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Le complexe d'Œdipe (prononcé /edip/) (Ödipuskomplex en allemand), parfois contracté dans l'expression « l'Œdipe », est un concept central de la psychanalyse. Théorisé par Sigmund Freud dès sa première topique, il est défini comme le désir d'entretenir un rapport amoureux et voluptueux avec le parent du sexe opposé (inceste) et celui d'éliminer le parent du même sexe (parricide ou matricide) considéré comme rival. Ainsi, le fait qu'un garçon durant cette période soit amoureux de sa mère et désire tuer son père répond à l'impératif du complexe d'Œdipe.
La légende d'Œdipe qui a inspiré le drame de Sophocle, Œdipe roi, est selon Freud le plus à même de mettre en images le désir universel et inconscient que tout enfant ressent ; pour Roger Perron, il désigne « le réseau des désirs et des mouvements hostiles dont les objets sont le père et la mère, et des défenses qui s'y opposent ».
La psychanalyse identifie trois étapes fondamentales de développement psychoaffectif : le stade oral, le stade anal et le stade phallique lors duquel survient chez le garçon, comme chez la fille mais d'une toute autre manière, le complexe d'Œdipe. C'est en effet de 3 à 5 ans environ que le désir libidinal fait naitre la phase œdipienne. Le complexe connaît ensuite un déclin et est refoulé, disparaissant ainsi de la mémoire consciente. Le refoulement n'est pas toujours complet chez les filles.
Le complexe d'Œdipe, devenu le pivot de la théorie pulsionnelle et métapsychologique de Freud, est considéré comme le concept-clé de la psychanalyse et de ses courants dérivés. L'histoire du complexe d'Œdipe est en effet associée à la théorie freudienne ainsi qu'à l'histoire de la psychanalyse dans son ensemble. Toutefois, le concept a motivé nombre de critiques de différentes natures, internes à la psychanalyse comme issues d'autres disciplines. Ces critiques se concentrent essentiellement sur deux points : la remise en cause de l'universalité du complexe ; la contestation de son existence même.
Sommaire
Genèse du concept chez Sigmund Freud
La découverte de l'Œdipe
Sigmund Freud découvre le complexe d'Œdipe au cours de son auto-analyse[F 1],[P 1] en le rapprochant de l'histoire du héros grec Œdipe (personnage de la mythologie grecque) telle qu'elle est narrée par le dramaturge Sophocle dans la tragédie Œdipe roi principalement. La lettre à Wilhelm Fliess du 15 octobre 1897 permet de dater le début de la conceptualisation du complexe[1],[H 1]. Freud (neurologue viennois) explique ainsi : « J’ai trouvé en moi comme partout ailleurs des sentiments d’amour envers ma mère et de jalousie envers mon père, sentiments qui sont, je pense, communs à tous les jeunes enfants ».
En 1900, Freud rend publique sa découverte de l'Œdipe dans L'Interprétation du rêve (1899, date éditoriale 1900)[2]: il évoque alors la « légende du Roi Œdipe et du drame de Sophocle »[3]. Le rêve est enraciné dans les désirs infantiles: « Dans le contenu latent du rêve, Freud trouve, à titre d'élément constant, le résidu diurne, il trouve également qu'il existe une relation entre ce résidu et les souvenirs d'enfance » explique Henri F. Ellenberger. Selon ce dernier, Freud pense que « le rêve a un pied dans le présent et un pied dans l'enfance »[F 2]. Freud (qui est également le fondateur de la psychanalyse) explique aussi que le cas des névrosés permet d'observer des désirs affectueux ou hostiles pour les parents. Dès ce texte, il se réfère explicitement à la tragédie grecque. En 1911, il ajoute que le complexe de castration est profondément lié à l'Œdipe et que dans la tragédie de Sophocle l'aveuglement d'Œdipe opère comme substitut de la castration[A 1].
D'après Roger Perron, la conception du complexe d'Œdipe aurait été en germe auparavant : « L'idée était en fait déjà présente dans Études sur l'hystérie (1895) où Freud, recherchant l'étiologie de l'hystérie, mettait l'accent sur le rôle traumatique des « séductions » sexuelles subies par l'enfant du fait du père »[H 2]. Et c'est à partir de 1906, après discussion sur l'emploi de ce mot, précise Roger Perron, que Freud utilisera fréquemment le terme de « complexe » pour « désigner le “complexe nucléaire de la névrose”, c'est-à -dire le “complexe paternel”, désigné à partir de 1910 comme le “complexe d'Œdipe”, et pour désigner de façon connexe le “complexe de castration” »[H 3].
L'origine de l'Œdipe est étroitement liée à l'« évolution sexuelle de l'enfant », ce qui fonde également tout l'édifice théorique de la psychanalyse[N 1]. Freud constate dans un premier temps, « par l'observation directe et par l'étude analytique de l'adulte », que « l'enfant se tourne d'abord vers ceux qui s'occupent de lui ; mais ceux-ci disparaissent bientôt derrière les parents ». Ces rapports, note-t-il, « ne sont nullement dépourvus d'éléments sexuels ». L'enfant prend donc ses parents comme des « objets de désir »[N 2].
Le mythe œdipien[Note 1] semble pour Freud la mise en récit d'un complexe psychique universel[N 3]. Dans la mythologie grecque, Œdipe est le fils de Laïos et de Jocaste, souverains de la ville de Thèbes. Un oracle prédit à Laïos que son fils le tuera et épousera sa mère. Effrayé, Laïos décide d'abandonner Œdipe dans la montagne. Un berger trouve l'enfant et le confie au roi de Corinthe, Polybos, qui l'élève comme son fils, sans lui révéler le secret de ses origines. C'est lui qui lui donne le nom d'Œdipe. Un nouvel oracle prédit à Œdipe qu'il sera le meurtrier de son père et épousera sa mère. Ignorant que Polybos n'est pas son père biologique, il quitte Corinthe pour que la prédiction ne puisse se réaliser. Pendant son voyage, il rencontre Laïos et ses serviteurs. Ils se querellent, pour une question de priorité de passage, et Œdipe tue Laïos, dont il ignore qu'il est son père, et qu'il prend pour le chef d'une bande de voleurs de grands chemins. Lorsqu'il arrive à Thèbes, but de son voyage, il est empêché d'entrer dans la ville par le Sphinx, un monstre qui tue et dévore les voyageurs incapables de résoudre l'énigme qu'il leur propose. Œdipe, rusé, parvient à trouver la solution et défait le monstre. Il devient dès lors un héros adulé par les habitants de la ville, qui finissent par le proclamer roi et lui donnent comme femme la veuve de Laïos, Jocaste, qui en réalité est sa mère. Freud voit dans ce mythe l'illustration idéale des désirs extrêmes infantiles : « nous donnons le nom de « complexe d'Œdipe » parce que la légende qui a pour héros Œdipe réalise, en ne leur imprimant qu'une très légère atténuation, les deux désirs extrêmes découlant de la situation du fils : le désir de tuer le père et celui d'épouser la mère »[M 1]. Il remarque en effet que ce complexe se retrouve également dans d'autres drames culturels ; il cite notamment le Hamlet de Shakespeare.
En 1967, Jean Starobinski, dans la préface d'Hamlet et Œdipe d'Ernest Jones, argue que si Œdipe est le drame du dévoilement, la tragédie d'Hamlet est le drame du « refoulement »[4].
Histoires de cas et mise en place de la théorie de l'Œdipe
En 1905 Freud publie Trois Essais sur la théorie de la sexualité, ouvrage fondateur de la psychanalyse. Même si le complexe n'y apparaît pas explicitement[H 4],[5], Freud définit tout d'abord la libido comme l'énergie sexuelle aux fondements de la dynamique psychique qui tend à se projeter sur un objet extérieur. En second lieu, il insiste sur les vicissitudes du choix de l'objet d'amour dont la source est le complexe d'Œdipe[F 3]. Il pose donc que la réalité de la sexualité infantile est induite par la mère, et que la tétée est le premier rapport sexuel. De cette sexualité archaïque dépend le complexe d'Œdipe, déterminant à son tour le tabou de l'inceste[A 2]. Freud continue de développer sa théorie en expliquant que la libido donne naissance à des perversions sexuelles diverses lorsque le schéma originel œdipien subit des altérations. La libido s'exprime aussi au travers d'un symbolisme à signification sexuelle, notamment dans les rêves. L'analyse de Dora en 1905 est particulièrement édifiante à cet égard[P 2].
En 1909, un autre cas d'analyse, célèbre dans la littérature psychanalytique, permet à Freud de valider sa conception du complexe. Le cas dit du « petit Hans » — de son vrai nom Herbert Graf — suit en effet fidèlement le schéma dramatique œdipien. La phobie du cheval apparaît chez Herbert Graf quand il assiste à la chute d'un cheval et qu'il le voit à terre se débattre. Freud va postuler que l'inconscient du petit Hans associe son père au cheval, et malgré l'amour qu'il porte à son père, sa mort lui apporterait la jouissance d'être alors le seul prétendant à l'amour maternel. Cela va développer chez lui une névrose phobique, l'impossibilité de sortir dans la rue par crainte d'être mordu par un cheval. Freud « supervise » l'analyse menée indirectement par le père de l'enfant et permet ainsi au petit garçon de surmonter son complexe d'Œdipe[F 4],[Note 2].
Ce n'est cependant qu'en 1910, dans un texte intitulé Contribution à la psychologie de la vie amoureuse qu'apparaît le terme « complexe d'Œdipe »[H 5]. La notion est l'invention de deux autres psychanalystes officiant à Zurich, Carl Gustav Jung et Franz Riklin. Le complexe (gefühlsbetonte Komplexe en allemand)[N 4] est utilisé dès lors en psychanalyse pour désigner des fragments psychiques inconscients à forte charge affective. Freud l'utilise ainsi pour décrire ce qui est pour lui le principal complexe psychique humain, celui qui est constitué dans les premiers temps de vie, en fonction de ses parents : le « complexe nucléaire ». Sa pensée est ensuite développée la même année dans l'essai « Un type particulier de choix d'objet chez l'homme » où il explique que les objets d'amour sont autant de substituts de la mère[A 3]. Le cas de la fille est déjà particulier : Freud théorise qu'à la place de la peur de perdre son père, elle développe une frustration liée au manque du phallus.
En 1920, il ajoutera une note dans les Trois Essais sur la théorie de la sexualité :« On dit à juste titre que le complexe d’Œdipe est le complexe nucléaire des névroses et constitue l’élément essentiel de leur contenu. En lui culmine la sexualité infantile, laquelle influence de façon décisive la sexualité de l’adulte par ses effets ultérieurs. Chaque nouvel arrivant dans le monde humain est mis en devoir de venir à bout du complexe d’Œdipe ; celui qui n’y parvient pas est voué à la névrose. Le progrès du travail psychanalytique a souligné de façon toujours plus nette cette signification du complexe d’Œdipe ; la reconnaissance de son existence est devenue le schibboleth qui distingue les partisans de la psychanalyse de leurs adversaires » [6]
DĂ©veloppements du complexe
Dès 1912 et 1913, la théorie de l'Œdipe est en place dans la pensée de Freud qui s'attache à en étudier l'universalité, ainsi dans l'ouvrage Totem et Tabou. Freud y avance la thèse suivante : celle de la « vocation civilisatrice du complexe »[A 4], résumée par Roger Perron : « en des temps très anciens les humains étaient organisés en une horde primitive dominée par un grand mâle despotique qui monopolisait les femmes et en écartait les fils, fût-ce au prix de la castration »[H 6]. Le complexe serait donc transmis de génération en génération et avec lui le sentiment de culpabilité associé. Freud recherchera en effet toujours à relier ces concepts, et en particulier celui du complexe d'Œdipe, à une théorie générale de la phylogenèse (de l'histoire de l'humanité comme espèce).
Nombre de psychanalystes commencent à mener des études, dans la continuité de celles de Freud, dont Otto Rank. Freud note en effet : « Otto Rank a montré, dans une étude consciencieuse, que le complexe d’Œdipe a fourni à la littérature dramatique de beaux sujets qu'elle a traités, en leur imprimant toutes sortes de modifications, d'atténuations, de travestissements, c'est-à -dire de déformations analogues à celles que produit la censure des rêves »[M 2]. Par la suite deux ouvrages de Freud vont développer sa pensée, et ce définitivement. En 1923, dans un court essai intitulé « L'Organisation génitale infantile », Freud décrit les phases psychoaffectives de la psychogenèse, qui est également l'un des concepts centraux de la théorie psychanalytique, et dont « la phase phallique constitue l'acmé du drame œdipien »[H 7]. L'intérêt croissant porté au complexe d'Œdipe motive Freud à faire le point sur sa découverte. Il fixe sa théorie dans les Conférences d'introduction à la psychanalyse, en 1917 et 1918. Il s'arrête particulièrement sur les observations directes et sur les analyses d'adultes névrosés, expliquant que « chaque névrosé a été lui-même une sorte d'Œdipe »[A 5].
Toujours selon R. Perron, le cas clinique dit de « l'homme aux loups » (1918) offre une illustration majeure du complexe masculin[H 8]. Freud classe alors le complexe au sein des « schémas phylogénétiques » qui ont pour rôle de structurer la psyché inconsciente et ce depuis l'aube de l'humanité. Par ailleurs, l'introduction de la nouvelle dualité pulsionnelle et d'une seconde topique va permettre une nouvelle approche de l'Œdipe. Freud explique en effet que le transfert présente les restes de la résolution, plus ou moins accomplie, du complexe. Celle-ci laisse en effet des « cicatrices narcissiques ». Face à cette souffrance, le Moi est poussé à une « résolution » du complexe malgré les compulsions qui l'entravent. Selon Freud, l'intensité de ces compulsions, qui culmine dans les névroses obsessionnelles, est à l'origine de la notion de « destin » dans les drames, à l'instar de la « tragédie du destin » qu'est Œdipe roi de Sophocle. Dans Psychologie des foules et analyse du moi (1921), Freud aborde « l'avant Œdipe », caractérisé par une neutralisation des affects et permis par l'ambivalence. L'enfant fixe ainsi ses affects négatifs et positifs sur des objets extérieurs[A 6] au lieu d'investir ses parents.
Enfin, en 1923, dans Le Moi et le Ça, Freud "métapsychologise"[A 7] la notion de complexe d'Œdipe, en en faisant un prérequis structurant de l'instance morale, le surmoi. En effet, lors de la maturité du complexe, plusieurs scénarios sont possibles : affects féminins pour le père chez le garçon ou désir féminin pour la mère chez la fille, et vice-versa. Toutes les variations sont dues selon Freud à la « bisexualité constitutionnelle de l'individu »[A 8]. Dans le même texte, Freud précise que lors de la destruction du complexe d'Œdipe, l'enfant, garçon et fille, est obligé de renoncer à prendre respectivement la mère et le père pour objet libidinal. Deux éventualités peuvent alors se produire : pour le garçon ou une identification avec la mère, ou un renforcement de l'identification avec le père. C'est cette dernière éventualité qui permet à l'enfant de conserver, jusqu'à un certain degré, l'attitude de tendresse à l'égard de la mère. De la même façon, la petite fille est amenée, à la suite de la destruction du complexe d'Œdipe, à renoncer à l'investissement libidinal du père œdipien, et à s'identifier avec la mère. Et comme une telle identification existait déjà , elle est renforcée, ce qui a pour effet l'affermissement de la partie féminine de son caractère. L'identification avec le père ou avec la mère, dans les deux sexes, à la suite de la destruction du complexe d'Œdipe, comporte la force psychique des dispositions sexuelles chez l'un et chez l'autre[7]. L'enfant est en effet inconsciemment bisexuel, son orientation sexuelle se précisant par la suite. Ces variations identificatoires complexes peuvent entraîner une attitude positive du garçon pour son père (le complexe inversé), ou une attitude négative (le complexe normal), le tout formant, virtuellement le « complexe d'Œdipe complet ». Ces identifications variées expliquent la diversité des étiologies et des personnalités. Elles constituent fondamentalement un « idéal du moi » qui détermine la morphologie du Surmoi.
Complexe de castration et derniers Ă©crits
L'essai de 1923, « Le problème économique du masochisme », pose que le Surmoi, instance psychique proclamant les interdits, est né de l'introjection des premiers objets libidinaux du Ça dans le Moi. La relation en est de fait désexualisée mais le Surmoi conserve les caractères parentaux. Freud propose là une thèse selon laquelle la source de la morale est le Surmoi et, donc, l'Œdipe[A 9]. La même année, dans l'essai « L'Organisation génitale infantile » Freud tente d'expliciter les zones d'ombre de l'Œdipe féminin. Il stipule que seul le pénis a une réalité psychique, y compris chez la fille. Celle-ci envierait donc l'acquisition de l'organe mâle[Note 3], même si Freud admet être impuissant à poursuivre l'analyse de la sexualité féminine[A 10].
En 1924, un autre essai fait une place majeure au complexe : « La disparition du complexe d'Œdipe ». Freud y décrit la façon dont le complexe disparaît avec le temps, comme la chute des dents de lait précise-t-il[8], et ce « même si ce qu'il décrit est davantage la dissolution du conflit œdipien » plutôt que la disparition pure et simple de ce qu'il a défini avant comme « l'ossature même du psychisme humain »[H 9],[A 11]. En 1925, dans « Quelques conséquences psychologiques de la différence anatomique entre les sexes », Freud aborde la « Préhistoire du complexe d'« Œdipe » ». Les prémices du complexe se jouent en effet dans les premiers temps de la découverte des zones érogènes[A 12].
Avec l'ouvrage Malaise dans la civilisation (1929), Freud délivre l'interprétation psychanalytique des structures inconscientes sous-tendant l'humanité et ses fantasmes. Il décrypte les symboles sexuels universels trouvés dans les rêves. Selon Ellenberger, « Freud allait bientôt déduire du caractère universel du complexe d'Œdipe l'idée du meurtre du Père primitif par ses fils »[F 5]. Dès lors Freud complète son modèle théorique en précisant la figure du père primitif. Le garçon nourrit envers lui des désirs de mort car il a peur d'être châtié et castré par celui-ci. La castration prend ainsi place dans la théorie générale du complexe, comme peur infantile de se voir déposséder de la puissance sexuelle par la figure paternelle. Ce complexe de castration survient donc au sortir de l'Œdipe, comme renoncement à l'objet maternel, qui est le premier objet de l'enfant[H 10] et comme marquant le début de la période de latence et de la formation du Surmoi chez le garçon. Des auteurs postérieurs à Sigmund Freud, comme Melanie Klein ou Donald Winnicott par exemple, ont cependant compris le Surmoi comme instance bien plus précoce. Le cas de la petite fille est cependant différent à ce stade : elle interprète en effet la castration comme ayant eu lieu, n'étant pas en possession d'un pénis, et se doit donc de la réparer. Ce moment, l'envie du pénis, marque alors l'entrée dans l'Œdipe à rebours du cas masculin[H 11]. Le meurtre du Père primitif est ainsi le fantasme universel de l'humanité de tuer la figure paternelle castratrice, seule étape permettant un développement psychique normal par la suite. « La notion complète du complexe d'Œdipe comporte en effet ces trois éléments : désir incestueux à l'égard de la mère, désir de tuer le père, et image d'un père cruel et castrateur » explique Henri F. Ellenberger[F 6].
Enfin, en dépit de l'importance du concept en psychanalyse, jamais Freud ne lui a pour autant consacré aucun ouvrage spécifique[H 12], même s'il revient sur cette découverte dans son dernier ouvrage, L'Abrégé de psychanalyse, en écrivant : « Je m'autorise à penser que si la psychanalyse n'avait à son actif que la seule découverte du complexe d'Œdipe refoulé, cela suffirait à la faire ranger parmi les précieuses acquisitions nouvelles du genre humain »[4].
Description du complexe en psychanalyse
Complexe d'Ĺ’dipe et stades psychoaffectifs
« Ce qu'entendait Freud par « complexe d'Œdipe » est simple : le petit garçon, à cause de l'éveil de ses pulsions sexuelles à un âge précoce, disons quatre ou cinq ans, développe un désir et un attachement sexuels intenses vis-à -vis de sa mère. Il la veut pour lui seul, et le père devient son rival. Il développe une hostilité à l'égard de son père, veut le remplacer et, en fin de compte, se débarrasser de lui. Sentant que son père est son rival, le petit garçon a peur d'être castré par lui. Freud a appelé cette constellation le « complexe d'Œdipe » » selon Erich Fromm[9]. Pour Georges Politzer « le complexe d'Œdipe n'est ni un « processus » et encore moins un « état », mais un « schéma dramatique » »[10]. Pour Roger Perron, il désigne « le réseau des désirs et des mouvements hostiles dont les objets sont le père et la mère, et des défenses qui s'y opposent »[H 13].
Dynamique des organisations psychiques
La psychanalyse identifie ainsi trois étapes fondamentales de développement psychoaffectif : le stade oral, le stade anal et le stade phallique lors duquel survient chez le garçon, comme chez la fille mais d'une toute autre manière, le complexe d'Œdipe[11]. Selon Freud, tel qu'il le décrit dans son essai « L’organisation génitale infantile » (1923), l'élaboration du complexe d'Œdipe représente une étape constitutive du développement psychique des enfants. Le désir envers la mère trouve en effet son origine dès les premiers jours de la vie et conditionne toute sa psychogenèse. La mère est, d'une part, la « nourricière », et, d'autre part, celle qui procure du plaisir sensuel, via le contact avec le sein et à travers les soins corporels. L'enfant, qu'il soit fille ou garçon, en fait donc le premier objet d'amour qui restera déterminant pour toute la vie amoureuse. Cette relation objectale est ainsi investie de sexualité. Cet amour d'objet se déploie donc en cinq « phases » libidinales[H 14]. La notion de « phase » ou de « stade » n'est pas à prendre au sens littéral. Elle signale la primauté d'une zone érogène particulière mais n'implique pas que le processus se déroule de manière mécanique et linéaire. Tout au plus peut-on admettre qu'une phase succède à l'autre dans l'ordre décrit. Le complexe d'Œdipe se déploie donc à travers ces phases en fonction de leurs propriétés propres qui s'enchevêtrent pour constituer un agrégat de pulsions, nommé « complexe » d'Œdipe qui, pour les freudiens, trouve son apogée vers l'âge de 5 ans. Freud aboutit à cette déduction en étudiant le cas dit du « petit Hans »[P 3].
Stade oral | → | Stade anal (+ oral) |
→ | Stade phallique (+oral, +anal) |
→ | Période de latence (+oral, +anal, +phallique) |
→ | Stade génital |
Jusqu'Ă 18 mois | De 18 mois Ă 3 ans | De 3 ans Ă 7 ans Situation Ĺ“dipienne |
Dès 7-8 ans | Adolescence |
Déclin du complexe et forme inversée
Le déclin du complexe d’Œdipe correspond à la phase finale de la dynamique œdipienne. Il est marqué par le renoncement progressif à posséder l’objet libidinal, sous la pression de l’angoisse de castration chez le garçon ; chez la fille, les raisons de la disparition de ce complexe ne sont pas claires pour Freud, qui note que ses effets se font souvent sentir dans la vie mentale normale de la femme[12]. Plusieurs processus permettent en effet à l'enfant de détourner son attention libidinale des objets parentaux. Les déplacements identificatoires, les sublimations notamment, le transfert aussi, permettent à la libido de trouver d’autres objets de satisfaction, en particulier dans la socialisation progressive et dans l’investissement des processus intellectuels. Enfin, la « phase génitale » survient pendant l'adolescence et correspond à la reconnaissance de la « double différence, des sexes et des générations » et coïncide avec la seconde période de maturation sexuelle. Dès lors l'équilibre est trouvé, au sein d'une organisation génitale adulte et grâce aux changements d'objets devenus possibles : le désir sera donc adressé à une autre femme que la mère, à un autre homme que le père[H 15].
Il existe également, note Freud, une forme « inversée », dite aussi « négative » du complexe d'Œdipe, à l'opposé de la forme « positive » classique et connue: le garçon voit dans son père non pas la figure du rival à tuer psychiquement afin de prendre sa place auprès de sa mère, mais un objet érotique. Le garçon est fixé dès lors soit dans une position féminine, soit dans un refus du féminin[13]. Le même cas de figure existerait au féminin, se construisant a contrario sur la mère prise pour objet investi des pulsions sexuelles de la fille. Selon Freud, les deux formes de l'Œdipe constituent le « complexe d'Œdipe complet »[11].
Complexe d'Œdipe et psychogenèse
Constitution du Surmoi et vie sociale
Selon Freud, lors du complexe d'Œdipe le Moi subit une profonde modification, de laquelle résulte le Surmoi ; « Le Surmoi est donc l'héritier du complexe d'Œdipe » explique Tran-Thong[11]. En effet la résolution du complexe entraîne l'introjection de l'image du père. L'édification du Surmoi chez un individu dépend ainsi de la façon dont il a résolu son complexe d'Œdipe[F 7]. De manière générale, « le conflit œdipien constitue un moteur essentiel du jeu des identifications par lesquelles se construit la personne » explique Roger Perron[H 16].
Étiologie des névroses
L'Œdipe subit un « refoulement rapide », note Freud, mais, « du fond de l'inconscient, il exerce encore une action importante et durable. Il constitue dès lors le « complexe central » de chaque névrose »[N 5],[H 17]. Freud parle également, de manière synonymique, et dans un cadre psychopathologique, dès 1908, de « complexe nucléaire »[H 18]. Tout d'abord, d'une façon passive, le complexe conditionne le développement ultérieur de l'enfant et par là celui de névroses ; d'autre part l'enfant, dès sa soumission au complexe, tente de comprendre afin d'aménager la réalité et il produit pour cela des « théories sexuelles infantiles » sur ses parents. Ses théories influent de manière décisive sur le caractère ultérieur de l'enfant et sur sa constitution névrotique. Néanmoins la névrose ne passe de virtuelle à actuelle que lorsque l'enfant est incapable de détacher sa libido des modèles parentaux. Dès lors il ne peut jouer de rôle social et produit un aménagement de la réalité, une névrose. Toute l'entreprise analytique se définit comme une éducation progressive pour surmonter ces « résidus infantiles »[N 6].
Divergences dans la théorie œdipienne
Critique du « monisme phallique » de Freud
Dès sa formalisation, Freud savait que ce modèle était difficile à transposer complètement pour le développement des petites filles[H 19]. Il a essayé de pallier cette difficulté en aménageant le concept de l'Œdipe pour la fille, que le psychiatre et psychanalyste Carl Gustav Jung appelle par la suite le « complexe d’Électre ». Il l'a défini comme la tendance compulsive amenant la fille à se tourner vers le père ou une autre image paternelle de substitution et qui est conséquence du complexe de castration prépubertaire féminin. Si Freud admet l'existence d'un « complexe d'Œdipe au féminin », il ne lui reconnaît pas une équivalence stricte avec celui dédié au petit garçon. Ce « monisme phallique » postulé par Freud a en effet soulevé de vives protestations, du vivant même du fondateur de la psychanalyse, et en particulier de la part de femmes psychanalystes, comme Ruth Mack Brunswick, Helene Deutsch, Karen Horney ou Melanie Klein[H 20]. Cette extension au sexe féminin n'a cependant jamais été totalement satisfaisante et aujourd'hui rares sont les analystes qui utilisent ce terme. Freud remarque, dès le début, en 1916 : « On ne saurait dire que le monde fût reconnaissant à la recherche psychanalytique pour sa découverte du complexe d'Œdipe. Cette découverte avait, au contraire, provoqué la résistance la plus acharnée »[M 3] et ce même au sein de la théorie psychanalytique. La psychanalyste Mélanie Klein par exemple, afin d'équilibrer le concept, a insisté sur le fait que le garçon « envie » le pouvoir des femmes de donner la vie autant que la fille pourrait « envier » le phallus.
Les conséquences du déclin du complexe d'Œdipe sont différentes d'un sexe à l'autre : d'abord il s'agit du renoncement au premier objet d'amour dans les deux sexes[P 4].
DĂ©bats Ă propos de l'origine psychique du complexe
Ainsi que l'explique Freud, l'Œdipe est précédé de deux phases où prédominent successivement les zones érogènes, d'abord celle orale puis celle anale, et dans lesquelles s'organisent les premières relations objectales. L'Œdipe ne serait donc pas premier, mais serait lui-même originaire, ce sur quoi Freud lui-même achoppait[H 21],[Note 4]. Pour Melanie Klein, il existerait ainsi un « complexe d'Œdipe précoce », qu'elle décrit en 1927, et antérieur à l'âge de 3 ans[H 22] et prenant son origine dans les fantasmes de la petite enfance[4]. Les résidus archaïques, ressentis comme bons ou mauvais par l'enfant sont ainsi associés aux figures parentales. Dans la même ligne, Otto Fenichel, en 1931, postule également des « précurseurs du complexe d'Œdipe ».
Dans son ouvrage L'Œdipe originaire, le psychanalyste Claude Le Guen, a par ailleurs décrit un « œdipe originaire » correspondant à une première structure triangulaire mettant en jeu le sujet naissant, sa mère et un tiers qui suscite une peur de l'étranger qui expliquerait, au 8e mois chez l'enfant, un tel sentiment pour l'Autre[H 23]. Un autre psychanalyste, André Green a ainsi poursuivi et complété cette relation à trois actants. Enfin, il existe des organisations non œdipiennes, étudiées de longue date par la psychanalyse, et qui donc remettent en cause partiellement l'universalité du complexe. Ainsi, le vaste champ des structures perverses, des autismes, des psychoses enfin, infantiles ou adultes a été pris comme preuve pour récuser sa centralité dans la constitution de la personnalité[H 24].
Critiques
Depuis les débuts de la psychanalyse jusqu'à ses développements les plus récents, le complexe d'Œdipe a été critiqué.
Le psychanalyste Otto Rank le range ainsi derrière le traumatisme de la naissance, alors que le psychiatre Carl Gustav Jung en refuse la primauté. Le désir de l'enfant pour la mère dans la vision jungienne n’est en effet pas relatif à l'inceste et n'est pas restreint au seul complexe d'Œdipe[F 8]. D'autres l'ont ramené à un principe moral limité à la bonne société viennoise, émanant de l'état d'esprit de Freud lui-même alors que Heinz Kohut l'a minimisé au sein de ses théories sur le narcissisme. Il reste avec l'inconscient et les théories sur la sexualité infantile, une des pierres d'achoppement à la fois entre psychanalystes et entre ces derniers et leurs opposants plus ou moins radicaux.
Débat sur l’universalité de l’Œdipe
L'universalité de ce complexe, par-delà les différences culturelles, a fait très tôt l'objet de critiques d'ethnologues.
Bronisław Malinowski
Ainsi, l'école culturaliste (Bronisław Malinowski, Margaret Mead et Ruth Benedict) est en opposition directe avec le postulat freudien. Le premier à émettre de telles critiques est Malinowski, à partir d’un programme d'étude mené[P 5] après la Première Guerre mondiale sur les mœurs sexuelles en Mélanésie, et qu'il synthétise dans son ouvrage La Sexualité et sa répression dans les sociétés primitives (1921). Son observation des populations des îles Trobriand révèle en effet une configuration socioculturelle qui, fondée sur un mode de parenté matrilinéaire, n’a rien à voir avec celle de la civilisation européenne. Or, puisque le complexe d'Œdipe tel que le décrit Freud suppose une identité entre le père biologique (avec lequel la mère échange un amour que l'enfant jalouse) et la figure autoritaire (qui s'interpose entre l'enfant et la mère), la notion de complexe d'Œdipe semble indissociable d'une forme familiale précise, dite « nucléaire », où le père, la mère et les enfants vivent sous le même toit et dans laquelle le père biologique exerce l'autorité sur l'enfant. Aussi, et contrairement au postulat de Freud, cette forme d'organisation familiale n'a rien d'universel comme observé par Malinowski : dans de nombreuses cultures, le dépositaire de l'autorité vis-à -vis de l'enfant n'est pas le père mais est par exemple l'oncle maternel dans les îles Trobriand[14]. De là découle une fragilisation de l'édifice freudien, où il apparaît comme une hérésie d'associer le partenaire sexuel de la mère et la figure exerçant l'autorité sur l'enfant.
Les travaux de Malinowski sont contestés par Géza Róheim, qui entame en 1928 un voyage de quatre ans en Somalie et en Australie, à l'issue duquel il conclut à l’universalité du complexe d’Œdipe dans son article « Psychanalyse des cultures primitives » (1932), repris en 1950 dans son ouvrage Psychanalyse et anthropologie. Cependant, la façon dont Róheim procède est fortement critiquée par le psychanalyste Wilhelm Reich, dans un appendice qu’il ajoute en 1934 à son livre L'Irruption de la morale sexuelle. Il lui reproche son manque de rigueur ethnographique et d’avoir inféré gratuitement certaines conclusions à partir de l’étude de rêves d’autochtones peu coopératifs. Il accuse surtout le caractère prédéterminé du projet de Róheim. Selon Reich, c’est l'ambition de prouver l’universalité de l'Œdipe qui lui en a fait voir les manifestations partout. Ces reproches furent aussi adressés à Ernest Jones, qui tenta de défendre le point de vue de Róheim mais en vain, et sans avoir au préalable intégré, lui non plus, les données ethnographiques.
Claude LĂ©vi-Strauss
Claude Lévi-Strauss, dans son ouvrage Les Structures élémentaires de la parenté (1949), soutient que la prohibition de l'inceste est au fondement de toutes les cultures humaines. Pour l'approche psychanalytique, l'existence d'un tel tabou cadre parfaitement avec l'Œdipe[H 25]. Néanmoins, l'ethnologue trouve pour le moins abusif que Freud fonde l'essentiel de la psychologie humaine sur une « pièce de théâtre de Sophocle » et souligne non seulement un usage abusif du code sexuel chez lui mais, de façon plus fondamentale, une incapacité à trancher « entre une conception réaliste et une conception relativiste du symbole »[15]. Dans son ouvrage La Potière jalouse (1985), il rassemblera ses critiques et rédigera une « contre-explication » parodique où il fait dériver tout ce concept d'une pièce d'Eugène Labiche, Un chapeau de paille d'Italie.
Bardo Thödol
Le Livre des morts tibétain décrit le complexe dans le cadre du processus de mort et de la croyance en la renaissance : « Si tu es pour renaître mâle, l'apparence du mâle surgissant, une forte colère à l'égard du père naîtra en toi, tandis qu'à la vue de la mère naîtront convoitise et désir concupiscent. Si tu es pour renaître femelle, l'apparence de ta propre mère émergeant, naîtront avec force jalousie et envie, tandis qu'à la vue du père naîtront avec désir concupiscent et affection. Du fait de ces conditions, tu emprunteras le chemin de la matrice, et là même où se rencontrent les gouttes essentielles blanche et rouge, ta conscience, éprouvant simultanément une expérience de joie, s'évanouira dans cet état agréable[16]. »
Critique de la réalité de l’Œdipe
Critique de la compréhension du mythe
Dans Mythe et tragédie en Grèce ancienne l'historien et anthropologue français, spécialiste de la Grèce antique, Jean-Pierre Vernant dénonce les contresens et l'anachronisme de l'interprétation psychanalytique du mythe grec ainsi que dans un article de 1967 intitulé « Œdipe sans complexe »[4]. Pour Vernant, Freud synthétise le mythe en un schéma par trop simplificateur. Il n'inscrit pas le mythe d'Œdipe dans la mythologie grecque dans son ensemble. Le raisonnement freudien est donc selon lui un « cercle vicieux », principalement parce que Freud interprète le mythe grec avec une mentalité contemporaine, sans effectuer un travail de contextualisation historique[17]. Il précise : « des relations du type œdipien, au sens moderne du terme, entre Œdipe et Jocaste auraient été directement contre l'intention tragique de la pièce centrée sur le thème du pouvoir absolu d'Œdipe et de l'hybris qui nécessairement en découle »[18].
Il existe d'autres versions de l'histoire d'Œdipe et de son père Laïos au sein de celle des Labdacides : Alors que Laïos, fils de Labdacos, était encore jeune, le régent Lycos fut tué par Zéthos et Amphion, qui s'emparèrent de Thèbes : Laïos s'enfuit et trouva refuge chez Pélops où il s'éprit du jeune Chrysippos, fils de Pélops, qu'il enleva « inventant ainsi (au moins selon certains) les amours contre nature ». Selon une autre version de l'histoire, Œdipe et son père « aimèrent tous deux Chrysippos, et se le disputèrent »: au cours de cette rivalité, Œdipe tua Laïos, « première manifestation de la malédiction de Pélops ou bien de la colère d'Héra devant ces amours criminelles »[19].
Dans L’Homme aux statues. Freud et la faute cachée du père (1979, réédition 2014), ouvrage issu de son projet de thèse, l'autrice et psychanalyste Marie Balmary soutient que Freud a construit sa théorie du complexe d’Œdipe sur l’abandon d'une théorie qui aurait présenté les pères comme incestueux et indignes, et que cet abandon s'est traduit par l'oubli, de la part de Freud, de la partie du mythe d'Œdipe présentant la faute originelle de Laïos[20],[21]. Commentant cet ouvrage, Josué V. Harari estime qu'il remet en cause la notion de complexe d’Œdipe[22].
Dans le cadre de familles non monoparentales
De manière générale, la question de la validité du complexe d'Œdipe continue de nourrir un vif débat dans le contexte social actuel, qui voit se développer en Occident des formes nouvelles de la famille (en particulier la monoparentalité, la famille adoptive, la famille recomposée, l'homoparentalité). De nombreux psychanalystes tentent d'aménager la notion théorique de complexe d'Œdipe aux cas de figure où l'autorité paternelle s'avère absente, intermittente, ou partagée entre plusieurs pères. Se fondant sur la notion d'entitlement[Note 5], le psychanalyste Arnold Rothstein explique par exemple que des enfants en souffrance nourrissent l'illusion d'être toujours en symbiose avec leur mère[23].
Des Ă©tudes de genre
Par ailleurs, au sein des Gender Studies, la féministe américaine Judith Butler, tout en reconnaissant l'apport freudien, critique l'unilatéralité sexuelle du complexe d'Œdipe. Dans son ouvrage Gender Trouble (1990)[F 9] elle critique la conception freudienne d'une bisexualité sans véritable homosexualité telle qu'elle est présentée dans Le moi et le ça[24].
Selon Didier Eribon, le livre L'Anti-Œdipe de Deleuze et Guattari est « une critique de la normativité psychanalytique et de l’Œdipe (…) » et « (…) une mise en question dévastatrice de l'œdipinianisme (…) »[25]. Eribon considère que le complexe d’œdipe de la psychanalyse freudienne ou lacanienne, est une « invraisemblable construction idéologique » qui est un « processus d'infériorisation de l'homosexualité »[26].
De la réalité empirique
Selon le psychologue social Armand Chatard, la représentation freudienne du complexe d’Œdipe n'est selon certains chercheurs peu ou pas étayée par des données empiriques[27]. Cette remarque est partagée par Mikkel Borch-Jacobsen, qui dans Folies à Plusieurs. De l'hystérie à la dépression (2002), récipiendaire du « Prix de la Psyché » de l'Association française d'études et de recherches psychiatriques, souligne que Freud affirme sa théorie œdipienne de façon parfaitement arbitraire, en dehors de tout matériel clinique (si ce n'est celui, particulièrement suspect, fourni par son autoanalyse), afin de trouver une explication ad hoc aux récits de séduction paternelle de ses patients[28].
Renée Spencer, travailleuse sociale rattachée à l'université de Melbourne, dans un article d'opinion, conclut, de sa revue multidisciplinaire de la littérature, que le concept de complexe d'Œdipe n'est pas valide : « À la lumière des recherches contemporaines en psychologie cognitive, des considérations psychosociales, du développement de l'enfant et des pratiques tenant compte des traumatismes, il est possible de prouver que les idées freudiennes sont faillibles »[29]. Elle souligne entre autres que le mythe d’Œdipe ne contient aucun élément relatif à un fantasme d'Œdipe sur sa mère pendant son enfance[30].
Notes et références
Notes
- En 1927, Freud voit également dans l'œuvre de Fiodor Dostoïevski, Les Frères Karamazov la représentation de la pulsion de mort
- La plupart des cas pratiques, ainsi que les constatations théoriques, élaborés par Freud sont recueillies dans l'ouvrage Cinq psychanalyses (1909).
- Dans la théorie freudienne du complexe de castration, l'organe mâle « n'est pas seulement une réalité »: il joue « un rôle prévalent […] en tant que symbole, dans la mesure où son absence ou sa présence transforme une différence anatomique en critère majeur de classification des êtres humains, et dans la mesure où, pour chaque sujet, cette présence ou cette absence ne va pas de soi, […] mais est le résultat problématique d'un processus intra et intersubjectif (assomption par le sujet de son propre sexe) » (Laplanche et Pontalis 2009, p. 311, entrée « phallus »).
- Après Freud, ses successeurs vont accorder un intérêt croissant à ces organisations dites « prégénitales », conditionnant le narcissisme primaire, la fondation du sujet ou encore l'autoérotisme. Anna Freud, mais encore Melanie Klein, Donald Winnicott, des pédopsychiatres comme Margaret Mahler, Donald Meltzer, Frances Tustin, Serge Lebovici, René Diatkine ou encore Daniel Stern vont ainsi centrer leurs théories autour de ses stades premiers, et où domine la relation mère-enfant.
- L'entitlement exprime l'autosuggestion que l'enfant met en place après avoir vécu des maltraitances. Il s'agit d'une stratégie défensive avant tout. Ce vécu douloureux lui accorde des libertés sur les autres et l'enferme dans une logique narcissique.
Références
Ouvrages utilisés
- Alain de Mijolla, Dictionnaire international de la psychanalyse : concepts, notions, biographies, oeuvres, événements, institutions, Paris, Calmann-Lévy, , 2017 p. (ISBN 2-7021-2530-1) Entrée « Complexe d'Œdipe » par Roger Perron, pp. 334-337 et autres entrées connexes
- p. 334.
- Entrée « complexe d'Œdipe », par Roger Perron p. 334.
- Entrée « complexe », par Roger Perron, p. 350.
- p. 335.
- p. 334.
- p. 335.
- p. 335.
- p. 335.
- « Ce qui disparaît, c'est le conflit œdipien sous sa forme infantile, et non le mode d'organisation qui en résulte », p. 335.
- p. 336.
- « (...) l'angoisse de castration sera le moteur essentiel (...) elle est ce qui fait sortir le garçon de la crise œdipienne aiguë à la phase phallique [alors qu'elle est pour la fille] ce qui la fait entrer dans la crise œdipienne », p. 336.
- Excepté Totem et Tabou et Vue d'ensemble des névroses de transfert (publié à titre posthume) note Roger Perron, p. 335.
- p. 334.
- Roger Perron précise que ces phases sont appelées plus volontiers « organisations » par les successeurs de Freud, p. 335.
- p. 335.
- p. 336.
- p. 334.
- Entrée « Complexe nucléaire », par Roger Perron, p. 339.
- p. 336.
- p. 336.
- p. 336-337.
- Entrée « Complexe d'Œdipe précoce » par Robert D. Hinshelwood, p. 338-339.
- p. 337.
- p. 337.
- p. 337.
- Henri F. Ellenberger, Histoire de la découverte de l'inconscient, Paris, Fayard, , 975 p. (ISBN 978-2-213-61090-0 et 2-213-61090-8)
- p. 525.
- p. 524.
- p. 535-536.
- p. 545.
- p. 532.
- p. 533.
- p. 552.
- p. 714-715.
- Judith Butler, Trouble dans le genre, pour un féminisme de la subversion, La Découverte, 2005, chapitre « Complexité du genre et limites de l’identification ».
- Sigmund Freud, Cinq leçons sur la psychanalyse, Payot, coll. « Petite bibliothèque Payot », (réimpr. 2001) (ISBN 2-228-88126-0) traduit de l'allemand par Serge Jankélévitch
- « (...) quel que soit le sens dans lequel on se décide, le psychanalyste prend le mot de sexualité dans une acception totale, à laquelle il a été conduit par la constatation de la sexualité infantile », p. 55.
- p. 55.
- « Le « mythe du roi Œdipe » qui tue son père et prend sa mère pour femme est une manifestation peu modifiée du désir infantile contre lequel se dresse plus tard, pour le repousser, la « barrière de l'inceste » », p. 56.
- « Le mot « complexe », terme commode, souvent indispensable pour la description d'ensemble de situations psychologiques, s'est acquis droit de cité dans la psychanalyse », p. 99.
- p. 56.
- p. 57.
- Sigmund Freud, Introduction à la psychanalyse, Payot, coll. « Petite bibliothèque Payot », (réimpr. 1960), 443 p. traduit de l'allemand par Serge Jankélévitch
- p. 168.
- p. 169.
- p. 169.
- Claude Le Guen, Dictionnaire freudien, Paris, Presses Universitaires Françaises, , 1719 p. (ISBN 978-2-13-055111-9) Entrée « Complexe d'Œdipe et complexe de castration », p. 273-312
- p. 277.
- p. 277-278.
- p. 278
- p. 279.
- Freud, cité par Claude Le Guen, p. 280.
- p. 282.
- p. 283.
- p. 282-283.
- p. 284.
- p. 285.
- Claude Le Guen précise que selon Freud le déclin du complexe est inscrit dans l'hérédité de l'espèce, p. 285.
- p. 288.
Autres sources utilisées
- Lettre à Wilhelm Fliess du 15 octobre 1897 in Lettres à Wilhelm Fliess 1887-1904, PUF, Coll. « Bibliothèque de psychanalyse », 2006, (ISBN 978-2-13-056279-5), p. 344.
- Dominique Giovannangeli, Métamorphoses d'Œdipe : un conflit d'interprétations, De Boeck Université, 2001, (ISBN 9782804138219), p. 14.
- Freud, L'interprétation du rêve, OCF.P, IV, PUF/Quadrige, 2010, p. 301.
- Freud, cité par Élisabeth Roudinesco et Michel Plon, in Dictionnaire de la psychanalyse, entrée « Œdipe », Fayard, 1997, (ISBN 2-213-60424-X), p. 757-761.
- « En 1905, Freud avait publié ses Trois essais sur la théorie de la sexualité. Ce qu'il avait dégagé à partir d'une réflexion sur l'analyse de sujets adultes devait l'amener, dans ses recherches, à établir la validité de ses observations en reprenant directement les informations tirées de la biographie d'un enfant. Cette préoccupation eut pour résultat la publication, quatre ans plus tard, de L'analyse d'une phobie chez un garçon de cinq ans, travail riche en concepts féconds et qui, aux yeux de Freud, semblait démontrer le rôle pathogène du complexe d'Œdipe », in Erich Fromm, Grandeur et limites de la pensée freudienne, Laffont, Paris, 1980, p. 95.
- Freud, 1905, Trois essais sur la théorie sexuelle, Gallimard, 1987,p. 170
- Freud, Le Moi et le ça, 1923, in Essais de psychanalyse, Payot, 1963, p. 200‑202
- « On pourrait aussi concevoir que le complexe d’Œdipe doit tomber parce que le temps de sa dissolution est venu tout comme les dents de lait tombent quand poussent les dents définitives », in Sigmund Freud, « La disparition du complexe d’Œdipe », 1923, consultable en ligne sur le site megapsy.com. Consulté le 26 février 2010.
- Erich Fromm, Grandeur et limites de la pensée freudienne, Laffont, Paris, 1980, p. 51-52.
- Georges Politzer, Critique des fondements de la psychologie, Presses Universitaires de France, Coll. « Quadrige », (ISBN 2130535488).
- Tran-Thong, « Stades et concept de stade de développement de l'enfant dans la psychologie contemporaine », in revue Études de psychologie et de philosophie, vol. 17, Vrin, 1986, (ISBN 9782711607112), p. 114.
- Vandermersch Chemam, « Œdipe (complexe d') », dans Dictionnaire de la psychanalyse, Larousse, .
- Freud S. 1910, Un souvenir d'enfance de Léonard de Vinci, Gallimard, 1987, pp. 55-87
- « Appliquant à chacune de ces deux sociétés une formule brève, mais quelque peu vague, nous pouvons dire que le complexe d'Œdipe comporte le désir de tuer le père, pour épouser la mère, tandis que dans la société trobriandaise, matrilinéaire, il comporte le désir d'épouser la sœur et de tuer l'oncle maternel » explique Bronislaw Malinowski, in La Sexualité et sa répression dans les sociétés primitives, Payot, 1976, p. 52.
- Emmanuel Désveaux, Du Dénicheur à la potière, L'Homme, Année 1986, 97-98, pp. 11-18
- Le Livre des morts tibétain (trad. Philippe Cornu), Buchet-Chastel, , p. 477 et 456
- Jean-Pierre Vernant et Pierre Vidal-Naquet, « Œdipe sans complexe », in Œdipe et ses mythes, Historiques, vol. 43, p. 2.
- Jean-Pierre Vernant, Mythe et tragédie en Grèce ancienne, Maspéro. 3e éd. 1977, p. 95
- Pierre Grimal, Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine, entrée: « Laïos », Paris, P.U.F., 10e édition, p. 248.
- Marie Balmary, L'homme aux statues, Grasset, (ISBNÂ 978-2-246-07519-6, lire en ligne) .
- Danièle Deschamps, Traversées du trauma: Aux frontières de la clinique psychanalytique, De Boeck Supérieur, (ISBN 978-2-8041-0398-9, lire en ligne), p. 204 .
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- Marie-Christine Saint-Jacques, Séparation, monoparentalité et recompostition familiale : bilan d'une réalité complexe et pistes d'action, Presses Université Laval, 2004, (ISBN 9782763781433), p. 58.
- Claire Pagès, « D’où vient le genre ? Freud, Darwin Butler », Cahiers de l'École Doctorale. Consulté le 12 mars 2010.
- Didier Eribon, "Échapper à la psychanalyse", Éditions Léo Scheer, 2005, p. 14
- Réflexions sur la question gay, Paris, Fayard, 1999. (ISBN 2213600988), p. 129
- Armand Chatard, « La construction sociale du genre », VEI Diversité, no 138,‎ , p. 23-30 (lire en ligne)
- Mikkel Borch-Jacobsen, Folies à Plusieurs. De l'hystérie à la dépression, Les Empêcheurs de penser en rond, 2002
- (en) Renée Spencer, « Freud’s Oedipus Complex in the #MeToo Era: A Discussion of the Validity of Psychoanalysis in Light of Contemporary Research », Philosophies, vol. 5, no 4,‎ , p. 27 (DOI , lire en ligne, consulté le ) .
- Citation originale : "there are no indications of Oedipus having sexual fantasies towards his mother as a child, and the overt response to realising an incestual connection had occurred is one of disgust and anguish".
Sources citées mais non utilisées
- Sur ce sujet de l'auto-analyse de Freud comme moyen de découverte du complexe, lire : Didier Anzieu, L'Auto-analyse de Freud et la découverte de la psychanalyse, PUF, Coll. « Bibliothèque de psychanalyse », 1988, (ISBN 2-13-042084-2) et en particulier le chapitre 3 « La découverte du complexe d'Œdipe », p. 93-186.
- Sigmund Freud, Fragment d'une analyse d'hystérie : Dora, in Cinq psychanalyses, Presses Universitaires de France, 2001, Coll. « Bibliothèque de psychanalyse », (ISBN 978-2130456209).
- Freud, Analyse d'une phobie d'un petit garçon de cinq ans : Le Petit Hans, 1909, PUF, 2006, (ISBN 2130516874).
- Pour plus de détails lire : Robert Stoller, « Faits et hypothèses : un examen du concept freudien de bisexualité », in Jean-Bertrand Pontalis, Pierre Fédida, Wilhelm Fliess, André Green, Joyce McDougall, Masud R. Khan, Robert Stoller, Bisexualité et différence des sexes, Gallimard-folio, no 359, 2000, (ISBN 2070411869).
- Bronisław Malinowski, La Sexualité et sa répression dans les sociétés primitives, 1921, Payot, 2001, (ISBN 2-228-89373-0), disponible en texte intégral sur le site des Classiques des sciences sociales. Consulté le 26 février 2010.
Voir aussi
Bibliographie
Domaine psychanalytique
Textes de référence
- Lettres à Wilhelm Fliess 1887-1904, dans: Naissance de la psychanalyse, recueil de lettres envoyées par Freud, et manuscrit de Esquisse pour une psychologie scientifique, PUF 1956 ; La naissance de la psychanalyse, PUF, 1979,
- Lettres à Wilhelm Fliess 1887-1904, Édition complète, traduit par Françoise Kahn et François Robert, Paris, PUF, 2006, lettres à Wilhelm Fliess du 21 septembre 1897 (« L'abandon de la Neurotica / des neurotica ») et du 15 octobre 1897: p. 334-337, 342-346 (ISBN 2130549950).
- Sigmund Freud,
- L'Interprétation du rêve, traduit par Janine Altounian, Pierre Cotet, René Laîné, Alain Rauzy et François Robert, OCF.P, Tome IV, P.U.F., 2003, (ISBN 213052950X) ; dans Quadrige / P.U.F., 2010, p. 301-304 (ISBN 978-2-13-053628-4).
- Trois essais sur la théorie sexuelle (1905), Gallimard, collection Folio, 1989, (ISBN 2070325393),
- Analyse d'une phobie d'un petit garçon de cinq ans : Le Petit Hans (1909), PUF, 2006 (ISBN 2130516874),
- Un Type particulier de choix d'objet chez l'homme (1910), in Psychologie de la vie amoureuse, Payot, coll. "Petite Bibliothèque Payot", 2010 (ISBN 2228905526)
- Totem et tabou (1913), Payot, coll. "Petite Bibliothèque Payot", 2004, (ISBN 2228894079).
- « La disparition du complexe d'Oedipe » (Der Untergang des Ödipuskomplexes, 1924), dans OCF.P vol. 17 : 1923-1925, Paris, PUF, 1992 (ISBN 2-13-044302-8)
- Melanie Klein,
- Les Stades précoces du conflit œdipien (1928), in Essais de psychanalyse, Payot, 1968,
- Le Complexe d'Œdipe, Payot, coll. "Petite Bibliothèque Payot", 2006, (ISBN 2228900680).
- Ernest Jones, Hamlet et Œdipe (1948), préface de Jean Starobinski, Gallimard 1967.
- Recueil de textes de Sigmund Freud, Didier Anzieu, Ernest Jones et alii, L'Ĺ’dipe, un complexe universel, Sand & Tchou, 2004, (ISBNÂ 2710705885).
Études
(Dans l'ordre alphabétique des noms d'auteurs)
- Cléopâtre Athanassiou-Popesco, Un Étrange itinéraire psychanalytique : Œdipe roi, Hublot, 1999, (ISBN 2912186099)
- Guy Cabrol (dir.), Actualité de l'Œdipe, monographie de la Revue française de psychanalyse, PUF, 2007, (ISBN 9782130564065).
- Gisèle Chaboudez, « L’Œdipe de Lacan », Figures de la psychanalyse, 2015/1 (no 29), p. 47-60. DOI : 10.3917/fp.029.0047. [lire en ligne]
- François Duparc (dir.), Collectif, Michel Fain, La Censure de l'amante et autres préludes à l'œuvre de Michel Fain [actes du colloque d'Annecy, 24 avril 1998], Delachaux & Niestle, 1999, (ISBN 2603011626). Site de la librairie Payot consulté le 25 août 2020 [lire en ligne]
- Claude Le Guen : L'Œdipe originaire, Payot, 1974, (ISBN 2228216909).
- J. Laplanche et J.-B. Pontalis, Vocabulaire de la psychanalyse, Paris, PUF, coll. « Quadrige », , 13e éd. (1re éd. 1967), 523 p. (ISBN 978-2-13-056050-0) , entrées : « Complexe de castration », « Complexe d'Oedipe », « Envie du pénis » et « phallus ».
- Moustapha Safouan, Études sur l'Œdipe, Paris, Seuil, 1974.
Bibliographie critique et générale
(Dans l'ordre alphabétique des noms d'auteurs)
- Mark Anspach, Œdipe mimétique, Paris, L'Herne, 2010.
- Dominique Giovannangeli, Métamorphoses d'Œdipe, un conflit d'interprétations, Bruxelles, De Boeck, 2002, (ISBN 2-8041-3821-6). [lire en ligne]
- René Girard, La Violence et le Sacré, Grasset, 1972, (ISBN 2246000513)
- Jeffrey Moussaieff Masson, Enquête aux archives Freud, des abus réels aux pseudo-fantasmes, Paris, L'Instant présent, 2012.
- Annick de Souzenelle, Œdipe intérieur, Albin Michel, 1999.
- Jean-Pierre Vernant, « Œdipe sans complexe » in Mythe et tragédie en Grèce ancienne, La découverte, 1972, (ISBN 2707144231).
- Jean-Pierre Vernant et Pierre Vidal-Naquet, Ĺ’dipe et ses mythes, Complexe, 2006.
Articles connexes
Liens externes
- (fr) Le mythe d'Ĺ’dipe sur le portail de la psychanalyse francophone
- (fr) Ĺ’dipe en Voyages Article de patrick Fermi exposant les variations culturelles du mythe au Japon, en Afrique et dans le monde musulman.
- (fr) Œuvres de Sigmund Freud en textes intégraux sur le site Les Classiques des Sciences Sociales