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Trois essais sur la théorie sexuelle

Trois essais sur la théorie sexuelle (en allemand : Drei Abhandlungen zur Sexualtheorie) est un ouvrage de Sigmund Freud paru en 1905 dans lequel il expose ses théories sur la sexualité, en particulier chez l'enfant[1].

Trois essais sur la théorie de la sexualité
Image illustrative de l’article Trois essais sur la théorie sexuelle

Auteur Sigmund Freud
Pays Autriche
Genre Psychanalyse
Version originale
Langue Allemand
Titre Drei Abhandlungen zur Sexualtheorie
Éditeur Franz Deuticke,
Lieu de parution Leipzig-Wien.
Date de parution 1905
Version française
Traducteur Blanche Reverchon-Jouve et Bernard Groethuysen
Éditeur Gallimard
Lieu de parution Paris
Date de parution 1923

Histoire du livre

Selon James Strachey, « ce livre constitue après L'interprétation des rêves, la contribution de Freud “la plus importante et la plus originale au savoir humain” ». Roger Perron considère que l'importance du livre tient au fait qu'il a « accompagné et favorisé, en ce qui concerne la sexualité, une profonde modification des modes de pensée, des pratiques éducatives et même des conduites ». L’« impact public » des Trois essais fut « amplifié par un certain parfum de scandale » dans « un début de XXe siècle officiellement pudibond »[2]. Le biographe de Freud Ernest Jones écrit : « Comment pardonner cette attaque contre l'innocence de l'enfance? »[3].

Selon Henri Ellenberger[4] et Norman Kiell (qui a réuni les comptes rendus d'accueil de ce livre de Freud), l'ouvrage a cependant bénéficié d'appréciations favorables[5]. Parmi dix-sept comptes rendus en langue allemande, d'Allemagne, d'Autriche, de Hongrie ou de Suisse, et en langue anglaise d'Angleterre ou des États-Unis, seulement trois lui ont été défavorables, les autres lui étant favorables ou enthousiastes comme ceux du criminologue Paul Naecke, de l’écrivain féministe Rosa Mayreder, du neurologue Albert Eulenberg, et aussi du médecin Magnus Hirschfeld ou du psychiatre Adolf Meyer[4]. Kiell rapporte également que, que Die Fackel (La Torche), le journal de Karl Kraus, systématiquement opposé à la psychanalyse, a ouvert une exception de taille par rapport aux Trois essais. Le signataire du compte rendu, paru le , Otto Soyka, a même été invité à devenir membre de la Société psychanalytique de Vienne, invitation qu'apparemment il déclina.

D'après Élisabeth Roudinesco et Michel Plon, si Freud et l’historiographie officielle parlèrent de « réaction de rejet », c'est que l'ouvrage « ne fut pas reçu, lors de sa publication, comme le livre inaugural d'une théorie entièrement nouvelle de la sexualité humaine » — ce qu'il était —, mais seulement « comme un ouvrage savant parmi d'autres »[6].

Ce n'est pas la parution des Trois essais qui déclencha la croisade anti-freudienne assimilant la psychanalyse à un pansexualisme; ce furent des événements plus tardifs (et néanmoins liés à ce qu'avançait l'ouvrage) comme la publication de l’analyse du petit Hans, le développement international du mouvement psychanalytique ou la rupture avec Carl Gustav Jung à propos de la libido. Les Trois essais allaient faire dès lors l’objet de critiques grandissantes et successives en raison, selon Plon et Roudinesco « des passages sur les théories sexuelles infantiles et sur la disposition perverse polymorphe »[7].

Freud n'aura d'ailleurs jamais autant remanié un de ses livres que celui-ci notent ils : entre 1905 et 1920, il y eut quatre éditions avec des profondes modifications à chaque publication[8].

« Le scandale des Trois Essais », écrivent ainsi Roudinesco et Plon, « réside dans l'abandon de la conception sexologique de la sexualité [...] pour une approche psychique du sexuel. [...] En arrachant la libido sexualis à la jouissance des médecins, Freud en fait le déterminant majeur de la psyché humaine »[9].

De la première édition aux ajouts ultérieurs

Les Trois essais « ont été, avec L'interprétation du rêve, l'un des deux livres que Freud a le plus relus et révisés, de la 2e édition, parue en 1910, jusqu'à l'édition publiée en 1924 dans les Gesammelte Schriften »[10].

« Les changements les plus significatifs datent de 1915 »: sont alors ajoutées dans le 2e essai les sections 5 (La recherche sexuelle infantile) et 6 (Phases de développement de l'organisation sexuelle). Dans le 3e essai, Freud ajoute la section 3 (La théorie de la libido)[11].

Le marquage des OCF.P permet de lire « comme un écrit indépendant les “Trois essais de 1905” et de constater que les “ajouts” ultérieurs, loin de concorder avec l'état originel, y introduisent des incohérences » dont Freud s'est d'ailleurs rendu compte[11].

Composition de l'ouvrage

Les « trois essais Â» portent sur les sujets suivants[12]:

  • Ier essai. — « Les aberrations sexuelles Â»
    • DĂ©viations par rapport Ă  l'objet sexuel
    • DĂ©viations par rapport au but sexuel
    • GĂ©nĂ©ralitĂ©s sur l'ensemble des perversions
    • La pulsion sexuelle chez les nĂ©vrosĂ©s
    • Pulsions partielles et zones Ă©rogènes
    • Explication de l'apparente prĂ©pondĂ©rance d'une sexualitĂ© perverse dans les psychonĂ©vroses
    • Amorce de l'infantilisme de la sexualitĂ©
  • IIe essai. — « La sexualitĂ© infantile Â»
    • La pĂ©riode de latence sexuelle de l'enfance et ses interruptions
    • Les manifestations de la sexualitĂ© infantile
    • Le but sexuel de la sexualitĂ© infantile
    • Les manifestations sexuelles masturbatoires
    • La recherche sexuelle infantile
    • Phases de dĂ©veloppement de l'organisation sexuelle
    • Sources de la sexualitĂ© infantile
  • IIIe essai. — « Les reconfigurations de la pubertĂ© Â»
    • Le primat des zones gĂ©nitales et le plaisir prĂ©liminaire
    • Le problème de l'excitation sexuelle
    • La thĂ©orie de la libido
    • DiffĂ©renciation entre homme et femme
    • La trouvaille de l'objet

Traductions en français

  • Trois essais sur la thĂ©orie de la sexualitĂ©, traduit par B. Reverchon-Jouve, Paris, Gallimard, 1923.
  • MĂŞme titre, trad. revue par J. Laplanche et J.-B. Pontalis, Paris, Gallimard, 1962.
  • Trois essais sur la thĂ©orie sexuelle, traduit par Ph. Koeppel, avec une prĂ©face de M. Gribinski, Paris, Gallimard, 1987.
  • Trois essais sur la thĂ©orie sexuelle, Traducteurs: P. Cotet, F. Rexand-Galais, OCF.P, VI, Paris, PUF, 2006 (ISBN 2 13 053947 5); avec une prĂ©face de François Robert, PUF/Quadrige, 2010 (ISBN 978-2-13-057953-3) Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Trois essais sur la thĂ©orie sexuelle 1905-1924, traduction de l’allemand, notes et notice terminologique de Fernand Cambon, Introduction d'Alain Vanier, Vie et Ĺ“uvre de Freud par Jacques SĂ©dat, Paris, Flammarion, 2011[13].
  • Trois essais sur la thĂ©orie sexuelle, traduction inĂ©dite par Olivier Mannoni, CĂ©dric Cohen Skalli et Aline Weill, prĂ©face de Sarah Chiche, Paris, Payot, coll. "Petite Bibliothèque Payot, 2014 (ISBN 978-2228910705).

Notes et références

  1. RaphaĂ«l Herr, « Petite lecture des « Trois essais sur la thĂ©orie sexuelle Â» », Le Portique. Revue de philosophie et de sciences humaines, Association Les Amis du Portique, no 10,‎ (ISSN 1283-8594, rĂ©sumĂ©, lire en ligne)
  2. Dictionnaire international de la psychanalyse (dir. Alain de Mijolla), entrée « Trois Essais sur la théorie sexuelle » (par Roger Perron), p. 1867.
  3. Ernest Jones, La vie et l'œuvre de Sigmund Freud, t. II, Paris, PUF, 1961, p. 13: cité dans la notice introductive aux Trois essais, OCF.P, VI, 2006, p. 61.
  4. Roudinesco et Plon 2011, p. 1587.
  5. N. Kiell, Freud Without Hindsight. Reviews of His Work (1893-1939), with translations from the German by Vladimir Rus and the French by Denise Boneau, International Universities Press, Inc, Madison, Connecticut, 1988.
  6. Roudinesco et Plon 2011, p. 1587-1588.
  7. Roudinesco et Plon 2011, p. 1588.
  8. Roudinesco et Plon 2011, p. 1588-1589.
  9. Roudinesco et Plon 2011, p. 1589.
  10. Notice introductive aux Trois essais, OCF.P, VI, 2006, p. 61-62: Pour faciliter au lecteur le repérage des ajouts des éditions successives des Trois essais, la traduction des OCF.P marque par un trait vertical dans la marge, avec les dates correspondantes entre crochets, « les additions au texte initial » qui doivent rendre compte, comme l'explique Freud en 1923 (dans « L'organisation génitale infantile », OCF.P, XVI), des « “progrès de notre connaissance” ».
  11. Notice introductive aux Trois essais, p. 60-62, in OCF.P, VI, 2006, cf. bibliographie.
  12. Voir sur le site des PUF pour l'édition Quadrige / PUF des OCF.P: . Consulté le 15 février 2016.
  13. Annonce de la publication sur le site du CRPMS-Université Paris Diderot:

Voir aussi

Bibliographie

  • Dans le Dictionnaire international de la psychanalyse (dir. Alain de Mijolla), entrĂ©e « Trois Essais sur la thĂ©orie sexuelle » (par Roger Perron), Paris, Hachette LittĂ©ratures, 2005. Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Elisabeth Roudinesco et Michel Plon, Dictionnaire de la psychanalyse, Paris, Fayard, coll. « La Pochothèque », (1re Ă©d. 1997), 1789 p. (ISBN 978-2-253-08854-7). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Jean Laplanche, « Les Trois Essais et la thĂ©orie de la sĂ©duction », dans Sexual — La sexualitĂ© Ă©largie au sens freudien 2000-2006, Paris, Quadrige / PUF, 2007, p. 241-256 (ISBN 978-2-13-055376 2)
  • Norman Kiell, Freud Without Hindsight. Reviews of His Work (1893-1939), International Universities Press, Madison, Connecticut, 1988, p. 297-326.

Articles connexes

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