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CrĂȘtois

Étaient surnommĂ©s crĂȘtois les dĂ©putĂ©s montagnards de l'an III, de moins en moins nombreux, qui tentĂšrent de s'opposer Ă  la rĂ©action thermidorienne, pendant la RĂ©volution française.

Charles Ronot, Les Derniers Montagnards (musée de la Révolution française).

L'origine de l'expression

Le mot apparaĂźt en l'an III dans la bouche des rĂ©acteurs, qui l'emploient dans un sens pĂ©joratif. On trouve ailleurs l'expression « la CrĂȘte de la Montagne » qui renvoie simplement Ă  la gĂ©ographie de la salle des Machines des Tuileries, oĂč la Convention nationale siĂšge Ă  l'Ă©poque[1].

Les députés

Les Ă©valuations des historiens ont longtemps Ă©voluĂ© entre 30 et 76. Se basant sur les MĂ©moires de RenĂ© Levasseur, EugĂšne TarlĂ© parle d'une trentaine de dĂ©putĂ©s ; Albert Mathiez compte 60 dĂ©putĂ©s exclus de la Convention ; François-Auguste Mignet Ă©voque 76 dĂ©putĂ©s arrĂȘtĂ©s ou condamnĂ©s Ă  mort. Françoise Brunel les Ă©value Ă  cent en se fondant sur la demande d'appel nominal exprimĂ©e par Laurent Lecointre le 12 germinal an III () (50 dĂ©putĂ©s la soutiennent) et les arrestations de germinal, prairial et thermidor an III — Ă  — (74 conventionnels sont arrĂȘtĂ©s, dĂ©portĂ©s ou exĂ©cutĂ©s, parmi lesquels 25 signataires de la demande)[2].

Dispersés aprÚs la loi de Prairial, les montagnards ne reconstituent un groupe relativement homogÚne qu'à l'hiver et au printemps 1795. Thermidoriens pour la plupart (à l'exclusion des représentants en mission et des suppléants admis à siéger aprÚs les événements), ils ne voient dans la chute de Robespierre qu'un nouveau 31 mai 1793, escomptant le maintien du gouvernement révolutionnaire jusqu'à la paix, puis l'instauration de la constitution de l'an I. Lors de l'offensive contre les sociétés populaires, en vendémiaire, une minorité seulement défend le Club des jacobins[3].

Le tournant a lieu en frimaire, lors de la mise en accusation de Jean-Baptiste Carrier ; 14 députés s'y opposent. Les autres basculent à l'occasion de la crise des subsistances, devant la misÚre populaire ; ils stigmatisent alors un « recul », un « regard en arriÚre » par rapport aux principes de 1793 qui prend le nom de « réaction » à l'automne 1794 et au début du printemps 1795[4].

Les événements de germinal-prairial an III (avril-)

Lors de l'insurrection du 12 germinal an III (), la foule envahit la Convention ; seuls les crĂȘtois restent en sĂ©ance. Mais la salle est Ă©vacuĂ©e par la troupe, aidĂ©e par des sectionnaires royalistes, et vingt crĂȘtois sont arrĂȘtĂ©s. BarĂšre, Vadier, Billaud-Varenne et Collot d'Herbois sont condamnĂ©s Ă  la dĂ©portation en Guyane.

Lors de l'insurrection jacobine du 1er prairial an III (), la foule s'empare de l'AssemblĂ©e; Ă  cette occasion, le conventionnel FĂ©raud, qui tente de barrer le passage, est tuĂ© et sa tĂȘte promenĂ©e au bout d'une pique. Les crĂȘtois font Ă©lire Soubrany commandant de l'armĂ©e de l'intĂ©rieur et crĂ©ent une commission qui amnistie les dĂ©portĂ©s de germinal (dĂ©jĂ  embarquĂ©s Ă  OlĂ©ron), le retour de la taxation, etc. Les soldats du gĂ©nĂ©ral de Menou et de Murat, appelĂ©s par Tallien, rĂ©tablissent l'ordre : douze dĂ©putĂ©s crĂȘtois seront arrĂȘtĂ©s dont le secrĂ©taire de sĂ©ance, Thirion de La Moselle.

Emprisonnés au chùteau du Taureau à Morlaix, en Bretagne, six députés condamnés à mort à Paris, au terme d'un procÚs inique[5], se poignardent en sortant du tribunal : Duquesnoy, Jean-Marie Goujon, Romme se tuent, Pierre Bourbotte, Jean-Michel Duroy et Soubrany se blessent et sont guillotinés.

Bibliographie

Voir aussi

Notes et références

  1. Brunel 1977, p. 386.
  2. Brunel 1977, p. 390-392.
  3. Brunel 1977, p. 392-393.
  4. Brunel 1977, p. 394-395.
  5. Françoise Brunel, Sylvain Goujon, Les Martyrs de prairial : textes et documents inédits, Georg, , 478 p., p. 37.
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