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Fort de Buenos Aires

Le fort de Buenos Aires[note 1] Ă©tait une place-forte destinĂ©e Ă  dĂ©fendre la ville de Buenos Aires et Ă  servir de logis aux autoritĂ©s coloniales rĂ©sidant dans la ville. L’ouvrage, dont la construction commença en 1595 et se termina, aprĂšs plusieurs remaniements, vers le dĂ©but du XVIIIe siĂšcle, se trouva entiĂšrement dĂ©moli en 1882.

Le fort et la grĂšve en contrebas, aquarelle d'Emeric Essex Vidal (1816).

DotĂ© d’abord du nom de Real Fortaleza de Don Juan Baltasar de Austria, puis, au XVIIe siĂšcle, de celui de San Miguel de Buenos Aires, le fort se dressait sur la berge du rĂ­o de la Plata, laquelle Ă  cette Ă©poque n’était Ă©loignĂ©e que d’une centaine de mĂštres de l’actuelle place de Mai, et occupait l’emplacement sur lequel se trouve aujourd’hui la Casa Rosada, siĂšge du pouvoir exĂ©cutif de la RĂ©publique argentine. Au fil des dĂ©cennies, il vint Ă  ĂȘtre renforcĂ© d’une muraille de pierre, cernĂ© d’un fossĂ© l’entourant entiĂšrement, pourvu d’un pont-levis le faisant communiquer avec la place, cantonnĂ© de bastions, armĂ© de canons, et garni, au-dedans de son pĂ©rimĂštre, de divers Ă©difices[1].

AcarÚte du Biscay, voyageur français, en fournit la description suivante en 1658 :

« ...[la ville] possÚde un petit fort de terre dominant le fleuve, cerné par un fossé, doté de dix canons de fer, dont le plus gros est de calibre douze. Là réside le gouverneur, et la garnison se compose de 150 hommes seulement, répartis en trois compagnies, commandées par trois capitaines nommés par celui-là selon sa convenance[2]... »

Son but initial Ă©tait d’éviter que des pirates europĂ©ens, c'est-Ă -dire essentiellement anglais, hollandais et portugais, ne pussent s’emparer de la ville.

Il fut utilisĂ© comme lieu de rĂ©sidence par les autoritĂ©s coloniales espagnoles jusqu’à la rĂ©volution de Mai de 1810, puis (hormis quelques pĂ©riodes durant la ConfĂ©dĂ©ration argentine) comme siĂšge par les gouvernements criollos indĂ©pendants, jusqu’à la prĂ©sidence de Julio Argentino Roca, qui donna l’ordre en 1882 de dĂ©molir le peu qui en subsistait ; le site, outre qu’il avait quasiment perdu toute valeur dĂ©fensive, ne pouvait plus en effet, aux yeux des autoritĂ©s d’alors, apparaĂźtre digne de la capitale, qui en ces annĂ©es-lĂ  s’agrandissait et se modernisait rapidement[3].

C’est aussi dans le fort que William Carr Beresford et ses troupes se repliĂšrent lors des invasions anglaises du RĂ­o de la Plata et que les envahisseurs signĂšrent leur reddition le 12 aoĂ»t 1806.

Actuellement, quelques vestiges du vieux fort, jusque-là enfouis mais récemment mis au jour lors de travaux de voirie, sont encore visibles in situ pour les visiteurs du Museo de la Casa Rosada.

Histoire

Construction

Panonceau de marbre du fort, exposé au musée du Bicentenaire.
Plan de la ville de Buenos Aires, Ă©tabli en 1708 par JosĂ© BermĂșdez. Le fort est visible au centre (le nord est Ă  droite).
Clef d’accùs au fort.
Heurtoir ayant appartenu au fort.

Les lois des Indes prescrivaient que devait ĂȘtre Ă©difiĂ© dans la ville de Buenos Aires, fondĂ©e en 1580 par Juan de Garay (et dĂ©nommĂ©e par lui de la Trinidad), un fort sis sur le RĂ­o de la Plata. Cependant, nonobstant que des corsaires de diffĂ©rentes nationalitĂ©s (parmi lesquels Francis Drake en 1577) eussent fait des incursions dans le territoire, Juan de Garay, s’il dĂ©gagea bien une Ă©tendue de terrain pour le construire, ne procĂ©da ensuite Ă  aucune construction[4].

Quatorze annĂ©es plus tard, le gouverneur de Buenos Aires, Fernando de ZĂĄrate, Ă©crivit une lettre au roi Philippe II, l’avisant de ce qu’il avait aperçu rĂ©cemment sur le littoral brĂ©silien quatre vaisseaux anglais prĂȘts Ă  faire voile jusqu’au dĂ©troit de Magellan et de ce qu’en outre le gouverneur de Rio de Janeiro lui avait signalĂ© la prĂ©sence de corsaires connaissant bien la zone du RĂ­o de la Plata. Dans ladite lettre, ZĂĄrate sollicitait la permission de faire construire un fort dans la ville de Buenos Aires, sans dĂ©pense supplĂ©mentaire pour les finances royales, prĂ©cisant que « les habitants de TucumĂĄn aidaient beaucoup Ă  l’ouvrage, car ceux de cette terre sont fort pauvres et dĂ©pourvus d’Indiens de service »[5]. Dans la crainte que l’Angleterre eĂ»t effectivement conçu le dessein de s’emparer de Buenos Aires, le roi requit ZĂĄrate de rĂ©aliser la construction, que ce dernier avait en rĂ©alitĂ© dĂ©jĂ  donnĂ© l’ordre de commencer dĂšs avant l’envoi de sa lettre[6].

L’emplacement qu’avait Ă  l’origine prĂ©vu Juan de Garay Ă©tait la moitiĂ© orientale de la Plaza Mayor (aujourd’hui le secteur est de la place de Mai), mais, pour que cette place eĂ»t plus d’étendue, l’on fit choix d’un terrain situĂ© sur la berge mĂȘme du RĂ­o de la Plata, un peu plus Ă  l’est de ladite place, oĂč se situe aujourd’hui la Casa Rosada, et qui se trouvait alors abandonnĂ©, l’adelantado Juan Torres de Vera y AragĂłn, Ă  qui le fondateur de la ville avait assignĂ© la parcelle concernĂ©e, ne l’ayant en effet jamais occupĂ©e[7] - [8].

Le fort fut baptisĂ© du nom de Real Fortaleza de Don Juan Baltasar de Austria (litt. Royale Forteresse Jean Balthasar d'Autriche). Son terre-plein Ă©tait constituĂ© de terre battue et mesurait 150 aunes (130m env.) sur chaque cĂŽtĂ©. Il Ă©tait dĂ©limitĂ© par un talus de terre doublĂ© d’un fossĂ©, et ne disposait que de 8 piĂšces d’artillerie, toutes de faible portĂ©e. Un pont-levis, qui se maintiendra jusque sous Bernardino Rivadavia, le faisait communiquer avec la Plaza Mayor. Dans le fort se trouvaient le logis du Gouverneur, les Maisons royales (Casas Reales) et des dĂ©pĂŽts. Vers la fin du XVIe siĂšcle, le fort hĂ©bergeait une garnison de 150 hommes[6].

ZĂĄrate mourut avant d’avoir pu terminer l’ouvrage, et en 1599, le gouverneur Diego RodrĂ­guez Valdez y de la Banda le trouva Ă©croulĂ©, les canons gisant Ă  terre[7]. Son successeur, Hernando Arias de Saavedra (connu sous le nom de Hernandarias), communiqua au roi en 1604 qu’il avait poursuivi les travaux de construction, en ajoutant au fort notamment une tour de guet et des dĂ©pendances Ă  l’usage des douanes[7].

En raison des incursions de pirates anglais, français, portugais, hollandais et danois, frĂ©quentes Ă  cette Ă©poque[9], le gouverneur Diego MarĂ­n y NegrĂłn demanda en 1609 la remise en Ă©tat du fort. Cependant, il mourut en 1613 sans avoir pu effectuer aucune amĂ©lioration, et le roi nomma Ă  nouveau Hernandarias pour qu’il accomplĂźt cette tĂąche. Celui-ci utilisa comme main-d’Ɠuvre les noirs « dĂ©posĂ©s » dans le dĂ©pĂŽt gĂ©nĂ©ral et, lĂ  encore, des indigĂšnes avec leurs femmes. L’on rĂ©ussit ainsi en 1618 Ă  ceinturer le fort de murailles d’escarpe et Ă  le doter de terre-pleins et de bastions, en utilisant comme matĂ©riau des pierres apportĂ©es de l’üle MartĂ­n GarcĂ­a et des bois durs provenant du gouvernorat de Misiones[10].

Ce nonobstant, le gouverneur Francisco de CĂ©spedes, arrivĂ© Ă  Buenos Aires en 1624, s’attacha Ă  « fortifier les Maisons royales, que l’on nomme fort pour la raison qu’elles sont constituĂ©es de talus de terre morte, oĂč se trouvent les rares piĂšces d’artillerie »[11]. Son successeur, le gouverneur Pedro Esteban DĂĄvila, entreprit en 1631 d’ériger un nouveau fort, lequel se rĂ©vĂ©la aussi vulnĂ©rable que les ouvrages antĂ©rieurs ; en effet, la douane se situait en contrebas de la forteresse, sur la berge du fleuve, et les crues de celui-ci emportĂšrent les bastions, de sorte qu’en 1641, alors que le fort venait d’ĂȘtre placĂ© sous le vocable de San Juan Baltasar de Austria, il n’en subsistait plus aucun. En cette mĂȘme annĂ©e, Mujica, successeur de DĂĄvila au gouvernorat, informa la Cour que « ses talus de terre morte et affaissĂ©e » n’offraient plus « aucune dĂ©fense ni sĂ©curitĂ© aux soldats »[8]. Pourtant, hormis la construction des Cajas Reales (bureau de recrutement) en 1649, aucune amĂ©lioration significative ne fut accomplie.

Daguerreotype : le fort de Buenos Aires vers 1853. On distingue à droite, comme des taches claires floues, les ouvriers occupés à démolir le flanc sud.

Par la suite, en 1667, le gouverneur JosĂ© MartĂ­nez Salazar apporta une sĂ©rie d’amĂ©liorations significatives. Il renforça le pied de la berge par des pieux, de façon Ă  prĂ©venir l’affouillement continuel de la rive. En outre, il fit fabriquer de la chaux et des planches en utilisant comme main-d’Ɠuvre les soldats de la prison. Pour entreposer les armes et les munitions, il fit amĂ©nager une galerie de 150 pieds sur 20. Il mit sur pied Ă©galement une forge capable de produire des armes pour le fort. Il fit Ă©lever trois bastions, construisit un entrepĂŽt, des fours et des silos pour garder les provisions et pourvut le fort d’une douve de 416 aunes de pourtour et de 46 pieds de large. Il rebaptisa le fort San Miguel de Buenos Aires, et fit installer une statue du saint dans la porte principale, Ɠuvre du sculpteur portugais Manuel do Coyto (auteur Ă©galement du Saint Christ vĂ©nĂ©rĂ© actuellement dans la cathĂ©drale de Buenos Aires).

MalgrĂ© ces amĂ©liorations, il restait beaucoup Ă  faire, surtout eu Ă©gard Ă  la dĂ©claration du roi Philippe IV selon laquelle le port de Buenos Aires Ă©tait « la place de l’AmĂ©rique espagnole la plus convoitĂ©e par les États Ă©trangers ». En 1674, le gouverneur AndrĂ©s de Robles observa, entre autres insuffisances, que le fossĂ© n’était toujours pas achevĂ© et que la distance entre ce fossĂ© et la maçonnerie surmontant le talus – la berme – ne suffisait pas Ă  livrer passage Ă  la cavalerie. Il prit soin alors de remanier le fort sous diffĂ©rents aspects, notamment en renforçant la muraille par 300 troncs de mesquite goudronnĂ©s et en construisant des affĂ»ts pour les huit canons de bronze. Cependant, tant en Espagne qu’à Buenos Aires, l’on s’accordait Ă  juger l’emplacement du fort peu stratĂ©gique pour la dĂ©fense, et que les constructions particuliĂšres situĂ©es alentour du site Ă©taient prĂ©judiciables Ă  son efficacitĂ©. Concomitamment avec le remaniement du fort fut Ă©levĂ© plus au sud, Ă  l’embouchure de la riviĂšre Riachuelo, un fortin nommĂ© de San SebastiĂĄn[8].

Angle nord-ouest du fort, clichĂ© rĂ©alisĂ© probablement le mĂȘme jour que le daguerrĂ©otype ci-dessus (c.-Ă -d. vers 1853). Vingt ans plus tard, sous le prĂ©sident Sarmiento, la construction sur la droite fut remaniĂ©e.

En 1618, le gouverneur Diego de GĂłngora (le premier Ă  gouverner aprĂšs que Buenos Aires eut Ă©tĂ© sĂ©parĂ© juridiquement de Asuncion du Paraguay) mit en place pour la ville un dispositif militaire plus important et plus Ă©laborĂ©, que complĂ©ta en 1631 le gouverneur Pedro Esteban de Ávila en crĂ©ant le premier corps militaire hiĂ©rarchisĂ©. Au XVIIIe siĂšcle se trouvait attachĂ©e au fort une force militaire d’environ 800 hommes, et le Corps royal d’Artillerie avait la charge des piĂšces du fort et des batteries du littoral[9].

Au dĂ©but du XVIIIe siĂšcle, il fut dĂ©cidĂ© d’entreprendre de nouvelles rĂ©fections, pour mettre le fort en conformitĂ© avec les nouveaux prĂ©ceptes en matiĂšre d’architecture militaire mis en vogue en Europe par le cĂ©lĂšbre ingĂ©nieur français Vauban. Entre 1708 et 1710, sous le gouvernorat de Manuel de Velazco, l’ingĂ©nieur JosĂ© BermĂșdez revĂȘtit de pierres l'escarpe sur les flancs sud et ouest. Enfin, en 1725, sous le gouvernorat de Bruno Mauricio de Zabala, le fort atteignit son Ă©tat d’achĂšvement aprĂšs qu’eurent Ă©tĂ© construites, sous la direction de Domingo Petrarca (ingĂ©nieur originaire de Biscaye, qui avait participĂ© Ă  la construction des dispositifs de dĂ©fense de Montevideo), une muraille de pierre cĂŽtĂ© fleuve et des parois de brique de grande Ă©paisseur sur les trois autres flancs. De ces murailles Ă©mergeaient les canons, et Ă  chaque angle se trouvait un bastion, oĂč s’élevait une poivriĂšre pour abriter les sentinelles. Sauf du cĂŽtĂ© du rivage, le fort Ă©tait tout entier cernĂ© d’une douve inondable, qui resta en place jusqu’à la dĂ©molition de l’ouvrage, un siĂšcle et demi plus tard. CĂŽtĂ© ouest, vers la ville, Ă  mi-chemin de la muraille, se trouvait le pont-levis et l’entrĂ©e principale. La forme gĂ©nĂ©rale de la forteresse Ă©tait celle d’un quadrilatĂšre irrĂ©gulier, d’une superficie totale de 5 000 m2, cantonnĂ© de bastions, ceux situĂ©s du cĂŽtĂ© du fleuve Ă©tant plus grands que les deux autres[8].

Le fort prĂ©sentait toutes les caractĂ©ristiques propres aux fortifications de l’époque et Ă©tait donc, quoique de dimensions plus modestes, apparentĂ© Ă  ceux de CarthagĂšne des Indes (Colombie) ou de San Juan de Porto Rico. Le fort le plus semblable Ă  celui de Buenos Aires Ă©tait sans doute le fort de Santa Teresa, sur le rivage atlantique de l’Uruguay[12]. En 1757, les arches commençant, avec le temps, Ă  cĂ©der et les piliers Ă  montrer des signes d’instabilitĂ©, des travaux de consolidation durent ĂȘtre menĂ©s.

En 1761 fut construite, Ă  l’usage des gouverneurs, une nouvelle rĂ©sidence, qui avait Ă©tĂ© conçue 10 ans auparavant par Diego Cardoso. En 1766, l’on amĂ©nagea les rues qui descendaient vers le fleuve, et en 1784, le commandant du gĂ©nie Carlos Cabrer adjoignit une chapelle Ă  l’ensemble. Un an aprĂšs, Cabrer dessina les plans du bĂątiment Ă  deux niveaux de la Real Audiencia, et en 1795, prĂšs de deux dĂ©cennies aprĂšs que le roi Charles III eut Ă©levĂ© la ville de Buenos Aires au rang de capitale de la Vice-royautĂ© du RĂ­o de la Plata, fut Ă©difiĂ© prĂšs du palais de la Maestranza ou Vieux Palais, le nouveau palais des Vice-rois, lequel permit de loger les nouvelles autoritĂ©s dans de somptueux salons, avec balcons d’angle Ă  caisson, comme cela Ă©tait la coutume Ă  Lima ; cet Ă©difice, dont les plans avaient Ă©tĂ© livrĂ©s par JosĂ© GarcĂ­a MartĂ­nez de CĂĄceres, originaire d’Alicante, et dont la construction fut dirigĂ©e par Francisco GarcĂ­a Carrasco, peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme l’un des points culminants qu’atteignit l’architecture civile portĂšgne Ă  la fin du XIXe siĂšcle[13]. En 1802, le mĂȘme JosĂ© GarcĂ­a de CĂĄceres dĂ©crivit le fort de la maniĂšre suivante :

« Un carrĂ© aux cĂŽtĂ©s inĂ©gaux, fortifiĂ© de quatre bastions et de leurs courtines correspondantes, au-dedans duquel se trouve le Palais royal, qu’occupent, Ă  l’étage supĂ©rieur, messieurs les Vice-rois et, Ă  l’étage d’en bas, la Real Academia, les greffiers, les secrĂ©taires et la Chapelle royale et le bureau de recrutement ; au-dessus de celui-ci, la Salle d’armes, la vieille chapelle Ă  l’usage des prisonniers, les corps de garde, les entrepĂŽts, les ateliers d’armes, etc. Ce fort possĂšde un fossĂ© sans contre-escarpe revĂȘtue, ou du moins ne l’est d’icelle qu’une portion face Ă  la porte principale, laquelle est dotĂ©e d’un pont-levis et est couverte par un petit tambour ; la poterne a Ă©tĂ© percĂ©e dans le flanc qui regarde vers le fleuve, les quais cependant de ce flanc sont en fort mauvais Ă©tat, en particulier Ă  l’entrĂ©e, la pierre utilisĂ©e Ă©tant grossiĂšre et de trĂšs mauvaise qualitĂ©. Tous les bĂątiments qu’il renferme sont construits de brique et de glaise, sauf la Chapelle royale, les entrepĂŽts et le bureau de recrutement, construits de brique et d’un mĂ©lange de chaux et de sable[7]. »

.

En 1803, les défenses cÎté port furent renforcées, tandis que du cÎté de la place une paroi de brique fut construite sur l'escarpe du fossé.

En rĂ©alitĂ©, vers cette mĂȘme Ă©poque, le fort Ă©tait dĂ©jĂ  devenu inutile, le port se dĂ©fendant dĂ©sormais naturellement par lui-mĂȘme, vu que le fleuve n’était plus que de faible profondeur et que des bancs de sable obligeaient les navires Ă  mouiller Ă  des kilomĂštres du rivage, ce qui rendait impossible tout dĂ©barquement immĂ©diat de leurs Ă©quipages, au cas oĂč ils eussent voulu s’emparer de la ville[14].

DerniÚres années

La Nouvelle Douane (Ă  gauche) fut construite entre la maison de gouvernement (au centre droit) et la rive du RĂ­o de la Plata.

Quoique le fort eĂ»t perdu, techniquement parlant, toute utilitĂ©, il continuait d’apparaĂźtre comme le symbole du pouvoir, servant en effet de rĂ©sidence aux vice-rois jusqu’en 1810. Ensuite, les titulaires des diffĂ©rents gouvernements nationaux successifs l’utilisĂšrent comme logis et comme bureau[15].

AprĂšs la reconquĂȘte de Buenos Aires, qui mit un terme Ă  la deuxiĂšme des invasions britanniques du RĂ­o de la Plata en 1806, il se rĂ©vĂ©la bien inutile aux troupes britanniques de s’ĂȘtre rendus maĂźtres du fort puisque, une fois que les PortĂšgnes se furent emparĂ©s du reste de la ville, il eĂ»t Ă©tĂ© aisĂ©, Ă  supposer que les Anglais se fussent obstinĂ©s Ă  rester dans le fort, de les assiĂ©ger.

Entre 1826 et 1827, Bernardino Rivadavia, alors prĂ©sident des Provinces-Unies du RĂ­o de la Plata, ordonna de combler la douve, de dĂ©monter le pont-levis, et de remplacer la herse par des vantaux de fer. Il fit Ă©difier un nouveau portail de style nĂ©o-classique, en forme d’arc de triomphe, surmontĂ© d’un bonnet phrygien, dont on sait seulement qu’il se trouvait vers 1910 abandonnĂ© dans quelque bĂątisse du quartier ConstituciĂłn Ă  Buenos Aires. Il installa en outre dans les bĂątiments centraux des meubles luxueux qu’il avait achetĂ©s en Europe[16].

Sous le gouvernement de Juan Manuel de Rosas, le fort ne fut plus utilisĂ©, Ă  partir de 1835, qu’à hĂ©berger des troupes, le gouvernement l’ayant en effet quittĂ© pour s’installer dans la maison que Rosas avait fait construire dans l’actuel quartier de Palermo[17] - [8].

Phase de démolition

En 1853 cependant, Ă  la suite du renversement de Rosas, le fort redevint le siĂšge de l’exĂ©cutif, mais se trouvait en fort mauvais Ă©tat. Le gouverneur Pastor Obligado fut autorisĂ© par la LĂ©gislature Ă  faire dĂ©molir tout le cĂŽtĂ© sud, le long de l’actuelle rue HipĂłlito Yrigoyen, et Ă  jeter bas les murailles et bastions de tout l’édifice, de sorte Ă  pouvoir construire, derriĂšre le fort, en partie sur des terrains gagnĂ©s sur le RĂ­o de la Plata, et faisant face Ă  celui-ci, le nouveau bĂątiment de la douane (en esp. Aduana Nueva, ou Aduana de Taylor, selon le nom de l’ingĂ©nieur Edward Taylor, qui en conçut les plans). La façade rectiligne qui donnait sur l’ouest, c'est-Ă -dire sur l’actuel palais du gouvernement, ne s’appuyait pas sur la berge, mais occupait, avec sa cour de manƓuvres, l’emplacement du fossĂ© est du vieux fort, long de plus d’une centaine de mĂštres ; cette partie arriĂšre de la Douane, qui donnait donc sur ce qui avait Ă©tĂ© la face avant du fort, Ă©tait de plain-pied alors avec le sol environnant, mais des remblayages ultĂ©rieurs ont fait qu’elle se trouve aujourd'hui enfouie[18]. DĂšs lors ne subsistaient plus du fort que le portique d’entrĂ©e et les Ă©difices centraux, lesquels furent rĂ©novĂ©s Ă  l’effet de servir de siĂšge au gouvernement.

La Casa Rosada originale (Ă  l'avant-plan Ă  gauche) et le bĂątiment de la Poste (au second plan Ă  droite).
Le bùtiment du gouvernement (à gauche) et celui des Postes (à droite), avant leur réunion par l'architecte Tamburini.

Le secteur nord, devenu rĂ©sidence prĂ©sidentielle, vint Ă  ĂȘtre occupĂ© en 1862 par le prĂ©sident BartolomĂ© Mitre, qui fit restaurer les bĂątiments et amĂ©nager un jardin par-devant.

En 1867, ce secteur nord du fort, sur l’actuelle Avenida Rivadavia, fut par deux fois la proie d’un violent incendie, ce qui porta l’annĂ©e suivante le prĂ©sident alors en exercice Domingo Faustino Sarmiento Ă  rĂ©parer l’édifice qui s’y trouvait, et Ă  le remanier en lui ajoutant un balcon au premier Ă©tage, en l’entourant d’un jardin, et en le peignant en rose. C’est depuis lors que l’on se mit Ă  appeler le bĂątiment Casa Rosada, la Maison-Rose. La nouvelle construction avait une allure italianisante, qui contrastait avec les traits nĂ©o-classiques de l’édifice antĂ©rieur[19].

Quant Ă  la partie sud, restĂ© en friche depuis la dĂ©mantĂšlement du fort par Obligado, le prĂ©sident Sarmiento, qui avait un penchant pour l’architecture renaissanciste italienne et française, engagea en 1873 l’architecte suĂ©dois Carl August Kihlberg et le chargea de livrer les plans d’un Ă©difice pour les Postes et TĂ©lĂ©graphes. Ce bĂątiment fut achevĂ© en 1879[12].

En 1882, le prĂ©sident Julio Argentino Roca donna l’ordre de dĂ©molir le bĂątiment que Sarmiento avait fait construire du cĂŽtĂ© nord, sur l’avenue Rivadavia, de mĂȘme que la demeure des vice-rois, donnant ainsi le coup de grĂące Ă  l’ancien fort de Buenos Aires. Sur l’étendue ainsi dĂ©gagĂ©e, qu’une rue sĂ©parait de l’immeuble des postes, un autre architecte suĂ©dois, Henrik Åberg, conçut un Ă©difice semblable Ă  celui des postes, bien que plus vaste et dotĂ© Ă  l’étage de deux galeries de cinq arcades chacune.

Ce nouvel Ă©difice d’une part, le bĂątiment des postes commandĂ© par Sarmiento d’autre part, et, enfin, un troisiĂšme corps de logis, avec une arche surplombant la rue de sĂ©paration, qui fut dessinĂ© par l’architecte italien Francesco Tamburini et intercalĂ© entre ces deux Ă©difices en 1894, constituent ensemble la Casa Rosada actuelle.

ÉvĂ©nements remarquables survenus dans le fort

Vol du coffre-fort

En 1631, un homme du nom de Pedro Cajal et son domestique creusĂšrent un passage souterrain pour parvenir jusqu’à l’économat et le tribunal des juges, dans la Maison royale, et brĂ»lĂšrent le couvercle du coffre-fort pour dĂ©rober mille-quatre-cents pesos[20]. Les deux responsables furent dĂ©couverts et condamnĂ©s Ă  mort. Le domestique fut pendu et sa tĂȘte exhibĂ©e ; quant Ă  Pedro Cajal, il fut, pour ĂȘtre hidalgo, mis Ă  mort au moyen du garrot d’étranglement.

Attaque française

En 1653, sous le gouvernorat de Pedro Ruiz, une offensive française contre Buenos Aires fut repoussée, les assaillants y perdant un vaisseau[11].

Prise par les Anglais[17]

En 1806, lors des invasions britanniques, le commandant William Carr Beresford dut s’emparer du fort par voie de terre car le banc de sable qui s’était naturellement formĂ© en face de l’ouvrage l’avait rendu inaccessible par la mer. Selon la description d’un officier anglais, le fort Ă©tait dotĂ© de 35 canons, mais qui Ă©taient tous piquĂ©s de rouille.

Le drapeau du 1er Bataillon, du 71e Régiment de l'Armée de terre britannique fut capturé à Buenos Aires, durant la premiÚre invasion britannique en 1806. Il est exposé comme trophée de guerre au couvent de Santo Domingo de Buenos Aires[21].

Le fort fut aussi l’ultime rĂ©duit choisi par les envahisseurs pour se replier face aux troupes de Jacques de Liniers, puis pour se rendre Ă  ceux-ci le 12 aoĂ»t 1806, d’aprĂšs ce que relate Pastor Obligado :

Le drapeau du 2e Bataillon, du 71e Régiment de l'Armée de terre britannique fut capturé par les forces espagnoles et créoles (criollos) à Buenos Aires, en 1806. Il est exposé comme trophée de guerre au couvent de Santo Domingo de Buenos Aires[21].

« Quand Liniers parvint au garde-corps de La Merced, Beresford, s’étant arrĂȘtĂ© sous l’arche de la Recova, et voyant mort son adjudant Kenner, fit avec l’épĂ©e le signal de la retraite et, repliant ses troupes, pĂ©nĂ©tra dans la forteresse, et ordonna de lever le pont. L’épais brouillard d’une journĂ©e grise, humide et nuageuse, et la fumĂ©e du combat, empĂȘchĂšrent de voir le drapeau blanc flottant sur le bastion nord, en raison de quoi les tirs se poursuivirent de tous les coins de rue de cet endroit[22]. »

Le lendemain, ils reçurent Liniers dans le salon principal, et lui remirent les banniĂšres du 71e RĂ©giment, vaincu pour la premiĂšre fois de son histoire, aprĂšs avoir parcouru l’Europe, l’Asie, l’Afrique et l’AmĂ©rique du Nord.

Soutien Ă  Liniers

En 1809, Liniers reçut dans le fort de Buenos Aires l’appui des criollos contre le coup de force de Martín de Álzaga, qui se proposait de le destituer[23].

Premier gouvernement patriote et naissance de Mariano Saavedra

AprĂšs la rĂ©volution de Mai, la demeure des vice-rois (Casa de los Virreyes) vint Ă  ĂȘtre le lieu de rĂ©sidence des nouvelles autoritĂ©s, en particulier de Cornelio Saavedra et de son Ă©pouse Saturnina OtĂĄrola, qui y donna naissance le 17 aoĂ»t 1810[24] Ă  leur fils Mariano, qui sera par deux fois gouverneur de la province de Buenos Aires.

Festivités lors de victoires patriotes[17]

Le 2 décembre 1810 fut apporté à Buenos Aires le premier drapeau royaliste capturé par les forces patriotes, à la suite de leur triomphe dans la bataille de Suipacha.

En 1812, lorsqu’était parvenue la nouvelle du triomphe de Manuel Belgrano lors de la bataille de TucumĂĄn, une banniĂšre blanc et bleu ciel fut arborĂ©e pour la premiĂšre fois Ă  la hampe du fort.

Vestiges du fort dans la Casa Rosada

Embrasure de tir du fort, visible au musée du Bicentenaire à Buenos Aires.

Une partie de la structure du fort, celle qui longeait l’actuelle rue HipĂłlito Yrigoyen, fut mise au jour en 1938, lors des travaux de dĂ©molition des travĂ©es de droite de la Casa Rosada, effectuĂ©s en vue d’élargir ladite rue.

D’autres dĂ©couvertes encore furent faites, tant de restes du fort que de ce qui avait Ă©tĂ© la Nouvelle Douane (Aduana Nueva, dĂ©molie en 1891), Ă  l’occasion de travaux exĂ©cutĂ©s par le personnel des Obras Sanitarias de la NaciĂłn et visant Ă  poser un tube de collecte d’eaux usĂ©es dans le Paseo ColĂłn, en 1942. La ComisiĂłn Nacional de Museos, de Monumentos y de Lugares HistĂłricos ayant dĂ©cidĂ© la conservation de ces vestiges, l’on entreprit de dĂ©blayer terres et dĂ©combres, de sorte que le 12 octobre 1957 put ĂȘtre inaugurĂ© un musĂ©e in situ, Ă  15 mĂštres de profondeur[25]. L’on descend dans ce lieu par un antique escalier, sur le cĂŽtĂ© est de la Casa Rosada.

Vers 1970 furent dĂ©couverts une embrasure de tir et des vestiges du mur d’escarpe donnant sur le RĂ­o de la Plata, restĂ©s enfouis Ă  la suite de la construction de la Douane. De cette derniĂšre put ĂȘtre sauvĂ©e en 1982 la Cour de manƓuvres (Patio de Maniobras), ce qui permit d’élargir davantage encore le site[note 2].

La serrure et la clef du portail de fer de l’ancien fort se trouvent exposĂ©es au musĂ©e historique national d'Argentine Ă  Buenos Aires[26].

Notes et références

Notes

  1. Selon Architecture. MĂ©thode et Vocabulaire de Jean-Marie PĂ©rouse de Montclos, le mot forteresse dĂ©signe, dans l’architecture mĂ©diĂ©vale (c’est nous qui soulignons), une place-forte dont la fonction est purement militaire. En revanche, le terme fort dĂ©signe, dans l’architecture classique et moderne, une place-forte contenant une garnison, servant d’appui dans le systĂšme de dĂ©fense d’une frontiĂšre ou d’une ville (p. 486). Il s’agit donc clairement, dans le cas de la place-forte de Buenos Aires, d’un fort au sens classique et moderne, de conception et de construction du reste fort diffĂ©rentes de la forteresse mĂ©diĂ©vale. Il semble que la langue espagnole ne fasse pas aussi strictement cette distinction, et le terme fortaleza apparaĂźt çà et lĂ  dans les diverses dĂ©nominations donnĂ©es Ă  cet ouvrage au cours de ses trois siĂšcles d’existence. Si nous reprenons telles quelles ces dĂ©nominations, en les traduisant mot Ă  mot, et si donc il advient que nous utilisions le vocable forteresse dans lesdites dĂ©nominations, nous privilĂ©gions partout ailleurs l’usage du terme fort, plus correct sĂ©mantiquement et historiquement.
  2. Pour visiter l’ensemble, le public doit accĂ©der d’abord Ă  la Casa Rosada, depuis la rue HipĂłlito Yrigoyen au sud, pendant les heures d’ouverture du musĂ©e de la Casa de Gobierno. ComisiĂłn para la preservaciĂłn del Patrimonio HistĂłrico Cultural de la Ciudad de Buenos Aires, Leticia Morese y NĂ©stor Zakim (2004), La Ciudad y el RĂ­o en su sitio fundacional. SecretarĂ­a de Cultura del Gobierno de la Ciudad de Buenos Aires.

Références

  1. E. Casella de CalderĂłn (1994), p. 19.
  2. AcarÚte du Biscay, Relation des voyages dans la riviÚre de la Plate, & de là par terre au Pérou, Paris 1696 (le périple a été accompli en 1658). Cité par E. Casella de Calderón (1994), p. 15.
  3. E. Casella de CalderĂłn (1994), p. 25.
  4. E. Casella de CalderĂłn (1994), p. 12.
  5. Rocca, 2010, p. 6.
  6. Rocca, 2010, p. 5.
  7. E. Casella de CalderĂłn (1994), p. 13.
  8. NicolĂĄs J. Gibelli, CrĂłnica HistĂłrica Argentina T II, p 291, CODEX,
  9. Julio A. Luqui Lagleyze, en Buenos Aires, sencilla historia.
  10. E. Casella de CalderĂłn (1994), p. 14.
  11. E. Casella de CalderĂłn (1994), p. 15.
  12. Historia grĂĄfica de la Casa Rosada. Revista Ciencia Hoy, Vol. 20, nÂș 117, junio-julio 2010]
  13. Gutiérrez, Ramón et Berjman, Sonia, La Plaza de Mayo, escenario de la vida argentina, Colección cuadernos del Águila. Fundación Banco de Boston., .
  14. Rocca, 2010, p. 10.
  15. Rocca, 2010, p. 11.
  16. Rocca, 2010, p. 13.
  17. E. Casella de CalderĂłn (1994), p. 22.
  18. E. Casella de CalderĂłn (1994), p. 42-43.
  19. Rocca, 2010, p. 13-14.
  20. Zabala, RĂłmulo y Enrique de GandĂ­a, Historia de la Ciudad de Buenos Aires (1980), vol I, Municipalidad de la Ciudad de Buenos Aires, p. 289-290.
  21. (es)Trofeos de la Reconquista de la Ciudad de Buenos Aires en el Año 1806, Buenos Aires, Litografía, Imprenta y Encuadernación de Guillermo Kraft, coll. « Publication Officielle », (lire en ligne)
  22. E. Casella de CalderĂłn (1994), p. 21.
  23. Rocca, 2010, p. 12.
  24. Datos de casamiento y nacimiento
  25. E. Casella de CalderĂłn (1994), p. 23.
  26. Diego M. Zigiotto, Las mil y una curiosidades de Buenos Aires, Grupo Norma,

Bibliographie

  • (es) Elisa Casella de CalderĂłn, « Parque Colon-La Aduana Nueva », Buenos Aires nos cuenta, Buenos Aires, Ediciones TurĂ­sticas, no 9,‎ .
  • NicolĂĄs J. Gibelli, CrĂłnica HistĂłrica Argentina T II, CODEX,
  • Historia grĂĄfica de la Casa Rosada, Revue Ciencia Hoy, Vol. 20, nÂș 117,
  • Julio A. Luqui Lagleyze, Buenos Aires : Sencilla Historia, La Trinidad, LibrerĂ­as TurĂ­sticas, , 286 p. (ISBN 950-99400-8-9)
  • Edgardo JosĂ© Rocca, El Real Fuerte San Juan Baltasar de Austria, testigo de los acontecimientos de mayo de 1810 y las tarjetas postales, Historias de la Ciudad AnnĂ©e XI, n° 53,
  • JosĂ© Luis Romero et Luis Alberto Romero, Buenos Aires, historia de cuatro siglos, Éditeur Abril,
  • Daniel SchĂĄvelzon, TĂșneles de Buenos Aires, Historias, mitos y verdades del subsuelo porteño, Sudamericana, , 280 p. (ISBN 950-07-2701-3)

Liens externes

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