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Alphabet de l'espéranto

L’alphabet de l’espĂ©ranto est constituĂ© de 28 lettres, dont 22 proviennent directement de l’alphabet latin de base (q, w, x et y ne sont pas utilisĂ©es), et les 6 autres (ĉ, ĝ, Ä„, Ä”, Ɲ, Ć­), Ă©galement issues de cette base, sont agrĂ©mentĂ©es d’un accent ou signe diacritique. Chacune de ces 28 lettres, accentuĂ©e ou non, est une lettre Ă  part entiĂšre, ayant sa place dans l'ordre alphabĂ©tique et son entrĂ©e dans les dictionnaires. L’orthographe est parfaitement phonologique : chaque lettre reprĂ©sente invariablement un seul phonĂšme.

L’alphabet de l’espĂ©ranto, tel qu’il est prĂ©sentĂ© dans les ouvrages Langue Internationale et Fundamento de Esperanto

Alphabet

Les lettres de l’espĂ©ranto sont identiques Ă  celles de l’alphabet phonĂ©tique international, Ă  l’exception des lettres c [tÍĄs], ĉ [tÍĄÊƒ], ĝ [dÍĄÊ’], Ä„ [x], Ä” [ʒ], Ɲ [ʃ] et Ć­ [w]. L’alphabet au complet est :

ABCĈDEFGĜHÄ€IJÄŽKLMNOPRSƜTUĆŹVZ
abcĉdefgĝhÄ„ijÄ”klmnoprsƝtuĆ­vz

Prononciation et nom des lettres

L’orthographe de l’espĂ©ranto est entiĂšrement phonĂ©mique, c’est-Ă -dire qu’une lettre correspond Ă  un seul son. 21 des 22 lettres non accentuĂ©es, -sauf c = ts-, ont une prononciation conforme Ă  l'alphabet phonĂ©tique international. Les 6 lettres accentuĂ©es correspondent Ă  une deuxiĂšme prononciation frĂ©quente de ces lettres dans des langues Ă  forte diffusion internationale et dans des mots internationalisĂ©s prĂ©sents dans les dictionnaires français comme par exemple ciao, gentleman, journaliste, Wuhan, shĂ©rif, watt[1].

Majuscule Minuscule Prononciation API Équivalent français Exemples
A a /a/ a arbre
B b /b/ b ballon
C c /tÍĄs/ ts tsunami
Ĉ ĉ /tÍĄÊƒ/ tch tchĂšque
D d /d/ d dire
E e /e/ é éléphant
F f /f/ f famille
G g /ÉĄ/ g gare
Ĝ ĝ /dÍĄÊ’/ dj adjudant
H h /h/ h home (anglais)
Ā Ą /x/ Pas de véritable équivalent

en français.

Le "х" russe et le "ۼ" arabe,

qui transcrivent ce son dans

les langues concernées,

sont toutefois transcrites

en français par "kh".

En espagnol, ce son est

transcrit par la lettre "J" (jota).

loch / lough

(anglais)

Juan (espagnol) Khaled (arabe)

Wuhan (chinois)

I i /i/ i idée
J j /j/ y yoga
ÄŽ Ä” /ʒ/ j jeudi
K k /k/ k koala
L l /l/ l lion
M m /m/ m merci
N n /n/ n nuage
O o /o/ o oser
P p /p/ p papa
R r /r/ r roja (espagnol)
S s /s/ s singe
Ɯ Ɲ /ʃ/ ch chanter
T t /t/ t tĂȘte
U u /u/ ou ours
ĆŹ Ć­ /w/ w watt
V v /v/ v ville
Z z /z/ z zone

Le nom de chaque voyelle est simplement constituĂ© de la voyelle elle-mĂȘme : a, e, etc. Le nom de la consonne s'obtient simplement en ajoutant un o Ă  celle-ci : bo, co, 
 Ć­o, zo[2].

Le ƭ est une semi-voyelle surtout employée comme deuxiÚme membre d'une diphtongue aƭ et eƭ.

Les lettres q, w, x et y ne sont pas utilisées en espéranto, sauf dans les expressions mathématiques et les noms étrangers. Dans ce cas, leurs noms se prononcent[3] :

  • Q - kuo,
  • W - duobla vo (« double V »), ĝermana vo (« V germanique ») ou vavo,
  • X - ikso,
  • Y - ipsilono.

Origine

L'existence des lettres accentuĂ©es (le ĝ en particulier) permet de rattacher graphiquement un mot Ă  plusieurs langues europĂ©ennes. Par exemple, le mot allemand « Ingenieur » se prononce avec un g dur (transcrite par [ÉĄ] dans l'Alphabet phonĂ©tique international), alors que la mĂȘme lettre du mot français « ingĂ©nieur » se prononce [ʒ] et qu'en anglais, dans engineer, elle se prononce [dÍĄÊ’]. Si l'on veut que la prononciation de la lettre g soit toujours la mĂȘme en espĂ©ranto (ce qui est trĂšs important pour la facilitĂ© de mĂ©morisation des mots), il faut nĂ©cessairement choisir l'une ou l'autre des prononciations existantes dans les langues vernaculaires (ou naturelles). La solution choisie en espĂ©ranto a Ă©tĂ© de crĂ©er plusieurs versions d'une mĂȘme lettre en les distinguant par un symbole particulier : La langue dispose donc de la lettre g qui se prononce [g] et de la lettre ĝ qui se prononce [dÍĄÊ’]. Cela permet une plus grande richesse de sons dans la langue, tout en laissant une Ă©criture relativement proche de celles des langues vernaculaires. Ainsi, le mot « ingĂ©nieur » s'Ă©crit « inĝeniero » et se prononce [indÍĄÊ’eni'ero].

En plus de leur rĂŽle premier de transcription, les lettres diacritĂ©es visent Ă  rappeler en espĂ©ranto l’orthographe ou la prononciation de plusieurs langues europĂ©ennes. Par exemple, poƝto (« poste »), rappelle graphiquement et phonĂ©tiquement le mot poĆĄta du tchĂšque, du slovaque, du slovĂšne, du serbo-croate, mais aussi par la graphie les mots français, anglais, allemand poste, post, Post, et par le son le bulgare ĐżĐŸŃ‰Đ° (poĆĄta, prononcĂ© ['pɔʃtɐ]). L'espĂ©ranto aboutit souvent ainsi Ă  un compromis rappelant plusieurs langues sources : ainsi ĝardeno [dÍĄÊ’ar'deno] rappelle le français jardin, l'italien giardino [dÍĄÊ’ar'dino] , l'allemand Garten et l'anglais garden.

Lettres accentuées

Les lettres accentuĂ©es (appelĂ©es en espĂ©ranto ĉapelitaj literoj, « lettres Ă  chapeau ») ont Ă©tĂ© introduites par Zamenhof afin notamment d’éviter les digrammes qui sont diffĂ©rents pour un mĂȘme son dans des langues importantes (par exemple sh anglais = ch français = sch allemand). Ces lettres, bien que critiquĂ©es par certains adversaires de l'espĂ©ranto, ont des avantages importants.

Elles permettent de respecter la rĂšgle une lettre = un son, rĂšgle qui existe dans des langues utilisant l'alphabet latin (croate...) et qui facilite grandement l'apprentissage de la langue. On peut au bout de quelques heures ne plus faire de fautes d'orthographe ou de prononciation, alors que celles-ci peuvent ĂȘtre trĂšs nombreuses et durer toute la vie par exemple en anglais.

Elles permettent aussi de rappeler un son possible de ces cinq chuintantes dans des langues importantes sans en privilĂ©gier aucune : ĉ = ch anglais et espagnol = c italien avant e ou i (ciao) ; Ɲ = sh anglais ou s final en portugais ; le j se prononce de maniĂšre diffĂ©rente dans les langues de travail europĂ©ennes de l'ONU : le j de l'alphabet phonĂ©tique international, ainsi que de langues slaves, de l'allemand etc, est sans accent (ja allemand, jes eo = yes anglais) ; le ĝ a le son du j anglais ainsi que du g doux comme par exemple ĝentlemano = gentleman ; le j français et portugais se retrouve dans Ä”urnalo ; enfin le Ä„ , transcrit par kh en français et anglais, correspond au symbole [x] dans l'alphabet phonĂ©tique international et en russe, Ă  la jota espagnole (Juan) ainsi qu'au h de l'alphabet pinyin chinois (Wuhan), [r] dur.

Le quasi-pangramme EÄ„oƝanĝo ĉiuÄ”aĆ­de (« changement d’écho tous les jeudis »), qui contient les six lettres accentuĂ©es, est souvent employĂ© pour tester l’affichage des caractĂšres spĂ©ciaux de l’espĂ©ranto.

Substitutions

En typographie, si l'on ne dispose pas des lettres accentuées de l'espéranto, il faut utiliser des substitutions. Il n'est pas acceptable d'omettre complÚtement les accents sans distinguer des lettres normalement différentes. Pour cela on dispose de deux principaux systÚmes[2] :

  • le systĂšme H (en espĂ©ranto : H-sistemo), le seul Ă  ĂȘtre mentionnĂ© dans le Fundamento de Esperanto en 1905. Cette mĂ©thode de substitution est suggĂ©rĂ©e par Louis-Lazare Zamenhof, l'initiateur de la langue, dĂšs 1888 dans Aldono al La Dua Libro de l’ Lingvo Internacia[4]. Il s’agit de remplacer les lettres diacritĂ©es par des digrammes composĂ©s de la lettre de base suivie d'un h, les Ă©ventuelles ambiguĂŻtĂ©s Ă©tant levĂ©es par l'ajout d'un tiret entre les monĂšmes ;
  • le systĂšme X (X-sistemo), non officiel, apparu ultĂ©rieurement et largement utilisĂ© au cours du XXe siĂšcle pour la frappe des caractĂšres sur les systĂšmes informatiques ne gĂ©rant pas les diacritiques de l'espĂ©ranto : le h de la mĂ©thode prĂ©cĂ©dente est remplacĂ© par un x pour permettre un remplacement automatique postĂ©rieur. Des logiciels permettent aujourd'hui de remplacer systĂ©matiquement le x par l'accent ^ sur une des cinq lettres concernĂ©es.

Il existe quelques systĂšmes moins utilisĂ©s, qui remplacent les accents circonflexes par des apostrophes ou un accent circonflexe avant ou aprĂšs la lettre (c', c^, ^c
). L'Ă©criture des 5 lettres Ă  chapeau ĉ , Ɲ , ĝ, Ä„, Ä” , sous la forme ch, sh et g', h' et j' est obtenable immĂ©diatement sur la majoritĂ© des claviers numĂ©riques et permet d'ĂȘtre lisible facilement par les personnes qui ne connaissent pas du tout l'espĂ©ranto et qui ont Ă©tudiĂ© l'anglais et un peu l'alphabet phonĂ©tique international, environ 2 milliards de personnes.

Ces substitutions aux 5 lettres accentuĂ©es deviennent rĂ©siduelles de nos jours dans la mesure oĂč les traitements de texte les plus utilisĂ©s ou de petits logiciels convertisseurs fournissent ces lettres aujourd'hui.

Unicode

La gĂ©nĂ©ralisation de l'Unicode facilite l’écriture des lettres accentuĂ©es de l'espĂ©ranto. L'usage des substitutions a tendance Ă  s'amenuiser mais sans disparaĂźtre, ceci afin de faciliter la comprĂ©hension par la grande majoritĂ© des personnes qui sont initiĂ©es Ă  l'anglais, mais non Ă  l'espĂ©ranto.

Codes Unicode (en décimal)
des lettres accentuées
Majuscule Minuscule
CaractĂšre Code CaractĂšre Code
Ĉ264ĉ265
Ĝ284ĝ285
Ä€292Ä„293
Ď308Ĕ309
Ɯ348Ɲ349
ĆŹ364Ć­365
Codes Unicode (en hexadécimal)
des lettres accentuées
Majuscule Minuscule
CaractĂšre Code CaractĂšre Code
ĈU+0108ĉU+0109
ĜU+011CĝU+011D
Ä€U+0124Ä„U+0125
ĎU+0134ĔU+0135
ƜU+015CƝU+015D
ĆŹU+016CĆ­U+016D

En HTML, ces codes précédés de &# et suivis d'un point-virgule génÚrent les lettres accentuées de l'espéranto ; en Visual Basic (utilisé pour les macros de Microsoft Word), ces codes s'utilisent comme argument de chrW(), en OpenOffice.org Basic, ces codes s'utilisent comme argument de Chr$(), etc.

Par exemple : Ɯ s'obtient par Ŝ en HTML, par chrW(348) en Visual Basic, Chr$(348) en OpenOffice.org Basic, etc.

Saisie des caractĂšres

Certaines dispositions de clavier telles que le BÉPO[5] permettent de saisir directement les lettres accentuĂ©es de l'espĂ©ranto, tout comme la touche compose de GNU/Linux. Il existe Ă©galement des programmes tels que EK qui permettent d'ajouter les diacritiques au cours de la frappe[6].

Braille

Comme pour toutes les langues utilisant des lettres diacritées, le braille dispose d'une transcription adaptée à l'espéranto.

⠉
c
⠛
g
⠓
h
⠚
j
⠎
s
â „
u
â ©
ĉ
â »
ĝ
â ł
Ä„
â ș
Ä”
â ź
Ɲ
â Ź
Ć­

Morse

Ĉ ▄▄▄ ▄ ▄▄▄ ▄ ▄
Ĝ ▄▄▄ ▄▄▄ ▄ ▄▄▄ ▄
Ä€ ▄▄▄ ▄▄▄ ▄▄▄ ▄▄▄
Į ▄ ▄▄▄ ▄▄▄ ▄▄▄ ▄
Ɯ ▄ ▄ ▄ ▄▄▄ ▄
Ƭ ▄ ▄ ▄▄▄ ▄▄▄

Langue des signes

Signuno est une adaptation à l'espéranto de la langue des signes internationale pour les sourds.

Convertisseurs

Il existe plusieurs convertisseurs en ligne permettant de passer du systùme X à Unicode et inversement, voire de convertir d’autres systùmes (H, apostrophes, etc.)[7] - [8].

Typographie

Ponctuation

La ponctuation en espĂ©ranto n’est pas dĂ©finie de maniĂšre prĂ©cise, et son usage peut varier selon les auteurs. Les rĂšgles suivantes sont gĂ©nĂ©ralement observĂ©es :

  • Contrairement au français de France, mais comme dans beaucoup d’autres langues, on ne met pas d’espace avant les deux-points, points-virgules, points d’exclamation et points d’interrogation.
  • La virgule est souvent utilisĂ©e pour sĂ©parer une proposition subordonnĂ©e de la principale : Mi pensas, ke
 (« Je pense que
 »).
  • Le trait d'union est utilisĂ© dans des abrĂ©viations telles que d-ro (doktoro, « docteur »). On peut aussi l’employer dans les mots composĂ©s, pour faciliter la lecture.
  • L’apostrophe indique l’élision Ă  la fin du mot, principalement du -o final des substantifs (rĂšgle 16 du Fundamento)
  • Les guillemets ont le mĂȘme rĂŽle qu’en français, et les variantes suivantes sont acceptables : “citaÄ”o”, "citaÄ”o", „citaÄ”o”, «citaÄ”o», »citaÄ”o«, ‘citaÄ”o’ (« citation »).

Pour les nombres, le sĂ©parateur dĂ©cimal est gĂ©nĂ©ralement la virgule, et le sĂ©parateur de milliers est souvent le point ou l’espace. Les chiffres romains sont parfois utilisĂ©s, mais certains grammairiens (comme Bertilo Wennergren) recommandent de les Ă©viter, parce qu’ils ne sont pas connus dans le monde entier[3].

Majuscules

L’usage des capitales est semblable au français : les majuscules indiquent le dĂ©but des phrases et les noms propres. Les abrĂ©viations sont aussi Ă©crites en majuscules (par exemple IJK). Le pronom Vi (« vous ») est parfois Ă©crit avec une majuscule dans les lettres en signe de respect, mais cet usage tend Ă  disparaĂźtre[2].

Les mots dĂ©rivĂ©s des noms propres peuvent ĂȘtre Ă©crits avec ou sans majuscule, mĂȘme si l’usage des minuscules est plus frĂ©quent : Nederlando (« Pays-Bas ») → Nederlanda ou nederlanda (« nĂ©erlandais »). Les noms des mois et des jours s’écrivent habituellement en minuscules[9].

Puisque les espĂ©rantophones proviennent de rĂ©gions du monde oĂč les normes d’écriture sont diffĂ©rentes, les noms de famille des personnes sont souvent Ă©crits entiĂšrement en majuscules ; c’est d’ailleurs l’usage qui prime sur WikipĂ©dia espĂ©rantophone. Cela lĂšve l’ambiguĂŻtĂ© qui pourrait avoir lieu Ă  cause de l’ordre « NOM PrĂ©nom » (Japon notamment) ou « PrĂ©nom NOM » (comme en France).

Notes et références

  1. Dictionnaire Robert méthodique, Paris, Le Robert,
  2. (eo) Bertil Wennergren, « Literoj », sur Plena Manlibro de Esperanta Gramatiko, (consulté le )
  3. (eo) Bertil Wennergren, « Helposignoj — Ne-Esperantaj literoj », sur Plena Manlibro de Esperanta Gramatiko, (consultĂ© le )
  4. point 3) « Se ia el la tipografioj ne povas presi verkojn kun signetoj superliteraj (^) kaj (˘), ĝi povas anstataĆ­igi la signeton (^) per la litero “h” kaj la signeton (˘) tute ne uzadi. Sed en la komenco de tia verko devas esti presita: “ch=ĉ; gh=ĝ; hh=Ä„; jh=Ä”; sh=Ɲ”. »
  5. « CaractÚres supportés », sur bépo.fr (consulté le )
  6. (eo) « Ek! » (consulté le )
  7. Fédération espérantiste du travail, « Convertisseur codage X / Unicode » (consulté le )
  8. (eo) Ligue flamande d'espĂ©ranto (eo), « Unikoda Konvertilo » (consultĂ© le )
  9. (eo) Bertil Wennergren, « Majuskloj ĉe propraj nomoj », sur Plena Manlibro de Esperanta Gramatiko, (consultĂ© le )

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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