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Jacques Alexis Thuriot

Jacques Alexis Thuriot de la Rozière, chevalier d'Empire, né à Sézanne le et mort à Liège le , était un homme politique français qui fut député de la Marne à la Convention nationale.

Jacques Alexis Thuriot
Illustration.
Fonctions
Membre du Comité de salut public
–
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Député de la Marne
–
Législature Assemblée législative
Groupe politique Gauche
Président de la Convention nationale
–
Député de la Marne
–
LĂ©gislature Convention nationale
Groupe politique Montagne (Dantoniste)
Biographie
Nom de naissance Jacques Alexis Thuriot de la Rozière
Date de naissance
Lieu de naissance SĂ©zanne
Date de décès
Lieu de décès Liège
Nationalité Français
Enfants Alexis-Eugène Thuriot
Profession Magistrat

Biographie

Jeunesse et début de carrière révolutionnaire

Fils d’un maître charpentier de Sézanne, Thuriot fait des études de droit et devient avocat à Reims puis à Paris.

Partisan des idées révolutionnaires, il est électeur des députés du Tiers état aux États généraux. Le , il participe activement à la prise de la Bastille. Membre du Comité permanent de l’Hôtel de ville, il est envoyé avec Louis Éthis de Corny à la tête d'une délégation chargée de demander la reddition de la vieille forteresse, mais il échoue.

En 1790, il revient dans la Marne et est nommé juge au tribunal du district de sa ville natale.

Ă€ la LĂ©gislative

En 1791, Thuriot est élu député à l’Assemblée législative par le département de la Marne, par 225 voix sur 381 votants. D'abord neutre, il se range au début de 1792 aux côtés de la gauche. Il fait ainsi voter en mars des mesures de rigueurs contre les émigrés et les prêtres réfractaires. Il dénonce également le ministre Narbonne, accusé d'avoir envoyé aux armées un régiment de sa propre autorité.

Le , il prononce à la tribune un violent discours dans lequel il demande le licenciement de l'état-major de la garde constitutionnelle du Roi. Il réclame aussi que la patrie soit déclarée en danger, que les sections se mettent en état de permanence et que l'on vende les biens des émigrés. Il attaque violemment les journaux comme Le Logographe, « payé pour altérer la vérité » [1].Enfin, il obtient l'arrestation de l'ancien ministre feuillant Tarbé.

La chute du roi

Devenu proche de Danton et membre assidu du Club des Jacobins, il participe à la journée du 10 août 1792. Avocat de la Commune de Paris auprès de la Législative, il fait arrêter les ministres d'Abancourt et Laporte, mis à mort peu après. Il fait aussi décréter les visites domiciliaires.

Le 11 août, il prône la destruction des statues des rois de France. Il participe à la création du "tribunal du 17 août", auquel il permet de juger sans appel les suspects. Preuve de sa montée en puissance, il est le dernier vice-président de la Législative, le 17 septembre.

Un fervent montagnard

Le , il est élu à la Convention nationale, toujours par le département de la Marne, avec 344 voix sur 412 votants.

Il siège sur les bancs Montagnards. Comme ses collègues de gauche, il s'en prend violemment aux Girondins et aux royalistes. Le , il demande que Louis XVI soit jugé "dans les trois jours" et souhaite le voir "porter sa tête à l'échafaud." Le même jour, il est l'un des quatre commissaires délégués auprès du l'ancien monarque pour lui demander quels défenseurs il a choisis.

Il vote évidemment la mort de Louis XVI et accuse les chefs girondins Brissot, Vergniaud et Louvet d'intriguer pour sauver le roi. Le , il attaque Pétion pour avoir laissé faire les massacres de Septembre. Peu de temps après, c'est Dumouriez qui est l'objet de ses foudres, même si ce général avait eu bien des accointances avec son mentor Danton.

Lors des journées du 31 mai et du 2 juin 1793 qui voient la chute des Girondins, Thuriot est en première ligne pour attaquer ces derniers.

Grâce à l'appui de Danton, il est élu président de la Convention pour un mandat du 27 juin au .

Thuriot entre au Comité de salut public le 10 juillet, dont il est le seul membre dantoniste. Il s'oppose très vite à la Terreur et se trouve en désaccord avec Robespierre. En effet, il traite étonnamment ce dernier de "modéré". De plus en plus minoritaire, opposé à l'arrestation de Houchard, il démissionne du "Grand Comité" le .

Dans la mouvance dantoniste

Il poursuit néanmoins son activité parlementaire, en demandant la destruction des plaques de cheminées marquées d'empreintes royales ou nobiliaires, puis fait décréter que la Convention irait au « Temple de la Raison » chanter l'hymne de la liberté.

À partir de l'automne 1793, Thuriot prend part à la lutte des factions et rejoint le mouvement des Indulgents mené par Danton. Dès le , soit seulement cinq jours après sa sortie du Comité, il attaque la politique terroriste : « Il faut arrêter ce torrent impétueux qui nous entraîne à la barbarie ! Il faut arrêter les progrès de la tyrannie. » Le 10 novembre, il obtient avec Chabot que tous les députés arrêtés soient entendus par la Convention. Deux jours plus tard, il condamne comme arbitraire l'arrestation d'Osselin. Ce modérantisme lui vaut d'être exclu le 13 novembre du Club des Jacobins sous la pression des Hébertistes, en compagnie de Chabot et de Basire.

Fin novembre, Thuriot soutient avec Danton l'idée de créer des Procureurs Départementaux qui seraient les agents du gouvernement révolutionnaire en province. Barère et Billaud-Varenne font rejeter cette proposition, qui est pourtant à l'origine de la création des agents nationaux quelques jours plus tard.

Il est ensuite bien plus discret, ce qui lui permet de ne pas être exécuté avec ses amis Danton et Desmoulins le .

Haïssant désormais l'Incorruptible, Thuriot est l'un des artisans de la chute des Robespierristes, le 9 thermidor (). Ce jour-là, ayant pris la place de Collot d’Herbois à la présidence de l’assemblée, il empêche Robespierre de parler et favorise ainsi sa mise en accusation et sa chute. Le lendemain, 10 thermidor, il intervient à la tribune pour demander l'exécution immédiate de Robespierre.

La réaction thermidorienne

Symbole des Dantonistes ralliés à la politique des Thermidoriens, Thuriot revient au Comité de Salut public dès le . Il en profite pour faire nommer son ami Dobsen à la tête du Tribunal révolutionnaire à la place de Dumas. Réintégré par les Jacobins, il est même élu président du club le . Il reste au Comité jusqu'en décembre, mais ne s'associe pas à la politique de réaction qui est menée.

En effet, contrairement à d’autres Dantonistes comme Tallien, Merlin de Thionville ou Fréron, Thuriot ne rejoint pas les bancs de la droite. Lorsque Lecointre dénonce en fructidor les Comités de l’an II, il fait voter une motion de flétrissure contre celui-ci. Pour lui cette attaque était en fait dirigée contre la Convention nationale tout entière. Thuriot se retrouve alors à la tête d’un groupe de députés « centristes »[2], partisans de la conciliation entre les thermidoriens « réacteurs » et les Montagnards de l’an III. Son action politique dans les derniers mois de 1794 est donc peu cohérente. D’un côté il appelle à l’écrasement de la révolte jacobine de Marseille, mais de l’autre il craint que le procès de Carrier n’ouvre une boîte de Pandore permettant de juger tous les Montagnards. Il abandonne à leur sort Barère, Collot d’Herbois et Billaud-Varenne mais est très réticent à l’idée de réintégrer les Girondins.

Avec les derniers Montagnards

À l’hiver de l’an III, face à la montée de la réaction, Thuriot évolue de plus en plus vers la gauche. Il demande la suppression des comités révolutionnaires qu’il accuse de mener des actes de vengeance contre les patriotes depuis la chute de Robespierre. Il est l’un des principaux initiateurs de l’insurrection du 12 germinal, dirigée par une de ses créatures, Van Eck. Quelques jours plus tard, le Comité de sûreté générale découvre un prétendu complot dont il serait le chef avec Cambon et Maribon-Montaut, la « conjuration des œufs rouges ».

Il soutient et participe à l’insurrection du 1er prairial avec les députés de la Crète. Il est même proclamé procureur de la Commune de Paris par les insurgés. L’échec de cette journée manque de peu de causer sa perte. Dès le 2 prairial, il est décrété d'accusation par André Dumont mais parvient à s'enfuir. Il se cache pendant plusieurs mois, jusqu’à l’amnistie votée en octobre 1795.

Fin de carrière politique

Thuriot quitte alors la vie politique et devient commissaire du Directoire auprès des tribunaux de la Marne. Peut-être proche de Babeuf, il est inquiété dans l'affaire de la Conjuration des Égaux mais n'est finalement pas arrêté.

Toujours fidèles à ses idéaux jacobins, il est élu député au Conseil des Cinq-Cents en 1798, mais son élection est annulée lors du Coup d'État du 28 floréal an VI ().

Retour Ă  la magistrature

Un an plus tard, grâce à l'appui de Sieyès, il est nommé suppléant auprès du tribunal criminel de la Seine. Après le Coup d'État du 18 brumaire, Thuriot est nommé juge titulaire de ce même tribunal. C'est ainsi lui qui en 1804 procède à l'interrogation de Pichegru, Moreau et Cadoudal. Durant la procédure ce dernier ne cesse de le railler, l'appelant avec mépris « Tue-Roi »[3], par allusion à son vote régicide. Lorsqu'un jour il demande à Cadoudal ce qu'est devenu un portrait de Louis XVI autrefois en sa possession, le royaliste lui répond brutalement : « Et toi, citoyen Tue-Roi, qu'as-tu fait de l'original ? »[4]. Thuriot rédige ensuite le rapport du procès.

L'ancien conventionnel est ensuite membre de la Commission des émigrés, puis en 1805 substitut du procureur général de la Cour de Cassation. Il obtient après quelque temps une promotion comme avocat général. Le , il est fait chevalier d'Empire par Napoléon Ier.

Exil et fin de vie

Révoqué lors de la Première Restauration, Thuriot récupère sa charge durant les Cent-Jours. Considéré comme persona non grata après le retour de Louis XVIII sur le trône, il est banni du royaume en 1816 comme régicide.

Après avoir vendu ses biens dans la Marne, il s'exile à Liège. Il s'y installe comme avocat et meurt en 1829, un an seulement avant les Trois Glorieuses qui lui auraient permis de retrouver la France.

Son fils Alexis-Eugène Thuriot sera député en 1849.

Règlement d'armoiries

« D'argent, à la croix d'azur chargée en abîme d'une étoile à douze rais d'or, signe distinctif des chevaliers de l'Ordre impérial de la Réunion, cantonnée à dextre en chef d'un œil ouvert au naturel, à sénestre d'une balance de sable; en pointe, à dextre d'un coq aussi de sable, crêté et barbé de gueules, et à sénestre d'une quintefeuille de gueules.[5] »

Notes et références

Annexes

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

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