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Crise diplomatique entre la Suisse et la Libye

La crise diplomatique entre la Suisse et la Libye fait suite à l’arrestation d’Hannibal Kadhafi à Genùve le pour mauvais traitements envers ses domestiques.

Crise diplomatique entre la Suisse et la Libye
Drapeau de la Suisse
Drapeau de la Jamahiriya arabe libyenne
Suisse et Jamahiriya arabe libyenne
Suisse Jamahiriya arabe libyenne

DĂ©roulement de la crise

Hannibal Kadhafi, le fils du dirigeant de la Jamahiriya arabe libyenne Mouammar Kadhafi, est arrivĂ© en Suisse au cours de l'Ă©tĂ© 2008 afin d'accompagner sa femme, qui devait accoucher dans une clinique privĂ©e de la Riviera lĂ©manique. Les Ă©poux sĂ©journent Ă  l'hĂŽtel PrĂ©sident Wilson. Les employĂ©s de l'hĂŽtel alertent alors la police Ă  la suite de mauvais traitements dont ils sont tĂ©moins et les Ă©poux sont arrĂȘtĂ©s le [1].

Le couple est inculpĂ© de « lĂ©sions corporelles simples, menaces et contraintes » envers leurs domestiques par le juge d'instruction Michel-Alexandre Graber. Deux gardes du corps sont Ă©galement inculpĂ©s pour avoir tentĂ© de rĂ©sister Ă  la police. Lors de l'interpellation, l'Ă©pouse d’Hannibal Kadhafi, enceinte de prĂšs de neuf mois, fait un malaise et doit ĂȘtre emmenĂ©e aux hĂŽpitaux universitaires de GenĂšve, tandis qu’Hannibal Kadhafi passe deux nuits en dĂ©tention prĂ©ventive. Les Ă©poux Kadhafi sont libĂ©rĂ©s deux jours plus tard aprĂšs dĂ©pĂŽt d'une caution de 500 000 francs suisses[2]. Le politologue Riadh Sidaoui dĂ©clare qu'on a touchĂ© Ă  l'intouchable en arrĂȘtant Hannibal Kadhafi, expliquant que l'on a ainsi infligĂ© une grande blessure Ă  la famille Kadhafi[3] - [4].

RĂ©action libyenne

Il apparaĂźt trĂšs rapidement que les autoritĂ©s de la Jamahiriya arabe libyenne, en particulier Mouammar Kadhafi, considĂšrent cette arrestation comme une humiliation. Ainsi le , AĂŻcha Kadhafi, la sƓur d’Hannibal, se rend Ă  GenĂšve pour dĂ©noncer le « comportement raciste » des autoritĂ©s suisses[5] et annoncer qu'il y aura une rĂ©ponse.

La Libye lance alors une sĂ©rie de reprĂ©sailles Ă  l'encontre de la Suisse. Deux ressortissants, Ă  savoir Max Göldi, directeur du groupe ABB Ă  Tripoli, et un Tuniso-Suisse du nom de Rachid Hamdani, agent d’une sociĂ©tĂ© suisse de construction, sont arrĂȘtĂ©s par la Libye au prĂ©texte qu'ils ne disposent pas de visa en rĂšgle et se retrouvent ainsi pris en otages[3]. Dans le mĂȘme temps, la Libye interdit la dĂ©livrance de visas aux citoyens suisses, annonce le retrait massif d'avoirs libyens des banques suisses et l'arrĂȘt des livraisons de pĂ©trole[6] - [7]. Par ailleurs, le frĂšre de l'un des domestiques plaignants est arrĂȘtĂ© en Libye et ne sera libĂ©rĂ© qu'en aoĂ»t 2009, sur pression de l'ONU[8].

Enfin, le , la Libye supprime les liaisons effectuées par la compagnie aérienne Swiss.

Le dirigeant libyen rĂ©clame des excuses et des sanctions contre les policiers genevois qui ont arrĂȘtĂ© Hannibal Kadhafi et son Ă©pouse[9].

PremiÚres réactions suisses

Dans un premier temps, le gouvernement suisse ne réagit pas, au motif que la justice et la police sont du ressort des cantons. Attaqué par la diplomatie libyenne, le gouvernement fédéral tentera vainement d'expliquer qu'elle ne peut pas transgresser la séparation des pouvoirs et prendre position sur une affaire qui n'est pas de sa compétence[10].

Puis, le , les deux ex-employĂ©s de Kadhafi retirent leurs plaintes, classant dĂšs lors l'enquĂȘte en cours et permettant la restitution de la caution versĂ©e par les Ă©poux[11].

DÚs lors, la Suisse va tenter de calmer le jeu, et l'affaire va s'enliser pendant prÚs de six mois, ponctuée de réguliÚres remises en question de la légalité de l'arrestation sur le fond comme sur la forme[12], des critiques non admises par GenÚve qui dénoncera aussi le manque de soutien de Berne[13].

À l'occasion du Forum Ă©conomique mondial, vers la fin du mois de janvier 2009, la Suisse entame avec SaĂŻf al-Islam Kadhafi, un autre fils de Kadhafi, des nĂ©gociations qui dĂ©bouchent sur une proposition de rĂšglement remise par la Suisse Ă  la Libye. Cette dĂ©marche suscite de nombreux espoirs mais n'entraĂźne aucune avancĂ©e notable, si ce n'est un dĂ©but de remise en question par la Suisse de l'attitude de la police genevoise[14]. Puis de nouveau l'affaire s'enlise pendant de longs mois.

Excuses de Hans-Rudolf Merz et premier accord

Le président de la Confédération suisse en 2009, Hans-Rudolf Merz.

Puis soudain, le , le prĂ©sident de la ConfĂ©dĂ©ration suisse, Hans-Rudolf Merz, se rend en Libye, afin d’y prĂ©senter les « excuses officielles de la Suisse concernant l'arrestation injuste » d’Hannibal Kadhafi[15]. ParallĂšlement, la crĂ©ation d'un tribunal arbitral international est annoncĂ©e. Ce voyage inopinĂ©, tout comme ces excuses, soulĂšve une vague d'indignation au sein de la population suisse et du monde politique[16]. Toutefois, Hans-Rudolf Merz assume l'entiĂšre responsabilitĂ© de sa dĂ©marche, assurant qu'il n'y avait pas d'autre solution, eu Ă©gard Ă  la dĂ©tĂ©rioration inexorable de la situation[17].

En consĂ©quence, les citoyens suisses retenus prisonniers auraient dĂ» ĂȘtre libĂ©rĂ©s avant le [18]. Mais c'est le contraire qui se produit et ceux-ci disparaissent en octobre 2009, sans que personne, ni les familles ni le gouvernement suisse, ne sache oĂč ils sont[19]. DĂšs lors, le Conseil fĂ©dĂ©ral changera quelque peu de ton et parlera d'enlĂšvement[20].

Se rendant compte que l'affaire n'a pas notablement progressĂ©, malgrĂ© les excuses de Hans-Rudolf Merz, le gouvernement change de stratĂ©gie et, le , la Suisse suspend l'accord de normalisation signĂ© au mois d'aoĂ»t[21]. Dans le mĂȘme temps, le parlement, au travers de la commission de politique extĂ©rieure, propose au gouvernement d'interdire la remise de visa aux citoyens libyens[22] ; cette proposition sera finalement acceptĂ©e par le Conseil fĂ©dĂ©ral.

ParallĂšlement Ă  ce changement de cap, alors que la Suisse s'Ă©tait jusqu'Ă  prĂ©sent efforcĂ©e de rĂ©soudre la crise toute seule, Amnesty International[23], les États-Unis[24], l'Espagne[25] et l'ONU[26] indiquent ĂȘtre disposĂ©s Ă  intervenir dans la crise sur demande de l'une des parties.

De ce fait, le 9 novembre le Département fédéral des affaires étrangÚres annonce le retour des otages à l'ambassade de Suisse à Tripoli, sans explication de la part des autorités libyennes sur leur disparition durant prÚs de deux mois[27] - [28]. Hasni Abidi, directeur du Centre d'études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen à GenÚve, estime que cette volte-face des autorités libyennes est la conséquence du changement de ton de la Suisse[29].

ParallĂšlement, on apprend que la Suisse examine au cas par cas chaque demande de visa Schengen en provenance de Libye. En tant qu'État membre, la Suisse peut trĂšs bien refuser un visa pour l'ensemble du territoire Schengen. Si un visa Schengen est refusĂ©, le demandeur doit obtenir un visa pour chaque pays oĂč il souhaite se rendre, ce qui complique son voyage[30].

Au fond Ă  gauche, l'hĂŽtel PrĂ©sident Wilson oĂč fut arrĂȘtĂ© Hannibal Kadhafi.

Demande de démantÚlement de la Suisse par la Libye auprÚs de l'ONU

Peu auparavant, profitant de la prĂ©sidence libyenne de l'AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale de l'ONU, Mouammar Kadhafi a demandĂ© que la Suisse soit dĂ©mantelĂ©e et a dĂ©posĂ© une requĂȘte en ce sens Ă  l'ONU. Son idĂ©e Ă©tait de dĂ©pecer la ConfĂ©dĂ©ration suisse en attribuant la Suisse alĂ©manique Ă  l'Allemagne, la Suisse romande Ă  la France et le Tessin Ă  l'Italie - sans compter le canton des Grisons, oĂč un tiers de la population parle le romanche. Cette demande a Ă©tĂ© immĂ©diatement rejetĂ©e par l'ONU puisque la charte de l'Organisation interdit ce genre de demande[31] - [32] - [33] - [34].

PremiĂšre condamnation des otages

Lundi , la justice libyenne condamne Ă  seize mois de prison et deux mille dinars d'amende (1 600 francs suisses) les deux Suisses, retenus depuis plus de 500 jours, pour « violation des rĂšgles sur les visas » et qui devaient encore ĂȘtre jugĂ©s deux fois pour d'autres infractions prĂ©sumĂ©es, telles que la fraude fiscale[35]. Les deux Suisses ont indiquĂ© vouloir faire recours contre cette dĂ©cision[36].

Des médias ont noté que la Libye exploitait les résultats de l'Initiative populaire « Contre la construction de minarets » pour augmenter la pression contre la Suisse[37].

Les réactions en Suisse sont trÚs diverses. Ainsi, si Hans-Rudolf Merz y voit une raison d'espérer un retour à l'état de droit, beaucoup de parlementaires jugent que le procÚs n'est qu'un « simulacre ». Par ailleurs, le sociologue Jean Ziegler estime qu'il faut maintenant s'attendre à recevoir une demande de rançon en échange de la libération des deux otages[38].

Quelques jours plus tard, Amnesty International invite la population Ă  exprimer son soutien aux deux Suisses retenus en Libye en leur envoyant des messages via Internet[39].

Libye sur liste noire

Face à l'impasse devant laquelle elle se trouve depuis l'échec des excuses présentées, la Confédération suisse crée une liste d'environ 188 personnes interdites d'entrée sur le territoire suisse, qui se voient également refuser tout visa européen grùce aux accords de Schengen[40].

Tout d'abord, l'Europe et la Libye ne réagissent pas, mais quelque temps plus tard, la Libye va à son tour interdire la délivrance de visa aux citoyens de pays de l'espace Schengen, poussant l'Europe à réagir[41] notamment aprÚs que certains de ses citoyens se voient refuser l'accÚs au pays dirigé par le colonel Khadafi[42].

À la suite de ces perturbations, l'Italie a reprochĂ© Ă  la Suisse d'avoir « pris en otage les autres pays de l'Espace Schengen »[43]. Le soutien apportĂ© par la France et l'Union europĂ©enne Ă  la Suisse est Ă©galement jugĂ© assez timide[44].

Pressés par l'Union européenne, qui obtient la levée réciproque des restrictions à l'octroi de visas au début de l'année 2010[45], les pourparlers reprennent à Madrid, ce qui fait renaßtre un espoir de dénouement rapide de la crise[46].

Condamnation en appel

Néanmoins, quelques jours plus tard, la Libye remet un ultimatum à la Suisse afin qu'elle lui livre les ex-otages, toujours réfugiés à l'ambassade suisse de Tripoli[47]. Devant la menace d'un coup de force, plusieurs diplomates européens se rendent dans la mission suisse afin de montrer leur solidarité avec la Confédération suisse[48]. Cette derniÚre doit défendre la maniÚre dont elle a édicté la liste des personnes interdites de visa Schengen[49]. Les ex-otages se livrent finalement aux forces de sécurité libyennes.

Le , Max Göldi est condamné en appel à quatre mois de prison ferme pour « séjour illégal » et à une amende de huit-cents dollars américains pour « activités économiques illégales »[50]. Rachid Hamdani est quant à lui blanchi et, le lundi 22 février, se voit remettre un visa de sortie et quitte alors la Libye[51].

Micheline Calmy-Rey, conseillÚre fédérale chargée du département des affaires étrangÚres.

Max Göldi est finalement libĂ©rĂ© le aprĂšs avoir purgĂ© ses quatre mois de dĂ©tention, sans que ne soit pris en compte par la justice libyenne les jours passĂ©s en prison lors de son « kidnapping »[52]. Il est de retour en Suisse le Ă  1 h 20 du matin ; aprĂšs l’atterrissage de l'avion qui le ramenait Ă  Zurich, il est reçu par la conseillĂšre fĂ©dĂ©rale Micheline Calmy-Rey et le ministre des Affaires Ă©trangĂšres espagnol Miguel Ángel Moratinos[53].

Second accord

Le 24 mai 2010, la Suisse et la Libye signent un nouvel accord, garanti par l'Espagne et l'Allemagne, qui entĂ©rinent le premier document signĂ© en 2009 par les deux parties tout en modifiant en partie son contenu. Ainsi, il est toujours prĂ©vu d'avoir recours Ă  un tribunal arbitral pour trancher la lĂ©galitĂ© de l'arrestation d’Hannibal Kadhafi, mais Ă  Berlin et non plus Ă  Londres, et la Suisse doit une nouvelle fois s'excuser pour la publication des photos prises lors de l'arrestation de celui-ci[54] et payer des compensations financiĂšres dont le montant ne sera pas rendu public. L'accord ne cite pas nommĂ©ment Max Göldi mais prĂ©voit nĂ©anmoins que la Libye accĂ©lĂ©rera le traitement de la demande de grĂące de ce dernier. Finalement, celle-ci sera refusĂ©e[55].

Conséquences en Suisse

Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangÚres français, qui par ses déclarations crée une polémique en Suisse et renforce le sentiment d'abandon ressenti par la population suisse.

D'une durĂ©e relativement longue, la crise entre la Libye et la Suisse marque profondĂ©ment la fin de la dĂ©cennie en Suisse. Elle cause de nombreuses rĂ©actions dans l'opinion publique locale[56]. Ainsi, durant la campagne prĂ©cĂ©dant l'initiative populaire visant Ă  l'interdiction de la construction de minarets sur le territoire suisse, adoptĂ©e par votation le , certains milieux ont craint que les dĂ©mĂȘlĂ©s suisses avec la Libye n'aient provoquĂ© une rĂ©action de rejet par amalgame de la communautĂ© musulmane[57].

Un sentiment d'abandon est également apparu lors de cette affaire. Ainsi, certains journaux se sont fait écho du ressentiment de la population vis-à-vis de ses voisins directs qui ne les soutiendraient pas assez, en particulier la France et l'Italie[58]. Selon l'ambassadeur de Suisse auprÚs de l'ONU, cet isolement serait néanmoins une fausse impression et ne se vérifierait pas dans les faits[59].

La réaction européenne à la suite de l'annonce libyenne de ne plus fournir de visas aux citoyens de l'espace Schengen semble également avoir créé certains remous dans l'opinion, notamment à la suite des déclarations de Bernard Kouchner, ministre français des Affaires étrangÚres, qui ironise sur la décision suisse d'utiliser les accords de Schengen dans cette crise : « Voilà la Suisse membre de l'Union européenne... ». La réaction italienne sera également sujette à polémique aprÚs que le ministre des Affaires étrangÚres italien Franco Frattini a dit que la Suisse prenait « l'Europe en otage »[60].

Embargo sur le pétrole

Au cours de l'Ă©tĂ© 2008, l'État libyen dĂ©crĂšte un embargo sur la fourniture de pĂ©trole brut en Suisse. L'AzerbaĂŻdjan prend le relais des fournitures libyennes. Selon l'Office fĂ©dĂ©ral de l'Ă©nergie, cet embargo n'a eu aucun effet sur les prix et l'approvisionnement[61].

Mises en cause politique

Cette crise provoque Ă©galement des tensions politiques en Suisse. Il est en effet reprochĂ© au gouvernement de ne pas avoir pris assez rapidement la mesure de la crise et d'avoir rĂ©agi trop mollement en renvoyant la Libye auprĂšs de la justice genevoise[62]. Le prĂ©sident de la ConfĂ©dĂ©ration en 2009, Hans-Rudolf Merz, est particuliĂšrement critiquĂ© pour les excuses qu'il a adressĂ©es Ă  la Libye et sa gestion en gĂ©nĂ©ral de la crise est grandement remise en cause[63]. Micheline Calmy-Rey, qui Ă©tait chargĂ©e des affaires Ă©trangĂšres tout au long de la crise, n'Ă©chappe pas non plus aux critiques, particuliĂšrement pour sa communication et le manque de collaboration entre les deux conseillers fĂ©dĂ©raux : ainsi, Hans-Rudolf Merz s'est excusĂ© au « nom du peuple suisse » alors qu'il n'avait pas informĂ© le DĂ©partement fĂ©dĂ©ral des affaires Ă©trangĂšres, ni mĂȘme le Conseil fĂ©dĂ©ral, des buts de son voyage et MIcheline Calmy-Rey contredit en pleine confĂ©rence de presse, par SMS, les propos du prĂ©sident de la ConfĂ©dĂ©ration alors en fonction[64].

D'une maniÚre générale, cette crise permit de mettre en exergue certains défauts du systÚme politique suisse. Un rapport de la commission de gestion[65] du parlement suisse, chargée de la surveillance du fonctionnement du gouvernement, dresse ainsi une liste de mesures pour éviter la répétition des erreurs de gouvernance constatées lors de la crise[66].

Projet avorté d'exfiltration

La presse a rĂ©vĂ©lĂ© que le gouvernement avait envisagĂ© rapidement de recourir au DRA10, une unitĂ© de l'armĂ©e, pour exfiltrer les otages[67]. NĂ©anmoins, la communication autour de ce projet est jugĂ©e dĂ©ficiente et la commission de gestion estime mĂȘme que le DĂ©partement fĂ©dĂ©ral des affaires Ă©trangĂšres a outrepassĂ© ses prĂ©rogatives en amorçant la prĂ©paration d'une possible opĂ©ration militaire sans aucun mandat du gouvernement[68].

Cette mĂȘme commission note que les indiscrĂ©tions qui ont amenĂ© Ă  la suspension du projet ne peuvent venir que de l'entourage du gouvernement, c'est donc une critique quant Ă  l'incapacitĂ© gouvernementale de maintenir le secret sur certaines de ses activitĂ©s[66].

RÎle de l'Union européenne

À l'origine, la Suisse espĂšre rĂ©soudre cette crise seule, sans avoir recours Ă  des États tiers. Ainsi, elle ne rĂ©agit dans un premier temps pas officiellement aux offres de mĂ©diation de l'ONU ou d'autres États[69].

Si jusqu'au début de février 2010, l'Union européenne s'est plutÎt fait discrÚte sur ce dossier, l'interdiction de territoire prononcée le 16 février par la Libye à l'encontre des citoyens de l'espace Schengen[70] l'amÚne à devoir s'en saisir à bras le corps. L'Union européenne décide alors de jouer un rÎle de médiateur. La Suisse et la Libye se rencontrent une premiÚre fois à Madrid sous la présidence du Conseil de l'Union européenne[71] et deux jours plus tard à Berlin[72].

Dans la nuit du dimanche 21 fĂ©vrier au lundi 22 fĂ©vrier 2010, la Libye annonce que si Max Göldi ne se rend pas Ă  la justice avant l'ultimatum, elle prendra d'assaut l'ambassade de Suisse. Elle permet cependant Ă  Hamdani de quitter le pays pour la Tunisie[73]. Elle encercle l'ambassade de Suisse[47] et Max Göldi est emmenĂ© par la police libyenne. Amnesty International dĂ©nonce et demande la libĂ©ration immĂ©diate de ce dernier[74]. Auparavant, Silvio Berlusconi aurait appelĂ© Kadhafi durant la nuit afin d'Ă©viter que le conflit dĂ©gĂ©nĂšre[75]. Les ambassades d’Espagne, de France, d’Allemagne, d’Autriche, de Pologne, de Grande-Bretagne et des Pays-Bas dĂ©pĂȘchent leurs ambassadeurs Ă  l'ambassade de Suisse en signe de solidaritĂ©[76].

Lors de la libération de Max Göldi, la présidente de la Confédération suisse Micheline Calmy-Rey remerciera néanmoins l'Espagne, l'Allemagne ainsi que « tous [les] partenaires européens » pour leur soutien dans cette affaire[77].

Devenir du tribunal arbitral

Si les otages sont bien rentrĂ©s chez eux et qu'un accord a Ă©tĂ© signĂ©, il reste nĂ©anmoins la question du tribunal arbitral qui devait ĂȘtre mis en place dans les quarante jours suivant le retour de Max Göldi et devait ensuite statuer sur la lĂ©galitĂ© de l'intervention de la police genevoise, Ă  charge pour la Suisse de punir ensuite les Ă©ventuels coupables. Bien que sa composition ait Ă©tĂ© annoncĂ©e en 2011 par les deux États concernĂ©s[78], il ne s'est pas rĂ©uni et la Libye semble n'avoir pas eu grand intĂ©rĂȘt, au cours de l'annĂ©e 2010, Ă  la crĂ©ation de ce tribunal auquel le rĂ©gime tenait tant[79]. Bien plus, Ă  la suite de la rĂ©volte libyenne de 2011, Micheline Calmy-Rey suspend les travaux prĂ©paratoires du tribunal arbitral[80] et souhaite que la justice suisse intente une action pour « enlĂšvement » contre le rĂ©gime de Mouammar Kadhafi. Selon elle, la situation a totalement changĂ©, la Libye ne pouvant plus porter prĂ©judice Ă  la Suisse[81]. Par la mĂȘme occasion, les rares avoirs libyens encore prĂ©sents dans le pays, ceux qui n'auraient pas Ă©tĂ© retirĂ©s lors de la crise, ont Ă©tĂ© gelĂ©s par le Conseil fĂ©dĂ©ral, le [82].

Liens externes

Notes et références

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  2. ats/cab/tac, « Kadhafi et son Ă©pouse libĂ©rĂ©s sous caution », RTS,‎ (lire en ligne)
  3. « L’un des otages de Kadhafi n’avait mĂȘme pas besoin de visa », 24 heures,‎ (lire en ligne)
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