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Bataille de Koufra

La bataille de Koufra est une bataille de la Seconde Guerre mondiale qui eut lieu en Libye du au . Elle opposa victorieusement les troupes françaises de la colonne Leclerc, composĂ©e de 350 hommes[1] et de 56 vĂ©hicules automobiles sous les ordres du colonel Philippe Leclerc, appuyĂ©e par les Britanniques du Long Range Desert Group, face aux Italiens de la compagnia sahariana (en) di Cufra et des 59a et 60a Compagnie Mitraglieri da Posizione.

À l'issue de cette victoire, le colonel Leclerc et ses troupes prononcent le « serment de Koufra », promettant de ne déposer les armes qu'après la libération de Strasbourg.

DĂ©roulement

La patrouille de reconnaissance lĂ©gère atteint Koufra le et rapporte ses observations au reste du groupe : les bombardements effectuĂ©s par l'aviation française (groupe Bretagne) avec 12 Lysander et Blenheim sur Koufra n'avaient pas donnĂ© de grands rĂ©sultats, probablement parce que les appareils en question, dĂ©jĂ  passablement essoufflĂ©s, agissaient en limite de leur rayon d'action.

Le 16 février, les Français arrivent aux abords de Koufra et résistent le 18 à la Sahariana di Cufra. Après un ultime combat, le , la compagnie motorisée italienne décroche et se replie vers le nord-ouest. La garnison de Koufra ne peut plus compter que sur elle-même. Commence alors le siège du fort de Koufra.

Celui-ci est entouré d'un réseau de défense serré et normalement impossible à prendre avec le peu d'hommes dont dispose le colonel. Celui-ci va ainsi entamer une partie de poker. Son unique canon[2], un 75 de montagne, sur les deux dont il disposait initialement, va ainsi jouer, du point de vue des Italiens, le rôle d'une batterie complète d'artillerie. Il le déplace, modifie ses angles de tir, et l'unique canon, dirigé par le lieutenant Roger Ceccaldi, va ainsi tirer quelques dizaines de coups par jour, avec quelques coups heureux et démoralisants pour la garnison, trois obus tombant dans la salle à manger des officiers et un autre abattant le drapeau italien.

Dans le même temps, les quelques mortiers de la colonne assaillent la garnison, pendant que les hommes de Leclerc harcèlent les défenses avancées de coups de main, de patrouilles, de fausses attaques qui entraînent des ripostes violentes des Italiens, en pure perte.

Toutes ces manœuvres associées à des mouvements perpétuels des camions de la colonne font que la garnison italienne croit que les troupes qui l'assiègent sont bien plus nombreuses qu'en réalité et qu'elles sont renforcées toutes les nuits.

Le , les Italiens demandent à parlementer, pour que les blessés, de part et d'autre, soient mis à l'abri, ce que Leclerc refuse.

Le , enfin, des parlementaires sortent du fort et demandent aux Français leurs propositions pour une reddition dans l'honneur. Les discussions s'éternisent, jusqu'à ce que Leclerc s'invite aux négociations et ordonne aux Italiens de remonter dans leur véhicule. Lui-même se joint à eux avec deux officiers et leur commande de regagner le fort. Le coup de bluff marche à plein et les Italiens rejoignent le fort.

Arrivé en présence du commandant du fort, Leclerc impose ses conditions. La capitulation est signée immédiatement, sont ainsi capturés 11 officiers et 18 soldats italiens ainsi que 273 Libyens. Les combats ont causé 3 tués et 4 blessés côté italien. Les pertes du côté français ont été de 4 tués et de 21 blessés.

Le , de Gaulle adresse à Leclerc un télégramme de félicitations dans lequel transparaît la fierté du chef de la France Libre pour ce qui constitue la première victoire de la France depuis la capitulation de 1940 : « Les glorieuses troupes du Tchad et leur chef sont sur la route de la victoire. Je vous embrasse ».

La BBC diffusera un peu plus tard la nouvelle de la victoire de la lointaine bataille de Koufra en des termes très élogieux.

Le serment de Koufra

Serment de Koufra, 2 mars 1941.
Monument en l’honneur de Leclerc mentionnant Koufra et le serment, place Broglie, Strasbourg.

À l'issue de la bataille, le , le colonel Philippe Leclerc prête avec ses hommes le « serment de Koufra » :

« Jurez de ne déposer les armes que lorsque nos couleurs, nos belles couleurs, flotteront sur la cathédrale de Strasbourg. »[3]

Les Français tiendront ce serment en libérant Strasbourg le à la tête de la 2e division blindée.

Le square du Serment-de-Koufra à Paris, la rue de Koufra à Nantes, un monument dans le centre de Rungis ainsi qu'une statue place Broglie à Strasbourg commémorent cet engagement. La bataille de Koufra est portée sur le drapeau du régiment de marche du Tchad (RMT). Le phénomène de « blanchiment des troupes coloniales » aura cependant évincé les combattants noirs juste avant la Libération, ne leur permettant pas de tenir leur serment.

La 2e promotion (1962-1963) de l'École militaire interarmes (EMIA) porte le nom de « Serment de Koufra ».

En 1994, pour célébrer le cinquantième anniversaire de la libération de Strasbourg, la promotion EOR 94/08 de l'École de cavalerie de Saumur (EAABC) est baptisée « Serment de Koufra ». En 2019 la promotion des commissaires des armées 2019 est baptisée " Serment de Koufra"

Notes et références

  1. Une cinquantaine de Français et d’Européens, pour le reste des méharistes et des tirailleurs sénégalais, en fait, essentiellement des Tchadiens et des Camerounais
  2. « 1941-La bataille de Koufra Â» sur Portail des sites associatifs de l'Artillerie française
  3. Il existe plusieurs versions de ce serment, qui fut exprimé oralement seulement.

Voir aussi

Sources

  • Espoir no 107 p. 6 ; Le GĂ©nĂ©ral Leclerc et L'Afrique Française Libre 1940-1942/Actes du Colloque International p. 297 ; Chroniques de l'Histoire : Leclerc p. 27.
  • Le documentaire tĂ©lĂ©visĂ© de Jean-Baptiste DussĂ©aux "Le blanchiment des troupes coloniales" en 2016

Articles connexes

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