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Conflit de la langouste entre la France et le Brésil

Le conflit de la langouste, parfois appelĂ© ironiquement « guerre de la langouste », est un conflit qui opposa la France et le BrĂ©sil au dĂ©but des annĂ©es 1960 au sujet de la pĂȘche Ă  la langouste. Le diffĂ©rend porte sur une question essentiellement juridique, Ă  savoir si le droit d'un État Ă  l'exploitation exclusive des ressources naturelles sur son plateau continental s'Ă©tend Ă©galement aux espĂšces vivantes, et dans le cas prĂ©sent aux langoustes.

« Guerre de la langouste »
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Bombardier B-17 Flying Fortress brésilien survolant le Tartu (D636) au large du Brésil en 1963.
Informations générales
Date 1961-1963
Lieu au large de l’État de Pernambouc, BrĂ©sil
Issue

RĂšglement pacifique du conflit :

  • Retrait des bĂątiments militaires français ;
  • Autorisation de pĂȘche accordĂ©e aux langoustiers français pour 5 ans.
Commandants
Charles de Gaulle JoĂŁo Goulart
Amiral A. Toscano
Forces en présence
Au large du Brésil :

1 escorteur d'escadre :

1 aviso :

  • Paul Goffeny[1]

Au large de l'Afrique de l'Ouest :
1 porte-avions :

1 croiseur :

2 escorteurs d'escadre :

5 escorteurs rapides :

  • Le Picard, Le Gascon, L’Agenais, Le BĂ©arnais et Le VendĂ©en

1 pĂ©trolier ravitailleur d’escadre :

  • La BaĂŻse
1 corvette :

1 escorteur :

1 croiseur :

1 porte-avions :

Plusieurs unités maritimes, terrestres et aériennes mises en état d'alerte.

Le conflit apparaĂźt en 1961 avec la dĂ©cision brĂ©silienne d'interdire sa zone de pĂȘche exclusive aux navires français et par l'arraisonnement en 1962 et 1963 de langoustiers français. La France dĂ©cide d'envoyer cette annĂ©e-lĂ , deux bĂątiments militaires pour protĂ©ger les pĂȘcheurs français. AprĂšs une brĂšve pĂ©riode de tension, le conflit est finalement rĂ©glĂ© pacifiquement.

Le contexte géopolitique et halieutique

La crise de la pĂȘche Ă  la langouste (annĂ©es 1950)

Le conflit de la langouste entre la France et le BrĂ©sil s'inscrit dans un contexte de mutation profonde de la pĂȘche de ce crustacĂ©. C'est au dĂ©but du XXe siĂšcle, qu'une expĂ©dition scientifique française dĂ©couvre le potentiel des cĂŽtes de Mauritanie en matiĂšre de pĂȘche. En 1909, les premiers langoustiers français se rendent sur les cĂŽtes d'Afrique. La pĂȘche Ă  la langouste, artisanale au dĂ©but, se modernise et prend de l'ampleur. Les stocks de langouste verte (Panulirus gracilis), qui reprĂ©sente alors l'essentiel de la pĂȘche, montrent des signes de dĂ©clin au dĂ©but des annĂ©es 1950. Il y a nĂ©cessitĂ© de prospecter de nouvelles zones de pĂȘche et de trouver de nouveaux produits. Les langoustiers se tournent un temps vers la langouste rose (Palinurus mauritanicus), mais le fait que cette espĂšce vive entre 150 et 300 mĂštres de profondeur, rend sa pĂȘche plus compliquĂ©e[2] - [3].

À la fin des annĂ©es 1950, la concurrence des queues de langoustes congelĂ©es en provenance du Cap portent un prĂ©judice sĂ©rieux aux « Mauritaniens »[4]. Sur les cĂŽtes du Rio de Oro, au large du cap Blanc et du banc d'Arguin, les rendements diminuent et, le 28 novembre 1960, la Mauritanie accĂšde Ă  l’indĂ©pendance. La zone de pĂȘche des langoustes vertes passe sous juridiction de la RĂ©publique islamique de Mauritanie et par ce fait la flottille n'y a plus accĂšs. Les langoustiers dĂ©sarment[5].

Au BrĂ©sil, la pĂȘche Ă  la langouste le long de la cĂŽte du Nordeste se faisait depuis des siĂšcles de maniĂšre rudimentaire, au moyen d'un covo traditionnel, un casier dans lequel l'animal entre et se retrouve prisonnier. Elle assurait la subsistance des familles de la rĂ©gion et permettait d'approvisionner les petits marchĂ©s locaux. Ce n'est qu'Ă  partir des annĂ©es 1930 que la langouste va acquĂ©rir une grande valeur commerciale[6].

Sa valeur devient telle qu'elle suscite l'intĂ©rĂȘt d'entreprises Ă©trangĂšres dans les annĂ©es 1950, des entreprises japonaises en particulier qui dĂ©cident d'envoyer des bateaux de pĂȘche dans la rĂ©gion. Des permis de pĂȘche leur sont dĂ©livrĂ©s mais le gouvernement brĂ©silien exige en retour que les Ă©quipages des bateaux soient composĂ©s de BrĂ©siliens. Face Ă  la difficultĂ© Ă  se conformer Ă  cette exigence, les Japonais prĂ©fĂšrent abandonner la pĂȘche Ă  la langouste et acheter directement au jangadeiros le produit de leur pĂȘche, obtenant ainsi une bonne rentabilitĂ©. L'industrie de la langouste naissante se dĂ©veloppe alors grĂące Ă  la mise au point du procĂ©dĂ© de congĂ©lation. L'activitĂ© augmente significativement dans les ports de Recife et Fortaleza en raison de l'exportation de crustacĂ©s[6].

La France sort de la décolonisation

Au dĂ©but des annĂ©es 1960, la France sort du mouvement de dĂ©colonisation, le 18 mars 1962 sont signĂ©s les Accords d'Évian mettant fin Ă  la guerre d'AlgĂ©rie. Ces accords marquent la fin de l'Empire colonial français.

La perte progressive des colonies affecte la fiertĂ© nationale. Pour y remĂ©dier, le gĂ©nĂ©ral de Gaulle lance sa « politique de grandeur », dont l'objectif sera de conduire le pays vers une indĂ©pendance totale en matiĂšre Ă©conomique et politique, en retrait par rapport Ă  la bipolarisation États-Unis/URSS, instaurĂ©e par la guerre froide. DĂšs 1959, la France commence Ă  s'Ă©loigner progressivement de l'OTAN ; elle rĂ©ussit son premier essai nuclĂ©aire en 1960 et met en place sa force de dissuasion nuclĂ©aire. Telle est la France au dĂ©but des annĂ©es 1960, Ă  l'Ă©poque oĂč le conflit Ă©clate avec le BrĂ©sil, cherchant sa place et son indĂ©pendance dans le nouveau monde en formation et essayant d'oublier son passĂ© colonial[6].

Le Brésil face à l'instabilité politique et dans la Guerre froide

Les annĂ©es 1950 au BrĂ©sil sont marquĂ©es par l'ingĂ©rence de l'armĂ©e dans la conduite de la politique nationale. La « RepĂșblica do GaleĂŁo », nom donnĂ© aux enquĂȘtes politiques menĂ©es par les militaires, et le Mouvement du 11 novembre (pt) montrent que les militaires n'Ă©taient pas satisfaits de la conduite du pays et divisĂ©s entre eux.

La prĂ©sidence de Juscelino Kubitschek marque un certain retour au calme mais, l'Ă©lection en 1961, de JĂąnio da Silva Quadros va replonger le pays dans l'instabilitĂ©. Voulant rĂ©Ă©quilibrer la politique Ă©trangĂšre du pays, il se dĂ©clare favorable Ă  la reprise des relations diplomatiques avec l'URSS et ses alliĂ©s du « rideau de fer ». Il dĂ©core Che Guevara — alors ministre Ă  Cuba — de l'Ordre de la Croix du Sud. Cette politique irrite Washington, ses alliĂ©s europĂ©ens et la droite brĂ©silienne, et notamment les membres de l'UDN qui l'avait soutenu lors de son Ă©lection. Quadros, poussĂ© Ă  la dĂ©mission le 25 aoĂ»t, 1961, est remplacĂ© par son vice-prĂ©sident JoĂŁo Goulart[6].

La présidence de Goulart n'est pas moins tumultueuse. Les ministres militaires ayant refusé de valider son élection, il ne doit son maintien en poste qu'à la menace d'intervention des militaires de Rio Grande do Sul. Le référendum de janvier 1963, qui réforme le régime présidentiel, ne suffit pas à apaiser les esprits. La crise politique se double d'une crise économique, fin 1962, le taux d'inflation au Brésil est de 52% par an[6].

L'arrivée des langoustiers français au large du Brésil (1961)

Carte des cÎtes brésilienne, montrant :

Au dĂ©but de l'annĂ©e 1961, des bĂątiments de pĂȘche qui, jusqu'alors pĂȘchaient la langouste au large de la Mauritanie se prĂ©sentent devant la cĂŽte nord-est du BrĂ©sil afin d'explorer les possibilitĂ©s de pĂȘche qu'offraient ces parages (les langoustes vivent Ă  des profondeurs de 70 Ă  200 mĂštres de fond)[7]. La pĂȘche Ă  la langouste connaĂźt alors un essor remarquable au BrĂ©sil. Les exportations passent de 40 tonnes par an en 1955, Ă  1 741 tonnes en 1961. La pĂȘche, qui se concentrait alors autour des ports de Fortaleza et Recife, gĂ©nĂšre un excĂ©dent commercial de 3 millions de dollars par an pour le pays[8].

La Companhia de Desenvolvimento da Pesca (CODEPE), l'organisme fĂ©dĂ©ral responsable du dĂ©veloppement de la pĂȘche dans le pays, et les autoritĂ©s navales de Recife, la capitale de l’État de Pernambouc, avec qui des relations cordiales avaient Ă©tĂ© nouĂ©es au dĂ©but, autorisent en mars 1961 les bateaux français Ă  mener des « investigations ». L'autorisation, valable pour une durĂ©e de 180 jours ne concerne que trois bĂątiments[6] venu de Camaret-sur-Mer en Bretagne dont deux femmes de la direction s'Ă©taient renseignĂ©es sur les zones intĂ©ressantes auprĂšs de Marcel Isy-Schwart qui n'avait pas idĂ©e de la crise subsĂ©quente[9]. Cependant, elles modifient peu de temps aprĂšs leur attitude et notifient aux navires français une interdiction de pĂȘche Ă  l'intĂ©rieur d'une zone exclusivement rĂ©servĂ©e aux pĂȘcheurs brĂ©siliens et s'Ă©tendant jusqu'Ă  12 milles des cĂŽtes, au motif que les langoustiers français faisaient de la pĂȘche Ă  grande Ă©chelle. Face Ă  cette dĂ©cision, le gouvernement français proteste, mais l'affaire reste sans suite[10]. Le dernier langoustier français quitte le BrĂ©sil en avril 1961.

En novembre 1961, les pĂȘcheurs français reviennent Ă  la charge et demandent l'autorisation de pĂȘcher au-dessus du plateau continental, entre la zone des 12 milles et jusqu'Ă  une profondeur de 200 mĂštres. Une nouvelle autorisation leur est concĂ©dĂ©e[6] - [8].

La rivalitĂ© entre pĂȘcheurs français et amĂ©ricains, l'Ă©lĂ©ment dĂ©clencheur

Le brusque changement d'attitude des autoritĂ©s brĂ©siliennes qui va ĂȘtre l'Ă©lĂ©ment dĂ©clencheur du conflit s'explique et s'analyse avant tout comme un diffĂ©rend commercial entre, d'une part, une sociĂ©tĂ© amĂ©ricaine (et une sociĂ©tĂ© anglaise selon certaines sources), installĂ©e Ă  Fortaleza et, d'autre part, les pĂȘcheurs français nouveaux venus dans les parages. Cette sociĂ©tĂ©, qui avait alors la haute main sur l'achat de la langouste, achetait Ă  bas prix les crustacĂ©s aux pĂȘcheurs brĂ©siliens. Elle voyait d'un mauvais Ɠil la concurrence des pĂȘcheurs français qui, en payant plus cher les pĂȘcheurs locaux, lui causait un prĂ©judice commercial.

Cette sociĂ©tĂ© va alors s'engager dans une violente campagne de presse et encourage les pĂȘcheurs locaux Ă  demander au gouvernement brĂ©silien le retrait des Français de la rĂ©gion
 ce qui sera rapidement le cas.

Les pĂȘcheurs nordestins se mettent Ă  manifester et Ă  faire pression sur le gouvernement brĂ©silien, menaçant de s'en prendre directement aux pĂȘcheurs français et Ă  leurs reprĂ©sentants sur terre, pour la dĂ©fense de leurs intĂ©rĂȘts. Ils se plaignent alors d'une concurrence dĂ©loyale : outre le fait que les bateaux français Ă©taient plus rĂ©cents, plus grands et mieux Ă©quipĂ©s, ils Ă©taient accusĂ©s de pratiquer le chalutage, mode de pĂȘche interdit au BrĂ©sil pour son caractĂšre prĂ©dateur – qui consistait Ă  lancer un chalut lestĂ© de poids qui permettait de pĂȘcher les espĂšces vivant sur le plancher de l'ocĂ©an[8].

Sur le plan des relations internationales, les relations entre le BrĂ©sil et la France sont alors relativement bonnes. Cependant, certains sujets de tensions existent dĂ©jĂ  Ă  l'Ă©poque, en raison notamment du refus du BrĂ©sil d’indemniser les porteurs français d’actions d’entreprises nationalisĂ©es par GetĂșlio Vargas durant la Seconde Guerre mondiale. L'intransigeance rĂ©ciproque, qui connaĂźtra son apogĂ©e au printemps 1963 peut Ă©galement s'expliquer par les nationalismes exacerbĂ©s par la guerre d'AlgĂ©rie cĂŽtĂ© français, et par l'occupation de l'avant-scĂšne sud-amĂ©ricaine par Cuba, lors de la crise des missiles de Cuba, cĂŽtĂ© brĂ©silien[11].

L'arraisonnement de langoustiers français (1962-1963)

C'est au cours des campagnes de pĂȘche suivantes en 1962 et 1963 que le diffĂ©rend se dĂ©veloppe et prend une acuitĂ© plus importante. Face aux plaintes des pĂȘcheurs brĂ©siliens, le gouvernement de JoĂŁo Goulart ordonne Ă  l'amiral Arnoldo Toscano d'envoyer deux bĂątiments dans la zone oĂč se trouvaient les bateaux français[12], la corvette Ipiranga et l'escorteur Babitonga.

De janvier Ă  aoĂ»t 1962, cinq langoustiers français sont arraisonnĂ©s par la Marine brĂ©silienne Ă  des distances variant de 18 Ă  30 milles, largement au-delĂ  des limites de la mer territoriale brĂ©silienne comme de celles de la zone de pĂȘche exclusive[13] de 12 milles revendiquĂ©e en 1961. Le 2 janvier, la CassiopĂ©e, est arraisonnĂ©e par l'Ipiranga. Peu de temps aprĂšs, la corvette Purus repĂšre deux langoustiers (le Françoise Christine et le Lonk-Ael) prĂšs de la cĂŽte de Rio Grande do Norte, mais sur demande de l'Ă©tat-major de la Marine (EMM), ils ne sont pas arraisonnĂ©s. Le Babitonga arraisonne lui le Plomarc'h, le 14 juin, et le Lonk-Ael, le 10 juillet, le long de littoral de Rio Grande do Norte[8]. Les deux derniers langoustiers arrĂȘtĂ©s sont la Françoise-Christine et le Folgor, en aoĂ»t au large de CearĂĄ, cette fois par l'Ipiranga[14]. Chaque fois, les capitaines des bateaux sont informĂ©s par les BrĂ©siliens de l'irrĂ©gularitĂ© (supposĂ©e ou avĂ©rĂ©e) de leur prĂ©sence, et « invitĂ©s » Ă  signer un engagement Ă  ne pas revenir sur les cĂŽtes brĂ©siliennes[6].

« Le Brésil n'est pas un pays sérieux »
— Carlos Alves de Souza Filho

Chacun de ces arraisonnements provoque de la part du gouvernement français des protestations Ă©nergiques et des Ă©changes de notes avec le gouvernement brĂ©silien qui, changeant de tactique, prĂ©tend pour la premiĂšre fois le 19 janvier 1962 que la langouste constituait une ressource naturelle du plateau continental et que, par la suite, dans les limites de ce plateau qui s'Ă©tend trĂšs loin au large et sur certains points jusqu'Ă  180 km de la cĂŽte, le BrĂ©sil jouissait de droits exclusifs de pĂȘche sur cette catĂ©gorie de crustacĂ©s[14]. L'argument dĂ©fendu par le gouvernement brĂ©silien consiste alors Ă  dire que les langoustes, se dĂ©plaçant sur le plancher ocĂ©anique, pouvaient ĂȘtre considĂ©rĂ©es comme des ressources naturelles du pays. L'ambassadeur brĂ©silien en poste Ă  Paris, Carlos Alves de Souza Filho est convoquĂ© par le gĂ©nĂ©ral de Gaulle pour Ă©voquer le diffĂ©rend. Il sort de la rĂ©union convaincu par les arguments français et, quelques heures plus tard, il dĂ©clare au journaliste LuĂ­s Edgar de Andrade du quotidien brĂ©silien Jornal do Brasil venu l'interroger « O Brasil nĂŁo Ă© um paĂ­s sĂ©rio » (en français : « le BrĂ©sil n'est pas un pays sĂ©rieux »), ce qu'il confirmera en 1979 dans ses MĂ©moires[15] - [16]. L'ambassadeur brĂ©silien fait alors allusion aux caricatures dont fait l'objet le gĂ©nĂ©ral de Gaulle dans la presse brĂ©silienne et Ă  l'air de samba carnavalesque A lagosta Ă© nossa (litt. « La langouste est Ă  nous »), chantĂ© par Moreira da Silva (en)[17]. Cette phrase, attribuĂ©e Ă  tort au gĂ©nĂ©ral de Gaulle par la presse brĂ©silienne, aura un large Ă©cho dans le pays[18].

Les difficultĂ©s reprennent avec la campagne de 1963. Le 30 janvier, un navire de patrouille dĂ©tecte la prĂ©sence de bateaux français dans la rĂ©gion et, ces derniers ignorant les sommations de se retirer en dehors de la zone des 200 milles, il reçoit l'ordre d'« user de la force dans la mesure du nĂ©cessaire ». Face Ă  la menace, les langoustiers français dĂ©cident finalement d'obtempĂ©rer. Le lendemain, trois langoustiers qui Ă©taient revenus sur zone sont arraisonnĂ©s — la Françoise-Christine pour la deuxiĂšme fois, le Banc-d'Arguin et la Gotte —. RelĂąchĂ©s le 9 fĂ©vrier, l'ambassadeur de France au BrĂ©sil, Jacques Baeyens, obtient du prĂ©sident JoĂŁo Goulart que ces bĂątiments reçoivent l'assurance qu'ils pourraient poursuivre leur activitĂ© pendant que se dĂ©rouleraient les pourparlers en vue de la recherche d'un rĂšglement amiable du conflit. Cependant, face Ă  la pression populaire, le 18 fĂ©vrier, le gouvernement brĂ©silien change brusquement d'attitude et dĂ©cide de donner aux navires français 48 heures pour quitter les eaux situĂ©es au-dessus du plateau continental brĂ©silien ; les pĂȘcheurs français se retirent le 20 fĂ©vrier, alors que se poursuivent les Ă©changes de notes diplomatiques[8] - [14].

Le mĂȘme jour, le ministre des Affaires Ă©trangĂšres brĂ©silien Hermes Lima dĂ©clare : « L'attitude de la France est inadmissible, et notre gouvernement ne reculera pas. Les langoustes ne seront plus pĂȘchĂ©es »[19]. Il convoque une rĂ©union secrĂšte de son cabinet pour Ă©tudier les derniers dĂ©veloppements du conflit.

L'escalade militaire (printemps 1963)

L'escorteur d'escadre Tartu envoyé au large des cÎtes brésiliennes.

Sur les entrefaites, le gouvernement français dĂ©cide, conformĂ©ment Ă  une pratique courante chez tous les États qui pratiquent la pĂȘche lointaine et que reconnaĂźt le droit international, d'envoyer un bĂątiment de guerre sur les lieux de pĂȘche aux fins de surveillance et de protection des ressortissants français[20]. Au dĂ©but du mois de fĂ©vrier, une importante flotte française quitte la base de Toulon, en MĂ©diterranĂ©e, et fait route en direction de l'ocĂ©an Atlantique. Cette flotte est composĂ©e du porte-avions Clemenceau — avec Ă  son bord les flottilles 4F et 16F — du croiseur De Grasse, des escorteurs d'escadre Cassard (de la classe T 47) JaurĂ©guiberry et Tartu (de la classe T 53) des escorteurs rapides Le Picard, Le Gascon, L’Agenais, Le BĂ©arnais, Le VendĂ©en (tous de la classe E 52 et principalement dĂ©diĂ©s Ă  la lutte anti-sous-marine), du pĂ©trolier ravitailleur d'escadre La BaĂŻse et de l'aviso Paul Goffeny[8].

La flotte fait escale le 21 février à Dakar, au Sénégal, puis, quelques jours plus tard, à Abidjan en CÎte d'Ivoire[8]. Le ministre brésilien de la Marine, l'amiral Pedro Paulo Suzano, s'inquiÚte alors publiquement que les principales unités de la flotte française basée en Méditerranée se préparent à renforcer la flottille au large du Brésil. L'information est rapidement démentie par la France, qui note que le Clemenceau et d'autres bùtiments ne faisaient que mener une mission de routine au large des cÎtes africaines. L'information transmise à l'ambassadeur du Brésil par les autorités françaises précise que seul l'escorteur d'escadre Tartu ferait route en direction du Brésil, et qu'il avait pour instructions de :

  1. contrĂŽler les mouvements de pĂȘcheurs français afin de s'assurer qu'ils ne s'approchent pas de la zone des 12 milles ;
  2. assurer Ă  ces mĂȘmes pĂȘcheurs le droit de pĂȘcher la langouste au-delĂ  de cette mĂȘme limite[8].

Quelques jours plus tard, le Tartu se positionne Ă  100 milles des cĂŽtes brĂ©siliennes et les navires de pĂȘche se rassemblent autour de lui.

La tension est alors à son comble, la présence de bùtiments français, en Afrique de l'Ouest, à seulement deux jours de navigation et quelques heures de vols pour les avions, est ressentie comme une menace. Les journaux brésiliens condamnent la position française en appellent à la fermeté. Une photo truquée, montrant le Clemenceau quittant les cÎtes africaines pour le Brésil, est publiée par la presse brésilienne[21]. Une rumeur prétend que le croiseur De Grasse avait également été détaché en compagnie du Tartu[8].

Dans l'opinion publique, la guerre Ă©tait dĂ©clarĂ©e. Le Correio da ManhĂŁ titre « NavĂ­os franceses atacam do Nordeste jangadeiros que pescam lagosta » (« Des navires français attaquent les jangadeiros[22] du Nordeste qui pĂȘchent la langouste ») ; Última Hora titre quant Ă  elle : « Frota naval de França ronda costa do Brasil » (« La flotte navale française autour de la cĂŽte du BrĂ©sil »). Dans le mĂȘme temps, sur un ton plus lĂ©ger, un succĂšs musical brĂ©silien de 1953 intitulĂ© VocĂȘ pensa que cachaça Ă© agua ? (en français : Vous pensez que la cachaça est de l'eau ?) est dĂ©tournĂ© en VocĂȘ pensa que lagosta Ă© peixe ? (en français : Vous pensez que la langouste est un poisson ?), pour se moquer de la position française. En France, les journaux insistent, surtout sur le fait que — dans l'hypothĂšse d'un conflit — la France dĂ©tenait l'arme nuclĂ©aire, contrairement au BrĂ©sil[8].

Au BrĂ©sil, le prĂ©sident rĂ©unit le Conseil national de la DĂ©fense. La IVe ArmĂ©e brĂ©silienne, basĂ©e Ă  Recife, et placĂ©e sous les ordres directs du commandant en chef des forces armĂ©es Humberto de Alencar Castelo Branco, est mobilisĂ©e. Plusieurs bĂątiments sont envoyĂ©s en direction des cĂŽtes de Pernambouc, et les bĂątiments stationnĂ©s Ă  Salvador dans l'État de Bahia sont mis en alerte permanente. Plusieurs escadrilles de bombardiers B-17 Flying Fortress des Forces aĂ©riennes brĂ©siliennes sont dĂ©placĂ©es en direction de Natal et Recife. La mobilisation est rapide mais dĂ©sordonnĂ©e, rĂ©vĂ©lant l'Ă©tat mĂ©diocre de la prĂ©paration des forces armĂ©es et du matĂ©riel militaire brĂ©silien, ainsi que de graves carences logistiques. Les restrictions de munitions et de torpilles sont alors si sĂ©vĂšres qu'elle ne permettaient pas aux bĂątiments brĂ©siliens de soutenir un combat au-delĂ  de 30 minutes[8].

Six avions de patrouille et le croiseur Almirante Barroso sont envoyés sur zone, ainsi que le porte-avions Minas Gerais[23] - [24].

Les tractations diplomatiques et l'apaisement

Dans les chancelleries, d'autres questions sont Ă  l'Ă©tude. Du cĂŽtĂ© français, on imagine alors que la posture de fermetĂ© du gouvernement brĂ©silien Ă©tait soutenue secrĂštement par les États-Unis. Cette hypothĂšse Ă©tait en rĂ©alitĂ© erronĂ©e. À cette Ă©poque, le DĂ©partement d'État amĂ©ricain envoie un message clair au BrĂ©sil stipulant que les navires de guerre du pays – qui Ă©taient alors louĂ©s auprĂšs des États-Unis – ne pourraient en vertu du contrat qui les liaient ĂȘtre employĂ©s dans un conflit contre un pays ami des États-Unis. Les AmĂ©ricains exigent alors que ces navires retournent dans leurs bases respectives. Le BrĂ©sil refuse de cĂ©der Ă  cette demande, mentionnant le TraitĂ© interamĂ©ricain d'assistance rĂ©ciproque (TIAR) de 1947 et utilise un argument destinĂ© Ă  amadouer leur interlocuteur : le fait que le BrĂ©sil ait rejoint les AlliĂ©s et dĂ©clarĂ© la guerre au Japon Ă  la suite de l'attaque sur Pearl Harbor, le 7 dĂ©cembre 1941, par solidaritĂ© avec les États-Unis[8].

Dans un souci d’apaisement, la Marine française rappelle le Tartu qui est remplacĂ© par un autre bĂątiment de faible tonnage, l'aviso Paul Goffeny (1 000 tonnes), et armĂ© seulement d'un canon de 100 mm.

Le 27 février, à l'issue du Conseil des ministres, le général de Gaulle déclare :

« Cette guerre de la langouste, c'est encore une histoire d'AmĂ©ricains ! Parce que nos bateaux osent faire concurrence Ă  des compagnies amĂ©ricaines ! Ces langoustes sont payĂ©es 2 500 francs le kilo Ă  Paris. Les compagnies amĂ©ricaines qui nous les vendent, les achĂštent aux pĂȘcheurs brĂ©siliens Ă  Recife pour 75 centimes. Ces compagnies ont Ă©videmment grand intĂ©rĂȘt Ă  garder leur monopole. Les AmĂ©ricains sont trop contents de dĂ©chaĂźner les journaux brĂ©siliens contre la France[25]. »

Le 8 mars, les six langoustiers sur zone reçoivent l'ordre de quitter les parages et le Paul Goffeny regagne à son tour sa base le 10 mars[14] - [26].

La résolution du conflit

Pour défendre sa position et démontrer que la position brésilienne était injustifiée au regard du droit international, le gouvernement français peut s'appuyer sur l'article 2 de la Convention de GenÚve sur la haute mer (en) du 29 avril 1958[27], à savoir :

Article 2.1 : L’État riverain exerce des droits souverains sur le plateau continental aux fins de l’exploration de celui-ci et de l’exploitation de ses ressources naturelles.

Article 2.4 : Les ressources naturelles visĂ©es dans les prĂ©sents articles comprennent les ressources minĂ©rales et autres ressources non vivantes du lit de la mer et du sous-sol, ainsi que les organismes vivants qui appartiennent aux espĂšces sĂ©dentaires, c’est-Ă -dire les organismes qui, au stade oĂč ils peuvent ĂȘtre pĂȘchĂ©s, sont soit immobiles sur le lit de la mer ou au-dessous de ce lit, soit incapables de se dĂ©placer si ce n’est en restant constamment en contact physique avec le lit de la mer ou le sous-sol.

Cependant, il se heurte au fait que, d'une part, ni la France, ni le Brésil ne l'aient alors signée et, d'autre part, que le texte ne soit pas encore entré en vigueur (ce ne sera le cas que le 10 juin 1964).

La solution de l'arbitrage international est alors envisagĂ©e. Les deux pays Ă©tant en effet liĂ©s, d'une part par la Convention pour les rĂšglements pacifiques des conflits internationaux du 18 octobre 1907 et, d'autre part, un accord bilatĂ©ral, la Convention d'arbitrage entre la RĂ©publique française et les États-Unis du BrĂ©sil, signĂ©e Ă  PetrĂłpolis le 7 avril 1909[28].

DĂšs le mois de juillet 1962, le gouvernement français propose officiellement au gouvernement brĂ©silien, par deux dĂ©marches effectuĂ©es le 26 juillet, Ă  Paris, et le 30 juillet, Ă  Rio de Janeiro, de soumettre le diffĂ©rend Ă  l'arbitrage. Ces propositions restent sans rĂ©ponse. Le 22 fĂ©vrier 1963, une nouvelle proposition — plus conciliante encore — est faite au gouvernement brĂ©silien lui proposant de soumettre Ă  l'arbitrage la question prĂ©alable de l'applicabilitĂ© de la Convention de 1909, dans le cas oĂč le gouvernement brĂ©silien estimerait que ce diffĂ©rend n'entre pas dans les cas prĂ©vus par ladite Convention. Le 8 mars 1963, le gouvernement français transmet par le biais de son ambassade Ă  Rio de Janeiro[29] deux projets de compromis correspondant aux deux hypothĂšses. La question est dans le courant de l'annĂ©e 1963 portĂ©e devant le SecrĂ©tariat gĂ©nĂ©ral de la cour permanente d'arbitrage, basĂ©e Ă  La Haye aux Pays-Bas[28] - [30].

Bien que cet incident diplomatique ait eu lieu avant la rĂ©daction de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer (1973), il trouve une issue avec la signature d'un accord le 10 dĂ©cembre 1964[31] qui accorde Ă  vingt-six langoustiers français le droit de pĂȘcher au large du BrĂ©sil pour une durĂ©e de cinq ans, pourvu qu'ils reversent une partie des revenus tirĂ©s de cette pĂȘche dans les « zones dĂ©signĂ©es » (par l'accord)[31].

En janvier 1964, le prĂ©sident brĂ©silien JoĂŁo Goulart avait dĂ©jĂ  jouĂ© l'apaisement en adressant une lettre chaleureuse au gĂ©nĂ©ral de Gaulle, l'invitant Ă  se rendre au BrĂ©sil lors de sa tournĂ©e sud-amĂ©ricaine prĂ©vue pour l'automne de cette mĂȘme annĂ©e. Ce sera le cas au dĂ©but du mois d'octobre 1964, et l'accueil qu'il y recevra montrera vite que le conflit avait Ă©tĂ© oubliĂ©[11].

Développements judiciaires ultérieurs



 relatifs à la qualification des langoustes

Le 6 juillet 1966, le Tribunal administratif de Rennes rĂ©sume la position du gouvernement français qui consiste alors Ă  dire que les langoustes peuvent ĂȘtre assimilĂ©es aux poissons, Ă©tant donnĂ© qu'elles peuvent se dĂ©placer dans la mer en nageant, et qu'elles ne peuvent donc pas ĂȘtre assimilĂ©es Ă  des ressources naturelles directement rattachĂ©es au plateau continental. La position brĂ©silienne consiste alors Ă  dire que les langoustes sont comme les huĂźtres et que, se dĂ©plaçant par petits bonds au fond de l'eau, elles faisaient partie des ressources naturelles du pays[32]. L'amiral Paulo Moreira da Silva, expert de la Marine brĂ©silienne en matiĂšre d'ocĂ©anographie qui avait Ă©tĂ© envoyĂ© sur place pour venir en soutien du comitĂ© diplomatique rĂ©uni Ă  cette occasion, affirma que pour que le BrĂ©sil accepte la position scientifique française que les langoustes pouvaient ĂȘtre assimilĂ©es Ă  des poissons parce qu'elles faisaient des « bonds » au fond de l'eau, la France devrait accepter — selon la mĂȘme logique — que lorsqu'un kangourou « saute » il soit considĂ©rĂ© comme un oiseau. La pertinence de la position brĂ©silienne est alors reconnue.


 relatifs aux plaintes des pĂȘcheurs

Les demandes de MM. Celton et Stephen, deux patrons-pĂȘcheurs qui demandaient une indemnisation Ă  l’État français pour les pertes occasionnĂ©es par la campagne de pĂȘche de janvier-mars 1963 sont rejetĂ©es, et le tribunal estime que l’État français ne pouvait ĂȘtre tenu responsable des pertes causĂ©es par une dĂ©cision unilatĂ©rale du gouvernement brĂ©silien[33]. Une dĂ©cision du Conseil d'État rejette la thĂšse selon laquelle le gouvernement français avait autorisĂ© les plaignants Ă  envoyer leurs bateaux pĂȘcher la langouste en eaux lointaines, ou au large des cĂŽtes du BrĂ©sil, affirmant que les licences accordĂ©es aux plaignants s'appliquaient aux capitaines et non aux propriĂ©taires des bateaux. Le Conseil d’État ajoute que les autorisations permettaient aux capitaines d'aller pĂȘcher en haute-mer, mais ne mentionnaient pas de zone en particulier. En l'absence de preuves tendant Ă  dĂ©montrer que le gouvernement français avait explicitement autorisĂ© la pĂȘche Ă  la langouste dans cette zone au large du BrĂ©sil, les demandes d'indemnisation sont rejetĂ©es[24].

Notes et références

  1. Nommé en hommage à Paul Goffeny.
  2. Sophie Desplancques, « L'Ăąge d'or de la langouste en Mauritanie », Le TĂ©lĂ©gramme,‎ (lire en ligne)
  3. Louis Vincent-Cuaz, « La langouste rose de Mauritanie : Palinurus Mauritanicus Grvel », Revue des Travaux de l'Institut des PĂȘches Maritimes, IFREMER, vol. 22, no 3,‎ , p. 345-352 (lire en ligne)
  4. Nom donnĂ© aux pĂȘcheurs bretons qui allaient pĂȘcher la langouste au large des cĂŽtes mauritaniennes.
  5. « L’épopĂ©e de la PĂȘche Ă  la langouste en Mauritanie », sur www.disons.fr,
  6. Operação Lagosta
  7. Paul Reynaud, La politique Ă©trangĂšre du gaullisme, R. Julliard, , 269 p., p. 202
  8. Braga, A Guerra da Lagosta
  9. Marcel Isy-Schwart, 50 ans d'aventures, Respectons la Terre, , 255 p. (ISBN 978-2-9532664-1-2 et 2-9532664-1-0), p. 105-106.
  10. « Le conflit de la langouste
 », p. 97
  11. « Le BrĂ©sil des militaires Ă  travers le regard français, 1964-1976 », Cahiers du BrĂ©sil Contemporain, nos 23-24,‎ , p. 145-163 (lire en ligne)
  12. (en) Arab Observer, Le Caire, Égypte, National Publications House (OCLC 2641710), p. 142 : « Brazilian Admiral Arnoldo Toscano said he had ordered two corvettes to sail to the area where the French lobster boats were »
  13. La zone de pĂȘche exclusive est une zone de 12 milles nautiques de large Ă  compter de la ligne de base, dans laquelle les navires du pays riverain sont en principe les seuls Ă  avoir le droit de pĂȘcher. DĂ©finition sur le site de l'IFREMER.
  14. « Le conflit de la langouste
 », p. 98
  15. (pt) Carlos Alves de Souza Filho, Um embaixador em tempos de crise, Rio de Janeiro, Livraria Francisco Alves Editora, (OCLC 6063873, présentation en ligne)
  16. (pt) Leneide Duarte-Plon, « A frase que De Gaulle nunca disse »,
  17. (pt) [vidéo] A Lagosta é Nossa - Moreira da Silva sur YouTube
  18. (pt) « "O BRASIL NÃO É UM PAÍS SÉRIO" », O SĂ©culo XX,
  19. « Brazil : Force de Flap », Time,‎ (lire en ligne)
  20. (en) « Ships Augment 'Lobster War' Water Patrol », St. Petersburg Times, vol. 79, no 216,‎ , p. 5 (lire en ligne)
  21. Cadier 1982, p. 103
  22. Les jangadeiros sont des pĂȘcheurs artisanaux du Nordeste brĂ©silien.
  23. (en) Hispanic American Report, vol. 16, (présentation en ligne), p. 302
  24. (en) W. W. Kulski, De Gaulle and the World : The Foreign Policy of the Fifth French Republic, Syracuse University Press, , 428 p. (ISBN 0-8156-0052-6, lire en ligne), p. 360
  25. Peyrefitte 2012, p. 208
  26. (en) AP, « France Recalls Ship Sent to Lobster War », The Milwaukee Journal,‎ , p. 22 (lire en ligne)
  27. Texte de la Convention sur le plateau continental, faite Ă  GenĂšve le 29 avril 1958, [lire en ligne] [PDF]
  28. « Le conflit de la langouste
 », p. 99
  29. L'ambassade de France est alors encore située à Rio de Janeiro et non à Brasilia, qui n'est fondée que le 21 avril 1960.
  30. (en) D. W. Bowett, The Law of the Sea, Manchester University Press, (OCLC 561429638, lire en ligne), p. 36
  31. (en) Rainer Lagoni, Peter Ehlers, Marian Paschke et Duygu Damar, Recent developments in the law of the sea, LIT Verlag MĂŒnster, , 241 p. (ISBN 978-3-643-10946-0 et 3-643-10946-6, lire en ligne), p. 26
  32. (en) David W. Ziegler, War, peace, and international politics, Scott, Foresman, (ISBN 0-673-52023-4, lire en ligne), p. 360
  33. (en) E. Lauterpacht, International Law Reports, vol. 47, Cambridge University Press, , 546 p. (ISBN 0-521-46392-0, lire en ligne), p. 22

Voir aussi

Articles connexes

Sources et bibliographie

En français
  • « Le conflit de la langouste entre la France et le BrĂ©sil », Politique Ă©trangĂšre, vol. 28, no 2,‎ , p. 97-100 (lire en ligne)
  • Roger Cadier, Souvenirs d'un Carioca Honoraire, Paris, Nouvelles Éditions Latines, (ISBN 978-2-7233-0181-7, lire en ligne), chap. X (« La guerre de la langouste »)
  • Alain Peyrefitte, De Gaulle, vol. 2, Fayard, , 1100 p. (ISBN 978-2-213-67450-6, lire en ligne), p. 208
En portugais
  • (pt) ClĂĄudio da Costa Braga, A Guerra da Lagosta, Rio de Janeiro, Serviço de Documentação da Marinha (SDM),
  • (pt) AntĂŽnio Carlos Lessa, « A Guerre da Lagosta e outras guerras : Conflito e cooperação nas relaçÔes França-Brasil (1960-1964) », Revista Cena Internacional, vol. 1, no 1,‎ (lire en ligne)
  • (pt) Guilherme Poggio, « Operação Lagosta - A Guerra que NĂŁo Aconteceu », Poder Naval Online,‎

Liens externes

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