pour un style plus dĂ©pouillĂ© dĂ©jĂ  utilisĂ© chez les sƓurs de Notre-Dame de Sion (contemplatives) ; celles-ci avaient demandĂ© Ă  Magdalith, une artiste-chanteuse postulant chez elles, de composer une liturgie en français[39]. Le fondateur de la CommunautĂ© Saint-Jean, connaissant ce monastĂšre, l’a par la suite appliquĂ©e aux frĂšres de Saint-Jean ; il dit avoir Ă©tĂ© « trĂšs saisi » par « une espĂšce de force et de douceur » de ce chant[40].

Leur vie comprenant une activitĂ© apostolique, les frĂšres et sƓurs apostoliques cĂ©lĂšbrent seulement les grandes Heures : Laudes, office du milieu du jour, vĂȘpres, complies ; les clercs sont tenus Ă  rĂ©citer l’office des lectures individuellement. L’accent est mis sur la priĂšre silencieuse en communautĂ© : temps d’oraison le matin et le soir, parfois devant le Saint-Sacrement[41].

Habit

L’habit des membres de la communautĂ© Saint-Jean les a fait connaĂźtre sous le surnom de « petits gris » en rĂ©fĂ©rence Ă  sa couleur[42]. L’habit monastique fut choisi dans les dĂ©buts de la communautĂ© en s’inspirant de l’habit de travail des cisterciens de l’abbaye d'Hauterive, proche de Fribourg que les premiers frĂšres visitaient souvent. Il se compose d’une tunique longue grise couvrant tout le corps et d’un scapulaire Ă  capuchon de la mĂȘme couleur, similaire Ă  celui des bĂ©nĂ©dictins. Les frĂšres portent Ă©galement une ceinture en cuir Ă  laquelle est fixĂ© un rosaire, le mĂȘme que celui portĂ© par les dominicains[43].

Activités et apostolats

Les apostolats de la Famille Saint-Jean sont divers (paroisses, formation, engagement caritatif, retraites spirituelles etc.) Ils dĂ©pendent souvent de la mission allouĂ©e par l'Ă©vĂȘque qui les appelle dans son diocĂšse.

École Saint-Jean

L'Ă©cole Saint-Jean est ouverte Ă  tout public et se tient dans divers prieurĂ©s de la communautĂ©, pour offrir une formation philosophique, thĂ©ologique et spirituelle. Elle met Ă  la disposition du public des cours disponibles en ligne sur le site ÉphĂšse formation[44]. Elle donne aussi des cours du soir pour adultes, comme dans son prieurĂ© de la rĂ©gion parisienne installĂ© Ă  Boulogne-Billancourt, ainsi que des cours par correspondance. Le parcours Sophia permet Ă  des adultes de se former sur trois ans en plusieurs sessions de week-ends et en Ă©tĂ©[45].

Dans la mĂȘme mouvance, le Saint John Institute[46] Ă  Denver, couple dans son programme la formation spirituelle, la vie de priĂšre, et l'obtention d'un MBA en entrepreneuriat au sein de la Walsh University (en)[47].

Revue Aletheia

La communautĂ© dispose aussi d'une maison d'Ă©dition (ÉphĂšse Ă©ditions) et Ă©dite une revue de rĂ©flexion, Aletheia « pour se former Ă  la sagesse philosophique, Ă  la sagesse thĂ©ologique et Ă  la sagesse mystique. »[48]

Retraites spirituelles

Vue du prieuré de Troussures (Oise) qui organise des sessions et des retraites spirituelles.

La communauté organise des retraites spirituelles toute l'année dans ses prieurés[49]. Elles peuvent aussi se faire dans la proximité avec un lieu de pÚlerinage, les plus fameux pour la communauté en France étant celui de Notre-Dame-de-Grùces de Cotignac et celui de Notre-Dame de Pellevoisin.

Académie pour une écologie intégrale

La communautĂ©, au sein du sanctuaire marial Notre-Dame du ChĂȘne (Vion), fonde l'AcadĂ©mie pour une Ă©cologie intĂ©grale[50] pour rĂ©pondre Ă  l'appel du pape François dans son encyclique Laudato si’. L'objectif de cette acadĂ©mie est d'Ă©tudier de nouveaux modes de vie respectueux de l'homme et de son environnement[51].

Festival Saint-Jean

La communautĂ© Saint-Jean organise depuis 1998 un festival d’étĂ© destinĂ© aux jeunes Ă  Saint-Quentin-sur-Indrois oĂč les frĂšres sont implantĂ©s. Le Festival Saint-Jean se dĂ©roule en plein air pendant une semaine en aoĂ»t. Le programme mĂȘle priĂšre, dĂ©tente, formation et contenu culturel[52]. Les effectifs oscillent entre trois cents et mille selon les annĂ©es. Plus rĂ©cemment, le Festival Saint-Jean se dĂ©cline Ă©galement sous la forme d’un Festival d’hiver Ă  la pĂ©riode du Nouvel An, ainsi qu’un Festival de PentecĂŽte, centrĂ© sur les engagements en vie religieuse des frĂšres et sƓurs Ă  Paray-le-Monial[53].

La communauté organise également un festival annuel pour les familles dans son prieuré de Pellevoisin.

L’association RĂ©vĂ©lateur

Depuis la fin des annĂ©es 1990, l’association RĂ©vĂ©lateur, proche de la communautĂ© Saint-Jean, produit des spectacles et comĂ©dies musicales ayant pour thĂšme la vie de grandes figures du catholicisme[54]. Ainsi Maximilien Kolbe, Jean-Paul II, FrĂ©dĂ©ric Ozanam, mĂšre Teresa, Claire de Castelbajac, Padre Pio et les Ă©poux Martin ont Ă©tĂ© mis en scĂšne par l’association. L’association propose des camps artistiques d’étĂ© pour la rĂ©alisation des spectacles[55].

Les camps de jeunes

La communautĂ© propose des camps pour les jeunes dans ses diffĂ©rents prieurĂ©s. Combinant en gĂ©nĂ©ral activitĂ© sportive ou culturelle et priĂšre, ils accueillent plusieurs centaines de jeunes chaque annĂ©e[56]. Le format existe Ă©galement Ă  l'international, lĂ  oĂč la communautĂ© est implantĂ©e, comme le mouvement Eagle Eye Ministries[57] - [58] aux États-Unis, ou Ă  Addis-Abeba, en Éthiopie, oĂč la communautĂ© est responsable de la pastorale des jeunes[59].

Saint-Jean Espérance

La communautĂ© Saint-Jean a dĂ©veloppĂ© une activitĂ© d’assistance aux toxicomanes depuis 1987. L’association Saint-Jean EspĂ©rance accueille sur la base du volontariat des personnes dĂ©jĂ  sevrĂ©es en hĂŽpital et propose un accompagnement de longue durĂ©e afin d’aider Ă  la reconstruction personnelle et prĂ©parer une rĂ©insertion sociale. Elle propose une immersion dans un cadre de vie particulier structurĂ© autour du travail, de l’amitiĂ© et de la quĂȘte spirituelle[60] - [61].

L’association Magdalena

FondĂ©e par un prĂȘtre de la communautĂ©[62], l’association Ă  Boulogne-Billancourt rencontre et accueille des personnes de la rue, notamment des prostituĂ©es dans le Bois de Boulogne. L’association a Ă©galement ouvert une maison en Seine-et-Marne en 2017 destinĂ©e Ă  aider les femmes Ă  sortir de la prostitution[63] - [64].

Noé Mission Saint-Jean

La communautĂ© Saint-Jean a Ă©galement mis en place une structure organisant des sĂ©jours humanitaires et de mission : sur la base du bĂ©nĂ©volat, des personnes se rendent dans des lieux oĂč la communautĂ© est dĂ©jĂ  prĂ©sente. Les missions concernent aussi bien l'apostolat spirituel que des projets Ă  caractĂšre humanitaire[65].

Dans le monde

La communautĂ© Saint-Jean s'est vu confier diffĂ©rentes missions sur tous les continents. Ainsi, au Cameroun, les frĂšres dirigent le collĂšge Francois-Xavier Vogt depuis 1993. Dans le mĂȘme pays, Ă  l'initiative d'un frĂšre de Saint-Jean, des caravanes d'Ă©vangĂ©lisation rassemblent jusqu'Ă  quatre mille personnes par jour, et une radio dĂ©diĂ©e Ă  l'Ă©vangĂ©lisation a vu le jour en 2018[66]. En Inde, les frĂšres ont crĂ©Ă© un centre d'accueil pour personnes sĂ©ropositives sur le terrain de leur prieurĂ©[67].

Abus spirituels et sexuels

La communautĂ© dont la croissance est rapide Ă  ses dĂ©buts, reçoit des critiques dĂšs l'origine, de la part de plusieurs associations comme l'AVREF[68], qui publie en mai 2015 le Livre noir de la FraternitĂ© Saint-Jean[69] - [70], version mise Ă  jour le 14 janvier 2021[71], l'UNADFI[72], le Centre contre les manipulations mentales[73], le journal Golias, qui publie depuis 2000 des articles, ainsi qu'une longue enquĂȘte en 2005 : « La face cachĂ©e des Petits Gris »[74].

La commission SOS abus, mise en place en 2015, mentionne 32 plaintes concernant 27 frĂšres agresseurs sexuels sur des majeurs et 6 sur des mineurs. Ces agressions vont de caresses sexuelles Ă  des viols. Dans le mĂȘme temps, plusieurs abus sexuels dans la communautĂ© Saint-Jean font l'objet de condamnations[75].

Abus sexuels

Les abus sexuels dans la communauté Saint-Jean désignent les sévices sexuels commis au sein de cette institution par certains de ses clercs et agents pastoraux.

Le fondateur de la communauté Saint-Jean, Marie-Dominique Philippe, fait l'objet d'accusations de dérive sectaire et d'abus sexuels. Plusieurs membres de la communauté Saint-Jean sont reconnus coupables d'agressions sexuelles dont des viols sur adultes, mineurs ou personnes fragiles. Ces derniers justifient bien souvent leurs actes, contraires à l'ordre moral commun, avec le concept de l'« amour d'amitié ». Celui-ci est banni en 2016 aprÚs l'intervention du Vatican; José Rodríguez Carballo évoque des « actes pédophiles pour quelques-uns, conduites gravement contraires à la chasteté pour d'autres plus nombreux, actes homosexuels, imprudences graves et abus de jeunes femmes vis-à-vis desquelles ils étaient en situation de responsabilité ».

BenoĂźt-Emmanuel Peltereau-Villeneuve, est destituĂ© de l’état clĂ©rical par le DicastĂšre pour la Doctrine de la Foi en dĂ©cembre 2022, « sans possibilitĂ© de faire appel ou dĂ©poser un recours » Ă  la suite d'une enquĂȘte canonique pour de multiples accusations d'agressions sexuelles[76].

La scission au sein de la communautĂ© des sƓurs contemplatives de Saint-Jean (2009)

En juin 2009 Ă©clate une crise au sein, cette fois, de la communautĂ© des sƓurs contemplatives de Saint-Jean. À la suite d'une enquĂȘte menĂ©e depuis 2003 par le diocĂšse de Lyon dont elles dĂ©pendent[77], la sƓur Alix Parmentier, qui dirigeait la communautĂ© depuis 1982, est limogĂ©e le 6 juin 2009 par dĂ©cret du cardinal Barbarin. Un second dĂ©cret, en juillet 2009, explicite les motifs de cette dĂ©cision mais n'est pas rendu public par les sƓurs[78]. Cependant, il semble que « la responsabilitĂ© de la congrĂ©gation Ă©tait concentrĂ©e entre trop peu de mains, en place depuis trop longtemps » et que « la fondatrice et prieure gĂ©nĂ©rale (Alix Parmentier), et les quelques sƓurs qui l’entouraient, maintenaient certaines des plus jeunes sous leur emprise psychologique et affective »[79] - [80]. Des tĂ©moignages de parents font Ă©tat de faits graves : « suicides de sƓurs, abus de mĂ©dicaments, voire dĂ©rives sexuelles[81]. »

Alix Parmentier n'accepte pas la prieure nommĂ©e par le cardinal Barbarin et envoie les novices en dehors du noviciat. Tout cela provoque une dĂ©sunion qui fait boule de neige et atteint peu Ă  peu la majoritĂ© des sƓurs qui prennent parti pour Alix Parmentier. Ainsi, la gouvernance de la nouvelle prieure gĂ©nĂ©rale, sƓur Johanna, est rendue impossible. Devant ce dĂ©but de scission, le commissaire pontifical nommĂ© par Rome, Jean Bonfils, demande aux quatre sƓurs (sƓur Alix et trois sƓurs proches d'elle) de l'ancien gouvernement de ne plus influencer le reste de la communautĂ© et, Ă  cet effet, de se disperser dans des couvents d'autres congrĂ©gations (notamment les visitandines) avec interdiction de communiquer Ă  l'extĂ©rieur. Sa demande sera sans effet, en ce qui concerne les communications, comme il le souligne : « Ce n'est pas la fiĂšvre dans l'usage des mails ou des portables qui contribue Ă  l'unitĂ©. » Le chapitre qu'il projette pour aboutir au dialogue entre les parties est Ă©galement rendu impossible : « On ne se comporte pas dans un chapitre comme sur un terrain de sport oĂč chacun veut gagner la partie[82]. »

Cela dĂ©bouche sur un dĂ©but de scission. Plus d'une centaine de sƓurs contestatrices se regroupent tout d'abord Ă  Saltillo au Mexique en janvier 2010, accueillies par JosĂ© RaĂșl Vera LĂłpez, Ă©vĂȘque dominicain plutĂŽt progressiste et dĂ©fenseur de l'Ɠuvre du pĂšre Marie-Dominique Philippe qu'il a bien connu. Puis ces mĂȘmes sƓurs partent fonder une nouvelle association publique de fidĂšles, dĂ©nommĂ©e « sƓurs de Saint-Jean et Saint-Dominique », le 29 juin 2012 Ă  Cordoue en Espagne.

Par la suite, le cardinal Bertone s'empresse de faire signer au pape BenoĂźt XVI (Ă  la veille de son retrait), un rescrit d'audience qui prĂ©cise que cette association « porte gravement atteinte Ă  la discipline ecclĂ©siastique ». Il est prĂ©cisĂ© que le pape, pourtant dĂ©jĂ  fatiguĂ©, est « en possession d’une connaissance prĂ©cise du comportement peu religieux de certaines sƓurs et de l’évolution de la congrĂ©gation des sƓurs contemplatives de Saint-Jean ». Le rescrit d'audience dissout cette association dissidente le 10 janvier 2013[83], le pape ne voulant pas « cautionner une dĂ©rive incompatible avec le respect des valeurs et rĂšgles fondamentales de l’Église universelle »[84]. Les 150 sƓurs qui en sont alors membres sont rĂ©duites Ă  l’état laĂŻc.

Entre-temps le pape François est élu le 13 mars 2013. Le conflit continue de s'enliser et aucune solution pour remédier à la crise ne semble alors envisageable[85].

Le conflit, qui met Ă  mal la communautĂ© Saint-Jean, commence Ă  s'attĂ©nuer par la visite du cardinal JoĂŁo Braz de Aviz Ă  l'automne 2013 et s'achĂšve finalement le 1er juillet 2014, lorsque Rome annonce la dĂ©cision suivante : « les ex-sƓurs qui ont canoniquement quittĂ© la congrĂ©gation des sƓurs contemplatives de Saint-Jean et les laĂŻques qui voudront s’unir pourront librement constituer une association publique de fidĂšles en vue de devenir un institut religieux. » La scission est donc dĂ©sormais dĂ©finitive. Le pape François dĂ©sire cependant que la sƓur Alix (ĂągĂ©e de 79 ans) et les trois autres, soient « complĂštement exclues de la vie religieuse »[86] - [87].

Les sƓurs dissidentes ont finalement fondĂ© le une nouvelle communautĂ© : Maria Stella Matutina. Quant aux sƓurs qui s'Ă©taient soumises au dĂ©cret du cardinal Barbarin, leur supĂ©rieur hiĂ©rarchique, et aux dĂ©cisions du pape BenoĂźt XVI, au sein de la communautĂ© contemplative de Saint-Jean, elles sont actuellement 80 religieuses. Une nouvelle prieure gĂ©nĂ©rale, sƓur Paul-Marie, est Ă©lue en mai 2015.

Le 5 fĂ©vrier 2019, le pape François fait allusion lors d'une confĂ©rence de presse Ă  une communautĂ© dissoute par son prĂ©dĂ©cesseur, pour des raisons d'esclavage sexuel de sƓurs au sein de cette communautĂ©. Le porte-parole du pape prĂ©cisa plus tard qu'il s'agissait des sƓurs contemplatives de Saint Jean[88]. Cette dĂ©claration fut nuancĂ©e dans les jours qui suivirent par le directeur de la salle de presse du Saint SiĂšge qui prĂ©cise que « le Saint-pĂšre a utilisĂ© le terme d'esclavage pour signifier “manipulation”, une forme d'abus de pouvoir qui se traduit Ă©galement par des abus sexuels[89]. » La communautĂ© rĂ©agit Ă  cette dĂ©claration en publiant une lettre accompagnĂ©e de repĂšres chronologiques sur les sƓurs contemplatives de Saint Jean[90].

Abus sexuels de Marie-Dominique Philippe (2013)

En 2013, le prieur général de la communauté Saint-Jean, Thomas Joachim, révÚle officiellement et publiquement l'existence de « témoignages convergents et crédibles disant que le pÚre Philippe a parfois posé des gestes contraires à la chasteté, sans union sexuelle, à l'égard de femmes adultes qu'il accompagnait »[91] - [Note 1].

Cette nouvelle « affaire »[92] Ă©branle considĂ©rablement la communautĂ© Saint-Jean et annule[93] les premiĂšres dĂ©marches entamĂ©es par les Petits Gris en vue d'une bĂ©atification du pĂšre Philippe[94]. À la suite de cela, certains frĂšres quittent la communautĂ© pour fonder la fraternitĂ© Verbum Spei[95].

Par ailleurs, le chapitre gĂ©nĂ©ral des frĂšres de Saint-Jean tenu en avril 2013 est l’occasion d'adopter une motion intitulĂ©e « Épreuves et EspĂ©rance », admettant l’existence de graves abus sexuels de la part de frĂšres ayant autoritĂ© de formation ainsi que d’autres frĂšres. Le paragraphe no 9 de cette motion reconnaĂźt que « des manquements Ă  la chastetĂ© avec des justifications doctrinales ont malheureusement concernĂ© des frĂšres. De tels manquements ont eu lieu entre des frĂšres et des personnes adultes, notamment des personnes qu’ils accompagnaient ; et, dans le passĂ©, entre des frĂšres ayant autoritĂ© de formation et de jeunes frĂšres[96]. »

En juin 2016, une ancienne religieuse carmélite révÚle de nouvelles informations : elle affirme avoir été abusée sexuellement dans les années 1970 par Marie-Dominique Philippe. Son témoignage est publié par l'AVREF sur son site internet[97].

Une ex-sƓur de Saint-Jean dĂ©nonce des dĂ©rives sectaires (2017)

À 24 ans, en 1999, Marie-Laure Janssens est entrĂ©e chez les sƓurs contemplatives de Saint-Jean oĂč elle restera 11 ans[98]. AprĂšs avoir finalement quittĂ© cette communautĂ© en 2010 et s'ĂȘtre mariĂ©e, elle affirme en 2017 dans un livre avoir Ă©tĂ© la « victime d'un crime que ni le droit pĂ©nal ni le droit de l'Église catholique ne reconnaissent : l'abus spirituel[99] - [100] - [101]. » Elle affirme : « J'ai bel et bien passĂ© onze ans dans une secte »[102].

Le « travail de vérité » de la communauté Saint-Jean

La communauté Saint-Jean s'est engagée à partir de 2013 dans un « profond travail de vérité »[103]. Dans un rapport de 2019, la commission SOS abus recense 27 membres de la communauté Saint-Jean agresseurs sexuels sur des majeurs et 6 sur des mineurs. Ces agressions vont de caresses sexuelles à des viols.

La relation au fondateur Marie-Dominique Philippe

AprÚs la reconnaissance officielle par les autorités de la communauté des agressions sexuelles de Marie-Dominique Philippe, en 2013, les frÚres de Saint-Jean ont engagé une réflexion communautaire afin de clarifier la relation avec leur fondateur[104].

La communautĂ© s'est lancĂ©e dans un travail de discernement afin de permettre Ă  chacun de « relire son histoire personnelle avec le pĂšre Philippe » ; ainsi la communautĂ© veut « travailler sur l’enseignement du pĂšre Philippe, donc son hĂ©ritage dans la pensĂ©e et les structures de la congrĂ©gation, et vĂ©rifier sa validitĂ© »[103]. Sans renier l'hĂ©ritage spirituel et intellectuel du fondateur, les frĂšres de Saint-Jean ont acceptĂ© de faire le deuil d'une image parfois idĂ©alisĂ©e. Les frĂšres ont aussi rĂ©Ă©quilibrĂ© leur formation avec plus d'intervenants extĂ©rieurs, une meilleure formation en psychologie, sur la chastetĂ© et la vie sexuelle. Si la pensĂ©e et les Ă©crits du pĂšre Philippe nourrissent toujours l'enseignement et la vie spirituelle, la communautĂ© a pris une certaine distance critique et identifiĂ© certains manquements dans la formation qui ont pu favoriser les dĂ©viances en matiĂšres de mƓurs.

Comme le souligne le pĂšre Thomas Joachim[Note 2] : « Les Ă©crits du pĂšre Philippe ont Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©s et, mĂȘme Ă  Rome, il n’a pas Ă©tĂ© trouvĂ© d’élĂ©ments qui soient hors de l’enseignement de l’Église. Finalement, c’est un Ă©quilibre que nous avons remis en cause[103]. » Son successeur, le pĂšre François-Xavier ira jusqu'Ă  affirmer : « Notre fondateur ne peut pas ĂȘtre un modĂšle de vie religieuse ni de vie chrĂ©tienne pour nous, malgrĂ© le rĂŽle qu'il a jouĂ©[105]. »

Accompagnement extérieur

La CongrĂ©gation pour les instituts de vie consacrĂ©e et les sociĂ©tĂ©s de vie apostolique nomme en septembre 2015 un commissaire pontifical pour « accompagner » la communautĂ© Saint-Jean dans son ensemble. Il s'agit de l'Ă©vĂȘque Ă©mĂ©rite de Viviers, François Blondel[Note 3]. Il est prĂ©cisĂ© que son rĂŽle « n'est pas de se substituer aux supĂ©rieurs gĂ©nĂ©raux »[106], mais d'aider la congrĂ©gation d'une part Ă  amĂ©liorer la formation de ses membres et, d’autre part, Ă  prĂ©ciser son charisme et clarifier la relation Ă  son fondateur[104].

Travail sur la culture communautaire

Par des groupes de discussion, l'accompagnement de psychologues et des autoritĂ©s de l'Église, la communautĂ© travaille sur sa propre culture. « Si le travail intellectuel est fait, celui sur la culture communautaire est encore vivant[103]. »

ParallĂšlement Ă  la rĂ©forme de la formation, la communautĂ© mĂšne le mĂȘme effort auprĂšs de tous ses membres. À la lumiĂšre du travail accompli, de nombreux Ă©vĂȘques en France, ont manifestĂ© leur soutien Ă  la congrĂ©gation[103]. Le pĂšre Thomas, assure, quant Ă  lui « envisager l'avenir avec espĂ©rance » : « On sent que progressivement, on Ă©volue dans le bon sens. Alors que le risque, aujourd’hui, serait de manquer d’une certaine fiertĂ© d’appartenance au bon sens du terme, il faut aussi voir que nous avons de trĂšs belles choses, nous continuons d’apporter une bonne nouvelle, de faire du bien: donc corrigeons ce qui doit l’ĂȘtre mais n’oublions pas le don que Dieu a fait Ă  notre communautĂ©[104]. »

La commission SOS abus

À la demande du chapitre gĂ©nĂ©ral de 2013, une commission SOS abus est crĂ©Ă©e en 2015 dans le but d'ĂȘtre un lieu d'Ă©coute. ConsidĂ©rant la communautĂ© Saint-Jean « encore sous emprise », des membres de celle-ci demandent que cette commission soit confiĂ©e Ă  des personnes extĂ©rieures et non Ă  des responsables de la communautĂ©[107]. Ainsi la commission est composĂ©e, depuis 2019, de frĂšres, ainsi que de deux laĂŻcs : un juriste et une psychologue clinicienne[108].

En mai 2019, la commission SOS abus rend son premier rapport d'activité au chapitre général, celui-ci vote ensuite sa diffusion publique (disponible sur le site de la communauté). La commission y mentionne avoir reçu 32 plaintes concernant 27 frÚres agresseurs sexuels sur des majeurs et 6 sur des mineurs. Ces agressions vont de caresses sexuelles à des viols[109]. Les abus signalés concernent en grande majorité des femmes adultes, et pour 80 % d'entre eux, ont eu lieu dans le cadre de l'accompagnement spirituel[110] - [105] - [111]. Est également relevé le recours à des justifications aberrantes pour ces abus, parfois présentés comme expression de « l'amour d'amitié » envers la personne[105].

Notes et références

Notes

  1. Le porte-parole de la communautĂ©, le frĂšre Renaud-Marie, prĂ©cise en outre que les cas se comptent entre cinq et dix, sans « union sexuelle » consommĂ©e, et n’ont pas donnĂ© lieu Ă  des poursuites de nature judiciaire.
  2. Prieur général de la communauté de 2010 à 2019.
  3. ÂgĂ© de 75 ans, il a donnĂ© sa dĂ©mission en mai 2015.

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Voir aussi

Bibliographie

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  • AVREF, Le Livre noir de la communautĂ© Saint-Jean, , 88 p. (lire en ligne [PDF]) Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • CĂ©line Hoyeau, La Trahison des pĂšres : Emprise et abus des fondateurs de communautĂ©s nouvelles, Bayard, , 352 p. (ISBN 978-2-2274-9870-9) Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • CĂ©line Hoyeau, « Le mystĂšre des frĂšres Philippe » », La Croix, no 41942,‎ , p. 13-20 (lire en ligne, consultĂ© le )
  • MichĂšle-France Pesneau (prĂ©f. Jean de La Selle), L'emprise : vingt annĂ©es d'emprise spirituelle et sexuelle : un chemin de libĂ©ration, Golias, , 294 p. (ISBN 978-2354722753)
  • Tangi Cavalin, L'affaire : Les dominicains face au scandale des frĂšres Philippe, Éditions du Cerf, , 766 p. (ISBN 9782204153539)

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