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Frères Montgolfier

Les frères Montgolfier[2] - [3], Joseph-Michel[4](1740-1810) et Jacques-Étienne[4] (1745-1799), sont des industriels français, inventeurs de la montgolfière, ballon à air chaud grâce auquel a été réalisé en 1783 le premier vol d'un être humain.

Médaillon en bronze des frères Montgolfier, par Houdon (musée du Bourget).
Description de la montgolfière de 1783 des frères Montgolfier : partie supérieure ornée de fleurs de lys avec en dessous les douze signes du zodiaque en couleur d'or sur un fond peint bleu azur, au milieu des chiffres de Louis XVI, les deux L entrelacés, quatre fois répétés et entremêlés de soleils éclatants et le bas garni de mascarons, de guirlandes et d'aigles à ailes déployées[1].

Biographie

Jeunesse et enfance des deux frères

Plaque commémorative apposée sur la maison des frères Montgolfier à Vidalon.

Leur père, Pierre Montgolfier (1700-1793), père de seize enfants, est papetier comme ses ancĂŞtres depuis le XVe siècle[5]. Le moulin familial est installĂ© Ă  Vidalon-lès-Annonay, petit bourg de l'Ardèche de la commune de DavĂ©zieux, situĂ© non loin du RhĂ´ne Ă  75 kilomètres au sud de Lyon. La papeterie a une rĂ©putation europĂ©enne.

Joseph est né à Vidalon-lès-Annonay, le . C'est le douzième enfant de Pierre. Curieux et inventif, il n'est pourtant pas un très bon élève, ne se faisant pas à la discipline de l'époque. Il s'intéresse néanmoins aux sciences physiques et naturelles. Une fois ses études terminées, ne voulant pas intégrer la papeterie familiale, il monte un laboratoire de chimie, puis fait un séjour à Paris assez bref pour revenir travailler à Vidalon. Son père lui confie, avec sa sœur Mariane et son frère Augustin-Maurice, la nouvelle usine de Vidalon-le-Bas.

Étienne, né le également à Vidalon-lès-Annonay, est le quinzième. Il réussit mieux à l'école que Joseph et étudie l'architecture à Paris. Il travaille sous la direction de l'architecte Soufflot. Il réalise des bâtiments pour la papeterie de Jean-Baptiste Réveillon.

En 1772, le frère aîné des Montgolfier, Raymond, décède et son père rappelle Joseph au pays pour prendre en charge la papeterie. Finalement, en 1774, Pierre laisse la responsabilité de l'entreprise à Étienne et nomme Joseph responsable technique des ateliers de la papeterie Montgolfier. L'entreprise se développe, en particulier par la mise au point, en 1777, par Étienne du premier papier vélin français. Une unité dirigée par Joseph s'ouvre en 1780, à Avignon, où un marché important existe, en raison du très grand nombre d'imprimeries locales : Avignon ne fait pas partie du royaume de France, mais dépend du Pape. De nombreux imprimeurs y travaillent donc pour éviter la censure royale et ne pas payer les droits sur des copies d'ouvrages. Joseph Montgolfier en profite pour passer une licence en droit, qu'il obtient en 1782, à 42 ans.

La papeterie compte à cette époque à peu près trois cents ouvriers, ce qui est un effectif important et les affaires marchent bien.

Les premières expériences

  • Portraits des frères Montgolfier
  • Joseph Montgolfier.
    Joseph Montgolfier.
  • Étienne Montgolfier.
    Étienne Montgolfier.
  • MĂ©daillon en bronze par Jean-Antoine Houdon (1783).
    MĂ©daillon en bronze par Jean-Antoine Houdon (1783).
  • Monument Ă  Annonay.
    Monument Ă  Annonay.

La découverte de l'hydrogène par Henry Cavendish date de 1766. Il découvre ainsi que « l'air inflammable » est un gaz 11 à 12 fois moins dense que l'air. En 1782, les frères Montgolfier avaient fait des expériences en produisant de l'hydrogène, en versant du vitriol sur de la ferraille, et en tentant de l'enfermer dans des sacs en papier, mais sans succès.

Plusieurs hypothèses existent sur la naissance de l'idée de l'utilisation de l'air chaud. Dans une version, Joseph ayant jeté un papier dans la cheminée s’aperçoit que ce dernier est aspiré. Dans une autre, l'idée lui vint simplement en voyant monter la fumée ou une chemise de sa femme dans la cheminée. Sur cette origine, les sources ne sont pas sûres.

En novembre 1782, alors qu'il est à Avignon, Joseph fait une première expérience avec une chemise fermée, puis avec un « cube » de taffetas de soie d'un mètre cube environ qu'il parvint à faire monter au plafond de la cheminée. Cette expérience eut lieu dans la maison aux Ballons qui se situe au no 18 de la rue Saint-Étienne. Elle se distingue, entre toutes, par ses appuis de fenêtres en fer forgé portant, chacun en son centre, « la figure d'un ballon, réhaussée sur ceux du deuxième étage par un petit aérostat en tôle découpée et repoussée »[6].

C'est ici que descendaient les frères Montgolfier quand ils venaient d'Annonay pour leur commerce de papier. Le Courrier d'Avignon du relate : « C'est à Avignon que M. de Montgolfier l'aîné fit son expérience pour la première fois. Là, il ne vit pas sans une profonde joie, qu'un petit parallélépipède creux de taffetas ayant été chauffé préalablement monta rapidement au plafond »[7].

La cour d'honneur de l'hôtel de Villeneuve-Martignan, actuel musée Calvet d'Avignon, où les frères Montgolfier donnèrent une des premières séances d'aérostation.

Une autre relation de cet évènement est faite par Félix Dugonet, dans son ouvrage paru en 1903 L'invention de l'Aéronautique à Avignon en 1782. Il narre « Il voulut en se lavant chauffer la chemise qu'il allait mettre. À cet effet, il alluma devant la cheminée une flambée de papier et, serrant l'ouverture du col de la main gauche, il évasait les pans de la chemise en forme de cloche pour y concentrer la chaleur. Il arriva que l'air chaud, étroitement emprisonné dans le ballonement bien réussi de la toile, se mit à élever avec assez de force la chemise gonflée au-dessus du foyer improvisé »[7].

De plus, il est de tradition que les frères Montgolfier donnent une des premières séances d'aérostation dans la cour d'honneur de l'hôtel particulier des Villeneuve-Martignan, l'actuel musée Calvet d'Avignon[7].

En décembre 1782, les deux frères sont réunis à Annonay, et la même expérience est refaite : une enveloppe cubique d'un mètre cube gonflée par un feu de laine et de paille mouillée s'envole à une trentaine de mètres d'altitude. Le feu produit une épaisse fumée, car ils pensent, par analogie aux nuages, que la fumée est la responsable de l'élévation. Ils multiplient les expériences en mélangeant plusieurs combustibles, utilisant la combustion ignée de matières organiques telles que paille, foin, laine mouillée, fumier de mouton, vieilles chaussure et même viande pourrie[8].

Le , ils gonflent avec de l’air chaud une sphère de m3 qui parvient Ă  s'envoler elle aussi. Ils dĂ©cident donc de faire un ballon plus gros, d'une douzaine de mètres de diamètre. Ils utilisent de la toile en coton (toile d'emballage) qu'ils doublent avec des feuilles de papier mince (le papier renforce la toile, l'impermĂ©abilise et l'isole thermiquement), dĂ©coupĂ©e en fuseaux assemblĂ©s ensuite entre eux et cousus sur un rĂ©seau de ficelles fixĂ©es aux toiles. Le poids du ballon Ă©tait de 225 kg pour 800 m3. Le ballon est prĂŞt en avril 1783 et quelques essais captifs sont rĂ©alisĂ©s. Le 25, le ballon est lâchĂ© et il monte Ă  une hauteur estimĂ©e de 400 mètres.

Le , c'est avec ce ballon qu'ils font une dĂ©monstration aux Ă©tats particuliers du Vivarais[9]. Il se serait Ă©levĂ© ce jour-lĂ  Ă  1 000 mètres et se posa 10 minutes après l'envol Ă  2 kilomètres. Les dĂ©putĂ©s font un rapport pour l'AcadĂ©mie des sciences de Paris. Le 27 aoĂ»t 1783, le physicien Jacques Charles rĂ©pète l'expĂ©rience au Champ de Mars Ă  Paris mais prĂ©fère l'hydrogène, quatorze fois plus lĂ©ger que l'air, Ă  cause de sa meilleure force ascensionnelle. Dès lors, une compĂ©tition s'engage entre les montgolfières Ă  air chaud et les charlières Ă  hydrogène. Les deux frères songent Ă  se faire connaĂ®tre Ă  Versailles pour obtenir du financement ; tous leurs essais ayant Ă©tĂ© payĂ©s jusqu'alors avec leurs propres deniers[10].

Les expériences à Paris

Maquette d'une montgolfière avec sa plateforme encerclant le foyer, musée royal de l'armée et de l'histoire militaire, Bruxelles.
Plaques commémoratives de la Folie Titon, 31 bis rue de Montreuil, à Paris.

L'information de l'expérience du 4 juin est très vite arrivée à Paris. L'Académie des sciences forme une commission pour réaliser une démonstration à Paris en participant aux frais. C'est Étienne seul qui se rend à l'invitation.

Joseph et Étienne après avoir hĂ©sitĂ© Ă  rĂ©employer le ballon d'Annonay, dĂ©cident de construire pour cette expĂ©rience un nouveau ballon d'une plus grande taille, 1 000 m3 environ et 450 kg. Le textile de base de l'enveloppe est encore de la toile de coton encollĂ©e sur ses deux faces avec du papier. Il est formĂ© de 24 fuseaux, ce qui lui donne une allure biconique assez allongĂ©e de 24 mètres de haut.

Barthélemy Faujas de Saint-Fond, qui avait lancé une souscription pour l'expérience du ballon à gaz de Jacques Charles, qui se déroula le , en lance une nouvelle pour les Montgolfier.

Étienne s'installe à la papeterie de son ami et ancien client Jean-Baptiste Réveillon, la Manufacture royale des papiers peints, la Folie Titon, dans l'actuelle rue de Montreuil à Paris. Il faut deux mois pour assembler le ballon cousu à la main. Dans l'équipe, on note également la présence du Genevois Ami Argand, spécialiste des phénomènes de combustion.

Le premier essai captif a lieu le dans le parc de l'usine Réveillon. La Commission académique vint assister le lendemain à une deuxième expérience toujours avec le ballon captif. L'enveloppe détrempée à cause de la pluie de la veille se déchire. La commission ne considère pas que c'est un échec et fixe la démonstration devant le roi au 19 septembre, soit une semaine après.

Le ballon n'est malheureusement pas rĂ©utilisable. Un nouveau ballon est reconstruit en 5 jours. Et celui-ci fait 1 400 m3, il est nĂ©anmoins moins haut, 19 m, moins lourd, 400 kg et un peu plus sphĂ©rique. Il est essayĂ© en vol captif le 18. Il est nommĂ© Le Martial.

Le , c'est donc Ă  Versailles devant Louis XVI qu'a lieu la dĂ©monstration avec un mouton, un canard et un coq comme passagers. Ils furent enfermĂ©s dans un panier rond en osier accrochĂ© par une corde au ballon[11]. Une fois lâchĂ©, celui-ci monta Ă  une hauteur estimĂ©e de 500 mètres. HandicapĂ© par une dĂ©chirure causĂ©e au dĂ©part, le ballon vole huit minutes et parcourt trois kilomètres cinq cents.

À l'atterrissage, Jean-François Pilâtre de Rozier accourt. Les animaux sont vivants et bien portants. Le mouton qui broutait calmement la paille finit ses jours à la ménagerie royale en guise de récompense. Le canard et le coq paraissent n'avoir point souffert mais selon certains témoins, ce dernier a le bec cassé, le mouton s'étant assis dessus lors de l'atterrissage[12].

L'expérience est un succès : il est possible d'emporter une charge importante et on peut survivre au séjour en altitude. L'étape suivante était le vol habité.

Le premier vol d'un ĂŞtre humain

Ascension captive du 19 octobre 1783.

Étienne se met donc Ă  dessiner un nouveau ballon, d'une taille permettant d'emporter deux personnes. Il faut Ă©galement un autre système qu'un panier fermĂ© accrochĂ© par une corde et il pense Ă  une plate-forme circulaire encerclant le foyer. InspirĂ© du ballon prĂ©cĂ©dent, l'aĂ©rostat a une forme ovoĂŻde, 13 mètres de diamètre, 21 mètres de haut pour un volume de 2 200 m3 et une masse de 500 kg. Il est Ă©galement dĂ©corĂ© pour la circonstance de fleurs de lys, des douze signes du zodiaque en couleur d'or, des chiffres de Louis XVI, les deux L entrelacĂ©s, de mascarons, de guirlandes et d'aigles Ă  ailes dĂ©ployĂ©es. Il est terminĂ© dans les environs du 8 octobre. Le 12 octobre, les essais captifs ont commencĂ©. Ils se font dans les jardins de M. de RĂ©veillon, ce qui fait que la machine est nommĂ©e « Le RĂ©veillon ». Étienne ne vola pas dans la montgolfière Ă  cause des interdictions de son père.

Jean-François Pilâtre de Rozier fut choisi pour les essais suivants, le 15 (montĂ©e Ă  26 mètres, durĂ©e 4 minutes et 25 secondes) et le 17. La mĂ©thode de chauffage change, la paille sèche est utilisĂ©e : elle produit moins de fumĂ©e mais est plus efficace. Pilâtre commence Ă  bien manier le ballon, maniement qui consiste Ă  alimenter le feu du foyer avec de la paille pour contrĂ´ler la montĂ©e ou la descente du ballon.

Le a lieu le premier vol habitĂ© Ă  la Folie Titon[13], manufacture royale des papiers peints, dans l'actuelle rue de Montreuil Ă  Paris, dans le faubourg Saint-Antoine. Le premier vol s'Ă©lève Ă  81 m, avec Jean-François Pilâtre de Rozier seul, et le deuxième Ă  105 m, avec deux passagers : Pilâtre et AndrĂ© Giroud de Villette (durĂ©e 9 min). Ces deux vols eurent lieu en captif, c'est-Ă -dire que le ballon est attachĂ© au sol par une corde solide reliĂ©e Ă  une masse suffisamment importante pour le retenir. Il faut un Ă©quipier, après l'essai de Giroud de Villette, c'est le Marquis d'Arlandes qui sera choisi. Tout est prĂŞt, mais il manque l'autorisation du Roi. Il prĂ©fèrerait proposer la vie Ă  deux condamnĂ©s Ă  mort volontaires pour l'expĂ©rience, mais finalement se laisse flĂ©chir.

Plaque commémorative de l'événement.

Le vol avec humains a lieu le , avec Jean-François Pilâtre de Rozier et le Marquis d'Arlandes[14]. Le « lâcher tout » est donnĂ© du château de la Muette Ă  Paris, Ă  la lisière du bois de Boulogne. Le ballon qui pèse dans les 850 kg s'Ă©lève sans problème. Il file vers Paris, et c'est au-dessus des Tuileries qu'ils atteignent leur altitude maximale : 1 000 mètres. Puis ils commencent Ă  perdre de l'altitude en quittant Paris par la barrière d'Italie. Ils atterrirent sur la Butte-aux-Cailles, aujourd'hui place Paul-Verlaine, dans le 13e arrondissement. La distance parcourue fut de neuf kilomètres, en vingt-cinq minutes. Le feu fut alimentĂ© uniquement par le marquis, guidĂ© par Pilâtre qui avait cassĂ© sa fourche.

Le , Joseph et Étienne furent nommés membres correspondants de l'Académie des sciences à titre exceptionnel. Le père Pierre reçut des titres de noblesse et sa papeterie devint Manufacture royale, le . Les deux frères eurent donc le titre de chevalier, leur devise étant sic itur ad astra, « nous irons ainsi jusqu'aux astres ».

Dans le mĂŞme temps Ă  Lyon

Pendant qu'Étienne est à Paris, Joseph est lui à Lyon pour des raisons professionnelles. Les deux frères correspondent par courrier, ce qui incite probablement Joseph à tenter des expériences aussi de son côté. Il fabrique un petit aérostat en papier à la demande de Jacques de Flesselles, intendant de Lyon (équivalent à l'époque de préfet). Ce petit ballon fut lancé le . Il est équipé d'un petit brûleur grillagé alimenté avec du papier froissé imbibé d'huile d'olive.

Un second ballon est construit, plus important, 340 m3, fait de papier rouge, chauffĂ© Ă  la paille puis entretenu avec le mĂŞme système de rĂ©chaud grillagĂ©. Il est lâchĂ© Ă  la tombĂ©e de la nuit du 18 novembre, ce qui donne un spectacle assez inattendu, d'autant plus qu'il est Ă©quipĂ© de deux feux d'artifice qui se dĂ©clenchent en altitude.

Joseph veut construire un Ă©norme ballon, pour pouvoir couvrir de longues distances, de Lyon Ă  Paris par exemple. Le succès de ses premières expĂ©riences lui permet d'ouvrir une souscription. Un ballon de 23 270 m3, un des plus grands jamais construits, d'un poids de sept tonnes, capable d'emmener sept personnes, est mis en chantier. La construction est assurĂ©e par un ami de Joseph, un dĂ©nommĂ© Fontaine, avec sous ses ordres 150 tailleurs et couturiers.

Jean-François Pilâtre de Rozier arriva à Lyon en décembre, appelé par Jacques de Flesselles et/ou recommandé par Étienne. Il y eut quelques frictions entre lui et Joseph, entre l'aéronaute expérimenté et l'inventeur.

Les essais captifs ont lieu du 7 au 15 janvier 1784. Le ballon a souffert de l'hiver rigoureux cette année-là. De plus, du fait de sa taille, le gonflement est très délicat, surtout avec des aides aérostiers peu expérimentés. Le temps peu favorable et une lutte entre les souscripteurs pour savoir qui volerait faillit faire capoter le projet.

Enfin, le 19 janvier, le temps est propice et les esprits calmĂ©s, 100 000 Lyonnais sont prĂ©sents et mĂŞme Pierre, le père des deux inventeurs est lĂ . Prennent place Ă  bord du Flesselles, Joseph dont c'est le seul et unique vol, Pilâtre, le comte de Laurencin qui avait amenĂ© une grande partie des fonds, le comte de Dampierre, le marquis de Laporte d'Anglefort, le prince de Ligne et le jeune Fontaine. Un resquilleur est Ă©vacuĂ© tel un sac de sable.

Le décollage est laborieux, mais il se déroule normalement tout de même. Au bout de douze minutes de vol, le vent change et ramène le ballon au point de départ. C'est alors qu'une déchirure apparaît au sommet, le ballon perd rapidement de l'altitude et atterrit brutalement à une centaine de mètres de son point de départ. Les voyageurs sont choqués, mais indemnes, ce qui n'est pas le cas du ballon à moitié brûlé qui est irrécupérable.

La fin de l'histoire

Armes des Montgolfier.
Maquette d'une montgolfière, London Science Museum.

Étienne revient à Annonay au printemps 1784 pour s'occuper de la papeterie qui, négligée pendant tout ce temps, se porte assez mal. Il continue à s'intéresser aux ballons et fait construire une montgolfière par Réveillon à des fins scientifiques, elle est d'ailleurs utilisée par Jean-François Pilâtre de Rozier, le , où elle bat un record d'altitude mais ne peut être récupérée. Entre 1785 et 1787, Étienne, Joseph et leur frère Alexandre essayent d'obtenir des fonds pour construire un ballon qu'ils veulent diriger. Mais le projet s'enlise. Ils abandonneront peu à peu l'aéronautique.

Joseph continue d'inventer pour la papeterie et en 1792, il invente notamment le bélier hydraulique qui permet d'élever un volume d'eau à partir d'une chute.

Étienne est nommé Membre associé à l’Académie des sciences en juin 1796.

Réformateurs, ils ne sont pas inquiétés durant la Révolution française. Mais ils n'obtiennent pas des différents gouvernements qui se succèdent alors des moyens pour développer leur invention. Étienne meurt à Serrières, en Ardèche, le .

Joseph s'installe alors à Paris et y reçoit la Légion d'honneur de Napoléon Bonaparte, qui le nomme administrateur du Conservatoire national des arts et métiers. Il participe à la création de la Société d'encouragement pour l'industrie nationale. Il est reçu à l’Académie des sciences en 1807. Joseph meurt à Balaruc-les-Bains dans l’Hérault, lors d'une cure, le [15].

Joseph marié à Thérèse Filhol aura trois enfants, Pierre mort dans l'année, Marguerite et François Joseph de Montgolfier. François Joseph aura deux enfants, Armand décédé avant de pouvoir donner une descendance et Gabrielle Françoise de Montgolfier. Étienne marié à Justine Marie Adélaïde Claudine Bron aura quant à lui six filles.

Ainsi, il ne reste aujourd'hui en France, aucun Montgolfier descendant de Joseph ou d’Étienne.

Iconographie

Une médaille à l'effigie des frères Montgolfier a été exécutée par le graveur Nicolas-Marie Gatteaux en 1783, d'après le médaillon de Jean-Antoine Houdon. Un exemplaire en est conservé au musée Carnavalet (ND 383).

Hommages

  • Deux monuments commĂ©moratifs Ă  la mĂ©moire des frères Montgolfier sont Ă©rigĂ©s sur leur commune d'Annonay :
    • Une statue de Joseph et Étienne s'Ă©lève place de la LibĂ©ration. Ĺ’uvre du sculpteur Henri-Louis Cordier, elle est inaugurĂ©e le .
    • Un obĂ©lisque de pierre, Ĺ“uvre d'Étienne-François Imbard, est Ă©rigĂ©e entre 1819 et 1822 en haut de l'actuel boulevard de la RĂ©publique.

Notes et références

  1. Michel Faure, Les frères Montgolfier et la conquête de l'air, Edisud, , p. 89.
  2. HpT Media, « Les frères Montgolfier et le premier vol en ballon 1783 », sur Histoire pour Tous de France et du monde (consulté le )
  3. L'Ardèche ancienne province du Vivarais, « Les Frères de MONTGOLFIER », sur L'Ardèche ancienne province du Vivarais, actualisé le 18 octobre 2017 (consulté le )
  4. « Le premier vol en ballon des frères Montgolfier », sur www.histoire-pour-tous.fr (consulté le ).
  5. « Montgolfier », sur calameo.com (consulté le ).
  6. Joseph Girard, op. cit., p. 233.
  7. Joseph Girard, op. cit., p. 234.
  8. Jean Anglade, Les Montgolfier, Perrin, , p. 88.
  9. Marie-Hélène Reynaud, Les Frères Montgolfier et leurs étonnantes machines, p. 44 et suivantes.
  10. Jean C. Baudet, Les plus grandes inventions, Primento, , p. 47.
  11. Marie-Hélène Reynaud, op. cit., p. 70 et suivantes.
  12. Audouin Dollfus, Pilâtre de Rozier, premier navigateur aérien, première victime de l'air, Association française pour l'avancement des sciences, , p. 26.
  13. Marie-Hélène Reynaud, op. cit., p. 74.
  14. Marie-Hélène Reynaud, op. cit., p. 106.
  15. Archives Départementales de L'Hérault - Naissances, mariages, décès (1793-1811) Balaruc-les-Bains, cote 5 MI 5/2, vue 247 (document original conservé aux Archives départementales de l'Hérault sous la cote 3E 23/2).

Voir aussi

Bibliographie

  • Comte de Laurencin, L’art de voyager dans les airs ou Les ballons : Lettre de M. le comte de Laurencin Ă  M. J[ose]ph de Montgolfier,, Paris, , 32 p. (lire en ligne)
  • Pierre-Louis ClĂ©ment, Les Montgolfières : Leur invention, leur Ă©volution du XVIIIe Ă  nos jours, Paris, .
  • Marie-HĂ©lène Reynaud, Les Frères Montgolfier et leurs Ă©tonnantes machines, Vals-les-Bains, .
  • Charles Coulston Gillispie (trad. Marc Rolland et Bernadette Hou), Les frères Montgolfier et l'invention de l'aĂ©ronautique [« Montgolfier brothers and the invention of aviation »], Arles, Actes Sud, , 328 p. (ISBN 2-86869-442-X et 978-2-868-69442-3, OCLC 23084533).
  • Joseph Girard, Évocation du vieil Avignon, Paris, Éd.de Minuit, , 444 p. (ISBN 2-7073-1353-X et 978-2-707-31353-9, OCLC 491414083).
  • Marie ThĂ©baud-Sorger, 'L'aĂ©rostation au temps des Lumières, Rennes, PUR, , 350 p..

Articles connexes

Liens externes

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