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Dent (anatomie humaine)

La dent humaine est un organe dur, couleur ivoire, composé d'une couronne et d'une ou plusieurs racines implantées dans l'os alvéolaire des os maxillaires (maxillaire et mandibule) de la cavité buccale, et destiné à couper et à broyer les aliments. On distingue les incisives, les canines, les prémolaires et les molaires. Les dents se forment au cours de la dentition et leur nombre total est en principe de 20 ou 32 selon qu'il s'agisse de la denture temporaire ou définitive, respectivement.

Des dents humaines.

Généralité

Anatomie d'une dent

DĂ©tail d'une molaire humaine.
1-dent 2-émail dentaire 3-dentine 4-pulpe dentaire 5- 6- 7-cément 8-couronne 9-cuspide 10-sillon 11-collet 12-racines 13-furcation radiculaire 14-apex 15-foramen apical 16-sulcus gingivae 17-parodonte 18-gencive 19-gencive libre 20- 21-gencive attachée 22-ligament alvéolo-dentaire 23-os alvéolaire 24-vaisseaux et nerf… 25-…dentaires 26-…paradontaux 27-canal alvéolaire

La dent est formée de 3 parties distinctes : la couronne visible en bouche, la racine implantée dans l'os et le ligament alvéolo-dentaire ou desmodonte qui relie la racine à l'os.

La couronne est formée de 3 couches :

  • l'Ă©mail forme la couche externe. Ce tissu est minĂ©ralisĂ© Ă  97 % par l'hydroxyapatite. Les 3 % restants constituent la trame organique, composĂ©e essentiellement de collagène et d'eau. Tissu le plus dur du corps humain, il sert ainsi Ă  l'identification en mĂ©decine mĂ©dico-lĂ©gale. L'Ă©mail est moins Ă©pais sur les dents temporaires que sur les dents dĂ©finitives ;
  • la dentine constitue la couche intermĂ©diaire. Ce tissu est minĂ©ralisĂ© Ă  70 % par l'hydroxyapatite. Les 30 % restants (dont 12 % d'eau) constituent la trame organique, composĂ©e essentiellement de collagène. La dentine est perforĂ©e de micro-tubes ou tubulis dentinaires. Ceux-ci contiennent les prolongements des cellules dentaires, les odontoblastes ;
  • la chambre pulpaire est situĂ©e tout au centre de la couronne et assure l'innervation et la vascularisation en provenance des racines dentaires. Les odontoblastes en tapissent la pĂ©riphĂ©rie et envoient leurs prolongements dans les tubulis dentinaires. Elles synthĂ©tisent la dentine secondaire tout au long de la vie, de manière centripète, et Ă  un rythme très lent. En rĂ©ponse Ă  une agression carieuse ou traumatique, elles peuvent sĂ©crĂ©ter Ă  un rythme plus rapide de la dentine rĂ©actionnelle aussi appelĂ©e dentine tertiaire.

La racine est constituée de 3 parties :

  • le cĂ©ment recouvre la surface externe des racines. Les fibres collagèniques et Ă©lastiques du ligament alvĂ©olo-dentaire s'y enracinent ;
  • la dentine constitue la couche intermĂ©diaire ;
  • le canal pulpaire est situĂ© tout au centre de la racine et assure l'innervation et la vascularisation en provenance des apex.

Le ligament alvéolo-dentaire ou desmodonte constitue avec l'os une véritable articulation et renferme des cellules de régénération osseuse, ligamentaire et cémentaire. Il est richement innervé par des récepteurs mécaniques, propriocepteurs, qui renseignent le système nerveux central sur la position exacte des dents et la pression exercée par les muscles masticateurs.

La dent est implantée dans l'os alvéolaire par une à trois racines (parfois plus). Les racines dentaires se terminent par un apex dont l'ouverture de moins de 1 mm permet la vascularisation et l'innervation de la dent.

Les différents types de dents

Radiographie panoramique permettant de voir l'ensemble de la denture (carie en distal de la dent no 35).
Denture humaine définitive. Mandibule droite (vue supérieure).

Chez l'humain, deux dentitions se succèdent :

1. Les dents temporaires ou dents de lait ou dents lactéales : elles commencent à pousser vers 6 mois, tombent vers 6 ans pour laisser la place aux dents définitives et sont au nombre de 20.

Par mâchoire :

  • les incisives de lait : au nombre de 4 sont monoradiculĂ©es : 2 incisives centrales et 2 incisives latĂ©rales ;
  • les canines de lait : sont 2 et ont une unique et longue racine. Elles sont considĂ©rĂ©es comme les piliers de l'occlusion ;
  • les molaires de lait : sont 4. Elles ont plusieurs racines, normalement 2 ou 3.

2. Les dents permanentes ou dents définitives : la première à sortir en bouche est la première molaire, vers 6 ans, suivies des incisives. Ensuite l'ordre est variable. Les deuxièmes molaires définitives se mettent en place vers 12 ans. Quant aux troisièmes molaires ou dents de sagesse, elles font éruption entre 17 et 35 ans. La dentition est considérée complète avec 28 dents lorsque les deuxièmes molaires sont toutes en bouche. La présence des 4 dents de sagesse porte ce nombre à 32.

Par mâchoire :

  • les incisives, au nombre de 4 sont monoradiculĂ©es : 2 incisives centrales et 2 incisives latĂ©rales ;
  • les canines sont 2 et ont une unique et longue racine. Elles sont considĂ©rĂ©es comme les piliers de l'occlusion et sont souvent les dernières dents qui subsistent au 3e âge ;
  • les prĂ©molaires sont 4, elles ont une ou deux racines ;
  • les molaires, de 4 Ă  6. Ce sont les dents de la mastication, elles ont plusieurs racines, normalement 2 ou 3.
  • On voit Ă  la fois des dents temporaires et des dents dĂ©finitives.
    On voit à la fois des dents temporaires et des dents définitives.
  • Radiographie de dents saines (prĂ©molaires, molaires, dent de sagesse incluse) et cariĂ©es (2e prĂ©molaire supĂ©rieure et 1re molaire supĂ©rieure).
    Radiographie de dents saines (prémolaires, molaires, dent de sagesse incluse) et cariées (2e prémolaire supérieure et 1re molaire supérieure).

Numérotation

Numérotation dentaire selon la FDI

Pour simplifier la communication, la Fédération Dentaire Internationale attribue à chaque dent un numéro :

  • pour le chiffre des unitĂ©s : on numĂ©rote les dents en partant du centre vers le fond,
    • 1 l'incisive centrale,
    • 2 l'incisive latĂ©rale,
    • 3 la canine,
    • 4 la première prĂ©molaire (la première molaire pour la dentition primaire),
    • 5 la deuxième prĂ©molaire (la deuxième molaire pour la dentition primaire),
    • 6 la première molaire,
    • 7 la deuxième molaire,
    • 8 la dent de sagesse ou troisième molaire,
  • le chiffre des dizaines est dĂ©terminĂ© par la partie d'un quadrant imaginaire, correspondant Ă  une hĂ©mi-arcade dentaire, dans lequel se trouve la dent. En regardant la personne en face, 1 est en haut Ă  gauche (Ă  la droite de la personne), 2 en haut Ă  droite (Ă  la gauche de la personne), 3 en bas Ă  droite (Ă  la gauche de la personne), 4 en bas Ă  gauche (Ă  la droite de la personne) ;
  • pour les dents temporaires (dents de lait), le chiffre des dizaines est de 5 Ă  8 selon le mĂŞme quadrant, dans le sens des aiguilles d'une montre.

Exemples : 23 est la canine supérieure gauche ; 74 est la première molaire temporaire mandibulaire gauche.

Notation à deux chiffres de la FDI, pour une personne dont on regarderait la mâchoire de face. Les indications «gauche» et «droite» du tableau, en revanche, s'entendent du point de vue du patient.
Dents définitives
en haut Ă  droiteen haut Ă  gauche
18171615141312112122232425262728
48474645444342413132333435363738
en bas Ă  droiteen bas Ă  gauche
Dents de lait
en haut Ă  droiteen haut Ă  gauche
55545352516162636465
85848382817172737475
en bas Ă  droiteen bas Ă  gauche

Anatomie

L'anatomie de la couronne en émail des dents est divisée en cinq faces :

  • face occlusale, ou face masticatoire (triturante) : c'est la face sur laquelle on mord. Cette face est constituĂ©e de cuspides (bosses) et de fosses, sillons. Elle permet l'occlusion avec son homologue de l'arcade dentaire opposĂ©e. Ce phĂ©nomène, statique ou dynamique, est d'origine rĂ©flexe ou volontaire : il est Ă©tudiĂ© dans la science de l'occlusion dentaire ;
  • face vestibulaire : c'est la face se trouvant Ă  l'extĂ©rieur, contre la joue ;
  • face palatine (pour les dents supĂ©rieures) : c'est la face Ă  l'intĂ©rieur, en haut et orientĂ©e vers le palais ;
  • face linguale (pour les dents infĂ©rieures) : c'est la face Ă  l'intĂ©rieur, en bas, que la langue effleure habituellement ;
  • face mĂ©siale : c'est la face cachĂ©e entre deux dents et la plus proche de l'axe mĂ©dian de l'arcade;
  • face distale : c'est la face cachĂ©e entre deux dents et la plus Ă©loignĂ©e de l'axe mĂ©dian de l'arcade.

L'anatomie de chaque dent est unique. Cependant certains traits reviennent à une fréquence plus ou moins élevée, qui peuvent faire ressortir une « norme », avec toujours des variations individuelles.

  • Les incisives
    Elles ont une seule racine. On distingue une face vestibulaire, une face palatine ou linguale, un bord libre. La face palatine porte généralement un cingulum.
  • Les canines
    La couronne est en pointe, ou dent du lion. Une seule racine, très longue. C'est aussi la dent de l'œil : une infection à son extrémité se transmet vite à l'œil, via le canal lacrymal.
  • Les prĂ©molaires
    Les prémolaires inférieures ont généralement une racine, la première prémolaire supérieure a deux racines, la deuxième une seule. Elles ont deux cuspides, souvent très marquées.
  • Les molaires
    Les molaires supérieures ont généralement trois racines, les molaires inférieures deux. Elles ont généralement quatre cuspides, sauf la première molaire inférieure qui en a cinq. Les dents de sagesse ont une anatomie plus variable.

Odontogénèse

L'odontogénèse rassemble les phénomènes aboutissant à la formation des follicules dentaires et des dents. Dès l'âge fœtal (2ème mois), il y aura un épaississement au niveau du revêtement épithélial du stomadeum ou bouche primitive, le bourgeon ainsi formé va pénétrer le mésenchyme sous-jacent formant un mur, ou mur plongeant, ou lame primitive. Ce mur va émettre un sillon le sillon gingivo-labial qui sépare lèvres et gencive. Cette ébauche représentant la gencive va émettre un prolongement médial la lame dentaire qui sera à l'origine de l'épithélium dentaire qui va prendre la forme de cupule puis de cloche présentant deux couches cellulaires, une médiale ou adamantin médial et l'autre latérale ou adamantin latéral. Sous cette cupule de cellules épithéliales le mésenchyme se condense et forme la pulpe et à terme l'émail grâce à la prolifération des adamantoblastes et le bourgeon mésenchymateux donnera la dentine par prolifération des odontoblastes. Il y aura donc mise en place des mécanismes d'éruption dentaire avec disposition des trois parties de la dent, couronne, collet, racine.

Origine et Ă©volution des dents

Les dents sont apparues chez l'ancêtre des Gnathostomes il y a environ 450 millions d'années. Elles sont issues de structures dermo-épidermiques (les odontodes) qui étaient disposés régulièrement sur l'ensemble de la surface du corps des Ostracodermes. Ces structures auraient migré à l'intérieur de la bouche chez les Gnathostomes.

Ces structures ont ensuite évolué de diverses manières selon les lignées, souvent en relation avec le régime alimentaire. Les dents des Mammifères se sont ainsi spécialisées selon l'axe antéro-postérieur, avec l'apparition d'incisives, de canines, de prémolaires et de molaires. La forme des dents (jugales notamment, c'est-à-dire molaires et prémolaires), montre aussi une grande spécialisation chez les Mammifères, avec l'évolution d'une occlusion des dents supérieures et inférieures, c'est-à-dire une complémentarité de forme entre les dents supérieures et inférieures permettant une augmentation de la surface et de l'efficacité du broyage lors de la mastication.

L'évolution dentaire des Vertébrés montre aussi des phases de « régression ». Chez les Mammifères, on observe une diminution du nombre de génération dentaire: la polyphyodontie (nombreux remplacements des dents), caractère ancestral que l'on retrouve par exemple chez les Gnathostomes comme le requin, est remplacé par une diphyodontie (un seul remplacement dentaire, donc seulement deux générations de dents (dents de lait et dents adultes)), voire par une monophyodontie (pas de remplacement dentaire) chez certains groupes. Le nombre de dents (notamment jugales) tend aussi à diminuer chez les Mammifères, surtout chez les Monotrèmes qui n'ont plus d'incisives ni canines, et moins de molaires et prémolaires. La régression dentaire est même totale chez les Oiseaux, qui n'ont plus de dents du tout (anodontie, au profit d'un gésier), mais chez lesquels on peut encore observer au cours du développement des bourgeons de dent qui avortent par la suite par apoptose.

Les variations de taille des molaires humaines et de nos plus proches parents homininés a beaucoup influencé les visions de l'évolution humaine, qui semble se poursuivre ou accélérer avec une diminution globale de taille, disproportionnée pour la troisième molaire notée depuis plus d'un siècle[1]. Cette évolution récente est généralement attribuée à une pression de sélection réduite en raison d'un accès amélioré aux soins dentaires, à une généralisation de la cuisson, et à de profonds changements de régime alimentaire[2] - [3]. Une règle mathématique simple semble caractériser la tendance (gradient morphogénétique) observée chez les hominidés en termes de taille de dents[4].

RĂ´les

Les dents ont plusieurs rĂ´les importants :

  • alimentation : les incisives permettent de sectionner les aliments (ou autre chose) ; les molaires et prĂ©molaires permettent la mastication, le broyage des aliments ; les canines permettent de dĂ©chiqueter les aliments comme la viande (voir les carnivores et leurs canines) ;
  • phonĂ©tique : les dents, en association avec la langue et les lèvres, permettent de prononcer de nombreux phonèmes ;
  • esthĂ©tique : elles soutiennent les tissus mous qui les entourent (lèvres, joues) et participent au sourire.
    Quand elles sont absentes, on assiste à l'affaissement de l'étage inférieur de la face (la mandibule « remonte » et s'avance, les lèvres s'enfoncent) : c'est le profil du vieillard édenté. Ce phénomène est accentué par la disparition de l'os alvéolaire. Cet os existe par et pour la dent, et « fond » progressivement lorsque, avec la dent, la stimulation mécanique disparaît. Certaines espèces ont des dents qui dépassent hors de la bouche ;
  • attaque et dĂ©fense, pour de nombreux animaux : il s'agit d'armes. Les dents des serpents venimeux, tels le crotale, sont percĂ©es de canaux Ă  venin. En revanche, les cĂ©tacĂ©s mysticètes, comme les baleines grises, n'ont pas de dents : leurs fanons qui servent de filtres sont des structures kĂ©ratinisĂ©es plus proches des griffes ou des ongles.

Soins des dents

Les dents étant minéralisées, elles peuvent se déminéraliser à la suite de la production d'acide par les bactéries buccales : c'est ce qu'on appelle la carie. Elles peuvent aussi perdre progressivement leur attache aux mâchoires à la suite d'une réaction inflammatoire causée par les bactéries buccales : c'est la maladie parodontale.

Il est particulièrement important de bien les nettoyer, par un brossage régulier et adapté ainsi que par le passage de fils dentaire, brossette ou bâtonnet entre les dents.

Image d'une prémolaire reconstituée.
Blessure et réparation dentaire (molaire de souris) par cellule souche A) molaires sup. B) Trou dans la dentine jusqu'au toit de la chambre de pulpe C) exposition de la pulpe dentaire (flèches). D) éponge de collagène imbibée de médicament. E) blessure couverte par le MTA. F) morceau d'éponge à dans la zone de pulpe exposée. (G) Dent scellée à l'ionomère de verre (jusqu'à la date d'échantillonnage). H) MicroCT après bouchage I) On voit l'éponge en contact (zone RL, flèche) avec la pâte dentaire et l'étanchéité ionomère. ED, dentine exposée; EP, pâte exposée; CS, éponge de collagène; GI, ionomère de verre; RO, radio-opaque; RL, radiolucent

En cas de pathologie, il faut consulter un dentiste. La médecine dentaire peut se subdiviser en plusieurs parties :

Prospective : Un espoir souvent évoqué est que l'on puisse un jour forcer des cellules souches à reconstituer une dent.
Des tests faits sur des souris, ont récemment monté que le tideglusib, un médicament en cours de test, peut induire le réveil de cellules souches situées dans le centre de la pulpe molle d'une dent et ainsi restaurer la dentine originale d'une dent (la couche épaisse et dure du matériau dentaire sous l'émail)[5]. Ce médicament originellement destiné à la maladie d'Alzheimer a passé avec succès plusieurs essais cliniques de sécurité[6] - [7], il pourrait éventuellement bientôt faire l'objet de tests sur l'Homme[8].

Traumatisme et toxicologie dentaire

Un dommage accidentel aux dents lié à un choc entraîne une dent endommagée, déplacée voire perdue, et nécessite une consultation d'urgence chez un dentiste.

  • Contusion dentaire
  • Fracture dentaire, avec ou sans lĂ©sion de la pulpe
  • Luxation dentaire, partielle ou complète
  • Fracture de l'os alvĂ©olaire

La dent (dent de lait y compris) peut accumuler certains métaux lourds (plomb notamment) et il a été montré en 2009 que l'exposition chronique au plomb peut affecter la gencive, être source d'un goût métallique dans la bouche et augmenter très significativement (autant que le tabagisme) le risque de déchaussements et perte spontanée de dents (d'après une étude faite sur 333 hommes inscrits à l'étude sur le vieillissement chez les anciens combattants qui a comparé le plomb osseux (du tibia et de la rotule, indicateur d'une contamination chronique et ancienne par le plomb) avec le risque de perte des dents, en tenant compte de l'âge, du tabagisme, du diabète et d'autres facteurs de confusion potentiels[9]).

De mĂŞme que certains aliments, le reflux gastro-Ĺ“sophagien contribue fortement Ă  l'attaque chimique des dents.

DĂ©chaussement et chute anormale de dents

Une perte spontanée de dents naturelles peut survenir, parfois sans traumatisme apparent préalable[9].

Elle est commune chez les personnes très âgées mais anormale chez les adultes moyennement âgés. Elle a longtemps été supposée être la conséquence d'une mauvaise santé, une mauvaise santé buccodentaire généralement liée à une mauvaise hygiène de vie ou à une situation de pauvreté et parfois de sous-alimentation[9].

C'est un problème important de santé publique, associé à une dégradation de la qualité de vie des personnes concernées[10] - [11].
Environ 25% des adultes américains de plus de 60 ans ont perdu toutes leurs dents selon Beltran-Aguilar et al.(2005)[12].

La perte des plusieurs dents ou de toutes les dents conduit souvent à une altération du régime alimentaire et à un risque accru de maladies cardiovasculaires, de certains cancers et de d'autres conséquences systémiques[13] - [14] - [15].

Les facteurs de risque incluent de nombreux déterminants « environnementaux » (de la santé bucco-dentaire à l'intoxication chronique par le plomb, en passant par le tabagisme).

Anomalies dentaires

Les anomalies dentaires sont très variables car l'odontogenèse dure longtemps (plusieurs années) et est très sensible aux différentes agressions. Par ailleurs certaines anomalies sont héréditaires.

Anomalies de nombre

  • Diminution :
    • hypodontie : manque de certaines dents Ă  la suite d'agĂ©nĂ©sies. Origine hĂ©rĂ©ditaire. Rare en denture temporaire,
    • oligodontie : absence de nombreuses dents ; souvent les quelques dents prĂ©sentes sont plus petites. Souvent associĂ© Ă  un syndrome ectodermique (syndrome de Christ-Siemens-Touraine),
    • anodontie : aucune dent n'est formĂ©e.
  • Augmentation
    • hyperdontie = polydontie : dents surnumĂ©raires, trop nombreuses (plus rare que l'hypodontie). La dent surnumĂ©raire est une anomalie de nombre plus frĂ©quente en denture permanente qu’en denture temporaire. Elle se situe la plupart du temps, dans la rĂ©gion incisive du maxillaire supĂ©rieur[16],
    • mĂ©siodens : dent supplĂ©mentaire entre les deux incisives centrales maxillaires,
    • dĂ©doublement = dents jumelles = doublon surnumĂ©raire : soit une quatrième molaire, soit une troisième prĂ©molaire. Ces dents restent gĂ©nĂ©ralement incluses,
    • hyperdontie syndromique : dans la dysostose clĂ©ĂŻdo-crânienne ou le syndrome de Garner,
  • Polyphyodontie. Normalement l'homme est diphyodonte : deux dentures se succèdent. Exceptionnellement on peut voir trois dentures successives :
    • dentition prĂ©-dĂ©ciduelle : dent rudimentaire sans racine prĂ©sente Ă  la naissance ; va tomber pendant la première semaine nĂ©o-natale,
    • dentition post-permanente.

Anomalies de taille

  • Microdontie : dent plus petite que la normale. Aussi appelĂ©e « dent en grain de riz ». Concerne souvent les incisives latĂ©rales supĂ©rieures ou les dents de sagesse supĂ©rieures ;
  • macrodontie : dent plus grosse que la normale. Peut-ĂŞtre liĂ©e Ă  un gigantisme hypophysaire.

Dysmorphies : anomalies de forme

  • Anomalies de toute la dent :
    • gĂ©mination : le germe s'est divisĂ© en partie ; la dent est plus volumineuse. (ou : une dent normale est collĂ©e Ă  une dent surnumĂ©raire),
    • fusion : union avec interpĂ©nĂ©tration tissulaire de deux germes, durant leur formation,
    • dĂ©doublement : stade ultime de la gĂ©mination. ImpliquĂ© dans l'Ă©tiopathogĂ©nie des dents surnumĂ©raires,
    • dent invaginĂ©e = dens in dente : il y a comme une seconde dent Ă  l'intĂ©rieur de la dent principale (essentiellement sur les dents monoradiculĂ©es),
    • taurodontisme : chambre pulpaire anormalement grande ; furcation plus apicale,
    • dilacĂ©ration : un traumatisme durant la formation de la dent a entraĂ®nĂ© un dommage du germe,
  • anomalies de la couronne :
    • dent conique en grain de riz. Concerne surtout les incisives latĂ©rales,
    • dent Ă©vaginĂ©e = coulĂ©e d'Ă©mail : sorte de grosse cuspide supplĂ©mentaire. Tubercule de Carabelli, tubercule de Bolk, tubercule de Leong, cingulum disproportionnĂ©. Il faut les Ă©liminer en cas de gĂŞne de l'occlusion,
  • anomalies de racines :
    • taille : anormale si la longueur est infĂ©rieure ou Ă©gale Ă  celle de la couronne,
    • direction : axe plus ou moins coudĂ©, en baĂŻonnette, torsadé… Ces courbures peuvent ĂŞtre dues Ă  des obstacles durant la croissance,
    • nombre : variable, surtout sur la troisième molaire : de une Ă  sept racines,
    • concrescence = concrĂ©tion : les racines de deux dents sont entrĂ©es en contact au cours du dĂ©veloppement et ont fusionnĂ©.

Dystopies

  • Inclusion ; la dent reste incluse dans l'os sans faire son Ă©ruption :
    • inclusions habituelles : dent de sagesse, canines maxillaires, deuxième prĂ©molaire maxillaire,
    • inclusion avec ectopie ou malposition : dent de sagesse dans la branche montante de la mandibule ; dent dans le sinus maxillaire,
  • enclavement et ankylose : une dent temporaire qui ne tombe pas empĂŞche la dent permanente de pousser ;
  • ectopie : canine supĂ©rieure palatine ; incisive latĂ©rale infĂ©rieure près de la deuxième molaire lactĂ©ale ; dent de sagesse peut sortir au niveau du rebord basilaire, sous le condyle mandibulaire…
  • transposition : inversion de place entre deux dents ;
  • anastrophie : inversion du sens d'Ă©ruption du germe.

Dysplasies : anomalies de structure

  • Dysplasies de cause gĂ©nĂ©rale :
    • hypoplasie simple : modification lĂ©gère de la morphologie de l'Ă©mail, sans altĂ©ration de la dent ;
    • hypoplasie complexe : modification de la structure et des caractères gĂ©nĂ©raux de la dent. Dent de Hutchinson (incisive centrale maxillaire en tour de vis) ; dent de Mozer (première molaire supĂ©rieure conique) ;
    • fluorose dentaire : dĂ©faut de minĂ©ralisation Ă  la suite d'une ingestion excessive de fluor pendant la formation des dents,
  • dysplasies de cause locale :
    • hypoplasie traumatique,
    • hypoplasie d'origine infectieuse : dent de Turner,
  • odontodysplasie rĂ©gionale = dent fantĂ´me. Touche l'Ă©mail plus la dentine. PlutĂ´t chez les filles, les dents temporaires antĂ©rieures. Elles sont appelĂ©es ainsi car on les distingue Ă  peine Ă  la radiographie ;
  • dent en Ă©caille : due Ă  un arrĂŞt de croissance de la papille ecto-mĂ©senchymateuse et une incapacitĂ© pour la pulpe Ă  former de la dentine normale ;
  • dysplasies hĂ©rĂ©ditaires :
    • amĂ©logenèse imparfaite : l'Ă©mail ne se constitue pas correctement. On distingue les amĂ©logenèses imparfaites hypoplasique, hypomature, hypominĂ©ralisĂ©e,
    • dentinogenèse imparfaite : la dentine ne se forme pas correctement. On distingue : le type 1 : dans l'ostĂ©ogenèse imparfaite ; le type 2 : dentine opalescente hĂ©rĂ©ditaire ; le type 3 : dentinogenèse imparfaite de BrandyWine.

Dyschromies

  • Dyschromies primitives = dyschromies intrinsèques : certains produits ingĂ©rĂ©s lors de la formation des dents peuvent les colorer dans la masse. La coloration est dĂ©finitive :
    • Ă©rythrodontie : coloration rose-brun. C'est un symptĂ´me de la porphyrie congĂ©nitale,
    • dent verte : due Ă  un ictère nĂ©o-natal,
    • dent brun-jaune = coloration Ă  la tĂ©tracycline (un antibiotique),
    • fluorose dentaire : un apport excessif de fluor peut colorer les dents. Dans les formes modĂ©rĂ©es : fines lignes blanches horizontales et parallèles. Dans les formes plus avancĂ©es : taches blanchâtres s'Ă©tendant progressivement. Dans les formes sĂ©vères : taches jaunâtres ou brunâtres avec zones d'Ă©rosions. La fluorose dentaire apparaĂ®t dès prise orale rĂ©gulière de 2 mg par jour de fluor,
    • coloration verdâtre lors de traitement par ciprofloxacine chez les nourrissons,
  • dyschromies acquises = dyschromies extrinsèques : certains produits peuvent entraĂ®ner des colorations plus ou moins superficielles des dents. La coloration s'Ă©limine par brossage, dĂ©tartrage, polissage ou autres :
    • sels mĂ©talliques : fer brun, cuivre vert, zinc noir, argent ardoise,
    • produits chimiques : mercure, goudron (dans le tabac), vapeurs nitreuses,
    • mĂ©dicaments : chlorhexidine (brun). La chlorexidine est prĂ©sente dans de nombreux bains de bouche. Son utilisation au long cours est Ă  proscrire,
    • bactĂ©ries : certaines bactĂ©ries ou champignons sont chromogènes (vert, orangĂ©, noir),
    • causes iatrogènes : un amalgame peut donner Ă  la dent une coloration noirâtre,
    • aliments : cafĂ©, thĂ©, vin, myrtilles… Ces colorations sont gĂ©nĂ©ralement rĂ©versibles,
  • dyschromies d'origine interne (après Ă©ruption de la dent) :
    • traumatisme : un choc violent provoque la nĂ©crose de la pulpe, qui va entraĂ®ner une coloration brunâtre ou rosâtre de la dent,
    • granulome interne.

Art et culture

Le noircissement des dents est une pratique culturelle de teinte des dents en noir, qui a été présente dans de nombreuses cultures à travers le monde. Elle subsiste notamment en Asie du Sud.

Expressions

  • « Faire ses dents » : avoir les dents qui percent, chez un jeune enfant. Par extension il s'agit d'une personne qui apprend quelque chose par l'expĂ©rience.
  • « Avoir une dent contre quelqu'un » : avoir des griefs, en vouloir Ă  quelqu'un.
  • « Avoir la dent dure » : manquer d'indulgence dans des attaques verbales.
  • « Avoir les dents longues » : avoir beaucoup d'ambition, donc d'appĂ©tit. Par exagĂ©ration, on peut dire de quelqu'un : il a les dents qui rayent le parquet.
  • « Ĺ’il pour Ĺ“il, dent pour dent » (loi du Talion) : par vengeance, infliger Ă  quelqu'un les mĂŞmes dommages qu'il vous a infligĂ©s. Originellement ce principe aurait Ă©tĂ© Ă©tabli pour Ă©viter une vengeance excessive (cf. commentaires dans la traduction Ĺ“cumĂ©nique de l'Ancien Testament) : la rĂ©plique doit ĂŞtre proportionnĂ©e Ă  l'offense. Maintenant, cela a, au contraire, le sens de : ne laisser passer aucune offense.
  • « Mentir comme un arracheur de dents » : mentir sans scrupule. Vient de la rĂ©putation des barbiers-chirurgiens du Moyen Ă‚ge, qui vantaient nombre de panacĂ©es douteuses depuis leurs Ă©tals.
  • « Se casser les dents sur quelque chose » : subir un Ă©chec cuisant.
  • « Croquer la vie Ă  pleines dents » : avoir un appĂ©tit de vivre pleinement, profiter de la vie (dans la mĂŞme idĂ©e : soif de vivre).
  • « Prendre le mors aux dents » : s'emballer.
  • « En dents de scie » : irrĂ©gulier, hĂ©rissĂ© de pointes.

Bibliographie

Filmographie

Notes et références

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Voir aussi

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