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Sourds (communauté)

Sourd (avec S en majuscule) est un terme ethno-linguistique qui a été adopté par la communauté sourde pour désigner les personnes sourdes ayant en commun une identité culturelle, historique et une langue : la culture sourde, l'histoire des sourds et la langue des signes.

Sourd
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Le drapeau officiel des sourds
Populations importantes par région
Drapeau des États-Unis États-Unis ~ 500 000[1]
Drapeau du Canada Canada 350 000[2]
Drapeau de la France France 300 000[3]
Population totale 70 000 000[4]
Autres
Langues Langue des signes

Définition de mot « sourd »

L'association des sourds du Canada approuve la dĂ©finition dĂ©veloppĂ©e par l’universitĂ© Gallaudet :

« Quiconque ne peut pas comprendre la parole (avec ou sans prothĂšses auditives ou d’autres dispositifs) en n’utilisant que les sons (c’est-Ă -dire sans indice visuel tel que la lecture labiale) est sourd. »

— L’universitĂ© Gallaudet[5]

Elle souligne que le terme « sourd » doit ĂȘtre distinguĂ© du terme « surditĂ© » :

« Dans la culture Sourde, il n’est jamais question de la surditĂ© d’une personne. Le statut d’une personne au sein de la culture ne dĂ©pend pas de son degrĂ© de perte auditive, mais de son attitude envers les Ă©lĂ©ments de la culture Sourde, de son implication dans la communautĂ© Sourde locale et de sa maĂźtrise de la langue des signes. Cela conduit la culture Sourde Ă  entrer sĂ©rieusement en conflit avec la façon dont la sociĂ©tĂ© entendante perçoit la surditĂ©. La sociĂ©tĂ© entendante a tendance Ă  considĂ©rer la surditĂ© comme une dĂ©ficience mĂ©dicale devant ĂȘtre « corrigĂ©e » afin de ramener la personne Ă  sa « vraie place » dans la sociĂ©tĂ© entendante. »

— L’association des sourds du Canada[6]

Terminologie

« Sourd » et « sourd »

En 1972, le professeur James Woodward, co-directeur du Centre de Linguistique Connexion et Deaf Studies Ă  l'UniversitĂ© chinoise de Hong Kong[7] depuis 2004, a proposĂ© une distinction entre la surditĂ© et la culture sourde. Il a suggĂ©rĂ© d'utiliser deaf (sourd, Ă©crit avec une minuscule) pour se rĂ©fĂ©rer Ă  l'Ă©tat physique de la surditĂ© et Deaf (Sourd, Ă©crit avec une majuscule) pour se rĂ©fĂ©rer Ă  la culture des sourds[8]. Selon cette dĂ©finition, sourd dĂ©signe simplement une personne qui a perdu le sens de l'ouĂŻe tandis que Sourd dĂ©signe, de maniĂšre plus restreinte, parmi les sourds, ceux qui utilisent la langue des signes, s’identifient et participent Ă  la culture de la communautĂ© sourde[9].

Le statut d’une personne au sein de la culture ne dĂ©pend pas de son degrĂ© de perte auditive mais de son attitude envers les Ă©lĂ©ments de la Culture sourde, de son implication dans la communautĂ© Sourde locale et de sa maĂźtrise de la langue des signes[10].

Selon Christopher Ray Miller, cette distinction est une convention rĂ©pandue[11], mĂȘme si elle est rejetĂ©e par certains spĂ©cialistes comme Sylvain Kerbourc'h[12].

La communautĂ© sourde amĂ©ricaine[13], française[14], canadienne[9], suisse[15] et les autres confirment l'idĂ©e de cette dĂ©finition: « Le terme Sourd dĂ©signe, de maniĂšre plus restreinte, parmi les sourds, ceux qui utilisent la langue des signes, s’identifient et participent Ă  la culture de la communautĂ© sourde. »

Dans le monde, le seul État qui a reconnu cette dĂ©finition de « Sourd » en le distinguant de « sourd » (en minuscules) est le Colorado aux États-Unis[16] :

« A group of people, with varying hearing acuity, whose primary mode of communication is a visual language (predominantly American Sign Language (ASL) in the United States) and have a shared heritage and culture. »

« Un groupe de personnes, avec plus ou moins d'acuitĂ© auditive, dont le principal mode de communication est un langage visuel (principalement la langue des signes amĂ©ricaine (ASL) aux États-Unis) et ont un patrimoine et une culture communes. »

Autres dénominations

À diverses Ă©poques et contextes, le monde entendant a produit diffĂ©rents termes qui Ă©voquent soit des conditions mĂ©dicales soit des termes anciens, parfois pĂ©joratifs :

  • « surditĂ© », ceci Ă©voque le handicap du dĂ©ficient auditif, pas personne sourde. La surditĂ© est une condition mĂ©dicale.
  • « dĂ©ficient auditif », on confond avec le mot « sourd » avec cette expression. Ce mot traduit seulement la perte d'audition Ă  quelques degrĂ©s. La “dĂ©ficience auditive” est une condition mĂ©dicale[9].
  • « sourd-muet », ce terme ancien d'usage courant n'est plus acceptable aujourd'hui par la communautĂ© Sourde[9].
  • « malentendant », la personne ayant une acuitĂ© auditive dĂ©ficiente[17].
  • « devenu-sourd », la personne entendante devient sourde dans la vie (Ă  cause de la maladie ou la vieillesse)[9].

À diverses Ă©poques et contextes, le monde sourd a produit diffĂ©rents termes:

Exemples

  • NoĂ©mie Churlet : « Les malentendants, ce sont des entendants qui entendent mal mais continuent Ă  utiliser l’audition et la parole. Les sourds, ben ils sont sourds quoi... Ils n’entendent pas. »[19]

Sourd et handicap

D'abord, on considÚre que la surdité est un déficit donc la surdité est un handicap sensoriel[20].

Les Sourds sont une minorité culturelle et linguistique. La grande partie des Sourds refuse l'étiquette du handicap[21] comme Emmanuelle Laborit disait :« Nous ne sommes pas considérés comme des individus avec une culture et une langue différentes, mais comme des handicapés. Cette vision appelle la réparation, donc la médicalisation. Pour ma part je refuse ce terme de handicap. »[22], et Noémie Churlet[19]. Puisqu'ils s'appuient qu'il y a deux normes: Entendants et Sourds. La différence entre les autres handicaps et les sourds est « la langue des signes mais également à une communauté sourde, une culture sourde distincte, ayant en commun leur propre langue, leurs propres valeurs, rÚgles de comportement, traditions, leur propre identité et leur propre humour »[19].

On prend l'exemple de la National Association of the Deaf. En répondant au gouvernement qui proposait une exonération fiscale identique à celle offerte aux aveugles au NAD :

« Nous ne sommes pas des handicapĂ©s nous sommes une minoritĂ© linguistique. Ce n’est pas de notre surditĂ© dont nous souffrons mais de la façon dont vous nous traitez en raison de notre surditĂ©. Nous ne sommes pas des malades, cessez de vouloir nous guĂ©rir, cessez de vouloir nous changer, acceptez-nous tels que nous sommes »[23].

Il s'agit du handicap partagĂ© entre les sourds et les entendants donc c'est le handicap de communication entre les entendants et les Sourds. Bernard Mottez a dĂ©jĂ  soulignĂ©: « il faut ĂȘtre au moins deux pour qu’on puisse commencer Ă  parler de surditĂ©. La surditĂ© est un rapport, c’est une expĂ©rience nĂ©cessairement partagĂ©e ».

Population de Sourds

La fĂ©dĂ©ration mondiale des sourds estime qu'il y a environ 70 000 000 sourds dans le monde[4] mais aucune Ă©valuation statistique de la population de Sourds n'a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e faute de consensus[24]. En France, on dĂ©nombre 5 000 000 de personnes atteintes de surditĂ©[25], dont 300 000[3] Ă  500 000[26] Sourds profonds. Parmi eux, "environ 120 000 personnes utilisent la Langue des signes couramment". Cette assez faible proportion n'est pas liĂ©e Ă  des difficultĂ©s d'apprentissage de la langue des signes française mais principalement Ă  la politique oraliste dominante qui rĂ©duit le nombre de Sourds français.

Langue officielle

Langue des signes nationale

La premiĂšre langue des sourds sont la langue des signes nationale, par exemple pour la France, il s'agit de la langue des signes française; pour les États-Unis, c'est la langue des signes amĂ©ricaine, etc. La seconde langue est la langue Ă©crite nationale comme la langue française Ă©crite pour les français sourds.

Langue des signes internationale

Attention, la langue des signes internationale n'est pas l'unique langue mondiale pour les sourds, il s'agit d'une langue construite dans le but de faciliter la communication entre personnes sourdes de pays différents. La langue des signes internationale est comme la langue Espéranto pour le monde entendant. Elle est utilisée principalement dans les conférences internationales des sourds et aux rassemblements tels que les Deaflympics[27] et les organisations internationales comme la Fédération mondiale des sourds et l'Union européenne des sourds.

Notes et références

  1. Woodcock, Kathryn (1992). Cochlear Implants vs. Deaf Culture? In Mervin Garretson (ed.), Viewpoints on Deafness: A Deaf American Monograph. Silver Spring, MD: National Association for the Deaf
  2. « Statistiques portant sur les Sourds canadiens - Canadian Association of the Deaf - Association des Sourds du Canada », sur Canadian Association of the Deaf - Association des Sourds du Canada (consulté le ).
  3. « Évaluation des connaissances des femmes sourdes du CHU de Grenoble en matiĂšre de contraception et sexualit ́e », sur dumas.ccsd.cnrs.fr (consultĂ© le ), page 6
  4. « La dĂ©finition de “Sourd” - Canadian Association of the Deaf - Association des Sourds du Canada », sur Canadian Association of the Deaf - Association des Sourds du Canada (consultĂ© le ).
  5. « cad.ca/la_culture_sourde_versu
 »(Archive.org ‱ Wikiwix ‱ Archive.is ‱ Google ‱ Que faire ?).
  6. « James Woodward biography », Deaf Dialogue, (consulté le )
  7. (en) Carol A. Padden et Tom (Tom L.) Humphries, Inside Deaf Culture, Cambridge, MA, Harvard University Press, (ISBN 0-674-01506-1, lire en ligne), p. 1
  8. « La terminologie - Canadian Association of the Deaf - Association des Sourds du Canada », sur Canadian Association of the Deaf - Association des Sourds du Canada (consulté le ).
  9. « La culture Sourde versus la médicalisation », sur Canadian Association of the Deaf - Association des Sourds du Canada (consulté le )
  10. Christopher Ray Miller, La phonologie dynamique du mouvement en langue des signes quĂ©bĂ©coise, Les Éditions Fides, 2000, p. 3.
  11. Sylvain Kerbourc'h, Le mouvement sourd (1970-2006) : De la langue des signes française à la reconnaissance sociale des sourds, L'Harmattan, 2012, p. 19-20.
  12. (en) « National Association of the Deaf », sur nad.org (consulté le ).
  13. Les Sourds, ces méconnus redigé par l'association Opération de sauvegarde des Sourds
  14. http://www.ffsb.be/sites/default/files/publications/A_la_decouverte_de_la_surdite.pdf
  15. Colorado Department of Human Services Regulation 12 CCR 2516-1
  16. « Malentendant - Wiktionnaire », sur wiktionary.org (consulté le ).
  17. « Encyclopédie de L'Agora / Sourd », sur Encyclopédie de L'Agora (consulté le ).
  18. « Sur Facebook, les sourds contre la CAF : « Je ne peux pas faire taire mes mains » » AccÚs libre, sur nouvelobs.com, L'Obs, (consulté le ).
  19. « Sourds et entendants : un handicap partagé », sur des signes et des mots, (consulté le ).
  20. « revue-emulations.net/archives/
 »(Archive.org ‱ Wikiwix ‱ Archive.is ‱ Google ‱ Que faire ?).
  21. http://api-site-cdn.paris.fr/images/127309.pdf
  22. « Sourds et entendants : un handicap partagé », sur interpretelsf.wordpress.com (consulté le )
  23. L'association des sourds du Canada explique ici pour la difficulté de réaliser une statistique sur le nombre de Sourds.
  24. « Tout ce que vous devez savoir sur le SMIC - Websourd Entreprise », sur Websourd Entreprise (consulté le ).
  25. « Sourds à l'image », sur www.canal-u.tv (consulté le )
  26. « International Sign », sur Ethnologue (consulté le ).

Articles connexes

Culture, Communauté, Langues

MĂ©dical

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