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Bataille de Kelly's Ford

La bataille de Kelly's Ford, aussi connue sous le nom de bataille de Kellysville, est un combat de cavalerie qui se déroule le en Virginie, pendant la guerre de Sécession.

Bataille de Kelly's Ford
Description de cette image, également commentée ci-après
Plan montrant le champ de bataille et le combat de cavalerie, 17 mars 1863, Kelly's Ford, Virginie.
Informations générales
Date
Lieu Comtés de Culpeper et de Fauquier, Virginie
Issue Résultat indécis[1]
Forces en présence
2 100[2]800 [2]
Pertes
78 total
6 tués
50 blessés
22 disparus
133 total
11 tués
88 blessés
34 capturés

Guerre de SĂ©cession

Batailles

CoordonnĂ©es 38° 28′ 37″ nord, 77° 46′ 48″ ouest
Géolocalisation sur la carte : États-Unis
(Voir situation sur carte : États-Unis)
Bataille de Kelly's Ford
GĂ©olocalisation sur la carte : Virginie
(Voir situation sur carte : Virginie)
Bataille de Kelly's Ford

Si le résultat du combat est en faveur des cavaliers confédérés, c'est cependant la première fois que la cavalerie nordiste leur tient tête. La confiance que ces derniers retireront de ce combat conduira aux succès de Brandy Station et de la campagne de Gettysburg.

Contexte

L'arrivée du major général Joseph Hooker à la tête de l'armée du Potomac amène une réorganisation de la cavalerie nordiste. Jusqu'à présent éparpillée en petites unités, elle est regroupée en un seul corps, sous le commandement du major général George Stoneman.

Le , la cavalerie nordiste est incapable de s'opposer à un raid mené par la cavalerie du brigadier général Fitzhugh Lee, l'un des seconds du célèbre J.E.B. Stuart.

Trois semaines plus tard, le général en chef nordiste décide de lancer sa cavalerie « attaquer la cavalerie sudiste devant se trouver dans les environs de Culpeper Court House »[3] - [4]. Le brigadier général William W. Averell, commandant la 2nd division du corps de cavalerie de Stoneman, mène ses trois brigades et sa batterie d'artillerie montée à la rencontre des sudistes.

Averell dispose de 3 000 hommes. Il demande Ă  Hooker de placer quelques rĂ©giments pour sĂ©curiser son flanc droit et, sur le refus de celui-ci, dĂ©cide d'affecter Ă  cette tâche deux de ses rĂ©giments, le 1er du Massachusetts et une partie du 4e de Pennsylvanie, soit 900 hommes[5]. C'est donc avec une force rĂ©duite d'un tiers qu'il se propose de remplir la mission qui lui a Ă©tĂ© confiĂ©e.

Les forces en présence

Il n'y a que de la cavalerie et un peu d'artillerie de chaque côté[6].

Nordistes

Les forces fĂ©dĂ©rales sont sous le commandement du brigadier-gĂ©nĂ©ral William W. Averell. Elles comptent 2 100 hommes environ.

  • Cavalerie.
  • Brigade DuffiĂ©[7].
    • 4e New-York,
    • 6e Ohio,
    • 1er Rhode Island.
  • Brigade McIntosh.
    • 3e Pennsylvanie,
    • 4e Pennsylvanie,
    • 16e Pennsylvanie.
  • Brigade Reno (rĂ©serve de division).
    • 1er rĂ©giment de cavalerie US,
    • 5e rĂ©giment de cavalerie US[8].
  • Artillerie.
    • Batterie d'artillerie montĂ©e : 6e du New-York Light Artillery, capitaine Joseph W. Martin (commandĂ©e ce jour par le lieutenant Browne), 6 canons (type "ordonnance", 3").

Sudistes

Les forces confédérées sont sous le commandement du brigadier général Fitzhugh Lee. Elles comprennent 5 régiments de cavalerie et une batterie d'artillerie (4 canons). L'effectif total est d'environ 800 hommes[9].

  • 1er rĂ©giment de cavalerie de Virginie,
  • 2e rĂ©giment de cavalerie de Virginie,
  • 3e rĂ©giment de cavalerie de Virginie,
  • 4e rĂ©giment de cavalerie de Virginie,
  • 5e rĂ©giment de cavalerie de Virginie,
  • Batterie d'artillerie Ă  cheval Breathed (4 pièces[10], 3 "Napoleon"[11] et un 10pdr Parrott).

Combat

DĂ©roulement

Le colonel Alexandre Duffié.

Le mardi , au lever du soleil, les premiers éléments de la colonne nordiste tentent de passer la Rappahannock, au gué de Kelly's Ford. Le général Averell a ordre de traverser la Rappahannock « pour attaquer, mettre en déroute ou détruire » les forces confédérées du général Fitzhugh Lee. Il choisit Kelly's Ford car « je connais mieux la campagne opposée que ceux des autres gués de la région et qu'il offre la route la plus courte vers le camp ennemi[12] ». Des éléments sudistes tiennent la rive droite. Ils ont établi une ligne d'abatis devant le gué et pour protéger la bourgade de Kellysville, située un peu en amont.

Le 4e New-York essaie de forcer le passage mais est repoussé. Deux autres tentatives seront aussi infructueuses. Finalement, une heure et demie plus tard, c'est un escadron du 1er Rhode-Island qui réussit à forcer le passage.

Les cavaliers nordistes remontent au nord puis la route vers Brandy Station, refoulant les détachements sudistes. environ 3 kilomètres plus loin, ils se retrouvent face à la brigade de Fitzhugh Lee.

Les sudistes lancent une première charge, contre la gauche de la ligne nordiste, avec le 2e de Virginie. La charge est arrêtée et le régiment sudiste recule en désordre. C'est la première fois dans le conflit qu'une unité de cavalerie sudiste plie devant la cavalerie nordiste[13].

Les sudistes attaquent alors la droite nordiste avec le 3e de Virginie. Il est arrêté par le feu des tirailleurs nordistes, démontés et abrités derrière le muret[13].

Les sudistes attaquent alors à nouveau la gauche nordiste. Cette fois, Ce sont les 1er et 4e de Virginie qui chargent, avec le 2e en support. De nouveau, le feu nordiste les repousse. Deux autres charges sont aussi sans résultat[13].

Les sudistes reculent alors d'environ 1 500 mètres pour se rĂ©organiser. Averell les suit avec lenteur. Vers 15 heures, 2 coups de canons signalent une charge gĂ©nĂ©rale sudiste[14]. Les 2e et 4e de Virginie contre la brigade DuffiĂ© et les 1er, 3e et 5e contre la brigade Mc Intosh. Ils sont, une nouvelle fois arrĂŞtĂ©s par le feu des tirailleurs et de l'artillerie nordiste.

Vers 17h30, le commandant nordiste estime qu'il est temps de reculer. Il manque de munitions pour ses canons et craint l'arrivée de renforts confédérés, ceux-ci pouvant facilement être amenés à pied d'œuvre par la voie de chemin de fer passant derrière la position sudiste. Il fait repasser la Rappahannock, laissant les sudistes maîtres du champ de bataille.

Tactiques utilisées

  • Passage de la Rappahannock
  • Première tentative de passage en force.
Deux escadrons du premier régiment, démontés, doivent par leur feu réduire la défense sudiste.
Deux autres essaient de traverser la rivière sous cette protection. Mais le gué est étroit. Les deux tentatives suivantes sont faites plus en aval, toujours sans succès.
  • Passage rĂ©ussi.
Dans ce cas, outre l'appui-feu à partir de la rive gauche, un détachement du 1er Rhode-Island traverse (et subit de fortes pertes). D'autres cavaliers, du 6e Ohio, traversent en portant des haches avec lesquelles ils créent des brèches dans les abattis. Le reste du régiment traverse alors et oblige les sudistes à évacuer leur position.
  • Passage de l'artillerie.
Le niveau de l'eau est trop haut pour permettre le passage des caissons. Plus précisément pour traverser sans que leur poudre soit mouillée et donc inutilisable.
La technique utilisée sera de faire passer les charges de poudre par les cavaliers qui se serviront du sac-mangeoire en toile de leur cheval pour les garder hors de l'eau[15].
  • Affrontement principal.
    • Le 6e Ohio est entièrement dĂ©montĂ© et agit comme voltigeurs devant le reste des troupes nordistes.
    • Les autres rĂ©giments sont rangĂ©s en ligne. Le 1er US sert de rĂ©serve. La brigade DuffiĂ© est Ă  gauche et celle de McIntosh, Ă  droite. Les charges sudistes sont faites Ă  cheval, en tiraillant et sont arrĂŞtĂ©es par les nordistes dĂ©montĂ©s, abritĂ©s derrière le muret de pierres.
    • La contrecharge de DuffiĂ© se fait en ligne sur 1 rang[16], sabre au clair. Les cavaliers sudistes chargent, eux, revolver au poing[17] - [18]. Il n'y a pas contact, les sudistes font volte-face avant le choc.
    • Dans la dernière partie du combat, une partie des unitĂ©s nordistes est dĂ©montĂ©e et combat au fusil. Le reste est gardĂ© en arrière, montĂ© et prĂŞt Ă  contre-charger tout unitĂ© ennemie arrivant au contact.
    • Tout au long du combat, les nordistes assument une posture dĂ©fensive et les sudistes attaquent. Cela favorise la dĂ©fense en ce que le volume de feu dĂ©livrĂ© interdit des charges efficaces.

Conséquences

Chaque camp réclame la victoire. Pour les sudistes, le fait d'avoir bloqué l'avance des fédéraux et d'être restés maîtres du champ de bataille suffit à le montrer.

Pour les nordistes, la victoire est appréciée différemment. Si elle n'est pas totalement admise, en dehors des communiqués triomphants, et, le fait que dans les semaines qui suivent, une cour martiale soit constituée pour juger le comportement des officiers lors du passage à gué, ce qui n'arrive pas en cas de victoire indiscutable[19], la victoire est à chercher ailleurs.

Jusqu'à ce combat, la cavalerie sudiste a toujours eu le dessus et fait fuir ses adversaires. Pour la première fois, les cavaliers fédéraux n'ont pas reculé mais ont fait reculer leurs adversaires. La confiance qu'ils vont en retirer, partagée par toutes les unités de cavalerie de l'armée, marquera les combats suivants, comme Brandy Station ou les combats de cavalerie de Gettysburg, et marquent la maturation de cette arme.

Notes et références

  1. U.S. National Park Service, Heritage Preservation Services, CWSAC Battle Summaries; Kelly's Ford or Kellysville, Retrieved May 8, 2014.
  2. CWSAC Report Update
  3. Eicher, page 450.
  4. Wittenberg, page 71.
  5. Wittenberg, page 72.
  6. Les données de cette section sont tirées de Wittenberg, pages 348-349.
  7. Né à Paris en 1835, Alfred Napoléon Duffié est un ancien militaire français. En Crimée comme sous-officier du 6e dragons, il obtient en 1859 le grade de sous-lieutenant au 3e Hussards. Mais, au lieu de gagner son affectation, il émigre aux États-Unis et est condamné par contumace pour désertion à 10 ans de forteresse. Au début des hostilités, il devient capitaine d'un régiment de cavalerie de l'État de New-York, colonel en 1862 et breveté Brigadier-Général en 1863. Après la guerre, naturalisé, il finira sa carrière comme consul des États-Unis à Cadix.
  8. Il s'agit de 2 régiments de l'armée régulière. Les autres sont des régiments de volontaires.
  9. Ce nombre est celui donné par J.E.B. Stuart (voir Official Records, volume 25, 1e partie, page 59). Il est cependant curieux en ce qu'il donne une moyenne de 160 cavaliers par régiment, ceux-ci ayant un effectif théorique de 12 compagnies de 100 (cf. Starr, page 347, note 65).
  10. Jennings C. Wise, The long arm of Lee, volume 1, page 434. Mais Wittenberg donne 2 pièces seulement. Les différentes sources s'accordent pour affirmer que l'artillerie sudiste n'arrivera sur les lieux qu'en cours d'après-midi.
  11. Nom donné à des pièces de 12 livres, à âme lisse, dérivées d'un modèle conçu (ou approuvé), par l'empereur Napoléon III.
  12. (en) Jerry H. Maxwell, The Perfect Lion : The Life and Death of Confederate Artillerist John Pelham, Tuscaloosa, University of Alabama Press, , 439 p. (ISBN 978-0-8173-8548-4).
  13. Longacre, Lincoln's cavalrymen, page 136.
  14. Longacre, Lee's cavalrymen, page 136.
  15. Incidemment, certaines sources, Eicher, par exemple, critiquent la lenteur d'Averell à franchir la rivière mais ne font pas référence à cette contrainte due à l'artillerie et qui peut, en partie, expliquer cette apparente passivité.
  16. La doctrine d'emploi et des manœuvres de cavalerie est celle établie en 1862 par le général Philip St. George Cooke. Elle prévoit le combat en ligne sur un seul rang, et les mouvements par groupes de 4 cavaliers.
  17. Sur ce point, un officier autrichien de hussards, visitant le Sud en 1863, remarquait : « C'est, en réalité, une infanterie montée... Il n'y a pas le temps de les former comme cavaliers, et de leur apprendre le bon usage du sabre – l'arme de base d'une vraie cavalerie -... » (cf.Ph Katcher, Confederate Cavalryman 1861-65, page 13, Osprey Publishing, W54, 2002, (ISBN 1-84176-381-0)).
  18. Starr (p.347) rapporte les exclamations des sudistes appelant leurs adversaires « à combattre comme des gentlemen », en laissant tomber leurs sabres pour s'expliquer à coups de revolver.
  19. Longacre, Lee's cavalrymen, page 175.

Annexes

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Ouvrages généraux abordant ce sujet

  • Mark M Boatner III, The Civil War Dictionary, Vintage books, 1991, (ISBN 0-679-73392-2); page 451.Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • David J. Eicher, The Longest Night: A Military History of the Civil War, Simon & Schuster, 2001, (ISBN 0-684-84944-5).

Ouvrages centrés sur la cavalerie

  • Edward G. Longacre, Lincoln's cavalrymen, Stackpole Books, 2000, (ISBN 0-8117-1049-1); pages 134-138. Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Edward G. Longacre, Lee's cavalrymen, Stackpole Books, 2002, (ISBN 0-8117-0898-5); pages 171-174. Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Walbrook Davis Swank, Clash of sabres, Pentland Press Inc., 1996, (ISBN 1-57197-029-0); pages 74–77. Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Stephen Z. Starr, The Union Cavalry in the Civil War, volume 1, Louisiana State University Press, 1979, (ISBN 0-8071-0484-1); pages 345-350. Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Eric J. Wittenberg, The Union Cavalry comes of ages, Potomac Books, 2003, (ISBN 1-57488-650-9); chapitre 3, pages 71–110, appendice 2 pour l'ordre de bataille. Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • George Walsh, Those damn horse soldiers, Tom Doherty Associate Books, 2006, (ISBN 978-0-765-31270-9); pages 126-130 Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article.

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