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Clusia panapanari

Clusia panapanari est une espèce de plantes néotropicales du genre Clusia.

Clusia panapanari
Description de cette image, également commentée ci-après
échantillon type de Clusia panapanari collecté par Aublet en Guyane

Espèce

Clusia panapanari
(Aubl.) Choisy, 1824

Synonymes

  • Clusia colorans Klotzsch ex Engl.
  • Clusia microphylla Engl.
  • Quapoya panapanari Aubl. - Basionyme[1]


En Guyane, on le connait génériquement sous les noms de Bois roi, Zognon danbois (Créole), Pelepele (Wayãpi), Patakwik (Palikur), Apuf, Cebola-grande-do-mato (Portugais)[2].

On l'appelle Copeicillo au Venezuela[3].

Taxonomie

Clusia panapanari est l'espèce type de la section Quapoya du genre Clusia telle que désignée par Planchon & Triana[4].

Clusia panapanari serait étroitement apparentée à Clusia comans[3].

La phylogénie de Clusia panapanari a été étudiée[5].

Description

Clusia panapanari est un arbre terrestre ou épiphyte à lianescent, haut de 5–10 m. Dioïque, les pieds mâles et femelle sont séparés. Il produit un latex blanc.

Ses feuilles sont simples opposées. Le limbe est cartacé à coriace, à bases cunéiformes, de forme obovale à l'oblancéolée, longue de (3)8-12 cm. Les nervures secondaires sont indistincts sur la face inférieure, au contraire des canaux à latex bien visibles. Le pétioles est mince, long de 2–6(15) mm. Les bractées, bractéoles, sépales et staminodes sont rapidement caduques.

Les fleurs mâles présentent une androcée pentagonale, composée de nombreuses étamines et/ou staminodes noyées dans une structure résineuse à l'anthèse, avec les filets clavés à rudimentaires, les connectifs arrondis, et les anthères déhiscentes par une fente terminale.

Les fleurs femelles comporte 5 staminodes stérile (dépourvues d'anthères), (4)5 carpelles et stigmates, ces derniers sont papilleux, convexes, triangulaires à coins aigus.

Les jeunes fruit sont de forme ovoide-oblongue, longs d'environ cm pour 0,8 mm de diamètre. À maturité ils sont de forme ellipsoïde, longs de 8-14 mm pour 1–2 cm de diamètre, avec les stigmates longs de 1,5 à 3 mm formant une couronne à pointes acérées, et l'exocarpe terne, portant de nombreuses crêtes transversales. Chaque cellule de la capsule contient 3-6 graines[3] - [6].

Répartition

Clusia panapanari est présent du Venezuela à la Guyane en passant par le Guyana et le Suriname[3].

Écologie

Clusia panapanari pousse au Venezuela dans les forêts sempervirentes de basse altitude, et les ripisylves autour de 0–400 m d'altitude[3].

L'huile essentielle des fleurs de Clusia panapanari a été analysée : elle est caractérisée par l'abondance relative de dérivés d'acides gras (49,5%), d'isoprénoïdes (31,0%) et de Benzénoïdes (13,7%)[7].

Les fleurs de Clusia panapanari sont pollinisées à Manaus de 7h30 à 17h30-18h00, par des abeilles Trigonini (principalement Ptilotrigona Lurida), et rarement des Meliponini (Melipona Seminigra), qui collectent sa résine[8]. Une autre étude rapporte que ces fleurs sont principalement visitées par des Euglossini et des Meliponinae[9] - [10].

Les résines florales contiennent des dérivés de benzophénone[11].

Le latex de Clusia panapanari contient des dérivés d'acides gras (hexadécanol) et des isoprenoides (δ-Elemene, β-Elemene, (E)-α-Bergamontene, Aromadendrene, α-Humulene, γ-Muurolene, Germancrene D, Bicyclogermancrene, γ-Cadinene, δ-Cadinene, trans-γ-Bisabolene, Spathulenol, epi-α-Muurolol, Cubenol, et des traces d'α-Cadinene et de Khusimone)[12].

Usage

Clusia panapanari, comme les autres Clusia, est utilisé par les quimboiseurs Créoles, pour des usages magiques pour dominer d'autres personnes.

La décoction de Clusia panapanari est très utilisée en lavage externe chez les Palikur, pour soigner le sikgep (maladie signifiant « déchiré» et traduite par « blesse » ou coup en créole, correspondant à une douleur mobile en dessous des côtes, d'origine "magique" ou faisant suite à un effort excessif)[2]. Le latex est employé comme cicatrisant externe en cas de blessure ou après une opération chirurgicale[13]. On soigne les maux d'estomac par la consommation répétée sur plusieurs jours, d'une décoction d'écorce.

Les Clusia contiennent des tanins en abondance et les feuilles sont riches en flavonoïdes[2]. Les fleurs de Clusia produisent des résines contenant des benzophénones prénylées et des xanthones[14].

Protologue

Clusia panapanari (pl. 344) d'après Aublet, 1775
1. Feuille de grandeur naturelle. - 2. Bouton de fleur garni à ſa baſe de deux écailles. - 3. Écaille du calice ſéparée. - 4. Fleur épanouie. - 5. Fleur vue en deſſous. - 6. Étamines. - 7. Capſule. - 8. Capſule ouverte à cinq valves. Placenta. - Semences: - 9. Capſule coupée en travers. - 10. Placenta & ſemences. - 11. Placenta nud. - 12. Semences[15].

En 1775, le botaniste Aublet propose le protologue suivant[15] :

« QUAPOYA (Pana-panari). fructu oblongo. (Tabula 344.)
Hæc ſpecies differt à præcedenti foliis minùs craſſis ; floribus minoribus, pedunculo breviori innixis, fructu oblongo, craſſiori, ſubluteo.
Cortex vulneratus, & folia lacerata, ſuccum flavum, glutinoſum, effundunt, qui exſiccatus gummi guttam reſert, & ſimiliter in aqua ſolvitur.
Habitat in ſylvis Guiana.
Nomen Caribæum PANA-PANARI.


LE QUAPOYER à fruit oblong. (Planche 344.)
Cette eſpèce diffère de la précédente [Clusia scandens (Aubl.) J.E.Nascim. & Bittrich] par ſes feuilles moins épaiſſes, moins charnues, & moins grandes, par ſes fleurs plus ſerrées & plus rapprochées ſur un pédoncule commun, & par ſes fruits plus gros & plus allongés ; ceux-ci ſont repréſentés dans leur groſſeur naturelle. L'écorce & les feuilles de cet arbriſſeau, quand on les entame, laiſſent échapper un ſuc jaune qui, étant deſſéché, reſſemble à la gomme gutte, & ſe diſſout comme elle dans l'eau.
Cet arbriſſeau eſt appellé PANA-PANARI par les Galibis. »

Fusée-Aublet, 1775.

Notes et références

  1. Tropicos.org. Missouri Botanical Garden., consulté le 4 février 2022
  2. Pierre Grenand, Christian Moretti, Henri Jacquemin et Marie-Françoise Prévost, Pharmacopées traditionnelles en Guyane : Créoles. Wayãpi, Palikur, Paris, IRD Editions, , 663 p. (ISBN 978-2-7099-1545-8, lire en ligne), p. 310-311
  3. (en) John J. Pipoly III, Denis M. Kearns et Paul E. Berry, « 4. CLUSIA L., Sp. Pl. 509. 1753. », dans Julian A. Steyermark, Paul E. Berry, Kay Yatskievych, Bruce K. Holst, Flora of the Venezuelan Guayana, vol. 4, Caesalpiniaceae–Ericaceae, St. Louis, MISSOURI BOTANICAL GARDEN PRESS, , 799 p. (ISBN 9780915279524, lire en ligne), p. 211
  4. (fr + la) Jules Émile Planchon et José Jerónimo Triana, « Rengifa scandens, Nob. », Annales des Sciences Naturelles : Botanique, 4e série, vol. 14, , p. 236-238 (lire en ligne)
  5. (en) Mats H. G. Gustafsson et Volker Bittrich, « Evolution of morphological diversity and resin secretion in flowers of Clusia (Clusiaceae): insights from ITS sequence variation », Nordic journal of Botany, vol. 22, no 2, , p. 183-203 (DOI 10.1111/j.1756-1051.2002.tb01364.x, lire en ligne)
  6. Bassett Maguire, « The genus Clusia (Guttiferae) in Suriname », Acta botanica neerlandica, vol. 15, no 1, , p. 63–75 (lire en ligne)
  7. (en) Paulo C de L. Nogueira, Volker Bittrich, George J Shepherd, Ariadna V Lopes et Anita J Marsaioli, « The ecological and taxonomic importance of flower volatiles of Clusia species (Guttiferae) », Phytochemistry, vol. 56, no 5, , p. 443-452 (DOI 10.1016/S0031-9422(00)00213-2)
  8. (en) V. Bittrich et Maria C. E. Amaral, « Floral Biology of Some Clusia Species from Central Amazonia », Kew Bulletin, vol. 52, no 3, , p. 617-635 (lire en ligne)
  9. (en) Ana Claudia Kaminski et Maria Lúcia Absy, « Bees visitors of three species of Clusia (Clusiaceae) flowers in Central Amazonia » [« Abelhas visitantes de flores de três espécies de Clusia (Clusiacea) na Amazônia Central »], Acta Amaz., vol. 36, no 2, (DOI 10.1590/S0044-59672006000200016, lire en ligne)
  10. (pt) Ana Cláudia KAMINSKI, « Abelhas visitantes de três espécies de Clusia (Clusiaceae) para coleta de resinas florais, com ênfase em Ptilotrigona lurida (Smith 1854) (Hymenoptera, Apidae, Meliponini), na Reserva Florestal Adolpho Ducke, Manaus, Amazônia Central », UNIVERSIDADE DO AMAZONAS - UA - INSTITUTO NACIONAL DE PESQUISAS DA AMAZÔNIA - INPA, Manaus, , p. 60 (lire en ligne)
  11. (en) André L.M. Porto, Samı́sia M.F. Machado, Cecı́lia M.A. de Oliveira, Volker Bittrich, Maria do Carmo E. Amaral et Anita J. Marsaioli, « Polyisoprenylated benzophenones from Clusia floral resins », Phytochemistry, vol. 55, no 7, , p. 755-768 (DOI 10.1016/S0031-9422(00)00292-2)
  12. (en) CLAUDIO A.G. DA CAMARA, ANITA J. MARSAIOLI et VOLKER BITTRICH, « Chemical constituents of apolar fractions from fruit latex of twelve Clusia species (Clusiaceae) », An. Acad. Bras. Ciênc., vol. 90, no 2 suppl 1, (DOI 10.1590/0001-3765201820170257, lire en ligne)
  13. M-E. BERTON, « Les plantes médicinales chez les Amérindiens Palikurs de St Georges de l'Oyapock et Macouria (Guyane Française) », DEA Environnement, Temps, Espaces, Sociétés, Universités de Paris VII/Orléans, , p. 205
  14. (en) C. M. A DE OLIVEIRA, A LM. PORTO, V. BIITRICH et A.J. MARSAIOLI, « Two polyisoprenylated benzophenones from the floral resins of three clusia species », Phytocnemistry, vol. 50, , p. 1073-1079 (DOI 10.1016/S0031-9422(98)00476-2)
  15. Jean Baptiste Christian Fusée-Aublet, HISTOIRE DES PLANTES DE LA GUIANE FRANÇOISE, rangées suivant la méthode sexuelle, avec plusieurs mémoires sur les différents objets intéreſſants, relatifs à la culture & au commerce de la Guiane françoiſe, & une Notice des plantes de l'Iſle de France. volume II, Londres et Paris, P.-F. Didot jeune, Librairie de la Faculté de Médecine, quai des Augustins, (lire en ligne), p. 904-908

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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