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Doctolib

Doctolib est une entreprise française fondée en 2013 par Franck Tetzlaff et Stanislas Niox-Chateau qui distribue en France, en Italie et en Allemagne, une application de gestion des rendez-vous réservée aux professionnels de la santé ainsi qu'un service de prise de rendez-vous en ligne, destiné aux patients. Le site web est principalement dédié aux services des professionnels de santé, exerçant dans un cadre réglementé ou non, une médecine conventionnelle ou non.

Doctolib
logo de Doctolib
Logo de Doctolib

Création 5 août 2013
Fondateurs Stanislas Niox-Chateau, Steve Abou Rjeily, Jessy Bernal, Ivan Schneider, Thomas Landais et Franck Tetzlaff[1]
Forme juridique Société par actions simplifiée
Siège social Levallois-Perret, Hauts-de-Seine
Drapeau de la France France
Directeurs Stanislas Niox-Chateau[2]
Actionnaires Bpifrance, General Altantic, Eurazeo, Accel Partners, Pierre Kosciusko-Morizet, Nicolas Brusson, Antoine Freysz, Pierre Krings, Bertrand Jelensperger, Ludwig Klitzsch, Olivier Occelli, Maxime Forgeot
Activité Programmation informatique
Produits Service en ligne professionnel, prise de rendez-vous médical en ligne
Effectif 2 500
SIREN 794598813[3]
TVA européenne [ FR14794598813]
Site web www.doctolib.fr

Chiffre d'affaires Comptes non disponibles[4]

Histoire

La sociĂ©tĂ© Doctolib est crĂ©Ă© en aoĂ»t 2013 par Franck Tetzlaff[5], rejoint par Stanislas Niox-Château, Jessy Bernal, Ivan Schneider et Steve Abou-Rjeily, avec la participation de 50 praticiens partenaires (mĂ©decins, dentistes)[6].

En , Doctolib lève 1 million d’euros auprès d’entrepreneurs français, comme Bertrand Jelensperger (cofondateur de La Fourchette), Olivier Occelli (fondateur de NaturaBuy) et Antoine Freyz (Lastminute). Franck Tetzlaff cède Ă  cette occasion ses parts.

En , le service Doctolib est dĂ©ployĂ© dans une première clinique[7]. En , Doctolib lève 4 millions d’euros auprès de ses investisseurs historiques[8] et de nouveaux investisseurs, comme Pierre Kosciusko-Morizet et Pierre Krings, cofondateurs de PriceMinister[9]. Ă€ cette mĂŞme pĂ©riode, Doctolib installe ses bureaux dans dix villes parmi les plus peuplĂ©es de France[10].

Un mois plus tard, en , Doctolib dĂ©livre ses services Ă  près de 1 500 professionnels de santĂ© partenaires et 15 Ă©tablissements privĂ©s[9].

En , le fonds d’investissement Accel Partners entre au capital de Doctolib, Ă  l’occasion d’une nouvelle levĂ©e de fonds de 18 millions d’euros[11].

En , Doctolib lance ses activitĂ©s en Allemagne, avec une Ă©quipe composĂ©e de 10 personnes et une cinquantaine de mĂ©decins partenaires[12]. Le site compte alors 4 millions de visites par mois en France et en Allemagne[13].

En , Doctolib lève 26 millions d’euros pour recruter 150 personnes supplĂ©mentaires avant 2018. La banque publique d’investissement (Bpifrance) entre au capital.

En , l’Assistance-Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) devient le premier CHU à adopter la prise de rendez-vous en ligne par Doctolib[14]. Après une expérimentation menée à l’hôpital européen Georges-Pompidou, à Paris, en [15], un millier de médecins exerçant à l’AP-HP proposent la prise de rendez-vous en ligne à la fois sur le site Internet de l’AP-HP et par Doctolib.

Ă€ la fin de l’annĂ©e 2017, le service est Ă©tendu aux 39 Ă©tablissements et 9 000 mĂ©decins de l’AP-HP[15]. Selon l’étude de la chaire Hospinnomics[16], la prise de rendez-vous en ligne engendre deux effets positifs pour l’hĂ´pital. D'une part, concernant les professionnels de santĂ©, un mois après l’installation de Doctolib, le nombre de rendez-vous honorĂ©s croĂ®t de 7,5 % dans les Ă©tablissements de santĂ© de l’AP-HP Ă©quipĂ©s[17]. Ainsi, en une annĂ©e, la hausse s'Ă©lève Ă  11 % pour tous les patients et plus spĂ©cifiquement Ă  7 % pour les nouveaux patients[17]. D'autre part, les patients sont favorables Ă  recommander ce service : un tiers des 5 000 patients interrogĂ©s par l’AP-HP en dĂ©clarent qu’ils auraient cherchĂ© un rendez-vous hors de l’AP-HP sans la prise de rendez-vous en ligne et 85 % d'entre eux recommanderaient spontanĂ©ment le service Ă  leurs proches[17].

En , un deuxième CHU français à s’équiper du service[18] : le CHU de Nancy choisit ce service, afin de simplifier l’accès aux consultations de gynécologie, d'obstétrique et d'assistance médicale à la procréation (AMP).

En , Doctolib franchit le cap des 11 millions de visites par mois[19].

En , 35 millions d’euros sont levĂ©s et Eurazeo entre au capital. Doctolib compte près de 400 salariĂ©s.

En , Doctolib compte 40 000 professionnels de santĂ© partenaires, dont plus de 1 000 en Allemagne[20]. Le cap des 15 millions de visites par mois sur le site est franchi[21].

En , Doctolib acquiert son concurrent direct MonDocteur et compte dĂ©sormais Ă  la suite de cette opĂ©ration, près de 600 salariĂ©s[22]. Ces deux sites totalisent 20 millions de visites de patients par mois et 55 000 professionnels de santĂ© utilisateurs[23].

En , Doctolib annonce le dĂ©ploiement d’un service de tĂ©lĂ©consultation destinĂ© aux praticiens français[24]. ÉlaborĂ© avec 500 mĂ©decins partenaires, ce service s’inscrit dans le cadre de la convention mĂ©dicale et est intĂ©gralement remboursĂ© par l’assurance maladie[25].

En , une nouvelle levĂ©e de fonds de 150 millions d'euros valorise la startup Ă  un milliard d'euros, ce qui lui permet d'entrer dans le cercle très fermĂ© des licornes[26].

En , Doctolib compte 75 000 professionnels et 1 400 Ă©tablissements de santĂ© partenaires, tout en obtenant 30 millions de visites de patients chaque mois sur son site et son application mobile[27].

En , Doctolib annonce avoir permis 40 000 tĂ©lĂ©consultations via ses services, soit les deux-tiers des tĂ©lĂ©consultations remboursĂ©es en France depuis le dĂ©but du remboursement[28].

En , Doctolib totalise parmi ses clients 100 000 professionnels et 2 000 Ă©tablissements de santĂ© utilisateurs[29].

En 2019, les hĂ´pitaux marseillais de l'AP-HM optent pour Doctolib pour la gestion de ses rendez-vous[30].

En , Doctolib annonce le lancement d'une nouvelle application à destination des médecins généralistes, en complément de sa plateforme de prise de rendez-vous[31] - [32]. Le service « Doctolib Médecin » est censé faciliter les tâches administratives des généralistes, telles que gestion d'agenda, historique des patients et édition d'ordonnances[33] - [34].

En , Doctolib annonce l'acquisition de Dottori, numéro deux de la prise de rendez-vous médicaux en ligne en Italie[35].

Le , Doctolib annonce l'acquisition de la jeune pousse Tanker — fondée en 2015 par Guillaume Pontallier, Clément Ravouna et Cédric Gestes — dont les solutions de chiffrement ont été utilisées par sa plateforme depuis [36] - [37] - [38]

Après une autre levĂ©e de fonds de 500 millions d'euros — la prĂ©cĂ©dente remontant Ă  — l'entreprise est valorisĂ©e Ă  5,8 milliards d'euros et devient la licorne française la plus valorisĂ©e[39] - [40].

Missions et approche

L’objectif de Doctolib consiste à participer à simplifier les formalités des professionnels de santé et faciliter l’accès aux soins des patients, avec un volonté affichée de s'étendre vers la télémédecine et les services aux hôpitaux.

En 2019, Le Figaro relève que l’utilisation de Doctolib aurait permis de réduire le pourcentage de rendez-vous non honorés par les patients. Selon Doctolib, cette défection est passée de 10 % à 4 % avec la mise en place du rappel de rendez-vous par email et SMS[29].

Pour les patients, Doctolib aurait un impact positif lors de la prise de rendez-vous médical, en particulier le soir et le week-end : selon Doctolib, 54 % des rendez-vous pris sur le site et l’application s'effectueraient durant les heures de fermeture des cabinets[29].

Les services de Doctolib

Pour les professionnels de santé, Doctolib est un service de gestion en ligne des consultations[41]. L’objectif de son service est de permettre aux professionnels de santé d’améliorer l’efficacité de leur organisation, la communication avec leur patient et la coopération avec leurs confrères. En 2019, le service de gestion des consultations est facturé 129 € par mois aux professionnels de santé[41]. Depuis le , Doctolib propose également aux médecins un service de téléconsultation leur permettant de réaliser des consultations vidéos avec leurs patients, remboursées par l’Assurance maladie. Ce service est facturé 79 € par mois aux médecins, en plus de l’abonnement au service en ligne classique[20].

Côté patient, le site et l’application Doctolib permettent de trouver de l'information sur l'offre de soins, de prendre rendez-vous à tout moment avec un professionnel de santé et de consulter l'historique de ses consultations depuis un compte personnel[14]. Le service est gratuit pour les patients[41]. Le service de téléconsultation de Doctolib permet aux patients de prendre un rendez-vous pour une consultation vidéo avec leur médecin, de payer en ligne à la suite de cette consultation vidéo et d’accéder à leur ordonnance sur leur compte personnel. Ce service offre aux patients la possibilité de consulter depuis leur domicile et d’échanger plus rapidement avec un professionnel de santé. Le service de téléconsultation de Doctolib n’est accessible qu’aux patients déjà suivis par un médecin, afin de respecter le parcours de soins et de répondre aux conditions du remboursement par l’Assurance maladie[42].

Prises de rendez-vous pour la vaccination contre la Covid-19

Pour les prises de rendez-vous pour la vaccination contre la maladie à Covid-19, il est possible de créer un compte sur Doctolib pour s'inscrire à titre individuel, mais il est également possible d'inscrire ses proches sous le même compte. Il faut cependant savoir que, dans ce cas, les rendez-vous des différentes personnes inscrites sous le même compte seront donnés via l'adresse courriel du titulaire du compte, et que tous les messages envoyés par Doctolib ne comporteront pas le nom du proche concerné. Il est donc préférable d'ouvrir un compte Doctolib différent pour chaque personne.

La pandémie de Covid-19 a permis à Doctolib d'être devenue incontournable pour les Français : Doctolib gérait l’accès des centres de vaccination à 90 %[43].

Au , en France, Doctolib revendique 39 millions de rendez-vous pour une vaccination contre la Covid-19 reprĂ©sentant une part de marchĂ© de près de 90 %. Les plates-formes de prise de rendez-vous en ligne sont les nouveaux acteurs du secteur de la santĂ© gĂ©rant les informations sur le parcours de soins d'une grande partie de la population[30].

Gestion de la patientèle et de leurs données

L'entreprise affirme qu’elle s’assure la fiabilité des informations publiées sur son site et son application, n’oriente pas les patients vers un praticien en particulier, respecte le parcours de soins coordonnés et ne permet pas aux patients de noter publiquement leurs praticiens[44].

Hébergement des données

Selon Capital, en 2019 les données personnelles de santé conservées par Doctolib étaient stockées sur en France et en Allemagne par des hébergeurs certifiés « données de santé » AZNetwork et de Coreye (Pictime Group), et aussi chez Amazon Web Services, le service d'hébergement d'Amazon[45] qui n'a pas cette certification. Doctolib indiquait alors qu'il n'est pas lui-même certifié HDS car la plateforme n'a pas vocation à héberger des données de santé[46]. Le , Doctolib annonce adopter le chiffrement de bout en bout pour la sécurisation des données de santé, affirmant « Cette technologie rend rigoureusement impossible à toute autre personne d’accéder à ces données, y compris dans les opérations d’assistance ou de maintenance »[47].

En 2022, selon une enquête de Radio France, Doctolib reconnaît que ses employés ont accès aux données de rendez-vous des patients et à d'autres informations, indiquant qu'il n'y pas à proprement parler de chiffrement de bout en bout et que l'assistance et la maintenance permettent en fait d'accéder à ces données personnelles de santé, contrairement à ce qu'affirmait Doctolib en 2020[48]. Questionnée par Radio France sur un document interne de l'entreprise de 2019 (en anglais) datant de affirmant « Ce n’est pas à strictement parler du chiffrement de bout en bout mais cela peut l’être en termes de communication », Doctolib affirme avoir « toujours été clair et transparent en matière de chiffrement »[48].

Critiques

Opposition de médecins à l'inscription sur Doctolib

En , certains médecins, comme Jérôme Marty et Bertrand Legrand s'opposent au site de prise de rendez-vous en ligne[49]. Ils reprochent à Doctolib que les noms de certains professionnels de santé apparaissent toujours alors qu'ils ont quitté le site et que les patients soient reconduits vers des confrères toujours abonnés au site.

En réponse à cette controverse, Stanislas Niox-Château, fondateur et président de Doctolib, a publié un article sur le blog Medium[50], dans lequel il affirme que « nous ne mettons en avant aucun praticien par rapport aux autres sur Doctolib »[51]. Le , Jérôme Marty a remercié Doctolib « pour avoir agi promptement suite à ce qu'il avait signalé avec Bertrand Legrand »[52].

Selon Johanna Habib, la plate-forme permet de rendre des plages horaires accessibles uniquement pour certains motifs de consultation[53].

Augmentation des frais pendant le confinement

Pendant la crise sanitaire du COVID, Doctolib applique un nouveau prĂ©lèvement de 1 % sur chaque tĂ©lĂ©consultation, correspondant aux frais du prestataire de paiement en ligne (Stripe). Ces frais, selon un mĂ©decin, peuvent reprĂ©senter jusqu'Ă  200 euros par mois par professionnel[54].

« Sur ces 1 %, on ne gagne rien. En fait, on refacture ce qu’un prestataire (Stripe) nous facture pour l’autorisation de prélèvement et le virement bancaire », a expliqué Stanislas Niox-Chateau en lors d’un échange avec des professionnels de santé[55]. Ces frais étaient de 1,5 % à l’origine et Doctolib a négocié pour ramener ce prélèvement à 1 %[56].

« Ce sont des frais qu’on ne peut plus se permettre d’offrir », assure l’entreprise, qui rappelle qu’elle a offert la gratuité de ses abonnements de téléconsultation pendant toute la durée de l’épidémie « afin de participer à l’effort national[56] ».

Sécurité des données envoyées sur Amazon Web Services

En 2021, plusieurs syndicats de médecins ont déposé devant le Conseil d'État un recours en raison de l’utilisation par le site de prise de rendez-vous Doctolib des services d’hébergement d'Amazon Web Services (AWS). « Avec sa certification HDS (hébergeur de données de santé) et ses dizaines de milliers d’ingénieurs, AWS est la meilleure solution sur le marché, et elle n’est pas européenne. Mais il n’est pas possible pour nous de faire de compromis sur la sécurité », explique Philippe Vimard, directeur des opérations chez Doctolib[57].

Ces syndicats ainsi que des reprĂ©sentants d’associations de patients dĂ©noncent dans leur recours un niveau de sĂ©curitĂ© insuffisant pour le stockage des donnĂ©es de santĂ© de millions de personnes. Selon les plaignants, le CLOUD Act permet notamment aux agences de renseignement des États-Unis d’accĂ©der aux informations stockĂ©es sur les serveurs d’entreprises amĂ©ricaines et le droit amĂ©ricain a des effets extraterritoriaux importants qui ne garantissent pas un niveau de protection conforme au règlement gĂ©nĂ©ral sur la protection des donnĂ©es (RGPD)[58] - [30]. Ă€ la suite de l’affirmation que le chiffrement proposĂ© par Doctolib Ă©tait incomplet[59], l'application Doctolib est accusĂ©e d'ĂŞtre « trop bavarde » sur les donnĂ©es de ses utilisateurs. Un chercheur en informatique d'Inria montre ainsi comment ce service hĂ©bergerait les images des praticiens chez Cloudinary (en), qui pourrait en dĂ©duire la spĂ©cialitĂ© recherchĂ©e (cancĂ©rologie, oncologie, etc.). Doctolib enverrait aussi des informations Ă  Google Analytics et Amazon permettant de connaĂ®tre les URL visitĂ©es sur le site Doctolib. Enfin, le prestataire Cloudflare disposerait de la clĂ© de dĂ©chiffrement lui permettant de lire les requĂŞtes effectuĂ©es Ă  Doctolib[60] - [61].

Le Conseil d’État a écarté en la demande de suspension du partenariat entre le ministère de la Santé et Doctolib dans le cadre de la campagne de vaccination, affirmant que « Doctolib a également mis en place un dispositif de sécurisation des données hébergées par la société AWS Sarl reposant sur un tiers de confiance situé en France afin d’empêcher la lecture des données par des tiers ». La plus haute instance juridique de France, par décision de justice, a en effet validé la conformité du système d'hébergement mis en place par Doctolib[62]. Par ailleurs, Stanislas Niox-Chateau a rappelé à cette occasion les mesures mises en place par Doctolib pour assurer la confidentialité des données de ses utilisateurs[63]. « Il est faux d’affirmer que l’hébergeur certifié hébergeur de données de santé utilisé par Doctolib (AWS) a accès aux données des utilisateurs de Doctolib :

  • les donnĂ©es sont hĂ©bergĂ©es en France et en Allemagne ;
  • l’ensemble des donnĂ©es des utilisateurs de Doctolib est chiffrĂ© ;
  • les clefs de chiffrement sont hĂ©bergĂ©es en France chez ATOS, une sociĂ©tĂ© française.

Ces mesures rendent impossible l’accès aux données par AWS », précise le dirigeant de l'entreprise.

Le Conseil d'État n'a pas souhaité solliciter l'avis de la CNIL, comme le demandaient les requérants. Ces derniers affirmaient que le chiffrement mis en place n'était pas sécurisé, et en particulier que si les données étaient transmises chiffrées sur les serveurs d'Amazon web services, « Au sein de l’App Server les données sont à un moment accessibles en clair (Data Access). Or dans le cas de Doctolib, cet App Server est hébergé chez Amazon »[64] - [65].

Le risque évoqué que l’État américain puisse accéder aux données personnelles et de santé de dizaines de millions de Français est néanmoins préoccupant. Avec le développement de la télémédecine, au-delà des rendez-vous, les consultations et l’envoi des ordonnances transiteront sur les serveurs de Doctolib. L’État français devrait s'assurer de la protection des données de santé des français en encadrant ces entreprises de la santé les détenant[66].

En , la publication d'une nouvelle investigation de France Inter confirme qu'au moins les données de prises de rendez-vous (date, heure, et spécialiste, patient) ne sont pas entièrement chiffrées de bout-en-bout, puisqu'elles sont accessible de manière lisible par Doctolib[48].

Niveau de sécurité insuffisant pour le stockage des données de santé

En 2020, Doctolib est victime d'un vol de donnĂ©es personnelles concernant 6 128 rendez-vous mĂ©dicaux (nom, prĂ©nom, sexe, âge, numĂ©ro de tĂ©lĂ©phone, adresse Ă©lectronique des patientes et patients ; date de rendez-vous, nom et spĂ©cialitĂ© des personnels de santĂ© concernĂ©s par le rendez-vous). Doctolib considère alors qu'aucune donnĂ©e de santĂ© n'est impliquĂ©e[67].

En , il est révélé dans Mobilsicher, média allemand spécialisé dans les questions de confidentialité et des données numériques, que Doctolib a transmis pendant plusieurs mois des données de recherche de ses utilisateurs en Allemagne à Facebook et Outbrain. La plateforme a rapidement reconnu l'utilisation de deux cookies génériques Facebook et Outbrain collectant des informations personnelles (l'adresse IP, mots-clés du traitement recherché, spécialité médicale recherchée, secteur public ou privé) mais indiqué qu'aucune donnée de santé n'était collectée, considérant que les mots-clés recherchés ne seraient pas des données de santé[68] - [69] - [70] - [71].

En , une investigation met au jour que des employés de Doctolib ainsi que les professionnels de santé peuvent bien accéder aux dates et heures de rendez-vous, qui peuvent être considérées comme des « données de santé », confirmant les conclusions d'enquêtes menées en [61] - [72]. Interrogée sur ce point, Doctolib répond que « Les données de rendez-vous ne sont pas chiffrées de bout-en-bout. […] Cette technologie de pointe, encore peu répandue […] ne peut s’appliquer à l’ensemble des données traitées sans impact majeur pour les utilisateurs », contrairement à ce qu'indiquait son communiqué en 2020[48].

Hébergement de données de santé sans l'accord de la patientèle

Le , Doctolib reçoit le Big Brother Award[73] - [74] - [75], décerné aux structures qui portent atteinte à la vie privée, pour plusieurs problèmes identifiés :

  • lorsque des professionnels de santĂ© demandent Ă  utiliser Doctolib, ce service leur demande Ă  accĂ©der aux donnĂ©es de santĂ© de toute leur patientèle, sans que celle-ci en soit informĂ©e, et ce mĂŞme si cette patientèle ne dispose d'aucun compte Doctolib ;
  • le manque de transparence de la politique de confidentialitĂ© de Doctolib, multipliant les documents qui prĂ©cisent les conditions d'exploitation des donnĂ©es collectĂ©es ;
  • lorsque des personnels de santĂ© utilisent Doctolib, ce service accède Ă  la liste complète de leur patientèle alors que les crĂ©neaux libres suffiraient ;
  • l'usage de cookies publicitaires permet Ă  de nombreuses entreprises telles que Google, Twitter, Instagram, Facebook, LinkedIn, Medium et YouTube d'ĂŞtre informĂ©es quand un rendez-vous est pris par un patient ;
  • la fusion de donnĂ©es de santĂ© sur des patients et patientes transmises par plusieurs personnels de santĂ©, sans aucune suppression une fois que les donnĂ©es ne sont plus utiles pour la prise de rendez-vous.

Monopole

Alors qu'il existe de nombreux concurrents, Doctolib bénéficie d'un quasi-monopole en France[76]. Néanmoins, selon son cofondateur Stanislas Niox-Chateau, le marché à considérer n'est pas celui de la prise de rendez-vous en ligne, mais celui des logiciels médicaux. « Nous tirons nos revenus uniquement des professionnels de la santé abonnés à nos services. En France, nos clients ne représentent encore que 25 % du marché (…) Nous restons une jeune entreprise française, cinq à six fois plus petite que ses concurrents », déclare-t-il[77].

Présence de pseudo-médecine

Le , Doctolib suspend 17 profils de naturopathes liés à Irène Grosjean, connue pour avoir recommandé de frictionner les organes génitaux, plongés dans l'eau glacée, des enfants fiévreux afin de les endormir[78]. Cette vague de suspension fait suite aux critiques de professionnels de santé et de patients quant à la présence sur la plateforme de pseudo-médecins, dont certains ont des pratiques proches du charlatanisme, et des dérives sectaires. Le groupe affirme entreprendre un « travail de fond » avec le comité médical du site et que de nouvelles mesures seront bientôt prises[79] - [80]. Le , l'ordre des médecins réagit en publiant un communiqué demandant « de renforcer ses règles éthiques pour s’inscrire sur sa plate-forme » afin d'éviter la confusion entre professionnels de santé et disciplines sans fondement médical[81]. En réponse, Doctolib annonce le avoir mis à jour la page d'accueil de son site en y mentionnant de manière explicite que certains praticiens ne sont pas des professionnels de santé[82]. Le , après six semaines de consultations auprès de 40 acteurs dont l'ordre des médecins et la Miviludes, Doctolib annonce son choix de ne garder sur sa plateforme que des « professionnels référencés par les autorités de santé » et qu'en seront donc exclus, dans un délai de six mois, 5 700 « praticiens du bien-être » (magnétiseurs, iridologues, coachs en développement personnel, sophrologues, naturopathes, homéopathes etc.)[83] - [84].

Contrôle à posteriori du droit d'exercer des professionnels de santé

Deux faux mĂ©decins ont pu exercer pendant plusieurs semaines sur la plateforme [85] : selon Doctolib, la procĂ©dure d’inscription « dĂ©bute en premier lieu par une vĂ©rification d’identitĂ©. Puis un dĂ©lai de 15 jours est octroyĂ© aux professionnels de santĂ© afin de rĂ©ceptionner les pièces justificatives dans le cadre d’une vĂ©rification du droit d’exercer ». Donc une personne malintentionnĂ©e peut exercer pendant ce dĂ©lai.

Depuis , le dĂ©lai de 15 jours prĂ©cĂ©demment octroyĂ© a Ă©tĂ© supprimĂ©. La vĂ©rification d'identitĂ© et le droit Ă  exercer sont vĂ©rifiĂ©s avant mĂŞme de pouvoir ĂŞtre mis en ligne[86].

Implantation

Doctolib a un siège en France, à Levallois-Perret, un siège local en Allemagne, à Berlin, et un siège local en Italie, à Milan[87]. L’entreprise compte également quatre centres de recherche et développement à Paris, Nantes, Niort et Berlin.

Par ailleurs, Doctolib a des bureaux dans 40 villes en France, en Italie et en Allemagne[88]. En , Doctolib compte 2 300 salariĂ©s[89], dont 400 Ă  Nantes[90].

Organisation

Direction

Doctolib est présidé par Stanislas Niox-Château. Arthur Thirion est Directeur Général de Doctolib France[91], Dr Ilias Tsimpoulis est Directeur Général de Doctolib Allemagne[92] et Nicola Brandolese est Directeur Général de Doctolib Italie[93].

Actionnariat

Doctolib est une entreprise indĂ©pendante, dĂ©tenue Ă  majoritĂ© par ses fondateurs et ses managers. Les autres actionnaires sont la Banque publique d’investissement (Bpifrance), les fonds d’investissements Eurazeo, Accel Partners, Kernel et General Atlantic (en) et les entrepreneurs qui ont participĂ© aux levĂ©es de fonds (Ludwig Klitzsch, Pierre Kosciusko-Morizet, Bertrand Jelensperger, Antoine Freysz, Pierre Krings, Olivier Occelli, Maxime Forgeot)[94].

Notes et références

  1. https://accel.com/relationships/doctolib.
  2. « https://about.doctolib.fr/equipe/ »
  3. Système national d'identification et du répertoire des entreprises et de leurs établissements, (base de données)
  4. https://www.societe.com/societe/doctolib-794598813.html.
  5. « Seedtag acquiert KMTX », sur CB News (consulté le )
  6. « Doctolib, le succès au rendez-vous », sur Paris Match, .
  7. « Prise de rendez-vous en ligne : un marché en plein boom », sur EDP Audio, .
  8. « Doctolib, le « Google de la santĂ© », lève 4 millions d’euros », sur BFM Business, .
  9. « Doctolib part à la conquête de l'Europe », sur Les Échos, .
  10. « PagesJaunes entre dans la bataille des plateformes de RDV médicaux », sur Challenges, .
  11. « Doctolib lève 18 millions d'euros », sur Le Figaro, .
  12. « Doctolib se développe en Allemagne », sur Le Figaro, .
  13. « Doctolib, Mondocteur… Comment ces plateformes changent la relation entre patient et soignant ? », sur 20 minutes, .
  14. « Comment Doctolib dope les prises de rendez-vous de l'AP-HP », Les Échos,‎ (lire en ligne).
  15. « Courbevoie-Neuilly-Puteaux : prendre rendez-vous en ligne à l’hôpital, c’est possible », Le Parisien,‎ (lire en ligne).
  16. « Les hôpitaux de Paris tirent les premiers bénéfices du passage à Doctolib », sur Le Figaro, .
  17. « Une étude réalisée par Hospinnomics pour l’AP-HP évalue l’impact de la prise de rendez-vous en ligne dans ses hôpitaux : Comment la prise de rendez-vous en ligne transforme l’hôpital ? », sur APHP, .
  18. « Prise de rendez-vous : le CHU de Nancy opte pour Doctolib », sur Tic Santé, .
  19. « Doctolib enregistre 11 millions de visites chaque mois », sur Les Échos, .
  20. « Doctolib lance sa plateforme de consultation médicale en ligne », sur Le Journal du dimanche, .
  21. « LE DOCTOLIB DES AVOCATS EST-IL DÉJÀ EN MARCHE ? », sur Avocalix, .
  22. « Doctolib acquiert MonDocteur » [PDF], sur Cloudinary (en), .
  23. « Doctolib rachète son concurrent direct Mondocteur », sur Le Monde, .
  24. « Doctolib déploie son service de téléconsultation », sur L'ADN, .
  25. « Doctolib va se lancer dans la télémédecine », sur Le Parisien, .
  26. « Doctolib entre finalement dans le cercle privé des licornes », sur Presse Citron, .
  27. « Doctolib : le patron dévoile les plans de la nouvelle licorne française », sur Les Échos Entrepreneurs, .
  28. « Seulement 60 000 actes de tĂ©lĂ©consultation en un an : les Français restent mĂ©fiants », sur Le Parisien, .
  29. « Comment Doctolib a amélioré l’accès aux soins », sur Le Figaro, .
  30. Justin Délépine, « Mais qui arrêtera Doctolib ? », Alternatives économiques,‎ .
  31. « Doctolib cible les médecins libéraux en s'attaquant au marché du logiciel médical », sur Maddyness - Le Magazine sur l’actualité des Startups Françaises, (consulté le ).
  32. « Gagner 4 h de temps administratif par semaine : tout savoir sur le nouveau "Doctolib médecin" », sur egora.fr, (consulté le ).
  33. « Doctolib propose une solution de gestion pour les cabinets des médecins libéraux », sur Les Échos, (consulté le ).
  34. Stéphane Barge, « Mais qu'est-ce qui arrêtera Doctolib ? », L'Express, no 3650,‎ 17 au 23 juin 2021, p. 50-52.
  35. Adrien Lelièvre, « Doctolib part à la conquête de l'Italie en rachetant un concurrent », sur Les Échos, .
  36. Louis Adam, « Avec le rachat de Tanker.io, Doctolib veut « établir une nouvelle norme du secret médical » » Accès libre, sur ZDNet France, (consulté le ).
  37. Célia Seramour, « En rachetant Tanker, Doctolib veut blinder les données de santé » Accès libre, sur Le Monde informatique, (consulté le ).
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