André Dumont (homme politique)
André Dumont, né à Oisemont le [1], mort à Abbeville le [2] est un homme politique de la Révolution française et un haut fonctionnaire du Premier Empire.
André Dumont | |
André Dumont. Croquis dessiné par Georges-François-Marie Gabriel, Paris, musée Carnavalet, fin du XVIIIe siècle. | |
Fonctions | |
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Maire d'Oisemont | |
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Président | Président de la convention nationale |
Groupe politique | montagnard |
Député à la Convention nationale | |
– | |
Biographie | |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Oisemont (Somme) |
Date de décès | |
Lieu de décès | Abbeville (Somme) |
Nationalité | française |
Parti politique | Montagnard |
Père | Jean-Charles-Nicolas Dumont |
Fratrie | Dumont de Sainte-Croix |
Profession | magistrat |
Biographie
Famille
André Dumont est le fils de Jean Charles Nicolas Dumont, notaire royal et procureur de la prévôté du Vimeu et de Marie-Thérèse Magnier. Il est le frère cadet de Charles Dumont dit « de Sainte-Croix », haut-fonctionnaire et ornithologue.
André Dumont épouse Marie Thérèse Reine Victoire Prévost qui meurt en Belgique en 1825. De leur union naissent trois enfants :
- Marie Thérèse Flavie Dumont, née à Oisemont, qui décède célibataire en Belgique à 37 ans[3].
- Armand Désiré Fidèle Dumont, né à Oisemont, marchand teinturier et imprimeur quartier Saint-Maurice. Il épouse le à Amiens Clémentine Bonvallet, fille d'un manufacturier[4].
- Aimé Eugène Laurence Dumont, né à Abbeville, qui épouse à Ixelles Anne Adélaïde Levasseur (Le Mans 1802-?), fille de René Levasseur, ancien député de la Sarthe à la Convention également exilé en Belgique et sa seconde épouse, Anne Conard (ou Cosnard)[5].
Formation
André Dumont fait des études de droit et devient avocat à Paris, en 1788[6]. Élu maire d'Oisemont en septembre 1790, il est nommé premier administrateur du département de la Somme puis élu administrateur du district d'Amiens, en 1791.
Premières responsabilités nationales
André Dumont est élu député de la Somme à la Convention nationale en septembre 1792. Il siège sur les bancs de la Montagne et occupe des postes dans les comités dès les débuts de son mandat. En octobre, il est élu suppléant au Comité de Législation[7] et suppléant au Comité des Secours publics[8].
Aux appels nominaux, il vote la mort sans sursis ni appel au peuple lors du procès de Louis XVI. Il est absent au vote sur la mise en accusation de Marat[9] et vote contre le rétablissement de la Commission des Douze[10] dont il a été élu suppléant, le dixième sur douze[11].
Le 1er mai 1793, Dumont est admis au club des Jacobins[12]. Il est élu par 113 voix, premier à égalité avec Legendre et Méaulle, au Comité de sûreté générale le 16 juin 1793[13]. En mission dans les départements, il est remplacé le 13 août[14]. Enfin, il est secrétaire de la Convention aux côtés d'Augustin Robespierre et de Legendre, sous la présidence de Louis « du Bas-Rhin » entre le 18 messidor an II (6 juillet 1794) et le 1er thermidor an II (19 juillet 1794)[15] - [16].
Représentant en mission
Il est envoyé en mission dans son département natal le 28 juillet 1793 en compagnie de François Chabot pour veiller au maintien de l'ordre et à l'application des lois[17]. Il est remplacé par Joseph Lebon le 9 août[18]. Il rejoint René Levasseur « de la Sarthe », envoyé dans le département de l'Oise, le 25 vendémiaire an II (16 octobre 1793)[19]. Il est confirmé dans ses fonctions dans la Somme et dans l'Oise par le Comité de Salut public le 9 nivôse an II (29 décembre 1793) tandis que Lebon est astreint aux départements du Nord et du Pas-de-Calais[20].
Dumont s'implique contre les girondins. Au nom du Comité de Sûreté générale, il réclame l'arrestation de Bouchereau, Belin, Condorcet, Dupin de Beaumont, Fiquet, Lecarlier, Loysel et Petit, députés de l'Aisne qui ont protesté contre l'insurrection du 2 juin[21].
Au cours de sa mission dans la Somme, André Dumont se montre un ardent agent de la déchristianisation. Il fait arrêter des administrateurs, 64 prêtres ainsi que Mgr Desbois, évêque d'Amiens, et des Anglais présents dans la région. Inspiré par la prose braillarde du Père Duchesne, il confie alors dans son rapport à la Convention : « J'ai fait lier deux à deux ces cinq douzaines d'animaux, de bêtes noires ; elles ont été exposées à la risée publique sous la garde des comédiens, et ensuite incarcérées. »
Devant son activisme, les députés étendent en octobre ses prérogatives au département de l'Oise et ses rapports à l'Assemblée manifestent la lutte constante qu'il mène contre les prêtres : « La vigueur que je mets à repousser l’imposture et à terrasser les marchands d’oremus doit vous assurer que vous n'avez rien à craindre[22]. » Il organise dans la cathédrale de Noyon des bals patriotiques où les dragons font danser les bourgeoises comme les cuisinières. Louis-Sauveur Chénier accuse publiquement l’« ogre Dumont » d'avoir fait exécuter son frère André Chénier. Il publie que Dumont a fait arrêter 59 personnes, a fait enfermer trois cents suspects des deux sexes dans une église de Beauvais dans des conditions inhumaines et d'avoir rançonné les familles[23].
Acteur du 9 thermidor et député de la Convention thermidorienne
André Dumont prend part au 9 thermidor qui provoque la Chute de Robespierre. Il plaide en faveur de son frère Charles arrêté pour avoir protesté contre la condamnation à mort du général Custine[23]. Il dénonce le lendemain du 9 thermidor les dilapidations d'Augustin Robespierre lors de sa mission auprès de l'armée d'Italie[24] et demande les jours suivants, avec Jean-Baptiste Clauzel, l'arrestation de Joseph Lebon, accusé de violences lors de sa mission à Cambrai[25].
Dumont est une figure active de la réaction qui s'opère durant la Convention thermidorienne. Il occupe des fonctions dirigeantes : il entre de nouveau au Comité de sûreté générale le 14 thermidor an II (1er août 1794) et en sort le 15 brumaire an III (5 novembre 1794)[26] ; il préside la Convention du 1er[27] au 16 vendémiaire an III[28] (22 septembre au 7 octobre 1794) ; il entre au Comité de Salut public le 15 frimaire an III (5 décembre 1794)[29] et en sort le 15 germinal (4 avril 1795)[30].
Il s'attaque systématiquement aux Jacobins et aux membres des anciens comités révolutionnaires. Mis en cause à son tour pour son action répressive dans les départements picards, il s'oppose d’abord à la publication des papiers saisis chez Robespierre, mais doit finalement se justifier devant l'Assemblée en avouant qu'il a menti par exagération dans ses rapports de 1793. À l'appui de ses déclarations, il est confirmé que les prêtres qu'il a fait arrêter ont été libérés peu après, et qu'à la demande de son frère, l’ornithologue, un certain nombre d'aristocrates ont pu quitter la Somme sains et saufs.
Lors de l’Insurrection du 12 germinal an III, il s'emploie à convaincre les jacobins d'évacuer la salle des débats. À la suite de cet événement, il fait arrêter et incarcérer Chasles, Choudieu et Foussedoire (« les trois brigands du Comité de salut public », selon les termes de son réquisitoire) à la Forteresse de Ham, puis vient le tour de Huguet et Ruamps (qui l'avait accusé de « royalisme »). Il s'en prend (mais sans succès) à Prieur de la Marne[31], et à Jacques Alexis Thuriot qui parvient à s'enfuir.
Il a demandé en vain le désarmement des sections, et ne sauve sa tête lors de l’insurrection du 1er prairial an III qu'en protestant devant les insurgés de sa fidélité à la constitution. Il demande l'exécution des députés interpelés en , ainsi que l’arrestation de Prieur de la Marne, de Cambon, de Thuriot. Il vote la peine de mort contre « tous les porteurs de signes de ralliement », s'en prend dans ses discours aux « révoltés » et aux « terroristes », à Lacoste et Barère. Peu avant la dissolution de la Convention, il se déclare favorable à l'admission des prêtres dans la fonction publique.
Député sous le Directoire, sous-préfet du Consulat et du Ier Empire
Le 23 vendémiaire an IV, il est élu par les électeurs de la Somme au Conseil des Cinq-Cents par 254 voix sur 293 votants. Il s'oppose à Tallien, demande que les administrateurs destitués puissent plaider leur cause au procès. Il démissionne du Conseil des Cinq-Cents en 1797.
Favorable au coup d'État du 18 brumaire de l'an VIII (), il est nommé sous-préfet d'Abbeville, poste qu'il conserve jusqu'en 1814. Nommé préfet du Pas-de-Calais durant les Cent-Jours, il fuit l'avancée des troupes alliées et se réfugie dans la Somme.
Proscrit sous la Restauration
Mais à la seconde Restauration, frappé par la loi contre les régicides, il prend la route de l'exil en 1816. Il se rend en Belgique avec son épouse, sa fille et son fils cadet. Ils s'installent à Alost, puis à Bruxelles, enfin se fixe dans le faubourg d'Ixelles.
Il ne rentre en France qu'en 1830. Il se retire à Abbeville où il décède[32]. Sa tombe est surmontée d'une longue épitaphe et d'un buste en bronze.
Notes
- Archives départementales de la Somme, registre paroissial d'Oisemont, paroisse Saint-Martin, baptêmes mariages et sépultures 1761-1766, 5 MI/D1351.
- Archives départementales de la Somme, état-civil, registre des naissances et des décès d'Abbeville 1836-1845, 5MI/D532.
- Pierre Bessand-Massenet, « Dumont-Le-Maratiste », Récits des temps révolutionnaires, Paris, Librairie académique Perrin, 1984, p.?
- Archives départementales de la Somme, registre d'état-civil d'Amiens, mariages de l'année 1818, 5MI D166.
- Robert Legrand, Dix ans de conflits en Picardie: 1789-1799, Abbeville, Impr. F. Paillard, 1992, p. 79.
- Robert Legrand, La RĂ©volution dans la Somme, Conventionnels, Jacobins et Soldats, Abbeville, Imprimerie F. Paillart, 1988 p. 125
- Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 52, séance du 14 octobre 1792, p. 492.
- Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 52, séance du 18 octobre 1792, p. 551.
- Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 62, séance du 13 avril 1793, p. 73.
- Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 65, séance du 28 mai 1793, p. 535.
- Op. cit., séance du 21 mai 1793, p. 138.
- Alphonse Aulard, La Société des Jacobins tome 5, séance du 1er mai 1793, p. 173.
- Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 66, séance du 16 juin 1793, p. 582.
- Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 72, séance du 13 août 1793, p. 127.
- Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 92, séance extraordinaire du 17 messidor (soir) (5 juillet 1794), p. 417.
- Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 93, séance extraordinaire du 1er thermidor (soir) (19 juillet), p. 323.
- Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 69, séance du 28 juillet 1793, p. 632.
- Recueil des Actes du Comité de Salut public tome 5, Représentants en mission, séance du 9 août 1793, p. 515.
- Recueil des Actes du Comité de Salut public tome 7, Représentants en mission, 25 vendémiaire an II (16 octobre 1793), p. 442.
- Recueil des Actes du Comité de Salut public tome 9, Comité de Salut public, séance du 9 nivôse an II (29 décembre 1793), p. 744.
- Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 67, séance du 30 juin 1793, p. 680-681.
- Rapport du 18 pluviose an II.
- Cf. Groué, p. 501.
- Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 93, séance du 10 thermidor an II (soir) (28 juillet 1794), p. 616-617.
- Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 94, séance du 15 thermidor an II (2 août 1794), p. 62.
- Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 100, séance du 15 brumaire an III (soir) (5 novembre 1794), p. 435.
- Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 97, séance du soir du 1er vendémiaire an III (22 septembre 1794), p. 364.
- Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 98, séance du 16 vendémiaire an III (soir) (7 octobre 1794), p. 391.
- Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 103, séance du 15 frimaire an III (5 décembre 1794), p. 113.
- Recueil des Actes du Comité de Salut public tome 21, Convention nationale, séance du 15 germinal III (4 avril 1795), p. 513.
- Cf. Adolphe Robert, Gaston Cougny (dir.), Dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889, Edgar Bourloton, 1889, tome 5, p. 48-49
- Emmanuel de Rougé, Le conventionnel André Dumont, Paris, Nouvelle bibliothèque d histoire moderne, Bloud et O, 1911.
Bibliographie
- Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Paris, Edgar Bourloton, 1889-1891.
- Emmanuel de Rougé, Le conventionnel André Dumont, Paris, Nouvelle bibliothèque d'histoire moderne, Bloud & Cie, 1911.
- Pierre Bessand-Massenet, « Dumont-Le-Maratiste », Récits des temps révolutionnaires, Paris, Librairie académique Perrin, 1984, p. 89-114.
- Robert Legrand, La RĂ©volution dans la Somme, Conventionnels, Jacobins et Soldats, Abbeville, Imprimerie F. Paillart, 1988 p. 124-125-126 (BNF 35000305)
- Robert Legrand, « Contre André Dumont : dénonciations et polémiques », Revue du Nord, 1989, n° 282-283, p. 867-884. Lire sur Persée.
- « Dumont (famille) », correspondance familiale En ligne [archive]], Compléments historiographiques, Biographies, D, mise à jour le : 08/03/2018.
- Les Préfets du 11 ventôse an VIII au 4 septembre 1870 : répertoires nominatif et territorial, Paris, Archives nationales, 1981.
- Serge Bianchi, « Dumont André », p. 377-378 in Albert Soboul (direction), Dictionnaire historique de la Révolution française, Paris, Presses Universitaires de France coll. « Quadrige », 1989, rééd. 2005, p. 1132 p.
- Bernard Gainot, Dictionnaire des membres du Comité de Salut public, Paris, Tallandier, 1990, p. 114-115.
- Lucien Groué, Aux confins de la Picardie et de la Normandie, Abbeville, François Paillard, , p. 500-503.
Articles connexes
- Histoire de la Somme
- Histoire de la Picardie
- Histoire d'Amiens
- Histoire d'Abbeville
- Liste des députés de la Somme
- Liste des membres de la Convention nationale par département